LE PATRIMOINE NATUREL DU BASSIN VERSANT DE LA LEZE Peu de données relatives aux espaces naturels sont disponibles sur la vallée de la Lèze. Mais malgré cette lacune, il est néanmoins possible de présenter les grands traits du paysage de la vallée, et notamment les milieux naturels remarquables, et de détailler les caractéristiques écologiques de la Lèze. 1. Les grandes unités écologiques de la vallée 1.1 Des paysages La vallée de la Lèze, de par sa situation géographique, géologique et climatique, peut se décliner en trois grandes unités naturelles correspondant assez justement aux ensembles morpho-pédologiques présentés en première partie : - le piémont pyrénéen, - les coteaux molassiques, - les plaines et terrasses alluviales. 1.1.a. Le Piémont pyrénéen, berceau de la Lèze Le bassin amont de la Lèze est dominé par les contreforts pyrénéens du Plantaurel. En aval de sa source, à environ 600 mètres d’altitude, et avant son arrivée sur la retenue de Mondély, la Lèze circule au sein d’une petite vallée humide encadrée par des monts accidentés dont les versants plus ou moins pentus, sont principalement boisés de chênes, des hêtres et de pins… Le lit graveleux de la Lèze est dans cette portion relativement étroit et délimité par des berges verticales et boisées d’une mince ripisylve à Aulne glutineux (Alnus glutinosa)... Les écoulements dominants sont de type « plat courant », c’est à dire laminaire, les ruptures naturelles de pente (hauteurs de chutes) sont faibles, à l’exception de l’entrée remarquable dans la cluse1 du Pas du Roc. A l’aval de cette dernière, le cours d’eau s’élargie et circule alors au sein d’un relief moins marqué. Il est cisaillé par quelques petites vallées secondaires (ruisseau d’Argentat, ruisseau de Roziès). Les pentes des monts calcaires y sont toujours occupées par de vastes boisements, des landes et des pelouses. Comme en amont, le fond de vallée laisse place aux prairies humides sur marnes dont certaines présentent des cortèges floristiques à orchidées remarquables (Orchis mâle : Orchis laxiflora, Dactylorhiza pratermisa : exemple de l’amont de la retenue de Mondély). 1.1.b. Un cours d’eau encadré par les molles collines des terreforts. Au sortir du Plantaurel, à l’aval de Pailhès, la formation molassique couvre la majeure partie du territoire et encadre la plaine alluviale de la Lèze. Ce système vallonné de coteaux de faible altitude (200-400 mètres) draine la majeure partie des affluents de la Lèze. C’est d’ailleurs de ces terreforts que naissent une grande partie des phénomènes hydrologiques L’agriculture et notamment la céréaliculture y est prépondérante. Elle occupe les vastes pentes des collines, reléguant l’élevage à la partie amont du territoire. L’irrigation ne s’effectue ici que sur les cultures de maïs, pois et soja à la faveur des retenues collinaires disséminées sur l’ensemble des terreforts. Dans les reliefs plus 1 Cluse : gorge transversale dans un pli anticlinal (pli dont la convexité est tournée vers le haut). accidentés, au sommet des collines et sur les coteaux calcaires et là où les rendzines dominent, les boisements de chênes et quelques pelouses calcaires occupent encore de vastes espaces. L’occupation des sols est donc majoritairement agricole. La céréaliculture domine et dans quelques cas, les terres agricoles – quelles soient d’ailleurs pâturées ou cultivées – sont complétées de linéaires arborescents discontinus et marquant bien souvent les ruptures de pentes. Le caractère fragmenté de cette formation végétale et paysagère n’est pas suffisant ici pour mentionner la présence d’un bocage à proprement parlé ou même d’un semi-bocage. Notons également que cette organisation se retrouve à proximité des habitats dispersés et isolés. 1.1.c. Les plaines et terrasses alluviales : espaces de divagation du cours d’eau Les plaines et terrasses sont visibles de l’aval de Pailhès jusqu’à l’exutoire du bassin versant. Elles s’étendent de part et d’autres de la Lèze et de ses affluents (notamment le Latou) sur des largeurs très variables. Le système alluvionnaire de la Lèze par exemple présente des profils en travers variant de 5 km (au niveau de Labarthe-sur-Lèze) à environ 1 km (à l’aval de Pailhès notamment). Sur ce long tronçon, la dynamique fluviale est particulièrement active. Ainsi, plusieurs méandres se succèdent, laissant apparaître dans les parties concaves des faciès d’érosion et dans les parties convexes des zones d’atterrissement. Le lit mineur y est très encaissé et s’insère au sein de berges hautes, argilo-limoneuses, et bordées d’une ripisylve mince (largeur inférieure à 5 mètres) relativement dégradée par le Robinier (Robinia pseudo-acacia. Cette espèce est d’ailleurs omniprésente sur cette partie du cours d’eau. De part et d’autre de la rivière, que ce soit au niveau des terrasses argileuses ou bien des basses plaines limonosableuses et sablo-argileuses, l’occupation du sol reste la même. L’agriculture, et notamment les cultures irriguées du maïs, du soja, du pois et du sorgho prennent une place éminente, cantonnant la céréaliculture (pratique agricole non irriguée) au second rang. Quelques petits boisements, localisés pour l’essentiel autour de Lézat-sur-Lèze, Saint Ybars et en amont d’Artigat, et six plans d’eau de loisirs, complètent néanmoins le paysage. 