1 LES DIMENSIONS PSYCHOPATHOLOGIQUES DU VIEILLISSEMENT Troubles du comportement L’anxiété Définition C’est un état subjectif de détresse, un sentiment pénible d’attente et d’appréhension d’un danger à la fois imminent et imprécis. L’anxiété, la différence de la peur, survient en dehors d’une menace objective ou de façon disproportionnée. C’est une manifestation humaine qui peut survenir à tout âge. L’angoisse est rattachée au phénomène physique de l’émotion. L’anxiété se retrouve comme symptôme dans beaucoup de pathologies. Les manifestations de l’anxiété vont des tremblements, sudations à difficulté de trouver ses mots, aux palpitations, à l’irritabilité Les interventions : Se mettre à l’écoute, faire ventiler ses émotions, parler de ses peurs, Diminuer le sentiment d’impuissance en permettant à la personne de prendre des décisions sans augmenter le stress. si la personne est démente, exprimer pour elle ce que l’on perçoit de ses émotions, réassurer, donner confiance, faire faire des activités simples et qui intéresse la personne (relaxation, musique, peinture...) Peur panique Définition C’est un orage émotionnel, le sentiment d’une menace imminente pouvant entraîner confusion avec agitation ou perplexité. 2 Interventions : intervenir sur le champ pour éliminer les facteurs déclenchants, isoler la personne, la mettre dans un endroit paisible, éviter d’être seul, rester calme, attirer l’attention, approcher lentement, ne pas toucher la personne tout de suite, mettre des mots sur ses émotions, lui permettre d’être calme dans un lieu rassurant, éviter les contentions et les thérapeutiques sédatives, après essayer de comprendre la crise. L’agitation Définition L’agitation est un excès d’activité sans efficience objective. C’est un trouble du comportement qui peut avoir des conséquences graves pour le sujet âgé et éventuellement pour son entourage. Elle n’est pas toujours associée à de l’agressivité qui est le plus souvent le fait de l’entourage. Globalement le sujet ne tient pas en place, déambule, gesticule. Il peut crier, s’accrocher aux autres, ses gestes peuvent être violents, ses propos injurieux, quérulents…. L’agitation peut être permanente ou intermittente alternant prostration. Les causes sont multiples : 1 La confusion 2 L’anxiété avec de la 3 3 L’hypomanie 4 La dépression (agitation anxieuse), risque suicidaire. 5 Le délire tardif 6 Une démence 7 Une situation de crise 8 Un deuil, une perte 9 Des causes médico-chirurgicales Prévention de l’agitation : éviter les imprévus, garder un climat calme et confortable, éviter que la personne s’ennuie, ne pas être soi-même agité. Interventions face à l’agitation : assurer un environnement calme, isoler la personne, lui prendre les mains, la serrer dans ses bras, lui parler doucement, supprimer ou réduire la cause de la stimulation, lui donner des explications, la faire se reposer, lui proposer une activité duelle calme (promenade...) proposer à boire (tisane). L’agressivité Définition : C’est une manifestation de la colère. Elle se traduit par un comportement quérulent avec des manifestations verbales ou/et physiques. Situations à risque : 4 1 La personnalité 2 Les altérations cognitives 3 Les déterminants familiaux 4 Les situations de désafférentation (interruption pathologique des messages sensitifs) troubles sensoriels, manque d’écoute au sein de l’institution. 5 Un environnement psychologique ou physique austère 6 La prise de médicaments ou d’alcool 7 Les problèmes organiques 8 La dépression masquée 9 L’anxiété 10 Le délire 11 Les situations de perte Prévention de l’agressivité : à court terme intervenir sur les signes précurseurs, isoler et rassurer, faire boire, proposer une activité, éviter les contentions. à long terme permettre l’expression de l’agressivité par la parole, permettre un temps d’adaptation au changement, contourner le refus, rassurer, narcissiser, réconforter, féliciter, sans infantiliser, ne pas blâmer, installer une routine dans les soins, proposer des activés d’expression physique, artistique, relaxante... proposer des tâches