Rencontre des Nouvelles Provinciales 6-30 janvier 2012 Pune, Inde 6 janvier 2012 Mot d'Accueil C'est le 6 janvier 1877, il y a aujourd'hui 135 ans, que la Sacrée Congrégation pour la Propagation de la Foi à Rome a envoyé un télégramme à l'Evêque de Coimbatore en Inde, Mgr Bardou MEP, pour approuver la fondation d'un nouvel institut religieux situé dans le vicariat de son diocèse, à Ootacamund, c'est-à-dire celui des Missionnaires de Marie. Ce jour-là, nous pouvons être sûres que Marie de la Passion était très unie de cœur, en pensée et en prière avec ses sœurs en Inde. Je suis sûre que nous pouvons aussi dire de même, en ce jour en Inde 135 ans après, où elle est avec nous toutes, et plus spécialement chacune de vous, les trente-deux provinciales nouvellement élues de cet Institut. Bienvenue en Inde et bienvenue à cette rencontre de l'Institut ! Marie de la Passion a été provinciale ici en Inde, elle était jeune et se trouvait sur une terre étrangère. La réflexion sur sa propre expérience dans cette responsabilité montre, comme on l'a écrit, que cela a laissé en elle une compréhension personnelle d'une certaine peur qui pourrait paralyser celles à qui, maintenant comme fondatrice, elle confierait la responsabilité d'une province. Depuis le premier paragraphe du Coutumier, elle ne leur cache pas le fait qu'elles auront à souffrir, mais elle les invite à surmonter cette peur, comme elle l'avait fait, dans une attitude de lâcher prise, nourrie par une profonde humilité et la prière.1 Nous voyons le lâcher prise comme une réponse active et non passive à la vie. Active en ce sens que nous essayons d'être conscientes de nos propres réponses émotionnelles aux situations, nous les laissons aller, dans le désir de dépasser l'énergie de l'émotion, pour faire place au calme, afin d'accueillir l'inspiration de l'Esprit qui est en nous. C'est ainsi que nous comprenons l'invitation de Marie de la Passion, comme un appel à grandir dans la foi et l'humanité. D'où le thème de cette rencontre : Se laisser conduire par l'Esprit qui est en nous. Maintenant plus que jamais auparavant, devant les réalités en constante mutation de nos vies et de notre mission dans le contexte d'aujourd'hui, nous ne pouvons pas connaître le chemin devant nous. Nous sommes vraiment appelées à être comme Marie, qui "gardait tous ces événements dans son cœur"2 et comme François, désirant "par-dessus tout avoir l'Esprit du Seigneur".3 Je crois fermement qu'il n'y a pas d'autre chemin devant nous dans le leadership, dans notre contexte actuel. Même le monde des affaires commence à le 1 Mon Dieu et mon Tout - La spiritualité de la Supérieure provinciale vue dans son Coutumier, p.25 Lc 2, 19, 51 3 Constitutions 11, 2Reg 10 2 reconnaître. Nous sommes toutes appelées à être des mystiques dans la complexité du monde actuel, cherchant le Dieu caché dans le monde en cherchant le Dieu caché dans notre vie. Karl Rahner, l'éminent théologien qui a aidé à donner forme à Vatican II, a observé que les chrétiens de l'avenir seraient des mystiques - ou bien il n'y aurait plus de christianisme. C'est l'expérience de grâce dans toutes les activités monotones et routinières de notre vie qu'il appelait "le mysticisme de la vie quotidienne".4 Je crois que Marie de la Passion a saisi cette compréhension en son temps, pressée par les incroyables responsabilités qu'elle a rencontrées sur son chemin, à cause de la rapide extension de l'Institut. Elle percevait l'Institut comme "l'œuvre de Dieu", et nous aussi sommes appelées par l'Esprit à collaborer à cette "œuvre de Dieu" qu'est la vie et la mission de l'Institut dans l'Eglise et pour le monde de notre temps. L'Esprit nous a confié cette responsabilité du leadership, dans la réalité concrète des circonstances connues de chacune. Nous y sommes ensemble, chacune de vous avec nous au niveau général, vous n'êtes pas seules. Vous êtes chacune la personne choisie par vos sœurs et Dieu vous inspirera, vous guidera et vous perfectionnera dans ce que vous êtes réellement comme personne unique, capable et douée. Dieu vous demande seulement d'être vraie avec vous-même. Vous pouvez seulement assumer ce rôle à votre façon, selon ce que vous êtes dans votre unicité, en croyant en votre propre expérience de la vie, et plus que tout, en votre disponibilité à collaborer avec l'Esprit Saint de Dieu, pour être façonnée par la responsabilité, grandir dans la foi et l'humanité. Je suis profondément reconnaissante à chacune de répondre à ce nouvel appel de l'Esprit dans votre vie ; ma propre expérience me parle d'un certain accablement devant tout ceci, et du courage nécessaire pour dépasser la peur. Certaines choses n'ont pas changé depuis le temps de Marie de la Passion ! Mais la réalité de l'amour et de la grâce de Dieu dans la vie de chacune de vous dans son unicité, dans le déroulement des événements de chaque jour, est vraiment une réalité, la vraie source de notre paix et de notre courage. Je prie pour que ce temps ensemble puisse être un temps où partager entre sœurs, répondre au même appel, construire des liens d'affection et de confiance ; apprendre les détails pratiques de la tâche et les façons de faire de l'Institut ; s'émerveiller de l'action de l'Esprit dans et parmi nous ; approfondir notre amour du charisme que nous partageons ; renforcer notre désir de répondre à cette nouvelle mission et avancer, dans la foi et l'espérance, avec confiance et énergie. Que Dieu vous bénisse avec largesse durant ces semaines ensemble ! Suzanne Phillips, fmm Supérieure générale 4 Karl Rahner, Ecrits spirituels