Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points) À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, montrez comment le progrès technique stimule la croissance économique. DOCUMENT 1 Un effet positif des gains de productivité est l'augmentation du pouvoir d'achat, résultant de la diminution des prix ou de la hausse des rémunérations : une heure de travail nous permet de produire davantage, donc de consommer plus. Mais les gains de productivité sont également utilisés pour réduire la durée du travail, ce qui veut dire que nous ne sommes pas seulement plus riches que nos ancêtres, mais nous travaillons moins. En France, la durée du travail a été divisée par deux environ depuis la fin du XIXe siècle et cet exemple n'est pas isolé ; si bien que le nombre total d'heures utilisées dans l'économie a baissé, presque continuellement, pendant plus d'un siècle. Source : « Où en est le progrès technique ? », PARIENTY Arnaud, Alternatives économiques, avril, 2013. DOCUMENT 2 Contribution des facteurs de production à la croissance (taux de croissance annuels moyens en % et contributions en points) 1966-1970 1971-1980 1981-1990 1991-1995 1996-2008 Etats-Unis PIB 3,4 3,2 3,1 2,4 2,8 Travail 1,6 1,6 1,7 1,3 1,1 Capital 0,6 0,5 0,3 0,2 0,5 Productivité 1,2 1,1 1,1 0,8 1,2 Union européenne à 15 globale des PIB 5,0 3,2 2,4 1,7 1,9 facteurs Travail -0,7 -0,6 0,1 -0,7 0,9 Capital 1,8 1,4 0,7 1,0 0,5 Productivité 3,8 2,4 1,5 1,4 0,5 Source : Eurostat, 2010. globale des Note : il est possible, au regard des arrondis, que la somme des contributions des facteurs ne soit pas égale au facteurs total. DOCUMENT 3 Le progrès technique apparaît comme un bien collectif pur (1) cumulatif. C’est un bien cumulatif dans la mesure où chaque découverte s’appuie sur d’autres découvertes faites dans le passé. Selon les mots de Newton : « Nous sommes des nains montés sur des épaules de géants » ; autrement dit, il suffit d’apporter une amélioration même très mineure à un résultat important pour obtenir un résultat plus fort encore. Les inventions les plus « simples » a priori, semblant se résumer à une idée, certes géniale, nécessitent la mobilisation de connaissances étendues et diversifiées. Ainsi, Gutenberg, pour réaliser le premier système d’imprimerie avec des caractères mobiles, a utilisé sa maîtrise de la métallurgie (la réalisation des fontes est difficile), de la mécanique (construction de la presse). Aucune invention ne sort du vide... Source : Les nouvelles théories de la croissance, GUELLEC Dominique et RALLE Pierre, 2003. (1) Un bien collectif pur est un bien dont l’utilisation est non rivale (la consommation du bien par un agent ne se fait pas au détriment de la quantité disponible pour les autres agents) et non exclusive (tout le monde peut en bénéficier). Exemples : l’éclairage public ou le phare. Correction de l’EC3 Progrès technique et croissance Analyse du sujet : deux concepts à mettre en relation : PT et croissance. Montrez comment : expliquez les mécanismes qui font que le PT mène à la croissance. 1) Partir des définitions : Progrès technique : Ensemble des innovations de produit et de procédé. Mais la notion peut aussi s’entendre au sens large (théorie de la croissance endogène) comme tout ce qui permet d’augmenter la PGF. Croissance : augmentation du PIB en volume sur longue période. 2) Rechercher une diversité des effets possibles d’un phénomène : □ Les innovations agissent sur l’offre / agissent sur la demande. □ L’accumulation des différentes formes de capitaux permet d’augmenter la PGF par l’intermédiaire des externalités positives qu’elle génère. Plan détaillé : Accroche : partir d’un exemple d’innovations de produit (portable, baladeurs MP3, écrans plats) ou de procédé (utilisation des nouvelles technologies dans le processus de production, rôle de la machine à vapeur dans la Révolution industrielle, invention de la chaîne de montage par Henry Ford, nanotechnologies…). Ou partir du crédit impôt recherche : l’Etat cherche à stimuler les investissements en R&D, espérant ainsi soutenir le progrès technique et la croissance. Définition des termes : PT et croissance (essayez autant que possible d’intégrer ces définitions à l’accroche ou à la problématique). Problématique : → Question centrale : « Par quels mécanismes le PT stimule la croissance économique ? » → Questions intermédiaires : Impact innovations de procédé sur gains de productivité et effets de ces derniers sur O et D. Impact innovations de produit. Répartition des gains de productivité comme condition de la croissance. PT au sens large : impact accumulation des 4 formes de capitaux sur hausse PGF. Rédaction de la problématique : « Il n’y a pas de doute sur le fait que le progrès technique stimule la croissance économique, c’est-à-dire l’augmentation du PIB en volume sur longue période. La question est plutôt de savoir par quels mécanismes ce phénomène se produit ? En partant d’une acception stricte du PT comme un ensemble d’innovations, il faudra s’intéresser au rôle des innovations de procédé et se demander comment les gains de productivité qu’elles engendrent stimulent à la fois l’offre et la demande. Il faudra aussi étudier l’impact des innovations de produit. Nous pourrons également réfléchir aux conditions nécessaires pour que le PT exerce tous ses effets sur la croissance (répartition des gains de productivité). Enfin, il sera nécessaire d’envisager le PT dans une acception plus large (celle des théories de la croissance endogène) pour analyser l’impact de l’accumulation des différentes formes de capitaux sur la croissance économique. » Nous montrerons