Une approche globale du sevrage tabagique Cette notion de prise en charge globale du sevrage tabagique est née de l’ observation de quelques remarques issues d’ entretiens avec des patients souhaitant arrêter de fumer et très inquiets des conséquences de se sevrage aussi bien sur l’ éventuelle prise de poids associée que sur les modifications de l’ humeur et leurs capacités à gérer des situations anxiogènes liées au stress . Les récentes données expérimentales nées de la recherche en phytothérapie associées aux nouvelles approches concernant les liens étroits entre nutrition et cerveau nous ont conduit à élaborer un protocole de prise en charge globale du sevrage tabagique associant à la fois ; -un soutien psychologique et une aide comportementale . -un programme nutritionnel adapté à chaque phase du protocole. Une méthode simple en trois étapes : Pré –sevrage Sevrage Post –sevrage ou consolidation LE PRE-SEVRAGE Cette étape est essentielle et dure environ trois à quatre semaines . C’est de réalisation complète et structurante de cette phase que dépend le succès ou l’ échec de la phase de consolidation. Lors de la première consultation il faut prendre en compte les motivations du patient ,son degré de dépendance (test de Fagerstrom) et savoir écouter son histoire et celle de sa relation avec la cigarette. . Nous savons que les stimulis environnementaux sont particulièrement importants chez le fumeur qui a développé souvent pendant des années de multiples associations entre certaines situations et le fait de fumer une cigarette. La seule présentation de ces stimulis peut conduire à une envie compulsive de tabac et constitue la dépendance tabagique. Au cours de ce premier entretien on s’ attachera à cerner au mieux si possible les circonstances précises qui entourent la prise de cigarette afin de déterminer leur relation aux facteurs de stress et d’ anxiété . Des données récentes de la neurobiologie ont permis de montrer que tous les produits qui déclenchent chez l’ homme une dépendance augmentent la libération d’ un neurotransmetteur la DOPAMINE ;celle ci met en jeu un système de récompense qui définit à chaque instant l’état de satisfaction physique ou psychique dans lequel se trouve le sujet. L’ activité des neurones dopaminergiques augmentent à l’ occasion de récompenses telles que la nourriture ,la sexualité …l’ apprentissage conduit A ce que ce ne soit plus la récompense qui active les neurones mais les signaux annonçant l’ arrivée de cette récompense. Chaque individu se constitue ainsi au cours de sa vie un ensemble de signaux qui lui sont propres et dont la perception lui permet d’ anticiper une satisfaction et de s’ adapter à son obtention. Un signal non suivi de récompense induit une frustration ; Dans l’ état actuel de nos connaissances la NICOTINE apparaît comme le principal constituant expliquant les propriétés addictives du tabac mais certainement pas le seul ! Cette substance est un agoniste des récepteurs à l’ acétylcholine et provoque une série de réactions en cascade et plus particulièrement la production de dopamine stimulant ainsi le circuit de récompense et induisant une notion de satisfaction . Cependant la dopamine ne serait qu’ un des maillons d’ un circuit très complexe impliquant d’ autres neurotransmetteurs tels que la Noradrénaline ou la Sérotonine dont on connaît l’importance dans la dépression. Toutes ces notions sont très importantes pour bien comprendre ce qui se joue dans cette première phase car l’ existence de situations de frustration ,de peur de l’échec ,la capacité à vivre un manque quel qu’ il soit ,un état de stress ou d’ angoisse, les éventuelles addictions associées (alcool, nourriture ,autres drogues) ,un état dépressif ancien sont autant de facteurs favorisants de la dépendance et sont des particularités qu’ il ne faut pas négliger . D’ autre part il ne faut pas non plus ignorer que la nicotine et les substances contenues dans la fumée inhalée du tabac ont des effets immédiats qui ne sont pas négligeables :amélioration des performances cognitives ,de la mémoire ,de la concentration ,de l’ apprentissage Autant de liens étroits entre l’ usager et la » cigarette-amie ». D’ ou la nécessité d’ en tenir compte lors de la phase de sevrage afin de faire face à ces changements pénibles de l’ humeur et du comportement qui pourraient être responsable d’ une rechute chez un fumeur abstinent . La réduction progressive de la quantité de cigarettes fumées doit se faire en parfait accord avec le patient et en tenant compte de ses habitudes. Le but étant de fixer ensemble une date pour le sevrage, aussi symbolique que possible. . Enfin il est important également de se faire préciser quel est le mode de vie du ou de la patiente ; -vie sédentaire ou très active -sport pratiqué ou absence de sport -situation familiale et professionnelle -les antécédents médicaux personnels et familiaux -les pathologies psychiatriques éventuellement associées Une phytothérapie est dès ce stade vivement conseillée et se