LA GRENOUILLE

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LA
GRENOUILLE
Côa, côa, côa ! C’est le printemps et c’est la grenouille qui fait son apparition
dans nos étangs. En effet, après quelques mois d’hibernation, elle revient, pleine
de vitalité ! Elle repeuple les marais pour venir se reproduire, tout en coassant
bruyamment : eh oui, le printemps est la meilleure période pour observer ces
petits animaux passionnants qui sont répartis par le monde entier !
En été, nous pourrons voir les « bébés » grenouilles, déjà aussi indépendants que
des adultes.
Quel animal passionnant ! Et si nous entrions dans son monde, afin d’en savoir
plus sur cet amphibien !
PETITE HISTOIRE DE
LA GRENOUILLE
La grenouille a une longue histoire. Non content de l’observer, l’home en a fait un animal de laboratoire et l’a transformé en
met raffiné…
BATRACOS
Les grenouilles et les crapauds sont nommés pour la première fois par Aristote, philosophe grec,
qui ne les distinguent pas et les appelle « batracos ».
Les populations l’associent à la fertilité et à la fécondité. Disparaissant au fond des eaux pendant
l’hiver, elle réapparaît au printemps, multipliée à l’extrême, adoptant des formées variées, têtard
puis grenouille. Par ce fait, on l’assimile à la multitude et à la résurrection. Elle est insérée dans
les mythes de la création, quelque soit l’endroit sur terre…
DETESTEE PAR L’EGLISE
Hélas, avec l’arrivée de la chrétienté, elle devient l’être maléfique par excellence. Tout d’abord,
c’est le symbole du mal par Dieu, qui multiplia « ces êtres immondes » pour « convaincre » le roi
d’Egypte de laisser partir les hébreux.
Dans l’Apocalypse, selon St Jean, les grenouilles symbolisent les susceptibilités nationales qui
dressent les peuples les uns contre les autres, ainsi que les péchés des fidèles. La grenouille est
également utilisée pour caractériser le péché de la femme et la turpitude sexuelle.
La grenouille est alors transformée en animal diabolique au cœur des pratiques magicoreligieuses, talisman ou maléfice, la grenouille est l’objet de croyances et de superstitions
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populaires. Pour évoquer le diable, dit-on, il faut enfouir une grenouille dans un nid de grosses
fourmis noires. Lorsque la chair du batracien a été dévorée, on retire son squelette, dont on
choisit trois os. Ensuite, il faut prononcer quelques paroles magiques. Une autre légende explique
qu’il faut capturer une grenouille vivante et lui arracher la langue, et puis poser l’organe sur le
corps de sa femme pour que cette dernière dise toute la vérité.
REMEDE A TOUS LES MAUX
La grenouille est utilisée depuis l’Antiquité pour soigner divers maux. Elle est sensée, préparée en
bouillons ou en tisanes, guérir aussi bien la toux, les affections de la gorge que les douleurs
articulaires, la goutte, les maux de dents et la fièvre.
Mais au début du dix-neuvième siècle, Hippolyte Cloquet remet en question la validité de toutes
ces préparations à base de cet amphibien… et bientôt, de nouveaux médicaments, plus fiables,
apparaîtront. Ouf pour les grenouilles !
GASTRONOMIE
Alors que dans l’Occident Médiéval la grenouille est considérée comme impropre à la
consommation, voire toxique ou venimeuse, elle apparaît dans de nouveaux mets
gastronomiques au début du XVIème siècle, où elles sont servies sur les meilleures tables de
France, d’Italie et d’Allemagne. Seuls les Anglais refusaient encore d’y goûter.
A la fin du dix-huitième siècle, Simon, un Auvergnat, invente une nouvelle manière de cuisiner les
cuisses de grenouille. Son restaurant est un véritable succès à Paris. Les marchés français,
italiens et allemands sont envahis par ces batraciens et tous les cuisiniers s’essaient à de
nouvelles recettes.
Hélas, pêchée et chassée comme ceci, elle commence à se faire rare, notre petite grenouille…
Aujourd’hui, elle est protégée.
OUVRAGES SCIENTIFIQUES
Après notre petite « Batracos », il faudra attendre le XVIème siècle pour avoir les premières
classifications scientifiques, qui restent cependant imprégnées de superstition et de religion.
