L’économie du médicament L’industrie pharmaceutique Française : Faits et chiffres clés. par Mr.ZAMBROWSKI Les acteurs de la vie économique Qui dit industrie mondiale dit économie. L’économie est constituée par des personnes (appelées ménages), des entreprises et des fournisseurs qui vont produire des biens, des services et des produits que les ménages vont consommer en échange d’argent. Les individus fournissent aux entreprises du travail, les entreprises fournissent aux individus des salaires ou des rémunérations. On est très loin de l’époque primitive où les gens vivaient seuls et étaient capables de produire tout ce dont ils avaient besoin et n’échangeaient rien avec leurs voisins. Dès lors que l’on se spécialise dans un métier ou une fonction, on va se mettre à échanger. D’autres partenaires se mêlent à ce système : l’Etat et les institutions financières (=les banques). L’état collecte des impôts auprès des individus et des entreprises. En échange, il s’engage à mettre à la disposition de tous un certain nombre de service : routes, hôpitaux, enseignement. Tout l’argent est redistribué, le but de l’état n’étant pas de s’enrichir. En France, il y a en plus, à côté de l’état la Sécurité Sociale qui collecte les cotisations pour offrir le remboursement des soins, les Allocations Familiales, la retraite… Les institutions financières collectent l’épargne des ménages et mettent l’argent à disposition afin d’accorder des prêts aux individus et aux entreprises qui ont besoin d’investir plus d’argent qu’elles n’en gagnent pour se développer. L’ensemble forme l’économie nationale. Cependant, un pays ne peut plus vivre en circuit fermé car il ne peut produire tout ce dont il a besoin. Le système est donc en relation avec le reste du monde par le biais des importations et exportations. Afin de faciliter les échanges, les pays d’Europe ont abaissé leurs frontières pour que les autres pays soient plus proches de nous. Une entreprise est un agent économique qui a comme fonction de produire et/ou de distribuer des biens et/ou des services que d’autres achètent. Son objectif premier est de réaliser un profit, c’est-à-dire qu’il lui restera de l’argent une fois que les produits nécessaires à sa production seront payés. Le rôle économique, c’est finalement de créer et de répartir les richesses. Une entreprise peut compter de une personne (un artisan) à 500 000 collaborateurs. Les richesses créées vont être vendues sur un marché et être réparties entre les différents acteurs économiques. Cette richesse est donnée aux salariés de l’entreprise (sous forme de salaires ou d’intéressements) et aux actionnaires car l’entreprise, pour financer son développement, met en vente une partie ou la totalité de son capital en Bourse, et les actionnaires achètent des actions en fonction de la confiance qu’ils ont en l’avenir de cette entreprise, de sa capacité à fabriquer des bénéfices… Les actionnaires sont donc les multiples propriétaires de l’entreprise et ils attendent un revenu basé sur les bénéfices de l’entreprise. L’état s’intéresse à la performance économique de l’entreprise en collectant des taxes. L’entreprise, en plus de son rôle économique a également un rôle social : son premier rôle est de créer des emplois et de satisfaire les salariés (rémunérations, considération, promotion, formation). À ce rôle social s’ajoute un rôle sociétal, c’est-à-dire l’inscription de l’entreprise dans la société, en ce qui concerne par exemple le respect de l’environnement qui est une chose de plus en plus importante après une phase effrénée de développement industriel sans aucun respect pour l’environnement. De nos jours, une entreprise ne peut plus se permettre d’être trop polluante ou de rejeter trop de déchets. Une partie des ressources de ces Entreprises Citoyennes servent au respect de l’environnement. En plus de tout cela, une entreprise évolue au sein d’un environnement socioculturel qu’elle se doit de prendre en compte : demandes, attentes et impératifs de cet environnement. L’environnement économique est également à prendre en compte : partenaires, concurrents