Sylvie CASTAING Enseignante Spécialisée 2004/2005 1 Sommaire : I. Langue, langage, parole et communication : définitions. A) Langage B) Parole C) langue Page 3 Page 3 Page 3 II. Le développement normal du langage chez l’enfant et limites pathologiques A) Quelques repères généraux B) La période du langage Page 3 Page 5 III. Les troubles du développement du langage A) B) C) D) E) Repères généraux : Les troubles de l’articulation Le retard de parole Voix et débits de parole Retard simple de langage Page 9 Page 10 Page 10 Page 12 Page 12 IV. pathologies de langage oral A) Repères généraux B) Dysphasies c) Aphasies d) Autisme Page 14 Page 16 Page 19 Page 19 V. Les pathologies particulières A) Le bégaiement B) Le mutisme Page 2 1 Page 23 2 I. Langage, définitions. langue, parole et communication : A) Langage : Capacité cognitive permettant à l’être humain d’exprimer sa pensée et de communiquer au moyen de signes oraux. Par extension, les signes non verbaux servant à communiquer. B) Parole : « Usage concret de la langue par les locuteurs, celle ci étant conçue comme un système abstrait » (Grand Larousse ling.) La parole est un phénomène individuel. C) Langue : Code de communication abstrait, sous tendant tout acte de communication orale. « La langue est un phénomène social. C'est une convention de communication qui permet aux membres d'une même communauté de se comprendre ». ( http://www.fsj.ualberta.ca/beaudoin/LINGQ200.htm ) II. Développement normal du langage chez l’enfant et limites pathologiques : A) Quelques repères généraux : Le pré langage jusqu'à 12-13 mois, parfois 18 Le petit langage de 10 mois à 2 ans ½ - 3 ans Le langage à partir de 3 ans. 3 Age Indications Limites pathologiques Absence ou perte du babillage: 3-7 mois Babillage: sons et vocalisations Syllabes redupliquées: bababa, papapa… surdité Infirmité Motrice Cérébrale Encéphalopathie Trouble de la personnalité A partir Premiers mots-prédicats (lien mot- Aucun mot à 24 mois + problème de de objet-intention) compréhension 9mois Premières combinaisons: phrases à 18mois 2-3mots juxtaposés sans termes grammaticaux ("pati papa") Grammaticalisation du discours : premières prépositions (à, de, 27 mois pour) pronoms personnels (je, tu, il puis nous) 3 ans Acquisition du genre et du nombre dans l'emploi des articles, Adverbes et prépositions spatiales, Pronoms personnels singuliers et pluriels 1ères et 3ème personne. Utilisation des auxiliaires être et 3ans1/2 avoir, Adverbes et prépositions de temps. 6 ans Plus de 1500-2000mots, Usage des pronoms compléments avec adéquation du genre et du nombre: "cette pomme, je vais la manger" , Utilisation correcte du conditionnel et du subjonctif. Non employées à 30 mois Retard de structuration de l'expression. Non maîtrisé à 2 ans et demi. Non maîtrisés à 3 ans et demi 4ans. Non utilisés à 3 ans et demi Non maîtrisés après 6 ans. Non maîtrisé à 7 ans. D’après Jérôme GRONDIN. http://perso.wanadoo.fr/jerome.grondin/ 4 B) La période du langage : 2½ ans à 3 ans (30 à 36 mois) 3½ ans à 4 ans (42 à 48 mois) 4 ans à 5 ans (48 à 60 mois) Est au stade du jeu symbolique, jeu en interaction. Précurseurs Est capable de catégoriser par champs sémantiques. Fait encore quelques erreurs de sons mais devrait être compris la plupart du temps par les étrangers. A encore de la difficulté avec les groupes de consonnes (train, porte, fleur, plancher) A encore de la difficulté avec les CH, J, R et les groupes de consonnes A encore de la difficulté avec les mots longs et complexes Sons Tous les sons sont présents à 4 ans sauf les CH, J, R Peut parler "sur le bout de la langue" Indice de problème: vous ne le comprenez pas Utilise des mots plus longs (3-4 syllabes) mais des erreurs peuvent se retrouver dans la prononciation Mots 5 Fait des phrases de 3 à 5 mots Fait des phrases simples complètes Fait des phrases complexes avec des qui, que, parce que, et (pis), après Tous les mots sont présents (pas d'omissions) Phrases Respecte l'ordre des mots Les verbes sont conjugués Vocabulaire Utilise les mots moi/toi, un/une, le/la mais peut faire des erreurs de genre Utilise les mots je/tu, il/elle (i/a) Indice de problème: Cherche beaucoup ses mots, au point de nuire à la compréhension du message A