Venise et l`Orient - Institut du Monde Arabe

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Exposition organisée par
L’Institut du monde arabe, Paris
et The Metropolitan Museum of Art, New York
Du 3 octobre 2006 au 18 février 2007
© RMN/Jean-Gilles Berizzi
Empire vénitien
La République de Venise après la Quatrième Croisade (1202-1204)
Acquisitions de Venise jusqu’à la fin du XVe siècle
Principaux itinéraires maritimes vénitiens
Domination mamelouke
De 1250 à 1517
Empire ottoman
Frontières de l’Empire ottoman au XVe siècle
Frontières de l’Empire ottoman au XVIe et XVIIe siècles
Venise et Alexandrie. Venise et Tyr. Venise et Alep…
Venise et Constantinople, Byzance, Istanbul. Venise et
l’Orient. Comme autant de doubles magiques !
De dédoublements subtils ! Comme si Venise, pour avoir été,
mille ans durant, le vecteur des commerces et des entreprises
entre l’Europe et cet ailleurs du monde, avait dû être aussi –
et, certainement, avait été – le lieu de tous les passages et de
toutes les imaginations…
Venise et les Arabes. Venise et les Turcs.
Venise et les Perses. Venise et l’Orient. Histoire guerrière… certes.
Royal collection
© 2006, Her Majesty Queen Elizabeth II
Histoire de paix et d’attention à l’autre… aussi. D’intense fascination.
Histoire de tous les arts… d’abord et surtout. Ou comment, quelque cinq ou huit
cents ans plus tard, parfois, les savants du XXIe siècle hésitent à attribuer telle œuvre
aux artisans ou aux artistes d’Istanbul ou de Venise. Salutaires et délicieuses
confusions qui, à l’occasion, ouvrent de vertigineuses perspectives sur les hommes
de ces siècles, leur esprit, leur savoir-faire, leur génie.
Passage obligé de toutes les idées, creuset de cette représentation de l’Orient
sur laquelle l’Occident fondera sa vision du monde, Venise, cité unique, de la
République et des doges, se devait d’être abordée par cette part en elle qui lui est
venue de l’Est : combien ses artistes et ses artisans ont emprunté à cet Orient qui,
avant d’être imaginaire, a constitué pour elle la première des réalités, celle-là même
sur laquelle se fondaient son succès et sa gloire. Fascination pour l’Orient qui trouve
en regard une autre fascination, un autre désir, qui anime les hommes de cet Orient,
comme en témoignent ces temps où les sultans convoquaient à Istanbul les grands
artistes de Venise… C’est cela que tente de montrer l’exposition qui ouvre
aujourd’hui ses portes à l’Institut du monde arabe. Comme elle s’attache aussi à
faire découvrir ce que, par un jeu de miroir et un chemin strictement inverse,
l’Orient est allé chercher de l’Europe, en passant par Venise.
Présentation générale
L’histoire de Venise est
inséparable du commerce…
inséparable aussi des relations
qui se nouèrent, au fil des
siècles entre la cité des doges et
différentes puissances
d’Orient.
Venise était condamnée à épouser la mer.
Rompue à l’écume et à la boue des lagunes, elle a déployé
toute la force de son commerce, l’ingéniosité de sa marine et
l’excellence de sa diplomatie, pour constituer ce qui allait devenir l’un des
grands empires maritimes de la Renaissance et la hisser au rang des
puissances européennes.
© RMN/
René-Gabriel Ojéda
Depuis 828 – et l’appropriation, par les Vénitiens, des reliques présumées de
saint Marc, dérobées à Alexandrie – jusqu’à la fin de la République de Venise
au XVIIIe siècle, la Sérénissime s’est employée à faire reculer les frontières de
l’Europe, tissant des liens privilégiés avec les grandes dynasties musulmanes –
Ayyoubides, Mamelouks et Ottomans – dont le haut degré de civilisation
fascine les Vénitiens.
L’exposition présente ces échanges avec l’Orient, très particulièrement
féconds du XIVe au XVIe siècle. Deux cents objets, d’un art raffiné et
splendide, provenant de collections vénitiennes prestigieuses et des plus
grandes institutions muséales témoignent de l’échange et de la transmission
des savoirs et des techniques entre Venise et l’Orient, entre l’Orient et Venise,
mais aussi du talent de leurs artistes et de leurs artisans.
Seule puissance européenne à entretenir en permanence des plénipotentiaires
dans les principales villes du Proche-Orient, Venise développe une « approche
du monde musulman [qui] a toujours été une approche rationnelle, fondée sur
une connaissance pratique », ainsi que l’écrit Stefano Carboni dans le catalogue
de l’exposition. « Venise », ajoute t-il, « fut la première cité européenne, et à
bien des égards la seule, à comprendre et à apprécier la philosophie et la science
islamiques, à ouvrir un dialogue avec le monde musulman dans lequel les
échanges techniques et artistiques avaient aussi leur place ».
© Vérone, Museo di Castelvecchio
rarement destins furent
intimement plus liés,
malgré les antagonismes
et les péripéties de l’histoire.
Cité marchande qui, au
Moyen Âge, construisit sa
richesse sur le commerce
maritime et sa puissance sur la
possession de flottes de galères
et de gros voiliers (nefs),
Venise a exercé une fonction
d’intermédiaire obligé entre
l’Occident européen et
l’Orient méditerranéen : elle
achetait pour vendre, en
Orient, les produits de
l’Occident et, en Occident,
ceux de l’Orient.
Mais, si cette relation a
prospéré principalement grâce
au négoce, elle a eu également
pour fondement la fascination
qu’ont exercée sur les
marchands vénitiens les
sociétés qu’ils découvraient et
apprenaient à connaître.
Ces négociants rentraient à
Venise éblouis par la richesse
des cours ayyoubide,
mamelouke ou turcomane…
Et leurs récits faisaient ensuite
le tour de l’Europe. C’est
qu’en ces siècles pendant
lesquels Venise installe et
maintient ses comptoirs au
Levant, du XIIe au XVe, les
sociétés musulmanes du
Proche-Orient connaissent
un degré de civilisation bien
supérieur à celui des pays
d’Europe occidentale. Ainsi
les commerçants vénitiens
peuvent découvrir, au gré de
leurs voyages, des villes, dotées
de l’éclairage public,
construites d’édifices
nombreux et sophistiqués :
hôpitaux et fontaines publics,
hippodromes, palais…
Les plus belles demeures sont
d’un luxe inouï pour ces
visiteurs venus d’Europe ;
elles disposent de jardins et
de bassins intérieurs, de
bibliothèques, de l’eau
courante, de systèmes
d’aération permettant le
rafraîchissement de l’air…
Dans tous les domaines, qu’il
s’agisse de l’alimentation, de
l’hygiène, des soins médicaux,
de l’éducation ou encore de la
discipline des forces armées, ces
sociétés sont, à l’évidence, très
en avance sur celles de l’Europe
du Moyen Âge.
Les fils des commerçants et des
notables vénitiens sont envoyés
dans les grandes villes du Levant
pour y apprendre le métier,
certes, mais aussi pour
y découvrir le monde, y
accomplir en quelque sorte,
leurs humanités. A force de
fréquentation, ces Européens
prennent goût aux produits
et aux objets d’art islamiques.
Ceux-ci sont, bien sûr,
rapportés à Venise et donnent
lieu à un commerce prospère ;
mais aussi, les techniques
de fabrication sont peu à peu
acquises. Les artisans de Venise
en viendront ainsi, dans des
domaines comme la verrerie,
l’art du métal, la céramique,
à produire des objets que, par
un curieux retour des choses,
Venise se mettra ensuite à
exporter vers le Levant…
La fascination des marchands
et des artistes de Venise pour les
diverses productions orientales
se voit notamment aux emprunts
que ceux-ci effectuent et,
particulièrement, par la reprise
des motifs décoratifs islamiques
dans l’élaboration des œuvres
d’art vénitiennes de la
Renaissance. Assimilant tout
d’abord ces motifs, ils viennent
à les sublimer et à les intégrer
ensuite à leur propre identité,
avant que de fasciner en retour
les artisans et les dignitaires
de l’époque ottomane.
De nombreux exemples
apparaissent dans l’exposition
de ces aller-et-retour. Qu’il
s’agisse, par exemple, de la
céramique, que les Ottomans,
avec la production d’Iznik,
menèrent à de véritables
sommets… Les Vénitiens furent
très certainement les premiers,
en dehors du monde oriental,
à en apprécier l’extrême qualité
et la beauté subtile.
