En Belgique, PETER ADRIAENSSENS parle et révèle (I) Par Victor

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En Belgique, PETER ADRIAENSSENS parle et révèle (I)
Par Victor Khagan, le jeudi 2.12.10 :
IMPACT DE L’ABUS SEXUEL D’ENFANTS ET DE JEUNES
"L’AMI DES ENFANTS ?"
Extrait de la Plaquette publiée par CHILD FOCUS en 2003 :
L’abus sexuel touche les jeunes de tout âge, que ce soit au sein de la famille ou en-dehors.
L’âge moyen des victimes se situe entre 9 et 11 ans. Les victimes sont touchées très tôt dans
leur développement. Les victimes vivent dans un contexte de carences psychologiques où
violences sexuelles et physiques vont de pair. Subir des abus sexuels de nature incestueuse ou
non est une expérience extrêmement traumatisante qui suscite un intense sentiment
d’impuissance et qui s’accompagne d’une angoisse extrême. Cette angoisse ne peut s’exprimer
étant donné que l’abuseur impose le silence à l’enfant. Il n’est pas nécessaire que ce silence soit
imposé de manière explicite.
Ce processus occasionne des dommages au cerveau de la victime, ce qui se traduit
au niveau de son développement psychologique. Les conséquences peuvent se
développer à court et à long terme. Ce qui se déroule avant la cinquième ou la sixième année de
la vie de l’enfant influence son développement à un moment où d’importants fondements sont
posés.
La période la plus vulnérable en matière d’abus sexuels se situe entre l’âge de 7 et 12 ans : il se
pourrait néanmoins que cela ne reflète pas la réalité étant donné que de jeunes enfants ont plus
de difficulté à fournir un témoignage utilisable que les enfants plus âgés. Les adultes qui
témoignent avoir subi des abus sexuels dans leur jeunesse avouent avoir éprouvé de grandes
difficultés à rompre le silence.
Les victimes se voient souvent reprocher le peu de résistance dont elles ont fait preuve ou,
même, d’avoir été plutôt provocantes sexuellement. Les enfants ne doivent jamais se voir
attribuer la faute ni la responsabilité de relations sexuelles avec un adulte.
Du point de vue du développement psychologique, ils ne sont pas capables d’évaluer l’impact
d’une telle relation et, a fortiori, de marquer leur accord pour cette relation.
Les abuseurs parlent souvent de la vulnérabilité de leurs victimes, perçue à tort comme l’envie
d’avoir une relation.
Les enfants ayant peu d’amis, éprouvant des difficultés à tisser des relations sociales ou
présentant au préalable des manquements émotionnels et affectifs, courent un risque accru
d’attirer l’attention et l’affection d’un abuseur potentiel: enfants passifs, calmes, très vite
confiants, jeunes, malheureux ou dépressifs, ayant grand besoin d’attention, d’affection et de
soutien (enfants de parents fréquemment en conflit; enfants de parents dépendant de l’alcool,
abusant de médicaments, de la drogue ou souffrant de sérieux troubles émotionnels ; enfants
présentant un handicap mental; enfants ayant un mauvais contact avec leurs parents; enfants
en présence d’un beau-père; enfants souffrant d’isolation sociale; enfants de mère fréquemment
absente).
La plupart des abuseurs ont une vie de famille, travaillent, font œuvre de bénévolat ou sont
présidents ou membres d’organisations respectées. Certains sont admirés par les parents pour
leur attitude envers les enfants. Les abuseurs adultes sont âgés en moyenne d’environ trente
ans mais un tiers d’entre eux sont mineurs d’âge. La plupart des adultes auteurs d’abus sexuels
présentent leurs premières déviances avant l’âge de 18 ans (Bruinsma – 1998). Les abuseurs
mineurs et majeurs montrent de troublantes similitudes.
