historique de la publicite et de la publicite politique

publicité
Exposé sur la publicité politique préparé par Marc LARUE et Ouaeb CHIKHAOUI , NOMIC
LA PUBLICITE POLITIQUE
INTRODUCTION : HISTORIQUE DE LA PUBLICITE, DE LA PUBLICITE POLITIQUE,
ET SA DEFINITION
I- LA PUBLICITE POLITIQUE, DEFINITION ET LEGISLATION
1-Définition de la publicité politique
2- Législation de la publicité politique :
2.1 La loi du 15 janvier 1990 :
a/ Pour le candidat :
b/ Les collectivités :
c/ Campagnes présidentiels
II-LA PUBLICITE POLITIQUE, SES TECHNIQUES, SES SUPPORTS
1-La politique et les techniques mercantiles
2-Les sondages
3-Les professionnels de la communication aux services des hommes politiques
4-Les moyens publicitaires dominés par la télévision
III- PUBLICITE POLITIQUE INTERNATIONALE
1/ L’amorce des USA
2/ La publicité politique payée acceptée dans certains pays
3/ Publicité politique et limites de dépenses de campagne
CONCLUSION : la publicité politique, vers une dérive de la « politique spectacle » ?
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HISTORIQUE DE LA PUBLICITE, DE LA PUBLICITE POLITIQUE, ET SA
DEFINITION
C’est au 19 ème siècle, en France, que la publicité prend place dans la presse sous une autre
forme que des annonces.
En 1836, Emile de Girardin, dans son quotidien « la Presse », a l’idée de vendre des pages de
son journal pour l’insertion de messages publicitaires.
L’affichage et la presse écrite sont jusqu’à la seconde guerre mondiale, les principaux
supports de la publicité. De la fin du 19ème siècle aux années 1930, peintres et dessinateurs
ne dédaignent pas l’affichage, contribuant ainsi à la valorisation sociale de la publicité.
La généralisation de la radio à partir de 1920 offre de nouvelles perspectives à cette dernière
et surtout, ouvre un nouvel espace de créativité.
La publicité se reconnaissait à cette période sous le terme de propagande.
La guerre 14-18 est le déclencheur d’une grande diffusion de la propagande par l’occupation
physique ou idéologique du terrain par tous les supports disponibles : presse, radio, journaux,
tracts, affiches, cinéma.
On peut parler d’industrie de la propagande, qui lorsqu’elle est utilisée à grande échelle,
mobilise et influence les foules.
Exemple de la propagande nazie, fasciste, soviétique, japonaise.
Ce système atteindra son apothéose technologique lors de la seconde guerre mondiale qui
constitue ainsi une fin de parcours politique. La propagande politique s’arrête et commence
alors la publicité politique.
A partir des années 1960, la télévision devient à son tour, après la radio, un nouvel espace de
créativité pour la publicité, mais son apparition en politique est plus subtile.
En effet, la télévision a subi une baisse de crédibilité à cause de la propagande nazie et
communiste (Bolchévique). Avec le temps, elle retrouve une nouvelle identité, une nouvelle
légitimité et l’on ne parlera plus de propagande mais de communication politique.
La publicité a été inventée aux USA, et ce pays a donné également le jour au marketing
politique qui est aujourd’hui utilisé abondamment. Le marketing politique s’affirme comme
un outil récent de la communication politique. Sa nécessité résulte de la conjugaison du
suffrage universel, de la démocratie et du développement des moyens d’information.
Le marketing politique est un conglomérat de méthodes ayant pour objectif de faciliter
l’adéquation d’un candidat à son électorat potentiel, de le faire connaître par le plus grand
nombre d’électeurs. Il faut créer la différence avec le concurrent et avec un minimum de
moyens, d’optimiser le nombre de suffrages que le candidat doit gagner au cours de la
campagne. Une fois cette alchimie mis en place, une stratégie de communication notamment
publicitaire peut-être élaborée.
Les techniques de la publicité ont été largement utilisées au cours de toutes les élections
présidentielles, aux États-Unis, à partir de la fin du XIX ème siècle, et, en particulier, lors de
l'élection de 1936, à l'issue de laquelle l'élection de Roosevelt a été, pour la première fois,
prévue par l'institut de sondage Gallup. En France, en vu de l’élection présidentielle de 1965,
une campagne publicitaire lancée courant l’année 1964, avait tenté de promouvoir la
candidature de Gaston Defferre. Il avait été présenté comme "Monsieur X", en particulier
dans le journal L'Express, qui avait organisé l'attente de son apparition publique.
Lors des élections présidentielles de 1965, Jean Lecanuet a utilisé de son coté la publicité
politique à la télévision.
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I- LA PUBLICITE POLITIQUE, DEFINITION ET LEGISLATION
1-Définition de la publicité politique :
La publicité politique est une activité à dimension économique poursuivant une finalité de
persuasion politique, et est caractérisée par une diffusion payante.