simples, fractionner si la personne est en 5 perte d’autonomie, être calme Interventions face à l’agressivité déterminer les risques, enlever les objets dangereux, éliminer les facteurs déclenchants, donner des consignes simples et fermes, faire diversion, attirer l’attention ailleurs, faire de l’humour, rassurer, parler, approcher lentement, face à la personne, prévoir une échappatoire, ne pas être seul, ne pas abuser des contentions, des médicaments sédatifs, repérer les accès d’agressivité, en reparler avec la personne sans la culpabiliser. En cas d’agressivité verbale : repérer quand, évaluer le risque de passage à l’acte, rester calme, parler doucement, isoler la personne si elle est en groupe, parler, expliquer les soins si l’agressivité se passe à ce momentlà, montrer de l’intérêt, calmer. Les hallucinations Une hallucination est une perception sans objet à percevoir. Elle traduit des troubles des fonctions perceptives plus ou moins associés à une déstructuration 6 profonde de l’être conscient. ne pas nier les perceptions mais dire que c’est différent pour nous, ne pas entrer dans le monde hallucinatoire de la personne, la rassurer, la réconforter si ces hallucinations sont menaçantes, rester avec la personne pour la tranquilliser, ne pas se moquer, en parler au médecin pour une prescription antipsychotique, s’approcher doucement et de face pour éviter les réactions brutales. Les délires Le délire est « une construction psychique déréelle entraînant une conviction inébranlable, survenant dans une conscience claire » Tableau clinique des troubles délirants survenant durant l’âge tardif : C’est un délire bien construit, plus ou moins systématisé. Il fait référence à la situation de la personne âgée. Les thèmes de persécution, de préjudice et les thèmes hypocondriaques sont les plus fréquents avec les thèmes de vos et de privation. Les mécanismes dominants sont interprétatifs et imaginatifs, mais des phénomènes hallucinatoires sont possibles. Le début est souvent insidieux, le contenu assez pauvre Des troubles du comportement peuvent apparaître( refus de contact habituels, claustration, démarches quérulents.. Facteurs favorisants : Age, bas niveau d’éducation, isolement socio-affectif, bas niveau économique,troubles mnésiques, dépression ,anxiété, handicap physique, célibat, sexe féminin, sentiments d’insécurité, événements de vie récents, … ne pas discuter du bien fondé des idées délirantes de la personne, 7 recentrer dans le réel le discours du patient, expliquer les soins, ne pas tromper sa confiance, écouter le contenu du délire, proposer des activités, observer les périodes délirantes. La fugue « Action de s’enfuir momentanément de l’endroit où l’on vit en cédant à un besoin de partir à l’aventure. Lorsque la fugue est habituelle et volontaire, on parle de vagabondage, il s’agit alors d’une disposition permanente à se déplacer. Chez le vieillard, les fugues peuvent être l’expression d’une conduite consciente due souvent à un conflit avec l’entourage ou d’un mouvement impulsif, quasi automatique plus ou moins conscient. » Les interventions préventives ou dissuasives : accorder chaque jour de l’intérêt pour la personne, prendre le temps de l’écoute, proposer des activités stimulantes, répondant aux pôles d’intérêt de la personne, sortir chaque jour avec la personne (soignant ou famille), ne pas laisser la personne prés des portes, fenêtres ouvertes, exercer une surveillance accrue si la personne donne des signes d’errance, établir une fiche d’observation du comportement d’errance, ranger ses vêtements de sortie, l’accompagner ou la faire accompagner là où elle veut se rendre (si possible), dresser quotidiennement la liste de sa tenue vestimentaire, faire porter un bracelet d’identification, 8 sécuriser les lieux. Plan d’urgence en cas de fugue : Quel que soit le contexte dans lequel la fugue intervient, elle est d’abord synonyme de danger vital. les recherches commencent d’abord dans l’unité, les lieux privilégiés de la personne, puis aux autres services, prévoir un code d’alerte, Prévenir le cadre du service. Donner un signalement complet da personne, garder une photo récente de la personne, afficher le protocole à suivre dans un endroit facile à repérer, si la personne n’est pas repérer dans l’établissement, alerté le directeur puis la gendarmerie. Prévenir la famille, lorsqu’on retrouve la personne, l’aborder calmement, lui proposer de la raccompagner, ne pas lui faire de reproches, de retour au centre : évaluer la situation, restauration, repos, surveillance, prévenir l’interne de garde, faire arrêter les recherches... Le travail va être de donner du sens à cet événement. 