1.2 Une occupation des sols marquée par des mutations agricoles La comparaison des cartes d’occupation des sols dressées en 1946 par GAUSSEN et REY et en 1995 par la DIREN permet de proposer une identification des grands traits d’évolution du paysage. Comme nous venons de l’observer plus haut, le bassin versant de la Lèze est actuellement marqué par une agriculture que l’on pourrait caractérisée de monospécifique par rapport à une situation antérieure davantage diversifiée. Cette « monospécificité agricole » est tout de même à relativiser puisque l’occupation des sols de la vallée de la Lèze est caractérisée à la fois par des cultures de maïs, de soja, de pois, de sorgho, de blé et de seigle. Néanmoins, l’analyse de la carte de la végétation de 1946, nous renseigne d’une occupation des sols différente et davantage diversifiée. Elle se traduit notamment par la présence de cultures de blé, de maïs, d’avoine et de tabac. L’arboriculture et le maraîchage occupent également à cette époque de faibles surfaces à proximité de la Lèze. Elles s’intercalent alors aux prairies qui dominent le long du cours d’eau et de certains affluents ; ce qui n’est absolument plus le cas en 1995. Les vignobles, aujourd’hui faiblement représentés, sont dans les années 1940 disséminés sur les coteaux peu pentus de la Lèze. L’agriculture des années 40, contrairement à la situation des dernières années, semble donc marquée par une polyculture élevage encore peu soumise à des exigences économiques d’ordre nationale et européenne. En ce qui concerne la répartition des boisements sur la vallée de la Lèze, une explication doit être proposée. En 1946, l’amont de la Lèze est occupé majoritairement par des boisements de chênes pédonculés, chênes pubescents et hêtres ainsi que par des landes et des garrigues. Le reste du bassin versant est ponctué de petits boisements de chênes pédonculés occupants notamment le sommet des buttes. En 1995, une tendance très nette est à l’accroissement des boisements dans la zone amont à la faveur des espaces autrefois cultivés. Sur le reste de la vallée, et compte tenu d’un procédé d’élaboration de la carte différent (notamment en ce qui concerne l’échelle de travail), la carte dressée par la DIREN ne fait pas apparaître les petits boisements de chênes caractérisant le hauts des collines alors qu’ils sont visibles sur les cartes IGN révisées en 1999. Les surfaces boisées correspondent alors sensiblement à la situation de 1946. Nous constatons donc un accroissement globale des surfaces boisées – notamment à l’amont – à la faveur du déclin de l’activité agricole dans ces zones difficiles. Dans le domaine agricole, l’évolution de l’occupation des sols se traduit par la chute, voire la disparition, des surfaces toujours en herbes, des vignobles, et des cultures de légumes, d’arbres fruitiers et du tabac au détriment de l’intensification des cultures irriguées (maïs, soja) et de la céréaliculture. Cette évolution agricole affecte particulièrement la vallée de la Lèze à partir de l’aval de Pailhès. L’évolution de l’occupation des sols de la vallée de la Lèze a néanmoins préservé plusieurs espaces considérés comme remarquables. Ces intérêts écologiques s’expriment notamment au travers de la présence d’une faune, d’une flore et d’habitats remarquables classés ou inscrits à l’inventaire des Zones Naturelles Ecologiques Floristiques et Faunistiques. 2. Des milieux naturels remarquables : les outils de classements et d’inventaires 2.1 Les ZNIEFF : Zones Naturelle d’Intérêt Ecologique Floristique et Faunistique Il s’agit d’inventaires précisant la valeur écologique des milieux naturels (habitats, espèces animales et végétales…). Cet outil n’a aucune valeur juridique directe. Il n’est pas opposable aux documents d’aménagement du territoire mais doit être pris en compte dans toute opération de gestion de l’espace. Sur le périmètre du bassin versant de la Lèze, cinq ZNIEFF ont été identifiées (3 ZNIEFF de type I, 3 ZNIEFF de type II) équivalent à une superficie voisine de 6225 hectares (soit 1/5 de la superficie totale du bassin versant). 2.1.a. Les ZNIEFF de type 1 Elles caractérisent des espaces souvent réduits dont l’intérêt patrimonial (faune, flore, habitat) est reconnu à l’échelle régionale voire nationale. N°ZNIEFF Dénomination Superficie totale 730010259 La Forêt 730012905 Crête du Pas du Roc au Pas de Porte 730012021 Lac de Mondély * BV : Bassin versant 262,97 ha 620.41 ha 131,03 ha Superficie dans le BV* 262,97 ha 533 ha 131,03 ha Création 01/01/1987 01/01/1985 01/03/1989 Ce sont tous des espaces collinaires (altitude supérieur à 250 mètres) caractérisés par une grande diversité de milieux (carrières, grottes, rochers et falaises, forêts, landes, fourrés, pelouses, prairies humides, eaux douces…) et par des intérêts écologiques et biogéographiques (cas de la ZNIEFF « La Forêt ») démontrés par les rédacteurs des fiches. Les inventaires ZNIEFF de type I sont joints en annexe du document. 2.1.b. Les ZNIEFF de type II Ces espaces concernent de grands ensembles naturels riches et peu modifiés offrant de fortes potentialités écologiques et paysagères. Deux ZNIEFF de type II sont localisées dans la partie amont du bassin versant au sein du massif du Plantaurel. N°ZNIEFF 730012019 Dénomination Le Plantaurel (Pas de Roc à St Jean de Verges) 730011906 Le Plantaurel occidental, Mas d’Azil * BV : Bassin versant Superficie totale 12596,74 ha Superficie dans le BV* 4625 ha Création 01/02/1989 18575,48 ha 1335 ha 01/02/1989 Comme précédemment, ce sont des espaces de collines et plateaux présentant une grande diversité de milieux et d’espèces animales et végétales. Les inventaires ZNIEFF de type II sont joints en annexe du document 2.2 Les sites inscrits Trois sites sont inscrits au sein du bassin versant de la Lèze. Issus de la loi du 02 mai 1930, la procédure permet de conserver des milieux et des paysages dans leur état actuel, des villages et des bâtiments anciens Au titre du patrimoine architectural, il s’agit : - de la place du Capitole et de ses abords, commune de Saint-Sulpice-sur-Lèze (arrêté du 10/06/1965), - des moulins de la vallée de la Lèze, communes du Fossat, Lézat-sur-Lèze, Sainte-Suzanne (arrêté du 10/10/1974). 