Selon Jacques Gerstlé, la publicité pourrait être considérée comme l’essence même de la
communication politique.
La publicité politique est fait pour influencer le citoyen par le recours à la séduction, en leur
communiquant des informations ou des idées mais surtout en créant des impressions.
Par la publicité, l’acteur politique achète du contrôle sur sa communication. Il s’assure le
concours d’un média au minimum pour diffuser à un moment et dans un espace donné, un
message calibré vers un public plus ou moins large fidélisé et connu.
L’état est la plus grosse puissance publicitaire qui entre en action à l’occasion des campagnes
gouvernementales ou ministérielles.
Mais, les organisations politiques (UMP, PS, UDF, PC…), ont également un recours croissant
à ces techniques en période électorale ou hors période électorale.
2- LEGISLATION DE LA PUBLICITE POLITIQUE :
Un certains nombre de lois ont modifié le paysage de la publicité des hommes
politiques afin d’interdire ou restreindre le recours à certaines formes de publicité.
- La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, réservait à l’affichage électoral un
régime de liberté absolue.
Après un certain nombre d’abus et de dérives, la législation a évolué.
- La loi du 29 décembre 1966 a introduit l’interdiction de la publicité politique dans la
presse pendant la campagne électorale.
- La loi du 29 décembre 1979 interdit l’affichage sur les immeubles classés, ou inscrits
dans les sites classés, sur les arbres et les monuments naturels dans les parcs nationaux ainsi
que les réserves naturelles.
- La loi du 13 décembre 1985 relative à la communication audiovisuelle a interdit la
publicité politique par tout moyen de communication audiovisuelle.
- La loi du 30 septembre 1986 interdit les émissions publicitaires à caractères
politiques à la radio et à la télévision.
- la loi du 11 mars 1988, avec des dispositions relatives à la transparence financière de
la vie politique a interdit la publicité politique à la radio et à la télévision.
Suite aux affaires politico financières de 1988 et 1989, tel que Urbatechnic à
Marseille, et les dispositions d’amnisties en 1990 (s’il n’y a pas eu d’enrichissement
personnel) qui s’en sont suivies, les parlementaires ont voulu moraliser la vie politique.
- L’idée maîtresse a été d’encadrer juridiquement les moyens de communication
électorale avant l’ouverture de la campagne officielle, et elle s’est concrétisée par la loi du 15
janvier 1990 relative à la limitation des dépenses électorales et à la clarification de la vie
politique. En 1990, la Commission Nationale des Comptes de Campagne et des Financements
Politiques, CNCCFP a été créée et l'ordonnance du 8 décembre 2003 lui donne désormais le
statut d'autorité administrative indépendante avec comme compétence d'arrêter le montant du
remboursement forfaitaire de l'Etat.
- En 1993, la loi SAPIN a encore un peu plus modifié la vie politique, en limitant
encore davantage les dépenses de campagne notamment celles des députés, elle a servi à
prévenir la corruption, rendre transparente la vie économique et les procédures publiques. Elle
a rendu obligatoire la publication des dons de personnes morales. Puis la loi du 19 janvier
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1995 a interdit les dons des personnes morales, les personnes physiques peuvent toujours
contribuer au financement de la campagne d'un candidat dans la limite de 4 600 € (30 000 F).
Pour les députés proclamés élus, une obligation de déclarer leur situation patrimoniale a été
introduite pour empêcher l’enrichissement personnel.
La loi du 1er septembre 1996 (code électoral), relative à la transparence de la
vie politique : tous les élus ont obligation de déclarer leur situation patrimoniale pour
empêcher leurs enrichissements personnels.
Le financement public : la loi du 11 mars 1988 a ajouté au remboursement
traditionnel par l'Etat des dépenses de propagande, un remboursement forfaitaire. Celui-ci,
en 1988, avait été fixé à 10 % du montant des dépenses électorales. Pour compenser les
effets de l'interdiction du financement par les personnes morales, la loi du 19 janvier 1995 a
porté le remboursement à 50 % du plafond. Pour avoir droit au remboursement, il faut avoir
obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés au premier tour de scrutin. Sont exclus du
remboursement, outre les candidats qui n'ont pas obtenu ces 5 % : ceux qui ont dépassé le
plafond ; ceux qui n'ont pas respecté les prescriptions relatives au compte de campagne
(voir ci-dessous) ; ceux dont le compte a été rejeté ; ceux qui n'ont pas déposé, alors qu’ils y
étaient astreints, leur déclaration de patrimoine.