le goût de parler Est capable de raconter un événement qui l'intéresse Peut exprimer ses sentiments, ses idées Utilisation Peut raconter une histoire à partir d'images et être attentif à une histoire plus longue Peut voir ce qui est absurde sur une image et l'expliquer A moins besoin du contexte Compréhension Comprend bien sauf les notions plus abstraites (temps) Indice de problèmes: écholalie, enfant dans la lune. Indice de problème: répond en dehors du sujet 6 Peut suivre 2-3 consignes en ordre Mécanisme oral périphérique Indice de problème: mauvais contrôle salivaire Peut avoir des hésitations normales Indices de problème de bégaiement: blocages, tensions, mouvements associés hésitations ou répétitions tellement importantes qu'on ne comprend plus le message Parole Attention: il peut s'agir d'un problème même si ces difficultés apparaissent de façon intermittente ou lorsqu'elles semblent liées au stress ou à la fatigue 7 Indice de problème: beaucoup d'hésitations dans le discours Indices de difficultés à tous les âges Audition 1-1½ an : ne se retourne pas quand on l’appelle par son nom (dos, intensité normale) 3-4 ans : confond des mots qui se ressemblent (ex. : bateau-auto-moto) Attention: un enfant ayant une perte légère à modérée peut entendre mais ne pas percevoir certaines subtilités auditives (bruit ambiant, faible intensité, fréquences variées) Contact visuel Ne regarde pas la personne qui lui parle Regard " étrange " Souvent indice de trouble de compréhension Comportements Passif, peu curieux Ne recherche pas le contact avec les gens Crises Autostimulation et fascinations (miroir, objets qui tournent, aligner des objets) Peu de conscience du danger Mutisme À 2 ans, ne parle pas encore ou s’exprime seulement par des gestes Goût de communiquer ne fait pas de demandes, n'attire pas notre attention pour montrer quelque chose, ... Conscience des difficultés frustration gêne refus de parler Voix voix rauque ou éteinte qui persiste 8 III. LES TROUBLES DU DEVELOPPEMENT DU LANGAGE: A) Repères généraux : Trouble d'articulation isolé: 1. sygmatisme: (schlintement, zézaiement.;etc) 2. assourdissement des consonnes sonores Associé on non selon les cas à: une dysmorphose dentaire un trouble des fonctions buccales (déglutition, habitudes de succion, respiration buccale etc.) brièveté du frein de la langue une dyspraxie bucco phonatoire dysmorphoses labio-palato-vélaire: (division palatine, division sousmuqueuse, bec de lièvre) insuffisance vélaire surdité de transmission (otites récidivantes, dysperméabilité tubaire..etc) Troubles de la prononciation et de l'articulation:l'articulation, le timbre de voix et parfois la voix elle-même, la prononciation peuvent être touchées. Problème d'attention et de perception auditive, ambiance familiale bruyante, Otites récidivantes. Retard de parole simple: l'ensemble de la prononciation est approximative et présente des erreurs sur les mots. Facteurs bio-psycho-sociaux: carences éducatives, relationnelles, mère dépressive, manque de repères affectifs, problèmes culturels, retard de maturation, inhibition, hyperactivité avec attention déficitaire. Retard de parole et de langage: persistance du parler du jeune enfant, morphosyntaxe simple Facteurs bio psychosociaux: inhibition/hyperactivité, retard de langage, aspects socio émotionnels, conditions de communication intra familiale, trauma psychique souvent invoqués Bégaiement et dysfluences 9 B) Les troubles de l'articulation: 1. Repères : Déformations phonétiques isolées Généralement déformation des consonnes Généralement un même phonème est toujours déformé, et de la même manière. 2. A distinguer : zozotement ( ou zézaiement ou sigmatisme interdental): l'extrémité de la langue reste trop près des incisives ou entre les dents. schlintement (ou sigmatisme latéral) caractérisé par un écoulement d'air uni ou bilatéral. repérage des confusions: ch/z, ch/s, j/z, f/v, f/s, t/k. confusion sourde/sonore: p/b, f/v, t/d, ch/j, s/z. (pouvant laisser entrevoir une difficulté d'audition). l mouillé ill. 3.Indications : fréquent et banal jusqu'à 5 ans. Au delà de 5 ans, proposer une aide. L’aide proposée sera fonction des hypothèses effectuées. 