12.3. Les conduites suicidaires Sur les 12000 morts par suicide, ce sont les plus de 65 ans qui sont les plus nombreux, mais à cet âge, c’est l’une des dernières causes de mortalité. Les hommes se suicident plus que les femmes. Le suicide est souvent préparé avec détermination. Il est rarement spontané. 12.3.1. Le processus suicidaire en 5 phases La recherche de moyens pour enrayer son mal-être. 9 L’apparition d’idées suicidaires dans l’éventail des solutions. La rumination de l’idée suicidaire qui entraîne une majoration de l’angoisse et de la douleur morale. L’élaboration du scénario suicidaire L’acte suicidaire. Dans ce processus l’ambivalence est constante, rendant une possible intervention pour aider le sujet à envisager d’autres solutions. 12.3.2. Les facteurs favorisants L’avancée en âge, avec tous les remaniements qu’elle implique, confronte progressivement à la proximité de la mort et fait appel aux capacité adaptatives du sujet qui vieillit en fonction de ce qu’il est et de ce qu’il a été. Le vieillissement est émaillé de crises où le sujet doit s’adapter à la baisse progressive de ses différentes fonctions entraînant des modifications dans les relations avec l’entourage. Les pathologies somatiques chroniques entraînant des douleurs importantes ou invalidantes augmentent le risque. Les troubles psychiatriques sont des le facteur le plus fréquemment associé aux conduites suicidaires.(états dépressifs, troubles délirants, démences, alcoolisme...) La proximité de certaines échéances (anniversaire, entrée prochaine en maison de retraite....) Les facteurs psychosociaux et environnementaux (isolement, solitude, deuil, stress, maltraitance...) La personnalité (psychorigide) Les facteurs biologiques et génétiques. On peut noter chez la personne : un repli sur soi, un refus alimentaire, une perte d’intérêt pour les activités investies communication, un refus de soins... antérieurement, un défaut de 10 12.3.3. Evaluation du risque suicidaire Il ne faut pas hésiter à questionner le patient sur ses idées de suicide (avec des mots adaptés). Le diagnostic de crise suicidaire repose sur le contexte suicidaire, les signes de vulnérabilité, les changements de comportements. Le degré d’urgence est évalué en fonction des éléments suivants : Le niveau de souffrance Le degré d’intentionnalité L’impulsivité du sujet L’existence éventuelle d’élément précipitant (conflits, pertes...) Le présence de moyens létaux La qualité de l’entourage Le degré d’urgence élevé : personne décidée (passage à l’acte planifié...) coupée de ses émotions (rationalisation) immobilisée par la dépression douloureuse ou souffrante très isolée. 12.3.4. prévention Une meilleure information pour éviter que le suicide soit considéré comme une fatalité. Une sensibilisation des institutions. Une meilleure formation des professionnels. Une collaboration avec les réseaux d’accueil et d’écoute) Une approche globale dans les services d’urgence. 12.3.5. La prise en charge L’hospitalisation est nécessaire quand l’évaluation du risque suicidaire a un caractère d’urgence. L’adhésion est recherchée (souvent par le biais de soins 11 somatiques) liaison avec une équipe psy. Si besoin, HDT. durant l’hospitalisation : Accueil attentif, chaleureux mais cadrant, avec un inventaire. Protocole de surveillance Chambre rez de chaussée ou fenêtres fermées. Chambre à deux s’assurer que les médicaments sont avalés, Activités Entretiens de soutien Surveillance somatique régulière Repères dans le temps sont maintenus Liens avec l’entourage prendre en compte les pertes et les déficits, les aspects de la vie considérés comme positifs. Mise en place et surveillance d’une chimiothérapie (Thymo-régulateur, antidépresseurs, neuroleptiques sédatifs La psychothérapie va permettre un rééquilibrage du monde intérieur est éprouvé par les différentes pertes et le monde externe, cherchant chez l’autre l’aide jugé utile. 