et clients. Dans un pays pauvre, une entreprise ne peut pas se permettre de vendre des produits trop chers. Enfin, l’entreprise doit prendre en compte l’environnement politique et juridique : certaines choses sont permises, d’autres pas. Cependant, ces règles sont en constante évolution, et quand on crée un marché commun entre plusieurs pays, on peut aller vendre beaucoup plus facilement s’il n’y a plus les barrières douanières qui taxent fortement importations et exportations. Certaines organisations comme les organismes paritaires ou les syndicats sont des interlocuteurs privilégiés qu’il faut prendre en compte. L’entreprise est donc une interface avec un ensemble d’environnements. Le devoir essentiel de l’entreprise est d’assurer sa pérennité, et pour cela, elle doit investir en recherche et développement, en tenant compte bien sur de l’importance de ce domaine en fonction de sa production : le budget R&D d’une fabrique de biscuits sera moins important que celui d’une entreprise de santé où le progrès est un facteur plus que vital. Une fois que l’argent est investi, l’entreprise se doit d’être rentable pour conserver les emplois et rémunérer les actionnaires, car sinon, les actionnaires risquent de ne plus acheter et l’entreprise n’aura plus les moyens de son ambition. À la tête de chaque service il y a des managers. Le statut de pharmacien dans une entreprise expose à un rôle de cadre, de manager : c’est presque automatique. Le manager doit orienter, animer et contrôler. Orienter, c’est anticiper, planifier : objectifs, moyens. C’est une planification stratégique. Animer, c’est motiver chaque personne de l’équipe pour arriver à la réalisation des objectifs. Il faut encourager et donner envie de faire. Selon l’adage, on donne « une rétribution pour une contribution » Contrôler, c’est vérifier que l’objectif est atteint. Il y a le contrôle rétrospectif : on regarde si la production est conforme à ce qui était prévu. Le contrôle prospectif, c’est l’installation le long du processus de fabrication de points de contrôle pour s’assurer du bon déroulement de la fabrication. L’idée est d’obtenir un retour de ces contrôles : le feed back pour savoir expliquer les écarts de production et corriger les éventuelles erreurs. On contrôle pour aider les personnes à mieux faire. Le manager, c’est celui qui cesse de faire et sait faire faire. ENTREPRISE PHARMACEUTIQUE ET ECONOMIE DU MEDICAMENT Au début de l’histoire de l’industrie pharmaceutique, les entreprises du médicament étaient des arrière-boutiques d’officine. En 1950 il y avait 2000 entreprises pharmaceutiques en France. Sur les 2000, la moitié était des pharmacies avec des annexes de fabrication. Aujourd’hui : 298 industrielles et 4 pharmacies. Cela démontre l’accroissement de la puissance économique de l’industrie pharmaceutique. L’entreprise pharmaceutique c’est trois choses : Comme toute entreprise elle doit créer de la valeur, de la richesse, et a une responsabilité sociale et sociétale. En tant qu’entreprise de santé, celle-ci doit créer du progrès, car ce ne sont que les firmes pharmaceutiques qui développent et mettent à disposition les médicaments même si l’idée initiale a trouvé son origine dans une institution hospitalière ou universitaire (ces deux dernières ne concourent que pour à peine 1% de la création du progrès, l’essentiel de la recherche et du développement s’effectue dans le secteur privé). Néanmoins, les entreprises sont tenues de créer du progrès en réponse à la demande de la société. Il existe un besoin de repousser les limites de la maladie, de la souffrance, et de la mort; et de surcroît, une entreprise ne serait se contenter des ventes de ses produits sur le marché car elle serait rapidement dépassée par les innovations de la concurrence. Finalement, les produits anciens deviennent rapidement obsolètes et finissent par ne plus se vendre. L’entreprise se doit donc d’innover si elle veut assurer sa pérennité. Les entreprises pharmaceutiques ont aussi une responsabilité éthique, de par leur domaine d’activité: la santé. Cette responsabilité s’étend de l’industriel (qui doit assurer qualité et sécurité) jusqu’au grossiste répartiteur et le pharmacien d’officine. La responsabilité est donc lourde et majeure car l’enjeu c’est la vie. C’est pourquoi la recherche va absorber une part très importante du chiffre d’affaire (CA) de l’entreprise (entre 10% et 15% selon les pays). LE PROCESSUS DE RECHERCHE C’est un processus long et cher. 100 000 molécules identifiées par informatique 100 molécules synthétisées sont testées sur animaux de laboratoire. 