4. Quelques hypothèses possibles : Difficultés psychoaffectives : immaturité psychologique, refus de grandir, refus de la séparation, régression, jalousie… Difficultés auditives « Maladresses motrices de la zone linguo-buccale. » C) Le retard de parole: 1. Repères : Modification du nombre, de la quantité, de la succession des phonèmes d’un mot. Les transformations vont dans le sens d’une simplification et de l’économie articulatoire (ex : train/crain). Les erreurs ne sont pas constantes Chaque phonème peut être prononcé correctement de manière isolée. Pas de retard dans l’apparition de la parole Souvent associé aux troubles articulatoires Souvent associé au retard de langage 10 2. A distinguer : des confusions phonématiques portant soit sur les consonnes constrictives (j ch, z s) ou occlusives (d t, g k), soit sur l'inversion de ces dernières (f, p, z d), soit sur les voyelles (an a, in é, oua a); Une absence de modification de point d’articulation d’une syllabe à l’autre (couteau/touteau). l'omission des finales (pour pou). la simplification de phonèmes complexes en finale ou à l’intérieur d’un groupe complexe : arbre/abe. le déplacement de certains phonèmes (lavabo valabo); des assimilations. 3. Repères généraux : Âge de l'enfant Indices et Manifestations du retard de parole 3 ans Laisse tomber la dernière syllabe des mots. 4 ans Ne prononce pas les sons « f, v, s, z, k, g » (le «g» dur comme dans « garçon »). Déforme tellement la prononciation des mots qu'on ne comprend pas ce qu'il dit. 5 ans Change certains sons pour d'autres, de façon inconstante (il peut dire « t » dans « tapis », mais il dira « poi » plutôt que « toi »). Oublie des syllabes dans les mots longs (3 syllabes et plus). L'enfant de 5 ans peut avoir encore des difficultés avec les sons « ch, j et r », prononcer les « s et z » « sur le bout de la langue » et ne pas avoir de retard de parole, car c'est à 7 ans que l'enfant devrait posséder correctement tous ces sons. 7-8 ans Parle « sur le bout de la langue » pour les sons « s, z » et souvent pour le « ch, j ». On appelle ce phénomène un sigmatisme interdental et il est souvent associé à une déglutition atypique, c'est-à-dire que l'enfant pousse sur ses dents quand il avale. Tableau de Carmen PHENIX Orthophoniste canadienne. 4. Quelques hypothèses : difficultés motrices, déficit auditivo-perceptif, trouble de la structuration auditivo-temporelle (rythme), difficultés de repérage spatio-temporel, 11 mauvaise intégration du schéma corporel, difficultés de mémorisation, problèmes de maturation psychoaffective avec symbiose langagière mère/enfant. Hypothèses de difficulté de séparation et d’individuation. Dans ce cas, une prévention est possible au moment même de l’entrée de l’enfant à l’école. 5. Indications : Sans signification jusqu'à 5 ans mais pouvant faire l’objet de prévention des facteurs de risque Persistance après 5 ans : proposition d’aide adaptée en fonction des hypothèses effectuées. D) Voix et débits de parole: 1. Phonation hypertonique ou raucité chronique infantile : Fréquente de 4 à 14 ans. Registre grave Intensité forte, Articulation réduite, Débit rapide Timbre rauque Quelques hypothèses : effort vocal ponctuel ou permanent, mimétisme chez les enfants du père ou mère dysphoniques. 2. Insuffisance vélaire : Elle est soit organique soit acquise et se traduit par des troubles articulatoires et des troubles de la voix. E) Retard simple de langage: 1. Définitions : Retard dans la chronologie normale des acquisitions langagières sans déficience intellectuelle, surdité ou organisation psychotique et se distinguant par l’apparition la première phrase après 3 ans, et un « parler bébé » durable avec perturbation de l’organisation syntaxique de la phrase. 2. Repères généraux : Apparition tardive du premier mot, du mot-phrase, de l’assemblage des mots, des pronoms (ex du « je » utilisé vers 4 ans. Vocabulaire réduit. Pas d’utilisation de phrases complexes, non respect de l’ordre des mots, utilisation de la troisième personne au lieu de « je ». 