UV1 : LES REPRESENTATIONS DE LA FOLIE DANS LE MONDE OCCIDENTAL DE L’ANTIQUITE au XIXème SIECLE L’homme se construit avec son histoire chronologique, culturelle et sociale, familiale et dans l’interaction sociale. Freud dit « De tout temps ceux qui avaient quelque chose à dire et ne pouvaient le dire sans danger aimèrent à prendre l’habitude de se coiffer d’un bonnet de fou ». I/- L’antiquité : A/- La médecine grecque associe la folie à un aveuglement : La médecine grecque est associée à la médecine d’Homère, où la maladie est considérée comme une punition divine, des Dieux mais ne renvoi pas à une faute. La mythologie grecque évoque très souvent la maladie mentale. On peut le retrouver dans le suicide d’Ajax et de Canacée où l’hallucination visuelle est au centre de l’histoire. Héraclès lui aussi est pris de folie et va massacrer toute sa famille, femme et enfants. Il existe 2 écoles médicales grecques, l’école de Cnide où la maladie est une lésion localisée à laquelle on applique un traitement qui est une idée encore aujourd’hui plus que d’actualité notamment en neurobiologie où c’est une courant important de recherche actuelle, et l’école de Cos, dans laquelle on retrouve Hippocrate. Ce dernier va s’appuyer sur l’observation et pour lui soigner une maladie revient toujours à traiter un homme. Par contre il méconnaît la vie psychique. Il à cependant mis en évidence un certain nombre d’humeurs, le flegme, le sang, la atrabile, la bile. Autre personnage important de l’époque, Platon qui va aborder l’idée de l’âme. Il en identifie 3 sortes : l’âme supérieure qui siège dans le cerveau et qui permet la connaissance et possède l’immortalité, l’âme inférieure lieu de l’appétit pour l’argent, l’amour la nourriture localisée dans le foie, et enfin l’âme moyenne, courageuse, qui s’exprime par l’ardeur et la colère et qui siège dans le cœur. Aristote ne divise pas l’homme entre corps et âme, au contraire il l’unifie. Dès l’antiquité on voit bien que les humains ont essayé de représenter quelque chose qui leur échappe, notamment à travers l’art et les mythes. B/- Superstition et rites dans la médecine romaine : Le mot folie vient de cette période là, du latin folis qui signifie soufflet pour le feu, outre gonflée d’air ou ballon. Le fol, est un homme dont la tête est remplie d’air. Les romains se réfèrent beaucoup aux rites et aux superstitions et pratiquent beaucoup des rites de magie médicale. L’épilepsie les fascinaient beaucoup et pour certaines pathologies où le malade était la proie de peurs ils le mettaient en haut d’une falaise et le jetaient dans le vide où il se réceptionnait dans l’eau, ils extrayaient ainsi la peur. Cicéron, avocat romain, affirmait que les facteurs émotifs peuvent engendrer des maux physiques. Il pensait que la philosophie pouvait aider à guérir. Or la philosophie a donné naissance à la psychologie. C/- Le christianisme : Il va apporter une conception de l’homme qui nous poursuit encore beaucoup aujourd’hui dans les sociétés occidentales. Elle s’accompagne de notion de culpabilité, de fraternité, de pardon, de rachat, d’assistance. A cette époque vont apparaitre les premiers asiles dans l’empire byzantin, les monotrophiums. Saint-Augustin écrit ses confessions à cette époque, il y fait une autoanalyse de sa vie. D/- La médecine arabe : Un certain nombre de chrétiens deviennent des guérisseurs en Perse et y fondent de grandes écoles médicales arabes influencés par de grands philosophes tels qu’Aristote et Socrate qui seront traduits en arabe. Les médecins arabes ont la particularité de s’appuyer sur la philosophie. Rahzi, grand médecin arabe, a laissé de nombreuses descriptions scientifiques des maladies mentales et va utiliser le procédé de la « psychothérapie ». Les maladies mentales ne sont par rapportées à une possession diabolique. E/- La médecine hébraïque : Maimonide, de Cordoue au 12ème siècle, était un médecin philosophe qui va écrire « le guide des égarés ». On a donné son nom à un hôpital psychiatrique de NY. Il s’est élevé contre les superstitions astrologiques. Il va montrer l’importance de l’éducation dans la formation du