3. Approche du patrimoine écologique du bassin versant de la Lèze Les quelques inventaires disponibles sur le bassin versant de la Lèze sont loin d’être exhaustifs. Les différents contacts pris notamment avec les associations de protection de la nature (les Naturalistes Ariègeois, Nature MidiPyrénées), le Conservatoire d’espaces naturels de Midi Pyrénées et la Direction régionale de l’environnement nous renseignent qu’il existe des données naturalistes et paysagères éparses et bien loin d’être centralisées. Dans ce chapitre, nous nous intéresserons principalement aux caractéristiques écologiques des milieux rivulaires et aquatiques de la Lèze. 3.1 Aspects faunistiques 3.1.a. L’avifaune La diversité des habitats longeant le cours d’eau - ripisylve, gorges rupestres, éléments anthropiques (digues, chaussées…), berges sableuses, bosquets… - offre des conditions favorables à l’observation d’une avifaune relativement riche et diversifiée. Ainsi, même si aucun inventaire avifaunistique précis n’est disponible sur ce secteur, il nous est possible de lister plus de 40 espèces présentées pour la majorité protégées au niveau national en annexe du document Certaines d’entre elles sont remarquables et ne se retrouvent que sur certains tronçons du cours d’eau. Il s’agit notamment des espèces suivantes : Le Martin-pêcheur (Alcedo atthis) et le Guêpier d’Europe (Merops apiaster). Ces deux espèces sont protégées au niveau national (article 1) 2 et inscrites à l’annexe 2 de la convention de Berne 3. Le Martin-pêcheur figure également à l’annexe 1 de la directive oiseaux4. 2 Protection nationale, arrêté du 17/04/1981, article 1 modifié : Sont interdits en tout temps et sur tout le territoire métropolitain pour les spécimens vivants la destruction ou l’enlèvement des œufs et des nids, la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la naturalisation ; pour les spécimens vivants ou morts le transport, le colportage, l’utilisation, la mise en vente, la vente ou l’achat. 3 Convention de Berne du 19/09/1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe. L’annexe 2 concerne les espèces de faune strictement protégées. 4 Directive Oiseaux du 02/04/1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages. L’annexe 1 est relative aux espèces faisant l’objet de mesures spéciales de conservation en particulier en ce qui concerne leur habitat (zone de protection spéciale). Ces espèces affectionnent tout particulièrement les berges sableuses et abruptes au sein desquelles elles trouvent les éléments favorables à la nidification. La Lèze constitue alors un lieu de chasse important et il n’est pas rare de pourvoir observer sur une branche surplombant l’eau, un Martin-pêcheur guettant sa proie. Le Guêpier d’Europe, espèce beaucoup plus rare, est localisé quant à lui à la confluence entre le cours d’eau et l’Ariège. Cinq individus chassant au dessus l’eau ont pu y être observés en mai 2003. La nidification sur ce tronçon du cours d’eau est plus que probable. Les berges y sont en effet abruptes et d’anciennes traces de nidification y sont encore visibles. Certaines espèces sont présentes dans la vallée exclusivement à la faveur du corridor écologique formé par la Lèze et ses nombreux affluents. Tel est l’exemple du Martin-pêcheur cité précédemment mais également de nombreux oiseaux d’eau comme le Canard colvert (Anas platyrhynchos) , la Poule d’eau (Gallinula chloropus), la Foulque macroule (Fulica atra), le Héron cendré (Ardea cinerea)… A préciser 3.1.b. La faune herpétologique Plus de 10 espèces sont signalées sur tout le long du cours d’eau de la Lèze. Que ce soit les reptiles ou les amphibiens, les milieux favorables pour l'accomplissement complet de leur cycle de reproduction sont relativement bien représentés (ripisylve, bosquets, enrochements, dalles rocheuses, berges enherbées…). Ces milieux accueillent à la fois les espèces qui ont besoin à un moment de leur cycle de développement de la ressource en eau (cas de certains amphibiens pour la reproduction et de certains reptiles pour l’alimentation), et les espèces dont le développement peut se faire sans réel lien avec les milieux aquatiques. Les espèces inventoriées sont toutes protégées au niveau national. Elles figurent pour certaines d’entres elles à la directive « habitats, faune, flore » et sont inscrites sur la liste rouge nationale. En attente de la liste complète pour commentaires 3.1.c. Les mammifères Sur la Lèze et ses affluents, il n’y a pas a proprement parlé de mammifères caractéristiques ou emblématiques, tels que peuvent l’être par exemple la Castor d’Europe (Castor fiber) et la Loutre (Lutra lutra) sur certains cours d’eau. Les données disponibles ainsi que les diverse observations réalisées sur le terrain nous permettent d’identifier un certain nombre d’espèces plus ou moins remarquables. Il est possible de distinguer : - les espèces dites « de passage », comme le Chevreuil (Capreolus capreolus), le Sanglier (Sus scrofa), le Cerf (Cervus elaphus), ou bien le Blaireau (Meles meles) et qui utilisent le cours d’eau irrégulièrement. Les individus sont cantonnés pour la majeure partie en amont du bassin versant, au sein des massifs boisés où s’écoule la Lèze, - Les espèces davantage inféodées aux milieux aquatiques, tels que le ragondin (Myocastor coypus), la Genette (Genetta genetta) et quelques micro mammifères (Rat musqué…). - Et les espèces peu exigeantes qui se satisfont d’un domaine vital réduit. Il s’agit notamment d’un grand nombre de micro mammifères (Ecureuil, Hérisson d’Europe, Belette, Mulot sylvestre…) que l’on retrouve par conséquent le long du cours d’eau ainsi que sur l’ensemble de la vallée. Parmi les espèces plus ou moins