12 3. Manifestations variables : trouble dans l'ordination des mots de la phrase; erreur de construction grammaticale (agrammatisme); verbe employé à l'infinitif; mauvaise utilisation du pronom personnel; confusion masculin / féminin; omissions de mots, fausses liaisons, barbarismes etc... (ature papa pati la voiture de papa est partie). La compréhension est en général assez bonne ou souvent meilleure que l’expression, mais son évaluation chez le jeune enfant est parfois difficile. Âge de l'enfant 12 à 15 mois Manifestations de retard de langage expressif Manifestation de retard de langage réceptif Ne fait pas de gestes pour Ne comprend pas ce qu'on lui dit. exprimer ce qu'il veut. Ne pointe pas du doigt. 18 mois Ne dit pas de mots. N'imite pas les gestes ou les mots. Ne se retourne pas quand on dit son nom. 2 ans Ne parle pas ou ne dit que Ne comprend pas des petits quelques mots. ordres simples (va chercher le camion). N'est pas compris par les membres de sa famille. Ne peut pointer les images d'objets courants dans un livre. N'a pas le goût de communiquer. 3 ans Ne fait pas de petites phrases Ne comprend pas des phrases à 3 mots. longues (va chercher ton pyjama dans ta chambre). N'est pas compris pas les étrangers. Ne comprend pas les questions (où ?, quand ?), les adjectifs (gros, petit), les prépositions de lieu (sous, sur, dans, etc.). 13 4 Fait des erreurs de grammaire ans dans la phrase (ex. il emploie le « moi » plutôt que le « je », il oublie les mots de relation, les auxiliaires verbaux). Ne comprend pas le sens d'une histoire. Ne comprend pas les concepts de quantité (un peu, plusieurs, beaucoup, etc.) ou les notions de temps (passé, présent, futur) au niveau des verbes (il a mangé, il mange, etc.). 5 A peu de vocabulaire. Ne comprend pas ans données en groupe. N'a pas une grammaire et une syntaxe comme l'adulte. les explications Ne peut raconter une histoire. 6 Ne fait pas de phrases élaborées Ne comprend pas le vocabulaire ans (parce que, avant que, etc.). abstrait, les figures de style, etc. Tableau de Carmen PHENIX orthophoniste. 4. Difficultés pouvant être associées : perturbation dans l'espace; perturbation dans le temps; mauvaise organisation du schéma corporel; nécessité d'apports extra verbaux pour une compréhension satisfaisante; intelligence portant sur une saisie concrète des problèmes. 5. Indications : Evolution souvent moins favorable que les troubles de la parole. Dans le cas d’un retard sévère : rééducation orthophonique dès 4 ans. Un bégaiement, une dyslexie ou une dysorthographie peuvent succéder au retard de langage. IV. PATHOLOGIES DU LANGAGE ORAL : A) Repères généraux : Dysphasies: Notion de langage retardé Facteurs cérébraux constitutionnels (origine Notion de durabilité génétique?) aggravés par facteurs malgré stimulation et psychosociaux rééducation Signes de déviance 14 Dyspraxies: Trouble des coordinations motrices internes=>"mauvais équipement pour agir" : conséquences sur la parole si dyspraxie bucco faciale, conséquences sur le langage si tr. d'attention, hyperactivité, perturbations émotionnelles, problème de référencialisation de l'action qui a du mal à être mentalisée et mise en mots. Facteurs cérébraux constitutionnels (origine génétique?) aggravés par facteurs psychosociaux Troubles à étiologie connue : Trouble touchant l'ensemble du développement de la parole et du langage selon la gravité de la surdité, sa précocité, son caractère évolutif ou non, les facteurs bio-psycho-sociaux associés. Q.I. performance et verbal abaissés mais spécificités cognitivolangières (jusqu'à l'impossibilité d'un développement du langage) suivant le type et la gravité de la déficience mentale et les facteurs bio-psycho-sociaux associés. Problème des déficiences mentales éventuelles associées et du développement moteur et psychomoteur. IMC-IMOC-Polyhandicap aphasie congénitale retard, absence ou régression du développement du langage Aphasie acquise de l'enfant Troubles de la communication verbale, de la parole et du langage après traumatisme crânien 15 Surdités de perception Déficiences mentales Pseudo débilités environnementales Lésions cérébrales congénitales Syndromes épileptiques (West, Lennox-Gastau, Landau-Kleffner) Lésion cérébrale acquise Autisme et autres syndromes autistiques: trouble du langage, trouble de la communication, de l'intentionnalité et de la cognition sociale accompagnés ou non de troubles psychomoteurs et cognitifs ou de retard mental Problème des