Ifrane, Maroc, 28-31 mai 2003

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Rapport de l’atelier
"Restauration des Paysages Forestiers de l’Afrique du Nord"
Ifrane, Maroc, 28-31 mai 2003
Introduction
Le Fonds Mondial pour la Nature (WWF), le Département des Eaux et Forêts /Maroc,
l’Université Al Akhawayn (CEIRD) et le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) / Maroc ont invité des spécialistes, des décideurs et des
représentants d’ONGs à participer à un atelier de 4 jours sur le thème ‘’Restauration
des Paysages Forestiers de l’Afrique du Nord’’. Cet atelier a eu lieu du 28 au 31 mai
2003 à l'université Al Akhawayn, Ifrane, Maroc. Les objectifs de cet atelier sont les
suivants :
 Promouvoir la sensibilisation à la Restauration des Paysages Forestiers (RPF) et
assurer une compréhension commune de cette approche de restauration
 Echanger les expériences des différents groupes
 Développer, d’un commun accord avec les participants, une vision et un plan
d’action pour initier la RPF, en tant que partie intégrante des initiatives de
conservation écorégionale mises en œuvre par le WWF et ses partenaires dans
la région
Les participants représentant
 le secteur public d'Algérie, du Maroc et de Tunisie (Département des Eaux et
Forêts du Maroc, Direction Générale des Forêts de la Tunisie et de l’Algérie,
de l’Office de Développement Sylvopastoral du Nord Ouest de Tunisie)
 les ONGs du Maroc (ENDA Maghreb, Meknès Environnement, Association
Chouala pour l’Education et la Culture, Association des Enseignants des
Sciences de la Vie), d’Algérie (Association de Recherche sur le Climat et
l’Environnement) et de Tunisie ( l’Association Tunisienne des Techniciens
Forestiers)
 des institutions de recherche d'Algérie, du Maroc, de Tunisie, du Portugal,
d'Espagne, d'Italie et de France (CNRS, CIRAD, Université Complutense de
Madrid, Université de Lisbonne, Université de Padova, Université des
Sciences et de la Technologie d’Alger, Université d’Al Akhawayn, l’Ecole
Nationale Forestière des Ingénieurs de Rabat, l’Institut Agronomique et
Vétérinaire Hassan II de Rabat)
 d'organismes internationaux de développement et d'environnement (PNUD,
PNUE-WCMC, UICN)
 d’agences de coopération intergouvernementale (GTZ, AFD),
Ils purent échanger des idées, leurs expériences et identifier collectivement des
actions à mettre en oeuvre sur le court et le moyen terme pour la restauration de
larges unités territoriales forestières maghrébines ; appelées paysages forestiers
fonctionnels .
La Restauration des Paysages Forestiers
La Restauration des Paysages Forestiers réoriente la préoccupation centrale –
autrefois le reboisement sur un site particulier- vers l’identification de manière plus
adéquate des acteurs, des méthodes, des types de couverture végétale, du lieu et
l’échelle des actions de restauration nécessaires pour travailler a l’échelle de larges
unités territoriales forestières. Et ce, dans l’objectif de permettre aux paysages
forestiers prioritaires de retrouver leur fonctionnalité, la composition spécifique de
ses habitats, leurs structures, leurs modes de distribution naturels, ainsi que les
bienfaits et services nécessaires, d’une part, à la promotion de conditions de vie des
populations et d’autre part à la conservation de la biodiversité.
L’initiative conjointe de l’UICN et du WWF pour la Restauration des Paysages
Forestiers définie celle-ci comme "un processus planifié dont l’objectif est de
rétablir l’intégrité écologique et améliorer le bien-être de la population des
paysages forestiers déboisés ou dégradés". Elle est basée sur la re-création des
fonctions et des processus clés des écosystèmes en tenant compte de la globalité
(larges unités territoriales forestières) plutôt que sur la plantation ou la restauration
de sites individuels. La Restauration des Paysages Forestiers concerne une large
mosaïque d’habitats et de systèmes d’utilisation du territoire incluant des terres
agricoles, des rivières et zones humides, des systèmes herbacés, des matorrals, des
systèmes sylvopastoraux, des forêts naturelles, et divers types d’étages de
succession et d’évolution intermédiaires, y compris les plantations.
La restauration à l’échelle du paysage offre la possibilité de reconstituer le couvert
végétal dans les zones tampons ou dans les corridors, permettant ainsi la connexion
des aires protégées, l’intégrité et l’amélioration de la résilience des écosystèmes , la
viabilité des populations d’espèces , et la fonctionnalité des systèmes agroforestiers
à l’intérieur de vastes territoires ou unités paysagères. Par ailleurs, la restauration
des zones tampons et des corridors servira à rétablir les fonctions économiques et
sociales ainsi qu’à reconstituer la biodiversité autochtone.
La Restauration des Paysages Forestiers obéit aux principes clés suivants :
 Elle est mise en œuvre à l’échelle de vastes unités territoriales ou
paysages fonctionnels, plutôt qu’à l’échelle d’un site.
 Elle a une dimension socio-économique et écologique.
 Elle aborde à la source les causes de dégradation et de perte de la qualité
des forêts.
 Elle opte pour un ensemble de solutions, pouvant inclure des techniques
pratiques telles que l’agroforesterie, l’enrichissement de la composition
des espèces, la reconstitution de la structure pluri-strates avec des
différentes classes d’age des arbres dans les écosystèmes forestiers
naturels, la reconstitution du modèle de distribution en mosaïques
d’habitats, plus favorables à la sauvegarde de l’équilibre entre la richesse
de la biodiversité, la gestion durable de la forêt, et la régénération
naturelle à l’échelle du paysage. L’analyse des politiques ainsi que le
développement et la mise en œuvre de programmes de formation et de
recherche sont également partie intégrante de cet ensemble de solutions
préconisées par la RPF.
 Elle implique l’implication d’une diversité d’acteurs dans la planification, la
prise de décisions et la mise en oeuvre d’actions concrètes en vue
d’atteindre une solution acceptable par tous : une solution durable.
 Elle nécessite des négociations, l’identification de compromis, et le
partage des responsabilités dans la mise en oeuvre d’actions concrètes
pour la restauration des grands espaces forestiers.