dans une première partie que le progrès technique soutient la croissance par l’intermédiaire des innovations de produit et de procédé, puis dans une deuxième partie, nous verrons avec les théories e la croissance endogène que le progrès technique permet d’augmenter la PGF par l’intermédiaire de l’accumulation des différentes formes de capitaux. I LE PROGRES TECHNIQUE STIMULE LA CROISSANCE ECONOMIQUE PAR L’INTERMDEDIAIRE DES INNOVATIONS DE PRODUIT ET DE PROCEDE 1.1. Les innovations agissent sur la croissance du côté de l’offre □ Innovations de procédé (donner exemples tels que l’introduction de l'informatique dans le secteur industriel qui a permis de développer des machines-outils autonomes, nécessitant moins de réglages et de surveillance) → gains de productivité → permet de produire plus avec la même quantité de facteurs de production → soutient l’offre (cf doc.1). Le nombre d’heures de travail utilisées a continuellement baissé depuis un siècle et pourtant la croissance n’a pas disparu ; explications par le PT et les gains de productivité qu’il a engendrés (doc.1) □ Innovations de procédé → gains de productivité → permet de produire plus avec la même quantité de facteurs de production → baisse des coûts unitaires de production → hausse des profits → hausse de l’investissement → soutient l’offre. Investissement essentiel dans la diffusion du PT (cercle vertueux). □ Hors programme. Un économiste autrichien contemporain, Schumpeter, explique les phénomènes cycliques de longues durées de l’économie par l’innovation. Selon cet auteur, l’absence d’innovation coïncide avec les périodes de crises et les grappes d’innovation sont à l’origine des périodes de forte croissance. □ L’offre est plus diversifiée grâce aux innovations de produit et se caractérise par des prix moins élevés, d’où compétitivité prix et hors-prix. 1.2. Les innovations agissent sur la croissance du côté de la demande → Les innovations de produit répondent à la demande de différenciation des consommateurs □ Les nouveaux produits connaissent une croissance forte de la demande, aujourd’hui essentiellement les produits des nouvelles technologies. Ouverture de nouveaux marchés. □ Hausse de la compétitivité hors-prix grâce aux innovations de produit qui entraine une stimulation de la demande extérieure. Hausse des exportations. → Les innovations de procédé engendrent des augmentations de pouvoir d’achat qui stimulent la demande □ Baisse des coûts unitaires implique hausse du pouvoir d’achat (car baisse des prix et hausse des salaires). Donc hausse de la consommation et de la demande. Extension des marchés. (doc .1) □ Baisse des coûts unitaires de production → hausse des profits → hausse de l’investissement → soutient la demande. □ De plus baisse des prix qui stimule la demande externe et donc les exportations. Conclusion partielle assez brève reprenant les principaux arguments développés dans ce I et transition vers le II. Notamment précisez qu’une autre acception du terme sera à présent utilisée qui permet d’aborder d’autres mécanismes. II) LE PROGRES TECHNIQUE PERMET D’AUGMENTER LA PGF PAR L’INTERMEDIAIRE DE L’ACCUMULATION DES DIFFERENTES FORMES DE CAPITAUX 2.1. Le PT à l’origine d’une croissance intensive □ La croissance est en grande partie intensive (contribution de la PGF) dans la zone euro. Selon les périodes, entre la moitié et les 2/3 de la croissance dans la zone euro s’explique par l’augmentation de la PGF (la contribution de la PGF est une mesure du PT) ; sauf pour la dernière période (doc. 2). Aux Etats-Unis, c’est près d’un tiers de la croissance environ qui s’explique par le PT (doc.2). □ Analyser la corrélation entre ralentissement des gains de productivité (moindre PT) et le ralentissement de la croissance (doc 2). Comparer notamment pour la zone euro la première période à la dernière. □ Analyser l’écart de croissance entre Etats-Unis et zone euro dans la dernière période et faire le lien avec l’émergence des NTIC aux Etats-Unis (doc.2). 2.2. La croissance est stimulée par un progrès technique endogène □ Croissance endogène est une théorie selon laquelle la croissance est auto-entretenue et résulte principalement d’un progrès technique endogène qui trouve son origine dans l’activité économique elle-même et le comportement des agents économiques (accumulation du capital sous ses différentes formes liée à l’investissement). Cercle vertueux croissance → PT → croissance □ Investissement en R&D → accumulation de capital technologique (sous forme d’innovations de produit et de procédé) qui permet le PT. □ PT endogène car il résulte notamment des investissements en R&D. Il permet d’accroître la PGF et est donc source de croissance économique en améliorant l’efficacité de la combinaison productive. □ La connaissance est un bien collectif pur (non rival et non exclusif). Investissements en R&D réalisés par un acteur économique et les innovations qui en résultent sont à l’origine d’externalités positives, ce qui signifie qu’ils améliorent l’efficacité d’autres acteurs sans que l’entreprise à l’origine de ces effets ne soit récompensé pour cela ; les connaissances accumulées se diffusent gratuitement et sont cumulatives (cf doc. 3). □ Même raisonnement avec accumulation capital humain à l’origine d’externalités positives. Conclure sur l’importance du partage des gains de productivité pour obtenir un cercle vertueux offre/demande. Modèle de la croissance fordiste. Ouverture sur l’exigence d’investissement en R&D et éducation pour les pays proches de la frontière technologique dont la croissance dépend fondamentalement de leurs capacités à innover.