Baptiste Giraud (AMU-LEST) Jérôme Pélisse (Sciences Po-CSO) Etienne Pénissat (CNRS- CERAPS) Proposition de communication JIST – mai 2016 Crise(s) et mondes du travail Politiques patronales, action syndicale et résistances au travail Pour une approche plus dynamique des configurations plurielles des relations professionnelles en entreprise Cette proposition de communication s’inscrit plus spécifiquement dans les axe 4 (organisation et contenu du travail) et 7 (adaptation, résistances et mobilisations) de l’appel à communication. Le plus souvent, l’analyse des conflits du travail est abordée du point de vue des ressources et des modes de fonctionnement des organisations syndicales d’une part, et des règles de la négociation collective d’autre part. Si elles ne sont pas totalement occultées de l’analyse, les transformations du monde du travail et les stratégies patronales ne sont cependant généralement évoquées qu’en toile de fond des difficultés nouvelles que les syndicalistes ont à affronter dans leur activité militante, comme si elles s’imposaient à eux de manière implacable et homogène. La diversité persistante des modes d’organisation du travail dans les entreprises, et par extension des pratiques patronales de gestion du personnel et des relations sociales qu’elles impliquent ont été ce faisant très peu prises en compte. Partir de l’analyse des conditions de production de ces politiques patronales est pourtant nécessaire pour rendre compte de la manière différente dont elles structurent les dynamiques de la conflictualité au travail et les formes de l’action syndicale. C’est en tenant compte de la variété des systèmes socio-productifs dans lesquels sont pris concrètement les militants syndicaux plutôt qu’en évoquant de manière abstraite et générale le contexte supposé de « crise » de l’économie française que l’on pourra rendre compte de la manière dont s’adaptent les stratégies syndicales et les formes de résistance au travail. Dans cette optique, cette proposition de communication vise à réinscrire l’analyse des transformations actuelles de la conflictualité au travail dans un questionnement sur la variété de la configuration des relations professionnelles, à partir d’une approche visant à rendre compte des relations entre contexte économique, politiques managériales et actions syndicales. Pour cela, notre communication s’appuiera sur la mise en comparaison d’une douzaine de monographies d’entreprises françaises réalisées dans le cadre de post-enquêtes REPONSE. Nous montrerons dans un premier temps la diversité des logiques économiques qui structurent les dispositifs managériaux d’organisation du travail. Même si ces derniers vont tous dans le sens d’une rationalisation et d’un accroissement des formes de contrôle du travail, le contexte de crise économique ne surdétermine pas ces stratégies patronales de manière mécanique ni homogène. Dans un second temps, nous verrons comment les styles de management, politiques de gestion du personnel et nature des relations sociales varient également en fonction de la configuration des rapports sociaux (propriétés de la main d’œuvre, des représentants du personnel et des membres de l’encadrement) qui caractérisent ces entreprises. Au final, ces deux dimensions aident à comprendre la diversité des dynamiques de négociations et de conflits à l’œuvre dans ces entreprises. Par cette approche attentive à replacer l’étude des relations professionnelles dans des configurations locales, cette communication apportera un éclairage sur la dynamique des interactions entre variété des capitalismes et des syndicalismes autant que sur les résistances que rencontrent le développement d’outils de management du travail.