inféodées au cours d’eau et aux zones humides en général, nous pouvons noter la présence du Ragondin (Myocastor coypus). Cette espèce allochtone, introduite accidentellement en France à la fin du XIX siècle, et apparut en Ariège à la fin des années 1970, semble s’être particulièrement accommodée aux conditions offertes par la Lèze et par quelques plans d’eau voisins (cas de Saint-Ybars). Les impacts sur la stabilité des berges et des chaussées bien qu’ils ne paraissent pas forcément éloquents sur les terrains prospectés ont incité les acteurs locaux à réagir. Ainsi, la Chambre d’Agriculture d’Ariège à initié plusieurs opérations d’éradication de l’espèce. Ces dernières perdurent aujourd’hui sans être aussi encadrées qu’auparavant. Un point doit être également fait sur une toute autre espèce aux mœurs discrètes : la Genette (Genetta genetta). Espèce protégée au niveau nationale et inscrite à l’annexe V de la directive « habitats, faune, flore », la Genette affectionne tout particulièrement les milieux calmes, rocailleux couverts de forêts, de taillis, de buissons à proximité de ruisseaux et de rivières. Bien qu’aucune données précises qu’en à sa localisation ne soit disponible, c’est en amont de Pailhès et sur le massif forestier de Beaumont-surLèze et d’Eaunes que son habitat est le mieux représenté, là où les boisements et les landes dominent des cours d’eau encaissés. Malgré tout les observations de l’espèce sont rendues difficiles compte tenu de ses mœurs nocturnes. 3.1.d. Les invertébrés Outre l’existence d’inventaires de la macro-faune benthiques réalisées dans le cadre de pêche aquatiques, peu de données sont disponibles sur le groupe des invertébrés de la Lèze Le Schéma départemental de vocation piscicole du département de l’Ariège, mentionne tout de même la présence de l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes) dans les affluents amonts de la Lèze. Cet invertébré vulnérable est protégé au niveau national et inscrit aux annexes II et V de la directive « habitats, faune, flore ». Originaire de l’Europe du Nord, l’Ecrevisse à pieds blancs affectionne les eaux fraîches (15°C au maximum), pures, rapides sur fond graveleux et pierreux. Comme la majorité des écrevisses, son observation est relativement difficile et peut se faire notamment la nuit. Elle demeure essentiellement dans les torrents, les ruisseaux sous forêt et les petites rivières de montagne peu anthropisés et dépourvus d’espèces concurrentes telle que l’Ecrevisse américaine (Orconectes limosus) présenté dans la retenue de Mondély. Suite à sa vidange en 1997, une colonisation probable de la Lèze et de ses affluents par cette espèce à été mentionnée dans l’étude sur le bilan des impacts hydrobiologiques et piscicoles de la vidange de Mondély sur la Lèze (IRAP, SMAHVL. 1998). 3.1.e. La faune piscicole Depuis 2001, la totalité du cours d’eau de la Lèze est classé en seconde catégorie, c’est à dire que les populations dominantes sont celles des cyprinidés. Il existait auparavant un tronçon amont classé en première catégorie, mais compte tenu de la faible représentativité des salmonidés (truites en l’occurrence), ce secteur a fait l’objet d’un reclassement. Les différents inventaires menés sur l’ensemble du réseau hydrographique, retenue de Mondély et les six plans d’eau limitrophes compris, montrent la présence de 19 espèces. Quatre d’entre elles font l’objet d’une mesure de protection qu’elle soit nationale ou européenne. Les espèces remarquables Il s’agit des espèces suivantes : Le Barbeau fluviatile (Barbus barbus). Inscrite à l’annexe V de la directive habitats, cette espèce vit dans la partie large des cours d'eau de plaine à fond caillouteux et sableux. Il nage constamment contre le courant pour se stabiliser et préfère les eaux vives, se postant à la limite des forts courants. L'été il s'abrite dans les embâcles des berges et se place en bordure de courant pour se nourrir. Cette espèce n'est pas considérée comme menacée bien qu’inscrite à l'annexe V de la Directive « habitats-fauneflore », Le Brochet (Esox lucius). C’est une espèce protégée au niveau national. Carnassier et limnophile, le Brochet apprécie les habitats à faible turbidité et à couvert végétal dense (bras secondaires, plans d’eau à berges peu pentues). Il se rencontre en rivière notamment à l’amont des seuils, des biefs de moulins et au sein des plans d’eau où il a été introduit… Il est considéré comme vulnérable. Dans ces conditions, il est susceptible de bénéficier de mesures de protection. Sa population régresse dans de nombreux cours d’eau en raison de la pollution de l’eau, la sur pêche, la trop petite taille de capture, etc. Mais la cause majeure reste la modification du régime hydrologique des cours d’eau : le drainage agricole et l’arasement des haies rendant les crues plus violentes et plus brèves que naguère et réduisant la durée de submersion des prairies humides nécessaires à la reproduction. La Truite fario (Salmo truita fario). Egalement protégée au niveau national, le maintien de cette espèce carnivore est fortement liée à la présence d’une diversité d’habitats. Celle ci est une condition importante du biotope de l’espèce notamment en raison d’une occupation différente de l’espace en fonction du type d’activité. L’alternance de zones rhéophiles et lentiques, caractéristiques des zones de piémont et de montagne, semble particulièrement adaptée à la truite. Sur la Lèze, l’espèce trouve ces conditions optimales de développement dans la zone amont. Cette espèce présente un intérêt patrimonial, dans la mesure où sa présence dans un cours d’eau est synonyme de bonne qualité. Elle est néanmoins menacée par l’accroissement des déversements de juvéniles d’élevage de forme atlantique