12.4. L’intoxication médicamenteuse Recherche des signes de gravité mettant en jeu le pronostic vital : signes de choc, troubles de la conscience, évaluation de la ventilation. Mais aussi éliminer un risque de fracture, prévenir les secours. analyser les médicaments ingérés. : interroger la personne, si possible, étudier la pharmacie du domicile Traitement : lavage gastrique ou charbon activé 12 Les intoxications volontaires : Ce diagnostic doit être systématiquement évoqué devant tout trouble de la vigilance. L’interrogation du patient ou de son entourage peuvent permettre d’apprécier la thymie de l’acte suicidaire et de préciser les traitements habituellement suivis par le patient. On recherchera une intoxication à l’oxyde de carbone. Surveillance en milieu hospitalier. Prise en charge psychiatrique car les tentative de suicide sont gravissimes et les risques de récidives restent important. Un traitement par antidépresseur et un suivi psychiatrique à domicile conduisent à une amélioration. les intoxications involontaires elles peuvent être liées à un oubli, une nouvelle prise de traitement, un handicap visuel... Les interventions Une surveillance biologique régulière Surveiller le nutrition, l’hydratation Tenir compte des interaction médicamenteuses Privilégier les posologie simples Mettre en place des entretiens avec le psy et de soutien (infirmier) pour prévenir les risques suicidaires récidivants. Au domicile : évaluer la faculté de la prise médicamenteuse. 12.5. l’alcoolisme La proportion d’alcoolique après 60 ans est moindre qu’à l’âge adulte. Ce phénomène trouverait plusieurs explications : diminution des ressources, pertes des contacts sociaux donc moins de pression sociale, surveillance de l’entourage, la tolérance de l’organisme est moindre. Les décès suite à l’alcoolisme survient souvent avant l’entrée dans la vieillesse. Un tiers des alcooliques âgés ont acquis leur conduite autour de la soixantaine. 13 Peu de recherches dans ce domaine. Silence autour de cette situation. 12.5.1. Les situations à risques propres au sujet âgé Les conditions psychosociales : la retraite confère un statut à part, avec un fort sentiment d’irritabilité et d’inactivité. Les pertes jalonnent la vie du sujet âgé, la diminution des ressources entraîne des conditions de vie inconfortables et dévalorisantes. Le départ en institution représente un stress important. L’absence de rencontre et de dialogue entre la personne âgée et les soignants renforcent le sentiment de sur-isolement. Le noyau dépressif Le syndrome dépressif est masqué par une conduite alcoolique (anxiolytique), il en résulte un comportement de retrait, un sentiment de culpabilité. Les effets de l’alcool 12.5.2. L’alcool précipite la déchéance physique, les fonctions neuropsychologiques, sexuelles sont touchées, le sommeil est perturbé, les chutes sont fréquentes, les associations avec les médicaments sont problématiques. syndrome de KORSAKOFF (oubli à mesure, désorientation, fabulations). Idées délirantes de préjudice et de jalousie, hallucinations, confusions (dans les états de manque). Trouble du comportement et du caractère. (dispute, rixe, agressivité auto ou hétéro) exhibitionnisme. 