II ) Le terrorisme nucléaire a) a) Comment ? En matière de terrorisme nucléaire, on peut distinguer deux types de risques : les risques directs des risques indirects. Les risques directs. Les risques directs viendraient de l’obtention ou de la fabrication puis de l’utilisation d’une vraie bombe nucléaire - bombe sophistiquée déclenchant une véritable réaction en chaîne à l’échelle atomique - ou de l’utilisation d’une arme radiologique appelée parfois « bombe sale ». Ce deuxième type d’armes est plus facile à fabriquer : il s’agit là d’une quantité de matières nucléaire ( Uranium enrichi le plus souvent ) et d’un explosif classique ( TNT, Tritonal, C-4… tout est envisageable ) placés l’un à côté de l’autre. L’effet n’est pas celui d’une bombe atomique à proprement dit car il n’y aura pas fusion ou fission mais plutôt celui d’une semeuse de mort : en actionnant le détonateur, l’explosif va répandre dans l’air sous forme de petites particules l’uranium radioactif. Déplacées par le souffle de l’explosion et le vent, elles iront se loger dans les poumons des individus, sur les murs, dans l’eau des caniveaux… et va rendre le site radioactif. Un des représentants de l’AIEA ( Agence Internationale de l’Energie Atomique ), M. Abel Gonzales a déclaré en octobre 2001* qu’ « Avec, par exemple, 100 g de substance radiologique [ dans le langage de l’AIEA : irradiant, radioactif ], le nombre de personnes éventuellement contaminé – sans même parler de tuées - ne dépassera pas la centaine ». En connaissant la réputation désinformatrice de l’AIEA1, en ajoutant qu’il ne faudrait pas donner des idées à certains et en se remémorant les attentats récents du 11 Septembre, on peut multiplier honnêtement ce chiffre par deux ou trois pour obtenir un minima crédible. Ces déclarations sont aussi très vagues : de nombreux facteurs font varier le risque : la force du vent, la quantité d’explosifs utilisés, la résistance de la valise, la disposition des matériaux ainsi que leur degré d’enrichissement sont autant de paramètres qui pourraient faire varier le nombre de morts. _______________________ *Le Monde daté du 19 octobre 2001 : Et si Ben Laden utilisait le nucléaire par Pierre Baum Pour appuyer ces propos, je citerai deux déclarations de l’AIEA concernant l’explosion du réacteur de Tchernobyl en 1986. En mai 1991, elle annonçait que « Tchernobyl n’avait eu aucun effet sanitaire sur les habitants des zones contaminées en dehors d’un stress important » puis en avril 1996, lors d’un de ses sommets à Vienne : « Dans l’ensemble, l’impact sanitaire de Tchernobyl serait très modeste ». Or, en 1996, de grands cancérologues spécialistes de la thyroïde et certains médecins de l’O.M.C. ( qui avait aussi menti ) ont eu le courage d’admettre que Tchernobyl avait eu un effet désastreux sur les populations ukrainiennes, notamment les jeunes et les adolescent en pleine croissance : les cancers de cette glande ont augmenté vertigineusement de puis cette catastrophe. En 1995, on estimait à 1,5 millions, le nombre de personnes irradiées et risquant ou ayant contracté un cancer suite à l’accident. 1 ________________________ La volonté n’est pas ici directement du tuer mais plutôt d’attirer les médias sur la cause de ses terroristes. Le danger radioactif pour les humains est limité : à court terme des vomissements pour le pire même si, malheureusement, le risque de cancer n’est pas à écarter. Les dégâts seront matériels : il faudra amener des équipes de spécialistes formés à la décontamination pour dépolluer les surfaces des particules radioactives. Le temps pris par ces actions peut varier : entre un et cinq ans suivant la superficie polluée. Les coûts seront très élevés et les lieux inutilisables pour un moment. Moins chère, moins spectaculaire mais beaucoup plus insidieuse qu’une vraie bombe et elle pourrait convenir très bien pour une volonté d’affaiblir plutôt que de