Chaque candidat est tenu d'établir un compte de campagne, retraçant selon leur
nature l'ensemble des recettes perçues et des dépenses effectuées par lui-même ou pour son
compte pendant l'année qui précède l'élection. Pour recueillir des fonds en vue du financement
de sa campagne, le candidat désigne un mandataire financier unique, qui ouvre un compte
bancaire ou postal centralisant toutes les opérations financières de la campagne.
2.1 La loi du 15 janvier 1990 :
Elle plafonne les dépenses de campagne et limite les recours aux formes les plus coûteuses de
la publicité. Cette loi s’applique aux campagnes municipales, cantonales, régionales et
législatives.
a/ Pour le candidat :
3 mesures ont été prises :
 La première concerne l’interdiction de l’affichage sauvage en dehors des panneaux
électoraux pendant les 3 mois précédent le 1er jour du mois d’une élection, un
emplacement spécial est réservé à chaque candidat.
 La deuxième mesure vise à interdire la publicité politique individuelle des candidats
pour qu’ils n’utilisent pas à des fins de propagandes électorale des procédés de
publicité commerciale par voie de presse, d’affichage sur panneaux 4x3, ou de
communication audiovisuelle, toujours pendant la période des 3 mois précédent le 1er
jour du mois d’une élection.
 La troisième mesure interdit le marketing téléphonique à numéro vert.
Une autre limite se situe dans le respect du principe de continuité ou d’antériorité. Lors de la
campagne électorale, le candidat ne doit pas sortir de ses habitudes de communication, ou de
ce qui est normalement fait en période non électorale.
Pour les rédacteurs de la loi, l’esprit de cette loi est de refuser tout caractère publicitaire donné
à l’information ou à la communication. Le terme publicité recouvre un élément
commercialisé, ils considèrent qu’il est incompatible avec l’idéal d’une campagne électorale
et l’égalité des candidats dans le financement. Les candidats devraient donc se départir d’une
réflexion de promotion avantageuse et, à l’opposé, s’engager dans un type de campagne qui
privilégierait la discussion, le dialogue. On appelle cela, la campagne de proximité.
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Si un candidat dépasse les limites fixées, la campagne peut-être considérée comme illicite.
Quatre organes qui ont des compétences complémentaires peuvent être saisies :
 Le juge pénal : il est chargé d’appliquer les sanctions pénales prévues dans le
cas de la violation des dispositions de la loi, conformément au code électoral.
(Les sanctions définies aux articles du code pénal ont un caractère supplétif).
 Le juge de l’élection : il est chargé de traiter les recours en annulation dirigés
contre les résultats des opérations électorales.
(il doit se prononcer sur les illégalités ou manœuvres qui ont pu entraver
l’opération électorale. Le tribunal administratif peut-être saisi en premier
ressort, le conseil d’état étant chargé de l’appel. Pour les élections européennes
et régionales, c’est le conseil d’état qui est compétent en premier et dernier
ressort. Enfin pour les élections législatives, sénatoriales et Présidentielle, c’est
le conseil constitutionnel qui est compétent en premier et dernier ressort).
 La commission nationale des comptes de campagne et des financements
politiques : elle approuve, rejette ou réforme les comptes de campagnes.
(Les dépenses de communication sont à intégrer dans les comptes de
campagne. S’il y a eu irrégularité, la commission doit saisir le juge de
l’élection. Cette commission doit systématiquement contrôler tous les comptes
de campagne).
 Le conseil supérieur de l’audiovisuel : Il examine exclusivement à posteriori
les messages divulgués sur les chaînes de télévision et les postes périphériques.
Cet organe veille à ce que les temps d’antenne des candidats à la télévision ou
à la radio soient identiques.
(Les campagnes qui mettent en avant les réalisations effectuées dans un
domaine de la compétence de la collectivité seront refusées dés lors qu’elles
mettent en valeur un élu et son équipe, en place et lieu de la collectivité locale.
Les sanctions sont pécuniaires principalement).
Si des sanctions pénales sont organisées par la loi, elles frapperont le bénéficiaire de la
campagne publicitaire mais également l’auteur de la campagne publicitaire.
b/ Les collectivités :
Pour une collectivité, la période d’interdiction est portée à 6 mois à compter du
premier jour du 6ème mois précédant le mois d’une élection.
Pendant cette période, la collectivité doit respecter l’interdiction :
« Aucune campagne de promotion publicitaire des réalisations ou de la gestion d’une
collectivité ne peut être organisée sur le territoire des collectivités intéressées par le scrutin ».
Cette interdiction avait soulevé au parlement, une véritable levée de boucliers. Le
rapporteur de la loi, Robert SAVARY en avait même demandé en première lecture devant
l’assemblée nationale sa suppression. Il en avait exprimé une approche minimaliste, limitant
la portée de la loi au seul territoire des collectivités concernées : la commune dans le cas
d’une élection communale, le département dans le cas d’une élection de conseil généraux…
Le sénat a apporté des corrections plus strictes puisque l’interdiction porte sur un
territoire plus vaste que celui des collectivités qui communiquent. Le CSA a refusé en 1992,
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la diffusion sur les chaînes de télévision d’un spot réalisé par une région, parce qu’une
élection cantonale devait avoir lieu sur son territoire.