12.5.3. La prévention Préparation à la retraite 14 Informer la population Informer le personnel soignant. Lever le tabou sur l’alcoolisme des PA En institution : Place de l’alcool dans le projet 12.5.4. Les interventions Absence de jugement moralisant Eviter l’isolement Savoir aborder les sujet délicat (mort, solitude, la honte...) Activité de groupe artistique, parole, corporelle (kiné....) Surveillance de la vigilance, des constantes... Chimiothérapie 12.6. Les états confusionnels La confusion mentale consiste en une déstructuration du champ de la conscience, par altération de la vigilance et de l’attention, avec atteinte de l’ensemble des fonctions volitionnelles (instances décisionnelles) et de synthèses. Il en résulte une désorganisation rapide, réversible mais massive, de la vie psychique entraînant une expérience aiguë de désadaptation à la réalité. La survenue d’un état confusionnel est très fréquent chez le sujet âgé. Le syndrome confusionnel est constitué d’un trépied symptomatique : l’obnubilation, la désorientation temporo-spatiale et l’onirisme. 12.6.1. L’obnubilation de la conscience C’est le symptôme essentiel. Elle correspond à une perturbation de la vigilance caractérisée par une lenteur dans les réponses et par une difficulté à exécuter des ordres simples. En fait nous sommes en présence de plusieurs facteurs : Une présentation et un contact particulier puisque le patient est ralenti, somnolent, l’air hébété, lointain, donnant l’impression d’être perdu. Les gestes sont maladroits, inadaptés, parfois 15 stéréotypés. La parole est bredouillée, mal articulée, pauvre. La vigilance est abaissée avec souvent une inversion du cycle nycthéméral. L’agitation peut être aggravé par l’obscurité. La mémoire des faits récents est altérée Le raisonnement est altéré. 12.6.2. La désorientation temporelle Elle confère à l’individu cette impression d’être perdu. Il cherche sa chambre.... planifier les soins en fonction de la charge de stimulation sensori-perceptuelle, établir un programme de stimulation temporelle qui doit être appliqué par tout le personnel, munir l’environnement d’indices visuels pour orienter la personne, planifier des activités que se répètent chaque semaine au même jour, maintenir le rythme jour/nuit, si la personne est hostile à ce programme, respecter ce choix tout en le proposant régulièrement ou de façon moins intensive. 12.6.3. La désorientation spatiale évaluer la capacité d’orientation de la personne, si elle conduit l’en dissuader, repérer les lieux, faire toujours le même chemin, la réorienter gentiment, la prévenir de tout changement et lui laisser un temps d’adaptation, créer un environnement chaleureux avec des effets personnels (photos...), 16 trouver un moyen d’identification de la chambre et de la personne, repérer les moments de désorientation. 12.6.4. l’onirisme Il s’agit d’un rêve éveillé et agi, il est construit sur des hallucination, perceptions sans objets surtout visuelles mais aussi auditives et cénesthésique. Cela peut s’apparenter à de véritables scènes qui occupent tout le champ de la pensée et s’interposent avec la réalité Les scènes sont parfois riches et très angoissantes pouvant entraîner des comportements dangereux. 12.6.5. Facteurs étiologiques Le terrain : Les personnes âgées : le cerveau est plus vulnérable à l’hypoxie, aux désordres électrolytiques, aux réactions médicamenteuses et au stress. Les réserves fonctionnelles et les capacités d’adaptation sont amoindries. Les sujets atteints de démence : le fait de souffrir de démence augmente les risques de syndrome confusionnel, puisque le fonctionnement cérébral est considérablement atteint. les facteurs contribuants Le stress : un choc émotionnel important ou parfois mineur (changement dans les habitudes) peut engendrer une situation anxiogène. L’altération neurosensorielle : visuelle, auditive, émousse ou déforme la perception de l’environnement. A l’inverse, un excès de stimuli peut également perturber son équilibre psychique. L’environnement non familier et le changement d’habitude. L’isolement social. Les facteurs déclenchants organiques Les causes infectieuses : les plus fréquentes, notamment broncho- 17 pulmonaires et urinaires. L’hyperthermie ou l’hypothermie. Les troubles du métabolisme : la déshydratation la plus fréquente. Les troubles cardio-vasculaires peuvent diminuer le débit sanguin cérébral et donc l’apport en oxygène : hypertension artérielle, insuffisance cardiaque, trouble du rythme paroxystique... Les facteurs iatrogènes doivent être systématiquement suspectés. Les causes neurologiques : tumeurs, AVC, hématome sous-dural... La douleur en soi peut être déclenchante dont deux qui doivent être évoquées systématiquement : le fécalome et la rétention urinaire. 