Très tôt, ils importèrent en
nombre ce type de céramique,
entreprirent des collections.
Ils s’en inspirèrent, ensuite, se
mirent à la copier. Et, même
s’ils ne surent jamais atteindre
la perfection des artisans
d’Iznik et se rendre maîtres de
leur fameux rouge vermillon,
leurs contrefaçons connurent
néanmoins de grands succès
et se vendirent ensuite partout
en Europe et jusque dans les
comptoirs du Levant.
Un autre exemple, plus
flagrant encore, est constitué
par la verrerie. Si les maîtres
verriers de Venise –
l’installation des ateliers
verriers sur l’île de Murano
date de 1291 – ont joui,
très tôt, d’une véritable
suprématie, en Europe,
c’est qu’ils s’étaient approprié
les savoir-faire des artisans
orientaux. Diplomates et
marchands vénitiens avaient
commencé par rapporter
de leurs séjours orientaux,
des objets en verre
superbement ornés. Les
verriers vénitiens surent
ensuite se rendre maîtres
de certaines des techniques
de fabrication mises au point
par les artisans syriens ou
égyptiens, comme ils se
rendirent maîtres aussi
de leur pratique de l’émail
ou de la dorure. Et, dès
le début du XVe siècle, les
artisans de Murano exportent
leur production en direction
du Levant et répondent même
à des commandes très
spécifiques destinées au
marché ottoman.
On le voit, à cette séduction
très forte qui s’exerce pendant
des siècles de l’Orient sur
Venise, répond ensuite
une autre attraction, quand
les productions de Venise,
imprégnées, on l’a vu, du goût
oriental, et passées par
le filtre de ses techniques,
viennent ensuite à susciter la
curiosité des notables et des
dignitaires ottomans. A un
désir, donc, répondait un
autre désir.
A cet égard, le séjour du
peintre Gentile Bellini à
Istanbul (1579-1580), envoyé
à la cour du sultan Mehmet II
pour y faire le portrait de
celui-ci, fournit l’un des
exemples les plus accomplis.
Mais, on pourrait, avec les
œuvres des peintres de Venise,
de cette époque, comme de
celles qui les ont
immédiatement précédées et
suivies, constituer un véritable
catalogue de sujets orientaux,
qu’il s’agisse de personnages
ou d’objets. Les plus grands
des maîtres se sont ainsi
employés à représenter des
dignitaires orientaux parés de
leurs habits de cour,
s’attachant à figurer les
costumes avec une précision
très grande.
Au-delà de cet intérêt
particulier pour les coutumes
vestimentaires, on peut relever
également, à l’occasion, dans
maints tableaux, les
représentations détaillées de
nombreux objets, produits de
l’artisanat et de l’art islamiques
– aiguières, boîtes, plats,
armes… Les tapis méritent, à ce
sujet, une mention à part.
En figurant sur de nombreux
tableaux de cette époque, ils ont
permis que soient conservés des
témoignages de productions
qui, par ailleurs, n’ont pu
défier le temps. C’est ainsi
même que le nom du peintre
Lorenzo Lotto s’est trouvé
attaché à un genre de tapis
(présent dans ses œuvres à
plusieurs reprises) au point que
ces pièces sont, depuis,
désignées par le nom de
l’artiste : on parle ainsi de tapis
ou de motifs « Lotto ».
On trouvera, dans l’exposition,
maintes illustrations de cet
intérêt particulier que ces
peintres, au travers de ces
représentations, ont porté à
l’esthétique islamique, qu’il
s’agisse de Gentile Bellini, bien
sûr, mais aussi de Vittore
Carpaccio, de Giovanni
Mansueti, de Cesare Vecellio,
d’autres encore.
Cette dialectique de la
fascination doit aussi être
perçue dans le contexte des
relations, très particulières, qui
firent souvent s’opposer, au
cours des siècles, la République
des doges aux puissances du
Proche-Orient. Ces relations,
d’Etat à Etat, ne sont pas non
plus exemptes d’ambiguïtés.
A commencer par le fait que les
échanges commerciaux entre
Venise et l’Orient ne sont
jamais plus denses que pendant
les périodes de conflit.
Comme si, en ces temps
troublés où s’accélèrent les
échanges diplomatiques
et la recherche d’informations,
devaient également s’amplifier
le volume des échanges
commerciaux et – aussi –
culturels.
Une autre de ces ambiguïtés est
constituée par le rôle qu’a pu
jouer Venise à certains des
moments les plus cruciaux de
l’histoire de ses relations avec
lesdites puissances. Partie
intégrante de la chrétienté
d’Europe, Venise se doit
d’afficher des solidarités qui
viennent, parfois, à heurter ses
intérêts. Elle se doit de tenir son
rang dans l’alliance qui la place
aux côtés des grands Etats
chrétiens, comme elle obéit
aussi aux injonctions du pape.
La porte est étroite par laquelle
elle parvient à passer pour
maintenir les bons rapports
qu’elle entretient avec les
puissances musulmanes et,
souvent, ses alliés, à l’affût de ses
moindres réticences, l’accusent
de tiédeur, voire de pratiquer le
double-jeu.
Venise participa aux Croisades.
Et notamment à la première
d’entre elles qui vit les chrétiens
d’Europe instaurer le royaume
de Jérusalem. Et créer maintes
principautés autour de celui-ci.
C’est dans ce contexte que
Venise fonde ensuite ses
premiers comptoirs au Levant.
En 1122, elle envoie plus de cent
navires porter secours aux
croisés et au roi de Jérusalem,
fait prisonnier par les
musulmans. En 1202-1204,
elle prend une part active
à la quatrième Croisade,
qui conquit et fit le sac
de Constantinople et aboutit
au démembrement de l’empire
byzantin. Trois ans plus tard,
Venise signe son premier traité
de commerce avec le sultanat
d’Alep…
Quand, au XIVe siècle, les
croisés perdent la Terre sainte
et leurs dernières possessions
du Levant, le pape décrète
une politique d’embargo (sur le
commerce avec les infidèles),
Venise est bien obligée de s’y
soumettre. Elle saura
néanmoins échapper à
la rigueur de cette interdiction ;
et c’est dans ce contexte qu’en
1388 elle signe un traité de
commerce avec les Turcs.
© Rainer Zietz
Présentation générale
suite
A l’époque ottomane, ensuite,
Venise aimera se présenter, en
Europe, comme l’ultime
rempart devant
l’expansionnisme turc.
Il est vrai que l’effort de guerre
lui incombait en grande partie
et, qu’à tout le moins, elle
devait supporter, seule, le poids
des guerres navales.
Cela n’empêchait pas les Etats
chrétiens de la voir, souvent, en
complice des Turcs et de la
soupçonner, à l’occasion,
d’avoir partie liée avec eux
contre les Habsbourg.
Venise n’aimait pas trop la
guerre. Celle-ci risquait de
nuire au commerce et était
onéreuse. Il est vrai, on vient de
le voir, que Venise ne rechignait
à payer... Mais elle préférait
bien plutôt dépenser son argent
pour garantir ses traités,
acquérir le droit de commercer
dans les villes, acquitter des
droits de douane. Au besoin,
Venise était prête à verser des
indemnités de guerre, parfois
considérables, pour se voir
reconnaître ces droits. A la
politique de la canonnière,
Venise préférait, et de
beaucoup, la diplomatie du
ducat. Dans le même ordre
d’esprit, Venise aimait à couvrir
les princes et les souverains
orientaux de cadeaux
somptueux. Il ne s’agissait-là
que de l’un des aspects de cette
diplomatie pionnière dont elle
peaufina, des siècles durant,
les mécanismes et les rouages.
Venise déléguait, en effet,
des plénipotentiaires
auprès de toutes les cours
du Proche-Orient.
Ces hommes, choisis parmi les
plus habiles dignitaires
vénitiens, étaient munis
d’instructions circonstanciées
et susceptibles de négocier
traités de paix et de commerce.
Leur rôle ne se limitait pas à
cela ; ils entretenaient avec
Venise une correspondance
nourrie, constituée de
dépêches qui abordaient tous
les aspects de la situation et des
caractéristiques de la région
dans laquelle ils se trouvaient
en résidence : son histoire et sa
géographie étaient détaillées,
les sentiments du souverain à
l’égard de Venise pesés au
trébuchet, et passés en revue
les ressources du pays, l’état de
son armée, de sa marine, de
son commerce et de son
industrie.
