A la découverte des Hittites

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L’histoire hittite
Questions posées par Raphaël Nicolle à J. Freu, le 10 juillet 2010
Raphaël Nicolle a rédigé un master 1 sur les relations entre les Hittites et l’Assyrie sous la direction
de Francis Joannès (Paris I) et un master 2 sur le dieu de l’Orage et Jupiter à l’époque archaïque sous
la direction de Charles Guittard (Paris X).
Jacques Freu, agrégé d'histoire est un éminent chercheur en histoire antique. Son intérêt se porte plus
particulièrement sur le Proche Orient du second au premier millénaire avant Jésus-Christ. Spécialiste
de l'histoire événementielle il publia de nombreux ouvrages sur la cité d'Ugarit, l'Egypte, le Mitanni
mais son attention se porta surtout sur le royaume hittite.
Ses travaux sur les relations entre les Hittites et le pays d'Ahhiyawa ou encore sa synthèse sur
l'histoire du Mitanni font autorité. Son histoire des Hittites en quatre tomes écrite avec Michel
Mazoyer est un ouvrage de référence par la masse des informations traitées et les thèses présentées. La
chronologie des événements est corrigée est obtient une homogénéité dont avait besoin les chercheurs.
Ainsi la succession même des rois est corrigée, par exemple Tuthaliya I (c. 1465-1440) est dissocié de
Tuthaliya II (c. 1425-1390). Son intérêt se porte également sur la construction du royaume hittite mais
aussi ses origines. Jacques Freu démontre l'impossibilité de croire en l'existence d'une civilisation
hattie contemporaine à la civilisation hittite.
Il est en train d’écrire une histoire des cités néo-hittites.
R.N. Le hittite est-il à ce jour la plus ancienne langue indo-européenne connue ? De quand
datent ses plus anciennes attestations ?
J.F. La langue hittite est attestée anciennement par des noms de personnes mentionnés dans les lettres
des marchands assyriens, qui ont fréquenté les centres commerciaux de l’Anatolie entre le 20 ème et le
18ème siècle avant notre ère, puis par des textes rédigés aux noms des premiers rois hittites (17ème-15ème
siècles av. J.C.). Le premier de ceux-ci est l’inscription d’Anitta, un roi qui vivait à l’époque des
marchands assyriens (18ème siècle av. J.C.). Le « hittite » est donc la plus ancienne langue indoeuropéenne connue par des textes. Ceux-ci sont plus anciens que les poèmes sanskrits les plus
vénérables, comme le chant X du Rig Veda (dont la composition est certainement très ancienne), ou
les textes grecs d’époque mycénienne rédigés en écriture linéaire B (15ème-13ème siècle).
R.N. D’où viennent les Hittites et quelles ont été leurs réalisations politiques?
J.F. L’origine des Hittites reste un problème controversé. C.Renfrew et d’autres admettent leur
autochtonie, ce qui ferait de l’Asie mineure et du Proche Orient le berceau et le centre de dispersion
des Indo-Européens, thèse très improbable pour ne pas dire paradoxale. La plupart des spécialistes
estiment, à juste titre, qu’ils ont été des envahisseurs et qu’ils se sont installés en Cappadoce, soit par
conquête, soit par une lente infiltration, au cours du 3ème millénaire avant notre ère. Sans doute,
pendant une longue période, ont-ils parlé une langue commune (l’anatolien commun) proche de la
langue-mère indo-européenne. Cette langue, sous l’influence de substrats (le hatti en Cappadoce) et
d’adstrats divers (le hourrite, une langue « caucasienne » en Anatolie orientale), s’est différenciée en
trois grands idiomes indo-européens :
a) le nésite (hittite proprement dit) parlé en Cappadoce et devenu la « langue officielle » et
administrative du royaume de Œatti
b) le palaïte parlé au nord-ouest de la Cappadoce (Paphlagonie et pays voisins), connu par quelques
textes religieux et proche du nésite
c) le louvite, langue largement répandue au sud et à l’ouest de la péninsule qui finira par influencer le
nésite et lui survivra. Il continuera à être parlé après la chute de l’empire hittite dans les royaumes néo-
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hittites de l’Anatolie orientale et de la Syrie du nord et donnera naissance aux langues parlées aux
époques perse et hellénistique dans l’ouest de l’Anatolie (lycien, carien, lydien, etc.)
Il est probable que les Anatoliens de langue indo-européenne sont arrivés en Anatolie encore
indistincts, venant des Balkans. Leur origine lointaine se situait dans les steppes s’étendant du Dniepr
à la Volga (les steppes pontiques). Là s’était développée dès le 5ème millénaire av. J.C. la « civilisation
des kourganes (tumulus funéraires) » d’où sont issus tous les peuples de langue indo-européenne, des
Celtes aux Aryas de l’Iran et de l’Inde, selon le schéma le plus vraisemblable, celui proposé par une
archéologue de génie, Marija Gimbutas.