Conclusions générales
Les participants à l'atelier reconnaissent que la restauration des paysages forestiers constitue
l’approche la plus appropriée qui assure les conditions nécessaires pour accomplir une conservation
et une gestion durable des ressources naturelles au Maghreb à long terme.
Pour garantir la réussite de la restauration des paysages forestiers, les participants mettent
l'accent sur l'importance des principes suivants :




Aborder les problèmes liés à la gestion des ressources naturelles à grande échelle (c'est à dire
au niveau de larges unités de paysages forestiers).
Viser une gestion multifonctionnelle de ces espaces à travers l'intégration des politiques
intersectorielles, la coordination et la collaboration entre les acteurs locaux et nationaux
concernés.
Adopter une démarche décentralisée et participative.
Impliquer les ONGs et reconnaitre leurs rôles et la complémentarité de leurs actions à celles des
autres acteurs concernés.
Recommandations générales
Les Participants proposent l'application des principes suivants pour la mise en oeuvre des
programmes de restauration des paysages forestiers en Afrique du Nord:








Appliquer des approches écologiques, en privilégiant la régénération naturelle assistée des
espèces autochtones
Aborder les causes sous-jacentes de la dégradation
Tenir compte des échecs constatés et des expériences passées pour orienter les actions en
matière de restauration des paysages forestiers
Offrir une palette de solutions plutôt qu'une approche uniforme
Adapter la législation actuelle aux approches et concept de la restauration des paysages
forestiers
Développer et intégrer les mesures d'adaptation au changement climatique dans les objectifs de
restauration des paysages forestiers
Prendre en considération les divergences d'intérêts des différents groupes d'acteurs et
rechercher le consensus et des solutions équitables et justes.
Incorporer un système de suivi - évaluation permanent qui permette une adaptation des
programmes de restauration en cours de mise en oeuvre
Les participants recommandent que les ONGs :



Renforcent leurs programmes de sensibilisation et leurs initiatives locales de restauration de
paysages forestiers, avec les acteurs concernés
Facilitent le dialogue et le consensus entre les différents acteurs concernés.
S'organisent en réseaux pour aborder la complexité des problématiques liées à la restauration
des paysages forestiers, en concertation avec tous les autres acteurs
Pour ce faire, il est nécessaire de valoriser le rôle des ONGs dans le cadre de la restauration des
paysages forestiers et d'adapter leurs capacités pour leur permettre de jouer ce rôle.
Plan d'action:
Concrètement, les participants recommandent que :





Vu l'urgence des problèmes, il est nécessaire de mobiliser les institutions gouvernementales,
les ONGs et les collectivités dont la complémentarité doit être bien définie et coordonnée
Mettre en place, d'urgence, des programmes pilotes nationaux et tranfrontaliers en
partenariat entre les organes de l'Etat, des ONGs, et les communautés locales, basés sur une
concertation entre tous les acteurs.
Etendre les programmes et actions en cours au niveau méditerranéen pour la restauration
des paysages forestiers en Afrique du Nord (exemples : plusieurs initiatives Ibériques et
Méditerranéennes sur les systèmes agro-sylvo-pastoraux du chêne liège et du chêne vert, et sur
la restauration écologique des conifères de montagne ; le projet "Desertlinks" basé sur la
participation sociale à la restauration forestière paysagère pour la lutte contre la désertification );
Mettre en place un réseau maghrébin pour faciliter la circulation du savoir faire et l'échange
d'expériences;
Mettre en place un programme de renforcement des capacités des acteurs (formation,
sensibilisation et vulgarisation) en matière de restauration des paysages forestiers.
Déroulement de l’Atelier :
Session 1 - Contexte: Planification de la conservation, gestion et restauration des forêts à
grande échelle
-> Résultat attendu: compréhension commune de l’importance de la planification à grande échelle
pour la conservation des forêts et le rôle de la RPF dans la restauration des valeurs et des fonctions
des vastes territoires forestiers en Afrique du Nord
Présentation 1: (Pedro Regato) "Conservation à des échelles plus étendues : Ecorégions & Paysages Fonctionnels de
Conservation du WWF "
Présentation 2: (Stephanie Mansourian) "RPF: expériences de la restauration multi-objectifs intégrant les priorités socioéconomiques et environnementales
Présentation 3: (Abdelhak Boussaha) “Restauration des forêts et stratégies forestières en Algérie”
Présentation 4: (Mongi Ben M'hamed) “Restauration des forêts et stratégies forestières en Tunisie”
Présentation 5 : ( Mohamed Negare) “Restauration des forêts et stratégies forestières au Maroc”
Présentation 6: (Sahraoui Bensaid)“Evaluation rapide des activités de restauration passées/présentes des forêts dans les
écorégions Ibéro-Nord africaines - Algérie
Présentation 7: (Mohammed Larbi Chakroun) “Evaluation rapide des activités de restauration passées/présentes des forêts
dans les écorégions Ibéro-Nord africaines -Tunisie,
Présentation 8: (Mohamed Sabir & M’Hammed Bouhaloua ) “Evaluation rapide des activités de restauration
passées/présentes des forêts dans les écorégions Ibéro-Nord africaines - Maroc
Les deux premières présentations ont expliqué et mis en lumière la nécessité
d'aborder la restauration à une grande échelle, comme étant une partie intégrante
d’un plan d’action à long terme de conservation et de développement durable. Vu
l’extrême variabilité des conditions écologiques, socio-économiques et politiques
dans l’écorégion1 Méditerranéenne, le WWF a identifié le besoin de subdiviser celleci en vingt (20) unités écorégionales plus homogènes (voir carte ci-dessous).
Une écorégion est une large étendue terrestre ou aquatique/marine renfermant un assemblage d’espèces, de communautés
naturelles, de processus écologiques et de conditions environnementales caractéristiques, fonctionnant effectivement comme
une unité de conservation.
