Guerre froide

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Guerre froide
Le Monde divisé pendant la guerre froide dans les années 1970 :
Le bloc occidental (bleu),
le bloc communiste (rouge) et
le mouvement des non-alignés (vert)
-la période de forte tension diplomatique entre les deux superpuissances que furent les
États-Unis et l’URSS de 1947 à 1989.
-un monde bipolaire où les belligérants évitaient l’affrontement direct
Les Soviétiques et les Américains luttaient pour imposer leur idéologie
et de nombreux conflits, depuis la guerre de Corée, la guerre du Viêt Nam jusqu’à la
Guerre d’Afghanistan, ont résulté de cette opposition.
Constatant que « Les puissants s’affrontent, les petits se battent » et tiré des deux bords,
l’Inde de Nehru, l’Égypte de Nasser et la Yougoslavie de Tito réussirent à former le
mouvement des non-alignés, souhaitant être neutres mais n’ayant que très peu d’influence
sur le cours des événements, l’Égypte et les pays nouvellement indépendants étant
influencés par un camp ou par l’autre.
Le terme froide apposé en oxymore indique qu’il ne s’agit pas d’une guerre au sens habituel
du terme, mais d’une confrontation idéologique entre les deux grands vainqueurs de la
Seconde Guerre mondiale ;
-elle fut également marquée par la course aux armements, la menace nucléaire (équilibre
de la terreur) et la compétition technologique dans le domaine de la conquête de
l’espace.
Les tiers-mondistes anglo-saxons emploient volontiers le terme de « Third World War », qui
signifie à la fois « Troisième Guerre mondiale » et « guerre au tiers monde », soulignant
par là que ce conflit atypique a été mondial, qu’il a fait un nombre de victimes du même ordre
de grandeur que chacune des deux guerres mondiales, et que la plupart de ces victimes
étaient des habitants du tiers monde.
Volonté de reconstruction et de paix au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
L’Europe séparée par le rideau de fer. En rouge, les pays du bloc communiste (la
Yougoslavie finir par rompre avec l'URSS)
En 1945, face aux États européens ruinés par la seconde Guerre mondiale, deux
superpuissances émergent dans le contexte géopolitique mondial. Les États-Unis
détiennent le monopole nucléaire depuis les bombardements atomiques d'Hiroshima et
Nagasaki en août 1945 et disposent d’une puissance financière inégalée.
L’URSS possède une force militaire décisive en Europe orientale et un prestige
politique considérable.
Une reconstruction économique
Un nouvel ordre monétaire et financier international est créé autour du dollar US, pour
éviter l’instabilité économique qui existait pendant l’entre-deux-guerres et relancer les
échanges internationaux. Instituée en 1944 par les accords de Bretton Woods, à l’issue
d’une conférence qui réunit 44 pays, cette nouvelle organisation de l’économie mondiale fut
négociée en fait entre la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, ces derniers imposant
leur point de vue.
Les accords établirent un Fonds monétaire international (FMI), ainsi qu’une Banque
internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), appelée
communément Banque mondiale. Le FMI et le BIRD auraient pour mission notamment
d’assurer la stabilité des devises nationales et d’accorder des prêts à la reconstruction et
au développement.
Par ailleurs, les accords instituaient un système de parités fixes par rapport au dollar, seule
monnaie entièrement convertible en or. Comme les États-Unis avaient une réserve d’or
avoisinant les trois quarts des réserves mondiales, le dollar US s’imposa forcément comme
monnaie de réserve internationale, au même titre que l’or. En effet, pour financer la guerre,
les puissances européennes avaient dû vendre leurs stocks d’or aux États-Unis. Ainsi
donc, le nouveau système monétaire ne reposait plus uniquement sur le métal fin détenu par
les banques centrales, mais sur le dollar, as good as gold, dont la valeur était garantie
par la Réserve fédérale des États-Unis, de même que par la formidable puissance
économique des États-Unis.
En juin 1947, dans un discours prononcé à l’Université de Harvard, le secrétaire d’État
américain George Marshall offrit à l’Europe « une aide fraternelle » afin de vaincre « la
faim, le désespoir et le chaos ». Le « plan Marshall » ou plan de Reconstruction
européenne (European Recovery Program) était proposé à toute l’Europe, y compris les
pays de l’Est et l’Union soviétique elle-même. Il était toutefois assorti de deux conditions :
l’aide américaine serait gérée par des institutions européennes communes et Washington
aurait un droit de regard sur sa répartition. Staline hésita, puis, fin juin, fit part de son refus.
La Pologne et la Tchécoslovaquie, qui, dans un premier temps, avaient donné une réponse
favorable à la proposition américaine, se virent obligées de la refuser à leur tour.
Finalement, seize pays, rejoints en 1949 par la RFA, acceptèrent le plan Marshall : la
France et le Royaume-Uni, qui en seront les principaux bénéficiaires, l’Autriche, le Benelux,
la Grèce, l’Irlande, l’Islande, l’Italie, les pays scandinaves, le Portugal, la Suisse et la
Turquie. En avril 1948, ces seize pays fondèrent l'Organisation européenne de coopération
économique (l’OECE, qui deviendra l’OCDE en 1960), organisme supranational dont la
fonction première était de gérer et de répartir l’aide américaine entre les pays membres.
De 1948 à 1952, plus de treize milliards de dollars, 5/6 sous forme de dons, 1/6 sous forme
de prêts, furent fournis par les États-Unis. Cette aide à la reconstruction se composait d’une
partie financière, subventions et prêts, et d’une autre en produits et équipements divers
(denrées alimentaires, tracteurs, outils de production, etc.).
Dans un espace économique « dollarisé » par les Accords de Bretton Woods, le plan
Marshall fut conçu pour combler le « dollar gap », permettant ainsi aux Européens
d’acheter aux États-Unis approvisionnements et équipements tout en assurant un
débouché aux produits américains. En effet, en 1946, 42 % des exportations
américaines avaient pris le chemin de l’Europe occidentale et un effondrement
économique du « vieux continent » se répercuterait sur l’économie américaine elle-même. Le
secrétaire adjoint à l’économie, Will Clayton, l’exprimait ouvertement : « Disons, sans tourner
autour du pot, que nos objectifs ont pour arrière-plan les besoins et les intérêts des ÉtatsUnis. Nous avons besoin de marchés, de gros marchés, pour y acheter et pour y
vendre. »
Cependant, l’objectif du plan Marshall n’était pas uniquement économique. Le gouvernement
de Washington avait compris que la détresse des populations européennes faisait le jeu des
partis marxistes alignés sur Moscou, en France et en Italie notamment où plus d’un quart de
l’électorat votait communiste. Dès lors, l’injection de capitaux américains fut le complément
économique de la doctrine du containment : endiguer l’influence soviétique par la
création d’un espace de prospérité en Europe.