Nous avons détaillé les actions de communications autorisées et interdites pour une
collectivité, par la loi du 15/1/1990 dans l’annexe 1.
c/ Campagnes présidentiels :
Pour les campagnes présidentielles, les différents candidats doivent recevoir les mêmes
conditions de traitements de la part des pouvoirs publics.
 Un affichage minimum leur est assuré.
 L’envoi de leur profession de foi est acheminé par les préfectures.
 un temps d’antenne minimum leur est réservé à la radio et à la télévision, le
CSA comptabilise les temps de paroles des différents candidats.
 Chaque candidat a le droit de dépenser jusqu’à 13,7 millions d’euros pour le
premier tour, et 18,3 millions d’euros pour le deuxième tour.
II-LA PUBLICITE POLITIQUE, SES TECHNIQUES, SES SUPPORTS
1-La politique et les techniques mercantiles :
Depuis quelques années, le métier politique évolue, se transforme.
La vie politique se structure, s’organise, se professionnalise pour se mettre au service d’un
leader.
Les nouveaux dirigeants se comportent en véritables patrons et sont entourés d’une équipe se
composant de militants, de conseillers et de techniciens (attachés de presse, pro. de la com.).
Leurs objectifs est le pouvoir. Il faut donc battre les concurrents.
Ce sont déjà de véritables équipes très efficaces qui sont à leurs services et mobilisent leurs
ressources financières, humaines, leurs réseaux.
Ils construisent, par l’intermédiaire des média, une représentation positive de leurs leaders, de
leurs programmes, de leurs styles.
Leurs problèmes est l’argent : salarier une équipe coûte cher, et le militantisme bénévole se
perd. Pour compenser les pertes en bénévoles, des permanents sont employés et des entorses
au système ont été utilisées en dénichant notamment des emplois fictifs.
Les hommes politiques ont recours aux techniques mercantiles pour cibler notamment leurs
électeurs potentiels. C’est la communication politique mercatique. Il faut rendre attractif un
homme, un parti, un programme.
Ils se font alors épauler par le publicitaire qui va employer toutes les techniques utilisées par
les produits de grande consommation : affiches, slogans, tracts, phoning, mailing…
Aux USA, Madonna a été conviée à une campagne politique pour laquelle elle devait
encourager les électeurs à aller voter en dansant enveloppée dans un drapeau américain. Vous
aurez compris, que le drapeau constituait l’emballage du produit, et le produit lui-même était
à son tour plutôt alléchant, surtout pour la gente masculine (femme objet).
Aux Etats-Unis, cette transposition, depuis les débuts du marketing politique, est devenue
systématique et massive.
En France, la campagne de 1988 développe l’affichage commercial, l’achat d’espaces dans la
presse écrite, la sloganisation et les petites phrases s’inspirant des techniques de la publicité.
Elle voit apparaître les clips politiques.
Les émissions des partis politiques, dans le cadre de la campagne officielle à la télévision,
pour les législatives de 1993, utilisent des procédés qui s’apparentent à ceux des spots
commerciaux.
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La communication politique a également emprunté au marketing son vocabulaire, on retrouve
les termes de créatif, concept, image, cible positionnement, support, impact, visuel…
Elle répond à une dynamique de conquête, de part de marché dû à un environnement très
concurrentiel.
On est désormais passé du marketing de l’offre (voilà qui je suis) à celui de la demande (c’est
moi qui peux le mieux répondre à vos attentes).
En effet, le candidat ne va pas être élu sur un programme qu’il va appliquer par la suite.
Il se construit d’abord une image de marque qui lui garantit son élection, puis il tentera
d’appliquer son programme.
L’émergence des nouvelles technologies, permet aux hommes politiques d’élaborer et même
d’améliorer leurs campagnes politiques publicitaires :
- Création de CDROMS
- Diffusions par satellites de leurs meetings (vidéoconférence)
- Les numéros verts hors période électorale
- Le minitel
- Surtout INTERNET en créant des sites, en répondant aux mails, en dialoguant en
direct avec leur public (Chat), ou en ayant développé un Blog.
Le blog est le dernier outil interactif à la disposition de l’homme politique, c’est une page
personnelle qui se décline en journal de bord, album photos ou chronique quotidienne, il
se veut interactif, car le lecteur peut déposer une note pour réagir aux idées émises. Il est
prévu que ce nouvel outil de communication va se développer énormément pour la
prochaine campagne présidentielle.
2-Les sondages :
En période électorale, il en paraît 1 par jour, 2 par semaine en période chaude, 3 par mois en
période froide.
