Etudiant en Soins Infirmiers (ESI): Je suis Pierre Nicolas, je suis étudiant en 3ème année à l’IFSI de Rennes. Donc dans le cadre de mon TFE sur le sevrage tabagique des patients atteints de pathologies cardiovasculaires. Je réalise 2 entretiens auprès d’infirmières en unité, enfin, en service de cardiologie. Infirmière Diplômée d’Etat (IDE) : Ah oui d’accord ESI : Donc avec votre accord je me permet d’enregistrer l’entretien ? Oui ESI : Donc votre anonymat sera conservé ainsi que les noms que vous pourrez dire. Donc … Quelles actions mettez-vous en place dans l’accompagnement des patients fumeurs ? Soit des protocoles de service, des habitudes de service … IDE : Disons qu’au niveau de nos services, on a une infirmière qui est détachée pour s’occuper des patients tabagiques. Qui est en consultation tabagique au rez de chaussée au niveau des consultations externes et elle intervient aussi dans le service quand il y a des malades à voi Et rapidement elle vient les voir dès que possible si elle est là enfin selon son emploi du temps. Et autrement, enfin bon, déjà nous même on doit intervenir aussi pour essayer de sensibiliser les patients, vu que leur pathologie cardiaque est très liée au tabac donc euh … on se doit d’intervenir quand même. Mais sachant que, peut être par manque de temps et puis bon … peut être que notre collègue est plus spécialisée aussi pour ces entretiens là, on la laisse faire. Et les médecins ont leur rôle aussi. Ils ne sont pas toujours très diplomates, peut être un peu trop direct, un peu trop brusques. Des fois ça bloque les gens … ESI : Le sevrage tabagique est-il indispensable lors du traitement des patients souffrant de pathologies cardiovasculaires ? Pouvez-vous préciser votre réponse ? IDE : Il est … non, il n’est pas indispensable. Il est fortement souhaitable et puis euh … enfin il n’est pas indispensable mais il est inévitable chez un patient qui est par exemple ici aux soins intensifs, il y a de l’oxygène et tout, il ne peut pas fumer donc euh … il ne faut pas qu’il fume. C’est une interdiction momentanée. Si la personne n’a pas le désir d’arrêter de fumer, c’est une interdiction momentanée, bon sachant qu’on a quelques surprises quand même des fois. Alors qu’on a beau dire que si jamais ils fument alors qu’il y a des l’oxygène à l’hôpital, ils risquent de faire sauter l’établissement, il y en a qui vont vraiment le faire. Donc vraiment les gros dépendants ils se débrouillent, ils fument, dès qu’ils le peuvent, dès qu’ils sont descopés ils descendent à la cafétéria et ils vont fumer. Il y en a même qui fument dans la chambre … C’est difficile. Bon « indispensable » tu pensais par rapport au traitement ou quelque chose comme ça ? ESI : Par rapport aux différents traitements, aux différentes interventions qui peuvent être faites, est ce que … ça ne peut pas annuler les bénéfices ? IDE : Si voilà tout a fait parce que la première chose à faire c’est d’éliminer la cause de la pathologie cardiaque et c’est le tabac qui est en cause mais bon la première chose à faire c’est d’arrêter de fumer. Bon c’est vrai que … il y a des patients qui reviennent maintes et maintes fois pour problèmes cardiaques, enfin coronariens, on s’entend, ça peut être une insuffisance cardiaque aussi et qui reviennent maintes et maintes fois et qui n’arrêtent pas de fumer alors on est découragé avec des patients comme ça, c’est sûr que … On les prend en urgence, on fait tout ce qu’on peut pour ne pas les revoir et ils reviennent régulièrement … ESI : Qui décide de la mise en place d’un sevrage tabagique ? IDE : C’est le médecin quand même. Il faut une prescription médicale pour la consultation tabagique, etc., pour la prescription de patchs et tout ça … c’est une décision médicale ESI : Quelles difficultés peuvent rencontrer des patients fumeurs lors de l’arrêt du tabac ? IDE : Le manque, c’est le manque essentiellement ESI : Comme ça se … est ce que vous pourriez préciser un petit peu « le manque » ? IDE : Ils sont nerveux, d’ailleurs