détruire. Les risques directs. Les risques indirects sont ceux qui incluent non pas l’utilisation d’une bombe mais d’une destruction d’un site nucléarisé par tous les moyens possibles : sabotage, explosion, détournement d’avions… Il n’est donc plus besoin de posséder une bombe thermonucléaire ou sale pour déclencher une explosion nucléaire : il suffit d’avoir à sa disposition un avion… b) b) Exemples de risques directs et indirects Le détournement d’avion ( indirect ): Le passé nous a appris que détourner un avion n’est pas si compliqué : le vol du DC d’UTA, l’avion détourné à Alger qui était censé détruire la Tour Eiffel… en sont un bien maigre échantillon. Un de ses avions dirigé habilement vers une centrale nucléaire française – le choix est vaste – peut parfaitement déclencher une explosion nucléaire à côte de laquelle Hiroshima paraîtrait bien inoffensive… Détourner aujourd’hui un avion est, malgré les mesures de sécurité en place, encore possible : l’avion qui a manqué d’être sérieusement abîmé sur l’Atlantique à la fin du mois de décembre 2001 en est la meilleure preuve : le risque zéro n’existe pas et les brèches sont nombreuses. Un essai inquiétant a été effectué par un journalise allemand quelques jours après l’annonce des mesures censées protéger le site de retraitement de La Hague : il a loué un avion de tourisme de petite taille et survolé la zone interdite à loisir tout en filmant la scène pendant plus de dix minutes avant d’être interrogé par le contrôle aérien. Espérons que les avions de chasse de l’armée française sauront réagir plus vite si un Boeing effectue la même manœuvre… Le sabotage ( indirect ): Les sites nucléaires ne peuvent pas marcher tous seuls, il faut du personnel qui sera nécessairement amené à effectuer des manœuvres sur ces sites. D’autre part, on ne peut pas engager des presse-bouton qui n’auraient pas ou peu de connaissances sur le nucléaire : le risque d’incident deviendrait trop important. On est donc obligé d’engager un personnel qualifié auquel on doit donner toutes les commandes. Le risque est évident : plus cette personne connaîtra le site, plus elle sera en mesure d’occasionner de dégâts grâce au sabotage. On peut penser à placer un explosif dans le cœur du réacteur, à provoquer une réaction trop violente en enlevant le graphite – élément temporisateur de la réaction nucléaire – du réacteur, en sabotant le système de refroidissement… Toutes ces possibilités sont susceptibles de mener à la fusion du noyau et à l’explosion de la centrale, reste à savoir si le cercueil de béton armé ne fondra ou ne se fissurera pas sous l’effet de la chaleur, on assisterait alors à un second Tchernobyl. La valise piégée ( direct ) : une bombe miniaturisée peut atteindre la taille d’un attaché-case ou celle d’un sac à dos. Elle apparaît comme la meilleure solution pour celui qui veut un effet dévastateur et médiatique : le fameux « champignon » se produira. La contrepartie provient du prix et de la faisabilité : les technologies de miniaturisation ne sont pas à la portée de tous les terroristes. Une solution très risquée serait de voler dans les arsenaux nucléaires russes une bombe déjà miniaturisée mais ce risque est trop important pour que cela puisse se produire en temps normal. Une autre version moins vraisemblable serait de disperser d’un avion en vol des particules hautement radioactives sur des populations ; faudrait-il encore avoir cet avion et la capacité de survoler une zone densément habitée. c) c) Qui ? Les personnes ou groupes de personnes capables d’organiser des actes terroristes ne manquent pas : quelles que soient leurs motivations, et sous réserve de posséder un pactole ou des hommes de très haute qualification, un réseau terroriste pourrait déclencher un incident nucléaire. Les réseaux islamistes mis à jour par les incidents récents sont ceux auxquels ont peut penser. Certains experts