La législation de 1977 visait à interdire les sondages pendant la dernière semaine de
campagne électorale. Elle est naturellement obsolète depuis qu’ils sont publiés sur Internet et
les journaux. En 1997, la « République des Pyrénées » et le « Journal du dimanche » n’ont pas
hésité à braver les lois.
D’ailleurs, la loi du 19/2/2002 a aboli la précédente. Le législateur a pris conscience de
l’évolution des pratiques de consommation de l’information des électeurs. Les sondages ont le
droit d’être publiés jusqu’à la veille de chaque tour de scrutin.
Mais, l’influence des sondages pour la dernière élection présidentielle a relancé le débat.
3-Les professionnels de la communication aux services des hommes politiques :
Ce sont en majorité des publicitaires qui ont travaillé pour la communication politique,
Crespi, Audour, Jacques Pilhan…
Le plus connu est Jacques Séguela qui a écrit un livre « fils de pub » dans lequel il relate ses
expériences passées et dont nous vous livrons un court extrait:
« On ne sert pas en même temps ses 2 maîtresses que sont la publicité et la politique. Tout
sépare ces sœurs ennemies. L’une est passion et rêve, l’autre froideur et réalité. L’une est
optimisme et spontanéité, l’autre est méfiance et calcul. L’une est séduction et dérision,
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l’autre, pression et possession. A voler de l’une à l’autre, je ne pouvais que me brûler les
ailes ».
Jacques Séguela a participé à la campagne du RPR en 1976 avec comme slogan : « oui à la
France qui gagne ».
Puis celle du PR en 1977, « La majorité aura la majorité ».
Celle du PS en 1978, « Le socialisme, une idée qui fait son chemin ».
Enfin, celle de 1981 pour la campagne de François Mitterrand : « L’autre chemin »,
« D’abord l’emploi », « la force tranquille ».
Il a ensuite exporter son savoir en Bulgarie, Tchécoslovaquie et même jusqu’en Russie auprès
de Boris Eltsine.
En France, il y a 200 professionnels de la communication politique. Aux USA, on recense
3000 cabinets et 7000 consultants indépendants.
Dans notre pays, les professionnels de la communication se méfient de la politique, ils ont
notamment peurs de se voir affecter une étiquette.
Inversement, les politiques n’ont pas très confiance envers les communicants. Le rôle joué par
les professionnels de la communication se réduit souvent à celui de simple technicien.
En 1981, J. CHIRAC a même changé 3 fois de conseils dans sa campagne.
4-Les moyens publicitaires dominés par la télévision :
Il existe de nombreux moyens publicitaires : l’affichage, la presse, la vidéo, les brochures, les
tracts, la radio, la télévision, Internet (le blog…)…
En 1965, la télévision a été utilisée pour la 1ère fois dans une campagne politique. Il s’est alors
posé le problème de l’interaction des média : presse écrite et radios annonçant et rendant
compte des émissions d’images. Ce souci de présence parallèle dans la presse et à la
télévision allait définir une nouvelle approche de la presse écrite.
Conséquences, les supports à images fixes, affichages 4x3, 40x60, les tracts, les publicités
dans la presse ont été supplantés par la télévision.
La télévision est aujourd’hui le support de référence. Elle constitue avec la radio 2 supports
dynamiques.
La télévision est également le support le plus efficace en matière de communication et de
publicité politique.
La loi de 1990 a consisté à réglementer l’espace et la teneur des messages, il y a surtout eu
une diversification des formules politiques offertes par la télévision qui cherche malgré tout à
faire de l’audimat.
En 1965, on disposait que d’une procédure à une voix, le monologue (De Gaulle parle aux
Français), ou à deux voix, l’interview (De Gaulle interviewé par un journaliste).
Depuis, il y a eu des évolutions de formules :
- le face à face avec ou sans arbitres
- le face à la presse type heure de vérité
- le face au public avec un panel de spectateurs rassemblés
- le face à la nation avec un panel de spectateurs disséminés
- le face à l’actualité avec une série de documents
- la table ronde avec un médiateur animateur, gestionnaire de conflits
- le forum avec la participation du public
- le show comme Mitterrand – Mourousi en 1985 ou Chirac – TF1 en 1996.
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Tous ces dispositifs ont pu aussi se combiner comme dans les émissions « PUBLIC » ou
encore « 7sur 7 ».
La télévision a également renouvelé son offre de produits :
Avant, il y avait le reportage de complaisance, aujourd’hui, il y a les clips politiques. Les clips
politiques apparaissent comme le substitut des spots. Le clip politique apporte au candidat une
aura de jeunesse et de modernité, il apparaît « branché ». Leur but est de déstabiliser le
citoyen.