Ensuite, vers le XVIIème siècle, les naturalistes Conrad von Gesner, Pierre Belon du Mans,
Guillaume Rondelet et Ambroise Paré reprendront les travaux aristotéliciens et proposent cinq
catégories bien distinctes : A, B, C, D et E. Ce sont l’Homme, les Quadrupèdes, vivipares et
ovipares, les Serpents, les Oiseaux, les Aquatilia (poissons et cétacés). Les grenouilles, elles, sont
placées dans les Quadrupèdes ovipares, tout comme les crocodiles, les salamandres, les tortues
et les lézards.
RANA ET BUFFO
Enfin, au VXIIIème siècle, Charles Linné (1717-1798) publie « Systema Naturae » et chaque espèce
a maintenant un nom de genre et un nom d’espèce. La grenouille verte commune, Rana
esculenta, se distingue clairement du crapaud, Bufo bufo. D’autres ouvrages complèteront celui
de Charles Linné par la suite.
IN LABOS
A la même époque, on commence à introduire les grenouilles dans les laboratoires. Commence
alors leur calvaire… Ces animaux choisis parce qu’ils sont faciles à se procurer et parce qu’ils ne
manifestent pas leur douleur par des cris sont soumis à de multiples expériences. Lugis Galvani
et le comte Alessandro Volta réalisèrent leurs expériences sur l’électricité animale en étudiante
l’effet des décharges de condensateurs électriques sur les nerfs de ces batraciens… Je vous
laisse imaginer leurs souffrances.
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LES ESPECES DE
GRENOUILLES
Dans la famille des anoures, dont fait partie la grenouille, on trouve plusieurs milliers d’espèces… Eh oui, comment s’y
retrouver entre les hylidés et les « rana » ?
MADE IN « ANOURES »
La grenouille fait partie de la classe des amphibiens (apparus il y a 400 millions d’années), ou
batraciens, qui comporte trois groupes bien distincts : les urodèles (tritons et salamandres), les
cécilies (animaux dépourvus de pattes, ressemblant à des petits verres de terre), et les anoures,
dont fait parties le crapaud, la rainette, et… la grenouille !!!
Dans les anoures, on compte environ vingt-quatre familles, 320 genres, et plus de 3800
espèces… Chiffre qui va sans doute augmenter puisqu’on découvre de nouvelles espèces chaque
jour. La plus grande est la grenouille goliath qui mesure trente centimètres et peut peser jusqu’à
3,3 kg.
Si on prend la grenouille rousse, on peut ainsi voir qu’elle appartient à la classe des amphibiens,
à l’ordre des anoures, à la famille des ranidés, puisque son nom est le suivant : Rana temporaria.
PARTOUT DANS LE MONDE
On peut trouver des grenouilles un peu partout dans le monde, excepté sur le continent de
l’Antarctique. Cependant, ils sont absents de presque toutes les îles océaniques isolées, ainsi
que du Groenland et des autres îles arctiques.
Certaines grenouilles vivent dans le désert et s’enterrent dans le sable pour se protéger de la
chaleur, d’autres nage dans un lac des hautes Andes, et d’autres encore vivent sur un arbre de la
forêt humide. Mais ce sont les zones intertropicales humides, forestières particulièrement, qui
sont les plus prospères au développement des grenouilles, qui aiment moins les régions polaires,
soumises à des climats extrêmes, à la sécheresse et au froid.
Certaines espèces sont diurnes, d’autres sont nocturnes, tout dépend où elles vivent. Ainsi, les
moments de « chasse » et de reproduction ne sont pas les mêmes pour toutes les grenouilles.
Ainsi, en Amérique du Nord, la grenouille des bois sort de son hibernation juste pour se
reproduire et place ses œufs dans l’eau, juste au-dessus du point de congélation. Mais d’autres
Rana, elles, retardent leur moment de reproduction de quelques semaines, parce que leurs œufs
sont bien moins tolérants aux basses températures.
Dans les régions subtropicales et tropicales où les périodes de basse température sont basses,
les périodes d’activités des amphibiens dépendent entièrement des changements saisonniers
d’humidité. Surtout pour les espèces dont la nutrition et la reproduction sont déterminés par la
saison des pluies.
PLEIN D’ESPECES
On reconnaît quatre sous-ordres chez les anoures. Certains sont considérés comme « primitifs »
(en termes d’évolution) que d’autres.
Un premier sous-ordre est celui des Archaeobatrachia, qui comprend deux familles, les
Leiopelmatidae et les Discoglossidae. Elles sont considérées comme les plus primitives
actuellement. Les grenouilles appartenant à ces familles possèdent encore des côtes libres, alors
que chez toutes les autres grenouilles, elles ont fusionné avec les vertèbres.
