LES MINERALISATIONS ASSOCIEES AUX ROCHES MAGMATIQUES TERTIAIRES DU NORD DE L’ALGERIE (TYPOLOGIE, PETROLOGIE, CADRE GEODYNAMIQUE, ET IMPLICATIONS METALLOGENIQUES)* BENALI Hanafi ** Faculté des Sciences de la Terre, de la Géographie et de l’Aménagement du territoire Laboratoire de Métallogénie et Magmatisme de l’Algérie U.S.T.H.B. Résumé Les roches magmatiques tertiaires du Nord de l’Algérie renferment plusieurs gisements et indices minéralisés polymétalliques (Zn-Pb-Cu) et/ou à (Cu Au). Les minéralisations étudiées appartiennent aux régions de M’Sirda et Tifaraouine en Oranie, et de Oued Amizour et El Aouana en Petite Kabylie. A M’Sirda, la minéralisation, essentiellement pyriteuse, est encaissée dans des andésites. Elle se présente sous forme de disséminations et veinules. Un métamorphisme de contact affecte par endroits cette minéralisation induisant la néoformation de la pyrrhotite par transformation de la pyrite et des microplissements observés au niveau de la galène. A Tifaraouine, dans le Sahel d’Oran, la minéralisation cuprifère est encaissée dans des tufs andésitiques à dacitiques. Elle se présente sous forme de disséminations ou de petites veinules avec parfois de rares grains d’or en inclusion dans la chalcopyrite et la galène. Le complexe magmatique de Oued Amizour présente une minéralisation polymétallique à (Zn, Pb, Cu)) et une autre sous forme d’amas pyriteux. Ces deux types de minéralisation sont rencontrés dans tous les secteurs du complexe à l’exception d’Amadène où la minéralisation est fissurale et à cuivre essentiellement. Au niveau d’El Aouana, le gisement de Oued El Kébir se présente en amas stratiformes à minéralisation polymétallique qui devient cuprifère et fissural en profondeur. Le gisement de Bou Soufa, essentiellement filonien, est constitué par une minéralisation cuprifère. Les données géochimiques ont permis de mettre en évidence des Adakites à El Aouana, et des roches du « clan adakitique » (roches à affinités adakitiques, basaltes et andésites enrichis en Niobium (NEB), basaltes riches en Niobium (HNB)) et calco-alcalines dans le reste des régions. Cette découverte est d’une importance capitale en métallogénie, en effet, la totalité des minéralisations de type porphyry copper et/ou épithermales à Cu et or à travers le monde sont liées à des adakites et aux roches du « clan adakitique ». Le type Kuroko est encaissé dans des roches calco-alcalines « normales » à anomalies négatives en Eu. Le gisement de Bou Soufa est un exemple de minéralisations liées aux adakites alors que celui de Oued El Kébir est typique du type Kuroko lié aux roches calco-alcalines « normales » à anomalies négatives Eu. En plus de son implication métallogénique, la présence des adakites et des roches du « clan adakitique » dans la marge algérienne est un témoin du caractère océanique du bassin maghrébin existant entre la plaque africaine et la plaque mésostéthysienne des maghrébides. Les adakites sont le produit direct de la fusion partielle d’une croûte océanique alors que les autres roches associées proviennent de la fusion partielle du manteau supérieur préalablement métasomatisé par des magmas acides de type adakitique lors d’une subduction L’évolution géodynamique alpine des Maghrébides par subduction (les adakites sont des roches qui n’affleurent que dans les zones de subduction) permet de prévoir des minéralisations de type Kuroko, porphyres cuprifères ou épithermales. Le premier type est à rechercher dans les roches calco-alcalines non adakitiques et sous marines alors que les deux autres types sont à prospecter dans ou près des roches adakitiques subcontinentales. * Thèse de Doctorat d’Etat ** Directeurs de thèse : KOLLI O. et SEMROUD B., F.S.T.G.A.T./U.S.T.H.B. 1 I) Introduction Les roches magmatiques miocènes de la marge nord algérienne auxquelles sont associées les minéralisations polymétalliques et cuprifères affleurent le long d’une mince bande côtière allant de la frontière avec la Tunisie jusqu’à la frontière marocaine, ces roches continuent d’ailleurs en Tunisie et au Maroc. Dans les parties Est et Centre de l’Algérie affleurent aussi bien des roches plutoniques (granites, monzonites, granodiorites, diorites, etc.) que volcaniques (rhyolites, dacites, andésites, et basaltes) alors que vers l’Ouest, seules les roches volcaniques affleurent (on note cependant que des diorites, granodiorites et microdiorites on été recoupées par des sondage de l’ORGM à des profondeur de (250 à 300m). Ces roches magmatiques ont fait l’objet de plusieurs études (Belon, H. 1976 ; Megartsi, M. 1985; Semroud 1981 ; Semroud 1993 ; Semroud & al 1994 ; Belanteur 1989, 2001 ; Belanteur & al 1995 ; Ouabadi 1994; Ouabadi 1987; Maury & al 2000 ; Benali 1994, Benali & al 2003 ; Louni & al 1995; Louni 2002; Ait Hamou, F. 1987 ; Aissa, D.E. 1996). Ces études on permis de préciser l’age, les caractères pétrographiques et géochimiques ainsi que le cadre géotectonique de ces roches. II) Les régions minéralisées Plusieurs indices de minéralisations sont associés aux roches magmatiques tertiaires du nord algérien, les plus importants sont situés à M’Sirda, Tifaraouine, El Aouana et à Oued Amizour. 