on est obligé de les mettre sous tranquillisants. Les ros dépendants c’est pareil on les met sous tranquillisant en commençant une … comme dire, un traitement par patch et euh … oui c’est mal vécu, c’est sûr que, ils sont nerveux, ils ne sont pas .. C’est comme ça, ils sont agaçés. Ou alors ils se renferment, il y en a carrément qui se renferme. Ils n’adressent plus la parole. Ils ne sont pas toujours faciles. ESI : Quelles sont les limites et les difficultés que vous pouvez rencontrer lors de la prise en charge des ces patients en sevrage tabagique ? IDE : Les difficultés c’est ça, c’est un patient qui va refuser d’arrêter de fumer, qui va se bloquer complètement, ne plus nous parler, un blocage quoi. Sur le plan relationnel, ce n’est pas très concluant. ESI : Quelles attitudes soignantes l’infirmier ou l’infirmière doit-elle adopter face à un patient opposant à l’arrêt du tabac ? IDE : Malgré tout on essaie, on remet ça sur la tapis comme on dit, on essaie, on relance le patient mais bon, tout en sachant que vouloir trop en dire ou trop en faire on … ça a l’effet inverse donc, il faut savoir le dire, pas trop brusquer le patient, le dire gentiment, ne pas … ESI : A quels partenaires faites vous appel pour accompagner un patient en sevrage tabagique et préciser leur rôle ? Donc vous m’avez parlé de l’infirmière d’éducation IDE : Oui voilà, oui. Essentiellement ça. Oui ou alors euh … éventuellement on peut dire au patient de voir avec son médecin traitant. Si notre collègue n’est pas disponible à ce moment là, qu’ils voient ça, enfin notre collègue n’est pas seul, il y en a d’autres, bon de préférence on la fait intervenir elle étant donné qu’elle est travailler en cardio donc éventuellement qu’ils voient ça avec leur médecin traitant ou alors euh … on le dit de revenir, on leur donne le numéro de la consultation antitabac et puis qu’ils recontactent se service là s’ils sont vraiment motivés parce que, si, il y a des patients qui se donnent un petit délais de réflexion, enfin c’est difficile, il faut les laisser faire, ils sont pas prêt c’est vrai qu’il y a la pathologie, ils ont fait un infarctus ou autre, une grosse pathologie, c’est vrai qu’ils sont pas prêt psychologiquement à s’arrêter et donc à se moment là on leur donne un petit fascicule sur la consultation antitabac avec les numéros à contacter pour qu’ils s’inscrivent etc. …ça peut se faire comme ça aussi. C’est pas parce qu’il va fumer une semaine de moins qu’il y aura un gain énorme, il faut les laisser quand même… ESI : Pour qu’ils puissent prendre le temps de réfléchir… IDE : Oui, ça dépend, il y en a qui sont prêt à le faire tout de suite d’autant plus qu’ils sont obligé d’arrêter ici donc il y a des patients qui vont rester une semaine hospitalisés, pendant une semaine ils n’auront pas fumé, ils s’aperçoivent que, ma foi, ça peut se faire donc, il y en a on fait intervenir notre collègue rapidement ESI : D’accord. Est-ce que vous pensez qu’il y a une prise de conscience des patients, que généralement les patients prennent conscience que, le fait de fumer c’est une des causes pour laquelle ils sont dans le service ? IDE : Oui quand même. Il y en a beaucoup qui ne veulent pas reconnaître parce qu’ils ne veulent pas s’arrêter, il y a ça aussi. Mais dans l’ensemble oui quand même. Simplement peut être dire que, ce n’est pas évident de faire arrêter les gens. Mais bon, il y en a qui vont arrêter un moment et puis … on voit bien parce que ce sont des patients qui reviennent régulièrement parce que la maladie coronarienne ça s’arrête pas le jour de la sortie, il y a une évolution qui se fait. Et donc, ils reviennent et on voit bien ceux qui ont arrêté de fumer et ceux qui n’on pas arrêté de fumer parce que il y en a beaucoup. C’est dommage parce que … ça fait évoluer encore plus rapidement les choses. ESI : Et bien écoutez, je vous remercie beaucoup d’avoir pris du temps pour répondre à mes questions. Merci. IDE : C’est bien, ça peut être intéressant pour le travail, c’est bien.