10 molécules sont candidates à l’expérimentation chez l’homme sain puis chez l’homme malade Avec de la chance, 1 molécule obtiendra une AMM et sera vendu au grand public. Ce processus s’étend sur 10 à 12 ans et coûte entre 500 et 600 millions d’euros (soit 50 à 60 millions d’euros par an). Compte tenu de la déperdition statistique, il faut avoir 50 médicaments en cours d’élaboration (5 par an sur 10 ans). 50 médicaments coûtant chacun 50 millions d’euros par an, cela représente 2500 millions d’euros qui doivent être disponibles si le laboratoire veut rester compétitif. Ces 2,5 milliards d’euros représentant environ 10 à 15% du CA celui-ci doit atteindre les 30 milliards d’euros. Cela explique les associations et les fusions de laboratoires qui peuvent ainsi nourrir un « pipeline » de recherche viable. 20 ans après le dépôt du brevet, la molécule n’est plus protégée, ce n’est plus l’exclusivité de la personne qui l’a inventée, mais appartient au patrimoine scientifique de l’humanité. C’est pourquoi ce délai a été allongé de 5 ans grâce au certificat complémentaire. Un médicament est donc protégé pendant 15 ans après sa mise sur le marché, ensuite un autre laboratoire est libre de proposer un générique. L’investissement des 10-15% du CA est rentable: que ce soient pour les médicaments à usage hospitalier ou les médicaments vendus en officine. En 4 ans, le marché du médicament a augmenté de 100 milliards de dollars. Une minorité de la population mondiale consomme la majorité des médicaments vendus dans le monde chaque année. USA Europe Japon Asie, Afrique et Océanie 91 32% 34% 2001 42% 27% 2002 51% 25% 12% 8% Remarque : Les USA représentent 5% de la population mondiale. L’Asie, l’Afrique et l’Océanie représentent 2/3 de la population mondiale… Cette disparité ne cesse de croître et pose de gros problèmes : SIDA – tuberculose. Les médicaments d’innovations : Les USA en absorbent 59%, l’Europe 24%, le Japon 5% et le reste du monde 12%. L’innovation n’est donc pas répartie équitablement. Production industrielle : La France est le premier producteur de médicaments en Europe, suivent : le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Suisse et l’Italie Les Français sont les champions de la consommation : 50 boites/an/personne. Ces médicaments sont produits par un nombre de laboratoires de plus en plus petit, mais qui sont de plus en plus gros. Les 10 premiers groupes mondiaux produisent 50% des médicaments.(Les 50 premiers 90% et les 100 premiers 99%) Ce sont donc les petits laboratoires qui vont s’éteindre…(sauf s’ils se trouvent dans un secteur sans concurrence) Le marché français du médicament est essentiellement payé par l’assurance maladie : En 2002, hors hôpital, les médicaments représentaient un coût de 16,3 milliards d’euros. Le marché du médicament en France en pourcentage du chiffre d’affaire total : Les spécialités remboursables à prescription obligatoire représentent 75% du CA Les spécialités remboursables à prescription non obligatoire représentent 17% du CA Soit : 93% du CA Une petite partie des médicaments remboursables ne sont pas remboursés car ils ont été achetés sans ordonnance. Pour les spécialités remboursables à prescription non obligatoire certains patients consultent leur médecin uniquement pour obtenir une ordonnance. Les 7% restant se distribuent ainsi : 5% de spécialités non remboursables à prescription non obligatoire. 