La plupart des abuseurs sont des hommes (80%). Seule une minorité s’attaque aux enfants (4 à
17% de la population masculine abusera un jour d’enfants – Finkelhor et Lewis, 1990). Les
femmes responsables d’abus sexuels ont un comportement qualifié de maternel ou de
débordement exagéré d’amour maternel (Saradjian – 1996). Ces femmes travaillent souvent
avec des hommes qui se rendent coupables d’abus ou sont baby-sitters ou recherchent
systématiquement des relations avec de jeunes adolescents. Elles ont davantage une préférence
pour des enfants plus jeunes et sont plus attirées par les enfants qu’elles connaissent. La gravité
des faits n’en est pas moins graves (Rudin – 1995).
Pour les victimes féminines, 29% des abuseurs étaient un membre de la famille, 41% un ami ou
une connaissance et, pour 21%, un étranger. Les garçons sont principalement abusés par des
inconnus : dans 40% des cas.
LES ABUS SEXUELS OCCASIONNENT DES DÉGÂTS NEUROBIOLOGIQUES
Un traumatisme psychologique influence le développement du cerveau (Adriaenssens, 2003).
Les bébés sont particulièrement vulnérables (Gillis, 1993). Au cours des premières années de la
vie, les liaisons synaptiques (charnières entre cellules nerveuses – régions de contact entre
neurones) connaissent une croissance spectaculaire. Le nourrisson doit se sentir en sécurité et il
convient de répondre de façon sensitive à ce besoin de protection. L’absence d’interactions avec
le nourrisson et la présence d’interactions nuisibles entraînent des manquements persistants au
niveau du développement cognitif (Glaser, 2000). Un parent régulièrement agressif à l’égard
d’un jeune enfant le prive de l’apprentissage d’un bon équilibre entre émotions et
comportement : plus tard, cela se traduira par un comportement coercitif, un entêtement
renforcé, une hyperactivité, de l’agression ou d’autres troubles relevant de la pédopsychiatrie.
L’abuseur prendra souvent ces symptômes comme un alibi pour son propre comportement.
Les dégâts causés à la structure du cerveau sont renforcés par l’hormone du stress : l’abus est
une source de grande peur et de stress. Cela déclenche une réponse physiologique qui se
traduit par l’activation de l’axe hypothalamus – hypophyse - glande surrénale et l’augmentation
de production de cortisol, baptisée hormone du stress. Sapolsky, 1996 et Glaser, 2000
soulignent la corrélation significative entre un stress soutenu, une augmentation de la dose
d’hormone de stress et l’endommagement de l’hippocampe (structure cérébrale qui joue un rôle
central au niveau de la mémoire – voir son rôle crucial dans le cadre de l’enquête judiciaire).
Une dose élevée de cortisol entraîne la mort des cellules de l’hippocampe (impact négatif sur la
qualité de la fonction mémorielle) : les explications confuses des victimes et les contradictions
de leur récit découlent des dégâts occasionnés par l’abus sexuel et ne peuvent être
sommairement expliquées par des faits de manipulation, induction ou mensonge.
L’abus sexuel touche également un troisième niveau cérébral : le centre des émotions.
Les amygdales sont des structures en forme d’amande dans lesquelles des milliards de cellules
nerveuses éveillent ou atténuent les émotions via des neurotransmetteurs. Elles libèrent les
hormones de combat/fuite qui peuvent faire réagir le corps. Elles accélèrent le rythme
cardiaque, augmentent la pression sanguine, rendent les mains moites, poussent à fuir des
situations dangereuses et font grimacer le visage. Les amygdales sont un centre de crise qui
contrôle toutes les difficultés potentiellement contenues dans les stimuli entrants, induisant une
tempête émotionnelle. Les amygdales sont entièrement formées à la naissance : elles semblent
fortement influencées par les expériences impressionnantes, choquantes et chroniques. L’abus
sexuel en est la plus parfaite illustration. Au moment de l’abus, on constate une activation
extrême des amygdales. Cette activation fait vivre la victime dans des schémas de fuite/combat
permanent. Ce déferlement occasionne des dégâts permanents aux amygdales qui se mettent à
commettre des erreurs. Elles fonctionnent sur des bases comparatives. Ainsi, une certaine coupe
de cheveux peut déclencher une réaction de panique et la victime peut être persuadée à ce
moment-là de revoir son agresseur. Il est évident que les dégâts occasionnés par des abus
chroniques peuvent laisser des traces jusque bien longtemps après la disparition de la situation
d’insécurité (Adriaenssens – 1998).
