L’humanisme de l’Islam Si, vers la quarantaine, soit vers 610 de l’année grégorienne, le dernier des prophètes, Mohammad (Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui) se livra à des pratiques d’ascète étrangères au paganisme, se retirant dans la montagne pour prier et méditer, après avoir fait de larges aumônes, c’est certainement parce qu’il répugnait à l’idolâtrie dans laquelle les païens étaient plongés comme dans une nuit éternelle, absorbés par leur égoïsme et leurs soins matériels. Lui, Mohammad (Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui), tremblait d’angoisse et appelait un guide pour mettre fin à cette Jahiliya, ce temps d’igorance et d’erreur où citadins et pèlerins pratiquaient l’idôlatrie et adoraient des pierres qui ne leur étaient d’aucun secours, à part celui de les rendre insensibles, inhumains et cruels à un point tel qu’ils n’hésitaient pas à enterrer vivantes les filles nouveauxnées. Accablé sans doute autant par la splendeur du monde que par l’incompréhension des hommes, Mohammad (Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui) s’abîme en contemplation devant le formidable fourmillement d’étoiles des nuits d’été dans le désert, que le Coran prendra bientôt à témoin de la puissance infinie d’un Dieu créateur et rétributeur : J’en jure par le ciel et par l’étoile nocturne ! (86, 1) J’en jure par le ciel aux constellations ! (85, 1) Par le soleil et sa clarté !… Par le ciel et Celui qui l’a édifié ! Par la terre et celui qui l’a étendue ! Par l’âme et Celui qui l’a harmonnieusement façonnée !… Heureux, certes, qui l’aura purifiée ! Malheureux qui l’aura corrompue ! (91, 1-4-5-7-9-10) C’est alors que le fait bouleversant se produit. L’Ange Gabriel lui est envoyé avec la Vérité, et la Révélation eut lieu pour le grand bien de l’homme et de l’humanité. Le Coran, parole d’Allah, est la source mère, la Loi de l’Islam. Sur cette base première s’élèvera une doctrine de devoirs envers Dieu et envers les hommes. La Loi de l’Islam réunit ainsi religion, morale et droit. Cette religion, qui a contribué à la vie spirituelle de l’humanité comme à l’enrichissement de sa culture, offre des valeurs morales permanentes auxquelles toute l’humanité est conviée à adhérer. Le Créateur a comblé l’homme de bienfaits. Il l’a créé « d’un grumeau » (96, 2). Il l’a façonné « d’argile comme une poterie » (55, 14). Il a fait le soleil pour l’éclairer, la lune pour guider la nuit ses caravanes, des bêtes de somme pour le porter, des mers pour y faire flotter ses navires (Sourate16). Il lui a envoyé des prophètes pour le mettre dans la voie droite et des Livres sacrés pour l’instruire de ce qu’il ignorait (Sourate, 96). Tout cela est très grave. Le Bienfaiteur est dorénavent en droit de réclamer des comptes à Ses créatures qui auront ainsi agi en toute connaissance de cause. L’heure approche. La lune se fend (54, 1). Quand le soleil sera obscurci, Quand les étoiles seront ternies, Quand les montagnes s’ébranleront… Quand la fournaise sera attisée, Quand le Paradis sera rapproché, Toute âme saura ce qu’elle aura accompli (81, 1-2-3-12-13-14). « Travaillez pour ce monde comme si vous deviez toujours y vivre, et pour l’autre monde comme si vous deviez mourir demain » fait dire le Hadith au Prophète (Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui). Le premier Hadith du recueil de Bokhari est l’affirmation de cet aspect ouvert et antiformaliste : « Les actes valent par l’intention ». Celui qui ne renonce ni à mentir ni à mal faire, Dieu n’a pas besoin de son jeûne, est-il dit encore. Aussi, est-il requis de se conformer aux injonctions divines, qui n’en sont pas moins que des préceptes salutaires révélés pour le bien de l’homme. Parmi ces injonctions ou ces préceptes, on peut lire dans le Coran : « vertueux sont ceux qui croient en Dieu et au Jour dernier, aux anges, aux Livres et au Prophète, qui donnent pour l’amour de Dieu des secours à leurs proches et aux orphelins, aux pauvres et aux voyageurs, et à ceux qui demandent, qui rachètent les captifs, qui observent la prière, qui font l’aumône, remplissent les engagements qu’ils contractent… (2, 172). Le prophète (Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui) ayant dit un jour : « Aide ton frère musulman, qu’il soit opprimé ou oppresseur », quelqu’un s’étonna et dit : « J’aiderai mon frère opprimé ; mais l’oppresseur, comment l’aiderai-je ?