Du Mouseïon (Μουσεῖον) au MUC

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En complément à l’étude de l’œuvre architecturale de R. Ricciotti (J4 du MUCEM):
Du Mouseïon (Μουσεῖον) au MUCEM : origines et évolution de la notion de « musée »
GRÈCE ANTIQUE :
Apollon et les Muses sur le Mont Helicon,
Claude Gellée dit Le Lorrain
(XVIIème siècle ; Mouvement artistique : classicisme)
LE TEMPLE DES MUSES
ET LA CONSTITUTION
DES 1ERES COLLECTIONS D’OBJETS D’ART
Le « mouseion » ( Μουσεῖον) est à l’origine un
sanctuaire consacré aux Muses (Μοῦσαι,
Mousai), divinités qui inspirent les activités
intellectuelles
et
artistiques :
musique
(Euterpe), éloquence et poésie épique
(Calliope), histoire (Clio), élégie et poésie
amoureuse ( Erato), tragédie (Melpomène),
rhétorique (Polymnie), danse (Terpsichore),
comédie (Thalie), astronomie (Uranie). Filles
de Zeus et de Mnémosyne (déesse de la
mémoire),
elles
sont
les
compagnes
d’Apollon, dieu des arts, de la lumière et de
la beauté.
Les sanctuaires abritaient de nombreuses
œuvres d’art, offrandes à la divinité : ainsi se
constituèrent les 1ères collections artistiques.
Puis des collections privées d’objets d’art
(livres, peintures, sculptures, céramiques,…)
furent rassemblées par les élites cultivées, en
Grèce ainsi qu’à Rome.
ÉGYPTE PTOLÉMAÏQUE* :
LE MOUSEION D’ALEXANDRIE,
CENTRE D’ÉTUDES ET DE RECHERCHES
(*= dirigée par les descendants de Ptolémée,
général d’Alexandre le Grand qui deviendra pharaon d’Égypte
après la mort de ce dernier, survenue en -323;
Cléôpâtre VII, amante de Jules César puis de Marc-Antoine,
est la dernière représentante de cette dynastie ;
elle meurt en -30.)
Fondé par Ptolémée, cet établissement met à la disposition des
savants et érudits des salles d’étude et de recherches ainsi que
la Grande Bibliothèque, riche de 400 000 ouvrages. Il comprend
également un sanctuaire des Muses (qui donne son nom à
l’ensemble), ainsi qu’une collection d’œuvres d’art.
Reconstitution virtuelle
du Mouseïon d’Alexandrie
ITALIE, XVIÈME SIÈCLE:
Un des couloirs de la Galerie des Offices,
palais des ducs de Florence
LE « MUSEUM » DES PRINCES DE LA
RENAISSANCE : DES COLLECTIONS PRIVÉES
Dans les palais, peintures et sculptures (surtout
antiques) sont rassemblées dans les cours, les
jardins et les galeries (larges couloirs ouverts
sur l’extérieur) : ces dernières prennent le nom
de
« museum »
(forme
latinisée
de
Mouseion ») car elles sont dédiées à l’art,
inspiré par les Muses.
Les collections sont exposées pour le plaisir
d’un public restreint, constitué des princes et
de leurs hôtes.
FRANCE, XVIIIÈME SIÈCLE :
APPARITION DES 1ÈRES COLLECTIONS PUBLIQUES
ET DU TERME DE « MUSÉE »
Les collections d’histoire naturelle et d’instruments scientifiques
donnent naissance aux « cabinets de curiosité », peu à peu
ouverts au public.
Les philosophes des Lumières cherchent à diffuser les arts et la
connaissance ; c’est ainsi qu’apparaissent les 1ères « collections
publiques » d’objets historiques ou précieux , ainsi que les 1ers
« musées publics », accessibles à tous.
La Révolution amplifie le mouvement en mettant à la disposition
du peuple les collections d’art confisquées à la noblesse ou au
clergé. L’objectif est de rendre accessible à tous grâce au
« musée » l’art et le savoir, patrimoine collectif de la Nation.
Au lendemain de la Révolution,
le Palais du Louvre, ex-palais des rois,
est transformé en Museum destiné à
protéger, classer, étudier et exposer
les œuvres désormais nationales.
XIXÈME SIÈCLE :
Le château de Saint-Germain-en-L’Haye,
transformé en Musée d’archéologie nationale
L’ancien Palais du Trocadéro (Paris),
qui abritait le Musée d’ethnographie,
dont les collections ont été transférées au MUCEM
LE DÉVELOPPEMENT
ET LA DIVERSIFICATION DES MUSÉES
L’Antiquité, comme au XVIème siècle, suscite
admiration et fascination : des œuvres
rapportées de Grèce, d’Egypte (Napoléon),
de Mésopotamie sont exposées dans des
musées d’archéologie.
De nombreux musées historiques naissent
également, rassemblant objets ou peintures
retraçant l’histoire du pays.
Les musées d’art se multiplient, tout en
servant de lieu de formation pour les
étudiants et les artistes grâce à la copie de
tableaux et de sculptures (d’où le
développement des « moulages »).
Les musées exposent aussi les produits de
l’industrie en plein essor, des arts appliqués,
des arts décoratifs.
Héritiers des « cabinets de curiosités », les
musées d’ethnographie présentent des objets
retraçant les différentes traditions populaires.
Les musées sont perçus d’une grande utilité
sociale car ils mettent l’art et la connaissance
à la portée de tous et permettent d’instruire le
grand public.
Parallèlement se développent les grandes
expositions universelles.
XXÈME SIÈCLE :
UNE NOUVELLE CONCEPTION DU MUSÉE
Les musées sont accusés de ne pas s’ouvrir à la modernité et
aux nouveaux courants artistiques. En réaction, des musées
exclusivement consacrés à l’ « art moderne » voient le jour,
exposant des œuvres d’artistes encore vivants, véritable
scandale pour certains ! La présentation des œuvres et objets
est également critiquée. On crée réserves, salles d’étude, salles
d’exposition temporaire pour permettre une meilleure mise en
valeur des objets, présentés dans un décor épuré. Les musées
ne doivent plus viser la conservation d’un passé figé, mais
exprimer la richesse culturelle d’une communauté,d’un
territoire, d’un domaine de production (par exemple agricole
ou industriel). On construit, agrandit ou réaménage de multiples
musées, dotés de grands espaces de circulation et d’exposition,
aux formes parfois inédites. Devenus centres culturels et lieux de
loisirs, ils répondent de plus en plus à une logique commerciale.
Le Musée Guggenheim à New York (1959)…
…et son hélice intérieure
(Musée d’Art moderne)
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