LES SIGNAUX D’ABUS SEXUELS SONT LES SYMPTÔMES D’ERREURS DE
CONSTRUCTION
L’impact des maltraitances d’enfants va bien plus loin que les seuls dégâts visibles : les
constatations sur le plan neurobiologique abondent de plus en plus dans le sens des éléments
déjà connus au niveau du développement psychologique. Les nombreuses difficultés
émotionnelles et comportementales constatées chez les enfants maltraités sont de mieux en
mieux comprises grâce à l’identification des erreurs de construction se trouvant à la base de la
situation. Pourquoi ces dégâts ne se manifestent-ils pas chez certains enfants ? Un seul facteur
suffit-il à déterminer la vie d’un enfant ou ne s’agit-il pas plutôt de concordance de plusieurs
facteurs défavorables qui occasionnent des problèmes de développement ?
Il est évidemment plus sensé de s’attaquer plus tôt aux facteurs de risques ou de
mettre un terme à la maltraitance d’un enfant le plus tôt possible, étant donné leur
impact néfaste sur le développement neurologique, même dans un stade précoce.
Cela vaut mieux que d’attendre la manifestation des effets visibles de la
maltraitance, preuves tangibles…! Mais symptômes de dégâts déjà présents,
beaucoup plus difficiles à réparer !
LES DÉGÂTS AU NIVEAU DE LA CONSTRUCTION SE MANIFESTENT AU COURS DU
DÉVELOPPEMENT
Celui qui commet un abus sexuel ne pénètre pas uniquement dans le corps de sa victime mais
également dans son esprit : la violence s’accompagne d’un "lavage de cerveau" par exemple
lorsque ces agissements sont présentés à l’enfant comme chose normale ou comme un
sauvetage ou comme une initiation au sexe pour le protéger de déceptions éventuelles. La
violence sexuelle s’accompagne toujours d’une violence émotionnelle et ces explications ont
pour but de persuader l’enfant qu’il n’y a aucune raison pour l’adulte de mettre son
comportement en question. En cas de problèmes "ce sera chez l’enfant qu’il y aura lieu d’en
trouver l’origine ” : cela donnera à l’enfant le sentiment d’être mauvais. Ce procédé renforce la
loyauté de l’enfant envers l’abuseur (solidarité traumatique – Herman, 1990) : abuseur et
victime constituent une double entité traumatique. Il en va de même dans les situations
d’inceste.
L’abus sexuel atteint le déroulement normal du développement psychologique et cela se
poursuivra tout au long des stades successifs de ce développement, de l’enfance jusqu’à
l’adolescence. L’abuseur a ébranlé le fondement de la relation entre adulte et enfant : la
confiance dans les éducateurs, les adultes et la confiance en soi. L’enfant évolue vers un
dédoublement de la personnalité : le gentil enfant qui a des relations envers son entourage et le
mauvais enfant qui vit des relations angoissantes, frustrantes et agressives avec ce même
entourage (bonne conscience ou mauvaise image, Adriaenssens – 1998). L’abus sexuel
empêche l’intégration des bonnes et mauvaises représentations de soi et des autres en un
ensemble équilibré de sentiments complexes et intégrés.
Il ne subsiste alors que la situation primitive : cela implique que l’enfant raisonne bien souvent
en termes de noir ou blanc. Soit il se sent bien et trouve que le reste du monde ne vaut rien,
soit il se sent mauvais et trouve les autres tellement bien. Suite à ce dédoublement, il oscille en
permanence entre le bien et le mal.