Les Soviétiques ne tardèrent pas à s’en rendre compte et, en octobre 1947, lors de la
conférence fondatrice du Kominform, Andreï Jdanov, secrétaire du PCUS, réunit avec les
délégués des neuf partis communistes européens, dénonça l’« impérialisme américain »
qui, d’après lui, vassalisait les économies européennes en les plaçant sous la tutelle de
Washington. Selon la doctrine Jdanov, le monde était désormais divisé en deux camps
antagonistes : un « camp impérialiste et antidémocratique » dont les États-Unis sont « la
principale force dirigeante » et « un camp anti-impérialiste et démocratique », placé sous
l’égide de Moscou.
Une volonté de paix
En août 1941, Churchill et Roosevelt avaient signé la Charte de l’Atlantique, une
déclaration commune dans laquelle, s’inspirant des principes wilsoniens, les deux chefs
d’État prévoyait la mise en place d’un « système étendu et permanent de sécurité générale
». En février 1945, les accords de Yalta reprirent ce propos et annoncèrent la convocation
d’« une conférence des Nations unies sur l’organisation mondiale (…) le 25 avril 1945,
aux États-Unis. »
Le 26 juin 1945, portés par le mouvement d’une opinion publique choquée par la barbarie
nazie et la cruauté des combats, les délégués de cinquante et un pays approuvèrent à San
Francisco la Charte des Nations unies, le texte fondateur de l’ONU, l’Organisation des
Nations unies, dont l’objectif le plus important serait de « préserver les générations futures
du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l’humanité
d’indicibles souffrances. »
Le début de la guerre froide
Causes de la guerre froide
Après la Deuxième Guerre Mondiale, les relations entre les américains et les soviétiques se
dégradent. L'URSS veut garantir sa sécurité en s'entourant de pays alliés le long de
ses frontières dont l'armée rouge (les soviétiques) ne se retire pas des pays qu'elle a
libéré du nazisme et, contrairement aux engagements pris à Yalta, elle n'y organise pas
d'élections libres.
Opposition idéologique entre les systèmes capitaliste et communiste
Dès le XIXe siècle, Alexis de Tocqueville prédit que les États-Unis et la Russie ont tous deux
vocation à devenir un empire à l’échelle mondiale et qu’ils s’opposeront pour la domination
globale dès qu’ils entreront en contact. La destinée manifeste des États-Unis ne peut
accepter l’existence d’un défi à sa vision du monde, pas plus que la vocation continentale de
la sainte Russie (fût-elle devenue athée) ne peut admettre qu’un État eurasien fasse
allégeance à une autre grande puissance.
Les choix économiques et idéologiques faits par ces deux grandes puissances fourniront une
rationalisation de leur opposition inévitable, rationalisation qui sera présentée comme le
fondement essentiel de la guerre froide. Les deux systèmes socio-économiques sont en
effet totalement opposés :
Système de
l’URSS
Politique
Système des États-Unis
Régime à parti unique.
Régime démocratique pluraliste.
Société
Théoriquement, société sans classes, en fait
société dominée par une Nomenklatura
privilégiée.
Société de classes (dans l'optique
marxiste), soit une société libre
Économie
Économie étatisée et bureaucratisée (plans
quinquennaux).
Économie libérale et capitaliste
reposant sur l’initiative individuelle.
Conception de
l’individu
La volonté individuelle doit se plier aux
impératifs de la « construction du
socialisme ». Holisme.
La liberté individuelle est le moteur
de l’économie. Individualisme.
Conception du
progrès
La progression de la société entraîne le
progrès des individus dans leur ensemble.
La progression personnelle de
l’individu entraîne le progrès de la
société.
.
Le fait que l'Union Soviétique fut une société "fermée" ou il fut extrémement difficile de
savoir qui avait de l'influence sur quoi, quelle était ses vrais ressources et ses réelles
intentions fut un des trait marquant de la guerre froide, alimentant les doutes et les craintes
réelles ou imaginaires de l'Ouest de son coté, avec ses changements de gouvernements et
de politiques en fonction des élections rendait souvent perplexes les analystes soviétiques;
Les causes immédiates : la situation de l’après-guerre
Staline cherche à mettre l’URSS à l’abri d’une nouvelle attaque par la création d’un « glacis
» territorial et idéologique, c’est-à-dire d’un espace protecteur qui éloigne la menace des
frontières soviétiques :
-en repoussant plus à l’Ouest les frontières de l’URSS par l’annexion des pays baltes et
d’une partie de la Pologne, alors que les territoires allemands situés à l’est de l’Oder et de la
Neisse de Görlitz sont placés sous administration polonaise (partage effectué lors de la
conférence de Potsdam) ;
-en imposant des gouvernements pro-soviétiques dans les pays d’Europe centrale et
orientale occupés par l’Armée rouge, pays qui deviendront plus tard des « démocraties
populaires ». Le Coup de Prague en Tchécoslovaquie, une des rares réelles démocraties
d’avant guerre en Europe de l’Est fut l’expression la plus visible pour l’Ouest de cette
politique et fut perçu comme la manifestation hégémonique de l’URSS.
Avant même la fin des hostilités avec l’Allemagne, l’Union soviétique établit l’ordre
communiste dans les territoires libérés par l’Armée rouge :
-arrestation de seize dirigeants de l’Armée secrète polonaise, formellement conviés à
Moscou pour des « entretiens politiques », les deux principaux leaders de la résistance
polonaise mourant en prison quelques mois plus tard. Le gouvernement polonais en exil à
Londres, abandonné par les Occidentaux, se voit dénier peu à peu toute responsabilité et le
comité de Lublin, formé par les Soviétiques, prend le contrôle du pays ;
-attribution de la province tchécoslovaque de Ruthénie subcarpatique à l’Ukraine, ce qui
procure à l’Union soviétique une frontière commune avec la Hongrie ;
-installation au pouvoir des partis communistes tant à Bucarest qu’à Sofia, et élimination de
toute autre formation politique ;
mise en place à Vienne, sans consulter les Occidentaux, d’un gouvernement provisoire prosoviétique dont le chef a approuvé l’Anschluss en 1938 ;
-enfin, le maréchal Tito, maintenant établi à Belgrade, refuse, contrairement à ce que le
Kremlin avait promis aux Alliés, de laisser le roi Pierre II rentrer de son exil.