1
En 2001, le WWF International, à travers son bureau « Programme Mèditerranée »,
a pris la décision officielle d’initier l’approche de Conservation Ecorégionale dans les
écorégions suivantes:




Basses terres du Sud Ouest Ibérique et Nord-Ouest du Maroc
Montagnes de l’Atlas, Côte et Mer d’Alboran
Alpes Dinariques et Côte Dalmatienne
Montagnes, Côte et Mer du Sud d’Anatolie et du Moyen Orient
Parallèlement à ce travail, le WWF a conçu et développé les premières étapes
opérationnelles du processus. Celles-ci sont basées sur l’utilisation du travail élaboré
lors de la phase d’étude et marquent le passage vers la phase concrète de terrain.
C’est ainsi que le concept « Paysages Verts contre la Désertification » a vu le jour.
Désormais, c’est ce nouveau concept qui inspirera et orientera le travail futur du
WWF sur la conservation de la biodiversité à l’échelle écorégionale. Le concept
Paysage Vert met en évidence les liens existant entre les problèmes
environnementaux et les facteurs sociaux et économiques agissant directement ou
indirectement. Les « Paysage Verts » constituent des unités de paysages
fonctionnels représentatifs des valeurs de la biodiversité d’une écorégion. et où la
mise en œuvre du plan d’action écoregional devient opérationnelle.
Chaque Paysage Vert est une unité de paysage fonctionnel qui constitue « une
fondation solide » autour de laquelle sera développé de façon complète, tout le
processus de la Conservation Ecorégionale. A cette échelle, la planification de la
conservation peut effectivement répondre aux besoins écologiques et socioéconomiques et assurer la préservation à long terme de populations viables
d’espèces, d’habitats fonctionnels et des processus écologiques.
Les écorégions constituent les espaces les plus adéquats pour la planification et la
mise en oeuvre des actions prioritaires pour la conservation de la biodiversité et la
gestion durable des ressources naturelles sur le long terme. Plus particulièrement ,
en ce qui concerne les forêts, le WWF a développé son programme d’action autour
de trois piliers: la protection, la gestion et la restauration. Ceux-ci opèrent au niveau
des paysages fonctionnels, eux-mêmes sous-unités des écorégions.
Ecoregion
Paysage prioritaire
Site
Site
Site
Paysage prioritaire
Site
Site
Site
Paysage prioritaire
Site
Site
Site
Des exemples de Restauration des Paysages Forestiers furent présentés en mettant
plus particulièrement en lumière les différences entre les reboisements traditionnels
et la RPF. Les aspects à souligner sont: l'échelle (l’unité territoriale vaste ou paysage
fonctionnel), le but (la restauration des biens et services offerts par les forêts dans un
paysage), le double objectif qualitatif et quantitatif des forêts, la nécessité de
considérer les causes sous jacentes de la perte et de la dégradation des forêts, et
finalement le fait qu'il n'y a pas une approche "modèle" à répliquer partout, mais
plutôt une palette de solutions et des lignes directrices.
Des représentants des autorités forestières de chacun des trois pays maghrébins
présentèrent les stratégies forestières de leurs pays respectifs tout en soulignant les
liens avec la restauration des paysages forestiers. Dans les trois pays, nous pouvons
noter une évolution en faveur d’une orientation des stratégies de restauration vers la
protection des sols et de l'eau et toute la composante socio-économique.
Les présentations suivantes étaient ensuite plus centrées sur les activités de
restauration passées/présentes des forêts dans les trois pays ainsi que les leçons à
tirer de ces expériences passées. Ces expériences démontrent l'importance du
reboisement dans le passé, en grande partie pour des raisons de réduction du
chômage. Toutefois les taux de réussite de ces reboisements étaient limités. Les
reboisements ont, dans leur majorité, consisté en une monoculture d'espèces
exotiques (telles que les eucalyptus, les acacias et Pinus radiata ) et de certaines
espèces de pins (plus fréquemment le pin d’Alep, mais également le pin maritime et
le pin pignon). Ces reboisements ont été souvent basés sur des méthodes de mise
en mouvement du sol, provoquant ainsi des problèmes d’érosion ainsi que la
réduction de la couverture végétale naturelle, c’est à dire des forêts, des matorrals et
des parcours.
L'après midi a été consacrée aux travaux de groupes. Les participants se sont
répartis en 3 groupes afin d'approfondir la réflexion sur la RPF.
Le premier groupe s’est penché sur la terminologie, les acquis, les contraintes et les
priorités. Le deuxième groupe a discuté les expériences vis-à-vis des principes,
critères et composantes de la RPF. Le troisième groupe s’est intéressé à la définition
de la RPF et aux connaissances acquises durant les présentations de la matinée.
En matière de terminologie et de définitions, les points importants à relever sont les
suivants:
la notion de paysage doit être partagée par les acteurs clefs (parties prenantes). De
même, il est important de définir clairement les différents objectifs de restauration
choisis par les acteurs à l'intérieur d'un paysage. Les notions d'approche
écosystémique et d'aménagement du territoire furent aussi suggérées.
Le concept de paysage a été appréhendé par les participants comme étant non clair
et difficile à comprendre étant donné les diverses significations que le mot
«paysage» comporte. Par ailleurs, sa traduction de l’anglais «Landscape» en
différentes langues ne facilite pas une compréhension immédiate. Au cours de
l’atelier, il a été expliqué que le «paysage» auquel la RPF réfère est défini comme:
«un vaste territoire ou espace forestier où la fonctionnalité des systèmes
écologiques, la viabilité des populations de grandes espèces ayant besoin de larges
espaces –telles que les grands mammifères, les grands rapaces - et la durabilité des
systèmes agro-forestiers sont assurées ». On parle d’unités territoriales aux surfaces
comprises entre 200,000 et 2,000,000 hectares, contenant une mosaïque de
différents habitats forestiers, arbustifs et herbacés, rupicoles et autres zones
humides et agricoles. Une définition objective de paysage, acceptée par la Société
de Restauration Ecologique (SER) a été proposée par son représentant présent à
l’atelier (James Aronson) :
« Le Paysage : est un assemblage d’écosystèmes qui interagissent d’une manière
qui détermine des patrons spatiaux qui se répètent et sont reconnaissables »
En outre, les présentations de la matinée ont mis en évidence les points suivants :






les contraintes démographiques et leurs impacts sur le patrimoine forestier
l'importance de l'histoire dans les forêts méditerranéennes
l’évolution et l’ouverture sur le péri-forestier
le souci du développement local
une prise de conscience de la dégradation de l'environnement
les actions de restauration sont nécessairement à mettre en œuvre sur le
long terme
Les leçons apprises basées sur les discussions au cours de la matinée et les
groupes de travail peuvent être résumées comme suit : la restauration au niveau des
paysages offre un bon équilibre entre la conservation, la production et le
développement dans la région. C’est pourquoi les membres du groupe ont considéré
qu’il est propice d’entreprendre la restauration des forêts au niveau des paysages.
