04 septembre 2016 - "Comme un enfant", Mathieu 18.1-5, 19.13-15

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04 septembre 2016
Mathieu 18.1-5, 19.13-15
Erika Stalcup
Il faisait sec, mais la température était agréable. Les disciples se trouvaient chanceux
de vivre un tel beau jour avec Jésus, leur maître bien-aimé. Ils avaient beaucoup appris de
lui, même s’ils ne comprenaient pas toujours ses paroles. Ils croyaient que leur fidélité était
inébranlable et ils étaient simplement heureux d'être en sa présence. Ils étaient aussi un peu
fiers ... fiers que Jésus les ait choisis et appelés par leur nom. Assurément, Jésus devait avoir
vu quelque chose de spécial en eux. Ils commencèrent à se demander quel statut ils auraient
dans le royaume de Dieu. Certes, s’ils avaient été choisis pour une telle tâche spéciale sur la
terre, leur récompense dans le ciel serait généreuse. Ils commencèrent à se le demander entre
eux, et, enfin, leur curiosité triompha. Ils se tournèrent vers Jésus et lui demandèrent : « Qui
donc est le plus grand dans le royaume des cieux ? »
Jésus sembla soudain un peu fatigué. « Cette histoire encore ...» pensait-il
certainement. Il regarda autour de lui et vit un enfant qui jouait, assis sous un arbre. Il fit
signe à l'enfant et le conduisit vers les disciples en disant : « si vous ne vous convertissez et
si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des
cieux. C'est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand
dans le royaume des cieux. Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci,
me reçoit moi-même. » Les disciples ne pouvaient pas cacher leur confusion. Ils n’étaient
pas préparés pour cette réponse. Et pourtant, ils étaient sûrs que le royaume promis devait
avoir quelque chose de magnifique. Qu'avaient-ils manqué ? Comment un maigre petit
enfant pourrait mériter le royaume? Les enfants ne sont pas capables de tout ! Mais ils
n’osaient plus poser d'autres questions et ils continuèrent leur chemin.
Que veut dire Jésus quand il dit que les adultes ont besoin de devenir comme des
enfants? Il semble étrange d'arriver à l'âge adulte, puis de s’entendre dire qu’il faut devenir
comme un enfant. Il est assez intriguant, ce Jésus. Que veut- il dire?
Quand nous entendons le mot « enfant », nos esprits modernes pourraient penser à des
caractéristiques telles que l'innocence, la joie ou la spontanéité. Dans son livre : « Siffler
dans l’obscurité », le théologien américain Frederick Buechner parle de l'enfance et de la
deuxième enfance – c’est-à-dire la vieillesse. Il compare les deux et souligne leurs avantages
par rapport à l'âge moyen. Il affirme que les enfants - de huit ans et de huitante ans - ont
beaucoup de choses qu'ils aimeraient faire, mais qu'ils ne peuvent pas faire. En conséquence,
ils apprennent à jouer à la place. Bien que cela soit plus facile à huit ans, Buechner
recommande fortement que les personnes de huitante ans prennent également note.
Il continue en prétendant que le plaisir d'être un enfant la première fois vient du fait
que nous ne nous sentons pas encore obligés de nous affirmer, alors que le plaisir d'être un
enfant la deuxième fois vient du fait que nous ne nous sentons plus obligés de nous affirmer.
Alors que le reste du monde se bat pour un statut, une réputation et le pouvoir, les enfants
jeunes et vieux peuvent s'asseoir sur le côté et simplement regarder, rire, se détendre, chanter
et raconter des histoires. Il dit: «Vous pouvez être qui vous êtes et dire ce que vous ressentez,
et laissez le monde continuer à tourner. » Bien que les jeunes et vieux enfants puissent avoir
peur de leur avenir, ils semblent également être en contact avec quelque chose que le reste du
monde a perdu.
Cette image est idyllique et inspirante. Cependant, ce n’était pas l’idée des personnes
du premier siècle. A cette époque, l'enfance était très courte, avec des enfants promis en
mariage au moment où ils étaient adolescents. En terme de statut social, les enfants étaient
classés parmi les marginalisés, les dominés. Comme les femmes, comme ceux qui étaient
pauvres, ceux qui étaient jugés impurs, les enfants étaient extrêmement vulnérables. Au sein
de la structure de la famille et de la société, ils étaient considérés comme « les derniers ». En
invitant ses disciples à devenir comme des enfants, Jésus les invite à devenir les derniers. Car,
comme il le dit, les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers.
Au sein de la famille, les enfants étaient complètement dépendants de leur père.