De plus en plus inquiet de ces violations répétées de la Charte de l’Atlantique et de la
Déclaration de Yalta sur l’Europe libérée, Churchill s’alarme dans un télégramme du 12
mai 1945 à Truman des risques de voir les forces soviétiques s’avancer jusqu’aux
rives de l’Atlantique et utilise déjà l’expression « Rideau de fer » qui deviendra
célèbre. En mars 1946, dans un discours retentissant, il dénonce ouvertement cette
mainmise soviétique sur l’Europe centrale et orientale. « De Stettin dans la Baltique à
Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est tombé sur le continent. (…) Les partis
communistes, qui étaient très faibles dans tous ces États de l’Est de l’Europe, ont obtenu un
pouvoir qui dépasse de beaucoup leur importance et ils cherchent partout à exercer un
contrôle totalitaire. Des gouvernements policiers s’installent un peu partout, au point qu’à
l’exception de la Tchécoslovaquie, il n’y a pas de vraie démocratie. »
En Allemagne, dans leur zone d’occupation, les Soviétiques mènent avec vigueur la
dénazification décidée à la Conférence de Potsdam. Plus de 120 000 personnes sont
internées dans des « camps spéciaux », qui existeront jusqu’en 1950. 42 000 détenus y
seraient morts de privations et de sévices. Cette politique d’épuration va de pair avec la
nomination de cadres communistes aux postes-clés de l’administration, de la police et de la
justice mais plusieurs milliers d’agents ayant travaillé sous le IIIe Reich sont "recyclé" dans
les nouveaux services de sécurité d’Allemagne de l’Est ou maintenu dans l'administration et
de nombreux fonctionnaires de l'ancien régime serviront le nouveau pouvoir jusqu'au années
1960.
Les alliés occidentaux, en revanche, misent davantage sur une « rééducation »
(Umerziehung) du peuple allemand associée à une politique d’indulgence à l’égard des «
suiveurs » (Mitläufer) et sympathisants du régime. Des scientifiques allemands sont ainsi
récupérés par la JIOA afin de travailler pour les États-Unis (opération Paperclip), tandis qu’il
est permis à d’anciens fonctionnaires ou militaires du IIIe Reich, s’ils n’ont pas été
condamnés par la justice, d’exercer à nouveau leurs fonctions. Dès la fin de la guerre, l’OSS,
embryon de la CIA, confie à l’ex-major-général de la Wehrmacht Reinhard Gehlen, chef de
l’Abwehr pour le front est (Abteilung Fremde Heere Ost), le soin de créer un service de
renseignements couvrant l’ensemble des territoires naguère occupés par l’Allemagne [7].
Pour justifier son budget – qui est en partie utilisé pour exfiltrer, en collaboration avec
l’ODESSA, d’anciens collaborateurs ou des criminels de guerre nazis –, ce réseau
d’espionnage nouvellement créé, précurseur du BND (Bundesnachrichtendienst) et baptisé
Gehlen Org par la Défense américaine, transmet parfois des informations entièrement
fabriquées et de plus en plus inquiétantes sur la puissance de l’Armée Rouge et sur la
stratégie expansionniste de l’URSS. Dès 1947, les États-Unis en font un élément de leur
propagande, alors qu’en réalité l’Union soviétique n’a pas encore commencé à se remettre
du conflit mondial.
Il faut préciser toutefois que, même si Staline n’avait sans doute pas l’intention d’étendre la
sphère de domination soviétique par les armes, l’URSS n’en vassalisa pas moins les pays
qu’occupait l’Armée rouge par la mise en place progressive de « démocraties populaires » et
entreprit plusieurs tentatives d’accroître par intimidation sa sphère d’influence en Iran (voir
crise irano-soviétique), en Grèce et en Turquie; Comme le disait Staline, il savait ou ne pas
aller trop loin si la résistance à ses ambitions se crispait.
La mise en place des blocs et la question des armes nucléaires
Au centre de la guerre froide se situent les questions nucléaires. Il semble que celles-ci,
grâce à leur capacité de destruction inégalée, sont en grande partie responsables de
l’absence de conflit à grande échelle entre les deux blocs, à partir du moment où les
superpuissances ont admis que l’usage des armes nucléaires doit être restreint au maximum
(admission faite au moment de la guerre de Corée). Ainsi la menace de conflit nucléaire aura
désamorcé la crise des missiles de Cuba, ainsi que la crise du canal de Suez, limitant les
conflits aux théâtres régionaux ou locaux.
Les deux blocs (1947-1953)
Alliances militaires
Alliances économiques : La formation des blocs s’explique en partie par l’arme nucléaire que
les États-Unis possèdent, mais pas l’URSS (qui l’aura bientôt cependant: en 1949). Chaque
État, selon son idéologie, se range donc sous la protection de l’une ou l’autre des
superpuissances : c’est le « parapluie nucléaire ». Le ralliement des États se fait par une
série de pactes : c’est la « pactomanie », expliquant la rapide mise en place des blocs durant
la guerre froide. Un bloc se définit donc comme un ensemble de pays sous le parapluie
nucléaire d’une superpuissance. Très vite, le monde se divise en deux blocs .
Le bloc de l’Ouest
La formation des démocraties populaires est ressentie par les pays occidentaux comme une
menace. Ils réagissent politiquement : le 12 mars 1947, un an après le discours de Fulton, le
président Harry Truman annonce sa politique de containment (endiguement) du
communisme, aussi appelée la doctrine Truman, qui considère l’opposition ouest/est de
manière manichéenne, comme un conflit entre deux systèmes antinomiques : démocratie
contre totalitarisme. Le lien entre démocratie et économie capitaliste est faible. Lors de la
guerre froide, beaucoup de dictatures d’extrême droite d’Amérique latine et d’Europe
(Espagne, Portugal et Grèce) soutiennent les politiques américaines, qui sont vues comme
un rempart face à la montée du communisme.
- Économiquement : à partir de 1947, les États-Unis mettent en œuvre le plan Marshall,
aide économique pour la reconstruction de l’Europe, en tant que complément à la doctrine
Truman militairement : les États-Unis et leurs alliés créent un important réseau d’alliances
défensives : l’Organisation des États américains (1948), le traité de Bruxelles (1948), le
Pacte atlantique (1949) doté en 1950 d’une structure militaire, l’OTAN (avec mise en place
des cellules clandestines du stay-behind), l’ANZUS (1951), l’OTASE (1954) et le Pacte de
Bagdad (1955). Les pays signataires s’engagent à s’aider mutuellement en cas d’agression.
En 1947, les services de renseignements des États-Unis, du Canada, de l’Australie et de la
Nouvelle-Zélande signent l’accord UKUSA, dans le cadre duquel le système d’écoute
planétaire Echelon sera mis en place dans les années 1970.
Le bloc de l’Est
L’URSS adopte une stratégie strictement parallèle. Elle réagit politiquement : en septembre
1947, en réponse à la doctrine Truman et au Plan Marshall, qui d’après eux vise « à
l’asservissement économique et politique de l’Europe », les Soviétiques mettent en place le
Kominform ou Comité d’information des partis communistes. Le but officiel de cet organisme
est « l’échange des expériences et la coordination de l’activité des partis communistes ».
