DÉCEMBRE 2003 Volume 1, numéro 3 Ophtalmologie MC Conférences Scientifiques COMPTE RENDU DES CONFÉRENCES SCIENTIFIQUES DU DÉPARTEMENT D’OPHTALMOLOGIE ET DES SCIENCES DE LA VISION, FACULTÉ DE MÉDECINE, UNIVERSITÉ DE TORONTO La blépharoplastie supérieure et inférieure PAR DAN D. D E A NG E LI S M.D., F.R.C.S.(C) En ophtalmologie, la chirurgie plastique et réparatrice a considérablement évolué au cours des dernières décennies. Les procédés qui étaient auparavant du domaine du chirurgien plasticien ont été intégrés aux pratiques adoptées par l’ensemble des ophtalmologistes, chirurgiens plasticiens en ophtalmologie et autres médecins formés en sous-spécialités. Mais plus important, ces toutes nouvelles techniques supposent une plus vaste connaissance pratique des structures anatomiques critiques, dans la mesure où les limites de notre expertise chirurgicale s’étendent au-delà de la région périorbitaire. Le visage est un élément clé de l’émotion et de la reconnaissance interpersonnelle et il est topographiquement organisé de sorte que les yeux et la région périoculaire se trouvent au centre. À ce niveau, ils occupent la position clé pour refléter les émotions et sentiments intérieurs. Leur importance est des plus évidentes dans les cercles sociaux, où les personnes peuvent passer des commentaires et juger les autres uniquement en fonction de leurs traits faciaux et périoculaires. Une recherche a indiqué que des variations dans l’architecture faciale, et notamment une hyperélasticité cutanée, peuvent suffire pour susciter une impression négative sur les qualités et caractéristiques propres à une personne1. C’est, entre autres, pour cette raison qu’un grand nombre de personnes se tournent vers la chirurgie cosmétique. Les yeux et les annexes de l’œil ne sont pas des entités indépendantes isolées, mais d’importantes structures qui s’étendent entre un grand lambeau musculo-cutané qui s’étend sur la face antérieure depuis l’occiput jusqu’aux limites les plus inférieures des muscles peauciers du cou. Un réseau complexe sous-cutané de tissu conjonctif et de muscles permet des mouvements harmonieux des structures faciales. Des forces externes, telles que le traumatisme, le vieillissement et la gravité, peuvent ébranler ces structures architecturales et provoquer des changements à divers degrés qui ont des manifestations visibles. Le grand nombre de personnes qui optent pour la chirurgie cosmétique sur une base annuelle est reflété dans les statistiques de l’American Society for Aesthetic Plastic Surgery. Le nombre d’interventions cosmétiques effectuées chaque année depuis 1997 s’est constamment accru – d’au moins un million d’interventions annuellement – pour atteindre un total de près de 8,5 millions d’interventions cosmétiques en 20012. Bien que les interventions non chirurgicales, telles que le traitement à la toxine botulinique, le resurfaçage au laser, l’injection d’agents de remplissage et la micro-dermabrasion, soient devenues plus populaires, le nombre d’interventions chirurgicales cosmétiques continue aussi d’augmenter. Ce numéro de Ophtalmologie – Conférences scientifiques se penche sur deux de ces procédés chirurgicaux : la blépharoplastie et le remodelage endoscopique du sourcil. Blépharoplastie cosmétique La blépharoplastie est l’opération de choix pour les patients qui se plaignent principalement d’avoir soit trop de peau (hyperélasticité cutanée) et (ou) un important prolapsus gras (stéatoblépharon) des paupières. L’excédent de peau est plus communément observé dans la paupière supérieure, tandis que le prolapsus gras est plus commun dans la paupière inférieure. La mince consistance de la peau accentue les problèmes de redondance et esthétiques. La nature mobile du tissu fait que l’on observe plus volontiers la formation de fines rides à cet endroit. Des modalités d’appoint, telles que le resurfaçage au laser à gaz carbonique (CO2) et le traitement à la toxine botulinique, peuvent améliorer et optimiser les résultats chez ces patients. L’art de la correction chirurgicale de l’hyperélasticité cutanée repose sur la capacité à améliorer l’aspect cosmétique de la région périoculaire, tout en laissant une quantité minimum de paupière et de tissu sous-cutané