Armageddon La crise de 2012 fut terrible pour les États-Unis. L’effondrement financier fut catastrophique et le pays entra dans une spirale de déclin rapide. Le chômage cessa d’être mesuré dès que le chiffre officiel dépassa les 20%. L’économie s’arrêta presque totalement et l’onde de choc se propagea dans toute l’Europe, où la crise éclata, dans le sillage américain, et en Asie où des troubles graves firent suite à l’effondrement des exportations. Le président Barak Obama disparut de la scène politique encore plus rapidement qu’il n’y était apparu une dizaine d’années auparavant. C’est une nouvelle administration, populiste et extrémiste, qui arriva au pouvoir. Celle-ci prit rapidement des mesures qui causèrent une grande surprise : les États-Unis n’allaient plus reconnaître leur dette, car ils jugèrent que « des influences étrangères la leur imposait » et un nouveau dollar qui s’appuierait sur l’or allait être émis. Dans le but de fonder cette nouvelle monnaie, l’administration américaine déclara que le pays possédait d’immenses réserves cachées d’or (mais personne ne fut autorisé à vérifier cette affirmation en visitant les lieux de stockage de cet or). Pour résorber le chômage, la nouvelle présidente des États-Unis ordonna la réinstitution du service militaire obligatoire (pour deux ans) et décida de porter les effectifs des forces armées et de la nouvellement créée milice d’État à plus de dix millions de femmes et d’hommes. De nombreux volontaires de tous âges rejoignirent cette milice afin de bénéficier de repas chauds, d’un abri et d’un bel uniforme. Suite aux protestations de nombreux pays créditeurs, notamment la Chine et le Japon, une très forte diatribe contre l’étranger fut de plus en plus utilisée. On encouragea une politique de tension avec la Chine et un programme d’armement massif fut mis en chantier. Les États-Unis doublèrent leur budget de défense en quatre ans. Les médias furent mis au défi : qu’ils osent diffuser un message « antipatriotique » ! Le Patriot Act V limita encore plus les libertés individuelles. Tout cela ne relança pas vraiment l’économie, car au-delà des discours, peu d’emplois furent créés, l’hyperinflation continua à sévir, les services publics, dont les fonctionnaires ne touchaient plus de salaire, commencèrent à s’effondrer les uns après les autres et une partie de la population, notamment la population afro-américaine et latino-américaine, se sentit de plus en plus discriminée et se vit la cible d’attaques de la part de la nouvelle administration (fiscalité élevée, élimination des programmes sociaux). Au Moyen-Orient, Israël lança une attaque préventive contre des nids de terroristes dans les territoires occupés. Comme prévu, la situation dégénéra rapidement et amena Israël à réoccuper le Sinaï et à bombarder le Caire et Damas, en guise d’avertissement, ce qui causa de nombreuses victimes civiles. La riposte des missiles iraniens ne fit, quant à elle, pas beaucoup de victimes sur Jérusalem et Tel-Aviv, mais les États-Unis et Israël utilisèrent, en guise de réponse – une réponse prévue de longue date – et pour la première fois depuis 1945, des armes nucléaires tactiques sur des installations militaires iraniennes. Malgré les timides protestations européennes, chinoises et russes, les bombardements continuèrent et s’intensifièrent alors qu’une vague d’attentats très meurtriers, et de sabotages d’infrastructures, déferla sur les États-Unis. Malgré cela, la crise continua et, alors que personne ne voulut des bluebacks (surnom des nouveaux dollars, de couleur bleue), les États-Unis se virent incapables de relancer leur économie, car ils étaient forcés de payer leurs importations en biens tangibles et à l’avance. Plus personne dans le monde ne faisait confiance à la monnaie américaine. Lorsque, en 2014, le Pakistan, toujours allié de la Chine mais tombé de fait sous le contrôle d’une coalition islamiste, lança une attaque nucléaire surprise contre l’Inde, tout le monde fut pris de court. La riposte indienne fut tout aussi dévastatrice que l’attaque pakistanaise : on parla de plus de 100 millions de morts de chaque côté en moins d’une semaine. Les États-Unis, dont le discours contre la Chine était de plus en plus agressif et guerrier et dont la politique intérieure devenait patriote et sécuritaire à l’extrême, utilisèrent le prétexte de l’alliance entre la Chine et le Pakistan pour imposer un blocus économique total et unilatéral contre tous les belligérants et leurs alliés (dont la Chine). Ils forcèrent également un certain nombre de pays, avec menace de bombardement et débarquement de Marines à l’appui, à dénoncer leurs contrats d’exportation pétrolière vers la Chine. La Chine considéra ce blocus et cette agression commerciale comme une déclaration de guerre mais n’entreprit aucune action agressive. Lorsqu’en décembre 2014, la Chine mobilisa sa flotte dans l’objectif de protéger et d’escorter les pétroliers venant du golfe Persique, la 7e flotte américaine du Pacifique attaqua cette escadre chinoise. Et quand l’aviation chinoise riposta, les bombardiers américains basés à Guam et au Japon bombardèrent des terrains d’aviation militaires en Chine. C’est à ce moment que la Chine mobilisa toutes ses forces armées et des images satellites montrèrent que la Corée du Nord faisait de même. La présidente des États-Unis annonça dans un discours télévisé que les États-Unis se voyaient forcés de répondre à ces provocations, ainsi qu’au danger d’attentats terroristes sur leur territoire, attentats terroristes qui seraient perpétrés par les populations asiatiques (tous des terroristes en puissance). Simultanément à ce discours, une attaque nucléaire totale fut lancée contre la Chine et la Corée. Le résultat fut étonnamment rapide. Plus de 500 millions de Chinois périrent lors des frappes américaines (400 missiles à tête nucléaire furent utilisés). La riposte chinoise ne put pas être interceptée par les défenses antibalistiques américaines (le projet avait été financé, mais les fonds détournés, donc il n’était pas opérationnel) et une cinquantaine de têtes nucléaires s’abattirent sur les grandes villes, les ports et les installations militaires américaines. Une dizaine d’attaques chinoises furent aussi lancées contre les installations militaires américaines au Japon et dans le Pacifique. La Corée du Nord lança une attaque fulgurante, dévastatrice mais de courte durée sur la Corée du Sud (Seoul fut dévastée par l’artillerie nord-coréenne). Des sous-marins lanceurs d’engins continuèrent à mener pendant plusieurs jours des attaques secondaires et le chaos dans lequel l’Asie et l’Amérique du Nord (plusieurs villes canadiennes furent touchées semble-t-il par erreur) furent plongées fut indescriptible. Au total pendant les jours de conflit et les quelques mois qui suivirent, plus de 200 millions de nord-américains et un milliard d’asiatiques périrent de causes diverses. Le choc économique, écologique et psychologique fut très brutal pour toutes les régions du monde. Des maladies mortelles dues aux radiations se répandirent. À cause des impulsions électromagnétiques (EMP) des armes nucléaires, la plupart des ordinateurs, des réseaux électriques, et des systèmes électroniques et informatiques mondiaux défaillirent et il s’ensuivit un chaos gigantesque et global. Entre 2015 et 2016, plus de quatre milliards d’individus périrent à travers le monde. En 2018, la population mondiale se remettait péniblement de la Grande Guerre sinoaméricaine.