Alter Égales 2016 : Droits de ne pas être stigmatisée Sous-commission « Les stéréotypes et la stigmatisation dans les médias et la publicité et plus particulièrement la publicité diffusée dans les médias publics et/ou soutenus par les pouvoirs publics » Co-pilotage CFFB Compte rendu de la réunion du vendredi 9 septembre 2016 Participant-e-s : voir liste en annexe I. Introduction : Barbara Brunisso (Cabinet Simonis) - et Viviane Teitelbaum (CFFB)- coprésident la 3ème réunion de cette sous-commission dédiée au thème « Les stéréotypes et la stigmatisation dans les médias et la publicité et plus particulièrement la publicité diffusée dans les médias publics et/ou soutenus par les pouvoirs publics ». Toutes deux remercient, au nom de Mme la Ministre Simonis et des membres de la souscommission, Florence Montreynaud pour sa présence à cette réunion du 09/09/2016. Trois documents sont distribués en présente réunion, à savoir : - Le document de travail « Les stéréotypes et la stigmatisation dans les médias et la publicité, plus particulièrement dans les médias de service public » réalisé cet été par le CFFB sur base des échanges tenus lors des deux précédentes réunions de la sous-commission. Il s’agit d’un document martyr visant à être commenté par Florence Montreynaud et débattu avec les membres de la sous-commussion ; - Les documents « Comment et à qui se plaindre de publicités mettant en scène des stéréotypes de genre » et « Témoignage d’une journaliste sur les rapports rédactions/annonceurs » transmis par @ par Mme Maïder Dechamps. Ce document n’a pas été analysé en présente réunion. Il pourra servir à alimenter la rencontre du 29 septembre prochain avec Stéphane Hoebeke du service juridique de la RTBF. La présente réunion est scindée en deux parties : - Une présentation générale de l’expérience de Florence Montreynaud dans sa lutte contre les publicités sexistes et l’industrie de la pub en général ; Les remarques, commentaires et recommandations de Florence Montreynaud sur le document de travail du CFFB, entrecoupé d’un débat avec questions/réponses entre les membres de la sous-commission et l’experte en la matière. 1 II. Présentation générale de l’expérience de Florence Montreynaud dans sa lutte contre les publicités sexistes et l’industrie de la pub en général Florence Montreynaud, historienne et féministe française née en 1948, a lancé en 1999 le Manifeste des Chiennes de garde et a été la cheffedemeute du mouvement durant de nombreuses années. Elle a également créé, en 2000, le réseau féministe mixte et international « La Meute contre la publicité sexiste » ainsi que le réseau mixte et international « Encore féministes ! » en 2001. Elle est aussi, en 2011, à l’initiative du « Mouvement masculin international Zéromacho ». Pour débuter sa présentation, Florence Montreynaud précise que la publicité représente généralement un point d’entrée à l’engagement féministe car il s’agit d’un espace où les femmes mais aussi les hommes sont confrontés de manière violente à toutes sortes d’inégalités à partir desquelles, il est possible, au fur et à mesure, d’en tirer une certaine forme de pédagogie. Elle rappelle aussi que le rapport de force entre une industrie qui emploie des milliers de personnes et quelques poignées de militantes est forcément disproportionné. C’est pourquoi, elle préconise d’être efficace dans les actions à mener contre les publicités sexistes et souligne l’importance d’un apprentissage du décryptage des images. Elle évoque également la force de persuasion des images alors même que la science psychologique ne parvient toujours pas à expliquer les raisons du pourquoi ça fonctionne. Or, « le fait est que la publicité marche », souligne-t-elle. En outre, elle décontruit l’argumentaire utilisé la plupart du temps par les publicitaires pour décrédibiliser la lutte féministe contre les publicités sexistes, à savoir : « Vous n’avez pas d’humour, c’est du second dégré ». Or, elle rappelle que le second degré renvoit à un « entre-soi » impliquant d’office une certaine connivence entre personnes qui partagent une même culture (on rit de quelque chose ou de quelqu’un « entre nous »), contrairement à la publicité qui s’adresse à tout le monde, et reste donc nécessairement au 1er degré. L’argument du second degré n’est donc pas valable dans le cas d’une publicité qui contient des propos/images sexistes. En termes de bonnes pratiques, elle évoque l’exemple de la Norvège et de la Suède où l’on ne trouve quasiment aucune publicité sur les bords de routes, compte-tenu du code urbanistique existant dans ces deux pays et d’une législation plus stricte en la matière (cf. Loi 2007 « Paix et Femmes »). Or, ces deux pays se portent bien économiquement. Le lien entre pub et économie n’est donc pas forcément obligatoire. En même temps, elle rappelle l’existence