DÉPARTEMENT D’HISTOIRE Faculté des lettres et sciences humaines ris at io n Université de Sherbrooke au to THUCYDIDE : PRÉPARATIF À LA GUERRE DU PÉLOPONNÈSE par rs an s STEVE LEBLANC ue Commentaire de document présenté à dans le cadre du cours HST 223 Antiquité I : La Grèce, culture et société N e pa s du p liq EVELYNE FERRON Sherbrooke 3 DÉCEMBRE 2009 Introduction La société grecque dans l’antiquité a toujours été divisée, tout d’abord, chaque cité État at io n était indépendante l’une de l’autre, ce que nous pouvons aujourd’hui considérer comme étant des pays à part entière. Il est certain que les Grecs se voyaient comme ayant une provenance commune et quelques similarités les unissant, mais cela n’était pas bien différent de notre situation qui prévaut aujourd’hui avec comme exemple les Occidentaux. ris Les mœurs sont semblables, la provenance des groupes sociaux majoritaires est souvent to la même. Alors comme pour les Occidentaux du XXe siècle, la société grecque de l’antiquité était constamment en conflit. Ces conflits ont résulté très souvent en bataille au ou en guerre tournée contre leur propre congénère, il en est de même pour l’une des plus grandes crises que la Grèce n’est jamais connue, la guerre du Péloponnèse. Cette guerre s dura plus de 27 ans, de 431 à 404 avant J.-C., elle arriva lors d’une des périodes les plus an florissantes de la Grèce classique, avec de nombreux philosophes, mathématiciens et rs penseurs. L’armée hoplitique était à son apogée et c’est à cette période qu’apparaissant des systèmes politiques comme la démocratie qui influença le reste de l’histoire humaine. ue Le premier véritable historien, du nom de Thucydide, produisit une œuvre d’une très grande qualité, qui amena une nouvelle méthodologie historique. L’auteur écrit plus de liq huit livres sur la guerre du Péloponnèse et en raconta son importance au reste de l’humanité. Un extrait du livre II de la guerre du Péloponnèse nous intéresse plus du p particulièrement, c’est les chapitres VII et VIII que nous allons analyser et commentés pour décortiquer la pensée de Thucydide. Dans ce travail, nous allons aborder le contexte historique de l’auteur et de son œuvre. Par la suite, il sera question d’analyser et de pa s critiquer l’extrait pour y découvrir son sens général et ce qu’il y dit implicitement. Cette analyse et critique sera divisée en trois partis. Tout d’abord la nécessité de trouver des alliées. Ensuite, il sera question de la mobilisation générale à la guerre et finalement, N e nous aborderons l’apport des croyances dans la mythologie et ces conséquences sur le reste de la guerre du Péloponnèse. Pour terminer, nous allons faire un bilan d’interprétation qui servira à synthétiser ce que cet extrait peut nous enseigner sur son milieu historique et trouver ce qui est dit explicitement dans le texte et implicitement. 1 Remise en contexte du documentaire L’auteur de ce document se nomme Thucydide, il est né aux environs de 460 av. at io n J.-C., à Athènes d’une famille influente. 1 Tout ce que l’on sait de la vie de ce personnage vient de lui-même. En 424, il est élu stratège, mais il échoue dans sa mission d'empêcher le spartiate Brasidas de s'emparer d'Amphipolis. Il fut jugé à Athènes et condamné à un exil de 20 ans. Durant ses années d’exils, Thucydide parcourt la Grèce et voit les ris conséquences de la guerre du Péloponnèse. En 404, il revient à Athènes, mais n'y reste to que peu de temps et retourne en Thrace où il périt assassiné, entre 400 et 395. 2 On ne sait pas exactement quand il écrit La guerre du Péloponnèse, une polémique existe à savoir si au Tucydide à écrit son livre tout d’un coup, à la fin de sa vie ou si l'écrit s'est fait tout au long de la guerre du Péloponnèse. 3 Thucydide étant Grec, a écrit son œuvre dans sa s langue natale, mais ses livres furent si populaires que de multiples traductions existent an aujourd’hui en latin, en français, en allemand, en anglais et dans presque toutes les rs langues. Thucydide avait comme principale occupation d’être un politicien ainsi d’être considéré comme étant le premier historien ayant une méthodologie très poussée lui ue permettant d’être impartial. 