moderne risquant de faire disparaître les souches locales en raison de la compatibilité presque totale entre formes introduites et naturelles. Les ouvrages hydrauliques (seuils, retenues…) constitue un obstacle aux courtes migrations qu’effectue l’espèce au cours de sa vie. Le Toxostome (Chondrostoma toxostoma). Ce poisson vulnérable et inscrit à l’annexe II de la directive « habitats, faune, flore » est relativement rare sur la Lèze. Il affectionne pour la reproduction les zones rhéophiles des cours d’eau à substrats graveleux. Il n’hésite pas alors à remonter le cours d’eau et quelques affluents perennes. Le Toxostome est autochtone des bassins du Rhône, de la Garonne et de l'Adour (Spillmann, 1961; Grégoire, 1983). Il est menacé par le diminution des débits et l’abaissement de la ligne d’eau ainsi que par la présence d’obstacles infranchissables. Une population piscicole au développement limité par l’existence de contraintes Les schémas départementaux à vocation piscicole disponibles sur les départements de l’Ariège et de la HauteGaronne mettent en exergue un ensemble d’atteintes limitant le développement d’une catégorie de la faune piscicole. Dans sa partie ariégeoise, la Lèze s’écoule pour partie au sein d’une zone de piémont aux faibles ressources en eau mais globalement bien préservées. Plus en aval, et sur les deux départements, le cours d’eau est soumis aux pollutions d’origine anthropiques aux environs des villes (cas de Lèzat, Pailhès, Le Fossat…) et subit de graves déficits dans les débits estivaux (liés au développement de l’irrigation) et ce malgré le soutien d’étiage apporté par Mondély. Qui plus est, le cours d’eau est ponctué, voire obstrué, par de nombreuses embâcles qui limitent le déplacement de la faune piscicole et favorisent la formation d’atterrissements. Ces obstacles sont également attribués à la présence d’ouvrages hydrauliques (retenue de Mondély, micro-centrale à Artigat, les chaussées des six plans d’eau : Artigat, Saint-Ybars, Lézat-sur-Lèze, Saint-Sulpice-sur-Lèze, Beaumont-sur-Lèze et Lagardelle, et autres seuils…). Ainsi les principaux facteurs limitant peuvent être de plusieurs ordres : - dysfonctionnement de la dynamique du cours d’eau qui contribuent à la disparition d’une mosaïque d’habitats et à la compartimentation de la faune piscicole, - - dysfonctionnement hydrologique lié à la fois à des débits de plus en plus sporadiques en période estivale, qui ne permettent pas le développement optimale de la faune, et au contraire à des débits excessifs lors des crues. Ces dernières sont par ailleurs à l’origine de l’introduction d’espèces exogènes dans le cours d’eau en provenance des plans d’eau limitrophes, Dysfonctionnement qualitatif lié à des pollutions notées notamment en périphérie des villes. 3.2 Le patrimoine végétale de la Lèze Nous nous intéresserons ici principalement à la ripisylve 5 du cours d’eau qui dans l’ensemble correspond sur la Lèze à un liseré étroit de 10 mètres maximum (généralement moins de cinq mètres) plus ou moins dégradé. La structure du paysage rivulaire est un bon indicateur, sur des pas de temps de quelques décennies, pour mettre en évidence les dysfonctionnements du cours d’eau… et pour mettre en place des plans de gestion préservant la diversité naturelle de ces milieux (BOYER, 1998). Sur la Lèze, la composition et la structure de la ripisylve varient suivant le gradient amont-aval des différentes unités hydrogéomorphologiques. Elles varient aussi selon leur stade d’évolution observable notamment dans la transversalité du cours d’eau. Les diverses prospections menées sur le terrain montrent que la ripisylve est essentiellement constituée d’un linéaire d’Aulne glutineux (Alnus glutinosa), de Peuplier noir (Populus nigra), d’Orme champêtre (Ulmus campestris) et à moindre mesure du Chêne pédonculé (Quercus robur), du Frêne commun (Fraxinus exelsior), et de plusieurs saules (Salix alba, Salix purpurea, Salix caprea…). Les grands rôles de la ripisylve En formant des obstacles plus ou moins infranchissables aux écoulements de crues, la ripisylve forme un milieu tampon entre le cours d’eau et la périphérie vouée notamment aux activités humaines. Elles forment un élément essentiel de stabilité des berges et assure la protection des terrains alentours. Cette formation boisée agit également sur la qualité physico-chimique de l’eau. Elle joue le rôle de filtre biologique pour l’épuration des eaux en assurant une partie de l’écrêtement des crues et en limitant les transferts de polluants notamment entre les terres agricoles et le cours d’eau. Ce corridor écologique et arboré est une véritable source de nourriture et de refuge pour une faune diversifiée (avifaune, entomofaune, faune piscicole…). La présence de bois mort sur pied et à terre offre des gîtes utilisés par les pics, les chiroptères, et notamment certains insectes xylophages. Les embâcles assurent le maintien de plusieurs reptiles et amphibiens permettent également le refuge de la faune piscicole. Les atterrissements plus ou moins végétalisés, ainsi que les berges a proprement parlé accueillent un certain nombre d’insectes et de mammifères dépendant de l’eau (cas des odonates et de la Genette et du Ragondin par exemple). D’un point de vue paysager, ces marges boisées structurent la vallée en marquant une rupture dans la platitude de la plaine. Et la composition et la structure floristique de la ripisylve conditionne particulièrement les jugements que les acteurs portent sur la rivière dans son ensemble. Ainsi la ripisylve offre (MARIDET6) : - une zone de contact créatrice de biodiversité, 5 Ripisylve (de ripa : rive et sylva : forêt) : elle correspond à une formation végétale « naturelle » et riveraine d’un milieu aquatique. Elle forme ainsi un écosystème de transition (écotone) entre le milieu aquatique et le milieu terrestre. 