2% de spécialités non remboursables à prescription obligatoire. La plus grande part du gâteau est donc pour “le remboursable“ à prescription obligatoire En 10 ans, le marché de l’export est passé de 25 à 50% de production. Celui ci est égal au marché du “remboursable“. CA total en France : 34,4 milliards d’euros. En volume, les 16 milliards d’euros du marché intérieur représentent 3 milliards de boîtes. Ethique : 54% sont remboursables- remboursés à prescrit obligatoire 2% sont non remboursables- non remboursés à prescrit obligatoire Semi-éthique : 31% sont remboursables- remboursés à prescription non obligatoire 5% sont remboursables- non remboursés à prescription non obligatoire OTC : 8% sont non remboursables- non remboursés à prescription non obligatoire OTC : Over The Counter. (Par-dessus le comptoir) Circuit de distribution des médicaments. Il ne fait intervenir que des pharmaciens. 22700 pharmaciens d’officine. Les dépositaires : Stockent et entreposent les médicaments pour le compte des laboratoires sans les acheter. Ils livrent les médicaments aux grossistes répartiteurs. Les grossistes répartiteurs livrent les officines. Les pharmaciens délivrent les médicaments. Origine et destination des médicaments : L’officine reçoit 90% de la production en provenance des grossistes, des dépositaires et des laboratoires. Les hôpitaux reçoivent 10% de la production. (Les hôpitaux sont tenus d’avoir un pharmacien responsable de la pharmacie) laboratoires 3% pour les hopitaux 10% dépositaires 5% grossistes 82% Le prix des médicaments Industrie 64% Officine 26% État 5,3% Répartiteur 3,8% Taxes sur les promotions et les ventes directes. Le principal client du médicament en France c’est la sécurité sociale car elle rembourse environ les 3/4 des dépenses ;en effet sur une moyenne de dépense de médicament de 400 euros par an et par français, la sécurité sociale en rembourse 300 et les mutuelles 100. Les dépenses totales de santé des Français s’élèvent à 2260 euros par français et par an ; dont 400 euros de médicaments. Les médicaments ne représentent que 1/5 à1/6 des dépenses de santé, il faut donc arrêter de l’incriminer dès que des problèmes voient le jours. Que fait l’industriel de son argent ? Il garde les 2/3 de la dépense Frais de production 39% (matière première…) Frais généraux pour le fonctionnement de l’entreprise 20% Recherche et développement 14% Promotion des produits 11% (information des pharmaciens et des médecins sur les nouveaux médicaments ; cela ne représente pas que dans des énormes banquets avec les médecins et de la publicité grand public) Investissement hors recherche 4% Résultat d’exploitation 12% c’est la marge brute de l’entreprise Cette marge brute n’est pas spectaculaire; si les labos gagnaient démesurément leur vie, les cour d’action s’envoleraient à la bourse et tout le monde investirait dedans. On ne verrait pas d’entreprises en difficulté ou en train de se vendre. Il y a en effet les aléas de la recherche et une profitabilité des labos très variable d’une année sur l’autre qui explique que certains labos s’en sorte très mal. L’industrie pharmaceutique : un secteur d’emplois important En France, l’industrie pharmaceutique crée 1000 emplois par an, et emploie 70000 à 75000 personnes. Il existe plusieurs fonctions dans un labo et la plupart de ces fonctions peuvent être occupé par des pharmaciens. -Président de laboratoire -Recherche et développement -Directeur des opérations -Directeur de production -Postes en dessous de la production (fabrication, contrôles) -Direction commerciale -Direction marketing -Et encore d’autres fonctions Néanmoins les pharmaciens ne peuvent pas accéder aux postes suivants : -Direction financière, on préfère des gens qui sortent des écoles de commerce. -Direction médicale ou médecin de recherche. En dehors de ces postes, les pharmaciens sont partout et l’entreprise pharmaceutique emplois plus de 4500 pharmaciens. 34% travaillent formation, etc. 32% travaillent concurrence avec les 21% travaillent 13% travaillent en commercialisation, marketing, en production (les pharmaciens sont en ingénieurs chimistes et les vétérinaires) dans l’administration et d’autres secteurs en recherche et développement Ainsi l’industrie pharmaceutique propose de très nombreux postes.