Lors de la réunion constitutive, Jdanov, dans la même perspective manichéenne que
Truman, formule la doctrine soviétique en matière de politique internationale : le monde est
désormais divisé en deux camps hostiles, le camp anti-impérialiste et démocratique et le
camp impérialiste et antidémocratique ; l’URSS est le leader du camp démocratique, alors
que les États-Unis sont à la tête du camp impérialiste.
-Économiquement : en janvier 1949, suite à la création de l’OECE, l’URSS fonde le Conseil
d’assistance économique mutuelle (CAEM, en anglais COMECON), qui est chargé de
coordonner les économies des démocraties populaires et de planifier les échanges
commerciaux entre elles militairement : en mai 1955, suite à l’admission de la RFA dans
l’OTAN, l’URSS crée le pacte de Varsovie, qui officialise l’autorité soviétique sur les armées
des démocraties populaires.
Bloc de l'Est
Les tentatives de négociation
À partir de 1947, plusieurs conférences internationales réunissent les grandes puissances
afin de dégager un consensus sur les problèmes qui les divisent : le sort et le statut de
l’Allemagne, les conflits internationaux, le désarmement général, etc. Bien qu’elles
constituent une espèce d’armistice en pleine guerre froide, ces réunions se soldent par des
échecs ou aboutissent à des résultats insignifiants.
Les premières crises (1948-1953)
La crise irano-soviétique
La crise irano-soviétique fut la toute première épreuve de force de ce qui allait devenir la
guerre froide, et a pour objet l’Iran. À l’été 1941, l’URSS et la Grande-Bretagne, à la
recherche d’une voie d’acheminement des armes et du ravitaillement à destination du front
russe, s’étaient entendu pour en occuper chacune une moitié et déposer le chah Reza
Pahlevi, coupable de trop de sympathie avec l’Axe.
Son fils, Mohamed Reza, qui lui a succédé, a conclu avec ces puissances un traité prévoyant
le retrait de leurs troupes au plus tard le 2 mars 1946.
Très vite cependant, l’URSS soutient deux mouvements indépendantistes dans le Nord du
Pays afin de constituer un glacis protecteur au sud comme elle l’a fait en Europe. Ceci
conduit à des négociations iraniennes et des pressions occidentales qui conduisirent
finalement l’Armée rouge à se retirer.
La première crise de Berlin (1948-1949)
En juillet 1945, à la conférence de Potsdam, les trois dirigeants des principales puissances
alliées, Churchill (puis son successeur, le travailliste Attlee), Staline et Truman s’accordent
sur le partage de l’Allemagne et de l’Autriche en quatre zones d’occupation : américaine,
britannique, française et soviétique. De même, Berlin, l’ancienne capitale du Reich, est
divisée en quatre secteurs d’occupation. Enclavée dans la zone soviétique, des voies
d’accès aériennes, autoroutières et ferroviaires permettent de la raccorder aux zones
occidentales.
Après le coup de Prague, en février 1948, les Occidentaux décident de transformer à brève
échéance leur trizone en un État souverain ouest-allemand (conférence de Londres, en avriljuin 1948). La première phase du processus est la création du Deutsche Mark, qui devient le
20 juin la monnaie commune aux trois zones occidentales. Staline proteste contre cette
division de fait de l’Allemagne et, le 23 juin 1948, il profite de l’isolement géographique de
Berlin pour bloquer tous les accès terrestres et fluviaux des secteurs occidentaux. Plus de
deux millions d’habitants et trente mille soldats alliés se retrouvent pris en otage derrière le
rideau de fer.
Dans un premier temps, les Alliés envisagent de forcer le blocus, selon la proposition du
général Clay. Mais ils ne veulent pas prendre le risque de provoquer un conflit armé dont ils
auraient pris l’initiative. Ils ne peuvent pas non plus ne pas réagir, puisque cela aurait
impliqué l’échec de la politique du containment.
Pour sauver la ville de l’asphyxie, Britanniques et Américains se décident finalement à mettre
en place un pont aérien, c’est-à-dire d’assurer le ravitaillement (vivres, carburant, charbon)
par avion. Durant les onze mois que dure le blocus, un transporteur atterrit en moyenne
toutes les trente secondes à Berlin-Ouest, sur les aéroports de Tempelhof, Gatow et Tegel.
Au total, deux millions et demi de tonnes de fret (dont le charbon constitue les deux tiers)
sont acheminés par 275 000 vols. On estime que moins de 5 % des Berlinois de l’Ouest ont
préféré se ravitailler auprès des autorités soviétiques. Le 12 mai 1949, conscient de son
échec, Staline décide de lever le blocus.
Pendant la crise, les États-Unis déploient trois escadrilles de bombardiers stratégiques B-29
de l’USAF au Royaume-Uni pour signifier qu’ils sont prêts à riposter à une éventuelle
invasion de l’Europe de l’Ouest. Cependant, ils n’envisagent à aucun moment de recourir à
la menace d’un ultimatum atomique (ils disposent alors du monopole nucléaire) pour faire
cesser le blocus de Berlin et contraindre l’URSS à se retirer également de tous les pays où
elle avait refusé de « former des gouvernements intérimaires largement représentatifs de
tous les éléments démocratiques de la population, qui s’engageraient à faire établir aussitôt
que possible, par des élections libres, des gouvernements répondant à la volonté du peuple.
». En effet, l’Europe de l’Ouest est en pleine reconstruction et la puissance militaire
conventionnelle du Bloc de l’Est est de loin supérieure à celle des Occidentaux. Par là, les
États-Unis entérinent de facto le partage de l’Europe que Staline avait voulu voir dans les
Accords de Yalta.
Le 23 mai 1949, la division de l’Allemagne devient officielle, par la promulgation de la
Loi fondamentale (Grundgesetz), acte de naissance de la République fédérale
d’Allemagne (RFA, Bundesrepublik Deutschland). Le 7 octobre, la zone soviétique à son
tour se constitue en un État souverain, la République démocratique allemande (RDA,
Deutsche Demokratische Republik). Les deux entités refusent de se reconnaître
juridiquement. Désormais, l’Allemagne se trouve au cœur de la guerre froide
Cette crise diminuera le prestige de l'URSS dans le monde, d'une part a cause de ces
images de Berlinois affamés résistant à sa politique de force et d'autre part l'humiliation
militaire, et augmentera parallèlement celui des États-Unis aux yeux des Allemands de
l'Ouest dont leur statut passent de celui d'occupant à celui de protecteur.
La guerre de Corée (1950-1953)
Guerre de CoréeLa guerre de Corée a pour contexte la victoire de Mao Zedong sur le
nationaliste Tchang Kaï-chek en Chine (1er octobre) 1949. Les États-Unis sont prêts à tout
pour éviter qu’un nouveau pays d’Asie tombe dans le communisme.