Toutefois quelques obstacles furent soulevés tels qu'une compréhension inadéquate
des problématiques et des causes sous jacentes de la perte et dégradation des
forêts, l'absence de projets pilotes régionaux qui servent d'école, un contexte de
réalisation difficile (réticence aussi bien de l'administration que de la société civile),
l'absence de réglementation pour promouvoir le transfert de gestion du patrimoine
forestier, l'absence d'investissement financier. Il fut aussi noté que quoiqu'un nombre
de bons plans (liés à la foresterie mais aussi aux conventions internationales
environnementales) existent, les moyens manquent pour leur application. Les débats
ont fait également ressortir le besoin d'impliquer les populations locales et le rôle des
ONGs en tant que médiateurs entre les populations et l'administration.
Cependant, un certain nombre de questions intéressantes furent soulevées :
 Comment faire passer les valeurs des forêts et l’intérêt de leur conservation à
long terme aux usagers des forêts tels les bergers ?
 Devrions-nous protéger la forêt en la gardant comme elle est ou devrions-nous
continuer à l’utiliser tout en suivant de près son évolution ?
 Quel genre de forêts souhaiterions-nous avoir dans l'avenir?
 Devrions nous changer le système actuel d'investissement dans les parcours qui
ne donne pas la priorité aux communautés locales mais permet une forte
pression liée aux investisseurs privées qui habitent dans les zones urbaines ?
 Comment impliquer les parties prenantes dans le processus afin de parler tous le
même langage?
 Comment rechercher et identifier les causes de la désertification à plusieurs
niveaux dans la région?
Enfin, cette session a noté comme action prioritaire l’élaboration et la mise en œuvre
de projets pilotes. Les dits projets démontreraient de manière concrète comment
intégrer plusieurs secteurs tant politique, social qu’économique dans un même
paysage. Ils serviraient aussi à démontrer comment réaliser sur le terrain les plans
liés aux différentes conventions internationales tout en assurant une bonne synergie,
intégration et coordination entre ces dernières. Les participants ont aussi exprimé le
souhait de développer des réseaux de partenaires aux niveaux national et régional
pour bénéficier des expériences.
Session II: Analyse des problèmes:
Comprendre les causes à la racine de la dégradation de la forêt et de la perte de la
biodiversité
Résultats attendus: Accord commun sur les problèmes clés et les priorités pour la RPF
dans les paysages forestiers prioritaires
Présentation 9: (Ali Aghnaj) “Désertification, perte de la biodiversité et abandon du système socio-économique
traditionnel dans les montagnes de l’Atlas: cas du paysage fonctionnel de conservation du Moyen Atlas”.
Présentation 10: (Pedro Beja) « RPF : opportunités socio-économiques, participation du public et renforcement
des capacités : étude de cas du paysage vert du sud du Portugal »
Présentation 14: (Nora Berrahmouni) ”De l’analyse des problèmes à des propositions d’action : Résultats
préliminaires de l’initiative « Paysage Vert contre la Désertification, cas de la Kroumirie-Mogod »
La deuxième session a permis de présenter les analyses des problèmes au niveau
des 3 paysages fonctionnels de conservation : au Maroc, en Tunisie et au Portugal.
Les intervenants expliquèrent la démarche suivie incluant l’évaluation de la
biodiversité, l’analyse socio-économique et des acteurs ainsi que celle des menaces
et des causes à la racine de la perte de la biodiversité. Dans les trois cas, des plans
d'actions préliminaires ont été élaborés incluant la conception d’une vision pour la
conservation de chacune des vastes unités territoriales du paysage ayant été
cartographiée. Dans chaque paysage cartographié, ont été définies diverses zones –
zones prioritaires pour la conservation de la biodiversité (aires noyaux protégées),
connectées par des corridors, et entourées de zones tampon où les besoins de
conservation et de développement sont intégrés, permettant ainsi aux populations
locales de tirer des bénéfices économiques de leur patrimoine naturel. Ces plans
d'actions préliminaires sont en cours de révision, et de finalisation avec les différents
acteurs et partenaires clés. Dans le cas de la Kroumirie-Mogod, il faut noter que
certaines actions "urgentes" identifiées ont été mises en œuvre, parallèlement au
processus de l’élaboration du plan d’action. Ces actions ont servi notamment à
renforcer les capacités locales dans le monitorage, la conservation et la gestion du
Cerf de Berberie, la mise en œuvre d’actions génératrices de revenus pilotes au
bénéfice des groupes de communautés locales (production de miel et distillation de
myrte) et le développement de partenariat avec les différents acteurs clés telles que
la Direction Générale des Forêts et les secteurs de Développement (Tourisme,
Agricullture). Ces actions serviront également à informer et adapter le plan d'action
"final".
Session III: Outils /méthodologies existants
Résultat attendu: Compréhension commune des outils existants
Présentation 11: (Alain Billand)"Quels objectifs pour la gestion et la restauration des paysages forestiers en
moyenne montagne Marocaine?"