Le premier clip a été lancé par Mitterrand en 1988, où 500 plans se bousculant en
surimpression, ont défilé pendant 80 secondes. Dans ce cas, la profusion d’images
accompagnées d’un habillage sonore relevait plutôt de l’hypnose, que de la séduction.
Les spots sont interdits en tant que tel, mais ils sont utilisés par les formations politiques dans
les campagnes électorales, et alimentent les émissions des candidats, mais aussi les débuts de
meetings de soutien. Les émissions d’éducation sémiologique (étude des signes non
linguistiques) de type « Arrêt sur image » ou les émissions d’éducation politique les ont
également utilisés lorsqu’elles voulaient démontrer un processus du type « Le Pen dans le
texte » ou « Bienvenue à Vitrolles ».
Enfin, il ne faut pas oublier les films de propagandes comme « le 47.3 » de Moati pour le PS
qui a été diffusé par Arte, ou « Culture Pub » qui nous a donné une ouverture sur la
communication politique internationale.
Cette théâtralisation de la vie politique par la télévision, modifie le rapport entre le pays et le
pouvoir.
Plus généralement, les média technologiques jouent le rôle qui était dévolu aux assemblées
d’élus, en annonçant avant eux, les décisions prises, et que l’on entend le soir même par le
journal de 20 heures, ou que l’on lit dans les journaux, les magazines…
La communication politique est aujourd’hui dominée par une stratégie télécratique avec 3
moments fondamentaux :
- la conquête du pouvoir
- la gestion du pouvoir
- le changement ou le renouvellement du mandat
Depuis les années 1980, la télévision a connu le développement d’émissions satiriques où les
principaux hommes politiques nationaux et internationaux ont été caricaturés (cela a
commencé par « le Bébête show » où Mitterrand était représenté en grenouille et Chirac en
Aigle, Georges Marchais en cochon…). Aujourd’hui, une émission « Les guignols de l’info »
caricaturent toujours les personnalités notamment politiques, en fonction de l’actualité du
moment.
Ces émissions de parodies politiques, ont contribué et contribue toujours à faire connaître les
hommes politiques, à les rendre sympathique, même s’ils sont ridiculisés, on parle d’eux.
Elles ont même une fonction éducative auprès du jeune public.
Pendant la campagne présidentielle de 1995, les guignols de l’info ont copieusement
ridiculisé le slogan de campagne et l’image de « la pomme » que J. Chirac avait choisi, mais,
le futur président s’est habilement servi de la notoriété de l’émission satirique pour asseoir sa
candidature. Il a été pour cette campagne très bien entouré.
III- PUBLICITE POLITIQUE INTERNATIONALE :
Dans les pays étrangers, on sait que la croissance des dépenses en matière de publicité
politique est importante. Sa dimension économique est aisément vérifiable lorsque l’on
examine les budgets publicitaires des acteurs institutionnels et politiques.
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1/ L’amorce des USA
La publicité politique est bien sûr née aux USA avec la campagne électorale de Roosevelt en
1932. De nos jours, des millions de dollars sont dépensés par les hommes politiques
américains, le dernier en date est Schwarzenegger en 2003 pour devenir gouverneur.
Auparavant, il y avait eu Georges Bush junior en 2002. La publicté politique jouit d’une
dimension économique exceptionnelle.
Déjà de 1980 à 1984, on a calculé une augmentation de 50% des dépenses électorales. En
1980, Jimmy Carter, Ronald Reagan ont consacré plus de la moitié de leurs dépenses de
campagne, à la publicité électorale à travers les média.
En 1988, chaque candidat recevait 46 millions de dollars de crédit fédéral pour financer leur
campagne. Bush père et le démocrate Dukakis ont dépensé un total de 65 millions de dollar
uniquement en publicité télévisée auxquels il faut rajouter 14 millions dépensés par leurs
partis respectifs.
2/ la publicité politique payée acceptée dans certains pays :
La caractéristique générale que l’on retrouve dans les pays qui permettent la publicité
politique payée est que cette publicité n’est pas restreinte, alors que le temps d’antenne gratuit
est assujetti à un partage prédéterminé. De là, les partis peuvent acheter autant de temps
qu’ils peuvent financièrement se le permettre.
Il ne s’agit pas là d’une norme universelle. Un certain nombre de pays tel que le Canada, le
Venezuela, l’Italie, les USA, qui ont un système mixte de publicité payé et gratuit, accordent
un bonus temps gratuit égal au temps payé.
3/ Publicité politique et limites de dépenses de campagne :
Une façon indirecte pour réglementer la publicité politique payée dans bien des pays est de
limiter les dépenses de campagnes.
De telles limites s’appliquent généralement à la publicité télévisée qui est le média le plus
dispendieux du budget de la campagne, celui qui se fera le plus sentir. Au Canada, limiter les
dépenses signifie que les partis ne peuvent jamais utiliser toute la part du temps publicitaire
qui leur est accordée. Certaines lois sont claires sur ce point.