pour permettre aux yeux de bien se fermer et de protéger les structures oculaires. Les problèmes d’ordre esthétique ou fonctionnel peuvent être d’une importance capitale pour le patient présentant une hyperélasticité cutanée. Les problèmes esthétiques peuvent être associés FACU LT Y O F M E D I C I N E Un i v e r s i t y o f To r o n t o Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision Jeffrey Jay Hurwitz, M.D., Rédacteur Professeur et président Martin Steinbach, M.D. Directeur de la recherche The Hospital for Sick Children Elise Heon, M.D. Ophtalmologiste en chef Mount Sinai Hospital Jeffrey J. Hurwitz, M.D. Ophtalmologiste en chef Princess Margaret Hospital (Clinique des tumeurs oculaires) E. Rand Simpson, M.D. Directeur, Service d’oncologie oculaire St. Michael’s Hospital Alan Berger, M.D. Ophtalmologiste en chef Sunnybrook and Women’s College Health Sciences Centre William S. Dixon, M.D. Ophtalmologiste en chef The Toronto Hospital (Toronto Western Division and Toronto General Division) Robert G. Devenyi, M.D. Ophtalmologiste en chef Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision Faculté de médecine Université de Toronto 60 Murray St. Bureau 1-003 Toronto (Ontario) M5G 1X5 Le contenu rédactionnel d’Ophtalmologie – Conférences scientifiques est déterminé exclusivement par le Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision, Faculté de médicine, Université de Toronto. Figure 1 : Ce patient de 70 ans présente une hyperélasticité cutanée grave obstruant sa vision et réduisant son champ visuel. aux commentaires sur leur air « fatigué » ou « épuisé », mais il s’agit véritablement d’un problème fonctionnel chez les patients qui doivent soulever à la main l’excès de peau pour dégager leur axe visuel. Le patient peut également remarquer une perte de son acuité visuelle centrale ou une diminution de son champ visuel central ou périphérique, lesquelles sont attribuables à l’obstruction mécanique directe du champ visuel (Figure 1). Certaines femmes peuvent se plaindre d’avoir de la difficulté à appliquer du fard et du mascara sur leurs paupières supérieures. Les plaintes peuvent aussi porter sur la céphalée en casque ou la migraine, causées par la sur-utilisation chronique des muscles frontaux. L’étiologie de l’hyperélasticité cutanée et un grand nombre des changements observés dans la région périorbitaire sont secondaires au processus de vieillissement. Avec le temps, le collagène que contiennent les minces tissus des paupières subit une dégénérescence due aux rayons ultraviolets (UV) et au vieillissement. Les collagénases, provenant de l’épiderme endommagé, contribuent également à la dégénérescence et à l’enchevêtrement des fibres de collagène individuelles3. Les fibres élastiques sous-jacentes sont aussi endommagées par l’exposition aux rayons UV solaires, bien qu’une grande proportion de ces dommages se soit déjà produite pendant la jeunesse4. Les forces gravitationnelles jouent aussi un rôle important dans la redondance des tissus. Le vieillissement chronologique est accompagné d’un affaissement mécanique des sourcils et de la graisse rétroorbiculaire des paupières (GROP), ce qui contribue à la redondance tissulaire de la paupière supérieure. La contraction répétée des muscles orbiculaires pendant de nombreuses années contribue à l’étirement septal orbitaire, à l’atténuation et au prolapsus graisseux. Le prolapsus graisseux est plus communément observé dans la partie médiale des paupières supérieures, et dans les parties centrale et latérale des paupières inférieures. L’hérédité et d’autres facteurs environnementaux, tels que le tabagisme et la nutrition, peuvent également contribuer à l’aspect des paupières. Évaluation L’examen ophtalmologique permet au médecin de déterminer si le patient est un candidat qualifié à la chirurgie. L’évaluation de l’acuité visuelle et du champ visuel, avec les paupières en leur état naturel et avec l’excès de tissu soulevé, est essentielle pour consigner l’importance des déficits de l’acuité visuelle et (ou) du champ visuel attribuables à l’hyperélasticité cutanée. L’évaluation de la ptôse peut être difficile en présence d’une importante hyperélasticité cutanée, mais elle est essentielle, car la