Les premiers souverains hittites, Labarna, Œattušili I, Muršili I (l’éphémère
conquérant de Babylone en 1595 av.J.C.) ont organisé un royaume dont
la capitale Œattuša (près du village de Boğazköy/BoÖazkale) était
située au centre de la Cappadoce. Le pays de Œatti proprement dit était enserré
par la boucle du K¦z¦l¦rmak (le Maraššantiya hittite).
Le Grand Roi, roi de Œatti, qui portait le titre de Tabarna et a été rapidement désigné comme « Mon
Soleil » renfermait en sa personne tous les pouvoirs, religieux, politiques et militaires et était le prêtre
de tous les dieux. A ses côtés la Grande Reine, la Tawananna, a toujours gardé un grand prestige et un
pouvoir certain, ce qui a entraîné parfois des crises, en particulier lorsqu’elle était une princesse
étrangère. Ceci d’autant plus que la reine-mère conservait ses prérogatives après la mort de son mari,
sa belle-fille, l’épouse du nouveau roi, n’étant qu’une « Grande Princesse » et non une reine, en
attendant la disparition de sa belle-mère.
Le roi gouvernait avec des hauts dignitaires qui étaient souvent des membres de la famille royale au
sens large. Leurs titres, Grand Echanson, Grand Berger, Grand Ecuyer, etc., avaient un caractère
aulique qui couvrait en général des fonctions administratives et surtout militaires. Le Chancelier
dirigeait les bureaux peuplés de scribes, qui maîtrisaient la pratique des cunéiformes et des
hiéroglyphes « hittites » et étaient capables de rédiger des textes en 7 ou 8 langues différentes. Des
gouverneurs administraient les provinces. Un « code de lois » a, dès l’Ancien Royaume », servi de
référence aux personnels administratifs et aux juges.
Pour mettre fin aux meurtres qui avaient ensanglanté le premier siècle de l’histoire du royaume
(Muršili I et plusieurs de ses successeurs avaient été assassinés), le Grand Roi Télipinu (c.1550-1530
av. J.C.) a publié un édit comportant une règle stricte en ce qui concernait la succession royale, un fils
légitime du roi et de la reine, à défaut le fils d’une épouse secondaire ou, enfin, l’époux d’une fille (de
premier rang) du couple régnant ayant seuls le droit, dans cet ordre, à monter sur le trône. Véritable
« constitution » qui sera respecté en général par la suite.
Leurs conquêtes ont permis aux souverains hittites de contrôler la plus grande partie de l’Asie
mineure. Ils y ont possédé un « domaine royal » formé du Haut et du Bas-Pays, administré par des
gouverneurs, et des pays vassaux ayant leurs propres dynastes et liés à leur suzerain par des traités
solennels dans lesquels se traduit l’esprit juridique des Hittites. Ils étaient situés dans les pays louvites
de l’Ouest et du Sud-ouest (Mira, Œaballa, pays de la rivière Šeœa, Wiluša).
Quand l’empire s’est étendu en Syrie du nord (aux dépens du Mitanni
et de l’Egypte) au cours du règne du Grand Roi Šuppiluliuma (c.1350-1320 av.
J.C.) le même système a prévalu. Certaines régions rebelles ont été annexées au domaine royal mais la
plupart des anciens « royaumes » sont devenus des pays vassaux liés par des traités formels au pouvoir
hittite : Ugarit, l’Amurru, Qadeš, etc. Deux ont été donnés aux fils du conquérant et à leurs
descendants, Karkemiš et Alep. Le Mitanni lui-même, reconquis au profit du gendre de Šuppiluliuma,
est resté pendant un temps un pays vassal des rois hittites.
Maîtres de la plus grande partie de l’Anatolie, y compris la Cilicie (Kizzuwatna hittite), les Grands
Rois n’ont jamais pu, du 15ème au 13ème siècle avant notre ère soumettre les montagnes pontiques et les
rives de la mer Noire peuplées de redoutables ennemis, les Gasgas, qui ont souvent pillé les provinces
frontières du royaume et, une fois, sa capitale. D’autres régions restaient en marge du royaume (pays
de Lukka/Lycie, nord-ouest de la péninsule). Mais la conquête de la Syrie du nord a été durable. Elle a
provoqué un long conflit avec l’Egypte (bataille de Qadeš en 1274 av. J.C qui a opposé Muwatalli II
au pharaon Ramsès II). Il s’est terminé par la conclusion d’un traité de paix et d’une alliance éternelle
entre Œattušili III, et le roi d’Egypte qui a été suivi par le mariage
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de la fille du roi hittite (et de la reine Puduœepa) avec Ramsès II.
La Syrie du nord est restée hittite, le pays de Canaan égyptien.
A l’est les rois d’Assyrie ont fini par conquérir le Mitanni
(Œanigalbat) et ramener, vers 1260 av. J.C., la frontière de l’empire
hittite à la haute vallée de l’Euphrate.