compose d’ une triple association : GRIFFONIA simplicifolia ,VALERIANE –PASSIFLORE et KUDZU. - Griffonia simplicifolia utilisé pour sa graine riche en 5 –HT précurseur de la sérotonine dont on connaît les diverses incidences sur le système nerveux central . son intérêt à ce stade est multiple : -pour son action satiétogène ( pour les aliments sucrés )et sur les substances addictives (tabac ,alcool). -pour son action sédative et hypnotique. régulant ainsi les modification de l’ humeur et les troubles du sommeil . la prescription de Griffonia sous forme de gélules à la dose de 100 mg par jour permettra de rétablir un équilibre psychique rendu instable par la perspective de l’ arrêt du tabac . -la Valériane en association avec la Passiflore viendra renforcer l’ action du griffonia par leurs vertus sédatives et anxiolytiques. -enfin on ajoutera à cette presciption initiale le KUDZU pour ses propriétés d’ aide à la désaccoutumance. Cette première consultation est couplée autant que possible avec une prise en charge nutritionnelle dont l’ essentiel repose sur une cure de detoxcification essentielle à cette phase de début. : Il s’ agit d’une cure qui aura pour but de fixer les métaux lourds qui se sont accumulés dans l’ organisme et de les éliminer . On peut utiliser l’ ALOE VERA pour ses vertus dépuratives et cicatrisantes sur le tractus digestif, le DESMODIUM comme hépato protecteur. La CHORELLA (algue de rivière) pour son affinité pour les métaux lourds . Cette prise en charge micro nutritionnelle sera associée à des conseils nutritionnels visant à supprimer certains aliments trop caloriques et peu riches en nutriments et à privilégier d’ autres pour leur apport énergétique et éviter ainsi la fatigue liée au changement alimentaire. - , au terme de ce premier bilan il convient d’ envisager avec le patient motivé » ,un ensemble de mesures simples qui l’ aideront à diminuer sa consommation journalière en évitant les pièges de l’ association :cigarette-récompense, cigarette –frustration, cigarette-plaisir. LE SEVRAGE Consiste en l’ ARRET total de la cigarette La date en a été fixée lors de la phase précédente. L’ aide de la phytothérapie est très importante à cette phase car elle permet de palier aux manques et aux conséquences du sevrage .Cependant il nous paraît nécessaire d’ instituer cette aide de façon progressive dès la phase de pré sevrage. L’ existence de quatre de ces symptômes au moins lors de la première semaine permet de parler de syndrome de manque : -le besoin impérieux de fumer -l’ irritabilité -les difficultés de concentration -l’ agitation -l’ impatience On utilisera le GRIFFONIA ou 5HTP pour son action sédative et hypnotique, son action anti- dépressive ,son action satiétogène. la VALERIANE et la PASSIFLORE pour leur caractéristiques de plantes GABAergiques ( troubles du sommeil ,symptômes , dépressif, agressivité). Le KUDZU peut aussi être utile comme réducteur de l’ addiction tabagique et d’ une éventuelle boulimie associée ou pré-existante. Cet apport en phyto sera bien entendu complété par un apport en -vitamine du groupe B -du zinc -du fer -du magnésium -de la vitamine c -des omega 3 tout ceci en relation directe avec une prise en charge micro-nutritionnelle qui se chargera de compléter ce que les apports alimentaires ne peuvent réaliser et qui aura pour but de rétablir un équilibre global satisfaisant. Il s’ agit essentiellement d’ optimiser la gestion du stress et de consolider le poids : En privilégiant toujours poisson ,viandes blanches légumes et fruits et en supprimant les apports sucrés. On utilisera l’ ARTICHAUT et le RADIS NOIR comme draineurs hépatiques ,l’ ORTHOSIPHON et la PILOSELLE comme draineurs rénaux car il s’ agit de favoriser au maximum les éliminations et les apports énergétiques . LE POST SEVRAGE ou PHASE DE CONSOLIDATION Elle est essentielle et plus ou moins longue selon chacun. C’ est au cours de cette phase que l’ hygiène de vie et l’ alimentation prennent tout leur sens. C’ est le moment de prendre conscience des bénéfices de l’ arrêt du tabac : Ils sont variables pour chacun mais tous décrivent un sentiment de libération, une plus grande capacité à faire et à entreprendre , un nouvel élan ! Les conseils en nutrition auront pour but de stabiliser le poids et donner de l’ énergie : -grâce aux anti- oxydants ,aux vitamines naturelles (ACEROLA,vitamine B),au CHROME,au GUARANA,à la CHLOPHYLLE comme facteur favorisant un meilleur fonctionnement tissulaire . Grâce à un suivi régulier on pourra mettre à jour les dernières difficultés , diminuer progressivement la phytothérapie ,faire pratiquer un bilan biologique et orienter vers un avis spécialisé en chirurgie dentaire pour un bilan complet et éventuellement un blanchiment des dents aux vertus compensatoires ! Il sera peut être nécessaire de recommander un avis O RL surtout si les motivations du début de la prise en charge étaient liées à des symptômes bucco pharyngés . C’ es t à ce prix que l’ on devient un ex-fumeur. Docteur Helene Ayach