traits comportementaux: inhibition, hyperactivité réactionnelle, appétence à la communication verbale ou non verbale, à l'assimilation d'un code linguistique. Dysharmonies cognitives Troubles envahissants du développement (TED) Pathologies psychiatriques de l'enfant: psychoses, anxiété, trauma psychique, dépressions, névroses Jérôme Grondin http://perso.wanadoo.fr/jerome.grondin/ B) Dysphasies : 1. Repères généraux : Les dysphasies de développement se définissent comme un trouble sévère et spécifique du développement du langage oral (TSDLO) et correspondent à des dysfonctionnement précoces, graves et durables. On peut trouver des difficultés allant du simple retard de langage aux perturbations graves et à l'absence totale de langage. On peut distinguer des troubles portant sur l’expression, des troubles touchant à la fois la compréhension et l’expression des formes altérant le processus de traitement central et de la formulation. Sous le terme de "dysphasies graves" on regroupe des perturbations sévères du langage altérant l'expression, mais aussi la compréhension et persistant après 6 ans. 2. Repérer et dépister : Repérer de manière précoce demande d’être au clair avec le développement des compétences langagières et de leurs précurseurs.. L'analyse du langage (niveau de compréhension, capacité phonologique, richesse du vocabulaire, qualité syntaxique) ne permet pas toujours de distinguer le retard simple de langage qui disparaîtra progressivement vers 6/7 ans, d'une dysphasie grave qui persistera une grande partie de l'enfance. 16 Si la forme phonologique reste pure, l’atteinte limitée à quelques aspects de l’expression, et le retard modéré le pronostic tendrait à être favorable. Si le trouble s’étend à tous les aspects de l’expression et à la compréhension, le pronostic tendrait à être défavorable. Le diagnostic de retard simple, qui implique un pronostic favorable, reste délicat. La survenue de difficultés d’apprentissage du langage écrit (dyslexie de développement) est rare dans l’évolution d’un retard de langage (environ 10 %) mais est beaucoup plus fréquente dans les dysphasies (quasi 90% des cas) Indices prédictifs et facteurs de risque pour les enfants présentant un retard de langage. Productions verbales : taille du lexique composition du lexique De la compréhension: Un retard de six mois ou plus dans le développement du langage réceptif et expressif. Déficit de la compréhension, De la phonologie: un nombre limité de vocalisations pré linguistique, babillage constitué d'un répertoire limité de consonnes premier lexique constitué de moins de 50% des consonnes correctement produites avec des erreurs dans la production des voyelles (répertoire limité) et des structures syllabiques restreintes ou réduites De l'imitation: Impossibilité à imiter des combinaisons de mots même avec l'utilisation d'indices ou de moyens de facilitation De jeu: Enfant restant dans des jeux de manipulation, sans investir le jeu symbolique Des gestes: En résumé, les enfants utilisant peu ou pas de ces gestes complémentaires ou symboliques pour accompagner leurs mots isolés, dans le but de communiquer un sens plus complexe. 17 Des habiletés sociales: les enfants présentant des problèmes de comportement. les enfants rencontrant des difficultés de socialisation et d’intégration par rapport aux pairs et davantage en interaction avec l’adulte Autres : Une histoire familiale avec des troubles de langage ou d'apprentissage Parents très inquiets ou disqualifiés D’après la présentation de Jacinthe Dupré SAVOY de l’article suivant : « Recommending Intervention for Toddlers With Specific Language Learning Difficulties: We May Not Have All the Answers, But we Know a Lot" (L.B. Olswang, B. Rodriguez, G. Timler. University of Washington, Seattle. American Journal of Speech-Language Pathology, 1998, Vol 7, N° 1. 3. Description clinique: Signes communs constants : Le Q.I. non verbal est normal. La communication non verbale est normale et souvent accompagnée d’une gestuelle riche. Pas de troubles relationnels massifs. Hyperkinésie réactionnelle fréquente. L’expression reste inintelligible au-delà de 6 ans : avec des difficultés phonologiques, et syntaxiques . Pas de retard mental associé, de trouble massif du comportement et de la communication non verbale, pas de déficit sensoriel (en particulier auditif), pas d'atteinte motrice, pas de carences affectives ou éducatives graves. 