Après la défaite japonaise en août 1945, la Corée fut coupée en deux au niveau du 38e
parallèle : au Sud, la République de Corée, proaméricaine, dirigée par Syngman Rhee, au
Nord, la République populaire de Corée, prosoviétique, dirigée par Kim Il Sung.
En 1948 et en 1949, les armées soviétiques et américaines quittèrent leurs zones
d’occupation respectives, de part et d’autre du 38e parallèle.
Le 12 janvier 1950, le secrétaire d’État américain Dean Acheson déclara devant des
journalistes que le périmètre de défense des États-Unis comprenait les îles Aléoutiennes, les
îles Ryūkyū, le Japon et les Philippines. En d’autres termes, la Corée n’en faisait
apparemment pas partie.
Le 25 juin 1950, l’armée nord-coréenne franchit le 38e parallèle, avec l’accord de Staline,
encouragé peut-être par les déclarations américaines.
Le 27 juin, les Nations unies condamnèrent l’agression nord-coréenne et décidèrent de venir
en aide à la Corée du Sud. Depuis février 1950, afin de protester contre la présence de
Taiwan et non de la Chine populaire, l’URSS boycottait les séances du Conseil de sécurité et
n’avait donc pas pu opposer son veto à cette résolution. Le général Mac Arthur, le vainqueur
du Pacifique, fut nommé commandant en chef des forces de l’ONU, formées en majeure
partie de contingents américains.
Fin septembre 1950, MacArthur atteignit la frontière chinoise.
En octobre, devant l’intervention de 850 000 « volontaires du peuple chinois », en fait des
troupes régulières, il dut se replier sur le 38e parallèle, où le front finit par se stabiliser en
mars 1951.
Pour remporter la victoire, MacArthur proposa alors un plan démentiel à Truman :
bombardement de la Mandchourie, blocus naval des côtes chinoises, débarquement des
forces du général Tchang Kaï-chek en Chine du Sud et, le cas échéant, emploi de l’arme
atomique. Truman, qui était convaincu qu’une telle initiative provoquerait une intervention
soviétique, limogea Mac Arthur et le remplaça par le général Ridgway.
Le 27 juillet 1953, après la mort de Staline et deux ans de pourparlers, l’armistice fut signé à
Panmunjeom mais il ne sera suivi d’aucun traité de paix.
« Guerre » idéologique : la chasse aux sorcières
En Union soviétique et dans le bloc de l’Est
Progressivement, les leaders des partis non-communistes sont écartés, soit par
discréditation ou intimidation, soit par des procès politiques suivis d’emprisonnement voire
d’exécution.
Le bloc fut le théâtre de nombreux procès politiques dans tous les pays sympathisants contre
des personnes accusé d’être « titistes » (terme qui vient de Tito, chef de la Yougoslavie),
accusés de dévier de la politique de Moscou, de nationalisme ou de sionisme, ou travailler
pour l'Occident.
De très nombreuses personnes furent emprisonnés ou exécutées, l’immense majorité tout
simplement car ils gênaient les régimes alors en place alors que plusieurs d’entre eux étaient
d’authentiques communistes comme László Rajk qui en Hongrie fut l’une des premières
victimes avec 19 autres hommes de ces grandes purges en 1949.
Aux États-Unis
Aux États-Unis, entre 1950 et 1954, le sénateur républicain du Wisconsin, Joseph McCarthy,
mena une véritable chasse aux « Rouges ». McCarthy était membre de la Commission
d’enquête sénatoriale sur les Activités anti-américaines (House Un-American Activities
Committee ou HUAC). Il fit mettre en accusation pêle-mêle tous ceux qu’il soupçonnait d’être
des membres du parti communiste, des « compagnons de route » ou de simples
sympathisants : des fonctionnaires, des artistes, des intellectuels, des savants et des
hommes politiques.
Le secrétaire d’État Dean Acheson fut suspecté d’être « mou dans la lutte contre le
communisme » (soft on communism) et George Marshall, l’ancien secrétaire d’État, accusé
d’avoir lâché Tchang Kaï-chek en 1946. Ethel et Julius Rosenberg, un couple de juifs
américains, furent arrêtés, condamnés à mort et exécutés : ils auraient fourni des
informations sur la bombe nucléaire aux Soviétiques. Cette affaire suscita une vive émotion
en Europe, et tout particulièrement en France, où l’on dénonça le climat d’hystérie collective
qui avait entouré le procès. Cependant, il semblerait aujourd’hui que, selon les archives du
KGB, les Rosenberg, du moins l’époux, soient coupables, ils seront les seuls espions
exécutés après étre passé en justice en Occident durant la guerre froide.
Finalement, en 1954, McCarthy dépassa les bornes et mit en doute la loyauté de l’armée. Il
fut alors l’objet d’un blâme de la part de ses collègues du Sénat : c’était la fin du
maccarthysme.
Coexistence pacifique et nouvelles crises (1953-1962)
En mars 1953, Staline meurt. Il est remplacé par Nikita Khrouchtchev, qui condamne les
crimes de Staline et permet la coexistence pacifique (1956) : les deux blocs ne s’affrontent
plus qu’idéologiquement.
Bien qu’officiellement les deux puissances ne se soient jamais affrontées directement, il
semble que plus d’une centaine d’avions espions américains aient été abattus lors de survols
de l’espace aérien soviétique. Dès 1950, un PB4Y Privateer est abattu par la chasse
soviétique. À partir de 1956, les Américains utilisent des U2 volant à plus de 20 000 mètres
d’altitude. Mais, en mai 1960, l’un d’eux est abattu et son pilote, Francis Gary Powers, est
emprisonné à la suite d’un procès très médiatisé. Les Américains créeront alors une lignée
d’avions espions de plus en plus perfectionnés, avant de développer un programme de
satellites de surveillance.
Durant cette période, il y a un dialogue plus ouvert entre les dirigeants des deux blocs.
Khrouchtchev rencontre Eisenhower en 1956 au Royaume-Uni, en 1959 aux États-Unis, en
1960 en France et Kennedy en 1961 à Vienne[20]. En effet, le jeune démocrate John F.
Kennedy a gagné les élections de 1960. Il préfère une coexistence pacifique avec l’URSS,
mais veut en même temps empêcher le communisme de se répandre dans le Tiers-Monde. Il
créé donc « l’Alliance pour le Progrès » pour aider l’Amérique latine, il accroît l’aide
américaine au Congo-Kinshasa, il envoie des « conseillers militaires » au Laos et au Viêt
Nam.
L’insurrection de Budapest (1956)
23 octobre 1956, Budapest, début de l’insurrection. Le bloc soviétique vit une importante
crise cristallisée par la révolte hongroise à Budapest, laquelle mène à une répression
soviétique au moment des Jeux Olympiques d’été de 1956.