1) M’Sirda La région de M’Sirda est située au Nord de la Daïra de Bab El Assa (Tlemcen) près de frontière avec le Maroc. Elle fait partie de l’allochtone tello-rifain qui appartient au domaine externe des Maghrébides. Le complexe magmatique de M'Sirda est constitué de deux assises volcaniques : - L’assise inférieure est formée de laves basaltiques qui se présentent sous forme de coulées et de brèches, affleurant le long de la côte entre Mersa Ben M’hidi et le cap Kelah. - L’assise supérieure est andésitique, les roches sont mises en place sous forme de nappes de laves, de brèches et de tufs de teinte gris claire à gris foncée. L’épaisseur de cette assise est de 300 m. Elle est présente dans tout le massif ; c’est dans cette assise que les sondages ont recoupé la minéralisation. Ces deux assises sont parfois recoupées par des basaltes tardifs qui se présentent sous forme de dykes ou de très rares coulées L’étude pétrographique de quelques sondages réalisés par l’ORGM et qui recoupent l’assise andésitique montre de bas en haut 4 types d’andésites selon leurs compositions minéralogiques : L’andésite à amphibole et pyroxène, l’andésite à biotite seule, l’andésite à amphibole et biotite et enfin l’andésite à amphibole seule. Ces roches présentent la texture microlitique porphyrique à tendance 2 fluidale, la mésostase est formée par des microlites de plagioclase et de quelques oxydes opaques alors que les phénocristaux sont le plagioclase essentiellement ainsi que les ferromagnésiens dont la présence ou l’absence détermine le type de andésite. Plusieurs types d’altérations hydrothermales sont observés : -La silicification semble être régionale, puisqu’elle atteint tous les niveaux des sondages. -La propylitisation est l’altération que l’on rencontre dans la partie profonde des sondages, elle est caractérisée essentiellement par une forte carbonatation et la formation d’épidotes, de chlorites et de pyrite, ainsi que de rares tourmalines, albites et séricites. -La séricitisation vient au dessus de la zone propylitisée, elle est caractérisée par l’apparition de séricite en grandes quantités en association avec la chlorite, le quartz et la pyrite. -L’altération argileuse faible est rencontrée dans les parties les plus superficielles des sondages, elle est caractérisée par la formation de kaolinite essentiellement. -L’altération argileuse forte n’est présente que dans le sondage MS14, ainsi que dans quelques endroits en surface, elle est caractérisée par la formation de l’alunite. La minéralisation semble être contrôlée par la zone à forte altération propylitique et plus précisément dans la partie à forte carbonatation, la zone séricitisée renferme également quelques disséminations de pyrite. A l’affleurement, la minéralisation est limitée à de très rares disséminations que l’on observe plus fréquemment en profondeur, ces disséminations, sont essentiellement constituées de pyrite parfois accompagnée de chalcopyrite ou de galène et de blende. La minéralisation est parfois sous forme de veinules de 0,1 à 1cm d’épaisseur traversent les andésites, ces veinules sont remplies le plus souvent par des oxydes et de la calcite mais parfois également par de la pyrite et d’arsénopyrite ou de galène et de sphalérite. Dans les parties les plus profondes des sondages, le minerai est sous forme de plages centimétriques de pyrite massive, associée à de la marcassite, et de la chalcopyrite, ou sous forme lits de pyrite et d’arsénopyrite au sein d’une masse andésitique vert grisâtre. Les étapes de mise en place de la minéralisation sont : la phase préliminaire Cette phase correspond à l’altération hydrothermale avec la formation des minéraux suivants : pyrite I, calcite I, quartz, chlorite, épidote, séricite etc. la phase minéralisatrice Cette phase est subdivisée en deux étapes : - Etape I: caractérisée par la formation de la pyrite II précédée par l’oligiste et la magnétite I, et suivie par la formation de la chalcopyrite I, pyrrhotite, arsénopyrite, sphalérite I, et galène I, Les minéraux de cette étape ont subit une fracturation et, par endroit, un métamorphisme de contact qui a donné quelques structures de recuit au niveau de la pyrite II, des plissements dans la galène I et probablement la transformation de la pyrite II en pyrrhotite. 3 - Etape II : caractérisée par le dépôt de la magnétite II, pyrite III, pyrite IV, chalcopyrite II, sphalérite II et galène II. La phase supergène C’est la phase de mise en place des oxydes et hydroxydes métalliques suivants : Hématite, gœtite, malachite, azurite, limonite. 2) Tifaraouine La région de Tifaraouine est située au Nord du village d’El Amria (Temouchent) dans le Sahel d’Oran. Le complexe volcanique de Tifaraouine affleure au sein du domaine tellien des maghrébides. La région est constituée par deux assises volcaniques. La première assise est formée par une alternance d’andésites à amphibole et pyroclastites andésitiques, elle est surmontée par la seconde assise constituée par des andésites à pyroxène. Ces deux assises sont recoupées par une intrusion granodioritique à microdioritique rencontrée uniquement par sondage à la base des deux assises volcaniques. Cette intrusion émet quelques ramifications (apophyses) qui viennent traverser les roches volcaniques à différents niveaux. Les sondages montrent également des dykes de roches basiques (basalte sans olivine, dolérite) qui ne sont pas affectées par l’altération hydrothermale et qui semblent recouper toutes les autres roches. Les sondage T20 et T6 admettent quelques passées de roches sédimentaires marneuses en alternance avec les tufs fin de l’assise inférieure, ceci confirme le caractère marin du volcanisme déjà soupçonné sur le terrain. La séricitisation est l’altération que l’on rencontre dans les parties profondes des sondages, elle est souvent accompagnée par la formation de biotite hydrothermale et parfois de chlorite, les séricites se développent au dépend des plagioclases qui sont partiellement ou totalement remplacés. La silicification semble affecter tous les niveaux des sondages, elle se manifeste par la formation de quartz cryptocristallin de dévitrification et de quartz microgranulaire qui remplit les veinules. La carbonatation affecte tous les niveaux de sondages, elle se manifeste par la formation de calcite microsparitique par altération des plagioclases ou sparitique associée au quartz en remplissage des veinules L’argilisation est l’altération la plus superficielle, elle se manifeste par l’altération des plagioclases, macroscopiquement on observe une matière pulvérulente blanchâtre qui rappelle la kaolinite, au microscope, l’argile se présente sous forme d’amas cryptocristallins. La minéralisation est