12.6.6. Evolution La régression complète Le décès à la suite de complications L’évolution vers une démence et la dépendance. 12.6.7. la prévention Utilisation prudente des médicaments confusiogènes, sur la nécessité d’hydrater la personne et de bien peser les risque d’un changement d’environnement. 12.6.8. Les interventions Sur les facteurs déclenchants Calmer rassurer, stimuler et assurer un nursing adapter afin d’aider le sujet âgé à trouver ses repères. Aider la famille. 12.7. Les états dépressifs Le diagnostic de dépression est plus souvent posé chez une personne âgée que dans le reste de la population. Il y aurait un tiers des sujets de plus de 65 ans qui présenterait temporairement des symptômes dépressifs associés à des maladies physiques et/ ou des difficultés sociales. Les accidents de la vie permettant de poser un diagnostic de dépression sont plus nombreux que chez les jeunes : maladie, perte d’un conjoint ou d’un proche, 18 difficultés sociales, isolement, troubles de la mémoire... 12.7.1. Définition C’est une perturbation vers la baisse de l’humeur qui est selon la définition de Delay, une disposition affective fondamentale, riche de toutes les instances émotionnelles et instinctives, qui donne à chacun de nos états d’âmes une tonalité agréable ou désagréable, oscillant entre les deux pôles extrêmes du plaisir ou de la douleur. La dépression est plus difficilement diagnostiquée du fait des modifications somatiques et psychiques dues à l’âge. On estime que dans 40 % les dépressions ne sont pas diagnostiquées. IL faut dire que beaucoup de personnes ont du mal à se définir comme déprimée. Les symptômes sont plutôt d’ordre somatique (ventre, cœur, articulation), le déni de sentiment dépressifs et l’absence de tristesse rendent le diagnostic difficile. 12.7.2. La dépression névrotique et réactionnelle On retrouve : La tristesse pathologique le ralentissement les troubles instinctuels. 12.7.2.1. La tristesse pathologique Le sujet ne peut pas se détacher de cet état de tristesse, il n’y a plus de place pour le plaisir, les pleurs sont abondants et sans raison apparente. Rumination intellectuelle à thèmes douloureux et noirs. Sentiment d’inutilité, de vide et d’ennui. Plaintes somatiques importantes et exagérées pouvant faire penser des conversions hypocondriaques et à un comportement hystérique. 19 12.7.2.2. L’inhibition ou ralentissement psychomoteur asthénie avec désintérêt et manque de goût pour la vie, désinvestissement, oublis fréquents, troubles de la concentration intellectuelle, indifférence conduisant à un isolement, ralentissement moteur, mimique triste, prostration, voix monocorde, discours pauvre 12.7.2.3. Les troubles instinctuels. troubles alimentaires : anorexie, insomnie, endormissement difficile ou réveil nocturne, troubles urinaires. 12.7.2.4. L’anxiété Peur d’un danger imminent, avec un versant somatique possible, des états d’agitation pouvant conduire à des passage à l’acte suicidaire. 12.7.2.5. Facteurs causals Isolement social Rejet social (retraites) Les pertes structure de la personnalité 12.7.2.6. Evolution Le sujet âgé dépressif reste fragile, même après guérison et le moindre problème peut réactiver un état dépressif. Le risque de suicide et d’une évolution vers un état démentiel sont à prendre en compte. 20 12.7.2.7. Traitement et intervention Pharmacologie Sismothérapie (mélancolie) après un bilan physique poussé. Stimulation corporelle : kiné, massages, ergothérapie. création d’une ambiance chaleureuse avec contact sociaux et participation de la famille. Réintroduction des éléments bibliographiques et affectifs Stimulation psychique (atelier psychothérapeutique) Psychothérapie (histoire interne) réintroduire progressivement les symptômes actuels au sein des expériences affectives passées, au cours d’entretiens successifs. L’infirmier peut être le référent de l’histoire du patient et donc adopter un regard extérieur à l’égard de ses difficultés. Soutien familial 12.8. Les mélancolies Rare à cet âge, tableau dépressif intense avec risque suicidaire intense. 