Le deuxième sous-ordre est celui des Pipoidea, qui inclut deux familles : les pipidés et les
rhinophrynidés. Ce sont des espèces d’anoures très curieuses, puisque leur corps sont
complètement aplatis (voir photo ci-dessus). Mais étant donné que ces familles ne regroupent
que des crapauds, nous ne nous y attarderons pas.
Le troisième sous-ordre est celui des Pelobatoidea. A nouveau, cela inclut deux familles : les
pelobatidés et les pelodytidés. On les considère comme plutôt primitifs. Dans la première, on
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trouve plus de nonante espèces, et seulement deux pour la deuxième. Voilà pourquoi, quelques
fois, on les regroupe en une seule espèces.
Mais c’est le quatrième sous-ordre, appelé le sous-ordre des néobatraciens, qui nous intéresse le
plus puisque c’est dans ce sous-ordre qu’on peut trouver le plus d’espèce de grenouille : 3600 en
tout, soit 96% des espèces actuelles d’anoures, répartis en dix-huit familles. Attention, accrochezvous !
 Les leptodactylidés : 800 espèces regroupées en cinquante-deux genres, habitant l’Amérique
du Sud, les Caraïbes, l’Amérique Centrale et le Mexique.
 Les myobatrachidés : environ 100 espèces, en 20 genres. Ils vivent en Australie et en
Nouvelle-Guinée.
 Les bufonidés : regroupe uniquement des crapauds qui vivent dans des zones tempérées et
tropicales, les déserts et les forêts pluvieuses, les montagnes et les steppes… Bref, partout
sauf en Australie, à Madagascar et dans les îles océaniques.
 Les hylidés : 680 espèces, groupées en 40 genres. La plupart vivent en Amérique dans les
régions tropicales. La plupart sont des espèces arboricoles. On trouve deux rainettes de cet
ordre.
 Les centrolenidés : 75 espèces en majorité arboricole, dans les forêts du Mexique,
méridional à la Bolivie, le sud-est du Brésil et le nord-est de l’Argentine.
 Les dendrobatidés : cette famille renferme quelques-uns des anoures les plus colorés et les
plus intéressants. Il existe plus de 130 espèces en six genres. Ces grenouillettes qui font,
pour la plupart, de 15 à 60 mm, se colorent essentiellement pour faire croire qu’elles sont
venimeuses : ainsi, les prédateurs les évitent.
 Les ranidés : ce sont les grenouilles qui ont la plus grande répartition terrestre : Amérique du
Nord (y compris l’Alaska), Amérique Centrale, Nord de l’Amérique du Sud, Europe, Asie au
sud du cercle polaire (de l’Insulinde à la Nouvelle-Guinée), extrême nord de l’Australie et les
îles Fidji, majorité de l’Afrique et Madagascar. Pas mal, n’est-ce pas ? On trouve dans les
ranidés la grenouille rousse d’Europe et la grenouille goliath. Dans cette famille, on trouve
deux tiers de grenouilles dont Rana est le genre. Ce sont elles, nos grenouilles « classiques »,
à la peau lisse, qui bondissent et qui vivent au dehors de l’eau. On en trouve aussi en Suisse,
évidemment, comme la grenouille rousse (photo ci-dessus et ci-contre).
 Les rhacophoridés : 200 espèces, 10 genres. Ils sont apparentés aux ranidés et la plupart
sont des espèces arboricoles. Ils vivent en Afrique, en Asie (dans les zones tropicales et
tempérées), y compris à Madagascar et au Japon.
 Les hyperoliidés : 200 espèces, en 16 genres, également apparentés aux ranidés. Ils ne
mesurent pas plus de quatre-vingts millimètres de long et vivent en Afrique.
 Les arthroleptidés : c’est une petite famille, avec seulement 70 espèces réparties en huit
genres. Ce sont de petites grenouilles qui vivent sur à l’intérieur de la litière de feuilles, en
forêts.
 Les hémiotidés : minuscules familles, dans laquelle on ne trouve que huit espèces, avec un
genre unique. Ces grenouilles habitent l’Afrique, dans le désert du Sahara.
 Les microhylidés : on y a trouvé plus de 300 espèces réparties en soixante-cinq genres.
Plusieurs espèces mesurent moins de quinze centimètres de longueur. On les trouve en
Afrique, en Inde et en Amérique, des Etats-Unis à l’Argentine. (voir photo ci-dessous)
Il reste quatre petites familles d’Amérique du Sud, très peu connues. On n’a pas trouvé de
fossiles et elles ont peu été observées à l’état sauvage. Ainsi, on ne connaît pas grand chose sur
leur vie…
A présent que vous connaissez tout sur les espèces de grenouilles, passons à la vie privée de ces
amphibiens.