4 À l’époque de Thucydide le philosophe atomiste Démocrite d'Abdère rédigea plus de 52 œuvres de physique, d’éthique, de mathématique, d’art et de liq musique. 5 Le médecin Hippocrate de Cos rédigea le Corpus hippocratique qui est des plus grands traités médicinaux 6 et le philosophe Socrate, qui ne rédigea rien, influença du p énormément tous les Grecs de l’époque. Les intentions de Thucydide en écrivant La guerre du Péloponnèse furent sans aucun doute d’expliquer aux générations futures les causes de cette guerre ainsi que les conséquences qui en résultaient. 7 En résumé, il dit pa s qu’il avait une compréhension profonde de cette guerre et c’est la recherche de la vérité e qui le motiva à faire une des plus grandes oeuvres historiques. 1 Jean, Leclant, Dictionnaire de l'Antiquité, Thucydide, p.2190. Ibid. 3 Ibid. 4 Ibid. 5 Ibid, p.641. 6 Ibid, p.1064. 7 Jean-François Thibault Études internationales, vol. 32, n° 1, 2001, p. 107-110. [En ligne], [s.d], [consulté en ligne sur le site de Érudit.org], [http://www.erudit.org.ezproxy.usherbrooke.ca/revue/ei/2001/v32/n1/704261ar.pdf], p.109. N 2 2 L’extrait à l’étude at io n L’extrait que nous analysons dans le cas présent provient du livre II de La guerre du Péloponnèse et plus précisément des chapitres VII et VIII. L’endroit où il fut rédigé est toujours difficile à définir, mais si Thucydide a écrit cette œuvre historique à la fin de sa vie, la guerre du Péloponnèse aurait été écrite en Thrace du fait qu’il y habitait. De ce ris fait, viens une question très importante, quand cette œuvre fut-elle rédigée? En fait, il y a to une polémique qui existe à ce sujet, nous ne savons pas précisément si Thucydide à écrit la guerre du Péloponnèse au furent et à mesure du déroulement de la guerre du au Péloponnèse ou s’il la rédigé plus tard, après la guerre, aux environs de 396 ou 411. 8 Il aurait été intéressant de connaître la réponse à cette question puisque cela nous aurait s renseignés sur la façon de travailler de Thucydide. Les événements racontés dans cet an extrait portent sur la préparation, d’Athènes et de Sparte ainsi que de leurs alliées, à la rs guerre du Péloponnèse. Ce document est destiné aux générations futures pour que tous ue connaissent les vraies raisons et causes de la guerre du Péloponnèse. liq Analyse et critique du document du p a) Nécessité de trouver des alliées Il y a quelques passages dans le texte qui font état de la nécessité de trouver des alliances pour les deux cités États dans le but de préparer la guerre. Citons un exemple de pa s l’auteur «envoyer des ambassades auprès du Roi et dans les pays barbares» (lignes 3, annexe 2). Le mot barbare pour les Grecs signifie un étranger, quelqu’un qui n’est pas un Hellène. Ce mot n’est pas péjoratif comme nous le percevons aujourd’hui. Il ne faut pas N e oublier que tous les Grecs sont conscients d’appartenir ensemble à une même communauté, distincte des non-Grecs que son les Barbares. 9 Ces alliances permettent de percevoir qu’autant du côté de Sparte que des Athéniens, les alliances seront d’une 8 9 Ibid, p.2190. Jean, Leclant, Dictionnaire de l'Antiquité, Barbare, p.321. 3 grande utilité dans une guerre qui s’annonçait pour être totale. Cependant, Thucydide ne fait pas mention des noms des alliées des pays barbares. Après une recherche, il apparaît que les Spartiates voulant battre la flotte athénienne ont été obligés de demander de l’or à at io n leur ancien ennemi, les Perses. Effectivement, l’or du Perse Cyros le Jeune, permit la construction de navire et permettant de payer les équipages 10 Il faut mentionner que durant la guerre du Péloponnèse, les Spartiates, contrairement aux Athéniens, n’ont pas de système monétaire en place dans leur cité État. Ils ont compris que cet état de fait leur ris était désavantageux dans le domaine maritime puisqu’ils devaient avoir de l’argent pour au to entretenir les flottes et de l’argent, Athènes en avait beaucoup grâce à la ligne de Délos. 