Author: Alain Girard Co-Author: Bernard Schéou Department: Sociology Institution: University of Perpgnan E-mail: [email protected] Abstract: Tout pratique sociale est structurée par des formes symboliques qui médiatisent le rapport au monde des acteurs et constituent le monde de leur expérience. Quand (ou en tant que) ces formes symboliques ont une force de structuration du monde perçu telle qu’elles constituent des matrices de sélection et d’agencement des éléments du réel qui restent inchangées au contact de ces éléments, on peut parler d’imaginaire. Les pratiques touristiques seraient incompréhensibles sans la prise en compte des imaginaires qui constituent des cadres collectifs pour les expériences touristiques des sujets et instaurent des schèmes de désidérabilité des lieux, des cartes touristiques qui permettent le déplacement des sujets. On posera que les imaginaires du tourisme occidental sont principalement structurés par un code de l’authenticité qui définit les marques de la désirabilité des lieux pertinentes notamment pour ces parenthèses temporelles que constituent les « vacances » qui trouvent leur accomplissement le plus socialement « naturel » dans le départ de chez soi. Nous nous proposerons d’analyser l’imaginaire qui anime les touristes solidaires français, usagers d’associations de voyages proposant des circuits et séjours « équitables » dans des destinations du Sud. Alors qu’il est coutume d’opposer cette forme de tourisme au tourisme de masse, un peu comme un tourisme de vraie rencontre des autres cultures à un tourisme sans véritable rencontre de l’autre, nous montrerons qu’un même imaginaire touristique, le code de l’authenticité et plus précisément de la « typicité », structure l’expérience et le rapport à l’autre. Toutefois si l’imaginaire fonctionne comme une institution collective du sens, il ne détermine pas mécaniquement et uniformément les pratiques. Les personnes structurent leur expérience par des appropriations différenciées des institutions, dans des variantes qui vont de l’accomplissement rituel de ce qui est requis pour réaliser l’Institution à la prise de distance sélective voire jusqu’à la subversion. Si on nomme « expérience de l’étrangeté » les moments de subversion du code de l’authenticité et de transformations des schèmes du regard, notre hypothèse est que les expériences de tourisme solidaire s’accomplissent également principalement sous le mode rituel et ne sont pas ainsi beaucoup plus propices à l’expérience de l’étrangeté que les tourismes dit de « masse ». Cela ne constitue pas un argument qui disqualifie les expériences de tourisme solidaire mais remet en question la barrière idéologique instituant d’un côté des pratiques authentiques et de l’autre des pratiques qui ne le seraient pas. Cela conduit aussi à reposer le statut de la compétence critique dans l’expérience touristique sur de nouvelles bases. Author Bio (French): Alain Girard est sociologue, enseignant-chercheur à l'université de Perpignan, membre de l'Equipe d'Accueil (Voyage Echange Confrontation Transformation) depuis 1997 après avoir soutenu une thèse de doctorat en sociologie sur le tourisme (1996) à l'Université de Provence (Aix-Marseille). Ses travaux sur l'expérience touristique s'inscrivent dans une approche qui raccorde sociologie critique et sociologie pragmatique des régimes d'action. Author Bio (English): Alain Girard is a sociologist, lecturer at the University of Perpignan, member since 1997 of the VECT (Voyage Echange Confrontation Transformation) after having defended a phd thesis in sociology about Tourism (1996) at the University of Provence (Aix-Marseille). His works on the tourist experience are part of an approach that try to connect critical sociology and pragmatic sociology.