6 Rôles des formations végétales riveraines – recommandations pour une gestion régionalisée (1995). CEMAGREF-Groupement de Lyon, MATE. 59 pages - un habitat pour la faune sauvage, - une stabilisation des berges, - une protection contre les écoulements en provenance du bassin versant, - une fonction récréative et paysagère, - un pouvoir épurateur sur les eaux et de filtre sédimentaire. 3.2.a. Une structuration végétale amont-aval A l’amont de la Lèze, et plus précisément au delà de Pailhés, le lit du cours d’eau est peu divagant et relativement stabilisé. De sa source à la retenue de Mondély, la Lèze ne constitue qu’un filet d’eau grossit vers l’aval pas de petits affluents plus ou moins pérennes. Le cours d’eau circule dans un environnement de coteaux boisés à pentes fortes avant de s’ouvrir légèrement , à l’approche de Mondély, sur des prairies humides toujours encaissées entre des coteaux calcaires boisés. A l’aval de la retenue de Mondély, le cours d’eau circule de nouveau dans un environnement de coteaux boisés ponctués ça et là de prairies plus ou vastes. Ce n’est qu’au sortir de la cluse du Pas du Roc, que le cours d’eau circule alors dans une petite plaine étroite toujours encadrée de coteaux calcaires cependant moins marqués qu’à l’amont. Outre son passage en milieu boisé, les berges de la Lèze sont occupées par une ripisylve étroite et structurée. La composition floristique est relativement diversifiée. Ainsi, les diverses prospections menées sur cette partie permettent de dresser la liste floristique suivante (strate arborescente et arbustive seulement) : Frêne commun (Fraxinus excelsior), Aulne glutineux (Alnus glutinosa), Chêne pédonculé (Quercus robur), Noisetier (Corylus avellana), Erable champêtre (Acer campestre), Charme (Carpinus betulus), Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), Aubépine monogyne (Crataegus monogyna), Troène (Ligustrum vulgare), Saule blanc (Salix alba), Ronce (Rubus subs fruticosus), Saule marsault (Salix caprea), Sureau noir (Sambucus nigra)… A l’aval de Pailhès, et jusqu’à la confluence du cours d’eau avec l’Ariège, la situation est toute différente. Le cours d’eau s’écoule sur une plaine alluviale anthropisée (endiguement des berges, présence d’ouvrages hydrauliques, présence d’habitats diffus et concentrés, pompages agricoles…). La dynamique du cours d’eau y est active et se traduit sur le terrain notamment par le sapement des berges convexes et l’atterrissement des berges concaves, l’abaissement de la ligne d’eau et par conséquent l’évasement du lit conduisant à une forte instabilité et à une déconnexion des berges et de sa végétation. Ainsi, une première approche de la structure de la ripisylve permet d’établir un premier diagnostic écologique. La végétation arborescente et arbustive y est peu diversifiée. Elle se cantonne au sommet des berges et des endiguements et n’atteint qu’en de rares endroits le bord inférieur de la pente. L’observation de véritables successions végétales - groupements pionniers instables, groupements à bois tendres, groupements à bois dur stables – est alors très limitée et ne se fait qu’à la faveur de quelques atterrissements « éphémères » qui accueillent alors le Saule blanc (Salix alba) et le Peuplier noir (Populus nigra). Dans l’ensemble ce vaste tronçon est dégradé par le Robinier faux acacia (Robinia pseudacacia). Introduit volontairement ou accidentellement, cet essence héliophile a su se développer intensément sur les berges, et notamment dans les espaces remaniés par l’homme, au détriment des espèces indigènes. Cette propagation est liée à la fois aux caractéristiques intrinsèques de l’espèce (caractère pionnier et colonisateur, croissance rapide, multiplication végétative très intense) et à l’usage que l’homme en a fait (usage pour la vigne et les clôtures… nécessitant une coupé répétée de l’espèce et par conséquent favorisant son rajeunissement et son expansion…). L’élimination du Robinier et actuellement illusoire sur la Lèze. Il est donc préférable de composer avec l’espèce et de proposer des mesures de gestion favorisant son cantonnement. Cette dégradation est néanmoins à relativiser sur certains tronçons du cours d’eau. Aux environs d’Artigat, de Labarthe-sur-lèze et de Lagardelle, le Robinier est moins présent et son développement semble contenu par la présence de peuplements rivulaires stables et diversifiés. Le Chêne pédonculé (Quercus robur) et le Frêne commun (Fraxinus excelsior) y sont notamment mieux représentés. Le schéma présenté ci-contre offre une caractérisation des ripisylves en fonction de leur degré de connexion au cours d’eau et du niveau d’anthropisation. 3.2.b. Une structuration transversale Dans la partie amont du cours d’eau, le profil en travers peut être schématisé de deux manières distinctes. La première correspond au cours d’eau dans la partie amont de la retenue de Mondély. Le lit à fond plat est étroit, et les berges faiblement abruptes supportent une végétation arbustive et arborescente diversifiée. L’environnement direct du cours d’eau est composé de prairies humides à Orchidées encadrées de coteaux abruptes et boisés. Compositon floristique de la ripisylve: Fe : Frêne commun (Fraxinus excelsior) croquis Ag : Aulne glutineux (Alnus glutinosa) Caractèristiques : Lit étroit (1-1,5 m) et sinueux, sur substrat gravelo-sableux. Présence de quelques embâcles. Berges peu prononcées à abruptes. Ecoulement laminaire – alternance de mouilles et de radiers. Ripisylve structurée et diversifiée – présence en périphérie de prairies humides remarquables. Tronçon peu anthropisé. Le second profil transversal correspond