La crise de Suez (1956)
Cette crise ne fait pas partie de la guerre froide au sens strict du terme, puisqu’elle n’est pas
un conflit opposant de manière directe les États-Unis et l’URSS. Certains voient toutefois
dans cette crise la fin des actions autonomes des deux blocs et l’intègrent donc à la guerre
froide.
En 1956, le monde assiste à une guerre entre l’Égypte d’une part, la France, le RoyaumeUni et Israël d’autre part. La France et le Royaume-Uni subissent les pressions des deux
superpuissances, lesquelles n’apprécient pas de ne pas avoir été mis au courant de
l’opération autour du canal de Suez. L’URSS menace d’utiliser l’arme atomique, car elle y
voit une guerre coloniale. Dans ce dossier, les deux grandes puissances adoptent la même
position.
La deuxième crise de Berlin (1961)
Rencontre de Kennedy et Khrouchtchev à Vienne, 1961Entre 1949 et 1961, 2.6 millions
d’Allemands de l’Est transitèrent par Berlin pour passer en RFA. Cette hémorragie
démographique était un désastre économique pour la RDA, car c’étaient surtout des
ingénieurs, des médecins et des ouvriers spécialisés qui commirent le « délit de fuite »
(Republikflucht). En même temps, elle était une catastrophe politique en ce qu’elle portait
atteinte à l’image de marque officielle de la RDA.
Le Mur de Berlin est l’un des symboles majeurs de la guerre froide. En juin 1961,
Kennedy et Khrouchtchev se rencontrent a Vienne. Khrouchtchev annonce qu'il va signer un
traité de paix avec l'Allemagne de l'Est, ce qui priverait les États-Unis de leur accès à BerlinOuest. Kennedy juge la situation inacceptable et la conférence ne mène a rien.
Khrouchtchev envoie son armée devant Berlin-Ouest. Kennedy riposte en étalant les chars
américains devant les forces soviétiques et en augmentant le budget militaire américain.
Khrouchtchev recule son armée sous la pression.
Le 13 août 1961, la construction du mur de Berlin entre le secteur soviétique et les trois
secteurs occidentaux met fin à ce « débauchage systématique de citoyens de la République
démocratique allemande ». [22] Mais, étant donné que les autorités est-allemandes et
soviétiques ne firent aucune tentative pour bloquer les voies de communication entre la RFA
et Berlin-Ouest et que, par ailleurs, Khrouchtchev ne mit pas en question le statut
quadripartite de la ville, la réaction des Occidentaux se limita à des protestations verbales et
à des gestes symboliques : la visite à Berlin-Ouest du général Lucius D. Clay, l’organisateur
du pont aérien, et le renforcement de la garnison américaine par 1500 hommes. En effet, aux
yeux des Occidentaux, la construction du Mur ne constituait qu’une agression à l’égard des
Allemands de l’Est et ne menaçait pas les three essentials (c’est-à-dire les intérêts
essentiels) du bloc de l’Ouest. [
La crise des missiles cubains (1962)
Photographie aérienne des missiles nucléaires soviétiques installés à CubaLa crise des
missiles cubains mit plus nettement en évidence la menace d’une guerre nucléaire. En
janvier 1959, les guérilleros de Fidel Castro avaient renversé le dictateur Fulgencio Batista,
soutenu par les États-Unis. Le nouveau régime prit une série de mesures qui lui valurent
l’hostilité croissante de Washington : en 1959, démantèlement des latifundia ; signature d’un
accord commercial avec l’URSS en mai 1960, après la réduction des achats de sucre cubain
par les États-Unis ; en juin et juillet, confiscation des entreprises nord-américaines, qui
contrôlaient, outre la totalité des raffineries de pétrole, 40 % de l’industrie sucrière, 80 % du
tabac et 90 % des mines.
À titre de représailles, le gouvernement américain, soumis à la pression des milieux
d’affaires, met en place un embargo économique de l’île en octobre 1960 et, le 2 janvier
1961, il rompt les relations diplomatiques avec La Havane. En même temps, la CIA recrutait
des « forces anticastristes » parmi les réfugiés cubains. Au début du mois d’avril, Kennedy
donna son accord à un projet d’invasion de l’île, tout en refusant d’engager des troupes
américaines et en limitant les effectifs à 1 200 Cubains. Le débarquement, qui eut lieu le 17
avril 1961 dans la Baie des Cochons, fut un désastre. Kennedy se déclare seul responsable,
mais, en privé, accuse la CIA de lui avoir menti et de l'avoir manipulé. Le président se
brouille avec l'agence. Il déclare a ses conseillers: " Je vais tailler la CIA en pièces et en
répandre les lambeaux à tous les vents." La CIA œuvre désormais clandestinement contre
Castro, en collaborant avec la Mafia, ce qui frustra Kennedy.
En juillet 1961, Cuba signifie son appartenance au « bloc socialiste ». Le 4 septembre 1962,
le pays conclut un accord d’assistance militaire avec l’URSS et, une semaine plus tard,
Moscou déclare que toute attaque contre Cuba provoquerait une riposte nucléaire. Le
Congrès américain pour sa part vote le 3 octobre une résolution qui met en demeure contre
toute « action subversive dans l’hémisphère occidental ». Kennedy interdit cependant
l’opération Northwoods mise au point et proposée par l’état-major, laquelle prévoyait
d’orchestrer une série d’attentats contre les États-Unis, puis d’en accuser Cuba afin de
mobiliser l’opinion publique contre Castro.
Le 14 octobre 1962, un avion américain U2 photographie sur l’île de Cuba des rampes de
lancement pour missiles nucléaires à moyenne portée (IRBM et MRBM), capables
d’atteindre le territoire américain. En même temps, la Maison Blanche apprend que 24
cargos soviétiques transportant des fusées et des bombardiers Iliouchine font route vers
Cuba (opération Anadyr).
Dans la journée du 22, Kennedy, après avoir hésité entre l’inaction et le bombardement des
rampes de lancement, se décide pour le blocus maritime de l’île. Cette « riposte graduée »,
proportionnée à la menace, laisse à Khrouchtchev le choix entre l’escalade ou la
négociation. Mais Kennedy utilise la plus grande fermeté, afin de forcer Khrouchtchev à
reculer. Le 24 octobre, les premiers cargos soviétiques font demi-tour. Ajoutons toutefois que
Moscou ne peut contacter immédiatement les sous-marins armés de torpilles à tête nucléaire
(opération Kama) qui accompagnent le convoi avec mission de le protéger (fait qui ne sera
révélé qu’en 2001). Entre-temps, un arrangement permettant à Khrouchtchev de sauver la
face est négocié en coulisse entre émissaires officieux. Le 26 et le 27 octobre, dans deux
messages, le Kremlin propose le retrait des armes offensives ; en contrepartie, les
Américains devraient s’engager à ne pas renverser le régime cubain et à retirer les fusées
Jupiter installées en Turquie, et pointées vers l’URSS. Le 28 octobre, Kennedy accepte ce
compromis in extremis. Il demande toutefois de cacher le fait que les États-Unis retiraient
leurs missiles de Turquie. Khrouchtchev accepta, et il crut avoir gagné la partie. Or, il avait
été dupé. Kennedy avait décidé de retirer les missiles de Turquie bien avant la crise. De
plus, la reculade de Khrouchtchev l'a humilié devant Castro, Mao Zedong et les autres chefs
communistes. C'est décidement Kennedy qui a gagné la partie, en plus il voit sa popularité et
son prestige mondial monter en flèche.