Présentation 12: (James Aronson ) "Restauration écologique : Concepts et Pratiques"
Présentation 13: (Luis Balaguer) "Restauration écologique: Etudes de cas dans la péninsule Ibérique
Présentation 15: (Val Kapos) "Utilisation de la cartographie comme outil de planification, de prise de décision et de
suivi de la RPF"
Présentation 16 : (Kevin Jones) "L’utilisation de la Certification dans la promotion des alternatives économiques dans
un paysage forestier pour appuyer la RPF"
La première présentation de cette session a cherché à démontrer comment atteindre
les objectifs de restaurer un paysage multi-fonctionnel. Alain Billand a souligné que
dans un paysage, l'humain et les systèmes bio-physiques inter-agissent afin de
modeler le paysage. Ainsi, en identifiant des priorités pour le paysage, les besoins
(en terme de biens et services offerts par les forêts) de chaque acteur/partie
prenante doivent être évalués, négociés et équilibrés. En même temps, assurer une
vision commune avec des objectifs clairs de conservation de la biodiversité,
représente la seule façon d’assurer l’ amélioration et la préservation du capital
naturel sur le long terme, qui est la base de tout développement durable possible.
Les deux présentations qui ont suivi expliquèrent les techniques de restauration
écologiques, basées sur les principes les plus avancés pour assurer l’intégrité et la
fonctionnalité des écosystèmes forestiers dégradés. James Aronson a présenté les
définitions établies par la Société pour la Restauration Ecologique en matière de
paysage et de restauration. Il présenta le choix de quatre alternatives pour répondre
à une situation d'écosystèmes dégradés et de paysages fragmentés: ne rien faire,
restaurer, réhabiliter, réaffecter. Toutes ces activités peuvent être potentiellement
menées en simultanée dans différentes unités du paysage.
A travers sa présentation, Luis Balaguer, a soulevé l'importance des sols, de la
topographie, et des fragments restants de végétation dans le paysage pour assurer
un plus rapide et efficace processus de restauration écologique. Le principe de
collaboration «nursery effect» entre les espèces forestières, c’est à dire l’apport de
protection, ombre, eau et nutriments d’un individu pour son voisin -comme c’est le
cas entre les conifères et les chênes sclérophylles dans les montagnes
Méditerranéennes- est très important pour planifier tout projet de restauration
écologique dans les montagnes de l’Afrique du Nord. Luis Balaguer a souligné aussi
l’importance de la restauration écologique comme opportunité de développement
d’initiatives sociales génératrices de revenus économiques, et où les ONG, le
secteur privé et l’administration publique ont un rôle important et jouissent d’un cadre
de collaboration unique.
Val Kapos a présenté des résultats d’une analyse préliminaire entreprise
conjointement par le PNUE-WCMC et le WWF MedPO en utilisant l’outil su Système
d’Information Géographique (SIG). Cette analyse a pour but d’identifier les priorités
de restauration dans un paysage, et représente un outil de planification, de mise en
œuvre et de suivi /monitorage des probabilités de succès. Cette analyse a été
appliquée sur les deux paysages verts de la Kroumirie-Mogod (Tunisie) et du Moyen
atlas (Maroc). Pour effectuer ces deux analyses, les données collectées dans la
phase d’analyse de la biodiversité et socio-économiques des deux cas présentés par
le WWF précédemment ont été utilisées. Par la suite des indexes de fragmentation
des habitats, des exigences des espèces cibles en matière d’habitats, d’impacts
humains, de désertification et d’érosion du sol ont été dèvelopés. Les cartes
réalisées permettent la définition d’indicateurs pour mesurer le suivi des activités de
restauration.
Kevin Jones a introduit les principes et critères du Forest Stewardship Council (FSC)
en tant qu’outil pour garantir la gestion durable des forêts, et assurer une meileure
implication de tous les acteurs locaux dans la planification et la gestion des
utilisations des ressources forestières. Les bénéfices de la certification forestière
ainsi que des propositions d’action pour le Maghreb ont été aussi présentés.
Les participants se sont ensuite répartis en trois groupes pour discuter des thèmes
suivants :
Groupe 1 discuta des contraintes et des perspectives de la restauration écologique
Groupe 2 discuta des causes de la dégradation et des vecteurs de changements
Groupe 3 discuta les réformes nécessaires pour une approche multi-fonctionnelle à
la restauration
Les contraintes relevées par le groupe 1 furent les suivantes:
1. Méconnaissances ou lacunes dans les connaissances relatives à la
génétique, populations, espèces, communautés, inventaires, données écologiques,
etc. Exemples : capacité de régénération des espèces cibles, modèle de
multiplication, viabilité de la banque de graines dans les sols, manque d'inventaires
biologiques etc.
2. Absence de coopération (entre pays du Maghreb et entre le Maghreb et
l’extérieur). Exemples : réseaux d'informations, pépinières d'espèces autochtones
etc.
3. Contraintes socio-économiques
 des changements drastiques de comportements et d’utilisation du territoire
dans les espaces ruraux (transhumance)
 des usages et activités ancestraux devenus non durables (notamment liés à
l’explosion démographique)
 une difficulté de trouver des alternatives économiques pratiques et viables du
point de vue économique
 des conflits non arbitrés entre les pastoralistes et les forestiers
 des changements importants et peu contrôlés sur le plan foncier
 des contraintes au niveau international (liées à l'économie libérale mondiale)
4. Contraintes physio chimiques
Exemples : perte en sols, concept de seuil écologique, rupture et fragmentation des
paysages
5. Lacunes voir absence de programmes de recherche/développement visant à
promouvoir des cultures, élevages et systèmes de production adéquats
Exemples : favoriser l’élevage de dindes au lieu des chèvres, cultures de plantes
aromatiques à forte valeur marchande et adaptées aux contraintes climatiques et
pédologiques, systèmes sylvo-pastoraux et agro-sylvo- pastoraux (tels les dehesas)
Le groupe a défini les perspectives suivantes:
 la première phase de prise de conscience a été enclenchée, permettant
l’initiation de réseaux
 en reconnaissant les contraintes, on peut aussi avoir des perspectives
encourageantes
Le deuxième groupe a relevé les causes de la dégradation des paysages
forestiers suivants:
 conditions naturelles (climatiques, édaphiques, etc)
 processus historiques (zones très anciennement peuplées)
 populations (démographie, pauvreté, augmentation du niveau de vie)
 changements de comportements : rupture des réseaux de transhumance,
investissements dans les troupeaux
 approche sectorielle du développement (constructions de barrages),
 options politiques: développement de l'agriculture irriguée en plaine,
développement des zones urbaines
Il a identifié les vecteurs de changements suivants:
 changements politiques : exemples : décentralisation, responsabilisation des
populations...
 implications des organisations internationales dans des projets de
développement : exemples : gestion participative
 prise en considération de l'ensemble des richesses en relation avec les
multifonctions de la forêt
 des mesures législatives adaptées
 implication de la population, solidarité amont-aval
 adopter un aménagement global intégré dans le cadre territorial
 mettre en place des mécanismes et des procédures permettant de faire
bénéficier directement les populations rurales du revenu et des services de la
forêt
Le troisième groupe a tenté de définir les réformes nécessaires pour une
approche multi-fonctionnelle à la restauration
En tant que préalable, il fut noté qu'il est important de bien identifier et délimiter
l'espace à gérer. Il est aussi important d'avoir la même vision pour ce paysage.