C’était le père qui décidait si l'enfant serait accepté dans la famille. Les enfants appartenaient
au père et étaient sujets à son autorité, même à l'âge adulte. Ainsi, l'invitation de Jésus est
aussi une invitation à la dépendance totale au Père. C’est lui et lui seul qui détermine les
conditions pour entrer dans le royaume. Par définition, l'enfant ne peut pas le faire par luimême. Donc, Jésus invitait les disciples à garder cette même confiance en la bienveillance de
Dieu.
Alors, comment entrer dans le royaume comme les enfants ? Comment devenir
comme les enfants ? Je pense que l'essence d'être un enfant ne peut pas être réduite à une
caractéristique particulière, comme l'innocence ou la vulnérabilité. Je pense que cela consiste
simplement dans le fait d'être un enfant de Dieu. Le même théologien écrit: « Nous sommes
des enfants, peut-être, au moment où nous savons que Dieu nous aime en tant qu’enfants...
tout simplement parce qu'il a choisi de nous aimer. Nous sommes les enfants parce qu'il est
notre père. » C’est aussi simple que cela.
Nous sommes les enfants parce que Dieu est notre père. Il nous a aimés en premier,
nous a créés de son amour. Et donc, notre premier geste est tout simplement de recevoir cet
amour. C’est ça qui est parfois difficile pour les adultes – recevoir, admettre que nous avons
des besoins, admettre que nous avons besoin des autres. Mais les enfants dans notre lecture
ne semblent pas avoir ce problème. Jésus les bénit, et ils reçoivent sa bénédiction. Ils ne
protestent pas, en disant, « Ce n’est pas nécessaire, on peut trouver une autre bénédiction
ailleurs, on n’en a pas besoin aujourd’hui… » Ils reçoivent tout simplement.
Jésus apprend à ses disciples non seulement comment être des enfants, mais aussi
comment traiter les enfants. Il encourage ses disciples à accueillir les enfants comme ils
l'accueillent, et à amener les enfants à lui. C’est toujours la même mission à laquelle l'église
est appelée. Nous sommes appelés à accueillir nos enfants, à leur faire sentir qu’ils
appartiennent à la communauté, à leur donner leur propre place. Et nous sommes appelés à
les conduire à Jésus, à leur parler de son amour et de sa sagesse, à les accompagner dans leurs
propres chemins spirituels.
Si vous avez lu le bulletin paroissial, vous savez que cela est un sujet qui a été dans
mon esprit ces derniers temps. J'ai beaucoup pensé à l'église où j'ai grandi. Ce fut une
grande église avec de nombreuses activités pour tous les âges, mais mes événements favoris
étaient ceux où tout le monde pouvait participer ensemble. Je me souviens bien des adultes
qui ont étés très importants dans ma formation spirituelle, qui m'ont encouragée dans la
musique et dans mes études, qui étaient calmes, gentils et généreux. J’ai beaucoup aimé la
communauté, le bâtiment, le culte, les activités, et surtout la façon dont je me sentais quand
j'y étais. J'avais le sentiment que l'amour était en attente pour moi - non seulement l'amour
des individus, mais un amour qui dépasse la somme d'affection individuelle. Un amour plus
grand et plus mystérieux, qui ne cessait de se rapprocher plus près année après année. Il est
là cet amour, ce sens de la famille que je souhaite pour nos enfants.
Si je pense aux aspects pratiques, il y a deux choses à considérer: les activités et
l'atmosphère. Les activités - ces occasions où les enfants se réunissent pour apprendre à
recevoir l'amour de Dieu, où ils participent officiellement à la vie de la communauté. Mais ce
qui est encore plus important que les activités, c’est l'atmosphère de soutien que nous
entretenons. Est-ce que nos enfants savent et sentent qu'ils sont appréciés ? Est-ce qu’ils
voient que nous nous intéressons à leur vie et à leurs progrès spirituels ? Est-ce qu'ils voient
l'église comme une extension de leur propre famille ?
Pendant l'interlude musical, je vous invite à être un peu nostalgique. Je vous invite à
considérer votre enfance, en particulier votre expérience à l'église si vous faisiez partie d'une
église. Quels souvenirs positifs gardez-vous de cette époque ? Merci d’écrire un souvenir
positif de l'église ou d’ailleurs. Comment vous sentiez- vous à ce moment ? Après, merci de
déposer la feuille dans le panier. Je vous invite à cela pour deux raisons: 1) pour m’aider à
considérer mon ministère auprès de nos enfants, et 2) pour nous encourager à ré-entrer dans
l'espace vulnérable de l'enfance.
Jésus nous appelle à accueillir l’enfance et sa vulnérabilité au milieu de nous. En
accueillant les enfants, nous accueillons Jésus. Nous avons beaucoup à enseigner à nos
enfants, oui, mais ils ont beaucoup à partager avec nous aussi. En devenant comme les
enfants, nous nous préparons pour le royaume de Dieu. Et selon Jésus, ces enfants sont la clé
de notre salut. Amen.
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