R.N. Que signifie le terme indo-européen ? Quelle réalité recouvre-t-il ? Scientifiquement le
terme est-il justifié ? On a parfois associé ce terme à certaines idéologies. Qu’en penser ?
J.F. Il faudrait un volume pour répondre à la question (cf. B.Sergent , Les Indo-Européens , 1995).
Dès le 18ème siècle av. J.C. , et même auparavant, des missionnaires et des savants ont compris que des
traits communs, de vocabulaire, de morphologie et de syntaxe existaient entre les langues de l’Europe
et celles, dérivées du sanscrit, parlées dans l’Inde du nord. Les études de grammaire comparée menée
par de grands linguistes comme F.Bopp ou K.Brugman ont définitivement démontré, dès le début du
19ème siècle, qu’un vaste domaine indo-européen (indo-germanique pour la plupart des savants
allemands) s’étendait des îles britanniques jusqu’à l’Inde, domaine que des découvertes ont ensuite
étendu à l’Anatolie hittite et à l’Asie centrale ( Turkestan chinois) où vivaient les « Tokhariens » qui
ont disparu mais dont on a retrouvé des écrits.
Le terme indo-européen désigne donc avant tout un groupe de langues mais de même que les locuteurs
de l’allemand sont appelés les Allemands, on a baptisé « peuples indo-européens » ceux qui parlaient
des idiomes apparentés dérivés de la langue-mère. Il y a peu de doute qu’à l’origine (5ème et 4ème
millénaire av. J.C.) il s’agissait bien d’un groupe humain ayant des caractéristiques communes qui le
distinguaient des ancêtres des peuples de langue sémitique, des sumériens, des égyptiens, des chinois,
etc. et , en particulier, des gens de la « vieille Europe » dont la civilisation pacifique (en gros) et
agricole était antagoniste de celle des Indo-Européens, peuples semi-nomades des steppes pontiques,
installés entre le Dniepr et la Volga, vaste région où ils ont élevé les tumulus funéraires de leurs chefs,
parfois gigantesques, les kourganes. De tradition guerrière, ils ont rapidement domestiqué le cheval et
se sont dotés de chars, un moyen de leur formidable expansion, vers l’Ouest jusqu’aux îles
britanniques, vers l’est jusqu’en Iran et en Inde ainsi qu’en Asie centrale (où les Turcs les ont
submergés tardivement).
Marija Gimbutas a cherché à caractériser les « vagues » successives qui se sont succédé et leur ont
permis d’occuper une grande partie de l’Europe et de l’Asie. Ils ont détruit la « vieille Europe » mais
se sont mêlés aux populations indigènes, leur imposant leur langue, leurs croyance et leur « idéologie
tripartite » qu’a définie G.Dumézil dans une série mémorable de travaux. Il est certain qu’ils ont aussi
beaucoup reçu des peuples conquis et que leur expansion a favorisé la distinction entre les dialectes
parlés par les groupes installés dans des régions de plus en plus éloignés du foyer originel.
Ainsi sont apparus des sous-groupes de l’indo-européen commun qui sont devenus eux-mêmes des
familles de langues apparentées. D’ouest en est on peut distinguer de grands ensembles :
1) les langues celtiques
2) les langues italiques (dont le latin et ses dérivés modernes)
3) les parlers germaniques
4) les langues baltes (les plus archaïques)
5) les langues slaves
6) l’illyrien (dont l’albanais est la survivance)
7) le grec
8) le daco-thrace ; groupe éteint
9) l’anatolien (hittite, louvite, palaïte, lycien, carien, lydien, etc.), groupe éteint
10) l’arménien
11) le kurde
12) l’iranien, proche des langues dérivées du sanscrit
13) le sanskrit et les langues indiennes dérivées
14) les deux langues « tokhariennes » (éteintes).
On sait que le groupe occidental, plus archaïque a conservé l’occlusive ‘k’ à l’initiale et dans le cœur
des vocables là ou les « langues orientales », comme le groupe indo-iranien, ont, en général, placé une
sifflante par un phénomène de labialisation. Cent se dit centum (=kentum) en latin, satem en sanscrit.
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Bien que la découverte du hittite et du tokharien ait modifié les perspectives la séparation entre
langues du groupe ‘centum’ et celles du groupe ‘satem’ reste pertinente.
La présence des laryngales, notées œ/œœ, en hittite a confirmé les intuitions de F.de Saussure sur la
structure phonétique ancienne de l’indo-européen.
Les correspondances de vocabulaire, en particulier dans les termes de parenté, avaient frappé les
premiers chercheurs. Père se dit pater en latin, pitar en sanscrit, patêr en grec, fater en vieux haut
allemand, pƒcar/pƒcer en tokharien etc. Mère, mater, mƒtar en sanscrit, mêtêr en
grec, mƒcar/mƒcer en tokharien, etc. D’innombrables substantifs ou
adjectifs ont des racines communes indo-européennes dans ces
diverses langues et les verbes de même. Le verbe être (je suis) est
dérivé de l’indo-européen *ésmi, grec eimi, sanscrit ásmi, latin sum, hittite
esmi ; lithuanien esmi ; vieux slave jesmÔ, etc.