12.8.1. L’accès mélancolique franc La tristesse devient douleur morale avec des idées de culpabilité délirantes (autoreproches, amplification de faits mineurs). Sidération de la vie psychique. Le soignant peut être repoussé. 12.8.2. Mélancolie d’involution L’expression des troubles dépressifs est dramatisé faisant penser à un état hystérique. L’apparition est tardive. L’inhibition laisse la place à une agitation anxieuse. Refus des soins pouvant aller jusqu'à l’incurie. Idées délirantes (négation d’organes, damnation, persécution, préjudice). 12.8.3. Le syndrome de glissement Décompensation rapide de l’état général sans les suites d’une maladie somatique en voie de guérison. Elle conduirait à la mort en quelques jours, au maximum en un mois. 21 Les facteurs de risques sont : âge élevé, isolement, polypathologies lourdes, troubles digestifs initiaux : anorexie, adypsie (perte de la sensation de soif), météorisme (sidération du transit), rétention d’urine, déshydratation, dénutrition, état infectieux + ou - latent, état confuso-dépressif. 12.9. les démences 12.9.1. La perturbation de l’identité l’appeler par ses nom et prénom, devant le miroir lui signifier qu’elle voit son image, lui parler d’elle, ne pas hésiter à faire des soins de nursing, des massages en nommant les parties touchées, tenter de la faire s’exprimer, lui manifester acceptation et chaleur. 12.10.Le vieillissement des anciennes psychoses 12.11. Le vieillissement des anciennes névroses 13. La mort et son accompagnement L’imminence de sa propre mort est aussi un grand facteur de stress pour la personne âgée. La mort est souvent considérée comme la perte absolue, car elle correspond non seulement à la perte de toutes les relations importantes mais aussi à la perte de soi-même. La personne âgée est plus susceptible de penser à la mort et d’en parler, mais moins susceptible de monter qu’elle en a peur. La 22 mort ne frappe pas seulement des personnes âgées, mais elle est plus probable pour elles que pour tout autre groupe d’âge. La société nous amène à associer mort et vieillissement. Les personne âgées subissent constamment des pertes. (décès, déménagement des enfants, placements, cessation d’activité, perte d’autonomie..). A la suite d’une perte, la personne âgée doit employer des mécanismes d’adaptation pour comprendre la fatalité et l’accepter, et pour vivre le plus pleinement possible les années qui lui restent. Le processus de deuil est nécessaire pour retrouver une activité normale. 13.1. La phase de choc Admettre la réalité de la perte. Des symptômes physiques d’anxiété peuvent apparaître. Cette période dure de quelques minutes à plusieurs semaines. 13.2. La phase de repli défensif La personne en deuil doit accepter que le chagrin soit douloureux. La personne se ferme sur elle-même et se met à l’abri de ses émotions. Cette période peut durer de quelques heures à quelques jours. La personne peut alors nier la situation pour surmonter son anxiété ainsi que ses sentiments d’impuissance et de désorientation. 13.3. La phase d’acceptation La personne en deuil doit s’adapter à un environnement dont la personne décédée est absente. Elle éprouve de la colère et traverse des périodes 23 intermittentes de déni. Au fil du temps elle se focalise sur sa pertes. 13.4. La phase d’idéalisation Réinvestir d’autres relations au fil du temps. La personne passe à la phase de résolution. 13.5. L’accompagnement La préparation à la mort est une importante tâche cognitive de la personne âgée. Celle-ci s’en acquitte de différentes façons, avant tout par le bilan de sa vie. Ce processus comble un besoin et permet d’atteindre la sérénité et d’accepter la mort. C’est un vrai travail d’équipe : soulager le douleur si besoin, écouter et recueillir l’angoisse, nursing, soutien à la famille, temps et lieu de parole pour les soignants.