relativement naissante de la publicité qui, apparue au 19ème siècle, prendra des générations, voire des siècles, avant que les clichés sexistes, stéréotypés et stigmatisant contenus dans la pub, puissent être « éradiqués », au même titre que la lutte contre le tabagisme. C’est par des actions symboliques, et non des sanctions, que l’on pourra faire évoluer les mentalités, précise l’experte. Elle évoque aussi son ambiguïté par rapport à l’exemple du Québec où un Conseil du Statut des Femmes avait été mis en place pour proposer des Avis et Recommandations aux Ministres, avec des lignes directrices relativement poussées en matière de lutte contre le sexisme. Néanmoins, ces initiatives, perçues comme positives au départ, se sont révélées de moins en moins efficaces au fil du temps. Parmi les initiatives proposées par ce Conseil, il y avait l’instauration, dans les années 1980, des « Prix d’honneur » et des « Prix de déshonneur » adressés directement aux marques. Ceci avait notamment permis de diminuer la présence de publicités sexistes au sein de l’espace public, du fait de la création de listes noire et blanche auxquels les publicitaires étaient devenus sensibles au bout d’une dizaine d’années. Deux-trois ans après la disparition de ces prix, l’experte estime que la situation au Québec a régressé. Quand elle a voulu instaurer un système similaire en France avec l’instauration des « Prix Bravo » et « Prix Maccho », l’initiative n’a pas du tout fonctionné au sens où le résultat final s’est complètement retourné contre l’idée de départ, à savoir : les publicitaires se félicitaient de recevoir le 2 prix Matcho et donc, que leur pubs contiennent des des clichés sexistes. Il convient donc d’être attentif à ce type de retour lorsqu’on milite pour la cause des femmes. Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne faille pas investir les organes de régulation avec des textes avancés sur la problématique. En ce qui concerne le JEP et CSA français, Florence Montreynaud se montre relativement pessimiste au vu de l’énergie qu’elle a dépensée pour argumenter un dossier auprès de ces organismes alors même que la campagne de publicité était, le plus souvent, déjà passée sur toutes les antennes. Il y a donc toujours un problème de timing, lequel est fixé par les publicitaires, déplore-t-elle. Dès lors, elle se montre plutôt en faveur de la Censure qui, en amont, est la solution la plus efficace pour interdire la publicité sexiste. Elle prend pour exemple le cinéma français soumis à forme de censure (pour les actes de violence ou scènes jugées trop sexuelles) grâce à l’établissement d’une « Commission de Censure » qui refuse, au préalable, les visas d’exploitation et/ou d’affichage. Cet argument consistant à dire aux publicitaires que « leur produit ne sera pas acheté » est beaucoup plus efficace que le régime des sanctions et amendes, poursuit-elle. Enfin, elle rappelle que la publicité n’est pas de l’art mais consiste en un projet de persuasion à finalité commerciale. C’est pourquoi, les pouvoirs publics, l’Etat a une responsabilité politique à l’égard de ces publicitaires. III. Remarques et commentaires de Florence Montreynaud document de travail du CFFB. (voir document en annexe) sur le Florence Montreynaud émet toute une série de commentaires et recommandations sur le document de travail du CFFB (page 4) en présente réunion. Ceux-ci concernent notamment : - - - des expressions de langage : préférer le terme pouvoir « féministe » au terme pouvoir « des femmes » jugé trop essentialiste ; préférer la « dimension de « sexe » à la dimension de « genre » ; parler de domination masculine pour démontrer où se situe le problème. Ajouter l’interdiction de représenter le corps humain quand il n’y a pas de lien dans la publicité ; Axer sur la formation de cours anti-sexistes, intégrant aussi l’aspect esthétique (mise en page, etc.), dès le plus plus jeune âge (lien avec l’éducation aux médias), dans l’enseignement supérieur (Hautes Ecoles et Universités) et via la formation continuée notamment des enseignant-e-s et professionnel-le-s des médias ; Inclure les messages de santé publique, en ce compris sur tous les supports scolaires. Le document du CFFB sera retravaillé sur base des propos échangés entre l’experte et les membres de la sous-commission. Il sera envoyé par Viviane et Isabelle avant la prochaine réunion de la sous-commission du 29/09/2016 pour discussion en séance et approbation définitive ensuite par mail, vu que ce sera la dernière réunion. IV. Planning Malgré le risque de manifestation, la prochaine réunion de la sous-commission planifiée au 29 septembre est maintenue au cabinet de la Ministre Isabelle Simonis, 15-17 place Surlet de Chokier, 1000 Bruxelles. La réunion aura lieu de 12h à 14h, en présence de M. Stéphane Hoebeke du service juridique de la RTBF. 3