essentiellement présente dans les zones à forte carbonatation. A l’affleurement, la minéralisation se manifeste par de rares disséminations de pyrite, ainsi que par de la magnétite en gros grains et de l’oligiste qui remplissent les fractures. Au niveau des sondages, le minerai se présente sous forme de disséminations de chalcopyrite, marcassite, pyrite, magnétite, et de très rares sphalérites, recoupées par des veinules de pyrite et de 4 chalcopyrite épaisses de 2mm à 4cm, avec une gangue de calcite et parfois de quartz. Ces veinules contiennent, en plus de pyrite et de chalcopyrite, selon les sondages, de la magnétite et de l’hématite ou de l’arsénopyrite, de la sphalérite, de la galène et de la marcassite. La chalcopyrite et la galène des veinules montrent parfois de rares inclusions d’or. La minéralisation est mise en place en plusieurs phases : la phase préliminaire Cette phase a permis la mise en place des minéraux d’altération hydrothermale tels que : la calcite, argiles, séricite, quartz, pyrite, etc. la phase minéralisatrice La phase minéralisatrice proprement dite est subdivisée en deux étapes séparées par une phase de fracturation - Etape I a permis le dépôts des minéraux suivants : magnétite I, hématite I, pyrite I, marcassite, sphalérite I, chalcopyrite I. - Etape II caractérisée par la cristallisation des minéraux suivants magnétite II, hématite II, arsénopyrite, pyrite II, sphalérite II, chalcopyrite II et galène. La phase supergène C’est la phase de mise en place des minéraux d’altération supergène suivants : hématite III, bornite, chalcocite, digénite, covellite et malachite. 3) Oued Amizour La région de Oued Amizour est située au sud de la vallée de la Soummam dans la région comprise entre la ville de Oued Amizour et la rive occidentale du golf de Béjaïa. Le complexe magmatique de Oued Amizour affleure dans la partie la plus interne du domine externe des Maghrébides. Il est constitué de deux ensembles, l’un est intrusif et comprend sept plutons d’extension inégale, l’autre est volcanique constitué de laves et de pyroclastites. L’étude pétrographique de quelques sondages d’Aït Dali et Akintouche montre que ces deux secteurs sont constitués à la base par une intrusion granitoïdique surmontée par un épisode volcano-bréchique puis par une alternance de tufs dont la phase de liaison est parfois pélitique et de laves andésitiques. Dans le secteur d’Amadène, les sondages montrent de la base au sommet des calcaires quartzeux très fins, un ensemble de tuffites volcano-sédimentaires et enfin des grès carbonatés qui admettent des passées de roches volcaniques et volcano-sédimentaires. La présence de tufs péliteux à Ait Dali, de tuffites à glauconies, parfois fossilifères, à Amadène et de tufs à foraminifères à Akintouche indique le caractère sous marin, d’au moins une partie, du volcanisme de Oued Amizour L’altération hydrothermale est fortement présente, la chloritisation, la carbonatation et la séricitisation en sont les principales manifestations. 5 La chloritisation résulte de la transformation des ferromagnésiens elle est particulièrement développée dans les andésites et les brèches pyroclastiques. La carbonatation affecte l’ensemble des faciès recoupés par les sondages, en donnant soit de la calcite cryptocristalline qui se développe par altération des plagioclases et des ferromagnésiens, sois de la calcite sparitique en remplissage des fractures. La séricitisation est présente dans toutes les roches du sondage, elle se manifeste par l’altération des feldspaths et des micas, la séricite est souvent accompagnée de quartz et de pyrite. En plus de ces altérations principales, on rencontre également la silicification, la kaolinitisation et l’albitisation. La minéralisation semble être contrôlée par la zone à forte carbonatation, la zone séricitisée referme des disséminations d’hématite, de pyrite et de chalcopyrite. L’étude des trois secteurs a permis de définir trois types de minéralisation : des amas pyriteux à Ait Dali, une minéralisation polymétallique à Ait Dali et Akintouche, et une minéralisation cuprifère à Amadène. A l’affleurement, seuls quelques amas pyriteux affleurent dans le secteur d’Ait Dali, la minéralisation polymétallique (Ait Dali, Akintouche) et cuprifère (Amadène) ne sont visibles que dans les sondages. La pyrite dans les amas pyriteux est soit en cristaux isolés ou fromboïdale, soit en remplissage des fractures en association avec de l’oligiste, la chalcopyrite, le gypse, la calcite et l’anhydrite. La minéralisation polymétallique se présente sous forme de dissémination ou en remplissage des veinules, la texture disséminée est à sphalérite, galène et pyrite et de rares chalcopyrites alors que veinules sont essentiellement à galène et pyrite accompagnées parfois par une gangue formée de calcite, gypse et anhydrite. La minéralisation cuprifère d’Amadène est essentiellement fissurale. Les fractures dont l’épaisseur peut atteindre 1 m sont remplies de pyrite, chalcopyrite, bornite, digénite, covellite, sphalérite et galène. Les étapes de mise en place de la minéralisation polymétallique de Oued Amizour sont : la phase préliminaire Elle correspond à la formation des minéraux d’altération hydrothermale tels : pyrite I, calcite I, quartz, chlorite, séricite kaolinite et anhydrite. la phase minéralisatrice Cette phase est subdivisée en deux étapes : - Etape I : Caractérisée par la formation de la pyrite II et marcassite suivie par la formation de la chalcopyrite I, sphalérite I, et de galène II accompagnés des minéraux de gangue tels que la calcite II, et le gypse. - Etape II : Caractérisée par le dépôt de la pyrite III parfois collomorphe, de sphalérite II et galène II et de rares cuivre gris. 6 la phase supergène C’est la phase de mise en place des oxydes et hydroxydes métalliques suivants : Hématite, gœthite, malachite, azurite, et limonite. La minéralisation cuprifère d’Amadène s’est également déposée en deux phases minéralisatrices après une phase préliminaire stérile : La phase préliminaire Elle correspond à la formation des minéraux d’altération hydrothermale tels : pyrite I, hématite, calcite, quartz, chlorite, et gypse. La phase minéralisatrice - Etape I : Caractérisée par la formation de la pyrite II et de sphalérite, suivie des minéraux cuprifères (chalcopyrite, bornite, digénite) et de galène ainsi que du quartz et de la calcite. - Etape II : Caractérisée par le dépôt de la pyrite III et de marcassite. La phase supergène C’est la phase de mise en place des minéraux d’altérations suivants : covellite, gœtite, limonite. 