Quelques amitiés entre artistes, quelques amitiés artistiques… Je vous propose, ici, la synthèse de quelques unes des plus belles amitiés entre artistes. Tout l’enjeu de celle-ci est de montrer en quoi l’amitié peut s’immiscer dans l’Art. En effet, les interactions entre deux hommes à la fois artistes et amis dépassent de loin le cadre d’une simple relation amicale pour interférer dans leurs arts. Ils s’influencent réciproquement… Chacun modifie le style de l’autre ; ensemble, ils rompent avec les techniques d’usage jusque là, quitte à créer un nouveau courant. Paul VERLAINE et Arthur RIMBAUD C’est en 1871 qu’Arthur Rimbaud débarque à Paris. Il y rencontre Paul Verlaine. Commence alors entre ces deux hommes une belle histoire, une histoire tragique qui les lie à tout jamais au-delà des temps. En réalité, il s’agit de deux poètes, deux génies en quête d’amour et d’inspiration. Pendant deux longues et merveilleuses années, les deux hommes composent ensembles des vers magnifiques, des poèmes lus aujourd’hui encore. De cette intimité innocente naît un amour interdit ou coupable ? Verlaine est alors tiraillé entre ses sentiments pour sa femme Mathilde et ceux pour son amant Rimbaud. Mais cette relation qui lui a fait connaitre beauté, bonheur et aussi douleur, s’achève un jour de juillet 1873 à Bruxelles. En proie à l’alcool, tourmenté par ses sentiments, Paul Verlaine tire une balle sur Arthur Rimbaud, son amant. Il sera simplement blessé, blessé physiquement, mais aussi blessé dans l’âme. Arthur Rimbaud s’en va et quitte Paul Verlaine. Verlaine sans Rimbaud ou Rimbaud sans Verlaine, deux talents, deux esprits qui se sont trouvés pour peut-être mieux se perdre… mais c’est surtout la naissance d’œuvres coécrites, ou tout simplement l’influence de l’un sur l’autre, qui rend leur union si impalpable et peut-être si intemporelle. Henri MATISSE et André DERAIN Matisse arrive le 16 mai 1905, pour passer l'été, dans le petit port catalan de Collioure. Le jeune Derain le rejoint au début de juillet. Une solide amitié se noue entre les deux hommes, engendrant une collaboration picturale d'une rare fécondité. De ces quelques semaines d'intense activité naissent d'éclatants chefs-d'œuvre. A la fin de l'été, les deux artistes ont énormément produit. Sous cette 'lumière blonde qui supprime les ombres', ils vont oser peindre sans la contrainte de la couleur réelle, de la perspective ou du dessin. Exaltant les couleurs pures, ils élaborent une nouvelle façon de peindre. Cette aventure artistique entre deux amis n’a pas d’équivalent dans l’histoire de la peinture et va définitivement marquer le siècle. Cette révolution artistique va faire basculer l’art dans la modernité et sera baptisée « fauvisme » Paul CEZANNE et Camille PISSARO La période de deux ans, 1872 à 1874, où Cézanne vint peindre chez Pissarro à Pontoise fut particulièrement féconde pour les deux peintres. Pour "l'élève" Cézanne, c’est l’occasion de s'initier à la peinture impressionniste des paysages et d’éclaircir sa palette; alors que Pissaro "le maître" se met à construire ses paysages. Ils feront partie de ceux qui deviendront "Impressionnistes". Vingt ans d'interférences et d'amitié… A la fin de sa vie, Pissarro écrit : « Cézanne [...] a subi mon influence à Pontoise et moi la sienne. [...] Parbleu, nous étions toujours ensemble ! » Quant à Cézanne, jusqu'à la fin de sa vie, il reconnaitra sa dette envers son ami, confiant peu de temps avant de mourir : « Quant au vieux Pissarro, ce fut un père pour moi. C’était un homme à consulter et quelque chose comme le bon Dieu ».