G.Dumézil a montré que des rapprochements comparables pouvaient être
faits entre les mythologies anciennes des Indiens védiques (les
Vedas), des Iraniens (les Gathas), des Celtes (l’épopée irlandaise)
des Germains (Sagas et Edda scandinaves) et l’histoire épique des
Romains. Une structure tripartite de « l’idéologie » de ces peuples
qui était l’héritage du vieux fond indo-européens répartissait les
dieux en trois groupes : les dieux souverains (Mithra et Varuna aux
Indes), les guerriers (Indra) et les dieux protecteurs (les jumeaux
Nasatya) associés à une grande déesse. La société humaine était
pensée dans ce cadre.
On peut conclure en disant qu’il est impossible de se passer de la notion de « langues indoeuropéennes » dans les études linguistiques. Le terme est justifié sans discussion possible mais la
tendance à identifier les locuteurs de ces idiomes avec une race, germanique et supérieure par
exemple, explique les craintes de ceux qui ont décelé des tendances racistes dans les études indoeuropéennes. Il faut bien évidemment ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain et ne pas déconsidérer sur
des prétextes de ce genre l’œuvre de G.Dumézil. D’un autre côté on a dénoncé le caractère
« idéalisé », pacifique, agraire et en voie d’urbanisation et de maîtrise de l’écriture que M.Gimbutas
attribuait aux civilisations de la vieille Europe. Féministe elle a sans doute accentué l’opposition entre
les Indo-européens, guerriers et conquérants qu’elle avait étudiés mais dont elle réprouvait, à l’opposé
des racistes glorifiant les peuples agressifs de « race pure », les instincts guerriers et prédateurs.
Il y a eu certainement un peuple de langue indo-européenne (des tribus) relativement homogène sur un
territoire limité (environ 500000km2 du Dniepr à la Volga) au 5ème millénaire avant notre ère. Son
expansion et le métissage avec les peuples conquis a donné naissance à des populations ayant une
langue dérivée de la langue-mère mais qui ne se comprenaient plus entre elles et étaient souvent
ennemies (Celtes et Germains puis Celtes et Romains, Indiens et Iraniens, etc.). Elles avaient
cependant gardé dans leurs mythologie, leurs pratiques cultuelles, leur « idéologie » (les « trois
couleurs » !), des éléments qui tenaient à leurs origines indo-européennes et d’autres qui venaient des
populations pré-indo-européennes, sans doute majoritaires, qu’elles avaient soumises et assimilées.
L’exemple des « temps historiques » dont l’histoire est connue par des textes permet d’ignorer la
tendance actuelle de nombreux archéologues et préhistoriens à rejeter toute idée de conquête et de
migrations de peuples au cours de la « préhistoire ».
Les langues indo-européennes ont occupé un immense espace à la suite des peuples guerriers qui
l’avaient conquis. Toute autre hypothèse, comme la « Wellentheorie » supposant une évolution des
idiomes parlés en Europe et en Asie par la propagation d’ondes linguistiques de proche en proche sans
conquête et sans grands apports de population peut être rejetée même si l’indo-européanisation a été le
fait d’une minorité d’envahisseurs en Europe et en Asie.
R.N. Quelle langue parlaient les Hittites ?
Les Hittites appelaient leur langue le nésite ( ils parlaient en nešili, našili, nešumnili),
du nom d’une ancienne capitale, Kaneš/Neša (l’actuelle Kültepe), qui
avait été celle d’un précurseur de le dynastie hittite, Anitta, et
surtout le grand centre (karum) des marchands assyriens dans les
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demeures desquels ont été découvertes des milliers de tablettes,
témoignage de leurs activités commerciales et de la présence des
Hittites en Cappadoce à cette haute époque.
Le nésite (hittite) peut être considéré comme un représentant, le
seul connu, des premiers idiomes issus de l’indo-européen. Ses
caractères archaïques ont frappé les premiers chercheurs qui ont
avancé l’hypothèse qu’il avait existé une langue originelle indohittite dont une branche avait donné le hittite et l’autre toutes
les autres langues indo-européennes. Mais les caractères archaïques
du hittite ; présence des laryngales, déclinaison hétéroclitique r/-n pour les inanimés (watar, génitif wetenaš, « l’eau »), médio-passif en -r,
comme en latin et en celtique, absence de féminin, de comparatif et de superlatif, d’aoriste, d’optatif,
de subjonctif, etc., sont simplement la marque de l’archaïsme de l’anatolien. Contrairement à l’idée
avancée par certains spécialistes que les langues anatoliennes avaient perdu en cours de route et sous
l’influence de substrats ou d’adstrats divers des catégories grammaticales présentes ailleurs il est
certain que cette situation est le reflet de l’archaïsme de ces langues restées au stade II de l’indoeuropéen alors que toutes les autres parlers antiques appartenant à ce groupe (du latin au grec, à
l’iranien et au sanscrit) appartenaient au stade III, défini par K.Brugman, de l’ensemble indoeuropéen. A.Meillet avait montré il y a un siècle que le féminin, par exemple, était une innovation
relativement récente des langues indo-européennes qui avaient dépassé le stade archaïque du hittite.