4) El Aouana La région d’El Aouana, est située à environ 20 Km au Sud-Ouest de Jijel à l’extrémité orientale du golf de Bejaia. Le complexe magmatique d’El Aouana, comme celui de Oued Amizour, affleure dans la partie la plus interne du domine externe des Maghrébides. Il est constitué par deux assises volcaniques (Bou Soufa à la base, Port Maria au sommet) séparés par un horizon volcano-sédimentaire relativement peu épais et sont entourés par des intrusions périphériques. L’assise volcanique de Bou Soufa contient les deux gisements de la région, Oued El Kebir et Bou Soufa, (le gisement de Bou Soufa est, par endroits, encaissé dans les roches du complexe de PortMaria et dans les dômes adakitiques). Cette assise est formée par une alternance irrégulière d’andésites et dacites, de tufs, de tuffites, de brèches tuffacées, et d’argilites, ainsi que de brèches andésitiques ou dacitiques dans lesquelles s’intercalent des niveaux d’épiclastites contenant des millioles attestant le caractère marin des dépôts. La minéralisation est essentiellement encaissée dans les tufs Les adakites d’El Aouana (andésites quartziques et microdiorites quartziques), ayant joué probablement un rôle important dans la mise en place du gisement de Bou Soufa sont constituées essentiellement par des phénocristaux d’hornblende verte et de plagioclases de type andésine-labrador ainsi que par du quartz et de rares diopsides, les minéraux accessoires sont la magnétite et l’apatite. L’altération se traduit par la kaolinisation, la silicification, la séricitisation, la carbonatation, la chloritisation et l’alunitisation. 7 La kaolinisation et la silicification sont les plus fréquentes, la silicification se manifeste soit sous forme d’opale, de calcédoine et de quartz géodique ou fissural, ou sous forme de quartzites hydrothermaux riches en alunites. De la silice cryptocristalline par dévitrification des laves est également fréquente. La séricitisation et la chloritisation sont les produits de l’altération des feldspaths et des micas. La carbonatation se manifeste par la néoformation de calcite, d’ankérite et de sidérite. A) Le gîte de Oued El Kébir Le minerai du gisement de Oued El Kébir observé au niveau de la galerie montre des disséminations de pyrite et chalcopyrite à grains fins et de rares grains plus grossiers de galène ou de blende. En plus de ces disséminations, la minéralisation est, parfois, sous forme stockwerks présentant des associations de chalcoyrite-pyrite-calcite, ou de chalcopyrite-pyrite-galène-barytine, ou encore de galène-blende-barytine, ou même de galène seule. En plus des disséminations et des stockwerks qui sont les textures les plus fréquentes, la minéralisation se présente comme ciment d’une brèche, et très rarement comme élément de la brèche. Les gains de pyrite et de chalcopyrite avec parfois de la galène sont finement disséminés dans le ciment des brèches dacitiques ou tuffacées En surface, à l’affleurement de l’Oued El Kébir, où le corps est lenticulaire, le minerai présente parfois des alternances de bandes larges concrétionnées de pyrite-marcassite et de bandes très fines de gangue siliceuse. Le minerai est recoupé par endroits de petites veinules millimétriques à centimétriques, remplies le plus souvent de pyrite à grains très fins associés à de la calcite et de la calcédoine. Le gisement de Oued El Kébir est constitué à l’évidence par deux types de minéralisation, l’un stratiforme, et syngénétique, l’autre filonien identique à la minéralisation de Bou Soufa. La première minéralisation s’est mise en place en deux phases : La première phase est elle même subdivisée en deux étapes. Dans la première étape se déposent la pyrite I, la bornite, la chalcopyrite, la blende II, le Cu Gris I et la galène I. dans la deuxième phase apparaissent la pyrite II, la marcassite et la blende II. La deuxième phase est caractérisée par l’apparition de la pyrite II, de blende III, du Cu gris II et de la galène II. La deuxième minéralisation est filonienne, elle est postérieure à la première qu’elle recoupe. Elle est caractérisée par le dépôt de pyrite et marcassite ainsi que de chalcopyrite, enargite et galène. B) Le gîte de Bou Soufa. Le minerai de Bou Soufa n’affleure pratiquement pas, seuls quelques indices sur le terrain témoignent de la présence de ce gîte en profondeur. Ces indices consistent en produits limoniteux sous forme de veinules ou d’imprégnations, ainsi que des carbonates et sulfates de Cu. On rencontre également un chapeau de fer de 5 m de long environ constitué d’oxydes de fer, essentiellement de la limonite, ainsi que de la silice et de la barytine. 8 En profondeur, la minéralisation se présente en filons, filonnets, stockwerks, veinules et amas liés à des failles très redressées, le chapeau de fer observé en surface correspond à un filon siliceux en profondeur qui s’enrichit en cuivre dans les zones les plus profondes. Macroscopiquement, le minerai présente souvent la texture disséminée ainsi que la texture veinulée. Á coté de ces deux textures prédominantes on observe également la texture brèchique et la texture massive. La minéralisation s’est formée en deux étapes principales : la première phase est caractérisée par le dépôt de pyrite et des minéraux cuprifères (énargite, chalcopyrite, Cu gris, bornite, chalcosite I) la deuxième phase, supergène, voit l’apparition de chalcosine II, de cuprite, de malachite et d’azurite. 