LES CONSÉQUENCES DE L’ABUS SEXUEL
Ce que l’on constate dans les signaux d’abus sexuel sont, d’ores et déjà, des conséquences. Les
abus sexuels perpétrés dans la jeunesse occasionnent un large spectre de problèmes
émotionnels comportementaux et relationnels, conséquences qui se manifestent rapidement ou
effets à long terme.
À COURT TERME
Le trouble le plus fréquent est le comportement sexualisé (curiosité excessive, comportement
libre sur le plan sexuel, masturbation, jeu sexuel aguichant, connaissance inhabituelle de la
sexualité, comportement sexuel provocant envers les adultes ou envers les enfants). Il s’agit du
symptôme comportemental indiquant le plus clairement la présence d’abus sexuel (Friedrich –
1993).
Le deuxième trouble en ordre de fréquence est le désordre de stress post-traumatique :
cauchemars, angoisse, sentiments d’isolement et incapacité de profiter normalement des
activités quotidiennes, troubles psychosomatiques, regard fixe, sentiments de culpabilité.
Les enfants peuvent développer ces symptômes, même moins clairement déclarés que dans les
descriptions valables pour des adultes. Les victimes passent par différentes phases : dans une
première phase, elles nient le stress et l’angoisse qu’elles ont vécus et évitent les pensées et
situations qui pourraient s’y rapporter. Ensuite, une phase de réminiscence où cauchemars,
flash-back et comportements compulsifs s’accompagnent d’une vigilance accrue qui se traduit
chez les enfants à l’école par des difficultés de concentration et des réactions craintives
inexpliquées (suscitées par des évènements qui évoquent les traumatismes subis).
Les enfants atteints d’un désordre de stress post-traumatique restent bloqués dans cette
évolution et présentent essentiellement un mécanisme de dénégation. Ils ne parviennent pas à
intégrer complètement l’évènement, à assimiler le traumatisme : l’abus sexuel peut entraîner
des réactions conditionnées parfaitement incompréhensibles pour le monde extérieur et souvent
aussi pour le jeune lui-même (bodymemories – Timms et Connors, 1992). Les victimes
parviennent à réprimer leurs pensées mais ne contrôlent pas leurs réactions corporelles :
sueurs, tensions musculaires, battements cardiaques, comportements d’automutilation et
recherche de la douleur.
En outre, Gomes-Schwartz a découvert en 1990 une pathologie clinique significative chez 17%
des victimes de quatre à six ans, 40% chez les victimes de sept à treize ans et 8% chez les
victimes de quatorze à dix-huit ans. Dubowitz a trouvé, en 1993, chez 36% des victimes, des
désordres intérieurs tels que dépression et repli sur soi et, chez 38% d’entre elles, des
problèmes d’ordre extérieurs (trouble antisocial du comportement). Finkelhor conclut en 1990,
que 40% environ des enfants abusés et examinés présentaient des troubles pathologiques.
À LONG TERME
Les conséquences des abus sexuels peuvent se répercuter jusqu’à l’âge adulte : angoisse et
dépression constituent les troubles essentiels chez les adultes ayant subi des abus sexuels dans
leur jeunesse. Brown et Finkelhor sont arrivés (1996) à la conclusion que 20% environ des
adultes qui ont été sexuellement abusés pendant l’enfance, présentent de graves
psychopathologies à l’âge adulte.
Les situations où les maltraitances de l’enfant se déroulent à partir du plus jeune âge et pendant
longtemps sont celles qui présentent le plus de risques d’entraîner des troubles à long terme. Le
trouble de dissociation d’identité en est un exemple. Le traumatisme plonge l’enfant dans un
état second dû au mélange d’angoisse, d’impuissance et de l’obligation de silence. Ce qui est
ressenti, entendu et vu pendant la situation de maltraitance est détachée de la conscience
normale, comme si les faits se déroulaient avec une autre partie de la personne (dissociation
traumatique).