au passage en cluse du cours d’eau. Le lit, qui s’écoule alors sur les calcaires est fortement encaissé. Ce tronçon est caractéristique des torrents de montagne où les vitesses de courant sont fortes et où les écoulements se font en cascade. Le lit est enserré par des coteaux calcaires très abruptes supportant une végétation thermophile 7 et xérophile8 caractérisée notamment par le Buis (Buxus sempervirens), le Chêne pubescent (Quercus pubescens) et des formations herbacées caractéristiques des pelouses calcicoles du meso et xerobromion9. Cet environnement se retrouve également en contrebas de la retenue de Mondély. Compositon floristique de la ripisylve: Fe : Frêne commun (Fraxinus excelsior) Ag : Aulne glutineux (Alnus glutinosa) Bs : Buis (Buxus sempervirens) Qr : Chêne pédonculé (Quercus robur) croquis Caractèristiques : Lit étroit (2-4 m) sur dalles calcaires. Présence de quelques embâcles. Passage en cluse identifiable à de petites gorges. Ecoulement en cascade – alternance de mouilles et de radiers. Ripisylve structurée et diversifiée – présence de cortèges floristiques caractéristiques des pelouses calcaires. Tronçon peu anthropisé. Thermophile : se dit d’une plante qui croît de préférence dans des sites chauds et ensoleillés. Xérophile : se dit d’une espèce pouvant s’accommoder de milieux secs. 9 Mesobromion et xerobromion : groupements phytosociologiques regroupant les formations herbacées caractéristiques des milieux secs sur sols plus ou moins évolués. 7 8 Dans sa partie avale, le cours d’eau présente, comme nous l’avons vu précédemment, un profil en travers relativement mobile lié à la fois à une dynamique active, à la nature géologique des terrains et à des perturbations d’origine anthropiques. Ainsi, les faciès d’atterrissement plus ou moins végétalisés s’opposent aux berges érodées supportant une ripisylve instable et dégradée par le Robinier. Le lit est par endroit encombré d’arbres morts. L’agriculture caractérise l’environnement direct du cours d’eau. croquis Compositon floristique : Pn : Peuplier noir (Populus nigra) Rp : Robinier faux-acacia (Robinia pseudo-acacia) Sa : Saule blanc (Salix alba) Fe : Frêne commun (Fraxinus excelsior) Caractèristiques : Lit élargi (>5 m) à fond sablo-graveleux. Présence d’embâcles. Berges abruptes avec faciès d’érosion et de sédimentation. Creusement du lit – tendance à la chenalisation. Présence d’une succession de mouilles et de radiers Ripisylve discontinue et altérée par le robinier. Tronçon anthropisé. 4. Synthèse 4.1 De grandes problématiques affectant l’aval du bassin versant, de Pailhès à la confluence Les diverses données collectées sur le patrimoine naturel du bassin versant de la Lèze permettent d’offrir un aperçu globale de la richesse et de la diversité écologique de la vallée. Au vu de ce diagnostic, il est possible de dissocier deux grandes unités géographiques distinctes : - la tête de bassin en amont de Pailhès, et la zone avale du bassin versant de Pailhès à la confluence. Le Plantaurel au delà de Pailhés rassemblent les paysages de piémonts remarquables inscrits à l’inventaire de ZNIEFF (zones naturelles d’intérêt écologique, floristique et faunisitique). Deux grandes entités paysagères marquées par l’élément « eau » se distinguent de ce vaste ensemble : la retenue de Mondély bordée de prairies humides à orchidées – dont le maintien est dépendant de l’élevage - et qui s’intègre au sein des monts calcaires boisés du Plantaurel et la cluse du Pas de Roc, véritables gorges où serpente une Lèze encaissée au lit étroit et bordé de formations végétales thermophiles et xérophiles. Sur ce tronçon amont, la Lèze y est peu anthropisée. Bien sur, la retenue de Mondély marque une rupture dans l’écoulement laminaire et naturel de la Lèze. Celle-ci circule au sein d’un lit sinueux resserré et bordé de berges plus ou moins abruptes supportant une ripisylve diversifiée et davantage structurée qu’à l’aval de Pailhès. Le fond gravelo-sableux, l’existence d’une alternance de mouilles et de radiers favorisent notamment la présence d’espèces remarquables, protégées, mais aussi très vulnérables telle que l’Ecrevisse à pieds blancs dont la présence est mentionnée dans les affluents amont de la Lèze. Cette dernière est menacée, semble t-il depuis la vidange du réservoir de Mondély en 1997, par l’Ecrevisse américaine. Outre la présence de cet invertébré rare, la Lèze accueille également une faune piscicole remarquable tels que la Truite fario, le Toxostome ou le Barbeau fluviatile. Evidemment, c’est sur ce tronçon que les habitats de ces espèces sont les plus favorables. Mais cela n’exclut absolument pas de pouvoir observer ces espèces plus en aval. Tel est le cas par exemple d’un mammifère, la Genette, dont l’habitat forestier le plus représentatif se situe dans la zone de piémont alors qu’elle est également présente au sein du massif forestier « La Forêt » des communes de Beaumont-sur-Lèze, Eaunes et Muret à la faveur de la présence de deux affluents de la Lèze : le ruisseau de la Grange et le ruisseau de l’Argetou. En restant sur ce tronçon aval, de Pailhès à la confluence avec l’Ariège, la situation du cours d’eau est davantage problématique. Le paysage de molles collines succède aux contreforts des Pyrénées. La topographie plus clémente et la nature des sols ont contribué à la pleine expansion et à l’uniformisation de l’activité agricole sur l’ensemble de ce territoire. Seul les hauts de pentes, où les sols sont agronomiquement moins favorables, ont été délaissés au profit de boisements de chênes pédonculés. En contrebas donc, l’occupation des sols est dominée par une agriculture marquée d’une part par une majorité de cultures non irriguées – celles-ci se situent alors sur les