véritable ptôse n’est pas traitée au moyen des techniques standard de blépharoplastie. L’évaluation de la motilité extraoculaire est importante pour déceler des déficits fonctionnels dans la verticalité du regard. L’utilité d’effectuer un test préopératoire de Schirmer demeure controversée; il peut toutefois fournir d’importants renseignements sur l’état du film lacrymal5. Un examen à la lampe à fente pour déceler une lagophtalmie, une kératite ponctuée superficielle et une érosion récidivante de la cornée est utile pour consigner l’état du film lacrymal. Un examen des paupières inférieures peut révéler diverses combinaisons d’herniation graisseuse orbitaire, de rhytides ou d’excès de peau de la paupière inférieure. Il est essentiel d’examiner les paupières inférieures afin d’y déceler tout signe de laxité et de rétraction préexistante. Une importante laxité de la paupière inférieure peut prédisposer les patients à une rétraction de la paupière inférieure et à une manifestation sclérale si elle n’est pas corrigée avant ou pendant la blépharoplastie. Un traitement préopératoire permet l’identification de variables pouvant potentiellement mener à un résultat chirurgical non optimal. Le médecin doit, d’abord et avant tout, déterminer dans quelle mesure le patient a des objectifs réalistes et des attentes raisonnables, et si la blépharoplastie seule constitue ou non l’intervention de choix pour régler ces problèmes. Les patients sont avisés d’éviter l’aspirine, l’ibuprofen et tout médicament similaire au moins pendant les deux semaines précédant l’intervention, car ces médicaments peuvent causer des saignements pendant et après l’opération. Il est important d’interroger les patients sur leur consommation de médicaments à base d’herbes, car les constituants tels que le gingembre, le gingko et le ginseng asiatique sont connus pour accroître le saignement pendant les opérations chirurgicales 6. Des agents antiviraux prophylactiques sont administrés lorsqu’un resurfaçage au laser à gaz carbonique (CO2) doit être effectué. Les patients sont également avisés qu’ils doivent cesser de fumer, car la cigarette réduit la circulation cutanée et entrave la cicatrisation. Les principes du traitement De manière traditionnelle, une incision cutanée au moyen d’un scalpel constituait l’approche préférée, mais il existe de nouvelles options, dont des appareils à haute fréquence et des lasers à gaz carbonique. L’approche chirurgicale visant à enlever l’excès de gras dans les paupières inférieures a également connu un changement de paradigme. L’approche sous-ciliaire de la blépharoplastie inférieure constitue la norme supérieure pour corriger l’hyperélasticité cutanée de la paupière inférieure et elle peut toujours constituer l’intervention la plus appropriée dans certains cas. Cependant d’autres approches ont été adoptées lorsqu’il a été reconnu que l’approche sous-ciliaire causait une rétraction de la paupière inférieure et des manifestations sclérales chez certains patients 7. La re-suspension simultanée du canthus externe, en plus de la blépharoplastie sous-ciliaire, a également été prônée pour réduire l’incidence de rétraction de la paupière inférieure. De nombreux chirurgiens ont opté pour la blépharoplastie inférieure Figure 2 : Photos A. avant l’opération et B. quatre mois après l’intervention d’un patient présentant une hyperélasticité cutanée modérée de la paupière supérieure après une blépharoplastie simple. Figure 3 : Aspect A. préopératoire et B. six mois après l’intervention d’un patient ayant subi une blépharoplastie transconjonctivale inférieure au moyen d’un resurfaçage au laser à CO2. A A B B transconjonctivale afin de réduire l’incidence de telles complications. La blépharoplastie transconjonctivale a l’avantage de permettre l’excision et le retrait du gras avec un risque nettement moindre de rétraction de la paupière inférieure. À l’occasion, le retrait du gras dans la paupière inférieure peut entraîner la formation accrue de fines rides et la redondance de la peau des paupières inférieures, compte tenu de l’étirement chronique de la peau. Ces fines rhytides sont difficiles à traiter au moyen des techniques de blépharoplastie traditionnelles et, pour cette