Tous ces renseignements
étaient étudiés de fort près
ensuite à Venise, qui se trouvait
être, et de loin, le pouvoir le
mieux informé d’Europe.
Cette qualité exceptionnelle de
l’information dictait ensuite
leurs décisions aux sénateurs et
servait à la conduite de l’Etat.
Ce système, que Venise avait
tout d’abord mis en place
auprès des cours d’Orient, fut
ensuite étendu à celles
d’Occident. Venise avait, ce
faisant, inventé la diplomatie et
le renseignement modernes.
Ses ambassadeurs constituèrent
un véritable corps de
spécialistes, au nombre desquels
était souvent choisi le doge.
A leur sortie de charge, les
ambassadeurs en Orient –
comme, plus tard aussi, en
Occident – rédigeaient une
relation détaillée, selon un
plan qui était devenu fort
précis au cours des ans, qui
était lue devant le Sénat.
Ces textes, très appréciés,
étaient fort demandés et
circulaient ensuite ; ils sont à
l’origine de l’image, ou plutôt,
des images de l’Orient qui sont
constituées en Europe
occidentale, pendant la longue
période qui va du XIVe au
XVIIIe siècle. Ainsi, des
hommes comme Machiavel ou
Montaigne n’ont pu penser
l’Orient qu’au travers de ces
représentations.
Mais les premiers à s’imprégner
de cette vision du monde ont à
l’évidence été les artistes et les
savants vénitiens qui puisaient
dans ces différents textes pour
développer une imagerie et un
imaginaire dont l’exposition
que l’Institut du monde arabe
présente aujourd’hui à son
public tente – au travers de
quelque deux cent pièces
extraites tant des collections
vénitiennes que des plus grands
musées du monde entier –
de magnifier la splendeur.
Ce dossier de presse a bénéficié du conseil
de Monsieur Jean-Claude Hocquet,
directeur de recherche émérite au CNRS
et à l’Université de Lille 3.
© Londres, The National Gallery
© Courtauld Institute of Art Gallery, Londres
Chronologie
687 : Élection du premier doge
IX-Xe siècle
828 : Appropriation par les Vénitiens des reliques
présumées de saint Marc dérobées à Alexandrie
Construction du palais ducal et de sa chapelle à San
Marco. Venise étend son influence sur la Dalmatie
XIe siècle
1063-1094 : Construction de la troisième basilique de
San Marco (l'actuelle)
XIIe siècle
1140 : Naissance de la Commune ; élection du doge par
les grands électeurs
XIIIe siècle
Début de la construction de l’Arsenal
1204 : Quatrième Croisade, prise de Constantinople par
les croisés
1207 : Premier traité de commerce entre Venise et le
sultanat d'Alep (Syrie)
1228-1234 : Début de la construction des églises des
ordres mendiants
1275 : Arrivée de Marco Polo à la cour du Grand Khan à
Beijing
1284 : Début de la frappe du ducat d’or
1291 : Installation des ateliers verriers sur l’île de
Murano par un décret du Grand Conseil de Venise
XIVe siècle
1347-1348 : Disette et peste noire
1378-1381 : Guerre avec Gênes et paix de Turin
1388 : Traité de commerce avec les Turcs
XVe siècle
1404 : Conquête de la Terra ferma
(provinces italiennes de Venise)
1409 : Achat de la Dalmatie
1423 : Institution du lazaret et de la quarantaine pour
enrayer l'épidémie de peste
1429 : Naissance de Gentile Bellini (mort en 1507)
1442: Renouvellement des traités de commerce avec le
sultan mamelouk
1465 : Naissance de Vittore Carpaccio (mort en 1526)
1473 : Début du deuxième agrandissement de l’Arsenal
(Arsenal nuovissimo)
1482 : Renouvellement des traités avec les Turcs
1484 : Naissance de Giovanni Mansuetti (mort en 1526)
1489 : Chypre devient vénitienne
1499 : Des artistes (Cima da Conegliano, Mansuetti…)
peignent des scènes de la vie de San Marco à
Alexandrie pour la chapelle des tisseurs de soie à
l'église des Crociferi
1499-1502 : Les Vénitiens perdent leurs possessions
grecques (Modon)
XVI siècle
e
1500 : Jacopo de Barbari dessine le plan de Venise
1507 : Traité de commerce avec le sultan d’Égypte
1508 : Reconstruction du fondaco dei Tedeschi
décoré par Giorgione. Conclusion de la Ligue de Cambrai
1509 : Défaite vénitienne à Agnadel et perte de
la Terra ferma
1517 : Trêve signée avec l'empereur
1528 : Naissance de Paolo Véronèse (mort en 1588)
1530 : Paix de Bologne
1538 : Bataille navale de Prevesa, suprématie turque
sur mer
1571 : Bataille de Lépante (7 octobre), défaite ottomane
1575-1577 : Grande peste à Venise et vœu d’ériger
l’église du Rédempteur
Fin du XVIe siècle : Prospero Bonarelli écrit Solimano,
drame historique
XVIIe siècle
1630-1631 : Dernière épidémie de peste suivie de la
construction de l’église de la Salute
1645-1669 : Guerre de Crète, paix signée à Candie
1673 : Giovanni Sagredo publie à Venise les Memorie
istoriche de’monarchi ottomani, deuxième édition en 1688,
augmentée d’une étude sur le sérail et les coutumes
des Turcs
1683-1699 : La guerre de la Sainte Ligue contre l’Empire
ottoman entame le recul turc
1688 : G.B. Donà, qui fut baile à Istanbul, publie Della
letteratura de’Turchi
XVIIIe siècle
1797 : Fin de la République de Venise
Chandelier
Venise, XVIe siècle
Laiton incrusté d’argent,
H. 19,1 cm ;
D. base 17,8 cm
The Metropolitan Museum of Art,
Gift of J. Pierpont Morgan, 1917
© 2006, The Metropolitan Museum of Art
IX-Xe siècle
Milieu du IX : La flotte vénitienne combat les corsaires
sarrasins en Adriatique
969 : Fondation du Caire par le calife fatimide al-Muizz
970-972 : Construction de la mosquée al-Azhar au Caire
e
XIe siècle
1099 : Première Croisade, prise de Jérusalem par les
croisés. Dès cette époque, prospérité des « colonies »
et comptoirs établis à Alexandrie, Acre, Beyrouth,
mais aussi Alep, Damas, Tabriz
1453 : Prise de Constantinople, fin de l’Empire byzantin,
en 1458, le sultan installe sa capitale dans la cité vaincue
1460-1479 : Les Ottomans conquièrent les rives de la
mer Noire et les îles de l’Égée
1471 : Caterino Zen ambassadeur en Perse pour une
alliance antiturque
1479: Gentile Bellini à Constantinople pour faire le portrait
du sultan ; il y séjourne jusqu’à la fin de l’année 1480
1485-1491 : Guerre des sultans mamelouks contre les
Ottomans
XIIe siècle
1171 : Salah el-Din el-Ayyoubi (Saladin) met fin au califat
fatimide en Égypte
1174-1260 : Règne des Ayyoubides sur le Proche-Orient
arabe
Reliure
Iran, fin du XVIe siècle
Cuir estampé, repoussé,
doré et incrusté
de lapis-lazuli, 35,6 x 25,4 cm
New York,
The Metropolitan Museum of Art,
Rogers Fund, 1956
© 2006, The Metropolitan
Museum of Art
XIII siècle
e
1250 : Fondation de la dynastie mamelouke qui étend
son autorité sur l’Egypte et la Syrie
1258 : Sac de Bagdad par les Mongols et fin de la
dynastie abbasside
1260 : Les Mamelouks remportent la victoire sur les
Mongols à la bataille d’Ayn Jalut
1291 : Les Mamelouks chassent les derniers croisés
(et les Vénitiens) d’Acre
1280-1324 : Osmân Ier devient sultan, fondateur de la
dynastie ottomane
XIVe siècle
1326 : Bursa (Brousse) capitale de l’État ottoman
1326-1344 : Embargo pontifical sur le commerce avec
l’Égypte
Milieu du XIVe : Ouverture progressive des lignes de
navigation des galées vers l'Orient (Alexandrie et
Beyrouth)
1346-1371 : Les Turcs s’installent en Europe (Thrace) et
font d’Edirne leur nouvelle capitale
1375 : Les Vénitiens entretiennent des consuls à
Alexandrie, au Caire, à Damas et à Beyrouth
1389-1402 : Le sultan Bayezid Ier règne sur un Etat
puissamment installé dans les Balkans
XVe siècle
1402 : Défaite ottomane devant les Mongols de Tamerlan,
le sultan Bayezid est prisonnier (bataille d’Ankara)
1421-1444 : Mûrad II reconstruit l’État ottoman,
annexe la Serbie, conquiert la Morée, attire les savants
à Edirne
1444-1481 : Règne de Mehmed II, le Conquérant
Deuxième moitié du XVe siècle : prospérité du commerce
vénitien à Alexandrie
XVIe siècle
1501 : Avènement de la dynastie Safavide en Perse
(Shah Ismâ’îl Ier (1501-1524))
1514 : Sélim Ier défait le Shah et occupe Tabriz
1516 : Victoire des Ottomans sur les Mamelouks ;
la Syrie, la Palestine et l’Égypte sont occupées
1517 : Sélim reconnu comme protecteur des lieux
saints, La Mecque et Médine
1520-1566 : Règne de Süleyman Ier le Législateur
(Soliman le Magnifique)
1534 : Occupation ottomane de Bagdad, le monde arabe
passe sous domination ottomane
Milieu du XVIe : Les Ottomans contrôlent tous les
terminaux caravaniers en Orient.