Le dénouement de la crise fut un succès politique pour les États-Unis, quoiqu’ils doivent
tolérer un pays communiste à l’intérieur de leur « périmètre de défense ». D’autre part, cette
« diplomatie au bord du gouffre » avait effrayé « jusqu’aux plus hauts décideurs, au point de
les rappeler à un comportement rationnel. » [26] L’installation d’un téléphone rouge, ligne
directe entre Moscou et Washington, et l’ouverture de négociations sur la limitation des
armements concrétisèrent ce retour à la rationalité. Kennedy, devenu encore plus populaire,
change la politique de son pays vers un plan un peu plus pacifique. Mais il n'a pas le temps
de mettre en place toutes ses idées: le 22 novembre 1963, en voyage à Dallas, Texas,
Kennedy parade dans les rues de la ville en limousine décapotable. Lors du défilé, Kennedy
est assassiné en pleine gloire par un tireur d'élite embusqué, et ce devant les yeux horrifiés
de la foule. Khrouchtchev, quant à lui, sort très affaibli de la crise. En 1964, il fut remplacé
par Brejnev.
La « Détente » (1963 - 1974)
Les accords nucléaires
Malgré ses accords, le stock d'armement nucléaire des deux grands est resté trés
importantAu lendemain de la crise des missiles cubains, qui a failli plonger le monde dans
une Troisième Guerre mondiale, les États-Unis et l’URSS décident de se rapprocher pour
maîtriser, dans un esprit de transparence, un équilibre désormais fondé sur une « destruction
mutuelle assurée » (MAD en anglais).
Dès juin 1963, un « téléphone rouge », liaison permanente par télétype entre le Kremlin et la
Maison Blanche, leur permet de se concerter immédiatement et d’éviter ainsi une diplomatie
« au bord du gouffre ».
En août 1963, ils signent le traité de Moscou, qui interdit les essais nucléaires
atmosphériques et sous-marins.
L'assassinat de John F. Kennedy à Dallas le 22 novembre 1963 bouleverse la planète,
partout les gens pleurent ce jeune président, l'URSS y comprise. Le successeur de Kennedy,
Lyndon Johnson, s'engage à poursuivre la détente. Johnson va malheureusement engager
son pays dans la guerre du Vietnam.
En janvier 1968, par le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), issu d’un projet conjoint
américano-soviétique présenté à la Commission du désarmement à Genève, ils s’engagent,
ensemble avec le Royaume-Uni, à ne transférer ni armes ni technologie nucléaires aux
ENDAN (États non dotés d’armes nucléaires).
En mai 1972, les accords SALT 1 (Strategic Armements Limitation Talks), signés par Nixon
et Brejnev, limitent les armements défensifs anti-missiles (ABM) à deux sites pour chacun
des deux pays et gèlent pour une durée de cinq ans les armes nucléaires offensives, c’est-àdire les rampes de lancement fixes pour missiles intercontinentaux (ICBM) et les missiles
installés sur sous-marins (SLBM).
En juin 1979, Carter et Brejnev signent les accords SALT II, négociés depuis 1974 dans le
prolongement de SALT 1. Ces accords prévoient un gel des lanceurs à ogives multiples
(MIRV) et un contrôle réciproque des armes nucléaires. Ils ne furent pas ratifiés par le Sénat
américain en raison de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique, les deux parties
déclarant toutefois qu’elles en respecteraient les clauses.
Les mobiles de ce rapprochement sont multiples. Il y a d’abord à l’évidence la volonté de se
dégager d’une course aux armements de plus en plus coûteuse, et absurde en raison de la «
capacité de surextermination » (overkill) des arsenaux nucléaires ; par ailleurs, l’URSS est
contestée par la République populaire de Chine, la rupture sino-soviétique permettant, dans
le cadre d’une diplomatie désormais triangulaire, un rapprochement sino-américain ; en
même temps, en raison d’une économie qui stagne, l’URSS a besoin d’une aide extérieure
que les États-Unis lient à des accords politiques (le linkage de Henry Kissinger) ; et enfin, les
États-Unis, de leur côté, sont engagés dans la guerre du Viêt Nam qui absorbe une part
excessive du budget américain : d’où le désir des deux « adversaires-partenaires »
(Raymond Aron) d’aboutir à une gestion raisonnable de la guerre froide.
La « détente » en Europe (1962 - 1975)
Dans chacun des deux blocs, pro-soviétique et pro-américain, les deux Grands sont
contestés. Le modèle soviétique est contesté en Europe de l’Est. En 1968 la
Tchécoslovaquie est envahie par les troupes du Pacte de Varsovie : le Printemps de Prague
touche à sa fin. À l’Ouest, De Gaulle prend ses distances avec les É.-U et l’OTAN. En 1969,
Willy Brandt devient chancelier de la RFA et engage une politique de rapprochement et
d’ouverture à l’Est dénommée l'Ostpolitik. Les deux États se reconnaissent mutuellement en
1972 et entrent à l’ONU en 1973. Le Mur de Berlin devient de plus en plus perméable.
En 1975, les accords d’Helsinki sont signés par 33 États européens, dont l’URSS (mais aussi
le Canada et les É.-U.). Les accords doivent permettre la coopération entre les États, la libre
circulation des personnes et le respect des droits de l’homme.
Les limites de la « Détente »
Les deux Grands sont impliqués dans des conflits importants. Tous deux mènent une lutte
d’influence dans les pays du tiers monde.
De 1964 à 1975, la guerre du Viêt Nam oppose indirectement les grandes puissances, à
travers le Nord Viêt Nam stalinien et le Sud Viêt Nam capitaliste. Les États-Unis s’engagent
militairement au Viêt Nam à partir de 1962.
Guerre du Viêt Nam
Les États-Unis soutiennent de nombreux dictateurs et provoquent plusieurs coups d’État
(Cambodge en 1970, Chili en 1973…), dans le seul but de contenir l’empire soviétique. En
Amérique latine, le régime castriste soutient des guérillas révolutionnaires contre ces
dictateurs, qui se soldent par des échecs.