raison, le resurfaçage superficiel au laser a été prôné comme traitement d’appoint à la blépharoplastie. Carter et al ont démontré que la combinaison de la blépharoplastie transconjonctivale avec le resurfaçage d’appoint au laser à CO2 réduit l’incidence de rides postopératoires et améliore l’aspect cosmétique ultime8. La technique de blépharoplastie supérieure Au moins 10 mm de paupière devraient être laissés entre l’incision supérieure et les poils les plus bas du sourcil, car une résection cutanée excessive peut tirer le sourcil vers le bas ou causer des problèmes d’occlusion de la paupière. Une prémédication de 5 à 10 mg de midazolam peut être administrée 15 minutes avant l’intervention. Une anesthésie locale composée de 2 % de lidocaïne combinée à de l’épinéphrine et à de l’hyaluronidase dosées à 1:100 000 est utilisée en infiltration sous-cutanée. Un scalpel ou le laser à CO2 est utilisé pour pratiquer les incisions cutanées, lesquelles suivent avec précision les contours des marques préopératoires. La peau et le muscle orbiculaire sont excisés en une seule couche pour exposer la cloison orbitaire. Une hémostase méticuleuse est essentielle. Une fois la cloison orbitaire incisée, le gras pré-aponévrotique est visible, recouvrant l’aponévrose du muscle releveur. Le gras est doucement séparé de ses attaches à l’aponévrose du muscle releveur sous-jacente, puis excisé au moyen de techniques hémostatiques. L’excision hémostatique du gras peut être effectuée au moyen d’un cautère portatif, d’appareils à haute fréquence, d’un cautère bipolaire ou de lasers. Un modelage plus approfondi de la graisse rétro-orbiculaire des paupières (GROP) peut également être nécessaire dans certains cas. Une fois l’hémostase adéquate terminée, la suture peut être effectuée au moyen de catgut 6-0 non absorbable ou rapidement résorbable. L’utilisation de fixations sus-tarsiennes lors de la suture finale permet la création d’un sillon agréable sur le plan cosmétique alors que les tissus cicatrisent (Figure 2). La technique de blépharoplastie inférieure transconjonctivale L’approche chirurgicale transconjonctivale constitue l’intervention de choix en présence de poches graisseuses particulièrement importantes sans excès de peau ni rhytides profondes. Les importantes poches graisseuses devraient idéalement être marquées alors que le patient est en position verticale, car leur importance s’amenuise une fois le patient en position couchée. Après l’application de gouttes topiques de proparacaïne dans le fornix conjonctival, l’anesthésie locale est pratiquée de manière transconjonctivale dans les poches graisseuses. Un écarteur de Desmarres est utilisé pour écarter la paupière inférieure, et une plaque palpébrale est insérée dans le fornix inférieur afin de protéger le globe oculaire. Tous les instruments utilisés lors d’une blépharoplastie avec laser à CO2 doivent être non-réfléchissants. Une incision à travers la conjonctive et les écarteurs de la paupière inférieure est alors pratiquée au moyen du laser à CO 2, environ 5 mm sous la bordure tarsienne inférieure. Les poches graisseuses médiale, centrale et latérale sont identifiées par dissection additionnelle à travers les écarteurs de la paupière inférieure. La visualisation du gras peut être optimisée en appliquant une légère pression sur le globe oculaire. Les poches graisseuses orbitaires sont excisées en portant une attention particulière à l’hémostase. Le modelage des poches graisseuses médiale et centrale doit être effectué avec un soin particulier, car le muscle oblique inférieur s’étend entre elles et un traumatisme à ce muscle peut mener à la diplopie. La paupière inférieure est ensuite remise à sa position d’origine, et son contour est réévalué. Au besoin, une plus grande quantité de gras peut être excisée des régions dominantes ou, inversement, des perles de gras peuvent être réintroduites dans des régions plus affaissées de la paupière inférieure. Si un resurfaçage d’appoint au laser à CO 2 doit être effectué, une nouvelle anesthésie infiltrante sous-cutanée est pratiquée. Un protecteur scléral métallique non réfléchissant est placé sur le globe oculaire, et le resurfaçage est effectué au moyen d’un laser à CO2 dont les