Les marchands vénitiens continuent de fréquenter
assidûment Alexandrie
1538 : Sinân est nommé architecte en chef, il construit
la Süleymäniye (1550-1557) à Istanbul, des ponts, des
hôpitaux, etc.
1566 : Mort de Soliman, apogée de l’Empire ottoman qui
s’étend de l’Autriche au Golfe persique
1570 : Conquête ottomane de Chypre
1588-1629 : Règne de Shâh ‘Abbas qui réorganise la
Perse et établit sa capitale à Ispahan
1593-1606 : Guerre contre les Habsbourg
XVIIe siècle
1683 : Échec du second siège de Vienne
Parcours de l’exposition
Mansueti Giovanni,
L’Adoration des mages
Venise, début du XVIe siècle
Huile sur toile, 79,5 x 136,7 cm ;
encadré : 83,4 x 140,8 cm
© Vérone, Museo di Castelvecchio
L’
exposition s’ouvre sur le chef d’œuvre d’un peintre vénitien anonyme représentant
l’audience d’une ambassade vénitienne dans une ville orientale, avec ainsi l’ambition
d’évoquer la place éminente de Venise dans l’histoire de la Méditerranée et de
donner les clefs de sa relation à l’Orient :
• La puissance de son commerce;
• L’excellence de sa diplomatie;
• Son rôle central dans la défense de Rome face à l’islam ;
• La fascination de ses commerçants et de ses oligarques pour la culture arabo-islamique.
Le répertoire oriental
dans la peinture religieuse
à Venise (v. 1300-1500)
Première section
Venise affirme sa puissance
mondiale et renforce ses
relations avec les Mamelouks
(v. 1300-1500)
Gobelet
Venise, Murano,
fin du XIIIe et début
du XIVe siècles
Verre émaillé,
H. 11,3 cm ; D. 9,5 cm
Frankfurt, Museum für
Angewandte Kunst
© Frankfurt, Museum für
Angewandte Kunst
Ces deux siècles marquent
traditionnellement l’apogée de Venise.
Forte de son Empire colonial maritime
conquis un siècle plus tôt, Venise fait
circuler ses navires des confins de
l’Orient jusqu’au nord de l’Europe.
La circulation des denrées rendues
possible par la sécurisation des routes
maritimes lui assure les moyens de son
épanouissement. Venise s’embellit et
s’épanouit en un chantier permanent ;
la ville conquiert la lagune. Oligarques
et religieux érigent les églises et les palais
gothiques qu’ils parent notamment
de tapis et de riches étoffes rapportés
d’Orient. C’est à cette époque
précisément que Murano s’impose
comme centre de production du verre
grâce à l’importation par les artisans
voyageurs vénitiens des savoir-faire
islamiques. La Sérénissime devient
également une place puissante dans le
développement de l’imprimerie ; ainsi,
les savoirs compilés dans des manuscrits
depuis le IXe siècle par les Arabes
Deuxième section
s’invitent à Venise où ils sont traduits et
imprimés à l’instar du Canon d’Avicenne.
Jusqu’au début du XVIe siècle, l’État
mamelouk s’impose sur l’autre rivage
de la Méditerranée et domine l’Égypte,
la Syrie et la Palestine. Esclaves militaires
originaires des steppes d’Asie centrale, les
Mamelouks furent appelés par le sultan
ayyoubide d’Égypte pour vaincre les deux
forces qui menaçaient l’islam : les croisés
et les Mongols. Au XVe siècle, alors affaibli
par des coups d’État, l’État mamelouk
s’emploie à nouer d’amicales relations avec
Venise, son meilleur client occidental. En
effet, sa politique de défense et son
développement exigent d’abondantes
ressources que les Mamlouks trouvent dans
le développement de leur commerce. Les
Vénitiens qui développent des lignes de
navigations vers les ports orientaux et
forment de véritables colonies dans les
principales villes orientales, deviennent
leur partenaire commercial. La culture
s’invite au cœur de ces échanges et l’art
mamelouk influence durablement l’art
vénitien dans les domaines du verre, du
textile et de l’art du métal.
Œuvres présentées
• Verrerie : Murano devient un centre de production
du verre grâce à l’importation des techniques
islamiques ;
• Textiles et Tapis : Venise importe les textiles orientaux
de luxe ;
• Imprimerie : la philosophie grecque et arabe
et les savoirs scientifiques islamiques sont transmis
à Venise ;
• Métaux incrustés : l’œuvre de Mahmud al-Kûrdî.
Anonyme Vénitien,
Audience d’une ambassade
vénitienne dans une ville orientale
Venise, 1511
Huile sur toile, 175 x 201 cm
Paris, musée du Louvre
© Photo de presse © RMN/Gérard Blot/Jean Schormans
Jusqu’au XVIe siècle, des peintres
vénitiens vont s’employer à introduire
des motifs islamiques dans leur
vocabulaire. Ce goût pour l’Orient
débute avec l’élaboration de vastes toiles
narratives destinées à orner les murs des
scuole, les confréries de Venise.
Leurs responsables voulaient ainsi
reconstituer sur ces tableaux la légende
de leur saints patrons protecteurs ayant
vécu pour la plupart en Méditerranée
orientale ou en Afrique du Nord.
À partir de la deuxième moitié du XVIe
siècle, la tradition narrative de ces grandes
toiles s’estompera aux dépens d’une
approche plus ethnographique et
historiographique du monde islamique,
dont l’un des plus célèbres témoignages
reste le livre de costume de Cesare Vecellio
réalisé en 1590.
Contrairement aux commerçants et aux
diplomates de la cité, les peintres n’avaient
pas l’opportunité de voyager au Levant
à l’exception de Gentile Bellini et
Bartoloméo Bellano qui s’étaient rendus
à Istanbul, de 1479 à 1481, en tant
qu’ambassadeurs à la cour du sultan
Mehmet II. Les peintres vénitiens, privés
de voyages, s’inspiraient alors des récits
oraux et écrits établis par les marchands et
autres ambassadeurs, et des croquis que
Vittore Carpaccio
(1450-1525) et collaborateurs,
La Prédication
de saint Étienne à Jérusalem
Venise, vers 1514
Huile sur toile, 148 x 194 cm
Paris, musée du Louvre
© Photo de presse © RMN
certains d’entre eux s’étaient ingéniés à
compiler dans leur carnet de voyage. Ils
s’inspiraient aussi des nombreux objets
rapportés d’Orient et qui ornaient les
riches demeures des collectionneurs
vénitiens. Enfin, ils croquaient les tenues
vestimentaires des ambassadeurs orientaux
en visite diplomatique dans la
Sérénissime.
La « mode orientaliste » s’est développée
notamment dans les ateliers des grands
peintres vénitiens rompus à cet
engouement et qui transmettaient à leurs
disciples le goût pour ce vocabulaire
exotique. Jacopo Bellini pourrait être
considéré comme le père de cet
« orientalisme vénitien ». Proches de son
atelier, Giovanni Mansueti et Vittore
Carpaccio ont inclus nombre d’objets
islamiques dans leur toile.
