LE CULTURALISME Le culturalisme est un courant sociologique qui a dominé aux Etats-Unis dans les années 1930 à 1950. Les culturalistes ont emprunté le terme de culture à l’anthropologie. I. SOCIOLOGIE CULTURALISTE ET ANTHROPOLOGIE A. M.MEAD (1901-1978) ET R.BENEDICT (1897-1948) Le culturalisme étudie la diversité des organisations humaines dans le temps et l’espace et surtout il cherche à rendre compte d’un phénomène particulier, l’intégration sociale. Les culturalistes vont emprunter la notion de culture qui était valable pour l’étude des sociétés primitives. M.Mead et R.Benedict ont montré que les personnalités des individus sont différentes selon la société dans laquelle ils vivent. Elles ont opposé 2 tribus : une tribu pacifique paisible, et une autre tribu guerrière, conquérante. Pour ces deux sociologues, cette différence de personnalité provient d’une culture différente et d’une socialisation différente. B. LA CULTURE D’un point de vue anthropologique, la culture est l’ensemble des habitudes acquises par l’homme en tant que membre d’une société. Cette culture contient les connaissances, les savoir-faire, les croyances, les valeurs et les normes. Les culturalistes vont s’opposer aux sociologues de l’école de Chicago (cf. cours n°11). L’école de Chicago n’utilise pas le terme de culture ; elle explique l’évolution des sociétés et des individus par les interactions entre les individus, par l’influence sociale. L’école de Chicago s’oppose aux explications matérielles du marxisme. 840902827 -1- C. LE NOYAU DE LA CULTURE Le noyau de la culture des sociétés modernes comprend des valeurs et des normes comme dans les sociétés primitives, mais aussi le langage qui est commun à tous les individus d’une même société. D. LES SOCIETES MODERNES : « HETEROGENEITE » La société moderne étant très hétérogène (ex : différences de classe), la notion de culture ne suffit pas, elle n’est pas adaptée. La notion de culture ne s’adaptant pas à la société moderne, on a donc développé la notion de sous-culture. II. SOCIOLOGIE DE L’INTEGRATION SOCIALE Le culturalisme est surtout une théorie qui permet de comprendre la socialisation des individus, l’intégration sociale. A. LA SOCIALISATION Pour les culturalistes, le concept de socialisation est central. La socialisation est selon eux un processus qui permet à un individu de maîtriser les codes sociaux caractéristiques de son groupe. La socialisation est surtout considérée comme une programmation, c’est-à-dire tout se passe comme si le système dans lequel vit l’individu opérait un conditionnement de l’individu. La culture va devenir progressivement une partie intégrante de l’individu, de sa personnalité. La socialisation permet à une société de se reproduire de génération en génération (cf. Durkheim déterminisme). B. CONSEQUENCE THEORIQUE Lorsqu’on émet l’hypothèse que la socialisation est réussie, on suppose que chaque individu va partager les mêmes normes, les mêmes valeurs que les autres membres de 840902827 -2- son groupe d’appartenance. D’après les culturalistes, la conséquence est que chaque individu va se positionner par rapport aux valeurs des autres et va pouvoir se comparer à ceux-ci pour voir s’il leur est semblable ou différent. Dans ce cadre théorique, chaque individu peut prévoir le comportement d’autrui et en saisir la signification. Le culturalisme décrit les individus qui sont intégrés dans des groupes sociaux stables, et cette optique théorique permet d’expliquer l’intégration sociale. Si ce raisonnement est poussé à l’extrême, on risque un déterminisme culturel. C. LE RISQUE D’UN DETERMINISME CULTUREL Le premier postulat est que les comportements individuels sont déterminés par la culture. Dans cette optique théorique, les culturalistes ne peuvent admettre l’autonomie de l’individu et la construction de la personnalité. On s’adresse à des individus considérés comme des ‘idiots culturels’ incapables de choix personnels et complètement déterminés par la société. La deuxième hypothèse est que la socialisation s’effectue de manière mécanique, programmée. Pour les culturalistes, cette socialisation mécanique est une condition de la réussite de la socialisation. La socialisation va transmettre la culture de génération en génération. Cette façon de concevoir la socialisation suppose deux choses : que tous les individus soient dans cette logique, et qu’ils soient réceptifs à cette socialisation. Or, dans la société moderne, les individus sont soumis à de multiples influences qui sont parfois contradictoires. La conséquence est que le processus de socialisation est beaucoup plus complexe que les culturalistes l’avaient imaginé. La socialisation n’est pas un processus mécanique mais un processus beaucoup plus complexe faisant intervenir l’individu. Deux concepts de la socialisation s’opposent : Le culturalisme la socialisation est un processus mécanique qui cherche à transmettre de génération en génération la même culture et qui permet à tout individu de s’intégrer dans son groupe de façon conforme. La socialisation n’est pas du tout un processus mécanique, c’est un processus où l’individu participe activement et où il peut modifier la société tout au long de sa vie. L’individu est acteur de sa socialisation, il apprend des choses et notamment les codes de conduite. La socialisation est un processus interactif dans le sens où l’individu se construit avec les autres. L’individu a une marge d’autonomie et de liberté dans sa socialisation. L’école joue un grand rôle dans la socialisation : elle inculque des valeurs et des codes de conduite dans les relations interindividuelles. 840902827 -3- III. CONCLUSION Même si les culturalistes sont actuellement fortement critiqués, ils ont quand même eu le mérite d’insister sur les origines culturelles des différences. L’application à la société moderne d’une analyse ou d’un cadre théorique conçu pour les sociétés primitives s’est fait au prix d’hypothèses réductrices, à savoir les comportements individuels sont déterminés par la société et la socialisation est mécanique. Une des conséquences est une rapide diminution de l’influence du culturalisme, mais celui-ci n’a jamais vraiment disparu et existe encore aujourd’hui. 840902827 -4- RESUME DU COURS : culturalisme = courant sociologiq dominant aux E.-U. dans les années 30 à 50. Il étudie culture = terme emprunté à l’anthropologie désignant l’ensemble des habitudes acquises par l’ en tant que membre d’1 socté (connaissances, valeurs, normes,…). Le noyau de la culture des soctés modernes est constitué des normes et des valeurs, mais aussi du langage. La notion de sous-culture a été développé pour l’étude des soctés modernes. M.Mead et R.Benedict ont montré que les personnalités des individus sont selon la socté dans laquelle ils vivent. 840902827 -5-