paramètres sont spécifiquement établis par le chirurgien. Les rhytides sont traitées de manière confluante, perpendiculairement à la marge de la paupière. Les débris sont ensuite doucement enlevés à l’aide de gaze imbibée de solution saline. Au besoin, d’autres passages peuvent être effectués pour obtenir le degré de traitement et le resserrement cutané voulus. Enfin, un onguent antibiotique et des pansements de Cellophane sont appliqués sur les régions resurfacées (Figure 3). Soins postopératoires Des compresses fraîches et un onguent antibiotique topique constituent le principal traitement au cours de la période qui suit immédiatement l’intervention. Des antibiotiques systémiques et des corticostéroïdes à dose rapidement dégressive peuvent également être prescrits sur une base individuelle. Les patients qui subissent régulièrement un resurfaçage au laser reçoivent des antibiotiques systémiques, des antiviraux et, souvent, de la prédnisone après l’intervention. Ces patients doivent en outre s’assurer de protéger toutes les régions traitées contre le soleil. L’enlèvement des points de suture, le cas échéant, se fait généralement cinq à sept jours après l’intervention. Les patients sont avisés d’éviter toute activité physique intense pendant la première semaine suivant l’opération afin de réduire l’incidence d’hématomes et d’œdème postopératoires. Complications La complication la plus dévastatrice après une blépharoplastie est l’hémorragie orbitaire doublée de cécité. On rapporte une incidence de 0,04 %, bien que ce chiffre corresponde sans doute à une sous-estimation compte tenu du manque de données rapportées. L’étiologie peut être multifactorielle, mais elle inclut probablement une traction excessive des poches graisseuses antérieures combinée à de mauvaises hémostase et visualisation peropératoires. Ceci provoque une compression du nerf optique et une ischémie secondaire du nerf optique. Le traitement comprend le diagnostic précoce, une canthotomie et une cantholyse latérales et l’administration d’agents systémiques antihypertenseurs pour soulager l’ischémie. Bien que cela soit rare, il arrive qu’une décompression orbitaire soit nécessaire. Les complications localisées dans les tissus mous sont plus souvent associées à un excès de peau ou au retrait de gras plutôt qu’à une insuffisance de peau et au retrait de gras. Des cas de lagophtalmie légère peuvent se produire, lesquels sont généralement résolus après une chirurgie de la paupière, mais une lagophtalmie prononcée peut causer une irritation oculaire, une kératite lagophtalmique et une kératite infectieuse. Ceci peut être aggravé par des dommages causés par inadvertance à la glande lacrymale, allant jusqu’à l’excision, pendant la chirurgie. Un sillon supérieur plus affiné peut être plus acceptable chez les femmes que chez les hommes, mais un retrait excessif de gras peut se traduire par un sillon supérieur creux peu seyant. Des plis multiples ou asymétriques au niveau de la paupière peuvent être le résultat d’un mauvais marquage préopératoire ou d’une incision pratiquée au mauvais endroit. Lors du rajeunissement de la paupière inférieure, le retrait de l’excès de peau en présence d’une laxité horizontale de la paupière peut résulter en un « œil rond » avec dystopie et ectropion du canthus latéral. La résolution de ce problème peut nécessiter un relâchement lamellaire moyen, la mise en place d’une pièce d’espacement au niveau de la lamelle postérieure, une re-suspension médiofaciale ou, à l’occasion, une greffe cutanée au niveau de la lamelle antérieure. Enfin, compte tenu de la proximité du muscle oblique inférieur avec la poche graisseuse centrale de la paupière inférieure, une diplopie passagère peut également se produire après l’intervention. Remodelage endoscopique du sourcil Le rôle de la position des sourcil dans l’esthétique médiofaciale a été largement ignoré et mésestimé. Leurs mouvements clés influent profondément sur l’animation et l’expression faciales. Dans la mesure où ils occupent les limites supérieures de la région médiofaciale, une position anormale peut causer une asymétrie et engendrer des problèmes esthétiques et fonctionnels. Comme dans le cas de la chirurgie de la paupière, l’objectif