Thème : La vie politique et la société en France au XXe siècle (après 1918) Leçon 1 : La République française pendant l’entredeux-guerres, victorieuse et fragilisée I.Les années 1920 A. La République après la guerre: le retour à la vie démocratique Quelles sont les conséquences politiques du retour à la paix? Après la fin de la guerre (11 novembre 1918) et le règlement de la paix (28 juin 1919), le retour à la démocratie … Principaux mouvements et partis politiques en France Principaux dirigeants Parti communiste (PCF) né en 1920 de la division avec la SFIO Maurice Thorez Pour une révolution politique et sociale comme en URSS Programme politique Contre une société capitaliste et bourgeoise Pour une intervention de l’Etat dans l’économie SFIO ( parti socialiste) Parti radical Partis de droite Ligues d’extrême droite Léon Blum Edouard Daladier Pierre Laval André Tardieu Colonel de La Rocque Comme le PCF, ils veulent établir le socialisme en France mais par la voie des élections et des réformes progressives Pour une République sociale et démocratique Pour une République démocratique, la propriété privée et l’ordre social Pour la propriété privée Pour une intervention de l’Etat dans l’économie Contre l’intervention de l’Etat dans l’économie Contre le PCF et contre l’intervention de l’Etat dans l’économie Pour un régime autoritaire parfois sur le modèle du fascisme italien ou du nazisme allemand Contre le PCF, les étrangers, parfois les Juifs, et opposées à la République parlementaire Pendant la guerre, les différents partis politiques ( droite et gauche ) se sont unis dans un gouvernement « d’union sacrée » afin de permettre à la France de remporter la victoire. Avec la victoire, la vie démocratique reprend son cours: des élections ont ainsi à nouveau lieu dès 1919. L’alternance politique en 1924 et 1926 (gauche puis droite au pouvoir) confirme le régime républicain et montre sa capacité d’adaptation. La République sort donc victorieuse de la guerre, mais, une fois l’ennemi battu, on retourne à l’ancien clivage gauche-droite. B. 1920: la gauche se divise Contexte: l’après Révolution russe d’octobre 1917 Depuis Moscou, Lénine incite les partis socialistes du monde à prendre la IIIe Internationale (=organisation ouvrière ayant pour objectif l’émancipation des travailleurs et la disparition de la domination de la bourgeoisie sur la classe ouvrière ) comme modèle: ce sont les 21 Conditions de Moscou. Quel impact la révolution russe a-t-elle sur la gauche française? Du 26 au 31 décembre 1920 se déroule le Congrès de Tours de la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière, nom du parti socialiste français). Document 1 : les 21 Conditions de Moscou En juillet 1920 Lénine impose aux partis socialistes du monde entier d’adhérer à 21 Conditions en bloc, sans négociations possibles : c’est la IIIe Internationale. • 2. Epuration des postes de responsabilité dans le mouvement ouvrier, où les réformistes doivent être remplacés par des communistes • 11. Epurer la fraction parlementaire • 12. Etablir l’organisation des PC sur base d’une centralisation démocratique par une discipline de fer confinant à la discipline militaire • 16. Reconnaître le caractère obligatoire des décisions de la IIIe Internationale communiste, « parti mondial unique » • 17. Appeler les partis « PC » au lieu de « PS » • 21. Exclure du Parti ceux qui rejettent les partis d’adhésion Le Congrès de Tours, un combat d’hommes et d’idées… M. Cachin portrait pour L’Humanité : [photographie de presse] 1920 Coll.CHSP- Léon Blum en 1919 après les élections législatives Document 2 : intervention de Marcel Cachin au Congrès de Tours, lundi 27 décembre 1920, au matin « Ce fait immense de la révolution russe doit-être, camarades, présent à toutes nos pensées; il doit si on sait le comprendre, influer de manière décisive, sur les résolutions de cette assemblée. (…) On nous demande de faire un parti solidement organisé, totalement centralisé, vigoureusement dirigé. C’est une innovation, cela je le confesse. Les Russes l’ont fait chez eux; ils nous ont donné l’exemple qu’il faudra suivre. (…) C’est une nécessité à l’heure où des événements intérieurs graves peuvent solliciter l’action de la classe ouvrière française. (…) Nous avons le devoir de modifier d’urgence les statuts de notre Parti, et d’imposer (…) à tous ceux qui prétendent servir utilement et totalement le Parti, des devoirs précis, stricts, sévères.» http://www.histoire.presse.fr/content/2_partage/article?id=6139 publié dans Les Collections de L'Histoire n° 27 - 04/2005 Quel parti ? Quelle place dans la vie politique ? Document 1 Les 21 Conditions de Moscou Document 2 Position de M. Cachin Document 3 Position de L. Blum Sur quel modèle le Parti doit-il reposer? IIIe Internationale Les Russes : l’exemple qu’il faudra suivre. Comment organiser et diriger le parti? Comment doit-il fonctionner ? Centralisation démocratique Discipline de fer Totalement centralisé, Refus d’un commandement vigoureusement dirigé. de type militaire, de Devoirs imposés, stricts l’uniformité. et sévères Qui accepter , qui refuser dans le parti ? Epuration des réformistes et de la fraction parlementaire Exclusion des opposants Refus des épurations. Appel à tous les travailleurs Action des ouvriers dans les événements → révolution Transformation du régime économique Refus de participer au débat politique parlementaire Refus de la lutte armée et acceptation des règles parlementaires Quel est le but du parti ? Conclusion : quelle conception de la démocratie pour une société égalitaire ? Parti mondial unique -> pas de pluralisme politique Une vaste erreur car expérience particulière et locale Document 3 : intervention de Léon Blum au Congrès de Tours, lundi 27 décembre 1920 « A notre avis, [l’adhésion à la IIIe Internationale] repose sur (…) une espèce de vaste erreur de fait, qui a consisté à généraliser, pour l’ensemble du socialisme international, (…) une expérience particulière et locale, l’expérience de la Révolution russe elle-même. (…) Que sera le parti nouveau que vous voulez créer ? (…) C’est au sommet un comité directeur de qui tout doit dépendre, c’est une sorte de commandement militaire formulé d’en haut et se transmettant de grade en grade, jusqu’aux simples militants. (...) Vous ce n’est plus l’unité que vous recherchez, c’est l’uniformité. (…) C’est pour cela qu’on prévoit des épurations périodiques. (…) Est-ce là le parti que nous avons bien connu ? Non ! Le Parti que nous avons connu, c’était l’appel à tous les travailleurs (…) Quel est l’objet que le parti socialiste jusqu’à présent se donnait à lui-même ? C’est la transformation du régime économique. Lisez l’article dans lequel l’Internationale définit son but. Quel est ce but ? La lutte à main armée contre le pouvoir bourgeois. (…) Il y a opposition et contradiction formelles entre ce qui a été jusqu’à présent le socialisme et ce qui sera demain le communisme. » http://www.jean-jaures.org/Publications/Dossiers-d-actualite/Decembre-1920-la-scission-du-congres-deTour Quel parti ? Quelle place dans la vie politique ? Document 1 Les 21 Conditions de Moscou Document 2 Position de M. Cachin Document 3 Position de L. Blum Sur quel modèle le Parti doit-il reposer? IIIe Internationale Les Russes : l’exemple qu’il faudra suivre. Comment organiser et diriger le parti? Comment doit-il fonctionner ? Centralisation démocratique Discipline de fer Totalement centralisé, Refus d’un commandement vigoureusement dirigé. de type militaire, de Devoirs imposés, stricts l’uniformité. et sévères Qui accepter , qui refuser dans le parti ? Epuration des réformistes et de la fraction parlementaire Exclusion des opposants Refus des épurations. Appel à tous les travailleurs Action des ouvriers dans les événements → révolution Transformation du régime économique Refus de participer au débat politique parlementaire Refus de la lutte armée et acceptation des règles parlementaires Quel est le but du parti ? Conclusion : quelle conception de la démocratie pour une société égalitaire ? Parti mondial unique -> pas de pluralisme politique Une vaste erreur car expérience particulière et locale En 1920, au Congrès de Tours, les partisans de M. Cachin, majoritaires, pensent que la révolution russe est un modèle. Ils veulent organiser un parti communiste centralisé, hiérarchisé, « épuré », soumis à Moscou. Ils refusent toute participation au débat parlementaire. Les partisans de L. Blum, minoritaires, voient au contraire en la révolution russe une expérience locale, inadaptable au contexte français. Ils refusent la conception d’un parti uniformisé et soumis à la IIIe Internationale. Le combat pour réduire les inégalités doit passer par la transformation du régime économique et une participation à la vie parlementaire. Ce désaccord entraîne la scission irrémédiable en deux partis : communiste (SFIC) et socialiste (SFIO). II. Les années 1930: le Front populaire A. Des années de crise 1) Le contexte: la crise économique mondiale 1. Quelles sont les manifestations de la crise économique en France ? -Chute de la production industrielle -Chute des heures travaillées -Chute des exportations industrielles 2. Quand la crise touche-telle la France ? -Elle est touchée dès 1930 - La France est touchée par la crise mondiale qui est à la fois profonde et longue. La production et les exportations chutent. De nombreuses entreprises font faillite. Le pays compte donc encore plus sur ses relations commerciales avec ses colonies. - La crise entraîne une explosion du chômage, une baisse du niveau de vie, un fort mécontentement de la population et une hostilité grandissante contre les étrangers. -Les dirigeants mènent différentes politiques pour lutter contre la crise mais elles s’avèrent inefficaces. 