5) Hypothèse métallogénique Les observations effectuée sur le terrain ainsi que l’étude microscopique permettent de considérer la superposition de deux types de minéralisation ; une minéralisation de type VMS (amas sulfurés volcanogènes) suivie d’une autre de type épithermal et cela pour les quatre régions étudiées : A l’affleurement, plusieurs arguments nous permettent rattacher les minéralisations de M'Sirda, Tifaraouine, Oued Amizour, et Oued El Kebir au type VMS (amas sulfurés volcanogènes). En effet, ces minéralisations présentent les caractères typiques des minéralisations de type Kuroko : - Existence d'un dôme de "rhyolite blanche" représenté par des « intrusions » dacitique (dans la mine de Kosaka, elle est également représentée par une dacite). A M'Sirda, cette « intrusion » n’a été observée ni en surface ni dans les sondages Cependant, quelques observations de terrain nous permettent de supposer sa présence. En effet, l’existence d’un calcaire marmorisé avec des minéraux de skarnes (grenats, épidotes, diopside, et quelques minéraux métalliques) au niveau du Lias de Sebabna est dû probablement à un corps magmatiques en profondeur d’autant plus que ce calcaire présente, par endroits, un bombement qui laisse supposer qu’il a été poussé vers le haut. Le caractère acide de cette « intrusion » est reconnu par la forte silicification des roches de la région, un corps basique ou même intermédiaire serait incapable d’apporter autant de silice observée dans les andésites qui sont parfois complètement transformées en amas de quartz - Ces dômes dacitiques sont surmontés par des roches volcaniques (andésites) et volcano-détritiques (tufs) comme dans les Kuroko - Le caractère sous-marin du volcanisme (d’une partie au moins) est observable aussi bien sur le terrain qu’en lames minces. En effet les pyroclastites présentent une stratification régulière sur de grandes étendues (M'Sirda, Tifaraouine). A Tifaraouine, on observe un niveau de jaspe (Radiolarites) en surface (comme dans les Kuroko). Des niveaux sédimentaires ou volcano-sédimentaires sont rencontrés en surface à M'Sirda et à Amadène ou dans les sondages (Tifaraouine, Oued Amizour, El 9 Aouana). Au microscope des pyroclastites à glauconies, ou à foraminifères ont été déterminées (Oued Amizour, El Aouana). La présence dans la première paragenèse minérale de sphalérite souvent ferrifère, de pyrrhotite ainsi que d’arsénopyrite indique une température assez élevée identique à celle des Kuroko La minéralisation stratiforme de Oued El Kébir est l’exemple typique du l’amas sulfuré volcanogène, à ce type on peut également rattacher une grande partie du gisement de Oued Amizour. Le type épithermal est reconnu sur le terrain par des filons et filonets recoupant la première minéralisation et/ou les roches volcaniques encaissantes. Le caractère aérien du magmatisme associé (au moins sa phase terminale est soulignée par plusieurs auteurs aussi bien à El Aouana qu’à Oued Amizour et même à Tiferaouine et M’Sirda). La deuxième paragenèse minérale, présente des minéraux de « basse température », schalenblende, et pyrite collomorphe et pyritosphère, ces minéraux sont à rattacher à une phase épithermale Le gisement de Bou Soufa ainsi que la deuxième minéralisation de Oued El Kébir (celle qui recoupe l’amas en profondeur) et celle d’Amadène sont filoniennes, elles sont postérieures à la mise en place des roches volcaniques encaissantes et ne sont donc pas de type Kuroko mais plutôt de type épithermal. III) Géochimie Les zones de subduction-collision sont caractérisées par la présence de roches magmatiques produites par la fusion partielle soit du manteau lithosphérique métasomatisé par la déshydratation de la plaque océanique subductée, ce sont les roches calco-alcalines, soit de la plaque océanique plongeante (Defant M.J. & Drumond M.S., 1990 ; Drumond M.S. & Defant M.J., 1990 ; Defant M.J. & al., 1991 ; S. Mahlburg Kay & al., 1993 ; Sajona F.G. & al 1993, 1994 ; Maury R.C. & al., 1996 etc.) ce sont les adakites. Le terme d’adakite a été proposé par Defant M.J. & Drumond M.S., 1990 pour designer des roches magmatiques produites par la fusion de la croûte océanique plongeante lors d’une subduction à des températures de 800-1000 °C et des pressions de 1 à 2 GPa (10 à 20 Kbar). Les adakites sont des roches volcaniques ou plutoniques, intermédiaires à acides (SiO2 > ou= 56 %) riches en Al (Al203 > 15 %), en Na (jusqu’à 7,5 %) et en Sr (Sr > ou = 400 ppm) elles sont en outre pauvres en Yb (Yb<1,8 ppm), en Y (Y<18ppm), et en terres rares lourdes (HREE). En plus de ces caractéristiques, les adakites présentent (Thiéblemont & al, 1997), comme les roches calco-alcalines, un rapport Fe2O3t/MgO modéré et un caractère métalumineux. D’autres roches présentent des caractères chimiques intermédiaires entre les adakites et les roches calco-alcalines normales ce sont les roches du « clan adakitique » (Sajona F.G. & Maury R.C., 1998) représentées par les ALA (adakite linked andésites) qui sont des roches à affinités adakitiques, et par les NEB (Niobium-enriched basalts) ou basaltes enrichis en Niobium. 