du rajeunissement des sourcils est de donner à la région périorbitaire un nouvel aspect de jeunesse. La correction de la ptôse du sourcil peut également contribuer à améliorer les lignes et sillons horizontaux, grâce au retrait des muscles et tissus qui causent le froncement. Pendant des décennies, le remodelage du sourcil par ouverture coronale a constitué la norme par excellence du rajeunissement du front. Les chirurgiens ont favorisé cette méthode car elle permet de clairement exposer l’ensemble des structures anatomiques importantes, en particulier pour ceux ne disposant pas des instruments endoscopiques appropriés ou qui ne se sentent pas à l’aise avec cette technologie ou avec la courbe d’apprentissage sous-jacente. Bien que certains chirurgiens favorisent toujours cette technique pour le rajeunissement du front, il est clair que l’approche endoscopique est de plus en plus favorisée. La technique endoscopique a évolué avec la mise en application d’interventions de rajeunissement facial plus complexes 9 . En fait, certains rapports donnent à penser que les résultats de cette approche peuvent équivaloir, voire surpasser, d’autres méthodes de rajeunissement du front10,11. L’approche endoscopique présente des avantages très nets, dont des incisions plus petites, ce qui réduit la cicatrisation, l’engourdissement, le saignement, l’alopécie et donne lieu à une période de récupération beaucoup plus courte qu’avec l’approche coronale. Évaluation Il est encore une fois essentiel de déterminer quels candidats se qualifient pour cette intervention. Les patients qui affirment que hausser les sourcils améliore leur vision peuvent effectivement nécessiter une blépharoplastie et (ou) une réparation de la ptôse. Un remodelage du sourcil en présence de ptôse ne dégagera en aucun cas les paupières de l’axe visuel. De même, le patient présentant une hyperélasticité cutanée et une ptôse involutive du sourcil et optant pour la blépharoplastie seule doit comprendre qu’un nouvel affaissement du sourcil peut se produire après l’intervention. Outre l’examen soigneux du contour et Ophtalmologie Conférences Scientifiques Figure 4 : Un plan de dissection vasculaire sous-périostée utilisé au cours du remodelage endoscopique du sourcil. L’endoscope est pointé vers le bord sus-orbitaire inférieur. La petite flèche représente l’os frontal, et la grande flèche pointe vers le périoste réfléchi au-dessus du faisceau neurovasculaire. Figure 5 : Photos A. avant l’opération et B. après l’intervention d’un patient avant et six mois après un remodelage endoscopique du sourcil. Remarquez l’aspect plus jeune et plus détendue de la région périorbitaire. A de la position du sourcil, l’évaluation de la position de la ligne de contour de la chevelure est également essentielle, car les patients ayant une ligne de contour très élevée pourraient tirer un meilleur parti d’une approche endoscopique que d’une ouverture coronale. Enfin, il faut tenir compte des différences entre les contours des sourcils : les sourcils des hommes ont un profil relativement plat et bas, alors que ceux des femmes ont généralement le tiers latéral arqué. Technique Le remodelage endoscopique du sourcil peut être effectué sous anesthésie générale ou sous sédation consciente. Une sédation intraveineuse de midazolam et de fentanyl et une analgésie locale combinant des agents d’action brève et longue peuvent procurer une anesthésie suffisante pour la durée de l’intervention. Des anesthésies tronculaires locales et des injections dans un garrot vasculaire permettent de maintenir l’hémostase pendant l’intervention. Cinq incisions sont généralement pratiquées dans le cuir chevelu : 1 incision centrale, 2 incisions paracentrales et 2 incisions temporales. Les incisions sont pratiquées vers le bas, au centre jusqu’au périoste et à travers la peau et le tissu sous-cutané au niveau de la couche superficielle de l’aponévrose profonde temporale. Puisque l’approche endoscopique repose beaucoup sur les instruments permettant la visualisation, un plan de dissection sous-périosté relativement sans saignement est idéal et permet un accès facile à tous les repères clés (Figure 4). Bien que de nombreux facteurs importants soient