Quant à Carpaccio, il reste le plus grand
praticien de la mode orientale dans la
peinture vénitienne de la Renaissance.
Parmi les peintres présentés
Giovanni et Gentile Bellini, Vittore Carpaccio,
Giovanni Mansueti et Antonio Vivarini
Attribué à Giovanni Mansueti,
Trois dignitaires mamelouks
Venise, 1512
Craie noire, brosse et encre
sur papier brun, 30,7 x 17,9 cm
The Royal Collection
© 2006 Her Majesty Queen Elizabteh II
Huile sur toile, 69,9 x 52,1 cm,
Londres, The National Gallery,
Layard Bequest, 1916
© Londres, The National Gallery
Troisième section
Venise et la Turquie
ottomane (v. 1453-1699)
À partir du milieu du XIIIe siècle,
les Turcs durent affronter l’invasion
mongole qui ne laissa subsister, en
Anatolie, qu’un petit État vassal gouverné
par de lointains héritiers de Seljuk
baptisés « Ottomans ». L’un d’eux,
Mehmed le Conquérant, profita de la fin
des incursions mongoles pour s’emparer
de Constantinople en 1453 dont il fit
la capitale de son empire. Désormais
le sultan des Ottomans se trouvait en
contact direct avec Venise et
n’eut de cesse de s’emparer
de ses possessions.
Un aspect singulier des
échanges culturels tient à
leur tendance à s’intensifier
aux époques de conflit.
En effet, les échanges
diplomatiques et les
recherches d’informations
s’accélèrent. Après la
conquête de Constantinople
par les Ottomans, les
ambassades vénitiennes
envoyées en Orient
permettent d’accumuler
une somme importante
d’informations, notamment
à travers les rapports que les
ambassadeurs sont chargés
d’écrire à leur retour à
l’attention du Doge de
Venise. Les regards des
Vénitiens sur les Ottomans et des
Ottomans sur les Vénitiens se précisent.
En témoignent le séjour de Gentile
Bellini à la cour ottomane et
l’accumulation, par les Vénitiens aisés,
d’objets orientaux à leur domicile.
C’est à cette époque d’ailleurs que les
artisans verriers et maîtres en métaux
incrustés imitent avec une ardeur
redoublée les techniques orientales.
À leur tour les Ottomans importent
l’art de la Sérénissime.
L’apogée ottomane qui menaçait les
positions vénitiennes en Méditerranée,
incita Venise à nouer avec la Perse safavide
des alliances militaires contre les
Ottomans. Cette politique d’amitié
s’exprima notamment en 1603 quand Shah
Abbas envoya une ambassade auprès des
représentants de la Sérénissime, muni de
somptueux cadeaux destinés à orner la
basilique Saint-Marc.
Œuvres présentées
• Peintures : L’apport des vénitiens à la tradition
ottomane du portrait (œuvres de Gentile Bellini et
d’un peintre de Vérone) ;
• Verres et Textiles : objets de luxe exportés par Venise
en Orient ;
• Céramiques et orfèvrerie : introduction de motifs
décoratifs islamiques ottomans dans l’art vénitien ;
• Collections persanes offertes aux dignitaires de la
ville de Venise.
« Mamma li Turchi ! »
Huile sur toile, 159 x 53 cm
Londres, The National Gallery,
Bought, 1960 © Londres,
The National Gallery
À partir du XVIIe siècle, le monde ottoman, en
déclin, sera davantage rêvé et parfois même
raillé par les Vénitiens ; à l’image de leurs
contemporains les artistes développeront une
vision entre exotisme et cynisme dans la
tradition des « Turqueries ». L’exposition
s’achève par une série d’œuvres peintes et
gravées, qui renvoient à cette vision imaginaire.
La toile de Giovanni Domenico Tiepolo, Deux
orientaux sous un arbre, conclu le parcours par
une image déjà empreinte du style des futurs
peintres orientalistes du XIXe siècle.
L
a fascination exercée par l’exotisme oriental favorisait le rôle des Vénitiens dans
la diffusion en Occident de techniques ou de coutumes observées en Orient, la ville
assumant ainsi parfaitement son rôle de cité-carrefour.
Cette fascination se traduit notamment dans l’engouement pour les coutumes
vestimentaires dont les peintres vénitiens ont laissé de nombreux témoignages
dans leurs fresques narratives.
Venise créait la mode en Europe ; les artisans, tailleurs, couturières,
dentellières, perruquiers, chausseurs, bottiers et joailliers tenaient de
nombreux ateliers où ils créaient de nouvelles lignes avec de nombreux
motifs d’inspiration islamique. Les peintres quant à eux trouvaient
des modèles dans un genre d’ouvrages qui fit florès au XVIe siècle et
que l’on pourrait appeler des « catalogues de costumes et d’habits
des divers peuples de la terre ».
L’ouvrage le plus connu – De gli habiti antichi e moderni di diverse parti del
mondo libre due (« Des habits anciens et modernes de diverses
régions du monde, en deux livres ») – est attribué à l’un des
parents éloignés du Titien, appelé Cesare Vecellio : chaque gravure y
est accompagnée d’un commentaire historique et d’une description fine. Vecellio voyagea peu, mais utilisa les témoignages des
informateurs, commerçants et ambassadeurs, qui revenaient du
Levant, et observa les visiteurs étrangers à Venise. Dans la première partie de son ouvrage, il présenta les costumes européens
et le costume turc, dans la seconde, celui des Persans, des
Maures, des Arabes des Arméniens et des Éthiopiens.
La gravure montre ici la favorite d’un Turc. (1)
[1]
[3] Anonyme Vénitien,
Les Ottomans vus par les Vénitiens au XVIIe siècle
Giovanni Battista Tiepolo
Deux orientaux assis sous
un arbre
Vers 1757
Thématiques
Parcours de l’exposition
Attribué à Gentile Bellini,
Le Sultan Mehmed II
1480,
La fascination des Vénitiens pour
les coutumes vestimentaires du Levant
Audience d’une ambassade
vénitienne dans une ville
orientale
Venise, 1511
Huile sur toile, 175 x 201 cm
Paris, musée du Louvre
© Photo de presse © RMN/
Gérard Blot/ Jean Schormans
La Prédication de Saint Étienne de Carpaccio (2) est l’un des
exemples majeurs de la « mode orientale » dans la peinture
vénitienne de la Renaissance. Les gravures sur bois
d’Erhard Reuwich qui illustrent un ouvrage de Bernard
von Breydenbach, Pèlerinage en Terre sainte, constituent l’une
des sources majeures de Carpaccio également très inspiré
part les estampes allemandes de l’époque. Le tableau
représente des hommes coiffés de turbans mamelouks et
ottomans ; les femmes, assises par terre, sont toutes
musulmanes. Quatre d’entre elles ont tiré leur voile,
révélant ainsi leur tartur, sorte de haut bonnet orné, et
leur visage – chose qu’elles n’auraient pas faite en public.
Cesare Vecellio (1521-1601)
“La favorita del Turco”
(“La favorite du Turc”)
Extrait de De gli habiti
antichi et moderni di diversi parti
del mondo, libri due
Publié par Damiano Zenaro
Venise, 1590 (1e édition)
Livre imprimé, 412 gravures sur bois de
Christoph Krieger, 16,9 x 13 cm
New York, The Metropolitan Museum of
Art, Museum Accession, transferred from
the Library, 1925
© 2006, The Metropolitan Museum of Art
L’œuvre d’un peintre vénitien resté anonyme (3), l’ Audience d’une ambassade vénitienne dans
une ville orientale, représente plusieurs hommes enturbannés, chaque turban indiquant,
selon sa forme, à quelle classe de la société mamelouke appartient celui qui le porte.
On voit notamment que le dignitaire qui reçoit l’ambassade,
assis sur une estrade recouverte d’un tapis, porte
un turban qui diffère par son ornement de
celui de ses deux courtisans restés derrière lui.