Certaines langues parlées à la périphérie du domaine indo-européen, celles du groupe ‘kentum’ en
particulier (de l’italique et du celtique au tokharien d’Asie centrale) ont conservé des traits anciens qui
les rapprochent du hittite mais les éloignent du grec et du groupe ‘satem’ (indo-iranien, langue des
Vedas (sanscrit) et des Gathas).
Quelques exemples permettent de situer le nésite parmi les langues indo-européennes et d’affirmer son
appartenance au groupe occidental de celles-ci (‘kentum’) :
eš- « être », ešœar- « sang », ed- « manger », œarki- « blanc »,
œašter- « étoile », œaštai- « os »,
i« aller », kard- « cœur, genu- « genou », keššar- « main, gim« hiver », laman- « nom », milit- « miel », tekan- « terre », watar« eau », witt- « année » ; etc. Le relatif kuiš est le parfait équivalent du latin
quis, etc.
Le nésite était parlé en Cappadoce, au centre de l’Asie mineure. Son usage administratif s’est étendu
aux pays vassaux dont la langue, apparentée au nésite, était le louvite. Les invasions des Gasgas et le
repeuplement des régions dévastées ont entraîné un fort apport de populations louvites au 13ème siècle
avant notre ère dans le vieux pays hittite. Certains spécialistes ont même pensé que le nésite était
devenu une langue morte avant la fin de l’empire. Dans les royaumes néo-hittites, du 12ème au 7ème
siècle av. J.C., le louvite survivra (écrit en hiéroglyphes « hittites ») mais toute trace du nésite (hittite)
aura disparu. On ne peut affirmer que le nésite ait été parlé par d’autres peuples que les Hittites mais
ces derniers ont imposé leur langue aux indigènes de la Cappadoce, les Hattis.
Le problème est compliqué par le fait que les textes retrouvés à Boğazköy montrent que 7 langues,
vivantes ou mortes, ont été pratiquées par les scribes de l’administration des Grands Rois en plus du
nésite :
1) le « hatti », langue des indigènes de la Cappadoce (apparentée à des idiomes du Caucase ?) qui ont
été intégrés au peuple hittite et lui ont fourni une part de sa civilisation, de son onomastique et de ses
croyances. On en possède quelques textes religieux et cérémoniels.
2) le palaïte parlé au nord-ouest (Paphlagonie), proche du nésite, connu par quelques textes religieux
3) le louvite, de tendance agglutinante et plus éloigné du nésite, dont on a de nombreux textes rédigés
en cunéiformes et en hiéroglyphes
4) le sumérien, langue morte à l’époque du Nouvel Empire hittite mais langue d’une vieille civilisation
qui avait rayonné dans tout le Proche-Orient et qui avait créé l’écriture cunéiforme. Les scribes hittites
ont recopié des textes sumériens, conjurations, rituels, recettes, textes magiques. Le sumérien a aussi
fourni des idéogrammes aux textes cunéiformes rédigés en nésite ou en louvite
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5) l’akkadien, langue (sémitique) de Babylone et d’Aššur, a fourni des textes du même genre mais a
surtout été la langue diplomatique de tout l’Orient qui a servi à rédiger les textes des traités conclus
avec le pharaon et les princes syriens ainsi que les messages échangés avec les pharaons, les rois de
Babylone, d’Aššur, de Mitanni (avant sa disparition) et d’Egypte à l’époque de l’empire hittite. Il a,
lui aussi fourni des idéogrammes au hittite
6) le hourrite, langue agglutinante (caucasienne du sud) qui a pris une grande importance en Œatti avec
l’arrivée au pouvoir à Œattuša d’une famille ayant des affinités hourrites vers 1465 av. J.C. De
nombreux textes religieux, des rituels en particulier ont été rédigés dans cette langue. La découverte
d’une bilingue hittito-hourrite (le « chant de la libération ») a amélioré la connaissance du hourrite
7) une langue proche du sanscrit qui était (à l’origine) celle des rois de Mitanni, attestée par des noms
propres (Tušratta, Šutarna, Šattiwaza, Mitra, Indrautta, etc.) et par
des termes d’hippologie (traité de Kikkuli). Les Mitanniens,
fortement hourritisés, ont été les ennemis puis les alliés (vassaux)
des rois
hittites. Ils possédaient une classe de spécialistes des
chars de guerre, les maryannu, du sanscrit marya, « jeune héros »
R.N. Quelle(s) écriture(s) utilisaient les Hittites ?