2) Une crise politique en France: le 6 février 1934 La crise économique et sociale Crise politique : - instabilité ministérielle - montée de l’antiparlementarisme Les mécontents se tournent vers : - les partis de gauche ( PC ou SFIO ) - les ligues d’extrême-droite ( ex : Action française, Solidarité française) Un appel à manifester le 6 février 1934 Daladier nous emmène comme un troupeau de foire aux Blum, Kaiserstern, Schweinkopf et autres Zyromsky, dont le nom bien français est tout un programme. Voilà vos maîtres les patriotes ! Voilà la dictature qui t’attend peuple de France ! Ton parlement est pourri. Tes politiciens compromis. Ton pays est livré à la boue des scandales. Ta sécurité menacée. La guerre civile grogne. Paysan, la ruine te menace. Ouvriers, intellectuels, votre situation est assaillie par des étrangers. Petits rentiers, petits fonctionnaires, petits commerçants, votre pain quotidien est menacé. Ni les uns, ni les autres n’êtes plus chez vous. Il faut la France aux Français ! Il y en a assez ! Le peuple est décidé à en finir avec les Internationaux révolutionnaires et les politiciens pourris. D’après une affiche de la ligue Solidarité française. La montée de l’antiparlementarisme. Caricature de Paul Iribe parue dans Le Témoin du 6 février, 1934 En février 1934, les ligues d’extrême-droite: Solidarité française, Jeunesses patriotes, Camelots du roi manifestent à Paris Le 6 février 1934, les ligues et les associations d’anciens combattants manifestent devant l’Assemblée nationale contre la république parlementaire (=antiparlementarisme / les ligues réclament l’instauration d’un régime autoritaire dirigé par un chef). Cela tourne à l’émeute (15 morts, 1500 blessés). Le 7, le président du Conseil, Daladier, démissionne. 3) Après le 6 février 1934: l’union des gauches … Les forces de gauche voient cette manifestation comme une tentative de coup d’Etat. Elles s’unissent donc et manifestent à leur tour le 12 février 1934 : c’est la naissance du Front Populaire pour défendre la République française. Leur slogan est : « Pain, Paix, Liberté ». Il organise une grande manifestation à Paris le 14 juillet 1935. Dès janvier 1936, un programme électoral commun est adopté par les forces de gauche. B.1936: la victoire du Front populaire 1) Les mesures du Front populaire Léon Blum (SFIO), président du Conseil sous le Front populaire 1. Quand se déroule cette scène ? Printemps 1936 2. Qui est alors au pouvoir ? Le Front populaire 3. Dans quelle situation sociale et économique se trouve alors le pays ? 4. Comment les ouvriers entendent-ils obtenir la satisfaction de leurs revendications ? Manifestations joyeuses et occupations d’usines dans le calme Grève généralisée et économie bloquée - En mai 1936, le Front populaire remporte les élections législatives. Léon Blum devient président du Conseil. Très vite, des grèves avec occupations d’usines éclatent : 2 millions de personnes cessent le travail dans l’espoir de réformes sociales. - Le gouvernement de Léon Blum prend alors des mesures importantes : •juin 1936 : accords Matignon (hausse des salaires, liberté syndicale, conventions collectives) •15 jours de congés payés •semaine de 40 h au lieu de 48 h •scolarité jusqu’à 14 ans au lieu de 13 ans •renforcement du rôle de l’Etat avec nationalisation des chemins de fer, des industries d’armement et aéronautique. Front populaire = rassemblement des partis et organisations de gauche qui se forme en 1935 pour la défense de la République. 2) Les réactions face au Front populaire Le Front populaire doit faire face à des difficultés : - contestation des mesures prises par le gouvernement par une partie de la population ( surtout la droite) - campagne de diffamation de l’extrême-droite, -fuite des capitaux, - chômage toujours élevé - division des communistes et des socialistes face à la guerre d’Espagne ( 1936-1939) N‘arrivant pas à rétablir la confiance, Blum démissionne donc en juin 1937. En 1938, les radicaux, doutant de l’efficacité des réformes, s’allient à la droite et mettent ainsi fin au Front populaire.