DE L’ŒUF A LA
GRENOUILLE
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Un simple petit œuf, parmi tant d’autres, qui, après être devenu larve, va se transformer en une jolie grenouille… Une
histoire incroyable.
UN SQUELETTE SOUPLE
Tous les amphibiens ont un squelette simple, qui comprend moins de pièces osseuses que les
autres vertébrés actuels, mais bien moins que les poissons.
Dès le début de leur évolution, les grenouilles ont acquis un physique adapté au saut. Les os de
la cheville s’allongent, si bien qu’avec le fémur et le péroné, ils forment un troisième segment qui
fournit aux membres postérieurs un fabuleux avantage pour bondir dans les airs. La colonne
vertébrale est courte (une dizaine de vertèbres) et rigide, et suivie d’une baguette osseuse, le
coccyx.
On peut observer des adaptations particulières chez certaines espèces de grenouilles. Par
exemple, chez les grenouilles arboricoles, les hylidés, on a pu remarquer que le bout des doigts et
des orteils s’élargit pour former un coussinet adhésif (une aide pour grimper – voir photo page
suivante) et les yeux sont placés de façon à fournir une vision binoculaire vers l’avant, ainsi qu’un
champ visuel étendu vers le haut et le bas. Certains hylidés s’étant adaptés à la vie semi-aride,
on a pu voir chez eux des yeux placés plus haut sur la tête et d’étroits coussinets sur les doigts,
ainsi qu’un tubercule à chaque pied postérieur pour faciliter le creusement. Quant aux hylidés qui
se sont habitués à la vie des zones marécageuses et des fossés n’ont pas la moindre trace de
coussinet sur les orteils.
Et ceci n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres !!!
Vous pouvez voir le squelette de la grenouille rousse sur la photo en bas de page.
DES YEUX IMPORTANTS
La vue est l’un des sens les plus importants pour les grenouilles. Leurs yeux sont généralement
grands et saillants, fournissant ainsi un large champ visuel qui compense le manque de rotation.
Pour la plupart d’entre elles, elles disposent d’yeux qui peuvent se rétracter dans leurs orbites :
les grenouilles ont ainsi une vision complète de leur bouche, ce qui les aide à déglutir leur repas.
La paupière supérieure est une couverture sans mouvement indépendant. L’inférieure, par
contre, est mobile, surtout sa partie supérieure transparente, appelée la membrane nictitante.
La pupille de la grenouille a une forme ovale horizontale, chez la plupart des espèces, mais on
peut également trouver des ovales verticales, des triangles ou encore des losanges. L’iris prend
la couleur du contour de la tête, participant ainsi aux formes du visage. Certains scientifiques
pensent que cela sert à cacher leurs yeux, d’autres prétendent que ce n’est pas cela, puisque
certaines grenouilles possèdent des yeux brillamment colorés.
On ne sait pas si les grenouilles distinguent ou non les couleurs.
Tous les anoures, y compris les grenouilles, possèdent un organe voméronasal qui fonctionnent
de façon similaire. Tous deux aident au retour sur les lieux de reproduction – grâce, sans doute, à
la reconnaissance d’indices chimiques – et à l’identification des proies.
A part la vue, l’ouïe fait aussi partie des sens développés de la grenouille. En effet, elle sert à
trouver un partenaire et est utile dans le comportement territorial.
Le principal récepteur est composé d’une membrane (le tympan, qui est beaucoup plus grand
chez les mâles que chez leurs compagnes), qui s’étend au travers d’un anneau cartilagineux, qui
peut être de forme ovale ou ronde, placé derrière l’œil. Une baguette osseuse, la columelle,
transmet les vibrations du tympan à l’oreille interne – voilà pourquoi, lorsqu’on regarde une
grenouille, on n’a pas l’impression qu’elle a des oreilles, ces dernières étaient placées à
l’intérieur – où des cellules sensorielles les détectent et les classent, puis transmettent
l’information au cerveau.
Le système auditif que possèdent ces amphibiens est le plus efficace pour « entendre » les
vibrations de haute fréquence dans l’air.
NEE POUR SAUTER
La grenouille saute, et ça, tout le monde le sait. Ses courtes pattes antérieures, minée chacune
par quatre doigts et ses deux longues pattes postérieures terminées chacune par cinq doigts,
cette fois, ont été faites pour sauter.
