L`ordre des constituants de la phrase simple

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Envoyé par Isabelle.
L’ORDRE DES CONSTITUANTS DE LA PHRASE SIMPLE
En français moderne, l’ordre des mots est intrinsèquement lié à leur fonction dans la phrase ; l’ordre sujet +
verbe + complément est habituel en phrase assertive ; en revanche, on inverse le sujet et le verbe dans une
interrogation. En ancien français, la fonction étant exprimée par le cas à l’aide de déclinaisons (ce qui est
surtout vrai pour le sujet), l’ordre des mots est beaucoup plus libre. Cependant, cette liberté est relative et la
phrase obéit tout de même à quelques lois.
I. Les lois rythmiques
- la proposition commence par un mot tonique, qui fait position : pronoms personnels prédicatifs (souvent
sujets), noms ou GN, adverbes si, atant, adont, or ... Les mots atones (prépositions, conjonctions, pronoms
faibles conjoints) sont exclus de cette position.
- les interjections, exclamations et apostrophes sont considérées hors phrase.
- les éléments de liaison (conjonctions de coord – et, ou, mais, ne, car – et de sub – quand, si/se ) sont « en
extraposition », place inaccentuée extérieure à la phrase et n’entraînent pas d’inversion du sujet.
- le verbe occupe toujours la deuxième position, médiane.
II. L’ordre des mots
Si le verbe occupe la deuxième position, le sujet ou les compléments peuvent se placer à sa droite ou à sa
gauche. On observe cependant des places prédéfinies selon les types de propositions.
1 – {sujet – V – complément}
Cette séquence, moins répandue que la suivante en ancien français, l’emporte en moyen français et devient
canonique en français moderne, pour les phrases énonciatives.
2 – {complément – V – sujet}
- les éléments susceptibles d’occuper la zone préverbale sont : nom ou syntagme nominal (en fonctions de
cod, coi, attribut, compl circ, prop sub circ) et adverbe. Les adverbes en tête de phrase marquent souvent
l’articulation logique des membres d’un énoncé : ils traduisent la continuité temporelle (lors, atant) ou la
conséquence (si). Sinon, un démonstratif ou un indéfini à valeur anaphorique marquent cette continuité (… Ce
veuille je bien, fet li rois)
- comme la zone préverbale est saturée par un élément tonique autre que le sujet, celui-ci est rejeté en zone
postverbale et omis, si c’est un pronom. Toutefois, à partir du 13ème et d’abord dans les textes en prose,
l’expression du pronom sujet postposé se généralise.
3 – {V – sujet – (complément)}
Construction moins courante qui traduit une incomplétude de l’énoncé
- dans les interrogatives totales (ai le ge bien fait ?)
- dans les incises (dist il) et les phrases annonciatrices de discours direct (dist li rois)
- dans les phrases jussives (à l’impératif) ou optatives (verbe au subjonctif à valeur optative)
- dans des phrases formellement indépendantes, mais à valeur circonstancielle : la prop entretient avec la prop
qui la suit un rapport circonstanciel, sans que celui-ci soit explicité par un terme conjonctif. Cas des
hypothétiques dépourvues de subordonnant (fust chretïens, …)
4 – {sujet – complément – V}
Ordre régissant les propositions subordonnées
- relatives introduites par qui (Dex, qui toz les segrez voit…)
- conjonctives, complétives ou circonstancielles (et se tu en cele entres, tost i periras)
et des phrases où le complément est un adverbe de lieu, temps, manière ou quantité (et il si fist : ainsi fit-il)
5 – {complément – sujet – V}
Rare à date ancienne, cette distribution se répand au 13ème, dans les
- sub relatives introduites par un pronom régime (s’espee, que il bien conut)
- phrases où le complément apparaît sous la forme d’une proposition subordonnée (quant il seront là, vos
porrez…)
- phrases indépendantes commençant par un adverbe de discours. Cet adverbe peut marquer une appréciation
sur l’énoncé (certes Rollanz ne valut onques) ou sur l’énonciation (neporquant, neporoec, nequedent concessifs :
nepourquant il se tint a sot, cependant, il se dit qu’il est sot)
6 – {V – complément – sujet}
On met de côté les cas où le complément est un pronom non prédicatif. Qu’une forme prédicative s’insère
entre le verbe et le sujet est très rare, car lorsque le sujet est dissocié du verbe, l’ancien français préfère placer
le sujet devant le verbe et non derrière.
Conclusion : La fixation de l’ordre des mots résulte de la perte de la déclinaison : la fonction sujet n’étant plus
indiquée par la désinence, il fallait qu’elle fut marquée par sa place fixe auprès du verbe pour être identifiable.
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