LAE2 Changement climatique en cours ? Les glaciers se déplacent et donc fondent à une vitesse supérieure aux prévisions scientifiques. Cette découverte dramatique confirme une accélération de l'impact des changements climatiques. Des scientifiques du Climate Change Institute de l'Université du Maine, Etats-Unis, embarqués sur le brise-glace de Greenpeace, l'Arctic Sunrise, ont mené une étude au Groenland sur l'évolution des glaciers. Les premiers résultats indiquent que le glacier Kangerdlugssuaq, situé sur la côte est du Groenland, pourrait être l'un des glaciers les plus rapides au monde avec une vitesse de déplacement (de l'intérieur de l'île vers la mer) atteignant environ les 14 kilomètres par an. En fait, le glacier "glisse" sur son lit à cause de l'infiltration d'eau de fonte de surface, due au réchauffement climatique. Les mesures ont été prises grâce à une méthode de relevés de haute précision par GPS. Les résultats ont, alors, été comparés avec ceux de 1988 qui était de cinq kilomètres par an, soit une augmentation de + 9 km/an. Depuis 1996, les glaciers du sud-est du Groenland se déversent plus rapidement dans la mer et depuis 2000, des glaciers situés plus au nord ont également accéléré leur rythme. Au cours des 20 dernières années, la température de l'atmosphère, dans le sudest du Groenland, a augmenté de 3°C en moyenne. D'autre part et contre toute attente, le glacier de Kangerdlugssuaq a perdu en surface : sa longueur s'est restreinte de cinq kilomètres depuis 2001 alors qu'il avait une position stable ces 40 dernières années. Des glaciers tels que celui de Kangerdlugssuaq transportent la glace depuis le cœur de la calotte glacière du Groenland jusqu'à l'océan où ils libèrent des icebergs. Ces icebergs contribuent à l'élévation du niveau de la mer. A lui seul, le glacier Kangerdlugssuaq draine 4% de la glace de la calotte glacière groenlandaise. Le moindre changement de vitesse de ce glacier prend donc une importance considérable en terme d'élévation du niveau de la mer. Aujourd’hui, avec le réchauffement de la planète, le nombre d’icebergs est en augmentation. Jusqu’en 1970, on dénombrait environ 400 icebergs qui descendaient de l’Atlantique Nord vers les eaux canadiennes. Dans les années 80, on en comptait 600. Et, dans les années 90, on en comptait plus de 1000 par an. Ainsi on notera que le couloir du Labrador et le Québec de l'est du Canada suivent le même mouvement : Paradoxalement, c'est le réchauffement climatique du Nord-Ouest canadien qui, en faisant fondre la glace, en serait la cause, conjuguée à la présence d'importants courants marins. « On croit que certaines grandes rivières, comme la Mackenzie, auraient déversé un surplus d'eau douce dans l'océan Arctique, dit Michel Allard. Cette eau douce a tendance à flotter sur l'eau salée, étant moins dense que celle-ci. En gelant, elle forme une glace plus épaisse avec un albédo supérieur. » L'albédo est le phénomène de réflexion de l'énergie solaire : par exemple, l'asphalte noire a un albédo très faible, ce qui explique son réchauffement. Résultat : l'énergie solaire est absorbée en moins grande quantité, le transfert de chaleur des fonds océaniques vers la surface diminue, l'océan se refroidit, l'atmosphère environnante se refroidit et le sol sous cette atmosphère se refroidit ! Le Québec nordique se cacherait en fait sous l'ombrelle d'un microclimat régional occasionné, notamment, par le réchauffement du Nord-Ouest canadien. Sur la carte du climat, ce phénomène a l'apparence d'une tache bleue qui s'étend sur tout le Nord-Est québécois, les côtes du Labrador et une partie du Groenland, épargnant cependant la côte de la baie d'Hudson. Les hivers très rudes depuis 1999 frappent presque chaque année le Québec. Alors que se passe t-il ? Le Gulf Stream est en train de s'affaisser et aujourd'hui tout le monde s'accorde à le dire. En effet, un important apport d'eau douce accroîtrait les différences de salinité de l'eau entre l'équateur