POP`ART

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Le Pop’art est un courant artistique apparu en Grande-Bretagne au début des années 1950 et aux États-Unis au début des années 1960 qui utilise et détourne les objets liés à la société de consommation en
utilisant les codes de la publicité et de la culture populaire. Le pop art eut des précurseurs parmi certains courants d'avant-garde européens, comme Dada, ou chez certains artistes tels que Marcel Duchamp,
mais est également issu de la tradition américaine du trompe-l'œil et de la représentation d'objets familiers en vogue au XIXe siècle. À cela, il convient d'ajouter que de nombreux représentants du pop art
avaient travaillé en tant que graphistes et designers pour des agences publicitaires et des magazines de mode.
Le pop art se définit comme un mouvement anti-culturel et accessible à tous: la limpidité de son message permet de sensibiliser toutes les classes sociales et non pas uniquement l'élite de la
société. L'art du musée, réservé à une frange culturelle est remis en question car les idées qu'il véhicule sont relayées par une contre-culture marginale, celle de l'environnement immédiat,
communiquée par les media: affiches publicitaires, bande dessinée, roman-photo, télévision et cinéma.
OBJECTIFS
a) Les thèmes
Le pop art
puise ses thèmes essentiellement dans la société de consommation qui lui fournit une iconographie permanente. Des acteurs de cinéma aux denrées alimentaires en
passant par les produits d'entretien, la consommation est "magnifiée" par les créateurs ou peinte objectivement sans qu'il y ait la moindre dénonciation, au contraire des démarches voisines européennes
(Nouveau Réalisme; Nouvelle Figuration).
b) La dénonciation
Le pop art est d'abord apparu en réaction contre l'Expressionnisme abstrait des années 1940 et 1950, considéré comme trop intellectuel, subjectif et coupé de la réalité. La dénonciation s'effectue donc à
l'encontre de l'abstraction dominante de l'après-guerre en Europe et aux USA, trop axée sur les "pulsions intimes" et le "nombrilisme narcissique" de ses protagonistes. P. Smith, Rauschenberg ou
Linchenstein pastichent cette forme d'expression abstraite en la détournant. Reprenant à leur compte le projet du compositeur américain John Cage, qui était de combler le fossé existant entre l'art et la
vie, les adeptes du pop art s'intéressèrent à la vie quotidienne. Par des images reflétant le matérialisme et le kitsch de la culture de masse, ils cherchèrent à transmettre une vision de la réalité encore plus
immédiate que celle de la peinture réaliste du passé. Ils recherchèrent également l'impersonnalité en permettant au spectateur de réagir directement à l'objet et non au talent ou à la personnalité de
l'artiste, bien que la critique sociale ou la satire soit souvent présente.
c) La distanciation
Le rejet de l'abstraction amène les pop artistes à refuser de s'impliquer dans leur oeuvre qui présente un aspect mécanique par la froide exécution de l'aérographe chez Wesselman ou Rosenquist. De plus,
un certain nombre d'"écrans" façonnent une barrière entre l'oeuvre et le spectateur: les trames de Lichtenstein, les sérigraphies de Warhol ou les photos collées de Rauschenberg contribuent à distancier la
création qui prend alors un statut d'autonomie objective et ne met plus en scène le défoulement ou la facture de l'artiste.
LA DEMARCHE
Les pop artistes pratiquent des techniques influencées par celles des media et reconverties sur toile. Les modèles léchés et les aplats des affiches se retrouvent sur les tableaux des artistes américains.
Le cerne et la trame de la bande dessinée, la découpe et la mise en page de la planche contact, le cadrage insolite de la photo sont autant de procédés réinvestis en peinture pour confirmer le fait
que ces moyens de communication peuvent être artistiques.
Les matériaux issus de l'industrie moderne, comme le plastique, le polyuréthane ou la peinture acrylique y figurent en bonne place. Le pop art est l'un des principaux mouvements artistiques du XXe siècle à
remettre fortement en cause le statut général de l'image — puisqu'il eut une influence sur l'esthétique commerciale, la publicité et le dessin de mode — mais aussi la place dévolue à l'image artistique
au sein d'une culture visuelle élargie.
Enfin le désir d'incorporer la réalité à la peinture, depuis le cubisme synthétique avec la "Nature morte au siège canné" de Picasso, a pris la voie de la sublimation des éléments de rebut avec Schwitters
pour arriver à son épanouissement dans le courant "assemblagiste" du pop art qui intègre des animaux empaillés (Rauschenberg) ou aboutit à de véritables environnements chez Wesselman ou Kienholtz.
LE POP ART EN ANGLETERRE
a) Les origines
Francis Bacon constitue la référence des jeunes peintres anglais dans les années 50. Son réalisme convulsé essaie de traduire la notion de temps et d'action chez l'individu à travers des portraits où la
mouvance du trait est rehaussée de frottis gestuels; à l'exploitation contemporaine des codes traditionnels de l'espace et de la perspective s'ajoutent des incorporations photographiques de visages hurlants
extraits du "Cuirassé Potemkine" qui fascinent la jeune génération à la recherche d'un renouveau pictural.