[2]
Vittore Carpaccio (1450-1525) et collaborateurs,
La Prédication de saint Étienne à Jérusalem
Venise, vers 1514
Huile sur toile, 148 x 194 cm
Paris, musée du Louvre
© Photo de presse © RMN
Thématiques
Thématiques
L’art vénitien inspiré par les motifs
décoratifs islamiques
L
[2]
Plat
Padoue, 1633
Céramique siliceuse peinte sous
glaçure, D. 26 cm
Sèvres, musée national de
Céramique
© Photo de presse
© RMN/Martine
Beck-Coppola
a fascination exercée par l’Orient sur les marchands et les artistes de Venise
s’illustre notamment par la reprise des motifs décoratifs islamiques dans l’élaboration
des œuvres d’art vénitiennes de la Renaissance. Les Vénitiens ont d’abord assimilé ces
motifs qu’ils ont su sublimer et intégrer à leur propre identité, avant de fasciner à leur
tour artisans et dignitaires de l’époque ottomane. Ainsi, le va-et-vient des motifs et des
savoir-faire trompent encore les spécialistes contemporains qui hésitent parfois sur
l’origine géographique de certaines pièces.
Les connaisseurs modernes de la céramique ottomane d’Iznik en situent l’apogée dans la
seconde moitié du XVIe siècle. Les céramiques de cette époque sont ornées d’œillets, de
roses, de jacinthes, de tulipes et de feuilles saz dentelées, le tout rehaussé de couleurs vives
– bleu, vert et rouge – sur un engobe blanc. La couleur rouge caractérisa la production
d’Iznik pendant plus d’un siècle. Ce plat (1) est un exemple courant de la production
d’Iznik sous le règne des sultans Selim II (1566-1574) et Murad III (1574-1595).
Les Vénitiens furent parmi les tout premiers, en dehors de la sphère ottomane, a apprécier
la qualité et la beauté extraordinaire de ce type de céramique, qu’ils importèrent et
collectionnèrent très tôt. La demande à Venise était telle, du reste, que les artisans
locaux commencèrent à en imiter vraiment le style dès le début du XVIIe siècle.
Pendant au moins cent ans, ces contrefaçons vénitiennes connurent également un
grand succès. Aux XVIe et XVIIe siècles, les potiers italiens qualifiaient leurs céramiques
dans le style d’Iznik de majolique « alla turchesca ». Ce plat (2) est l’une des plus belles
imitations vénitiennes de céramique d’Iznik jamais produites. S’il n’a pas la fluidité et
la ligne délicate de ses modèles ottomans, il reproduit néanmoins avec une fidélité
remarquable le décor floral caractéristique d’Iznik à la fin du XVIe siècle. Les potiers
vénitiens ne maîtrisèrent jamais le rouge vermillon éclatant, typique de la tradition
d’Iznik. Ils le remplacèrent par un orange beaucoup moins vibrant, tel celui que
l’on voit sur ce plat.
L’imprimerie vénitienne
et la transmission des savoirs
V
V
« L’Homme zodiaque »
Iran, XVIIIe-XIXe siècle
Encre et couleur à l’eau sur papier,
31,3 x 21,2 cm
Londres, Wellcome Library
© The Trustees of the Wellcome Trust
[1]
enise était à l’affût de toutes les innovations ; ville marchande, elle savait entre toutes
que les marchés ne se conquièrent et ne se conservent que par l’apport de produits
nouveaux. L’imprimerie fut précisément l’une de ces innovations. De 1469 à 1480,
Venise comptait 44 entreprises d’imprimerie, dont 16 allemandes, 21 italiennes,
6 françaises, fidèle reflet du caractère cosmopolite de la cité. On imprimait en latin,
en grec, en italien, en allemand, en slave. L’Empire ottoman regroupait les « sudditi
turcheschi » (« sujets turcs ») comme les nommaient les Vénitiens, formé en fait par
des peuples cosmopolites pratiquant plusieurs langues : l’arabe, le bosniaque, le grec,
l’hébreux, l’arménien, le serbe, l’albanais, le copte, etc. Or Venise – et cet aspect de
son histoire n’est pas suffisamment souligné – contribua de façon décisive à préserver
l’autonomie culturelle et linguistique de beaucoup de ces peuples. Des presses vénitiennes
sortaient des ouvrages ou des traductions en différentes langues, traitant de géographie
(cosmographie), d’histoire, de littérature, de religion, et destinés à être vendus aux
clientèles lettrées de l’Empire ottoman. Imprimeurs et libraires croyaient dans le livre
et dans son importance culturelle et politique, dans sa fonction d’instrument de prestige
et de médiation. L’un des mérites de l’imprimerie vénitienne fut notamment de
compiler dans des ouvrages imprimés les savoirs techniques et scientifiques que les
savants des pays d’Islam avaient développés à l’époque de ce qu’il est convenu d’appeler
l’âge d’or de la civilisation arabo-musulmane (VIIIe-XIe siècle).
La comparaison entre les deux figures de « L’homme zodiaque », l’une islamique
d’origine persane (1) et l’autre européenne imprimée à Venise (2) illustre bien
cette épopée des savoirs qui renaît sous les presses de la Sérénissime. La page
persane en couleur (1) est un exemple tardif de l’homme zodiaque en islam dont
l’image s’est développée à l’époque médiévale. Émanant d’une tradition qui
remonte à l’Alexandrie hellénique (300 ans av. J.-C.), qui attribue
un signe astrologique à chaque partie du corps humain, cette figure était
utilisée par les médecins, en conjonction avec un calendrier, pour déterminer
notamment le meilleur moment pour opérer certains organes.
L’iconographie persane influença les représentations de l’homme zodiaque
dans les livres imprimés de la Renaissance et notamment le Fascicolo di medicina
de Johannes de Ketham publié pour la première fois en 1491.
La seconde édition (2), imprimée à Venise et augmentée avec des textes et de nouvelles
gravures sur bois, est considérée comme l’un des plus beaux exemples de l’école dite
« classique » de la gravure sur bois vénitienne du XVe siècle.
Venise servait d’entrepôt à nombre de produits de luxe comme les tapis et
les textiles en provenance des manufactures d’Orient et à destination de
l’Europe occidentale. La grande majorité des tapis d’Orient arrivant à
Venise aux XVe et XVIe siècles provenaient de l’Empire ottoman – soit
d’Anatolie, soit de l’Égypte tombée sous domination ottomane.
Il n’existe aujourd’hui aucun tapis ancien dont on puisse penser qu’il est
de fabrication vénitienne. En revanche, les peintres du nord de l’Italie ont
été les premiers à représenter les tapis dans leurs œuvres, et notamment
Lorenzo Lotto, vénitien d’adoption. Les tapis « Lotto », tissés en Anatolie
aux alentours de 1500, tirent leur appellation conventionnelle des œuvres du
[1]
peintre où ils figurent à plusieurs reprises. Le tableau représentant Giovanni della
Plat
Volta avec sa femme et ses enfants (3), montre un
Iznik, vers 1580
tapis orné de fines arabesques jaunes sur fond rouge.
Céramique à décor peint sous glaçure,
H. 5,2 cm ; D. 31,4 cm ; D. pied 15,8 cm
En effet, le motif caractéristique des tapis « Lotto »
Musée national de la Renaissance,
Château d’Ecouen
est une arabesque à motifs floraux connues en
© Photo de presse
© RMN / René-Gabriel Ojéda
Turquie sous le nom de rumi. La pièce conservée au
[4] Saint-Louis Art Museum (4) reprend également la
Tapis « Lotto »
Turquie, Anatolie, XVIe siècle bordure typique des tapis « Lotto » où s’entrelace un
motif élaboré à partir de l’écriture arabe coufique.
Laine, 170,1 x 109,2 cm
[3]
Avicenne
Canon
Venise, 1595
Encre sur papier,
36 x 25 cm
Paris, Bibliothèque
interuniversitaire de
médecine
© Paris, Bibliothèque
interuniversitaire de
médecine
[2]
Saint Louis, Saint Louis Art Museum,
Gift of James F. Ballard
© Saint Louis, Saint Louis Art Museum,
Gift of James F. Ballard
« L’Homme zodiaque »
Extrait de Johannes
de Ketham,
Fascicolo di Medicina
Publié par Johannes et
Gregorius de Gregoriis
Venise, 5 février 1493
[3]
Lorenzo Lotto
Portrait de Giovanni della Volta
et sa famille
Venise, 1547
Huile sur toile, 104 x 138 cm
Londres, The National Gallery,
Beaquethed by Miss Sarah Solly, 1879
© Londres, The National Gallery
Livre imprimé ; gravures sur bois,
41,9 x 29,8 cm
New York, The Metropolitan
Museum of Art, Harris Brisbane
Dick Fund, 1938
© The Metropolitan Museum of Art
Le frontispice du Fascicolo di medicina témoigne de l’importance des sources arabes.