craignent aussi les groupes fanatiques d’extrême droite actifs en Allemagne de l’Est où les problèmes économiques et sociaux alliés à une dénazification ratée ne font rien pour résoudre le problème. Même aux Etats-Unis, quelques heures après les attentats, certains experts pensaient parallèlement à Ben Laden et à ces mouvement politiques. Par ailleurs, Ben Laden a tenté le 11 septembre, selon toute vraisemblance, d’en tenter un sur une cible nucléarisée. d) d) Où Peu de gens savent que le quatrième avion qui s’est écrasé le 11 septembre 2001 près de Pittsburgh n’avait pas pour cible la MaisonBlanche ou le Capitole comme on l’a prétendu un moment : il volait à une trop basse altitude, telle est la thèse de M. Gavin Cameron, universitaire britannique de l’Université de Salford (Manchester). Elle est accréditée par le fait qu’un des kamikazes -Mohammed Atta- avait demandé à ses instructeurs de vol de nombreux renseignement sur les centrales nucléaires et leur sécurité ( voir, entres autres, « L’AIEA redoute la menace d’un superterrorisme » de Joëlle Stolz publié dans Le Monde daté du 03/11/2001). Après examen, on peut observer que le secteur censé être survolé recelait trois centrales nucléaires dont une est restée célèbre pour une fuite de matériaux radioactifs en mars 1979 : Three Mile Island. Une centrale nucléaire les deux cibles auxquelles on peut directement penser : les mesures de sécurité de ces centrales prévoyaient effectivement la chute d’avion de tourisme d’une à cinq tonnes mais jamais celle d’un avion de ligne qui en pèse plus de 100 ! De plus, les centrales nucléaires ne sont « rentables » que si elles contiennent des « grappes » de réacteurs : les centrales françaises ont généralement trois ou quatre réacteurs placés l’un contre l’autre : si un réacteur lâche, la catastrophe sera évidente mais si deux, trois ou quatre fuient, le périmètre contaminé durablement augmentera proportionnellement. Le nuage radioactif dégagé par ces incidents sera lui aussi très dangereux : si le vent souffle en direction de Paris, 10 Millions de personnes devront être évacuées et cela en moins de quelques heures : impossible. Deux solutions sont envisageables : le silence total mais les médias comprendront vite la tromperie et le gouvernement aura vite fait d’âtre censuré. Deuxième solution - la plus probable -: demander aux franciliens de s’enfermer chez eux, de rendre étanche aux particules leurs appartements et d’attendre, ce qui aura pour effet de déclencher un vent de panique qui créera embouteillages, accidents et pillages en tous genres. Faute ou volonté délibérée de ne pas bloquer la construction de ces centrales, cette omission des ingénieurs en charge de la construction des centrales nucléaires –de tous les pays- est aujourd’hui montrée du doigt par les instances de sécurité internationale du nucléaire. Les piscines de refroidissement de la Hague – on refroidit avant de retraiter – ainsi que toutes les centrales de retraitement des déchets contiennent des quantités énormes de produits radioactifs en tout genre : césium, plutonium, uranium… et ces lieux sont placés dans des conditions de sécurités moindres que celles des centrales nucléaires : elles ne sont pas protégées par une chape de béton armé aussi épaisse. Si un Boeing 747 venait à s’écraser sur un lieu de stockage, la quantité de matériaux touchée serait beaucoup plous importante que celle d’un réacteur nucléaire. Enfin, le plus dévastateur pour une attaque directe serait une grande ville, de préférence une capitale occidentale aux heures de pointes pour occasionner un nombre maximal de victimes. Les centres historiques seraient donc les plus visés : ils représentent dans l’esprit de certains la domination de l’Occident et en plus du symbole, ils ont une position centrale dans l’organisation spatiale des villes qui en font des lieux de densité de population assez importante.