associés à la chirurgie endoscopique du sourcil, aucun n’est plus critique que la compréhension du trajet du nerf facial dans les diverses couches du tissu conjonctif. Tout dommage porté à ce nerf le long des branches frontales ou zygomatiques peut entraîner une paralysie faciale permanente. Pour obtenir une mobilité complète du cuir chevelu, la dissection temporale des cavités doit B être liée à la dissection centrale sous-périostée des cavités. Un plan de dissection temporal à central assure que le nerf facial demeure en superficie et qu’il ne risque pas d’être endommagé par inadvertance. La libération périostique est également un facteur important de tout remodelage endoscopique du sourcil. Une libération périostique adéquate tout le long des bords sus-orbitaires permet la mobilité complète du lambeau musculo-cutané. Ceci nécessite la dissection jusqu’à l’occiput et d’une oreille à l’autre pour permettre ensuite la mobilisation complète du cuir chevelu. La libération périostique endoscopique peut être effectuée au moyen du laser à CO 2 , d’un dissecteur périostique affilé ou de pinces à dissection endoscopiques. Les muscles sourcilier et procerus doivent en outre être complètement libérés afin d’obtenir un contour frontal lisse et permettre ainsi le remodelage médial des sourcils. Auparavant, cette opération était traditionnellement pratiquée au moyen de pinces à dissection endoscopiques, mais les expériences d’ablation à l’aide d’un laser endoscopique à CO2 ont démontré que cette méthode était supérieure à la résection manuelle 12. Le laser permet à la fois une hémostase contrôlée et le relâchement des dépresseurs sourciliers coagulés. De plus, la résection accrue du muscle glabellaire au moyen de toxine botulinique A peropératoire peut procurer un relâchement durable pendant l’adhérence périostique. L’étape finale d’un remodelage endoscopique efficace du sourcil est la fixation à la calotte crânienne, dont les modes absorbable et permanent ont été décrits. Des vis de fixation au titane chargées de sutures de polyglyconate 2-0 peuvent facilement être insérées dans les deux incisions paracentrales et fixées au cortex extérieur de la calotte crânienne. Après avoir enfilé les sutures dans une aiguille libre pour la duremère, le cuir chevelu est placé en tension postérieure, et l’aiguille est utilisée pour engager le périoste au bord de l’incision antérieure. La stabilité latérale du sourcil est assurée par la fixation du lambeau musculo-cutané au moyen d’une suture d’acide polyglycolique 2-0 à l’aponévrose temporale. Des agrafes sont utilisées pour fermer les incisions cutanées supérieures. Si la ptôse latérale est importante et source de problème, une résection du cuir chevelu au niveau de l’incision temporale permet d’obtenir des résultats plus esthétiques. Cette intervention est parfois nécessaire, Ophtalmologie Conférences Scientifiques car le tiers latéral des sourcils est soumis à la dépression non compensée des muscles orbiculaires, et il n’y a pas latéralement de muscle frontal pour faciliter l’élévation du sourcil (Figure 5). Soins postopératoires Avant leur sortie, les patients se font administrer un litre entier de Ringer-lactate par voie intraveineuse à l’unité de soins post-anesthésiques afin de combattre la redistribution liquidienne qui se produit souvent. L’administration systématique de corticostéroïdes par voie orale permet de réduire l’enflure postopératoire, tandis que l’administration d’antibiotiques prophylactiques par voie orale permet de réduire l’incidence d’infection. Les agrafes sont retirées une semaine plus tard. Complications Le remodelage endoscopique du sourcil comporte un minimum de risques et des complications potentielles. Le risque de paralysie faciale est faible et dépend de la familiarité du chirurgien avec l’anatomie des divers plans tissulaires. Le plus souvent, la paralysie faciale est temporaire, et une guérison est observée dans les trois à six mois. Les follicules pileux sont connus pour être extrêmement sensibles à la chaleur et à la cautérisation thermale. Une cautérisation excessive des tissus sous-jacents peut causer des dommages permanents aux follicules et entraîner l’alopécie. Le chirurgien risque également