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Pour effectuer des bonds, la grenouille détend brusquement ses longues pattes ; elle saute en
général de dix centimètres de hauteur, mais elle peut arriver jusqu’à deux mètres plus loin.
La grenouille ne saute pas seulement : elle marche, nage (voir photo ci-dessous) et grimpe, se
mettant debout sur ses pattes postérieures et s’accrochant avec ses doigts de devants.
A la moindre alerte, notre grenouille plonge dans la mare et nage, en allongeant l’une après
l’autre ses longues pattes. Pour nager plus rapidement, elle les allonge toutes les deux en même
temps.
PAS BESOIN DE BOIRE
Les amphibiens doivent maintenir leur peau humide et doivent donc rester près d’un point d’eau
en permanence. Cependant, ils n’ont pas besoin de boire, et, pour s’hydrater, ils exploitent l’eau
contenue dans leur nourriture. Dans les habitats humides, certaines grenouilles puisent l’eau à
travers leur peau, leurs reins éliminant les déchets.
COMME COINCES
Chez presque tous les anoures, la fécondation est externe. Le mâle approche la femelle par
derrière et l’enlace (voir photo page suivante). La prise peut se faire par la taille, aux aisselles ou
bien, plus rarement, à la taille. Pour ne pas « glisser », les mâles possèdent une surface cornée
sur les mains.
Ces deux grenouilles maintiendront leur position jusqu’à ce que les œufs, soient expulsés ; alors,
à ce moment-là, le mâle les arrose de sa semence et les œufs sont alors fécondés – ceux qui ne
le sont pas ne peuvent bien sûr pas se développer.
Cependant, il existe des espèces où la fécondation est interne. Chez la grenouille à queue, par
exemple, qui vit au nord-ouest des Etats-Unis. Le mâle possède une queue, qui est en fait un
organe adapté à l’intromission, et les œufs sont fécondés dans le corps même de la femelle,
puisque la fécondation externe, dans ce genre de milieu, serait voué à l’échec.
Lorsque ceux-ci rentrent au contact avec l’eau, la membrane gélatineuse qui leur entoure gonfle,
enfermant chaque œuf dans une sphère transparente.
Les œufs pondus dans l’eau sont le plus souvent groupés en masses globuleuses de quelques
unités à des centaines ou même des milliers – certaines espèces peuvent pondre jusqu’à 10 000
œufs, mais beaucoup seront avalé par les animaux des mares ou détruits par une sécheresse.
Les espèces qui se reproduisent dans des eaux tranquilles et par conséquent sous-oxygénée,
étalent leurs œufs à la surface, en une seule couche, alors que celles qui habitent dans les
courant rapides peuvent attacher les œufs séparément à des pierres submergées.
Quant aux espèces qui pondent hors de l’eau, on trouvera alors des œufs déposés dans les trous
des arbres ou du sol, sur des plantes ou encore sur la litière des feuilles humides.
PETITE LARVE
Si vous étiez un moineau, vous seriez passé de l’œuf à l’oiseau, pareil que pour un crocodile, qui,
après être sorti de son œuf, devient immédiatement crocodile. Par contre, chez tous les anoures,
on passe par un stade intermédiaire : celui de la larve – du moins pour les 80% des anoures… le
reste, on verra après.
Cette période peut ne durer qu’une petite semaine, pour les grenouille vivant dans des mares
temporaires des déserts (il faut faire vite, pour survivre), ou bien se prolonger pendant plus de
deux ans ! Mais la moyenne est de quelques semaines environ.
Chez certaines espèces, le têtard se débrouille entièrement seul et ne connaîtra ni son papa, ni
sa maman. Chez d’autres, il aura son père pour veiller sur lui – voir « directement grenouille » –
ou alors sa mère le portera sur son dos.
La larve, ou têtard, vit dans l’eau et a le corps plutôt ovoïde, avec une nageoire pour queue ; mais
il n’y a pas de séparation nette entre la tête et le corps. La bouche a un bec et une range de
« dents ». L’eau absorbée par la bouche traverse les branchies avant d’être expulsée à travers le
spinacle (orifice situé du côté gauche du corps). Les futures pattes antérieures de la larve se
trouvent dans la chambre des branchies – qui servent à la fois à respirer et à la fois à filtrer les
minuscules parties alimentaires – algues, organismes de l’eau, débris du fond, dont se nourrit le
têtard. Quant aux postérieures, elles se développent à l’intérieur du corps.