Le pop anglais est une petite association très fermée, qui se réunit de temps à autre à l'Institute of Contemporary Arts (ICA) à Londres. Le groupe étudie la culture populaire, la technologie, la consommation
et la publicité.
b) Oeuvres et artistes
Richard Hamilton (1922)
Lors de l'exposition "l'homme, la machine et le mouvement", Hamilton présente dans un photomontage: "Qu'est-ce qui peut bien rendre nos foyers d'aujourd'hui si sympathiques ?" un condensé de
toutes les préoccupations nouvelles qui conditionnent le bien-être et la vie domestique contemporaine: le goût pour le cinéma, la BD et la science-fiction, les appareils ménagers et les soins corporels
composent en réduction une nouvelle iconographie que les pop artistes vont s'approprier. Par la suite, Hamilton poursuit sa création à partir de collages et assemblages dans lesquels figures et décors
amalgament le réalisme à l'aérographe et le non fini suggestif, à travers des prises de vue influencées par le cinéma ou le roman photo, comme dans "Interior" (1964).
David Hockney
Après une série d'oeuvres influencées par les dessins d'enfants, les graffiti ou les peintures primitives, Hockney se consacre presque exclusivement aux thèmes des piscines et des douches. Ces univers clos
privilégient un rapport eau/corps qui renvoie aux phénomènes d'immersion, d'éclaboussure flagellante et de plaisir sensuel lié à la présence tactile du soleil et du liquide enveloppant . La technique mêle
adroitement certains morceaux de bravoure, comme ses innombrables portraits au crayon permettent de le vérifier, à des réalisations volontairement gauches où aplats et perspective détournée
contredisent la virtuosité du geste.
b) Les "Pop artistes"
R. Lichtenstein (1923)
La bande dessinée constitue l'élément de base du langage plastique de Lichtenstein qui en exploite les codes de représentation -la trame pointilliste, l'aplat et le cerne linéaire- pour démontrer sa valeur
esthétique et pour que le public la considère comme un "chef d'oeuvre". Sa pratique consiste à agrandir des vignettes qu'il recadre ou recompose en jouant sur les épaisseurs des cernes ou l'équilibre des
aplats. Mais sa démarche se révèle plus complexe lorsqu'il propose un véritable discours sur la peinture en mettant à nu les mécanismes plastiques qui régissent les compositions de Cézanne, Mondrian,
Picasso ou même de l'Action painting qu'il rejette. Au delà du pastiche d'oeuvres célèbres, les codes plastiques sont interprétés: ainsi aplats, dégradés ou modelés se réactualisent à travers des trames
équivalentes (points peints au pochoir) qui instaurent une "distance pointilliste" pour dénoncer une lecture "médiatisée"; nous ne regardons plus une oeuvre originale mais sa reproduction photographique
qui passe par l'écran de la trame.
Andy Warhol (1928-1987)
Le pop art ne s'approprie pas seulement les thèmes de la culture de masse, mais également l'idée de la production par séries. Au début des années 1960, l'Américain Andy Warhol adopta une technique, la
sérigraphie, qui permet la démultiplication et la répétion, se rapprochant ainsi de la production en série de l'industrie culturelle. Il produisit ainsi des centaines d’images de bouteilles de Coca-Cola, des
portraits de Marylin Monrœ, des boîtes de soupe Campbell ou encore des boîtes de tampons à récurer Brillo en trois dimensions.Les thèmes liés à la consommation et au monde des media se présentent
froidement sous la forme de séries dans un désir de distanciation qu'Andy Warhol cultive avec l'exécution mécanique du report sérigraphique ou photographique sur toile. Aucune subjectivité dans les
multiples visages de Marilyn Monroe ou de Mao, aucune émotion dans la série des "Morts et désastres", et surtout aucune dénonciation dans l'accumulation des boîtes de "Campbell-Soup": l'image
dématérialisée ne veut donner à voir qu'un constat objectif de la société américaine, dans lequel la participation picturale s'efface derrière la robotisation des procédés. Les choix des images ne sont
jamais innocents et Warhol représente des métaphores de notre univers quotidien en rejetant l'unicité de l'objet pour réduire son identité et le transformer en concept.
Le discours des pop artistes reste volontairement froid et désengagé, laissant le spectateur hésitant quant à l’interprétation à donner à des images de violence ou d’émeute. Dès le début, le Pop art
a soulevé des passions contradictoires et à tout de suite été à « la mode » tout en faisant scandaleEmblème d’un certain mode de vie américain, l’art Pop véhicule une autre ambiguïté qui concerne la conscience
critique moderne puisque l’artiste, comme sujet, est retranché. Il relève en cela des esthétiques post-painterly qui se sont développées aux USA dans le sillage de l’Ecole de New-York. Objet d’une promotion
massive assurée par des expositions qui occupent l’avant-scène culturelle, le Pop art s’épuisera rapidement. Dans son sillage, la veine Funk aboutit à brouiller la lisibilité de l’objet consommable et à pervertir sa
valeur conventionnelle. Se développera ainsi un art de provocation - Shocker Pop ou Acid Pop - qui combinera toutes les formes d’expression en des environnements critiques, comme en témoignent les
installations de Kienholtz.
L'impact du Pop art atteint l'Europe et inspire le Nouveau Réalisme et la Nouvelle Figuration dont les démarches sont cependant différentes.
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 Marie-France Genochio Steinmetz
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