caractère de l’individu. Il s’inscrit dans un courant humaniste et ne sépare pas les maladies physiques des maladies psychiques. II/- Le moyen âge : C’est la période du grand recul de la médecine. Beaucoup de communautés religieuses créent cependant beaucoup d’Hospices sous l’action caritative. Le malade mental est un possédé, c’est le temps de la démonologie, le fou est l’incarnation du diable, du malin. « Le nom de la Rose » raconte les grands procès de sorcellerie, les malades mentaux sont enfermés, brulés ou bien mis sur des bateaux et lâchés en mer. C’était une période où il y avait un foisonnement au niveau de l’art de l’ancien et du nouveau testament (exemple : Caën et Abel). III/- De la renaissance à la révolution : A/- La renaissance : C’est l’ouverture sur de nouveaux horizons. Jean Wier, médecin du duc de Clèves, prend la défense de toutes les personnes considérées comme des sorcières, va rassembler de nombreuses observations les concernant et va démontrer qu’elles sont atteintes de maladies mentales. Il va écrire un ouvrage fondamental « De l’imposture des Démons ». Erasme écrit « l’éloge de la folie ». Il remarque que la maladie mentale à avoir avec la norme du groupe, c’est le groupe qui décide ce qui est normal ou non. Vers le 16ème siècle, on va voir apparaitre une approche médicale, anatomique. La folie se matérialisait sous la forme d’une pierre qu’il fallait éroder. B/- le XVIIème : Siècle très influencé par les philosophes grecs mais qu’une certaines approche. On va considérer qu’il y a des choses rationnelles et d’autre irrationnelle. Cela s’applique aussi aux hommes. Tout cela va aboutir à la promulgation d’un édit par Louis XIV, en 1656, « le grand renfermement ». Il s’agit d’une vaste entreprise d’internement et d’enfermement de tous les ennemis d’état et toutes les personnes en marge de l’ordre social, mais également les oisifs. Les hôpitaux sont divisés en 2 catégories, ceux où l’on place les malades qui peuvent guérir (ex : l’hôtel Dieu à Paris) et les hôpitaux qui sont des unités carcérales où sont enfermés les malades mentaux (Bicêtre et la Salpêtrière). Spinoza considéré comme un pré Freudien, dépeint des états affectifs. Shakespeare met en scène de nombreux personnages atteints de troubles mentaux. Servantes avec Don Quichotte illustre la folie et la raison. C/- Le 18ème : C’est le siècle des lumières, Rousseau, Kant, Condorcet, Montesquieu, et des physiciens qui vont beaucoup contribuer au développement de la médecine mentale. Messmer, va étudier les troubles nerveux et va faire des expériences. Les médecins ne rentraient pas dans les hôpitaux psychiatriques de peur de contagion. C’est une période peu fertile en progrès de la médecine mentale. IV/- De la révolution française au début du 20ème siècle : A/- Fin du 18ème : Pinel est un médecin qui va oser entrer dans les hôpitaux psychiatriques et va entrer en contact avec Pussin, infirmier psychiatrique, et va lui demander « Que faites vous avec les patients agressifs », il lui répond « je leur retire les chaines et ils se calment ». Ainsi il va révolutionner la prise en charge des malades mentaux. Et sans le savoir Pussin s’est engagé dans une pratique d’approche clinique infirmière, il va rédiger des observations et va surtout utiliser la parole auprès des patients. Le régime carcéral est supprimé entre 1693 et 1795. Pinel va décrire les maladies d’une manière naturaliste et va s’intéresser à l’hygiène, l’alimentation des hôpitaux, les qualités morales du personnel et le climat de confiance qui doit s’instaurer entre les malades et le personnel. A ce moment là, la psychiatrie va être du côté de la science et des pratiques sociales. B/- le 19ème : Pour la première fois la folie est associée à une maladie mentale. On va s’intéresser à l’attitude du soignant et aux activités notamment rurales que vont pouvoir exercer les malades mentaux lors de leur hospitalisation. Monomanie : l’aliéné est occupé par un objet qui est toujours le même, il y rapporte toutes ses sensations et son vécu. On peut y retrouver l’ambition et l’orgueil chez l’homme, la vanité l’amour la religion chez la femme.