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Au bout d’un certain temps, la larve va subir une véritable métamorphose qui va lui donner un
physique d’adulte. De profonds changements interviennent : le tractus digestif se raccourcit,
s’adaptant à un régime carnivore et non plus végétarien, les branchies disparaissent et la
respiration devient pulmonaire, le squelette se modifie également et de vraies dents
apparaissent.
DIRECTEMENT GRENOUILLE
Pour 20% des anoures, ce qui est quand même un nombre considérable, on ne passe pas par le
stade intermédiaire de la larve.
En effet, la femelle pond des œufs, qui sont déjà relativement gros, sur une bûche en train de
pourrir, par exemple. Les œufs sont surveillés par l’un des parents et à leur éclosion en sortent
des grenouilles miniatures. Tout le développement intermédiaire s’est fait dans l’œuf.
Chez deux espèces du Chili, la Rhinoderma darwini et la Rhinoderma rufum (qui pondent leur
œufs au sol) il se passe quelque chose de très intéressant : chez la première, le mâle prend les
têtards à la sortie et les met dans sa « poche » vocal et là, les bébés se métamorphosent en de
jolies grenouillettes ; chez la seconde, le mâle ne fait que les porter à l’eau, où ils se débrouillent
tout seul.
D’autres espèces sont sujettes à des développements très particuliers. Par exemple, chez une
grenouille australienne : la femelle pond les œufs, puis les avale. Dans son estomac, les petits se
développent et puis ils sortent par la bouche, métamorphosé. Pendant cette « gestation », le
système digestif est stoppé, tout comme le besoin de manger.
A TABLE !
Tous les anoures, y compris la grenouille, sont carnivores dès qu’ils deviennent adultes. Ils
capturent de petits animaux, vertébrés ou non, qui conviennent à la capacité de leur bouche.
Souvent, les petites grenouilles que l’on trouve dans nos régions mangent beaucoup d’insectes.
Elles les attrapent grâce à leur fabuleuse langue. Cette dernière se déploie rapidement et comme
elle est visqueuse, la proie y reste collée…
La grenouille taureau d’Amérique du Nord se nourrit ainsi d’oiseaux, de petits rongeurs, de
petites tortues, de poissons et peut même se convertir au cannibalisme en cas de
surpeuplement.
Mais la grenouille n’est pas non plus à l’abris de tout danger, puisque de nombreuses espèces de
serpents se nourrissent en partie ou entièrement d’anoures, que les hérons embrochent les
grenouilles dans les eaux peu profondes, que les chauves-souris, elles, les arrachent des
branches au-dessus des mares tropicales et que les tortues les guettent sous l’eau. Bref, la
grenouille, si elle ne veut pas servir de repas à un quelconque prédateur, doit se montrer
vigilante.
VENIMEUSE
Certaines grenouilles sont venimeuses, et c’est d’ailleurs une très bonne défense contre les
prédateurs.
L’un des poisons les plus puissants se fabrique dans la peau d’une des plus petites et des plus
colorées des grenouilles : elle se nomme la grenouille à flèche empoisonnée (Phyllobates
terribilis) et elle fait partie des animaux les plus venimeux du monde. La substance que produit la
peau de cette grenouille, qui n’est longue que de trois centimètres, est si forte qu’on a la peau
qui pique lorsqu’on la prend en main. Si un animal essaie de manger notre petite grenouille, il est
voué à la mort. L’homme ne fait pas exception : si 0,00001 g de ce poison se mélange avec le
sang d’un être humain, cela le tue. Depuis plusieurs siècles, les indiens d’Amérique du Sud les
attrapent et les font rôtir sur un feu. Ensuite, ils récupèrent le jet de poison qui jaillit de leur
corps : cela suffit pour empoisonner cinquante flèches capables de tuer un singe ou un homme
en quelques secondes à peine.
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Pour échapper aux prédateurs, si on n’a pas la chance d’être venimeuse, le camouflage est aussi
une excellente façon de ne pas se faire manger. La grenouille a cornes de Malaisie vit dans les
sous-bois sombres. Elle a une couleur de feuille morte (voir photo ci-contre) , et aussi de petites
grenouille ou crapaud ?
Crapaud ou grenouille, comment faire la différence ? Les critères qui les distinguent ne sont
pas toujours clairs, ni fiables, mais voici quelques petits trucs pour les différencier :
 Les grenouilles sont actives le jour, alors que les crapauds sortent plutôt la nuit.
 Elles ont une peau lisse et de longues pattes postérieures aux pieds palmés, ils ont une
peau sèche à l’aspect verruqueux, des glandes venimeuses et des pieds peu ou non
palmés.