La guerre fraîche (1975 - 1985)
Situation de l’alignement des pays du Monde sur les deux blocs en 1980; les guérillas liées à
la guerre froide sont mentionnées.
La course aux armements et l’équilibre de la terreur
Dans un but militaire, plusieurs pays s’équipent de matériel, souvent au-delà de ce qui est en
pratique nécessaire pour assurer leur survie et leur domination, qu’elle soit géopolitique ou
économique. Les États-Unis et l’URSS ont acquis de façon frénétique du matériel de
destruction où chacun a tenté de démontrer sa supériorité sur l’autre. Cependant, à l’usure,
cette course aux armements n’a pas mené à un vainqueur.
Pendant cette course, ces deux pays ont créé un climat de terreur chez leurs ennemis.
Chemin faisant, ils ont démontré qu’ils possédaient un arsenal nucléaire suffisant pour
détruire quiconque s’opposerait de façon notable à leurs plans. Étant assuré de leur
destruction mutuelle, ils ont maintenu ce qui est appelé l’équilibre de la terreur, c’est-à-dire
une situation où personne ne peut gagner suite à un conflit nucléaire.
Guerres en Afrique
En Afrique, les guerillas communistes prennent le pouvoir après 1975 dans les pays
nouvellements indépendants de l'ancien empire colonial portugais (Angola, Mozambique...)
et entament des actions militaires en direction de l'Afrique du Sud avec l'appui de l'armée
Cubaine, ce qui entraine de véritables batailles rangées notamment en Namibie. En Éthiopie,
l'armée rouge et les forces cubaines interviennent contre les mouvements luttant contre la
dictature de Mengistu Haile Mariam à partir de 1976. Des actions de déstabilisations sont
entreprises parfois contrecarrées comme le sauvetage de Kolwezi par l'armée française.
La crise des missiles en Europe
Cette période est marquée par l’expansion de l’URSS et de son influence dans de nouveaux
territoires, notamment en Europe, avec le renforcement du pacte de Varsovie. Cette
expansion entraîne la Crise des euromissiles de 1979 à 1985 : l’OTAN installe des missiles
Pershing 2 pour faire contrepoids aux missiles SS-20 soviétiques.
Cela entraina de grandes manifestations pacifiques, soutenues par les partis communistes
dans les pays concernés dont le slogan principal Lieber rot als tot (Plutôt rouge que mort)
entraina, en autres, cette phrase du président français François Mitterrand au Bundestag : Le
pacifisme est à l'Ouest, les missiles sont à l'Est.
Malgré les pressions, ces missiles seront finalement installés à partir de 1985 et devant le
fait accomplit, l'URSS entama des négociations qui donneront lieu à l'accord américanosoviétique du 27 mai 1988 sur l'élimination des missiles nucléaires de portée intermédiaire
des arsenaux des deux États.
La première guerre d’Afghanistan
En 1978, il y a proclamation de la République d’Afghanistan. Socialiste, elle est prosoviétique. Les islamistes afghans entrent en conflit avec le pouvoir en place. En 1979,
Moscou envoie l’Armée rouge, inaugurant la première guerre d’Afghanistan. Les États-Unis
s’impliquent dans ce conflit en alimentant sur place la résistance antisoviétique, en finançant
et en proposant une formation militaire à des groupes de moudjahiddin, « guerriers saints »
islamistes résistant à l’occupant soviétique. Les armées de l’URSS se retirent de
l’Afghanistan en février 1989.
Fin de la guerre froide (1985-1989)
En 1985, dans le cadre de la pérestroïka et de la glasnost, Mikhaïl Gorbatchev le nouveau
dirigeant soviétique, annonce la fin de l’ingérence de l’URSS dans les pays communistes. Le
régime communiste entame alors sa disparition progressive en Europe de l’Est, à
commencer par la Pologne et la Hongrie qui se libéralisent, vers la 2e moitié des années
1980 et, dans une moindre mesure, par la Yougoslavie, qui gardait depuis des années une
certaine distance par rapport à l’emprise soviétique.
Vers 1989, en Tchécoslovaquie, en Pologne et en Hongrie, le rideau de fer s’ouvre vers
l’Europe de l’Ouest. D’abord via ces pays, et ensuite directement depuis le leur et sans
autorisation, les habitants de la RDA obtiennent à leur tour le droit de visiter la RFA, droit qui
crée une véritable ruée. L’Allemagne se retrouve alors dans une situation analogue à celle
que connaissait Berlin avant la construction du mur. Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin
tombe. Quelques semaines après, la Roumanie destitue brutalement le régime dictatorial et
autarcique de Ceauşescu.
Le 19 août 1991, Gorbatchev, le président de l’URSS, est victime d’un coup d’État de
communistes conservateurs. L’intervention du gouvernement russe de Boris Eltsine et le
support des masses moscovites empêchent le putsch d’aboutir. Voyant le pouvoir du
dirigeant de l’Union soviétique affaibli, les républiques fédérales de l’Union se déclarent une
à une indépendantes. Le 25 décembre 1991, Gorbatchev, à présent chef d’une union n’ayant
plus de membre, décide de démissionner.
Toujours en 1991, les deux principales organisations internationales des pays communistes,
le COMECON (Conseil d’assistance économique mutuelle, CAEM en français), qui apporte
un soutien économique, et le Pacte de Varsovie, qui apporte un soutien militaire, se
dissolvent à leur tour.
Résumé de la guerre froide
La guerre froide se caractérise par la division bipolaire du monde, entre l’Est dominé par
l’Union soviétique, socialiste, et l’Ouest dominé par les États-Unis, capitaliste. Le « glacis »
protecteur demandé par Staline en 1945 accélère grandement la formation des « deux
Grands »[33]. Durant le conflit entre le bloc occidental et le bloc communiste, le monde n’a
jamais été aussi près d’une Troisième Guerre mondiale, principalement en 1962 lors de la
crise des missiles de Cuba. Cependant, la peur d’une Troisième Guerre mondiale alimente le
désir de supprimer les tensions, ce qui amène une détente.
Affrontement militaire
L’« Ouest » fonde l’OTAN, alors que l’Est forme le Pacte de Varsovie
Affrontement politique et idéologique
L’« Ouest » défend le capitalisme et la démocratie occidentale, tandis que l’Est défend le
socialisme et la démocratie dite « populaire ».
Affrontement économique
L’« Ouest » se base sur la propriété privée et défend le plan Marshall, tandis que l’Est crée le
COMECON et prône le régime socialiste (capitalisme d’État).Un affrontement économique
basé sur la possession de l’énergie comme le pétrole ou les matières pour produire l’arme
nucléaire se met en place dans cette guerre froide.
Affrontement religieux
L’« Ouest » est majoritairement chrétien, tandis que l’Est est officiellement athée.
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