versants des terreforts et correspondent à de la céréaliculture – et d’autre part par des cultures intensives nécessiteuses d’eau et localisées le long du cours d’eau et de quelques affluents dont le Latou. Cette organisation se retrouve alors sur les plaines et les terrasses alluviales de la vallée. Au sein de cet ensemble géomorphologique s’écoule une Lèze anthropisée et très sollicitée. Le cours d’eau est marqué par une ripisylve dégradée. Celle-ci forme un liseré végétale uniforme marqué par l’omniprésence du Robinier reléguant les formations végétales plus diversifiées aux environs d’Artigat, de Labarthe-sur-lèze et de Lagardelle. Le régime hydrologique du cours d’eau, modifié par les divers aménagements anthropiques (endiguements, enrochements, seuils…) et les prélèvements, est sur ce tronçon à l’origine du dysfonctionnement du corridor écologique. L’abaissement général de la ligne d’eau contribue ainsi à l’enfoncement du lit, à la destabilisation des berges (Ce phénomène est également à mettre sur le compte du ragondin) et à leur déconnexion vis à vis du cours d’eau lui même. La formation d’embâcles et la disparition d’espèces hygrophiles (saules, aulnes…) est alors évidente sur le terrain. Cet appauvrissement végétale et structurel ne permet plus à la ripisylve de jouer notamment son rôle d’écrêtement des crues et de réservoir biologique. Ce dernier aspect reste à modérer compte tenu du manque de données naturalistes disponibles sur la rivière. Malgré la dégradation du milieu rivulaire, il est tout de même possible d’observer une faune remarquable et protégée caractérisée notamment par la présence du Martin-pêcheur, du Guêpier d’Europe et de plusieurs reptiles et amphibiens. 4.2 Des enjeux essentiellement axés sur le tronçon aval de la vallée Dans la définition des enjeux proposée en introduction du document, le ministère de l’écologie et du développement durable mentionne que les enjeux correspondent notamment aux dommages portant atteinte à l’environnement. La synthèse des données permet de reconnaître au patrimoine de la vallée des qualités paysagères, écologiques et architecturales principalement mises en exergue par l’existence d’outils d’inventaire du patrimoine naturel et de classements de sites remarquables. Néanmoins, outre la présence de ces inventaires et classements, la Lèze et affecté par un ensemble d’atteintes et de dysfonctionnements découlant des problématiques de territoire présentées ci-dessus. Ainsi, les enjeux devant être pris en compte dans la résolution des problématiques de gestion de la ressource en eau sont ici d’ordre écologique. Ils portent notamment sur les divers points suivants : - Pérennisation et amélioration de la qualité de la ripisylve. L’altération et l’homogénéisation de la structure et de la composition floristique de ce corridor végétal est à la fois lié au développement du robinier, au dysfonctionnement hydrologique et hydraulique du cours d’eau et à la présence du ragondin. Cet enjeu doit conduire au rétablissement des fonctions écologiques, paysagères et hydraulique du milieu rivulaire. - Recherche et prise en compte des espèces faunistiques emblématiques et/ou menacées. Tel est le cas notamment du Martin-pêcheur, du Guêpier d’Europe, de la Genette, et de l’Ecrevisse à pieds blancs… la disparition progressive notamment à l’aval de Pailhès des habitats favorables à ces espèces compte tenu des dysfonctionnements hydrologiques et des prélèvements en eau devra être prise en compte dans la suite du projet. Le cas de l’Ecrevisse à pieds blancs semblent davantage problématique compte tenu de la présence d’une espèce concurrente et indésirable l’Ecrevisse américaine. Son arrivée dans les petits affluents amont du bassin versant fait suite à la vidange de réservoir de Mondély en 1997. Cet enjeu concerne également une faune piscicole riche de 19 espèces dont certaines, telle que le Toxostome, le Barbeau fluviatile, sont protégées. Le rétablissement d’un équilibre hydrologique et hydraulique et l’entretien du lit du cours d’eau peut permettre de rétablir un équilibre. 5. Ressources bibliographiques COMPAGNIE D’AMENAGEMENT DES COTEAUX DE GASCOGNE (1999). Réalimentation de la Lèze – Réservoir de la Réjolle : Avant projet sommaire. DERENNE P. (1990). Schéma départemental de vocation piscicole et halieutique d’Ariège (SDVP). Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, DDAF Ariège, CSP, FDAPPA. 32 pages. DIREN Midi-Pyrénées (Site internet). Données communales : ZNIEFF, Sites classés. DUCASSE F. (2000). Etude préalable à la restauration de la rivière Lèze. Agence de l’Eau Adour-Garonne, Syndicat Intercommunal d’Aménagement de la Lèze, RTM Ariège. IRAP. SMAHVL. (1998). Bilan des impacts hydrobiologiques et piscicoles de la vidange de Mondély sur la Lèze – Rapport final. PLASSERAUD O. ( ?). Schéma départemental de vocation piscicole et halieutique de Haute Garonne (SDVP). Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, DDAF 31, Conseil Général 31, Fédération de pêche 31, Agence de l’eau Adour Garonne. 50 pages. Eléments cartographiques CESAC (2002). Cartographie informative du bassin versant de la Lèze (délimitation du bassin versant, réseau hydrographique, cartographie administrative). DIREN Midi-Pyrénées (1999). Cartographie informative des zones inondables en Midi-Pyrénées – Bassin de l’Ariège – études historiques et probabilistes. RTM, GEOSPHAIR. GAUSSEN H., REY P. (1946). Carte de végétation de Toulouse au 1/200 000. IGN (2000). Carte IGN Série Bleue – Muret (2044 E) – 1/25 000. IGN (2000). Carte IGN Série Bleue – Le Mas d’Azil (2046 E) – 1/25 000. IGN (2000). Carte IGN Série Bleue – Lézat-sur-Lèze (2045 E) – 1/25 000. IGN (2000). Carte IGN Série Bleue – Pamiers (2046 O) – 1/25 000.