11 Dans l’extrait de document, Thucydide mentionne aussi que «Les Lacédémoniens s intimèrent l’ordre à leurs congénères d’Italie et de Sicile […]» (lignes 5-6, annexe 2). an Dans cet extrait, il y a plusieurs éléments à décortiquer, tout d’abord, en utilisant les mots «intimèrent» et «ordre», Thucydide dit que les Lacédémoniens ont pris une position très rs ferme, ce qui entre dans la politique spartiate aristocratique et dominatrice. L’auteur utilise aussi le mot «congénères» pour parler des habitants d’Italie et de Sicile. Pour les ue Spartiates, ils seraient évidents de les considérer comme fessant partie de la même famille liq puisque l’Italie et la Sicile furent colonisées par une multitude de cités États grecques et plus particulièrement des Lacédémoniens, de plus, le style politique des cités États du p d’Italie et de Sicile reste très près de celui des spartiates ce qui les rapproche évidement plus encore. Plus loin dans le document, l’auteur fait aussi état des appels de la cité d’Athènes à ses alliées; «Les Athéniens, de leur côté, firent le dénombrement de leurs pa s alliés […] Corcyre, Céphallènie, l’Acarnanie et Zacynthe» (lignes 10-14, annexe 2). Corcyre est une île de la mer Ionienne au nord-ouest de la Grèce. Céphallènie pour sa part est une Île de la mer Ionienne au nord de Zakynthos (Zacynthe). N e L’Acarnanie est une région occidentale de la Grèce antique, délimitée au nord par le golfe ambracique, à l'ouest et au sud-ouest par la mer Ionienne. À l'est, le fleuve Achéloos la sépare de l'Étolie et finalement Zacynthe est une Île de la mer Ionienne au 10 11 Ibid, p.2049. Suzanne, Desfray, Aristophane, La paix, p.30. 4 sud de Céphallènie. (Voir annexe 1 pour la carte de la Grèce.) Ce qui apparaît dans cet extrait à première vue est un rassemblement des forces de la ligne de Délos. En effet, Athènes après les guerres médiques est devenu la plus grande puissance maritime de la at io n Grèce, cette puissance attira d’autres cités États qui avaient besoin de protection. Ainsi, une alliance militaire et économique fut établie, on l’appela la ligne de Délos. Athènes comptait beaucoup sur ses alliances qu’elle avait déjà acquises pour battre ses rivaux de ris la ligne du Péloponnèse. to b) Mobilisation générale au La mobilisation générale pour une guerre nous est bien connue, à nous occidentaux depuis la Première Guerre mondiale, mais pour les guerres de l’antiquité ce s concept, d’utiliser une grande partie de la population à des fins militaires, ne leur avait an pas traversé souvent l’esprit. Cependant, Thucydide mentionne dans son texte une forme rs de mobilisation générale à la guerre du Péloponnèse. Cet aspect est important pour l’auteur qui démontre que cette guerre se démarquait des autres et pouvait être considérée ue comme la plus grande guerre que l’humanité n’est jamais connut à son époque. 12 Les deux extraits suivants; «on consacrait toutes ses forces à la préparation de la guerre» liq (lignes 15-16, annexe 2), et «Les hommes en état de porter les armes» (lignes 17, annexe 2), parle bien d’une forme de mobilisation générale, autant dans l’économie que du p politiquement et militairement, ce qui est une nouveauté pour les Grecs au Ve siècle avant J.-C. Dans la revue d’études antiques de l’université du Mirial, intitulée Guerres et Sociétés dans les mondes grecs à l’époque classique, J.-N. Corvisier présente une pa s comparaison entre la mobilisation de la Première Guerre mondiale et la guerre du Péloponnèse. La conclusion de J.-N. Corvisier après comparaison statistique des forces en présence fut de souligner que rapporter annuellement, les chiffres de mobilisation et de N e mort fut bien moins grande durant la guerre du Péloponnèse que pour la Première Guerre mondiale qui avait atteint une moyenne de 16 % par an. 13 Cela temporise les dires de Thucydide sur la mobilisation militaire générale. Certes durant cette époque, il était bien 12 Jean, Leclant, Dictionnaire de l'Antiquité, Thucydide, p.2190. J.-N. Corvisier, Pallas revue d’études antiques, Guerres et Sociétés dans les mondes grecs à l’époque classique, Presses Universitaire, p.69. 