Il fut noté qu'en Algérie il existe une volonté politique affichée. De même au Maroc, il
a été souligné que le Plan Forestier National pourrait servir de base et de moteur
moyennant des mesures d'accompagnement.
Faire passer des réformes est lent, et il est important auparavant d'avoir une vision
commune. Le meilleur moyen de s'assurer des réformes nécessaires est de
s'engager à travers des projets concrets sur le terrain. De même le suivi et
l’évaluation de ces activités serviraient à orienter les prochaines étapes. Le rôle des
ONGs fut noté comme étant un moteur possible ainsi qu'un facteur favorable de
médiation et de lien entre les populations et l'Administration.
Session IV: Le macro environnement pour la RPF
Résultats attendus: Aperçu des opportunités politiques et institutionnelles pour la RPF
Présentation 17: (Maria Jose Roxo)"Désertification: processus, politiques et réponses dans l'UE/Med et en Afrique du
Nord
Présentation 18: (Rami Salman) « Présentations des résultats de l’atelier méditerranéen d’experts sur la RPF, Italie, 810 mai 2003 »
Présentation 19: (Rahal Lazhar) "Opportunités pour la RPF dans le cadre de la mise en oeuvre des Plans d’Action
Nationaux de lutte contre la Désertification - Algérie"
Présentation 20: (Mohamed Ghanam)"Opportunités pour la RPF dans le cadre de la mise en oeuvre des Plans
d’Action Nationaux de lutte contre la Désertification - Maroc"
Presentation 21: (Zoltan Rakonczay)" Scénarios du changement climatique dans la région méditerranéenne:
tendances actuelles et risques"
Présentation 22: (Hani Daraghma) "Synergies entre les conventions internationales pour appuyer la RPF en Afrique du
Nord"
La quatrième session dévoua un certain temps à la présentation des Plans
Nationaux de lutte contre la Désertification (PFN). Les autres conventions
environnementales (CBD et UNFCCC) furent aussi discutées ainsi que les liens
entre celles-ci et la restauration forestière à l’échelle des paysages.
Rami Salman a présenté les résultats de l'atelier des experts sur la RPF pour la
Méditerranée, qui a été organisé par l’UICN, l’AIFM, ICMCL et le WWF programme
Méditerranée, en Italie du 8 au 10 mai 2003. Il a mis en exergue notamment les
recommandations en matière de développement de partenariats, de contributions
aux processus politiques régionaux et internationaux et en terme d'actions concrètes.
L'analyse de l'impact du processus de désertification au Portugal fut présentée. Cette
analyse démontre l'interaction entre les facteurs biologiques et les facteurs humains.
Le changement climatique affecte les systèmes forestiers de plusieurs manières.
Face à ceci le rôle de l'adaptation des écosystèmes forestiers et l’atténuation des
impacts négatifs furent présentés.
Une synthèse des synergies entre les conventions et leur rapport vis a vis des forêts
fut présentée. Ainsi, nous notons une évolution d'une approche sectorielle promue
par les différentes conventions, à une approche plus intégrée.
Session V: Mise en oeuvre et définition des objectifs pour la RPF
Résultat attendu: Vision commune avec objectifs potentiels et actions tangibles pour la RPF
Présentation 23: (Hani Daraghma) "Plaidoyer et financement de la restauration: le rôle de la coopération
intergouvernementale et des agences d’aide pour la mise en oeuvre de la RPF
Une présentation en dernière session expliqua les modalités de fonctionnement du
« FEM » (Fonds pour l’Environnement Mondial).
Enfin, les participants se sont organisés en quatre groupes avec l'objectif de produire
des recommandations concrètes et l'esquisse d'un plan d'action pour la RPF dans la
région.
La question posée aux trois premiers groupes était: "Proposez des actions concrètes
(sur les court, moyen et long termes) pour restaurer les fonctions des forêts au
bénéfice des humains et de la biodiversité, dans les paysages suivants: Moyen Atlas,
Kroumirie Mogod et un paysage transfrontalier Algéro-tunisien". Pour répondre à
cette question, le premier groupe s’est intéressé aux « Processus participatif, suivi et
évaluation », le deuxième aux « Solutions techniques & approches écologiques » et
le troisième aux « actions aux niveaux politique, du régime foncier et
décentralisation ». Le quatrième groupe, quant à lui, s’est penché sur la finalisation
des recommandations d'ordre plus général à présenter au Ministre au cours de la
séance de clôture.
Groupe 1: Processus participatif, suivi et évaluation
Le groupe a structuré ce thème en : communication et information, coordination et
intégration des différents utilisateurs/acteurs, renforcement des capacités et
formation et évaluation.
Les points suivant furent relevés:
L'importance:
 d'associer les populations locales dans les différentes étapes de développement
de projets, de la phase diagnostic à la phase évaluation,
 d'assurer l'équité homme/femme dans le milieu rural,
 de responsabiliser les acteurs et d’évaluer leur engagement dans le processus
de développement durable ;
 de développer des chartes de développement local dans les zones du projet.
 de valoriser le savoir faire local des populations
 de renforcer les capacités des ONG impliquées dans les projets
 de renforcer des capacités des acteurs forestiers en matière d'approches
participatives
 de promouvoir la dimension humaine dans les projets de conservation
(perceptions, intérêts, et relations conflictuelles des différents acteurs en relation
avec des phénomènes naturels comme la dégradation, la désertification, la
protection des espèces)
 d'impliquer les populations locales dans le suivi et l'évaluation des résultats des
projets
 de développer un système de monitorage pour suivre les processus de
développement et de conservation
Plus spécifiquement pour la Kroumirie- Mogod, il fut suggéré de :
 Promouvoir la dimension humaine par l'organisation d'un atelier et des réunions
avec les acteurs du paysage tout en exposant les résultats du travail basé sur
l’espèce cible et indicatrice de l’état de conservation des forêts -l’interaction
homme -cerf de Berberie, la dégradation/conservation des habitats, impact des
activités humaines, etc.