 Les crapauds sont essentiellement terrestres, tandis que les grenouilles vivent aux
alentours de l’eau.
Peut-être que maintenant, tu pourras les reconnaître plus facilement !
pointes sur le nez et au dessus des yeux qui ressemblent aux nervures de la feuilles. Si elle
demeure immobile, il est impossible de la repérer.
Quant à la petite grenouille arboricole d’Amérique du Sud, en étant blanche, noire et grise, elle
ressemble à une fiente d’oiseau quand elle dort dans la journée : bref, pas de quoi donner envie
aux prédateurs affamés.
COA, COA, COA
MAIS COMMENT
ELLE FAIT ÇA ?
Côa, côa, côa ! Un cri bien approprié à la grenouille. Mais comment ce petit amphibien produit-il ce son si étrange ? A la
découverte d’un véritable chant.
PRIORITE AU MALE
La plupart des femelles sont muettes. Les coassements que nous entendons près des étangs
proviennent des mâles.
En appelant, un anoure expulse l’air de ses poumons à travers le larynx, ce qui fait vibrer les
cordes vocales et produit un son. Celui-ci est amplifié et le timbre caractéristique est fourni par le
ou les sacs vocaux (voir photo ci-dessous). Quelques espèces ne possédant pas de sacs vocaux
ne peuvent par conséquent pas coasser.
SACS VOCAUX
Mais qu’est-ce que c’est exactement, ce sac vocal ? Ce sont des poches de peau au-dessous du
plancher de la bouche, ou aux coins de celle-ci, s’ouvrant dans la cavité buccal. Quand elle
chante, la grenouille garde les narines et la bouche fermées et utilise les muscles des parois du
corps et de la forge pour faire aller et venir l’air entre les sacs buccaux et les poumons.
Le niveau de fréquence des chants est en grande partie déterminé par la taille de l’amphibien,
mais peut varier quelque peu. C’est d’ailleurs souvent grâce à leur « voix » que les grenouilles se
reconnaissent entre elles et s’identifient facilement – entre mâles, évidemment.
Les autres caractéristiques du chant dépendent des modalités du flux d’air, faisant émettre par
exemple une longue note étirée, une série de notes courtes ou même des clics.
UN CHANT, UN APPEL
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A quoi servent ces chants, alors ? La plupart sont des appels d’avertissements, servant à attirer
les femelles prêtes à s’accoupler et à repousser les autres mâles hors du territoire. Certaines
espèces n’ont qu’un sorte d’appel pour ces deux objectifs tandis que d’autres en ont deux : l’une
destinée aux mâles, l’autre aux femelles.
Chez d’autres grenouilles, le répertoire s’allonge très vite : une gamme montante de chants
territoriaux fait son apparition.
La grenouille, si on la saisit, peut également pousser un cri de frayeur, en gardant cette fois-ci la
bouche ouverte. Ce n’est donc plus un coassement.
Les appels des grenouilles sont strictement spécifiques ! Et si vous avec la chance, un jour,
d’écouter un chœur de grenouilles, vous n’aurez pas de difficultés à reconnaître différents
coassements.
Les scientifiques se servent des coassements pour reconnaître les espèces, surtout les mâles,
puisque les femelles ne coassent pas. Cela donne une indication certaine, et donc précieuse.
PROTECTION
Les batraciens sont apparus sur la terre il y a cents quarante-cinq millions d’années, au début de l’air carbonifère, en même
temps que les poissons à cartilage. Vont-ils survivre à l’être humain ?
MENACES
Les grenouilles et les crapauds, les anoures en général, d’ailleurs, sont apparus il y a bien
longtemps sur notre bonne vieille terre. Ce sont les premiers vertébrés à avoir jamais marché sur
la terre ferme, bien avant les reptiles. Les batraciens ont inventé la patte et le poumon. Ils ont
connu les grandes chaleurs du tertiaire, puis les glaciations du quaternaire. Ils ont vu naître et
mourir les dinosaures, puis les mammouths.
Aujourd’hui, à cause de l’homme, de nombreuses espèces de grenouilles sont menacées.
MANQUE D’EAU
La grenouille a besoin d’eau, vous l’avez compris tout au long de ce document. C’est un élément
vital pour elle. Hors, marais, zones inondables, étangs et autres points d’eau disparaissent sous
le ciment des digues ou le goudron des routes.
Même dans les pays tropicaux, où se concentre la grande majorité des espèces connues
aujourd’hui, la destruction des forêts humides joue le même rôle et engendre des pertes
irréparables.