13 5 impressionnant de voir autant de personnes se mobiliser pour une guerre. L’auteur parle que pour cette guerre, les hommes en état de porter une arme devaient combattre, ce point rapporter par l’auteur est important puisque l’on sait que les métèques pouvaient faire at io n partie de l’armée hoplitique et aussi ils étaient utilisés comme rameur dans les trières athéniennes. 14 Un aspect qui renforce les dirent de l’auteur est la difficulté pour Athènes de garder ses soldats hoplites pour une longue période puisque nombre d’entre eux avaient besoin de cultiver leur terre et d’ainsi de ne plus faire la guerre durant de ris nombreux mois. 15 De ce fait, Sparte et Athènes furent dans l’obligation de faire affaires to avec des mercenaires pour renflouer leur armée. 16 Cela ne semble pas évident à première vue, mais même si le cultivateur ne voulait pas toujours servir à des fins militaires, il est au certain qu’il lui était demandé de le faire, c’est ici que l’idée de mobilisation générale entre en compte, puisque pour les agriculteurs il était plus difficile de les engagé parce an s qu’ils devaient nourrir la population et les armées, leur travail était essentiel. rs Un autre extrait du texte vient donner appuis aux arguments de l’auteur; «nombreux alors dans le Péloponnèse et à Athènes, se lançaient, faute d’expérience, avec ue empressement dans la lutte.» (lignes 17-18, annexe 2). Thucydide parle bien de faute d’expérience en parlant de nombreux soldats qui servirent dans le Péloponnèse et à liq Athènes, ce qui annonce qu’il eut une grande représentation de soldats qui avaient jusqu’à ce moment, aucune expérience de la guerre. C’est effectivement le cas pour du p beaucoup de métèques, qui de toute façon avait comme devoir de protégé la cité État dans laquelle il vivait. 17 Les esclaves aussi furent utilisés comme mains d’œuvre pour l’armée comme le raconte Thucydide; «Quant aux équipages, s'ils se sont désorganisés et se pa s désorganisent encore à l'heure actuelle, en voici la raison : parmi les matelots, les uns en allant au bois, à la maraude, ou faire de l'eau à distance, sont victimes de la cavalerie ; les esclaves [des services annexes], depuis que nos forces s'équilibrent, passent à N e l'ennemi » 18 Alors, il avait bien une idée de mobilisation générale durant la guerre du 14 Collectif d’auteur, Droits et devoirs du citoyen : le service militaire, [En ligne], [s.d], [http://www.musagora.education.fr/citoyennete/citoyennetefr/citoyens-vie-militaire.htm] 15 Ibid. 16 Ibid. 17 Ibid. 18 Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, VII, 13, 2 6 Péloponnèse de la par des grecs, bien que moindre que celle qui eut lieu durant la Première Guerre mondiale. Il faut se référer aux conditions sociales de l’époque, jamais une aussi grande mobilisation ne s’était vue dans le monde hellénistique avant cette at io n guerre. c) Croyance aux Mythologies ris Les croyances dans les mythes étaient très encrées dans la pensée grecque à to l’époque du Ve siècle avant J.-C. Un événement vient bouleverser les Grecs et il est d’importance puisque même Thucydide en fait la mention; «Délos subit un tremblement au de terre, ce qui de mémoire d’homme n’était jamais arrivé.» (lignes 22-23, annexe 2). Cette catastrophe naturelle était pour les Grecs le présage de mauvaise nouvelle puisque s dans leur croyance mythologique, c’est la preuve de la colère des dieux. Il n’est pas an anodin que l’auteur fasse état d’un tremblement de terre sur l’île de Délos, cette île rs abritant le trésor de la ligne de Délos avait subi la désapprobation des dieux. En effet, comme le notera Xénophon dans l’Anabase «En campagne, les stratèges sont ue accompagnés de devins, dont le rôle peut-être décisif. Certains chefs sont superstitieux, facilement paralysés, comme Nicias […]» 19 Pour les Grecs, c’est une preuve que les liq dieux ne sont plus du côté d’Athènes. Les Lacédémoniens tirèrent avantage de cette du p croyance mythologique pour attirer plusieurs cités États à rejoindre leur alliance. Aussi selon les dirent de l’auteur; «On colportait maintes prédictions les devins multipliaient les oracles […]» (lignes 20, annexe 2), ce qui démontre une autre fois, pa s l’importance des ses croyances dans le quotidien des Grecs. Pour les Grecs «avant de prendre une décision importante, les Grecs, individus ou communautés, recourent souvent à la divination (manteia).» 