Ce qui est vécu dans une situation ne peut simplement pas être rajouté dans l’autre et deux
formes de conscience continuent à cohabiter chez l’enfant, qui peut en outre se développer très
différemment l’une de l’autre.
Un grand nombre de troubles d’humeur et de comportement chez des patients adultes ont été
mis en rapport avec des expériences d’abus sexuel dans leur jeunesse, soit au sein de la famille
soit en dehors de celle-ci (Adriaenssens – 1999). Chez les patients dont le diagnostic fait état
d’un trouble de la personnalité borderline, la proportion est de deux tiers. Chez les personnes
présentant des tendances suicidaires, des dépressions et des troubles d’angoisse, entre un tiers
et la moitié évoquent un traumatisme dans leur jeunesse : déplorable image de soi, sentiments
d’impuissance, autoaccusation sont tous des symptômes de dépression (Briere – 1996). Hotte a
principalement observé chez les victimes un renforcement de l’agression à l’égard de soi (1992).
Idées, gestes et actes suicidaires vont de pair avec fugues, automutilation et délinquance pour
un grand nombre de filles ayant été victimes d’inceste ou d’abus sexuel en dehors du contexte
familial (Morrow – 1989).
Il existe un lien permettant d’expliquer les troubles ultérieurs par le refoulement des souvenirs
traumatisants de la conscience. Les angoisses ou troubles psychosomatiques doivent être
considérés comme partie intégrante d’une plus large image post-traumatique. Un autre lien
indirect : les traumatismes originaux ont déclenché certains mécanismes de défense tels que
dissociation et dédoublement que la personne réutilise plus tard en présence de situations
stressantes. Cette prédisposition augmente la vulnérabilité au stress pour le reste de la vie.
Enfin, une influence indirecte complémentaire consiste en une vulnérabilité plus grande par
rapport à la répétition d’expériences violentes : risque accru de vivre de nouveaux évènements
stressants au cours de leur vie (effet pathogène cumulatif).
Kazdin a étudié en 1985 les symptômes dépressifs chez 33 enfants admis en pédopsychiatrie
suite à des maltraitances physiques : incidence de dépression peu marquées mais les enfants
ayant subi des maltraitances présentaient des pics plus importants d’humeurs dépressives. Les
constatations de Kazdin ont été confirmées par différents chercheurs dans les centres ambulants
d’aide aux enfants maltraités (Allen – 1989).
POURQUOI L’IMPACT DES ABUS SEXUELS EST-IL SI VARIABLE
?
Si certaines victimes ne développent aucune conséquence à terme, il existe également un grand
groupe de victimes présentant des symptômes limités (Kendall-Tackett, 1993), vérifié
essentiellement pendant une période déterminée : 20 à 50% des enfants ne présentent aucune
conséquence au cours du premier examen suivant la découverte de l’abus. En revanche, 10 à
25% des victimes éprouvent de plus en plus de difficultés dans les premières années suivant les
faits.
La constatation la plus fréquente est que la menace, l’utilisation de violence physique et
l’imposition du silence sont toutes liées à un mauvais pronostic (Draijer – 1990) ; les abus
sexuels accompagné de pénétration vaginale ou anale provoquent de plus graves conséquences
que les attouchements superficiels (idem et Putnam – 2003). Les abus perpétrés par le père,
parent ayant autorité de père ou personne ayant une intense relation pédagogique ou
émotionnelle avec la victime, entraînent de plus graves conséquences (Putnam 2003). Si la
victime est maltraitée de différentes façons (combinaison violence sexuelle, physique et
émotionnelle), le risque de symptômes destructifs s’accroît (Egeland et Sroufe – 1993).
