LES DEFICIENCES MENTALES DR MOSSER I – définition A. les 3 caractéristiques du retard mental fonctionnement intellectuel en général inférieur à la moyenne altération ou déficit important du fonctionnement adaptatif (donc difficulté d’adaptation) début avant 18 ans B. Epidémiologie 1 à 1.5% des enfants (parallèle avec la schizo : 1%) Plus de garçons que de filles C. les deux classifications 1. selon les degrés de sévérité (classification américaine) Léger, moyen, grave, profond 2. selon les catégories de déficience a. déficiences harmoniques Toutes les formes où le trouble de l’intelligence apparaît fixé (irréversible) et est au premier plan clinique. Souvent c’est le trouble du langage qui prime (dans sa fonction symbolique : accès à la métaphore …) Pas d’imaginaire ni de rêves, pas de curiosité, inhibition b. déficiences dysharmoniques Retards curables ; ce déficit intellectuel va avec des troubles de la personnalité Ex : orphelins roumains (pas de stimulation) c. polyhandicap sensoriel et moteur Troubles neurologiques sévères et déficit profond d. démences Diminution des capacités mentales II – clinique A) déficit léger (80% des déficits) QI de 50 à 69 ; correspond à un déficit dysharmonique dans l’autre catégorie Elle est invisible avant 2 ans en général, et se détecte surtout au moment de l’entrée en CP ; l’apprentissage est possible mais ralenti (lecture acquise plus tard) Il y a une immaturité, une dépendance à autrui, une suggestibilité 2 manifestations purement psychiques peuvent s’ajouter à ce tableau : Manifestations affectives liées à la confrontation à l’échec donc instabilité, colère, fabulation, inhibition, passivité, soumission Autres troubles du développement : autisme, Asperger etc Evolution : acquisitions scolaires lentes mais possibilité de capacité professionnelle, développement de stratégies compensatoires pour palier ce déficit Il va y avoir décompensation lors des moments difficiles de la vie (conflit, deuil etc) donc ces personnes restent très fragiles 1 B) retard mental moyen (10%) QI de 35 à 49 Il apparaît plus précocement, visible dès la 1ère année : développement moteur, relationnel et capacités de communication retardés (retard important de l’apparition du 1er mot) Jugement déficient, contrôle émotionnel fragile (pleurs), potentiel d’apprentissage, accès à l’autonomie difficile mais possible Evolution : travail en milieu protégé (ESAT) donc ces personnes restent dépendantes des autres (famille etc) C) retard mental grave (3 à 4%) QI de 20 à 34 Il se manifeste dès les 1ers jours, les 1ères semaines. Les acquisitions sont retardées, le langage difficile donc cela nécessite une éducation spécialisée (placement) Il est souvent associé à un autre trouble (neurologique ou somatique) Evolution : autonomie mais à l’intérieur d’un cadre très structuré (famille, foyer) D) retard mental profond (1 à 2%) QI inférieur à 20 Grande difficulté au développement moteur, pas de capacités de communication (pas de langage), dépendance +++ donc médicalisation obligatoire III – Etiologies 1. étiologie génétique ou pré natale Maladies métaboliques et génétiques : syndrome de Turner (1 chromosome X) chez les filles, trisomie 21, toutes les anomalies des chromosomes, phénylcétonurie, rubéole de la mère pendant la grossesse, malformations cérébrales etc 2. étiologie néonatale Difficulté à l’accouchement, souffrance lors de l’accouchement, prématurité mal prise en charge, épilepsie de la mère etc 3. étiologie post natale Encéphalopathie, méningite, convulsions etc 4. facteurs environnementaux Carences affectives etc IV – prise en charge A. dépistage précoce avant la naissance 1. dépistage des facteurs organiques Clarté nucale à l’échographie, interruption médicale de grossesse possible Surveillance biologique rubéole / toxoplasmose 2. prévention des facteurs environnementaux Familles en difficulté, carences affectives intrafamiliales (enfants issus de viol …) 2 B. prise en charge directe de l’enfant Selon la profondeur du trouble But : garder l’enfant au maximum à domicile et éviter l’institution Donc rééducation par des orthophonistes, psychologues, psychomotriciens, pédo psychiatres etc Prise en charge de la famille (surtout quand la notion de culpabilité apparaît) IV – précocité et surdon Les enfants surdoués sont des enfants instables, inattentifs, souvent très angoissés avec des troubles obsessionnels ; ils sont souvent en décalage sur le registre social (pas de copains de leur age) et en décalage en interne (ce qu’ils ont envie de faire ne correspond pas aux préoccupations normales de leur age) Le dépistage est important CONCLUSION Doivent évoquer un retard de développement psychomoteur L’enfant qui ne tient pas sa tête à 5 mois La persistance des réflexes archaïques après 6 mois L’absence de préhension volontaire après 7 mois L’hypertonie des membres après 8 mois Pas de jeu de mains à 9 mois Ne tient pas assis après 10 mois Absence de permanence de l’objet après 1 an Continue à jeter les jouets après 15 mois Pas de distinction contenant contenu après 18 mois (encastrements) Marche non acquise à 24 mois S’il y a un doute, il faut se poser 3 questions : 1. le retard est-il certain (tests de QI à plusieurs reprises) 2. le retard est-il homogène (d’autres signes associés : vision, audition etc) 3. le retard est-il normal ou y a-t-il eu décrochage à un moment donné 3