Aux élections de 1994, en Afrique du sud, la loi stipulait que toute publicité politique était
assujettie à des limites légales sur les dépenses de campagne.
Dans un système de publicité politique payé, on peut donner une chance aux partis les plus
pauvres en contrôlant le financement des campagnes électorales.
Lors des premières élections parlementaires en Mongolie, chaque parti s’est vu accorder le
même temps gratuit et payé ; le gouvernement a cependant subventionné le temps payé des
plus petits partis.
On suggère parfois une formule pour équilibrer les dépenses d’élections comme un moyen
d’appliquer les limites des dépenses de façon non maladroite. L’idée est d’établir des limites,
si une part excède ces limites, les autres recevront du temps égal payé par des fonds publics.
CONCLUSION : la publicité politique, vers une dérive de la « politique spectacle » ?
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Cultivant une fois de plus l’exception, la France est devenue aujourd’hui une des rares
démocraties à limiter la publicité politique. Toutes les démocraties la pratiquent à l’exception
de notre pays.
Berceau de la contestation publicitaire, notre pays est aussi celui où la classe politique ne
cesse d’exprimer ses réticences à l’égard de la communication politique. Ces vieux réflexes
anti-pub et anti-sondages renvoient à une culture bien ancrée de méfiance des élites
politiques français à l’égard de l’argent, du commerce, du peuple, et des USA.
De son coté, l’opinion publique a évolué, et suivant un sondage récent réalisé en 2004 par
l’Ipsos, un français sur deux est favorable à la publicité politique, surtout pour la classe d’âge
des moins de 35 ans.
Les interdictions successives pour tenter d’arrêter les pratiques frauduleuses de financement
de la vie politique, ont contribué à marginaliser encore un peu plus la sphère politique.
Ce ne sont pas non plus les échecs successifs de la dissolution manquée de 1997 ou les
dernières élections de 2002 avec le deuxième tour Chirac/Le Pen qui ont réussi à
recrédibiliser la vie politique française, et redorer leur image.
On le sait bien, la communication politique est devenue une ressource dont les média ont
accru le caractère stratégique par la fabrication rapide et la diffusion massive de l’information.
Mais c’est sans doute avec l’apparition de la télévision, que la publicité politique a pris toute
son ampleur. Aujourd’hui, les hommes politiques passent leurs temps dans des émissions
télévisées qui ne sont plus à caractère politique, peu d’émissions comme MOTS CROISES ou
France EUROPE EXPRESS alimentent le débat politique à la télévision. Les images de la vie
privée des hommes politiques sont dévoilées dans des magazines « people » comme PUBLIC
ou CLOSER. On assiste malheureusement à de la « politique spectacle » et donc à des shows
politiques de ces protagonistes qui mettent en avant leur personnalité, basée sur leur charisme
ou leurs petites phrases, et de moins en moins sur leurs solutions politiques.
Jacques Séguéla explique que « faire le beau devant Michel Drucker est un passage obligé »,
vous l’aurez compris dans l’émission « Vivement dimanche ».
Déjà, en 1992, lors du journal télévisé d’Antenne 2, Paul Amar s’est illustré en passant des
gants de boxe à Tapie et à Le Pen. Le présentateur a par la suite été licencié.
En définitive, il semblerait qu’on assiste plutôt à la médiatisation de l’image de l’homme
politique plus qu’à ses propres idées. Ce constat est aussi présent à l’étranger, dans les pays
occidentaux mais aussi dans les pays en voie de développement comme par exemple au
Libéria avec la candidature de l’ancien footballeur du Milan AC, Georges Weah qui s’est
présenté à l’investiture présidentielle sans vrai programme, mais malgré tout avec des
convictions.
N’oublions pas que dans ce monde impitoyable, le candidat a du mal à prendre des mesures
impopulaires, cela se traduit par une érosion de la côte de l’homme politique, immédiatement
amplifiée par les média. Ainsi la communication politique se cale sur un modèle
d’actionnariat politique fondé sur la gestion d’un portefeuille de l’opinion publique et sur une
éthique de la transaction.
La publicité va-t-elle pouvoir embellir l’image de nos hommes politiques français ? L’avenir
nous le dira. Nous leur souhaitons beaucoup de courage car les difficultés à venir pour gérer
l’état et les collectivités territoriales vont entraîner nécessairement des mesures impopulaires
qui auront comme conséquences une fluctuation toujours plus importante de l’électorat.