20 Même pour une personne comme Thucydide, ayant N e une méthode historique très rigoureuse, il était impossible de laisser de côté les conséquences que peuvent causer cette croyance, elle affectait toutes les couches de la société comme cette citation le démontre, «On dit et on crut qu’il y avait là un présage 19 20 Jean, Leclant, Dictionnaire de l'Antiquité, Divination (Grèce), p.699. Ibid. 7 pour les événements à venir.» (lignes 23, annexe 2). Il est entendu dans cet extrait que les dieux avaient décidé leurs camps et les Athéniens en étaient écartés. C’est pour cette raison qu’une très grande majorité de cités États reconnurent dans les Lacédémoniens la at io n cité qui allait libérer la Grèce de l’impérialisme Athéniens.21 De ces croyances ont découlé nombre d’événements qui donnèrent davantage aux Lacédémoniens. L’auteur dit que «la sympathie générale inclinait du côté des ris Lacédémoniens, d’autant plus qu’ils proclamaient leur intention de délivrer la Grèce.» to (lignes 24-26, annexe 2) Alors, la croyance dans la mythologie a réussi à rallier l’opinion publique des Grecs à la défaveur des Athéniens qui était devenue impérialiste à la suite au des guerres médiques. La ligne de Délos emprisonna nombre de cités États dans une alliance qui ne les convenaient plus depuis que les accords signer avec les Perses pour la s paix. 22 Ce tremblement de terre était comme une bénédiction pour ces cités États voulant rs an quitter la ligne de Délos, ils avaient une bonne raison de s’opposer à cette domination. 23 ue Bilan d'interprétation Ce document, permet de nous faire une idée assez précise de comment les cités liq États se préparent à la guerre suite à la destruction de Platées en 427, par la cité de Thèbes. 24 L’économie joue un rôle majeur dans cette préparation. En effet, ce besoin du p économique force les Grecs à faire des alliances inattendues avec leur ancien ennemi, les Perses. Cet état de fait nous informe que les Grecs étaient très pragmatiques, qu’une solution pour régler un problème, si elle venait à leur donner une supériorité quelconque, pa s était préférable aux émotions. Thucydide nous enseigne aussi qu’au plan militaire, la préparation englobe tous les hommes qui sont en état de porter une arme, ce qui démontre que des deux côtés, Lacédémonien et Athéniens, il n’y avait pas de limite économique ou N e militaire à l’effort de préparation de la guerre. De plus, cet extrait nous informes que pour 21 Jacqueline de Romilly, Thucydide, [En ligne], [s.d], [http://www.universalisedu.com.ezproxy.usherbrooke.ca/article2.php?napp=&nref=R173251]. 22 Olivier Battistini, La fin de la guerre du Pélopponèse, [En ligne], [s.d], [http://labiana.univcorse.fr/index.php?action=article&numero=119]. 23 Ibid. 24 Jean, Leclant, Dictionnaire de l'Antiquité, Platées, p.1738. 8 les Grecs du Ve siècle avant J.-C., non seulement la mythologie était importante pour eux, mais elle touchait tous les aspects de la vie des Grecques que ce soit pour la politique, ou même pour l’aspect militaire. Il apparaît que dans la société grecque, il n’y avait pas de at io n discussion, ou très peu, de la réalité de leur croyance. Peu de Grecs ne semblent pas mettre en doute cette croyance, même l’auteur de cet extrait qui était bien entendu très méthodique ne semble pas vouloir porter un jugement de valeur sur ce sujet. Aussi, il apparaît dans l’extrait que plusieurs cités États grecques avaient une certaine peur de la ris domination des Athéniens qu’ils considéraient comme impérialiste. Athènes était to devenue dominatrice après sa gloire des guerres médiques. Elle usurpa le trésor de la ligne de Délos à son profit et n’acceptant pas d’être contredit ce qui là fut considéré par la au suite comme ayant des tendances tyranniques, ce qui était déjà péjoratif en Grèce à ce s moment. an Malgré la très grande qualité du témoignage de Thucydide sur la guerre du rs Péloponnèse, un fait présent à l’intérieur de l’extrait nous apparaît comme étant erroné. L’auteur raconte qu’un tremblement de terre ébranla l’île de Délos et il ajoute que de ue mémoire d’homme ce n’était jamais arrivé. Cependant, Hérodote parle que juste avant la bataille de Marathon en 490 avant J.