Les Hittites « barbares » ont adopté l’écriture (syllabique) cunéiforme qui avait servi à noter le
sumérien puis l’akkadien. Ils ont toujours fait usage d’idéogrammes (sumériens et akkadiens) pour
rédiger leurs textes (allographie). Cependant ils ont oublié les cunéiformes assyriens utilisés par les
marchands qui avaient fréquenté la Cappadoce à l’époque où se consolidait le peuplement hittite dans
la région et où était effectuée la première tentative pour établir un royaume « hittite » unifié (celui
d’Anitta, roi de Kuššar et de Neša), pour adopter les cunéiformes
babyloniens, proches mais distincts des premiers.
L’originalité des Hittites tient à ce qu’ils ont vite créé (sous
influence égéenne/crétoise ?) une écriture hiéroglyphique originale,
indépendante du système égyptien (seul le signe de vie, ankh, leur
est commun). Les hiéroglyphes ont été longtemps cantonnés à la
gravure de sceaux (dont des sceaux royaux, souvent bigraphes, avec
adjonction de cunéiformes, à partir de la fin du 16ème siècle av.
J.C.) puis à des inscriptions rupestres réduites à des noms et des
titres.
Mais au 13ème siècle av. J.C. les Grands Rois ont fait rédiger de
longs textes hiéroglyphiques évoquant leurs conquêtes, leurs
pratiques religieuses ou leurs constructions (inscriptions de
Yalburt, d’Emirgazi et du Südburg, etc., de Tutœaliya IV et de son
fils,
Šuppiluliyama
(II),
le
dernier
Grand
Roi
connu
(c.1210-1185 av. J.C.). Il est certain qu’ils étaient rédigés en louvite. Cette écriture hiéroglyphique
sera d’usage courant (avec la langue louvite) à l’époque des royaumes
néo-hittites qui se sont maintenus en Anatolie orientale et en Syrie
du nord du 12ème au 7ème siècle avant notre ère.
Il est néanmoins avéré que les cunéiformes ont été l’écriture la
plus largement utilisée à l’époque du grand empire hittite. Il est
difficile de savoir quelle fonction exerçaient les « scribes sur
bois » qui formaient une parti du personnel administratif. Il ne
semble pas qu’ils aient eu pour spécialité l’usage des hiéroglyphes.
R.N. Comment cette langue a-t-elle disparu ?
Lors de l’effondrement de l’empire hittite, du fait d’un déclin intérieur, de disettes et d’épidémies mais
aussi d’invasions qui ont marqué la fin de l’âge du Bronze et que les scribes du pharaon Ramsès III
ont défini comme celles des « Peuples de la Mer », la langue nésite (hittite) était déjà minée par des
apports louvites. Elle n’est plus attestée après cette époque (c.1185 av. J.C.) et il est impossible de
savoir si un patois hittite a été parlé en Cappadoce après l’abandon de la capitale et la fin du royaume.
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L’ancien pays hittite a été occupé par les Phrygiens au début du 8ème siècle av. J.C. et l’influence
iranienne a dominé à l’époque de l’empire perse. C’est le louvite qui a survécu et est devenu, ou resté,
la langue des royaumes qui se sont formés sur les ruines de l’ancien empire, en Anatolie, Tabal,
Tuwana (Tyane), Kummuœ (Commagène), Melid (Malatya), Œubišna (Kybistra/Ereğli), Œilakku
(Cilicie trachée), Que/Œume (Cilicie plane), etc., et en Syrie (Karkemiš, Palastin, Patin, Hamath, etc.)
De grandes inscriptions hiéroglyphiques rédigées en louvite ont orné les stèles, les bas-reliefs et les
statues colossales érigées par les rois de ces pays jusqu’à la conquête assyrienne qui les a fait
disparaître à la fin du 8ème et au 7ème siècle avant notre ère. Karkemiš, le plus grand centre néo-hittite
est tombé en 717 av. J.C. Un demi-siècle plus tard tous les pays « hittites », comme les Assyriens (et
la Bible) continuaient à les appeler, avaient disparu. C’est l’une des plus récentes inscriptions
hiéroglyphiques, découverte à Karatepe, à l’est de la Cilicie, qui a donné la clef du déchiffrement
définitif de l’écriture et de la langue. Elle était en effet bilingue et comportait une « traduction »
phénicienne du texte hiéroglyphique. Une tentative pour transformer les hiéroglyphes en une écriture
cursive (plombs de Kululu et d’Aššur ) a abouti mais n’a pas empêché leur disparition.
C’est à l’Ouest, de la Lycie à la Carie et à la Lydie que des langues dérivées du louvite, ou
apparentées, rédigées en écriture alphabétique (gréco-phrygienne) ont pendant longtemps perpétué
l’héritage louvite avant de disparaître devant la progression de la langue grecque.
J.F. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la question du matriarcat chez les Hittites, un
question qui resurgit périodiquement ?