Il sera donc nécessaire d’avoir de plus en plus de moyens en employant des arguments
publicitaires très convaincants du type « Gel douche OBAO » pour obtenir le suffrage des
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électeurs masculins et plutôt du type « Chippendales » pour obtenir les voix des électrices
féminines…
Références : www.khider.net – www.vie-publique.fr –
Livres : La publicité politique de J.P. GOUREVITCH
La nouvelle communication en campagne électorale éditions Joly
Le marketing politique, PUF « que sais-je ? », Michel bongrond
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Annexe 1 :
Actions de communications autorisées et interdites par la loi du 15/1/1990, pendant les 6 mois
précédent une élection pour les collectivités :
 Les salons : la collectivité a interdiction de tenir un stand pour présenter les
réalisations, les projets de la collectivité sont interdits.
Par contre, la collectivité a le droit de parrainé ou sponsorisé un salon, mais ne
doit pas apparaître de manière trop voyante.
 Colloques et créations d’évènements : il est interdit d’organiser un évènement
dont le but est de promouvoir les réalisations et montrer les interventions de la
collectivité. Sauf si le thème du colloque est purement politique ou électoral,
ou encore d’ordre économique, social ou culturel. Si une manifestation est
régulièrement organisée, la collectivité sera quand même limitée dans sa
campagne publicitaire, notamment à l’affichage, si le nom de la collectivité est
mentionné, cela peut tomber sous le coup de l’interdiction.
 La Presse : l’achat d’espace dans la presse pour faire un article à présentation
rédactionnelle sur la gestion des réalisations d’une collectivité ne peut-être
réalisé. L’achat d’espaces pour annoncer un concert, une manifestation
quelconque auquel est associée explicitement une collectivité est interdit.
Sont autorisées les publications des collectivités locales dans la mesure où elles
ont une existence et une périodicité bien établie, avant le début de la période
de 6 mois. Toutefois, si par son contenu, le journal est un outil de propagande
au bénéfice exclusif de certains élus, et s’il est financé par tout ou partie par
des fonds publics, ces dépenses devront figurer sur les comptes de campagne
du candidat.
 Les plaquettes : le nombre de plaquettes réalisées par une collectivité doit
strictement être identique à celle émise habituellement.
 Les publications périodiques : pas d’augmentation du nombre d’exemplaires,
ni d’évolution du contenu ou de leurs périodicités sont autorisés pendant cette
période.
 L’affichage : interdiction de l’affichage sauvage, mais les collectivités
contrairement aux candidats peuvent recourir à l’affichage.
 Campagnes sur les abribus : ils ne peuvent accueillir que des campagnes
publicitaires touristiques. La collectivité n’a pas le droit de montrer ses
réalisations.
 Communication audiovisuelle, radio : tout message audiovisuel ou radio, qu’il
soit inséré dans une page publicitaire ou fasse l’objet d’une émission spéciale,
ou encore tende à promouvoir une collectivité est interdit par la loi, et sera
sanctionné par le CSA.
Par contre est autorisée, la vidéo qui promeut la région en tant que région
touristique.
 Dîners débats : peuvent être organisés sur un thème économique, social,
culturel. Il faut respecter le principe du secret des correspondances, les envois
en nombre de lettres doivent être nommément adressées par l’intermédiaire
habituel des PTT.
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 Réceptions et inaugurations : elles ne peuvent être interdites pour ne pas
paralyser la collectivité en période préélectorale, mais elles ne doivent pas
servir de support à une quelconque propagande électorale. Elles ne doivent pas
non plus s’accompagner d’une campagne publicitaire préalable qui revêt un
caractère inhabituel.
 Conférences de presse : L’information relative à la gestion et aux réalisations
de la collectivité devra être à la fois objective et relativement laconique. Il est
exclu de retracer toutes les réalisations réalisées depuis le début de mandat.
 Chantiers et panneaux frontières : les panneaux frontières, signalant des
bâtiments ou des chantiers aux couleurs d’une collectivité, ne sont pas eux seul
constitutif d’une campagne de promotion électorale. Mais, les panneaux qui
indiquent, outre leurs noms, souvent un message du type « la collectivité
investit pour vous… » sont interdits.
 Marketing téléphonique : les numéros verts sont autorisés pour une collectivité
mais pas pour un candidat.
 Mailings : le principe du secret des correspondances, reconnu comme ayant
une valeur constitutionnelle, permet l’envoi sous enveloppe cachetée de toute
correspondance personnalisée de la part des collectivités.
 Objets publicitaires : la distribution de pin’s, tee-shirts, autocollants, etc.… ne
saurait en soit suffire à promouvoir les réalisations ou la gestion d’une
collectivité, toutefois, il faut qu’elle revête un caractère habituel.
 Sponsoring : tout à fait autorisé, mais en période de campagne préélectorale, il
est nécessaire d’établir une clause de discrétion, les contrats de sponsoring
seraient alors assimilés à des procédés de promotion publicitaire. Toutefois, si
un contrat est annuel, ou régulier, le critère d’habitude permettra de soustraire
ce type de promotion des dispositions de la loi.
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