4. Indications : Pour établir un diagnostic de dysphasie il est nécessaire de vérifier les points précédents, et pour ce faire, il est nécessaire de conseiller : Un bilan orthophonique Un examen médical Un examen ORL Des examens neurologiques et neuroradiologiques (EEG, IRM) Un examen psychiatrique Un examen psychométrique Un examen psychomoteur (hyperactivité ou dyspraxie associée) 18 5. L'approche thérapeutique: Suivi orthophonique régulier, intensif (trois séances et plus par semaine) et long, accompagné d’actions thérapeutiques diversifiées (psychomotricité, groupe rythmique, rééducation, psychothérapie etc…) . Travail de synthèse entre les différents partenaires de l’aide, et accompagnement de la famille C) Aphasies : 1. Définition de l’aphasie acquise : C’est un trouble du langage survenant (chez un sujet ayant déjà acquis un certain niveau de compréhension et d’expression verbale) après une atteinte du système nerveux central. Chez l’enfant aphasique il y a prédominance des difficultés d’expression sur les difficultés de réception. 2. Description : réduction du langage spontané pouvant aller jusqu’au mutisme, syntaxe simplifiée, stock lexical réduit, possibilité de troubles articulatoires associés. Les troubles aphasiques de l’enfant régressent mieux que ceux de l’adulte. D) Autisme : 1. Signes précoces de l'autisme infantile Les premiers troubles touchent l’émotion, l’attention conjointe l’imitation. Période 1-2 ans Période 18-24 mois Période 12-30 mois Ignore les autres Ignore les autres Préfère être seul Préfère être seul Interaction insuffisante Interaction insuffisante Pas de sourire Pas de sourire Pas de contact par le regard Ne manifeste pas d'émotion Absence de gestes et mimiques expressifs Ne regarde pas les personnes Ne regarde pas les visages Ne fait pas alterner son regard Ne manifeste pas d'émotion 19 et Attention difficile à fixer N'imite pas les gestes, la voix d'autrui N'imite pas les verbalisations Absence de communication par la voix N'exprime pas de mots Attention difficile à fixer Ne montre pas des yeux Ne suit pas les directions verbales Utilisation inappropriée des Ne montre pas les objets objets Ne différencie pas les personnes Activité motrice réduite, hypotonie Attitudes posturales inhabituelles 2. Signes recueillis chez les enfants autistes : Ils permettent de différencier l'autisme d'un retard de développement ou d'un trouble sévère du développement du langage Interaction sociale Pauvreté de l'imitation Contact oculaire anormal Pauvreté des relations sociales Absence de réponse / Ignore les autres Peu d'intérêt pour les liens sociaux Préfère être seul Peu d'intérêt pour être porté Peu de sourire / Peu d'expressions faciales Communication Retard de langage Peu d'utilisation des gestes Manque d'attirer l'attention sur ses activités 20 Caractère restreint et répétitif des comportements et des intérêts : Stéréotypies motrices / Postures inhabituelles Usage inapproprié des objets / Jeux insolites Attachements à des objets peu communs Intérêts visuels inhabituels Réaction paradoxale au bruit / Suspicion de surdité Insensibilité à la douleur, au froid ou à la chaleur Hypersensibilité au goût V. LES PATHOLOGIES PARTICULIERES: A) Le bégaiement: 1. Description: Perturbation dans le domaine des interactions orales, Trouble de débit élocutoire et non du langage lui-même. Il se rencontre chez 1% des enfants environ, en majorité des garçons (3 à 4 pour une fille). 2. Distinction : Le bégaiement tonique : blocage et impossibilité d'émettre un son associé à une forte tension musculaire ( lèvres, mâchoires, yeux et parfois parfois corps) Le bégaiement clonique : répétition involontaire d'une syllabe, (souvent la première de la phrase) associée à des contractions des muscles du visage. Le bégaiement tonico-clonique qui fait coexister les deux types précédents, et est la forme la plus fréquente. Le bégaiement dit primaire, apparaissant vers 3 ans chez les enfants commençant à faire des phrases. C’est une phase durant laquelle l’enfant répète des syllabes, mais sans tension et qui disparaît de manière spontanée. 