 Partager l'approche RPF avec tous les acteurs
Pour le Moyen Atlas :







Promouvoir des activités génératrices de revenus
Renforcer les associations locales
Développer un cadre institutionnel de coordination et d’intégration pour les projets
de développement
Organiser les populations locales en groupements
Organiser des échanges d'expériences
Développer un programme de communication des projets pour faire profiter le
maximum d'acteurs
Développer un réseau local, national et régional d'échanges d'expériences
Groupe 2: Solutions techniques & approches écologiques
Points généraux du processus
 Assurer un suivi constant des approches et actions mises en œuvre et
développer des stratégies/démarches adaptatives pour intégrer les différentes
mesures et adaptations nécessaires
 Développer une Vision basée sur une approche multi-fonctionnelle
 Consensus sur les méthodes de diagnostic– en se focalisant sur les
processus
 Diagnostic et identification des priorités
 Définir des actions
 Appliquer les actions
A court terme
Consensus sur les méthodes de diagnostic– en se focalisant sur les processus
 Identifier les acteurs clefs
 Collecter & synthétiser les résultats d'études existantes
 Commencer la cartographie
 Identifier des indicateurs potentiels
A moyen terme (2-3 ans)
 Diagnostic (non seulement écologique) toujours en considérant les processus
 S'accorder sur les indicateurs pour le suivi et les standardiser
 Définir et utiliser les outils
 Développer la recherche (et lier la recherche à l'application)
 Initier des projets de démonstration
 Renforcer les capacités locales
A long terme
 Continuer le suivi
 Evaluer les résultats à l'intérieur des initiatives, les comparer entre elles et
dans un contexte international
 Adapter les approches d'après l'expérience acquise
 Etendre les approches/expériences positives
 Documenter et disséminer les expériences acquises tant les succès que les
échecs
 Incorporer les résultats au niveau politique
Groupe 3 - Actions aux niveaux politique, du régime foncier & décentralisation
Les actions prioritaires suivantes furent proposées pour le Moyen Atlas:
 Promouvoir le rôle de l'autorité du futur Parc National d'Ifrane comme
médiateur
 Sensibiliser les populations (y compris les femmes) afin de créer une
demande pour l'amélioration de la gestion des ressources forestières
 Identifier les besoins, assurer la formation et améliorer la perception des
conseillers communaux (spécifiquement en ce qui concerne le réinvestissement des fonds obtenus de l'exploitation des forêts)
 Elaborer et mettre en œuvre une stratégie de promotion de l’écotourisme
durable (en utilisant le parc comme "label" et possibilité d'instaurer le
paiement des droits d'entrée au parc)
 Promouvoir la certification des produits du terroir (troupeaux de moutons, miel,
plantes aromatiques etc.)
 Promouvoir la mise en place de comités locaux des forêts comme médiateurs
 Identifier et re-valoriser les pratiques de gestion traditionnelles de l’espace qui
permettaient de maintenir la qualité des forêts
 Promouvoir les produits tirés de la forêt
 Mener des réflexions profondes sur les droit d’usage et définir des formules
praticables, ayant pour objectif de responsabiliser et d’obtenir l’engagement
des communautés locales.
 Encourager une personnalité Marocaine de haut niveau à rejoindre le conseil
d'administration d'une organisation comme le WWF
 Eviter les approches sectorielles.
 Intégrer l'approche écorégionale (grande échelle) dans les politiques
Cérémonie de clôture:
A la cérémonie de clôture les personnalités suivantes furent présentes:
Monsieur Le Ministre de l'Aménagement du Territoire, de l'eau et de l'Environnement
Monsieur le Gouverneur de la Province d'Ifrane
Monsieur le Président de l'Université d'Al Akhawayn
Après une brève introduction de Monsieur Rachid Benmokhtar Benabdellah,
Président de l'Université Al Akhawayn, Monsieur le Ministre, Mohamed El Yazghi, a
exprimé son soutien envers les recommandations et conclusions de l'atelier. Il a
soulevé plus particulièrement l'importance du Maroc en terme de biodiversité, les
liens étroits entre les populations et la forêt et par conséquent le besoin de tenir
compte de celle-ci en prévoyant des activités de restauration des forêts. Il nota aussi
l'importance de la mise en oeuvre de tels projets en soulignant plus particulièrement:
l'engagement politique national, le besoin de renforcer les capacités humaines, le
besoin d'un appui international intensif, le besoin de sensibiliser le public et de
renforcer les programmes de recherche.
Le Représentant du PNUD/FEM pour les pays Arabes, Monsieur Hani Daraghma, a
souligné à son tour l'appui du PNUD aux conclusions de l'atelier et à la Restauration
des Paysages Forestiers. Il a aussi mis en exergue la richesse inestimable des
montagnes de l’Atlas et le rôle important qu’elles jouent dans la conservation de la
biodiversité et la vie notamment des populations locales. Il a réitéré la volonté et
l’engagement du programme du PNUD/FEM à continuer à collaborer et à développer
des initiatives dans les pays du Maghreb, et notamment au Maroc, pour conserver et
restaurer ses paysages forestiers et promouvoir leur développement durable.
Le directeur du WWF, Programme Méditerranée, Paolo Lombardi et le Président de
l’Université Al Akhawayn, Rachid Benmokhtar Benabdellah, ont saisi cette
opportunité pour signer un Mémorandum concrétisant la collaboration entre les deux
institutions.
Les conclusions et recommandations (au début du présent document) de l'atelier
furent présentées par Monsieur Bachir Raissouni, Directeur du Centre de
l'Environnement et du Développement Régional à l'université d'Al Akhawayn.