-C., un tremblement de terre toucha Délos; 25 «Après liq qu’il eut quitté les eaux de Délos, l’île fut secouée par un tremblement de terre, au dire des Déliens, pour la première fois et la dernière jusqu’à mon temps.» 26 Thucydide avait du p pourtant connaissance des écrits d’Hérodote, il apparaît alors qu’il avait oublié l’événement que son prédécesseur avait fait allusion. Ceci est un indice que l’auteur se référait seulement à ce qu’il avait vécu et privilégiait ce qui se passait au présent pour pa s formuler une explication sur les conséquences de la guerre du Péloponnèse. Cet extrait nous donne une vue d’ensemble de comment les cités grecques se sont préparées à une guerre qu’ils savaient très difficile, l’auteur ne nous laisse pas présager qu’il y eu des N e tentatives réelles et sincères de diplomatie entre les Athéniens et les Lacédémoniens pour empêcher qu’une guerre éclate. Au contraire, elle démontre un côté sombre des Grecs, la tendance à tout vouloir contrôlé et tout dominer. 25 Michèle, Gaillard, Lire Hérodote, Bréal, 2005, p.128. 26 Ibid. 9 La très grande contribution historique de Thucydide pour nous faire comprendre la guerre du Péloponnèse est inestimable. Cependant comme cet auteur est l’un des seuls à avoir écrit sur cette guerre, le manque de diversité des témoignages ne permet pas de at io n conclure sur tous les enjeux qu’a causés cette guerre. Il aurait été très intéressant que Thucydide s’attarde plus en profondeur sur comment la société grecque avait perçu l’aide de leur ancien ennemi, les Perses. L’utilité de savoir ces conséquences sur le peuple ris aurait permis de mieux comprendre le fonctionnement de la pensée grecque. au to Conclusion En conclusion, Thucydide reste l’auteur historique numéro un pour comprendre la cause de la guerre du Péloponnèse. Son impartialité nous conduit à croire en grande an s partie ce qu’il raconte sur ses événements. La nécessité de trouver des alliées nous renseigne sur la peur de voir une seule cité État prendre le dessus sur les autres. Ensuite, rs la mobilisation générale de la société grecque est certes importante, mais elle est tempérée par les conflits contemporains du XXe siècle, peu importe, elle reste ue exceptionnelle pour l’époque. Finalement, la croyance qu’on les Grecs dans la mythologie nous indiquent qu’il est possible que cet aspect ait pu changé le cours de la liq guerre et ainsi de tourné en la défaveur d’Athènes. Alors l’enseignement à retenir de cet du p extrait de document, est pour ainsi dire, une très grande quantité d’information en lien avec la préparation militaire et économique des deux grandes puissances du temps, Sparte et Athènes. Aussi, il est possible de voir l’importance et la place que prend la mythologie pa s dans la vie de tous les Grecs durant cette période du Ve siècle avant J.-C. Il est intéressant de constater qu’une gigantesque mobilisation générale, autant en terme économique que militaire, ne pouvait plus laisser indifférent le peuple grec, puisqu’elle bouscula la vie de e tous ses habitants. Au regard de ce que nous constatons, des récits de Thucydide, de N nombreuses possibilités d’étude pour comprendre la société grecque, restent à réaliser. Un exemple de celle-ci serait l’importance qu’ont eue les femmes durant la guerre du Péloponnèse. 