Sur l’un des illustrations on aperçoit la bibliothèque médicale idéale qui comprend
notamment l’auteur arabe Avicenne (Ibn Sînâ).
La traduction latine du Canon d’Avicenne fut mise à jour par l’Italien Andrea Alpago
qui transita par le comptoir vénitien de Damas où il apprit l’arabe et des éléments de
la médecine islamique. À la Renaissance en Italie, le Canon d’Avicenne était considéré
comme l’ouvrage de référence par les étudiants en médecine. En 1521, l’imprimerie
Junta à Venise publia la première édition de la traduction établie par Alpago. L’édition
plus tardive de 1544 (3) s’ouvre sur une série de six images, qui montre un médecin
coiffé d’un turban. Il n’est pas certain que ce personnage soit Avicenne lui-même.
En revanche, la présence du turban rappelle la mode ottomane et particulièrement
le type de drapé souvent représenté par les artistes vénitiens au XVIe siècle.
L
es verriers vénitiens sont les héritiers directs des savoir-faire du monde musulman.
Matériaux, techniques et motifs venus d’Orient aident à l’essor de l’art du verre à
Murano, à la fin du XIIIe siècle. Au début du XVe siècle, les Vénitiens étaient passés
maîtres dans la fabrication d’un verre de parfaite transparence mis au point par un
verrier de Murano, le cristallo. Cette maîtrise conféra, aux XVe et XVIe siècles, une
véritable suprématie en Europe à ces maîtres verriers, experts depuis le XIIIe siècle.
L’emprunt à l’Orient présentait encore de multiples aspects : l’achat en Syrie de verre
brisé refondu ensuite à Venise, l’appropriation de certaines techniques telles que la
fabrication du verre « églomisé » (décoration au moyen d’une dorure intérieure soudée
au feu entre deux feuilles de verre), l’émail, la dorure, et bien entendu l’adoption de
motifs géométriques et floraux. Des verres diversement ornés furent très tôt rapportés
par des ambassadeurs, des marchands ou des pèlerins, et certains furent déposés dans le
trésor de la cathédrale Saint-Marc. Au début du XVe siècle, Venise exporte la verrerie de
Murano vers le Levant et répond à des commandes spécifiques pour ce marché.
Le gobelet conservé à Francfort (1) est représentatif de l’inspiration islamique initiale.
Le motif du griffon – emprunté à l’ancienne image classique – qu’affectionnait l’art
islamique médiéval est devenu ici un puissant symbole héraldique. Le lien avec le
monde islamique est souligné par la forme élancée et le travail raffiné qui caractérisent
ce verre – forme proche-orientale typique, pour les récipients à boire, qui se répand à
la fin du XIIe siècle.
Par sa forme – piédouche, corps globulaire, col évasé – et son décor émaillé et doré,
cette lampe de mosquée (2) est représentative de la production verrière en terre d’Islam
au temps des Ayyoubides et des Mamelouks. Les ateliers de Murano produiront dès le
XVe siècle des modèles similares destinés aux marchés du Levant.
Le pichet conservé au musée du Louvre (3) illustre les créations exubérantes des
peintres sur verre vénitiens du début du XVIe siècle.
Le décor principalement floral est conforme à la disposition
géométrique des motifs végétaux du répertoire islamique.
[1]
Gobelet
Venise, Murano,
fin du XIIIe et
début du XIVe siècles
Pichet
Venise, vers 1500-1510
Verre émaillé et doré,
H. environ 25 cm
Paris, musée du Louvre
© Photo de presse © RMN
de l’exposition
La situation géographique unique de Venise,
entre Orient et Occident, a permis à la Cité
des Doges d’entretenir pendant des siècles
des rapports privilégiés avec les dynasties
islamiques les plus puissantes. Le raffinement
artistique et les avancées scientifiques de la
civilisation islamique, notamment en médecine,
mécanique, astronomie et mathématique
modifièrent considérablement l’attitude des
Vénitiens à l’égard de la culture orientale.
Avides de nouveaux savoirs, les commerçants
et les artisans de Venise acquièrent et imitent
alors avec ardeur les techniques de l’Orient
dans la manufacture du verre, du cuir ou
d’étoffes. L’art, la culture et l’imaginaire des
Vénitiens se colorent progressivement
d’Orient après des siècles d’échange et de
dialogue avec le monde oriental.
Chaque culture puise à ses propres racines,
mais ne s’épanouit qu’au contact des autres
cultures. L’exposition Venise et l’Orient
illustre ce dialogue interculturel fondé sur
l’échange de savoirs, de valeurs et de biens par
l’intermédiaire de l’art, du commerce et des
migrations. A travers ses actions de mécénat,
Total souhaite préserver et promouvoir cette
diversité culturelle. Présent dans cent trente
pays et sur les cinq continents, Total emploie
des milliers d’hommes et de femmes, de toutes
formations, cultures et origines. Dans le
développement de ces activités pétrolières et
gazières, le Groupe privilégie le dialogue, la
concertation et s’attache à forger des relations
harmonieuses et pérennes avec l’ensemble
des communautés qui accueillent ses activités.
CATALOGUE DE L’EXPOSITION
Venise et l’Orient
Sous la direction de Stefano Carboni
© Gallimard, Institut du monde arabe,
The Metropolitan Museum of Art, 2006
Format 230 x 287, 320 pages
Versions française & anglaise
Tarif 65 €
Venise et l’Orient
Écrit par Aurélie Clemente-Ruiz
Hors-série Coll. «Découvertes Gallimard»
© Gallimard, 2006
Tarif 7,90 €
Venise et l’Orient
Hors-série du magazine Connaissance des Arts
68 pages
Tarif 9 €
DVD
Venise et l’Orient
Réalisé par Robert Pansard-Besson
© Coproduction Arkab Productions,
Institut du monde arabe
Durée 52 minutes
Tarif 25 €
AUDIOGUIDE
Venise et l’Orient
Depuis plus de quatre-vingts ans, le Groupe
noue avec le Moyen-Orient des partenariats
de long terme fondés sur le respect de chaque
pays hôte, sur le transfert de technologies et
sur la formation des personnels locaux.
Verre émaillé,
H. 11,3 cm ; D. 9,5 cm
Frankfurt, Museum für
Angewandte Kunst
© Frankfurt, Museum für
Angewandte Kunst
[3]
Total, mécène
Publications
de l’appropriation des techniques du monde arabe
à l’exportation des productions vers l’Orient
Mécénat
Thématiques
L’art du verre à Murano :
[2]
Lampe de mosquée
Syrie, vers 1329 -1335
Verre émaillé, H. 35,5 cm
New York, The Metropolitan Museum of Art,
Gift of J. Pierpont Morgan, 1917
© The Metropolitan Museum of Art
En apportant son soutien
à l’exposition Venise et l’Orient,
Total souhaite témoigner
de son intérêt pour
la culture et le patrimoine
du monde arabe.