10 1) Les roches d’El Aouana La région magmatique d’El Aouana est constituée de deux complexes volcaniques et des dômes périphériques qui les entourent. Ces dômes sont subdivisés en deux groupes, l’un situé au nord du massif caractérisé par des teneurs plus élevées en Al2O3, Na2O et Sr et plus basses en éléments traces (La, Ce, Eu, Y et Yb) que l’autre situé au Sud (Benali H. 1994 ; Benali H. & al 2003). La pression de cristallisation des diopsides du groupe Nord peut atteindre 19 Kbar (Benali H. 1994). A) Les adakites (le groupe Nord) L’étude des éléments majeurs montre que les roches du groupe Nord sont métalumineuses et cafemiques. Les adakites d’El Aouana sont caractérisées par de faibles teneurs en Y et Yb qui font seulement entre 8,7 et 14 ppm et entre 0,93 et 1,2 ppm respectivement, alors que leur teneur en Sr est de 470 à 584ppm. Dans le diagramme de Cabanis B. & Lecolle M. (1989) (Fig.1) les adakites d’El Aouana sont situées entre le champ des roches calco-alcalines et le champ transitionnel (entre calco-alcalin et MORB). Dans le diagramme Sr/Y en fonction de Y (Fig.2) les adakites d’El Aouana se mettent dans le champs des adakites défini par (Defant M.J. & Drumond M.S., 1990). L’allure générale des spiderdiagrammes de ces roches normalisées au manteau primitif (Fig.3) est semblable à l’allure des adakites. Dans ces diagrammes, les adakites d’El Aouana montrent des anomalies négatives en Nb et en Ti caractéristiques des magmas orogéniques. Ces spiders permettent également d’observer une forte anomalie positive en Sr et une anomalie négative en Ba Dans les spiders normalisés au NMORB (Fig.4), les adakites d’El Aouana montrent également une similitude avec les spectres des adakites mondiales avec notamment des anomalies positives caractéristiques en Nb et en Sr. Ces spectres montrent également des anomalies négatives en Ba. Dans les spectres des terres rares normalisées aux chondrites C1 (Fig.5), les adakites montrent de très faibles anomalies négatives en Eu, parfois cette anomalie est nulle ou même légèrement positive B) les roches à affinité adakitique (groupe Sud) Les roches à affinité adakitique d'El Aouana sont également métalumineuses et cafemiques, elles caractérisées par de faibles teneurs en Y et Yb, bien que légèrement supérieures à celles des adakites d’El Aouana, ces valeurs vont de 12 à 19 ppm pour Y et de 1,15 à 1,8 ppm pour Yb ce qui les place dans le domaine des adakites mais leurs teneurs basses en Sr (181 à 424 ppm) ne permet pas de les considérer comme telles. L’andésite basique de Daratia est plus riche en Sr que les autres roches du groupe Sud et dépasse même la limite de 400 ppm mais son pourcentage en SiO2<56% ne permet pas de la classer comme adakite. Dans le diagramme de Cabanis B. & Lecolle M. (1989) (Fig.1) ces roches sont situées dans le champ des roches calco-alcalines à la limite du champ transitionnel, près des adakites, ce qui confirme l'observation au niveau des éléments majeurs. 11 Dans le diagramme Sr/Y en fonction de Y (Fig.2) elles se mettent dans le champs des roches calcoalcalines normales mais très proche de la limite avec le champs des adakites. El Aouana Sud Adakites 180 El Aouana Sud Adakites iqu e Y/15 Ca lco -alc alin Th o leii t CCS:C.Cont.Sup Sr/Y CCI:C.Cont.Inf cci 100 Adakites ADD: Andésites, dacites et diorites normales 60 40 ccs 20 ADD 0 5 Nb/8 La/10 Fig 1 : Roches d’El Aouana dans le digramme de Cabanis et Lecolle 10 20 45 Y (ppm) Fig 2 : Roches d’El Aouana dans le digramme Sr/Y Vs Y (Drumond M.S. (1989) & Defant M.J., 1990) Les spiderdiagrammes de ces roches normalisées au manteau primitif (Fig.3) montrent les anomalies négatives en Nb et en Ti caractéristiques des magmas orogéniques. Ces spiders permettent également d’observer la même anomalie négative en Ba observée dans les adakites alors que la forte anomalie positive en Sr est absente, elle est parfois même remplacée par une anomalie négative. Dans les spiders normalisés au NMORB (Fig.4), les roches à affinité adakitique d'El Aouana ne présentent pas d’anomalie positive en Sr contrairement aux adakites d’El Aouana, tandis que l’anomalie positive en Nb est toujours présente. Cet enrichissement en Nb est absent dans les roches calco-alcalines normales. L’anomalie négative en Eu est là aussi, comme dans les adakites, très faible ou nulle, l’enrichissement en terres rares légères est plus poussé (Fig.5). 1000 El Aouana Sud 100 Adakites d'El Aouana El Aouana Sud Adakites d'El Aouana Adakite de Luzon Roche/MP Roche/MORB 100 1 10 0 0,1 1 Rb Ba K Nb La Ce Sr Nd P Zr Eu Ti Dy Y Er Yb Rb Ba K La Ce Sr Nd Eu Nb Dy Y Er P Yb Ti Fig. 3 : Spiderdiagrammes des roches d’El Aouana (Normalisées aux Fig.4 : Spiderdiagrammes des roches d’El Aouana (Normalisées aux manteau primitif de Sun & McDonough 1989) NMORB de Sun & McDonough 1989) comparés à une adakite de Luzon (Sajona 1995) 12 200 200 a b 100 Roches/chondrites Roches/chondrites 100 10 1 La Ce Nd Sm Eu Gd Tb Dy 10 1 Er Tm Yb La Ce Nd Sm Eu Gd Tb Dy Er Tm Yb Fig 5 : Spectres des terres rares normalisées aux chondrites de Sun & McDonough 1989 a : Adakite d’El Aouana. b : roches du groupe sud d’El Aouana C) Les roches des deux complexes volcaniques. Les rares analyses chimiques des roches des deux complexes magmatiques (Mendousse 1992) montrent que les dacites de Bou Soufa contiennent moins d’Al2O3, de Na2O et de CaO que les roches des dômes adakitiques alors que les roches du complexe de Port Maria leurs sont semblables. Dans les diagrammes des terres rares (Fig.6), on note la aussi une similitude entre les roches du complexe supérieur avec les spectres des adakites. Les roches du complexe de Bou Soufa montrent par contre un enrichissement plus élevé en terres rares lourdes et une anomalie négative en Eu plus nette. Les roches de Port Maria semblent appartenir au clan adakitique alors que celles de Bou Soufa sont calco-alcalines pures Fig 6 : Spectres des terres rares normalisées aux chondrites (Mendousse 1993) a : Dacite de Bou soufa b : Dacite de Port-Maria (Les spectres en tirets représentent a : roches minéralisées b : roches stériles d’après Campbell & al 1982) 2) Les roches magmatiques tertiaires du nord de l’Algérie Les roches magmatiques tertiaires du nord de l’Algérie ont fait l’objet de plusieurs études (Cf Introduction) ces travaux ont permis de bien caractériser ce magmatisme dans son cadre géochimique et géodynamique. L’étude des éléments majeurs a permis de déterminer que ces roches sont pour la plupart des roches métalumineuses, les roches du Cap Bougaroune et celles des Beni Toufout sont par contre peralumineuses et suivent une évolution alumineuse, ces roches correspondent au type S de Chappell & White 1974, la contribution de la croûte continentale dans la source de ces roches est très marquée. 