- En l’empêchant de mal faire » fut la réponse du Messager d’Allah (Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui). Le Coran déclare que tuer un homme c’est comme tuer tous les hommes, sauver un seul homme c’est comme sauver tout le genre humain (5, 35) ; que « la chair et le sang des victimes ne vont pas jusqu’à Allah, mais votre piété monte vers Lui » (22, 37) ; qu’il n’y a « point de contrainte en religion » (2, 256). Il conseille : « Rends le bien pour le mal et tu verras ton adversaire se changer en protecteur et en ami » (41, 34). Le Coran stigmatise l’orgueil et affirme l’unité, la solidarité de l’espèce humaine, les droits de la conscience et la valeur de la personne. L’affirmation de l’omnipotence divine libère l’homme de l’homme, garantit la dignité de l’individu qui ne peut se sentir esclave d’aucun autre esclave de ce Dieu terriblement présent (abd عب دsignifie serviteur, esclave, adorateur). La conscience intense de l’Absolu met à sa place tout ce qui est relatif. « Dieu n’aime pas les oppresseurs » (42, 40). « La justice tient de près à la piété » (V, II) « Ne marche pas orgueilleusement sur la terre… » (17, 39). 2 Les hommes divisés en tribus et familles, sont une même espèce, ils ont été « créés d’un seul individu » et « le plus digne est celui qui craint Dieus le plus » (6, 98 ; 7, 189 ; 49, 13). Les différences de race ne sont qu’une « leçon pour les mondes » (30, 21). Et les hadiths proclament qu’« un arabe n’est supérieur à un étranger, ni un blanc à un noir, que par la piété », Dieu ayant envoyé sa rahma, sa bonté, à toutes les races sans distinction aucune. Au niveau de la famille, le respect et la sollicitude dus aux parents sont explicitement soulignés « Allah a décidé de n’adorer que lui, de tenir une belle conduite envers vos père et mère, soit que l’un d’eux atteint la vieillesse ou qu’ils y soient parvenus tous deux et qu’ils restent avec vous. Garde-toi de leur marquer du mépris, de leur faire des reproches. Parleleur avec respect. Soit humble envers eux et plein de tendresse, et adresse cette prière à Allah : Seigneur, aie pitié d’eux, Ils m’ont élevé dans mon enfance » (17, 24-25) L’Islam n’a même pas omis de rappeler les droits des voisins « N’est pas croyant celui qui mange à sa faim alors que ses prochains ont faim, n’est pas croyant celui dont les voisins ne sont pas à l’abri de sa conduite blessante » dit le Prophète (Que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui). A vrai dire, le Coran et la Sunna du Prophète invitent le musulman non seulement à assumer sa responsabilité morale envers la société, les paraents et les voisins, mais aussi envers l’hmanité toute entière. Même la nature n’est pas laissée pour compte. Il est par exemple interdit de pratiquer la chasse comme un sport et de couper les arbres à moins d’un besoin pressant. Ainsi les principes de base sur lesquels l’Islam est fondé sont des principes humains et moraux . C’est une religion qui purifie l’âme de tout égoïsme, de toute tendance à la tyrannie et à l’indiscipline. Elle est une source de bonté, de générosité, de clémence et de miséricorde, de sympathie, de paix, de loyauté et de droiture, qualités qui ne peuvent faire naître que le bien. Il suffit, d’ailleurs, de passer en revue les 99 noms d’Allah qui ornent les pages du Saint Coran pour s’en rendre compte. Parmi ces attributs, il en est plusieurs qui confirment l’humanisme de cette religion, la dernière en date des religions révélées : le Clément ()الرحمن, le Miséricordieux ( ) الرحيم, la Paix ( ) السالم, le Pardonnant absolu ( )الغفدر, le Donnateur ( )الوهدر, le Pourvoyeur ( )الدراا, le Juste ( )العد, le Tout Généreux ()الكدرمم, le Bon, le Bienveillant ()البدر, l’Exauceur ( )المجيد … et j’en passe. Mohamad Nabil Alnahas Alhomsi 3