Les significations négatives ébranlent le sentiment de sécurité de base ce qui pousse le jeune
soit à afficher un comportement de contrôle plus important pour maîtriser ses angoisses, soit à
s’isoler socialement (Joseph, 1997 – Spaccarelli, 1994). Le jeune se sent touché par le
traumatisme dans ses possibilités d’avenir. Ceux qui expliquent les évènements en termes
d’attributions internes et stables sont plus vulnérables à la symptomatologie dépressive
(Bal, 1998 – Cerezo, 1994). Un comportement sur-sexualisé ou de subites sautes d’humeur
évitent de ressentir de la colère, de la vengeance et du dégoût par rapport à l’abus sexuel
(Wolfe, 1997 – Bal, 1998). La façon dont se déroule la percée du secret influence les effets à
long terme de l’abus sexuel : la reconnaissance de la victime par les parents, enseignants et
autres adultes qui représentent d’importantes personnes de confiance à ses yeux, provoque un
effet positif sur le rétablissement suite à un abus sexuel. Tout ce qui va à l’encontre de cela
(nier les faits, accuser la victime de mensonge, etc.), aggrave l’impact traumatique. La
disponibilité de l’aide appropriée et celle d’un parent qui collabore au processus semblent limiter
l’impact et jouer un rôle protecteur (Adriaenssens – 1998).
Finkelhor et Brown (1985 et 1986) ont développé un modèle traumagène : ils énumèrent une
série de conséquences psychologiques et les schémas de comportement caractéristiques
correspondants de l’abus sexuel.
Les causes résident selon eux, dans quatre mécanismes de base (Bruinsma – 1994) :
■sexualisation traumatique
■stigmatisation
■trahison (plus personne n’est véritablement plus digne de confiance ce qui influence
négativement le développement normal de compétences sociales et affectives)
■impuissance (la victime ne se sort pas elle-même de la situation et se rend compte qu’elle ne
pourra pas non plus se défendre plus tard dans la vie)
Les conséquences psychologiques sont
:
■confusion sur la propre identité sexuelle, sur les normes sexuelles
■confusion du sexe avec le fait de donner ou recevoir de l’amour et l’attention
■associations négatives avec l’activité sexuelle
■aversion pour l’intimité sexuelle
■intérêt extrême pour les choses du sexe
■très faible estime de soi
■culpabilité et honte
■sentiment d’être différent des autres
■chagrin, tristesse et dépression
■colère, hostilité, méfiance
■ne plus pouvoir juger si qqn est digne de confiance
Comportement symptomatique
:
■préoccupation exagérée vis-à-vis du sexe
■comportement sexuel précoce
■comportement sexuel agressif
■promiscuité
■prostitution
■esquive de l’intimité sexuelle
■sexualisation inappropriée du rôle des parents
■coupure avec le monde extérieur
■abus d’alcool, de drogue
■criminalité
■automutilation allant jusqu’au suicide
■manifestation de dépendance extrême consistant à se cramponner aux autres
■vulnérabilité par la répétition de l’abus sexuel en allant retrouver soi-même l’abuseur
■isolement
■problèmes relationnels
■aveuglement ultérieur lorsque son propre enfant est victime d’abus sexuels
■hyperactivité
■comportement agressif allant jusqu’à la délinquance
■cauchemars
■phobies
■régression (énurésie)
■dissociation
■fugues
■problèmes scolaires (absences, difficultés de concentration)
■problèmes au travail
■tendance à commettre des abus sexuels
Ce n’est pas parce que quelqu’un a subi des abus sexuels dans sa jeunesse que l’on
peut en prédire l’impact à l’âge adulte : il existe des possibilités d’atténuer la gravité
des conséquences, voire de les supprimer, intervenir dans les jeunes années de la
victime aide réellement.
Il est possible d’éviter un cycle de vie fatal. Cela ne veut pas dire pour autant que les
conséquences d’abus sexuels peuvent être guéries sans laisser de cicatrices. Le
chagrin de ce que l’on a vécu reste présent mais une meilleure connaissance de
l’impact des abus sexuels sur le développement des jeunes permet à beaucoup
d’entre eux d’éviter un impact destructeur de l’évènement sur le reste de leur vie.
http://www.rtlinfo.be/info/belgique/politique/757267/abus-sexuels-la-commission-ne-devait-passe-prononcer-sur-les-dommages
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