13 Les roches acides de l’Est algérois sont également péralumineuses, mais suivent une évolution alumino-cafémique, l’influence de la croûte continentale est moins forte. La répartition des éléments en traces dans le diagramme de Cabanis B. & Lecolle M. (1989) (Fig.7) et dans les spiderdiagrammes montre que les roches magmatiques calco-alcalines néogènes du Nord de l’Algérie peuvent être subdivisées en trois groupes selon la contribution de la fusion de la croûte continentale à leur genèse. -calco-alcalines orogéniques (Sahel d’Oran, andésite de M’Sirda et Cap de Fer) -calco-alcalines avec une légère contribution de la croûte continentale supérieure (roches acides et intermédiaires de l’Algérois, et quelques échantillons de Oued Amizour) -calco-alcalines avec une forte contribution de la croûte continentale supérieure (Cap Bougaroune, Beni Toufout) et à un degré moindre, les roches acides de l’Algérois. Y/15 e iqu leii t e iqu leii t Th o alin Th o alin Ca lco -alc ccs in cal Al in cal Al Ca lco -alc B B cci OR Beni Toufout Nb/8 La/10 Nb/8 La/10 EM OR ccs B EM cci OR B cci:C.Cont.Inf Cap de Fer Est algérois Cap Bougaroune Oued Amizour NM ccs:C.Cont.Sup M'Sirda Ouest algérois OR cci:C.Cont.Inf Y/15 Sahel NM ccs:C.Cont.Sup Fig. 7 : Roches magmatiques tertiaires du nord de l’Algérie dans le diagramme de Cabanis et Lecolle (1989) En plus de la contribution de la croûte continentale, toutes les roches calco-alcalines montrent une anomalie positive en Nb dans les spiders normalisés au NMORB (Fig.8). Cet enrichissement est incontestablement une preuve de la contribution de la fusion de la croûte océanique à leurs genèse (le manteau métasomatisé par la déshydratation de la croûte océanique est appauvri en Nb, alors qu’il sera enrichie en cet élément s’il est métasomatisé par des magmas issus de la fusion de la croûte océanique) Sajona, F.G.,1995. 1000 Sahel M 'Sirda Est algérois Ouest algérois Cap Bougaroune Cap de Fer Beni Toufout Oued Amizour 1000 Cap de Fer Beni Toufout Oued Amizour Oued Amizour Sahel M 'Sirda Est algérois Ouest algérois 100 Roches/C1 Roches/Nmorb 100 10 10 1 Rb Ba K La Ce Sr Nd Eu Nb Dy Y Er P Yb Ti La Ce Nd Eu Dy Er Yb Fig. 8 : Spiderdiagrammes des roches magmatiques tertiaires du nord de Fig 9 : Spectres des terres rares normalisées aux chondrites de Sun & l’Algérie (Normalisées aux NMORB de Sun & McDonough 1989) McDonough 1989 des roches magmatiques tertiaires du nord de l’Algérie 14 L’étude des spectres des terres rares des roches « calco-alcalines » montre qu’à l’exception de quelques échantillons de Oued Amizour toutes les roches ne montrent pas d’anomalies négatives en Eu (Fig. 9). - les roches basiques de l’Est algérois ainsi que les basaltes ORBZ1, OR22 et OR15 (Moyenne Tafna) sont des NEB (produits de la fusion du manteau lithosphérique préalablement métasomatisé par un magma adakitique) (Fig.10) a 100 Roches/MORB 100 DLBC DLDR DR72-67 DJ1 DJ2 NEB 90 17A b OR15 OR-BZ1 OR22 Roches/MORB 1000 10 10 NEB PH90-19 1 1 0,1 0,1 Rb Ba K La Ce Sr Nd Eu Nb Dy Y Er P Yb Ti Rb Ba K La Ce Sr Nd Eu Nb Dy Y Er P Yb Ti Fig. 10 : Spiderdiagrammes des NEB tertiaires du nord de l’Algérie (Normalisées aux NMORB de Sun & McDonough 1989) A : Basaltes de Dellys et Cap Djinet b : Basaltes de la Moyenne Tafna. Comparés aux NEB De Luzon (Sajona 1995) -Les basaltes OR13, ORR12, OR 16, OR17 et OR18 sont des HNB (basaltes riches en Nb : Nb>20ppm). Ce sont des roches transitionnelles qui seraient issues de la fusion d’une zone limite entre l’asthénosphère et la lithosphère (Louni, A. 2002). 3) Implications métallogéniques Plusieurs études récentes depuis la découverte des adakites soulignent l’association de ces roches avec les gisements de type porphyres cuprifères ou épithermaux à Cu et Au (Thiéblemont, D. & al 1997; Sajona, F.G. & al 1997 ; Oyarun, R. & al 2001). Par ailleurs, les minéralisations de type VMS (Kuroko) sont associées à des roches calco-alcalines normales (non adakitiques) caractérisées par des spectres des terres rares à fortes anomalies négatives en Eu et dont la pente est très douce, presque aplatie (Campbell, I.H. & al 1982). Les roches calco-alcalines du nord de l’Algérie ont toutes une signature adakitique (sauf probablement les roches du complexe volcanique de Bou Soufa et quelques roches de Oued Amizour qui présentent des anomalies négatives on Eu). Les minéralisations probables en fonction de cette géochimie sont donc de type porphyres ou épithermales à Cu et Au, le gisement de Bou soufa est lié aux dernières « intrusions » périphériques adakitiques, dans le complexe de Bou Soufa dont les roches sont calco-alcalines (non adakitique) le gisement de Oued El Kebir est un exemple typique des VMS. Quant à Oued Amizour, les deux types de minéralisations sont probables 15 IV) Cadre géodynamique 1) Place du magmatisme dans le contexte structural alpin De nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer l’évolution géodynamique et la structuration complexe de la chaîne alpine nord africaine. De ces hypothèses, deux principales conceptions émergent : La première est proposée par Bellon (1976); Auzende (1978); Bourrouilh & al (1979); Cohen (1980); Bouillin (1986). Cette proposition invoque un contexte de subduction. Une autre vision a été proposée par (Bouillin (1977); Obert (1981); Wildi (1983); Saadellah (1992); Mahdjoub (1992). Ces auteurs proposent des modèles où le mécanisme essentiel est la tectonique de collision avec cisaillement frontaux et accidents décrochants liés au coulissage de la plaque d’Alboran par rapport à l’Afrique. La présence d’adakites à El Aouana, témoins d’une croûte océanique subductée, ainsi que des roches à tendance adakitique dans le reste de l’Algérie du nord nous permet de considérer la subduction comme le mécanisme majeur ayant contribué à l’évolution géodynamique alpine de la marge