Les cinq plaies qui inhibent le développement du Bandundu

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Les cinq fléaux qui freinent le développement du Bandundu
Alors que pour la première fois, un gouvernement provincial organise une conférence pour le
développement du Bandundu (CODEBA),
consacrée à la situation socio-économique
de la province, une approche transversale,
puisque les scientifiques, professeurs des
universités, commerçants et société civile y
participèrent. Au fond, depuis longtemps,
plusieurs facteurs contribuent au recul ou
au freinage du développement socioéconomique de cette province. Tous les indicateurs macroéconomiques sont particulièrement au rouge.
Une spirale infernale pour la province la plus pauvre (l’indice de pauvreté humaine dans la Province du
Bandundu, s’élève à 43,6 %, juste au-dessus de la moyenne nationale estimée à 41 %1 ) de la RD-Congo.
La Province possède pourtant des atouts : elle est la Province agricole par excellence et s’ouvre sur la
capitale Kinshasa, plusieurs autres provinces de la RDC et deux pays frontaliers (l’Angola et le CongoBrazzaville), elle est dotée d’axes routiers denses dans sa partie Sud, des boulevards fluviaux qui la
traverse de part à part, d’une biodiversité remarquable, d’une élite intellectuelle nombreuse et diverse,
d’une population jeune et dynamique, capable de la booster au développement intégral sans trop de
difficultés. Cependant, pour le redressement intégral, il faudrait que soient mobilisées toutes les
ressources, tous les moyens dont dispose la Province, en les utilisant avec doigté, transparences et
responsabilités, afin de combattre en même temps et efficacement les multiples fléaux qui la rongent.
Parmi ceux-ci, nous en avons retenu cinq qui freinent son développement :
1. Un chômage record
Officiellement, le taux de chômage dépasse imperceptiblement les 83% dans le Bandundu. Toutes les
tranches de la population sont touchées, beaucoup plus encore dans toutes les cités et les villes de
Kikwit et Bandundu, très marquées par l’exode rural. Selon la FAO (RDC_IPC_Otobre 211), seuls 10% des
populations bandundoises sont imposables (contre 57% en RDC). Avec sa biodiversité, la province a
longtemps vécu de son agriculture, pourvoyeuse d’emplois non qualifiés. Dans le Bandundu, il manque
des milieux d’emplois pour subvenir aux besoins de la population. Le secteur des services publics est, de
loin, le plus grand employeur (plus deux tiers des emplois). Mais ce secteur compte trop de salariés mal
rémunérés pour des raisons de déséquilibres budgétaires aussi bien au niveau national que provincial.
Pour son développement durable, cette province doit profiter de l´opportunité que lui donne la
constitution de la République du 18 février 2006, dans le cadre de la décentralisation et surtout de la
législation nationale sur la fiscalité pour créer et mobiliser ses ressources propres afin d´affronter ses
dépenses. La province a donc besoin d’attirer des cadres, avec leur pouvoir d’achat, leurs ressources
fiscales. Cela suppose de faire venir des entreprises. De réhabiliter les moyens de communications,
notamment les routes et de baliser les rivières, d’instaurer le secteur de transports collectifs dans les
villes et agglomérations de plus de 1000 habitants. De réfléchir au désenclavement de la ville de
Bandundu, du district de Maї-Ndombe (Kutu, Oshwe…) et de penser au tourisme des sites comme, les
1 Monographie de la Province du Bandundu, Ministère du Plan, Unité de pilotage du processus (DRSP). Avril 2005
chutes Guillaume. Et enfin d’amorcer un véritable virage dans l’agriculture durable, cela appellera des
emplois et réduira à suffisance le chômage. Pour que les entreprises étrangères viennent, la Province
doit cependant pouvoir ouvrir la porte aux initiatives privées et créer un cadre favorable pour le
partenariat public-privé. Pour cela, elle doit assurer à ses collaborateurs socio-économiques une sécurité
juridique qui est aujourd´hui très importante dans la mondialisation des affaires. Bref, mettre en place
une législation Provinciale attractive pour les investisseurs potentiels.
2. Des jeunes sans perspectives
Bandundu doit essayer de rapprocher sa population des emplois disponibles. Le développement des
métiers de service et de tourisme offre des débouchés. Mais cela suppose d’améliorer la formation dès
les bas-âges. Actuellement, 65% des bandundois ne disposent d’aucun diplôme (contre 41,7% en RDC).
L’absence de débouchés n’encourage guère les jeunes à s’investir. Une meilleure perspective pour la
jeunesse nécessite un encouragement des parents et un investissement de l’autorité publique. Nous
proposerions l’entrée à la maternelle dès 2 ans pour tous les bandundois. La mesure soulagerait de
nombreux parents en proie à des problèmes de crèche, et permettrait aux gamins des cités d’apprendre
très tôt les métiers. Ce qui motiverait les jeunes pour les métiers et plus tard, les études. Mais cela
suppose d’ouvrir des classes dans toutes les localités de la province. Ceci dit, Bandundu de demain ne
pourra être que ce que nous faisons de sa jeunesse aujourd´hui, c´est une question de sursaut et
d’orgueil Provincial. Cela veut encore dire que, Bandundu doit avoir une vision dans une approche à
moyen et long terme favorisant un climat favorable à l’éclosion d’une élite responsable. C´est une
question de volonté politique tout azimut concernant les ressortissants de cette contrée. Nous devons
commencer à développer notre Province à partir de la base pour régler le problème de l´exode rurale et
de fuite de cerveaux dans l’avenir.