L’importance du rôle joué par les reines a fait croire qu’une forme de matriarcat avait existé chez les
Hittites. Le cas le mieux connu est celui de la reine Puduœepa, l’épouse du Grand Roi
Œattušili III (c.1265-1240 av. J.C.) qui a correspondu avec Ramsès II et lui a
fait épouser deux de ses filles. Elle a continué à exercer un grand
pouvoir au cours du règne de son fils, Tutœaliya IV. Ce qui a incité divers
auteurs a chercher dans le rôle joué par des princesses cappadociennes, à l’époque des marchands
assyriens, et dans le fait que le roi Œattušili I/Labarna II se déclarait « le fils du frère de
Tawananna », c’est-à-dire le neveu de la première reine, épouse de Labarna (I), des exemples du statut
prépondérant détenu par les femmes dans la succession royale. Mais tout montre que le pouvoir
souverain a toujours été exercé par des hommes et les lois hittites ont un caractère patriarcal
indéniable. Il est possible, mais ce n’est pas sûr, que dans les principautés pré-hittites (hatties) des
sœurs-épouses aient partagé le pouvoir avec leurs maris et que les premiers représentants de
« l’aristocratie » hittite aient épousé des héritières de ces petits royaumes. La prohibition de l’inceste
qui est un trait fondamental de la morale hittite aurait imposé le refus d’un mariage entre les héritiers
du trône et leurs sœurs mais les reines auraient gardé d’importants pouvoirs en tant qu’héritières des
anciennes princesses hatties. En fait les partisans du « matriarcat » hittite se sont surtout attachés à
montrer que l’ordre de succession au trône passait par les femmes, sœurs ou fille du monarque défunt.
En réalité, comme le montre l’édit du roi Télipinu le fils légitime puis le fils d’une épouse secondaire
venaient dans l’ordre de succession avant l’époux d’une fille du couple royal. Dans ce dernier cas le
roi qui destinait sa succession au mari de sa fille adoptait son futur gendre et lui faisait contracter un
mariage-antiyant avec celle-ci. A vrai dire le seul cas connu est celui d’Arnuwanda I (c.1400-1370 av.
J.C.), l’époux d’Ašmunikal, fille de Tutœaliya II et de la reine Nikalmati.
Il reste cependant un fait qui atteste de l’importance aux yeux du « peuple hittite » de la filiation par
voie féminine des héritiers du trône. Les rebelles, poussés par la fille puis la sœur du roi, ayant
chacune un fils, au temps de Œattušili I, craignaient avant tout qu’un
« sujet » puisse accéder au trône. La succession était légitime à condition qu’une
princesse royale soit la mère du futur roi.
En conclusion parler de matriarcat en pays hittite n’a guère de sens.
R.N. La bataille de Qadeš (1274 av. J.C.) constitue une des grande bataille de l’Antiquité.
Pouvez-vous nous préciser ses circonstances ?
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Cette célèbre bataille a opposé deux souverains, le pharaon Ramsès II et le roi de Œatti, Œattušili
III après une longue période de conflit marquée par des épisodes
guerriers suivis de longues trêves, une sorte de « guerre de cent
ans » (c.1325- 1259 av. J.C.)
Les Hittites ont rencontré pour la première fois les Egyptiens lors
de l’offensive menée en Syrie par Tutœaliya I alors que le pharaon Thutmosis III
(1479-1425) avait entrepris des opérations en direction de l’Euphrate. Les deux souverains avaient le
même ennemi, le roi de Mitanni. Après la grande campagne de Thutmosis qui lui a permis de franchir
l’Euphrate (en l’an XXXIII) un accord a été conclu avec une ambassade hittite venue le féliciter à
Memphis (traité dit de Kuruštama, 1447 av. J.C.). Les relations sont ensuite restées bonnes jusqu’à
l’époque amarnienne au cours de laquelle Šuppiluliuma a vaincu le roi de Mitanni qui était devenu un
allié de l’Egypte et le beau-père du pharaon. Des incidents ont éclaté en Syrie mais Akhenaton,
soucieux avant tout de sa réforme religieuse a évité un conflit ouvert. Tutankhamon a provoqué la
rupture en attaquant le roi de Qadeš qui était devenu le vassal de Šuppiluliuma mais il est mort
subitement sur ces entrefaites et sa veuve, Ankhesenamon, a demandé au roi hittite d’envoyer un de
ses fils en Egypte afin de l’épouser et de régner sur son pays. Šuppiluliuma a obtempéré, après
hésitation, mais le prince hittite a été assassiné avant d’avoir pu atteindre la vallée du Nil (1325-1324
av. J.C.). La guerre a été la conséquence de cet épisode et d’importantes opérations en Syrie ont
opposé le pharaon Horemheb et Muršili II puis Seti I et Muwatalli II et enfin ce dernier et Ramsès II.