Alain Dubois nous fait un petit commentaire sur le sujet : « Si un accident tuait tous les habitants
d’une mare, ce n’était pas grave quand il y en avait une tous les deux cents mètres, car la
recolonisation était rapide. Aujourd’hui, elle devient improbable, tant les distances entre les
points d’eau augmentent. »
ACCIDENT DE ROUTE
Mais les grenouilles sont aujourd’hui encore exposée, comme les humains, aux accidents de la
route. Nom de ces bestioles seront tuées lors de leurs migration, sous nos roues de voiture. Le
massacre est tel que la chaussée devient parfois glissante… Imaginez le désastre !
Heureusement, à présent, on commence à créer des passages pour les grenouilles et les
crapauds afin de respecter l’itinéraire habituel de leurs migrations nuptiales. Vous pouvez voir un
« crapauduc » sur l’image en haut de la page.
CUISSES DE GRENOUILLES
Les grenouilles ne sont pas non plus à l’abris de certains goûts culinaires : les français,
surnommés par les anglais froggies (mangeurs de grenouilles), consomment trois tonnes par an,
soit cent millions de paires de cuisses. De plus, la France est le premier importateur mondial de
cuisses de grenouille.
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Souvent, les grenouilles sortent d’élevages, et donc, officiellement, aucun règlement concernant
la protection de la nature n’est enfreint.
PLUSIEURS HYPOTHESES
Malgré les efforts de protection, les populations de batraciens diminuent toujours. On voit même
des espèces, vivant dans des réserves naturelles, dans des eaux à l’abri de toute pollution,
disparaître.
Il y a eu tout d’abord deux hypothèses :
 Il y aurait une augmentation des radiations ultraviolettes, consécutive à un affaiblissement
de la couche d’ozone de la haute atmosphère.
 Le réchauffement de la planète les nuirait.
La première hypothèse a été vite écartée, car elle manquait de bon sens. Quant à la deuxième,
elle paraît peu plausible, puisqu’on a bien vu que les batraciens en ont vu des pires dans les trois
derniers millions d’années.
La plus probable est la troisième : l’acidité croissante de l’atmosphère serait néfastes aux
populations d’amphibiens. « Un épisode de pluies acides, même très bref, peut se révéler fatal
pour les œufs ou les têtards » nous explique Alain Dubois.
Mais y a-t-il réellement un rapport entre ces pluies acides et la diminution des populations de
grenouilles et crapauds ? Cela reste à voir : autrefois, on utilisait les grenouilles pour prévoir le
temps. Leur disparition est-elle le prélude d’un changement réel du climat, ou seulement la
conséquences d’une pression croissante de l’homme sur la nature ?
LE SAVEZ-VOUS ?
Les grenouilles n’ont décidément pas fini de nous étonner… Pour chlore ce document, voici quelques infos en vrac que nous
avons pêché d’un peu partout…
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On a trouvé des grenouilles gelées, emprisonnées dans la glace. Mais une fois que la glace
fondait, à la fin de l’hiver, elles se remettaient à « vivre », sautant gaiement à la recherche de
nourriture.
Au Brésil, une espèce de grenouille arboricole supporte les grosses chaleurs grâces à une
substance cireuse fabriquée par des glandes spéciales dont elle est entièrement recouverte.
La cire durcit et forme une peau imperméable qui empêche la déperdition de l’eau. Au retour
des pluies, la grenouille s’éveille et mange cette seconde peau.
Récemment, on a découvert au Brésil une grenouille qui avait de nombreuses graines dans
ses fientes. En l’observant, on la vit bondir et avaler les fruits rouges des arbustes dans
lesquels elle vivait. On ne sait pas si elle voulait véritablement les fruits ou si elle tentait
d’attraper de petits insectes qui y rampaient. Si c’était volontaire, ce serait la seule grenouille
végétarienne du monde.
La grenouille rousse ne peut pas s’alimenter sous l’eau : elle jeûne au moment des amours.
Dans certaines conditions, les grenouilles ne peuvent se métamorphoser et demeurent toute
leur vie sous forme de têtards.
Une grenouille taureau (l’espèce se nourrit quelques fois de chauves-souris) détenue dans un
zoo, a englouti seize jeunes vipères.
En Amérique du Sud, les têtards de grenouilles paradoxales (qui sont énormes : 25
centimètres… et ne feront que sept centimètres à l’âge adulte…) sont pêchés et vendus
comme met de choix sur les marchés.
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