d’induire l’alopécie s’il pratique des incisions transversales à travers la base des follicules pileux et s’il applique une pression excessive en refermant les plaies opératoires. Quoique rares, une infection et un saignement peuvent également se produire. En résumé Les approches chirurgicales du rajeunissement périorbitaire se sont développées avec l’introduction de nouvelles technologies dans la pratique médicale. Cela suppose également une plus grande responsabilité de la part du chirurgien qui doit se sentir parfaitement à l’aise et avoir une connaissance approfondie non seulement des instruments, mais aussi de l’anatomie détaillée de ces régions spécifiques. Avec une évaluation préopératoire appropriée, une attention consciencieuse portée à la technique peropératoire et un traitement postopératoire adéquat, les complications peuvent être évitées et un résultat optimal peut être obtenu. Dan D. DeAngelis, M.D., F.R.C.S.(C) est médecin au service d’ophtalmologie et des sciences de la vision du Mount Sinai Hospital, université de Toronto, Toronto (Ontario). Références 1. Warwar RE, Bullock JD, Markert RJ, Marciniszyn SL, Bienenfeld DG. Social implications of blepharoptosis and dermatochalasis. Ophthal Plast Reconstr Surg 2001;17(4):234-40 2. American Society for Aesthetic Plastic Surgery, 2001 Statistics, Communications Office, www.surgery.org. 3. Kurban RS, Bhawan J. Histologic changes in skin associated with aging. J Dermatol Surg Oncol 1990;16(10) 908-14. 4. Leyden JJ. Clinical features of aging skin. Br J Dermatol 1990;122 Suppl 35:1-3. 5. Burke AJC, Wang T. Should formal ophthalmic evaluation be a preoperative requirement prior to blepharoplasty. Arch Otol Head Neck Surg 2001;127: 719-722. 6. Pribitkin E, Boger G. Herbal Therapy: What every facial plastic surgeon must know. Arch Facial Plast Surg 2001; 3(2):127-132. 7. Perkins SW, Dyer WKT, Simo F. Transconjunctival approach to lower eyelid blepharoplasty. Experience, indications, and technique in 300 patients. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1994;120(2):172-7. 8. Carter SR, Seiff SR, Choo PH, Vallabhanath P. Lower eyelid CO2 laser rejuvenation: A randomized prospective clinical study. Ophthalmology 2001;108:437-441. 9. Carter SR, Choo PH. New techniques in eyebrow surgery. Opthalmol Clin N Am 2000;13:731-748. 10. Steinsapir KD, Shorr N, Hoenig J, et al. The endoscopic forehead lift. 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Honavar, MD Tél. : 91-40-23-548-267 Fax : 91-40-23-548-271 Courriel : [email protected] 4 au 5 avril 2004 Royal National Institute of the Blind (RNIB) 8th International Conference on issues concerning low vision and sight – Vision 2005 London Londres, Angleterre Renseignements : www.rnib.org.uk/vision2005/register Tél. : 44(0)20 7940 5362 Les avis de changement d’adresse et les demandes d’abonnement pour Ophtalmologie – Conférences Scientifiques doivent être envoyés par la poste à l’adresse C.P. 310, Succursale H, Montréal (Québec) H3G 2K8 ou par fax au (514) 932-5114 ou par courrier électronique à l’adresse [email protected]. Veuillez vous référer au bulletin Ophtalmologie – Conférences Scientifiques dans votre correspondence. Les envois non distribuables doivent être envoyés à l’adresse ci-dessus. La version française a été revisée par le professeur Pierre Lachapelle, Montréal. L’élaboration de cette publication a bénéficié d’une subvention à l’éducation de Novartis Ophthalmics © 2003 Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision, Faculté de médecine, Université de Toronto, seul responsable du contenu de cette publication. Édition : SNELL Communication Médicale Inc. avec la collaboration du Département d’ophtalmologie et des sciences de la vision, Faculté de médecine, Université de Toronto. MDOphtalmologie – Conférences scientifiques est une marque de commerce de SNELL Communication Médicale Inc. Tous droits réservés. L’administration d’un traitement thérapeutique décrit ou mentionné dans Ophtalmologie – Conférences scientifiques doit toujours être conforme aux renseignements d’ordonnance approuvés au Canada. SNELL Communication Médicale se consacre à l’avancement de l’éducation médicale continue de niveau supérieur. SNELL 130-003F