nord algérienne. L’observation de la position des roches magmatiques montre que celles ci affleurent aussi bien dans le domaine interne que dans le domaine externe. L’existence d’un seul plan de subduction ne pourra pas expliquer cette présence simultanée, pour cela, de nouvelles hypothèses supposant l’existence de deux plans de subduction ont été émises (Guererra & Al 1995 ; Maury & al 2000). Dans l’hypothèse de (Maury & al 2000), la plus récente, les auteurs proposent une évolution par deux subductions, l’une vers le Sud de l’océan alpin et l’autre vers le Nord et de l’océan maghrébin. Cette hypothèse fait intervenir un rupture dans la lithosphère maghrébine subductée. L’évolution commence par la subduction vers le sud de l’océan alpin vers 50 ma (Yprésien) alors que la subduction de l’océan maghrébin ne commence que vers 35 Ma (Pribonien), la fusion de la lithosphère détachée engendre le magmatisme calco-alcalin dès le Langhien Cette hypothèse qui fait intervenir une rupture de la lithosphère maghrébine subductée et préalablement métasomatisée explique bien l’existence des roches calco-alcalines du domaine externe mais n’explique ni l’existence ni l’âge du magmatisme du domaine interne (Algérois, Collo etc.). En effet, si on fait intervenir la subduction à pendage Nord, le magmatisme du domaine interne serait le produit de la fusion du manteau de la plaque intermédiaire préalablement métasomatisé (avant la déchirure lithosphérique) par les produits de la déshydratation de la croûte océanique qui migrera plus tard vers le sud sous l’effet de la déchirure. Cette croûte ainsi déshydratée serait alors incapable de métasomatiser le manteau du domaine externe qui ne pourra pas alors produire les roches calcoalcalines. Cette croûte ne pourra même pas fondre pour donner les adakites puisque étant déshydratée elle ne pourra jamais atteindre son liquidus. Si on fait intervenir la subduction à pendage sud, le magmatisme engendré dans les zones internes serait d’un âge beaucoup plus ancien que l’âge des roches existantes. En effet, l’hypothèse fait 16 commencer cette subduction vers 50Ma ce qui permet d’avoir un magmatisme résultant au plus tard vers 30 Ma (Johnson & al 1978). L’âge de cette subduction semble, à notre avis, beaucoup plus récent et débutera avec ou juste après la subduction à pendage Nord, pas avant. 2) Hypothèse géodynamique Pour élaborer un modèle qui expliquera l’évolution géodynamique de la chaîne alpine maghrébine il est impératif de tenir compte de l’évolution des différentes unités qui la constituent. En effet, plusieurs hypothèses émises ne tiennent compte que d’un seul élément (magmatisme, tectonique etc.), ces hypothèse restent incapables d’expliquer l’évolution des autres éléments de la chaîne. Le modèle proposé (Fig.11) essaye de tenir compte de l’évolution des différents domaines de la chaîne alpine algérienne, les caractéristiques du magmatique miocène ainsi que l’apport des différentes études géophysiques (gravimétrie, aéromagnétisme et tomographie sismique) réalisées au niveau de la côte algérienne (Idress & al. (1997) ; Idress (1997) ; Galdéano & Rossignol, (1977) ; Asfirane, (1994) ; Asfirane & Galdeano, (1995) ; Carminati &al (1998) ; De Jongue &al (1994). Ce modèle est une amélioration du modèle déjà présenté Benali &al. (1999), il s’inspire beaucoup du modèle propose par Maury & al. (2000). Compression N-S Contraintes E-W Ecaillage vers le Sud Glissement des nappes telliennes vers le Nord Glissement des nappes telliennes vers le Sud, suivie par le Numidien Mise en place des adakites, des basaltes enrichis en Nb, et des roches calco-alcalines potassiques Fig. 11 : Evolution géodynamiques des Maghrébides du Crétacé Inférieur au Miocène Moyen 17 V) Conclusion Les minéralisations, liées aux roches magmatiques, probables au nord de l’Algérie sont soit de type amas sulfuré (Kuroko) soit de type porphyres cuprifères ou encore épithermal à Cu-Au, compte tenu de l’évolution géodynamique de la marge algérienne durant le Tertiaire. Cette typologie dépend essentiellement de deux conditions, la géochimie de l’encaissant et son caractère sous marin ou aérien (l’amas sulfuré est lié à un volcanisme sous marin calco-alcalin alors que le porphyre cuprifère et l’épithermal à Cu Au sont lié à un magmatisme aérien et de type adakitique) L’étude des régions minéralisées montre à chaque fois une superposition de deux types, le type amas sulfuré recoupé par le type épithermal, cette superposition, rencontrée dans toutes les régions étudiées est probablement liée à l’existence d’au moins deux venues magmatiques successives l’une serait calco-alcaline et l’autre adakitique, Dans la région d’El Aouana, le gisement de Oued El Kebir, correspond au type amas sulfuré, il est encaissé dans le complexe volcanique, sous marin, de Bou Soufa, dont le spectre des terres rares (Fig 6a) correspond à celui des roches calco-alcalines. Le gisement de Bou Soufa, par contre, est de l’épithermal typique, il est essentiellement encaissé dans le complexe de Bou Soufa, mais également, bien que rarement, dans le complexe de Port Maria et les dômes périphériques adakitiques ce qui montre qu’il est bien postérieur au volcanisme sous marin de Bou Soufa. Il est lié au magmatisme adakitique aérien. Cette étude nous permet de faire les recommandations suivantes, susceptibles d’orienter une éventuelle prospection de minéralisations liées au magmatisme tertiaires du nord de l’Algérie : - Préciser la géochimie des roches magmatique et voir s’il n’y a pas un magmatisme calco-alcalin et un autre adakitique dans la même région - Préciser le caractère sous marin ou aérien du magmatisme calco-alcalin et de l’adakitique. Les régions ou des minéralisations économiques sont très probables sont celles ou on a un volcanisme calco-alcalin sous marin et/ou un magmatisme adakitique aérien 18 Bibliographie Aissa D.E. 1996. 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