3. Les transports, facteurs d’injustice
Le transport représente une des plus importantes activités humaines mondiales. Il est indispensable
dans l'économie et joue un rôle majeur dans les relations spatiales entre lieux géographiques. Le
transport crée des liens entre les Provinces et les affaires, entre les populations et le reste du monde. Le
transport est un service qui intervient à plusieurs niveaux, touchant plusieurs aspects de nos vies. Il a une
grande importance à plusieurs points de vue: Social, politique, environnemental, économique et
géographique.
C’est un facteur de localisation. Depuis toujours, les transports ont joué un rôle dans la localisation des
activités. Le contraire est aussi vrai; là où il y a une activité ou un intérêt, on a développé le transport
pour rendre ce lieu accessible. Certains systèmes de transport ont favorisé la dispersion des hommes et
des activités, d'autres leur concentration. Tous les systèmes sont porteurs de spécialisation et de
configurations spatiales.
Les infrastructures de transport orientent l'habitat et l'implantation des activités humaines. Elles ont un
certain pouvoir d'attraction. Les lieux d'échanges favorisent certaines fonctions. Les effets sur les
activités ne sont pas toujours automatiques. Ils sont par contre importants lorsque l'infrastructure
s'inscrit dans une logique de transformation sociale, économique et urbaine de l'espace desservi. Alors la
nouvelle infrastructure joue un rôle accélérateur pouvant suffire à transformer l'espace. Et donc, le
transport joue un rôle fondamental dans la localisation industrielle.
Pour que Bandundu soit attractive, il faudra que le gouvernement provincial trouve un mécanisme pour
organiser le trafic urbain et interurbain enfin de remettre définitivement les gens au travail. Car, dans le
Bandundu, celui qui n’a pas de voiture même s’il a un travail ne peut s’y rendre pour cause d’intempéries
(pluies…). Et celui qui vit à Nzinda (Kikwit) ou à Malebo (Bandundu) et travaille au centre-ville ne peut
non plus effectuer la longue distance à pieds. Pour pallier cette situation, voir l’article «La problématique
du transport en commun dans la ville de Bandundu » du Professeur René Ngambele sur
www.uniband.org. Ceci suppose de traiter des nœuds importants et coûteux de la part du
gouvernement : Mise en place d’une politique très ambitieuse de transport.
4. L’absence des grandes métropoles
Le Bandundu comme province compte deux agglomérations dites péjorativement villes. C’est vrai,
qu’une ville est un milieu physique, où se concentre une forte population humaine, qui a aménagé cet
espace pour faciliter et concentrer les activités humaines : habitat, commerce, industrie, éducation,
politique, culture, etc. Mais, les principes qui gouvernent la structure et l'organisation de la ville sont
étudiés par la sociologie urbaine, l'urbanisme ou encore l'économie urbaine. Si une partie de la définition
est remplie pour nos deux agglomérations, l’urbanisme et l’économie urbains ne suivent pas. Bandundu,
province pauvre, existe pour ses riches voisins (Kinshasa, les deux Kasaï, Angola et Congo). C’est là que se
trouve la clé : doter la province des vraies métropoles correspondant au bassin de vie et permettant de
partager les richesses autant que les dépenses. Leur absence empêche par ailleurs de mettre en place
des politiques cohérentes en matière de transports, de logement et de développement économique.
Quelles agglomérations cela pourrait-il concerner ? Kikwit et Bandundu dans un premier temps. Comme
ce débat parait plus politique, seul un vote du Parlement provincial, permettrait d’imposer ces
métropoles indispensables au redressement du Bandundu. Il nous faut une vraie politique
d´urbanisation.
5. Le clientélisme généralisé
Conformément, à notre Constitution, qui prône la justice, l´égalité, nous voulons que ces valeurs soient
effectivement appliquées dans la vie quotidienne par les autorités
Provinciales tant publiques, laïques que privées. Nous devons lutter
pour la Méritocratie, qui est un gage pour le développement de
notre Province. Chacun peut obtenir un emploi qui correspond à ses
compétences, à ses diplômes, à sa probité morale, à son
expérience, c´est cela la Méritocratie, et non parce qu´il a des
accointances quelconques dans tel ou tel milieu. La Province a
besoin de ses meilleurs fils et filles pour son épanouissement.
La Province du Bandundu attend beaucoup de l’Etat RD-Congolais, mais la Province devra également
entamer sa révolution culturelle si elle veut se relever. Province de débrouille, Bandundu est aussi la
Province du passe-droit, du clientélisme élevé en système. Voilà pourquoi le gouverneur de la province
nouvellement élu, a institutionnalisé par décret, la lutte anti-fraude. Aujourd’hui, un bon piston est
souvent plus efficace au Bandundu et/ou en RDC qu’un diplôme, qu’une compétence, que le fait d’avoir
fait ses preuves. Cela ne pousse pas à l’exigence, à l’effort. Ce n’est pas de la sorte qu’on rendra service
au citoyen. Cette culture pousse à la facilité et à l’injustice dans tous les secteurs d’activité.
Au Bandundu, les gens sans piston s’en plaignent. Lorsqu’il s’agit de décrocher un petit boulot, certains
connaissent plus de spéculateurs capables de les appuyer. Ce n’est pas un destin. Les Bandundois ne
sont pas condamnés à cette caricature dégradante. Ils ont besoin que les mœurs changent et, que l’Etat
les aident à se débarrasser de ces méthodes qui les plombent.
A Vienne/Autriche, Professeur Ndona Kayamba Roger
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