et la mer de Norvège. Le lieu de plongée des eaux froides et salées se retrouverait au niveau des Açores ; et le Gulf Stream se replierait sur luimême n'allant plus au-delà des Açores. La simulation informatique de Ganopolski montre qu'il suffit d'un changement relativement faible du bilan eau douce-eaux salées (pluies, débit des fleuves, évaporation, formation de glace) pour obtenir cette bascule. Si l'on ne compte que sur les fleuves arctiques une variation de 30 % de leur débit déclenche le phénomène. Cette modification des courants océaniques pourrait se produire très rapidemment. Le Canada a enregistré cette année l'hiver le plus chaud de tout son histoire, « Avec 3,9°C au dessus de la normale et d'après les données préliminaires, l'hiver de 2005/2006 est l'hiver le plus chaud que le Canada ait connu depuis le début, en 1948, des relevés nationaux », indique un bulletin d'Environnement Canada. Nous savons que le Groenland est bordé par le Gulf Stream, celui ci connaît déjà un affaiblissement de 20%. Ce bouleversement climatique serait très rapide : en moins de 10 ans, la température de toute l'Europe occidentale (du Portugal à la Finlande) baisserait de 5°C. Quand on sait que les températures moyennes baissent d'un degré Celsius tous les 500 km de latitude, on retrouverait le climat d'Oslo à Madrid. Mais ce refroidissement serait beaucoup plus marqué l'hiver que l'été, car le courant océanique de jet amènerait directement sur l'Europe, le climat du Canada. Bordeaux, qui est à la même latitude que Montréal, pourrait avoir régulièrement des températures de -25°C au cœur de l'hiver. Ce bouleversement climatique serait si rapide qu'on l'appelle « surprise climatique ». Cela serait l'arrivée brutale d'une glaciation sur l'Europe occidentale, avec extension des glaciers. Mais en réalité, cela n'en serait pas une, puisque sur tout le reste du globe, l'effet de serre continuerait à faire monter les températures, fondre les glaciers, et monter la mer. Le Groenland est un indicateur précieux de ce que nous prépare l'Atlantique Nord et il nous montre des signes indiscutables d'une recrudescence de grands froids qui va nous atteindre d'ici quelques petites années. Les hivers exceptionnels aussi bien au Québec, que dans la Baltique démontrent sans aucun doute qu'un phénomène invisible est en train de se réveiller, peut être que l’hiver long et froid de 2005/06 en Europe et en Russie en sont les prémices. Une Europe au climat sibérien, une Amérique transformée en désert, le Bangladesh inondé, des migrants par millions, des guerres, l'effondrement de l'économie mondiale... Telles pourraient être les conséquences du changement climatique. Par contre, il apparaît que depuis une dizaine d'années, l'activité cyclonique sur le bassin de l'Atlantique et les mers adjacentes (Golfe du Mexique et Mer des Caraïbes) est en augmentation sensible. Les scientifiques identifient comme cause probable de cette évolution la modification de la circulation thermo-haline sur l'océan Atlantique (dont l'une des composantes est le Gulf Stream). Dans la zone Atlantique, mer des Caraïbes et Golfe du Mexique, on observe en moyenne (des 50 dernières années), 10 phénomènes cycloniques baptisés par saison, et parmi eux 6 ouragans, dont seulement 2 de catégorie 3 ou plus. Depuis 1995, on constate une nette augmentation de ces chiffres, puisque la moyenne sur 10 ans est passée de 9 ou 10 en 1994 à près de 14 en 2004 ! Mais en 2005, cette moyenne de 14 est pulvérisée, puisque 27 phénomènes cycloniques ont été répertoriés, dont 14 ouragans. Quant au nombre de cyclones intenses, il augmente aussi très sensiblement : 3 ouragans de catégorie 5 sur l'échelle de Saffir-Simpson, et 7 de catégorie 3 ou plus, au lieu de 2 à 3 habituellement. En terme d'activité cyclonique (englobant l'intensité et la durée de vie de chaque cyclone), nous avons observé une activité 2,6 fois supérieure à la moyenne. Schoenel - 14/03/2006 - – http://lettrealepouse.free.fr