© Société Orphéo France, 2006
Durée 1 heure
Versions française & anglaise
Tarif 5 € (location à la visite)
JEUNESSE
Livret Jeunes
Venise et l’Orient
Écrit par Jean-Claude Hocquet
© Institut du monde arabe, 2006
Tarif 6 €
Venise 01
Venise 08
Venise 16
Anonyme Vénitien,
Audience d’une ambassade
vénitienne dans une ville orientale
Venise, 1511
Ludovico Dolce (1508-1568),
Le Trasformazioni
Venise, 1553
Gobelet
Venise, fin du XVe siècle
Venise 09
Verre émaillé et doré, H. 10 cm ;
D. bord 8,1 cm ; D. pied 6,2 cm
Corning, New York, The Corning Museum
of Glass
© Corning, New York, The Corning
Museum of Glass
Venise 02
Reliure
Iran, fin du XVIe siècle
Venise 17
Vittore Carpaccio
(1450-1525) et collaborateurs,
La Prédication de saint Étienne
à Jérusalem
Venise, vers 1514
Cuir estampé repoussé, doré et incrusté
de lapis-lazuli, 35,6 x 25,4 cm
New York, The Metropolitan Museum of
Art, Rogers Fund, 1956
© 2006, The Metropolitan Museum of Art
Huile sur toile, 175 x 201 cm
Paris, musée du Louvre
© Photo de presse © RMN/Gérard Blot/
Jean Schormans
Huile sur toile, 148 x 194 cm
Paris, musée du Louvre
© Photo de presse © RMN
Venise 03
Reliure de cuir repoussé, 25,8 x 18 cm
Venise, Fondazione Giorgio Cini
© Venise, Fondazione Giorgio Cini
Venise 10
Velours
Probablement vénitien ou turc,
début du XVIe siècle
Huile sur toile, 79,5 x 136,7 cm ;
© Vérone, Museo di Castelvecchio
Velours de soie et de fil métallique coupé,
ciselé et broché, 109,2 x 65,4 cm
New York, The Metropolitan Museum of
Art, Rogers Fund, 1953
© 2006, The Metropolitan Museum of Art
Venise 04
Venise 11 et 11bis
Anonyme vénitien, Copie
d’après Gentile Bellini,
Sultan Mehmed II
Venise, probablement XVIe siècle
Vantaux de porte
Venise, fin du XVIe siècle
Mansueti Giovanni,
L’Adoration des mages
Venise, début du XVIe siècle
Huile sur bois, 19,7 x 14,8 cm
Collection Joli Quentin Kansil
© J.Q. Kansil
Venise 04bis
Attribué à Gentile Bellini
Le Sultan Mehmed II
1480
Huile sur toile, 69,9 x 52,1 cm
Londres, The National Gallery,
Layard Bequest, 1916
© Londres, The National Gallery
Bois, pierres semi-précieuses
et nacre peinte,
H. 146,5 cm ; l. 52,5 cm
Londres, Rainer Zietz Ltd
© Londres, Rainer Zietz Ltd
Venise 12
Mahmûd al-Kûrdî
Plateau
Venise (?), fin du XVe et début
du XVIe siècles
Laiton incrusté d’argent, D. 32 cm
Paris, musée du Louvre
© Photo de presse © RMN/Jean-Gilles
Berizzi
Venise 05
« L’Homme zodiaque »
Extrait de Johannes de Ketham,
Fascicolo di Medicina
Publié par Johannes et Gregorius
de Gregoriis
Venise, 5 février 1493
Livre imprimé ; gravures sur bois,
41,9 x 29,8 cm
New York, The Metropolitan Museum of
Art, Harris Brisbane Dick Fund, 1938
© The Metropolitan Museum of Art
Venise 06
« L’Homme-zodiaque »
Iran, XVIIIe-XIXe siècle
Encre et couleur à l’eau sur papier,
31,3 x 21,2 cm
Londres, Wellcome Library
© The Trustees of the Wellcome Trust
Venise 07 et Venise 07bis
Avicenne
Canon
Venise, 1595
Encre sur papier, 36 x 25 cm
Paris, Bibliothèque interuniversitaire
de médecine
© Paris, Bibliothèque interuniversitaire
de médecine
Venise 13
Chandelier
Venise, XVIe siècle
Laiton incrusté d’argent, H. 19,1 cm ;
D. base 17,8 cm
The Metropolitan Museum of Art,
Gift of J. Pierpont Morgan, 1917
© 2006, The Metropolitan Museum of Art
Venise 14
Pichet
Venise, vers 1500-1510
Verre émaillé et doré, H. environ 25 cm
Paris, musée du Louvre
© Photo de presse © RMN
Venise 15
Gobelet
Venise, Murano,
fin du XIIIe et début du XIVe
siècles
Verre émaillé, H. 11,3 cm ; D. 9,5 cm
Frankfurt, Museum für Angewandte Kunst
© Frankfurt, Museum für Angewandte
Kunst
Plat
Padoue, 1633
Céramique siliceuse peinte sous
glaçure, D. 26 cm
Sèvres, musée national de Céramique
© Photo de presse © RMN/Martine
Beck-Coppola
Venise 18
Plat
Iznik, vers 1580
Céramique à décor peint sous glaçure,
H. 5,2 cm ; D. 31,4 cm ; D. pied 15,8 cm
Musée national de la Renaissance,
Château d’Ecouen
© Photo de presse
© RMN / René-Gabriel Ojéda*
Informations pratiques
Visuels pour la presse
Ces photos ne peuvent être utilisées libres de droits que dans le cadre de la médiatisation et pendant
la durée de l’exposition « Venise et l’Orient » présentée à l’Institut du monde arabe du 3 octobre 2006
au 18 février 2007. Pour toute autre utilisation, merci de demander l’autorisation des ayants droits cités
dans les copyrights. À noter, la RMN applique un tarif non-profit pour les droits de reproduction des
images gérées par l’agence (54 € HT par photo reproduite sur le web ou dans la presse),
vous devez donc adresser un justificatif à la RMN pour l’utilisation dont le copyright est noté « © RMN »)
Institut du monde arabe
Salle d’exposition (niv. 1 & 2)
Entrée par la faille (côté Seine)
1, rue des Fossés-Saint-Bernard
Place Mohammed-V
75005 Paris
Horaires
Du mardi au vendredi de 10 h à 18 h,
les week-ends et jours fériés de 10 h à 19 h,
nocturne le jeudi jusqu’à 21 h.
Tarifs*
Entrée : 10 € (plein), 8 € (réduit*), 6 € (moins 26 ans)
IMA Pass (Musée & Exposition) : 12 € (plein),
11 € (réduit*), 8 € (moins de 26 ans)
Entrée libre : Amis de l’IMA, carte ICOM /
ICOMOS, moins de 12 ans, handicapés,
conférenciers, guides touristiques.
Visites guidées*
Visite avec une conférencière : tous les jours sauf
le lundi à 14h30 et 16h30 : 15 € (plein),
13,5 € (réduit*), 11,5 € (moins de 26 ans)
Audioguide (français & anglais) : 5 €
Venise 21
Lorenzo Lotto
Portrait de Giovanni della Volta
et sa famille
Venise, 1547
Huile sur toile, 104,5 x 138 cm
Londres, The National Gallery,
Bequeathed by Miss Sarah Solly, 1879
© Londres, The National Gallery
S’y rendre
Par le métro : Jussieu, Cardinal-Lemoine,
Sylly-Morland
Par le bus : 24, 63, 67, 86, 87, 89
En voiture : Parking Maubert-Saint-Germain –
39, bd Saint-Germain – 75005 Paris
Accès handicapés facilité
Venise 22
Giovanni Battista Tiepolo
Deux orientaux assis sous
un arbre
Vers 1757
Huile sur toile, 159 x 53 cm
Londres, The National Gallery, Bought, 1960
© Londres, The National Gallery
Venise 23
Tapis « Lotto »
Turquie, Anatolie XVIe siècle
Laine, 170,1 x 109,2 cm
Saint Louis, Saint Louis Art Museum,
Gift of James F. Ballard
© Saint Louis, Saint Louis Art Museum,
Gift of James F. Ballard
Venise 24
Cesare Vecellio (1521-1601)
“La favorita del Turco”
(“La favorite du Turc”)
Extrait de De gli habiti
antichi et moderni di diversi
parti del mondo, libri due
Publié par Damiano Zenaro
Venise, 1590 (1e édition)
Livre imprimé, 412 gravures sur bois de
Christoph Krieger, 16,9 x 13 cm
New York, The Metropolitan Museum of
Art, Museum Accession, transferred from
the Library, 1925
© 2006, The Metropolitan Museum of Art
Billetterie
IMA / Fnac / Ticketnet : 0 892 702 604 (0,34 €/min)
ou www.imarabe.org
Renseignements
Tél. 01 40 51 38 38 ou 01 40 51 38 11 (serveur vocal)
ou www.imarabe.org
Réservation des groupes
Du lundi au jeudi de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 17 h
Tél. 01 40 51 38 45 ou 01 40 51 39 54
* Bénéficient du tarif réduit :
Étudiants, enseignants, demandeurs
d’emplois, LTP (Justificatif à présenter)
Contact presse
Salwa Al Neimi
Tél. 01 40 51 39 82 ou [email protected]
Portrait du Sultan Mehmed II © Londres, The National Gallery - Portrait du Doge Giovanni Mocenigo © Venise, Museo Civico Correr - Conception :
1, rue des Fossés-Saint-Bernard
Place Mohammed-V
75005 Paris
Tél. 01 40 51 38 38
www.imarabe.org
/ Zaoum
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