Annexe 1: Comptes rendus des visites de terrains
Annexe 2: Liste des participants
Annexe 3: Programme de l’atelier
Annexe 4: Liste des présentations
Annexe 5: Présentations
Annexe 1: Rapports des trois visites de terrain
Groupe 1 - Cèdre et Singe magot
Question adressée au groupe : Est ce que les pratiques sylvicoles ont un impact sur
le singe Magot?
Enjeux affectant les cédraies (par ordre d'importance)
1. Surpâturage
2. Ebranchage par les populations
3. Champignons
4. Ecorçage par le macaque
Hypothèse émise:
Le singe s'attaque au cèdre car il manque de ressources alimentaires à cause des
pressions induites par le surpâturage.
Recommandations
 Plutôt que de réguler la population de singes, besoin de réguler l'écosystème
 Promouvoir une meilleure gestion (traitement biologique)
 Compenser le manque en ressources alimentaires en diversifiant la composition
floristique du sous-bois (enrichissement à travers la facilitation de la régénération
naturelle et la plantation) et en améliorant la structure des forêts
 Introduire un autre mode de gestion de la chênaie (mosaïque de zones de
coupe) afin de maintenir les singes dans les chênaies et pas dans les cèdres
 Toute intervention doit être accompagnée d'un suivi pour comprendre son impact
Prochaines étapes
 Le Département des Eaux et Forêts vient de solliciter l'UICN pour faire une étude
sur la condition du singe dans les forêts d'Ifrane
 Il est important de faire un diagnostic correct, le discuter et l’agréer avec tous les
acteurs concernés
 Préalable à une étude plus approfondie - sur le mode de vie du singe, sa
répartition, son comportement, les dégâts causés (indicateurs)
Groupe 2- Relation Forêt - Eau
Forêt d'Aghbalou Larbi
Description: 2180 m. d'altitude
1. Forêt
Cèdre, genévrier, chêne vert
Forêt aménagée pour la production
Parcelle en régénération et protégée par clôture
2. Lac naturel d’Aguelmam Sidi Ali
Niveau très bas - divisé en deux - 50 et 70ha (45 m. profondeur)
Formé par un barrage causé par coulée basaltique
Biodiversité: truite, alouette, (faune piscicole riche)
3. Prairies
Sur-pâturées
4. Rivière de Guigou
 normalement sortant du lac, mais à cause de la sécheresse n'apparaissait que
plus bas
 est ce qu'on peut se permettre de planter des peupliers à côté des ressources
d'eau si rares??
Problématique
 paysage à fortes potentialités mais en état de dégradation avancée
 perte de sols
 surpâturage
 pertes en eau
 gestion sectorielle (forêt aménagée à part, bassin versant autre compétence,
bétails à part etc..)
 dégradation du couvert
Propositions
 Promouvoir une vision intégrée de l'utilisation du paysage à travers la
concertation des partenaires (à commencer par la population locale) et
dégager des priorités
 Elaborer un plan de RPF (plan d'aménagement) en tenant compte des
principes d’aménagement intégré des bassins versants) : est une priorité
rèelle.
 Responsabilisation des acteurs et partage des tâches
 Financement et mesures d'appui
 Programme de mise en oeuvre (montage institutionnel)
 Suivi et évaluation
A la question « qui va initier ce processus et comment? » le WWF a montré son
intérêt d’intégrer ses programmes : de conservation, de gestion et de restauration
des paysages verts et d’aménagement intégré du bassin versant dans le Moyen
Atlas
Groupe 3 - La certification comme outil d'évaluation et d’amélioration de la
gestion forestière
Abdellah Saidi , Direction Régionale des Eaux et Forets du Moyen Atlas a exposé les
nouvelles orientations dans l’élaboration des plans d’aménagement forestiers au
Maroc. Celles-ci sont :
 participatives
 partenariales
 incluant l'écotourisme
 incluant la biodiversité
 Elles tiennent par conséquent compte de la multi-fonctionnalité de la forêt
Les objectifs d’aménagement sont déterminés par le milieu et les besoins des
populations et du marché. Actuellement les populations sont impliquées dans le
processus de mise en œuvre d’un certain nombre d’actions définis par le plan de
gestion. Il a été noté le besoin d'améliorer les techniques de régénération et de
trouver des nouvelles techniques. Cette nouvelle approche intègre toute les
conventions ratifiées par le Maroc
Les participants se sont répartis, ensuite en 3 groupes, chacun ayant pour tâche
d’effectuer un exercice. Il s’agit de conduire une interview avec les représentants
des services forestiers en se basant sur un certain nombre choisi de critères et
indicateurs FSC (eg: respect des lois, propriété foncière, plan de gestion, droits
d’usage des communautés locales etc.). Cet exercice avait pour but : d’une part de
comprendre comment est conduite une inspection dans le cadre d’une certification
FSC et d’autre part, d’avoir une vision claire du type et de l’étendue des exigences
requises par la certification FSC.
Conclusions :
 Se basant sur l’échantillon des indicateurs utilisés, le groupe a jugé que les
pratiques actuelles, répondent en général aux exemples d’indicateurs explorés
par le groupe. . Cependant, quelques améliorations devront être apportées.
 Une importance particulière devra être apportée à la gestion des forêts de cèdre
et à l’implication des populations locales dans leur gestion, Les populations
devront bénéficier de la valorisation et l’exploitation des différents produits de la
forêt (ligneux et non ligneux). En effet, en général le secteur privé bénéficie de la
valorisation d’une gamme plus vaste des produits de la forêt tandis que les
populations sont utilisées comme main d’œuvre ne bénéficiant que de façon très
réduite (ex. collecte de fleurs d’aubépine constatée lors de la visite de terrain),
pour le compte d’un privé).
 Les standards et indicateurs de certification FSC pourraient être utilisés comme
une bonne source d’information sur la forêt et de développement des directives
pour l’aménagement participative et durable de la forêt.
 Enfin, il a été aussi souligné l’importance de développer des réseaux d’échanges
entre les 3 pays Maghrébins des expériences et des techniques de bonne
gestion.
Annexe 2: Liste des participants
Annexe 3: Programme de l’atelier
Annexe 4: Liste des présentations
Annexe 5: Présentations
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