3. Mouvements moteurs et manifestations émotives associées: crispation du visage; tics; 21 gestes variables plus ou moins stéréotypés du visage, de la main ou des membres inférieurs; rougeurs; malaises; transpiration. 4. Repères généraux : Apparition en général entre 3 et 5 ans. Après cet âge on peut voir apparaître brutalement des épisodes de bégaiement consécutifs à un choc affectif ou émotionnel. A l’heure actuelle les recherches neurophysiologiques n'ont permis de découvrir aucune anomalie fonctionnelle. 5. Psychopathologie du bégaiement: Suivant les auteurs, les hypothèses concernent soit l’enfant lui-même, soit son environnement Actuellement, on étudie l'interaction mère-enfant, le bégaiement étant compris comme « l'incapacité initiale d'introduire la distance que la communication langagière permet normalement entre deux individus ». Certains auteurs ont recensé des facteurs pouvant déclencher ou aggraver le bégaiement : événement familiaux pouvant être traumatiques : maladie, deuil, séparation, déménagement, divorce, placement.. naissance d’un puîné scolarisation etc.…. 6. Evolution et traitement: Le traitement doit être le plus précoce possible, de préférence entre 5 et 7 . Il est nécessaire, pour poser l’indication de l’aide la plus adaptée, d’évaluer les facteurs déclencheurs des tensions et émotions. Si la famille est inquiète il est primordial de l’accompagner pour alléger la pression qui pèse sur l’enfant. Si la période de bégaiement dure, on court le risque de voir s’y superposer des troubles réactionnels, avec dégradation de l’image de soi etc…. Après 10 ans, à l'adolescence ensuite, les traitements deviennent difficiles et les résultats, du moins quant au symptôme, aléatoires. Pour l'enfant jeune : rééducation orthophonique. Pour l'enfant plus âgé, et avec son accord une psychothérapie peut être utile. 22 Des techniques ne travaillant pas sur le symptôme et utilisant la stratégie du « détour » comme la relaxation, psychodrame, le jeu symbolique, peuvent être utiles et nécessaires. B) Le mutisme: 1.Description: Arrêt brusque et persistant de l’activité langagière chez un enfant ayant un développement linguistique normal. Dans le DSM-IV, le diagnostic de mutisme sélectif nécessite la présence des 5 critères suivants : Absence persistante du langage dans des situations sociales spécifiques Le trouble interfère avec la réussite scolaire, et avec la communication sociale. La durée d’évolution du trouble est au moins égale à un mois. L’absence de parole n’est pas due à l’incapacité de parler, ou à comprendre le langage parlé. Le trouble ne relève pas d’une pathologie de la communication (comme le bégaiement) et ne rentre pas dans le cadre d’un trouble envahissant du développement, d’une schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique. 2. Distinction : Mutisme total acquis : o Consécutif à un choc affectif. o Plutôt à l'adolescence. o Durée variable, souvent suivi d’une période de parole chuchotée, ou d’un bégaiement. Le mutisme électif durable. o Le lieu du mutisme est variable, intra familial ou scolaire et extra familial. o Apparition de 3 à 14 ans, coïncidant souvent avec l’entrée à la maternelle ou au primaire. o Durée variable jusqu’à plusieurs années. 3. Symptômes pouvant être associés : inhibition motrice, inhibition intellectuelle, grande sensibilité avec pleurs fréquents, oppositions, énurésie, encoprésie, hyperactivité et tics.. Le mutisme scolaire n’empêche pas un apprentissage harmonieux de l’écrit et les productions écrites. 23 4. Hypothèses : Le mutisme électif global est considéré comme difficile à accompagner. Symbiose mère/enfant forte, et l’entrée dans le langage peut signifier rupture du lien. mutisme pouvant dissimuler des troubles profonds de la personnalité. Souvent un "secret familial", un non-dit. autour d'un drame familial: naissance illégitime, folie, mort, viol, inceste etc.…. 5. Traitement: Chez la plupart des enseignants, rééducateurs et thérapeutes le mutisme électif suscite un contre-transfert violent. Un suivi psychothérapeutique est conseillé parfois un psychodrame, ou une séparation familiale, peuvent accompagner la modification du symptôme. 24