10 Bibliographie at io n LECLANT, JEAN, Dictionnaire de l'Antiquité, Quadrige/ Puf, Paris, 2005, p.2389. Collectif d’auteur, Pallas revue d’études antiques, Guerres et Sociétés dans les mondes grecs à l’époque classique, Presses Universitaire du Mirial, Toulouse, 1999, p.311. to ris GAILLARD, MICHELE, Lire Hérodote, Bréal, Paris, 2005, p.319. au DESFRAY, SUZANNE, Aristophane, La paix, Bréal, Paris, 2002, p.127. s Médiagraphie an BATTISTINI, OLIVIER, La fin de la guerre du Pélopponèse, [En ligne], [s.d], [consulté rs en ligne sur le site de l’université de Corse], [http://labiana.univ- ue corse.fr/index.php?action=article&numero=119], (Page consultée le 30 novembre 2009). Collectif d’auteur, Droits et devoirs du citoyen : le service militaire, [En ligne], [s.d], liq [http://www.musagora.education.fr/citoyennete/citoyennetefr/citoyens-vie-militaire.htm], du p (Page consultée le 30 novembre 2009). pa s ROMILLY DE, JACQUELINE, Thucydide, [En ligne], [s.d], [http://www.universalisedu.com.ezproxy.usherbrooke.ca/article2.php?napp=&nref=R173251], (Page consultée le 30 novembre 2009). N e THIBAULT, JEAN-FRANÇOIS, Études internationales, vol. 32, n° 1, 2001, p. 107-110. [En ligne], [s.d], [consulté en ligne sur le site de Érudit.org], [http://www.erudit.org.ezproxy.usherbrooke.ca/revue/ei/2001/v32/n1/704261ar.pdf], (Page consultée le 30 novembre 2009). 11 rs an s au to ris at io n ANNEXE 1 Corcyre; est une île de la mer Ionienne au nord-ouest de la Grèce. (Zacynthe). ue Céphallènie; pour sa part est une Île de la mer Ionienne au nord de Zakynthos liq L’Acarnanie; est une région occidentale de la Grèce antique, délimitée au nord par le du p golfe ambracique, à l'ouest et au sud-ouest par la mer Ionienne. À l'est, le fleuve Achéloos la sépare de l'Étolie. N e pa s Zacynthe; est une Île de la mer Ionienne au sud de Céphallènie. 12 ANNEXE 2 Hst 223 La Grèce, culture et société at io n Histoire militaire: Thucydide : ris La guerre du Péloponnèse Livre II ue rs an s au to VII. - Après cette affaire de Platée, après cette rupture éclatante de la trêve, les Athéniens se préparèrent à la guerre. Les Lacédémoniens et leurs alliés s'y préparèrent également. Des deux côtés on se disposa à envoyer des ambassades auprès du Roi et dans les pays barbares, partout où l'on espérait obtenir quelque secours. Les deux partis firent entrer dans leur alliance des cités qui jusque-là n'étaient pas soumises à leur domination. Les Lacédémoniens intimèrent l'ordre à leurs congénères d'Italie et de Sicile qui avaient pris leur parti, de fournir, en plus des vaisseaux qui se trouvaient dans le Péloponnèse, et selon l'importance de chaque cité, des bâtiments jusqu'au nombre de cinq cents ; de préparer une somme d'argent fixée ; pour le reste de se tenir tranquilles, de ne laisser entrer dans les ports qu'un seul navire athénien à la fois, jusqu'à ce que les préparatifs fussent terminés. Les Athéniens, de leur côté, firent le dénombrement de leurs alliés et sollicitèrent plus particulièrement par leurs ambassadeurs les pays du pourtour du Péloponnèse : Corcyre, Céphallènie, l'Acarnanie et Zacynthe ; ils se rendaient compte que, s'ils pouvaient compter fermement sur leur amitié, ils porteraient la guerre tout autour du Péloponnèse. N e pa s du p liq VIII. - Des deux côtés, on nourrissait de grands desseins, on consacrait toutes ses forces à la préparation de la guerre. Rien de plus naturel : dans les débuts d'une affaire tout le monde montre plus d'ardeur. Les hommes en état de porter les armes, nombreux alors dans le Péloponnèse et à Athènes, se lançaient, faute d'expérience, avec empressement dans la lutte. Tout le reste de la Grèce était surexcité en présence du conflit qui mettait aux prises les cités les plus puissantes. On colportait maintes prédictions les devins multipliaient les oracles dans les cités qui se préparaient à la guerre, comme dans les autres. Peu de temps avant ces événements, Délos subit un tremblement de terre (121), ce qui de mémoire d'homme n'était jamais arrivé. On dit et on crut qu'il y avait là un présage pour les événements à venir. On recherchait avec soin tous les faits de ce genre qui avaient pu se produire. La sympathie générale inclinait du côté des Lacédémoniens, d'autant plus qu'ils proclamaient leur intention de délivrer la Grèce (122). Tous, les particuliers comme les villes, déployaient leurs efforts, tant en paroles qu'en action, pour leur venir en aide. Chacun croyait entraver la marche des affaires en n'y participant pas, si vive était l'irritation de la plupart des Grecs contre les Athéniens, les uns voulant secouer leur domination, les autres craignant d'être dominés. 13