A en croire le pharaon qui est le seul à avoir fait le récit des événements, de Luxor, de Karnak, du
Ramesséum et d’Abydos à Abu Simbel, dans de magnifiques bas-reliefs qui donnent une idée très
vivante du déroulement des opérations, il a entamé sa marche en Syrie dès l’an IV de son règne alors
que l’Amurru (le Liban) avait rallié son camp et trahi le roi hittite. Muwatalli a répondu à cette attaque
en mobilisant le ban et l’arrière ban de ses vassaux dont les scribes de Ramsès ont fourni une liste
imposante d’une vingtaine de noms. Ramsès avait un objectif précis en entreprenant une nouvelle
marche en avant le long de la vallée de l’Oronte en l’an V de son règne (1275/1274), reprendre Qadeš.
L’armée a quitté l’Egypte en avril 1274 av. J.C. et la première division, celle d’Amon, où se trouvait le
pharaon a franchi le gué de Šabtuna, au sud de Qadeš pour venir installer son camp à l’ouest de la
cité. Deux bédouins, en fait des espions hittites, avaient déclaré que l’armée de Muwatalli était loin,
vers Alep. Quand l’attaque des chars hittites qui s’étaient dissimulés derrière un petit bois au nord-est
de Qadeš s’est déclenchée la seconde division égyptienne, celle de Prê n’avait pas encore rejoint le
camp du pharaon où les soldats avaient rompu les rangs et se livraient à des activités diverses alors que
le lion favori de Ramsès était allongé aux pieds de son maître. La troisième division, de Ptah,
s’apprêtait à franchir le gué de Šabtuna et celle de Seth, la quatrième restait en arrière. L’attaque
surprise menée par les chars hittites a débouché d’un autre gué proche de Qadeš et a rompu le
division de Prê avant d’assaillir le camp égyptien qui a été balayé. La fuite éperdue des guerriers
égyptiens a laissé le pharaon isolé avec quelques hommes, son écuyer Menna et des gens de cuisine.. Il
avait eu cependant le temps, avant de monter sur son char, d’envoyer son vizir ordonner aux divisions
retardataires de presser leur marche. Il faut lire avec réserve le récit épique du combat que Ramsès
aurait mené seul, du haut de son char, contre toute l’armée ennemie. Il a sans doute fait preuve de
courage mais a profité du fait que l’ennemi était probablement plus occupé à piller son camp qu’à le
pourchasser. Le tournant de la bataille a été la conséquence d’une décision antérieure de Ramsès qui
avait ordonné, dès le départ, l’envoi de renforts à partir de la côte d’Amurru. Ces jeunes troupes sont
arrivées à temps et ont pu rallier les autres divisions égyptiennes. Une contre-attaque bien menée a
permis de repousser les chars hittites et leur a infligé de lourdes pertes. Les textes égyptiens énumèrent
avec complaisance les noms des princes (dont un frère de Muwatalli) et des dignitaires hittites tués au
cours de la bataille. Le roi d’Alep, cousin de Muwatalli, est représenté à Karnak dégorgeant l’eau de
l’Oronte qu’il avait avalée dans sa fuite. Ramsès, félicité par son armée regroupée autour de lui aurait
flétri la lâcheté de ses hommes réservant ses éloges à son écuyer et à ses chevaux. Il semble que 20000
hommes et 2000 ou 2500 chars s’étaient affrontés de part et d’autre et les textes égyptiens célèbrent
une grande victoire. Mais le pharaon, qui prétend que son adversaire avait sollicité une trêve, ce qui et
douteux, a ramené son armée en Egypte alors que le roi hittite soumettait l’Amurru et déportait son
roi. Le frère de Muwatalli, le futur Œattušili III, a poussé en avant et est allé envahir la
province d’Ube (Damas) qui était un pays égyptien. On ne peut nier que Ramsès a rétabli une situation
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très compromise au cours de la bataille mais il est difficile de faire de Qadeš une grande victoire
égyptienne. Le pharaon a repris ses offensives en Amurru (Liban), jusqu’en l’an X sans que la
situation ait été profondément modifiée. L’avènement de Œattušili III, qui avait
renversé son neveu, Urœi-Tešub/Muršili III, a été suivi par des négociations entre les
deux souverains. Un traité de paix et d’alliance éternelle, conclu en l’an XXI de Ramsès (1259/1258
av. J.C.), a mis fin au conflit. entre l’Egypte et le Œatti. La fuite d’Urœi-Tešub auquel le
pharaon finira par donner asile provoquera de nouvelles tensions qui
sont bien documentées par une abondante correspondance échangée non
seulement entre les deux rois mais aussi avec les reines et les
princes royaux. Le mariage de Ramsès II avec la fille de Œattušili
et de Puduœepa
(en l’an XXXIV, 1246/1245 av. J.C.) a scellé la
réconciliation
définitive
des
deux
cours.
Une seconde fille du couple hittite épousera plus tard le pharaon,
sans doute après la mort du roi Œattušili III mais alors que Puduœepa conservait toute
son influence auprès de son fils, Tutœaliya IV.
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