Deuxième édition du Colloque Scientifique International « Religion et droit » 20 et 21 novembre prochain - Rabat. Droit et religion Droit et religion ; deux termes difficilement conciliables. Le premier est d’ordre conventionnel, il renvoie au relatif, à la vie icibas…. Le deuxième est d’ordre divin et se rapporte à l’absolu, au spirituel et tend à se délivrer des nécessités spatiales et des contraintes temporelles. L’omniprésence de la religion dans la vie des communautés musulmanes, peut-elle être expliquée, même en partie, par le fait que l’Islam est en quelque sorte une religion « civile », inhérente au quotidien du musulman? On oublie souvent que le mariage, le divorce, les successions, les obsèques funéraires se font jusqu’à présent selon les préceptes religieux, sans oublier non plus la codification des transactions et le règlement des conflits, qui ont toujours été des domaines réservées à la shari’a. C’est dire combien l’Islam ancré dans le quotidien du musulman est vécu d’une manière presque inconsciente, voire même séculière. Quel est le rapport entre Religion et Etat au Maroc d’aujourd’hui ? Et plus précisément, quelle est la place de l’Islam dans l’arsenal juridique marocain ? Cette question dépasse de loin l’approche juridiciste au vu de l’environnement national et régional marqué par la montée (ou la chute !) des mouvements islamistes, voire même leur prise du pouvoir dans certains pays suite aux événements du « Printemps arabe ». Loin de nous la prétention de régler cette problématique que l’Histoire sociale et politique peine à résoudre. Notre souci se limite plutôt à soulever des sous-interrogations afin de formuler quelques éléments susceptibles d’éclaircir cette problématique centrale : a- L’Islam serait-il, contrairement à toutes les religions, à la fois Etat et religion? L’Histoire ne nous montre-t-elle pas que toute entité ayant associé religion et Etat n’a engendré que le despotisme politique ? b- Serait-il possible, comme le prétendent les mouvements islamistes, de traduire les préceptes religieuses en un acte politique, voire même juridique ? c- Quels rapports peut-on détecter entre la règle juridique et l’ordre religieux? Comment se positionner devant cette profusion croissante des fatwas qui tendent à se substituer aux lois censées régir la vie sociale et politique. d- quelle est la place de la religion dans le dispositif des articles de la nouvelle constitution marocaine ? e- L’intégration des statuts religieux dans le registre des règles juridiques (privées ou publiques) ne mène-t-elle pas à l’atteinte aux libertés et droits de l’homme ? La religion doit-elle freiner le processus de la législation civile? f- La question de la religion ne s’inscrit-elle pas profondément dans une problématique socio-historique dépassant de loin le simple cadre institutionnel, juridique et politique ? g- La critique de la pensée religieuse ne serait-elle pas finalement la condition, sine qua non, de l’institution d’un Etat moderne ? Nous ne prétendons nullement être en mesure de porter des réponses à des questions aussi épineuses, mais en revanche, nous proposons de réfléchir sur quelques interactions inhérentes au rapport religion/droit qui demeure toujours problématique non seulement au Maroc, mais partout dans le monde arabe, voire même musulman.