86 87 Insectes remarquables des forêts et lisières La Fourmi rousse (Formica rufa) est célèbre pour ses grandes fourmilières en forme de dome. 88 89 Le Lucane cerf-volant Lucanus cervus Carte d’identité • Synonymes : le Cerf-volant. • Observation : se rencontre sur les vieilles souches, les branches tombées au sol ou en • Etymologie : à cause la forme de ses manhaut des arbres.Vol crépusculaire en juin-jullet dibules qui rappellent les bois de cerf et volant qui se repère facilement. car c’est un insecte ailé. • Identification : mâles typiques de très • Classification : Coléoptère - Lucanidé. grandes tailles (jusqu’à 8 cm) arborant des • Habitat : vieilles forêts de chênes. mandibules démesurées.. Face aux menaces, le lucane mâle affiche ses mandibules, celles-ci sont puissantes et permettent de pincer fortement. Elles servent également à pousser ou saisir et éjecter d’éventuels opposants. L’adulte vit peu de temps et sa principale préoccupation est la reproduction. Seules les femelles peuvent grâce à leurs mandibules mordre l’écorce et atteindre la sève. Les mâles gênés par leurs mandibules surdimensionnées sont obligés de chercher des plaies par où la sève s’écoule déjà. Les femelles, en expulsant leurs excréments dans toutes les directions lorsqu’elles sucent la sève, attirent les mâles en vue de l’accouplement. La reproduction se fait vers juillet, les mâles et femelles se retrouvent sur des chênes malades. Le mâle utilise ses grandes mandibules pour ramener sous lui une femelle, Le mâle de lucane se reconnaît aisément par sa taille imposante et ses mandibules démesurées. Celles-ci lui servent pour se défendre ou bien combattre d’autres mâles.. Des restes de lucanes sont pafois observés sur les chemins forestiers. Les rapaces nocturnes consomment le corps et délaissent les parties les plus coriaces. L’animal bouge encore plusieurs heures après.... et attraper et éjecter les concurrents à la manière d’un lutteur grec, le but étant de faire tomber l’adversaire de la souche. Une fois une femelle rabattue sous lui, il reste au-dessus d’elle, utilisant sa taille double pour la couvrir physiquement, et «l’enfermer» entre ses pattes. Le couple peut aussi se placer au-dessus d’une plaie de l’arbre pour profiter du jus qui en sort. Le mâle enfonce alors sa «langue» entre les mandibules de femelle pour atteindre la nourriture. Les lucanes mâles semblent mourir après l’accouplement, et les femelles après la ponte. On peut retrouver les exosquelettes aux pieds des arbres qui accueillent encore les autres couples. La larve blanche-translucide à tête orangée saproxylophages (qui consomme uniquement du bois mort) se nourrit durant 3 à 6 années de bois mort ou pourrissant, jusqu’à atteindre 8 à 10 cm pour les larves mâle. La malnutrition des larves peut induire des scarabées plus petits, ou des durée de vie larvaire plus longue (5 ou 6 ans). Le moment venu, elles s’enterrent et se confectionnent une loge à leur mesure. Elles s’y transformeront en nymphes, puis en insectes parfaits l’automne venu mais ces derniers n’émergeront qu’au début de l’été suivant. Le lucane est tributaire des vieilles souches pour sa survie ; or, les pratiques actuelles tendent au ramassage systématique de tous les bois morts ou à leur élimination sur place par incinération. L’espèce est actuellement protégée mais continue à se raréfier géographiquement, en gardant des poches de présence. Le lucane cerf-volant est inscrit à l’annexe II de la directive européenne «habitats faune flore»de 1992, dont la protection nécessite la mise en place par les Étatsmembres de Zones Spéciales de Conservation, ainsi qu’à l’annexe III de la convention de Berne. 90 91 Insectes remarquables des prairies et pelouses calcaires Les magnifiques couleurs du Petit argus (Plebejus argus) ne peuvent laisser le promeneur indifférent. 92 93 Le Flambé Iphiclides podalirius Carte d’identité • Synonymes : le Voilier blanc. • Observation : espèce thermophile ; vol de mai à début juillet puis d’août à début • Etymologie : flambé car ses ailes ont l’asseptembre. pect d’une flamme. • Identification : grande taille (jusque 7 cm • Classification : Lépidoptère - Papilionidé. d’envergure). Ailes jaune pâle, barrées de ban• Habitat : milieux ouverts et secs : prairies, des transversales noires longuement caudées. haies, vergers, pelouses calcaires. Peut être confondu avec le Machaon, un peu plus petit et aux couleurs plus vives. Ce grand papillon est facilement identifiable ; ses grandes ailes lui confèrent un vol plané, accidenté, mais c’est un excellent voilier qui peut s’élever au-dessus des arbres ou traverser des champs cultivés. retrouver pour maximiser leurs chances de rencontrer un partenaire ; il n’est donc pas rare d’en rencontrer plusieurs en un lieu précis (habituellement l’endroit le plus élevé du site). Bien que préférant les lieux chauds, il est présent dans nos régions grâce à sa plante de prédilection, le prunellier. C’est donc autour des haies arbustives que vous aurez le plus de chance de le rencontrer. Le Flambé apparaît très tôt, dès le mois de mai et la première moitié du mois de juin. Il présente deux générations par an ; la première génération volant de miavril à mi-juin, la deuxième de mi-juillet à fin août (on parle d’espèce bivoltine) Les adultes ont l’habitude de se Les couleurs du Flambé évoquent celles d’une flamme et lui valent son nom. Son surnom de «Voilier» lui vient de ses facultés exceptionnelles de vol plané. Même de dessous, le Flambé se reconnaît aisément par sa grande taille, par les lignes noires qui parcourent les ailes et par les deux petites «queues» qui terminent les ailes. Outre sur le prunellier, sa chenille se rencontre sur l’aubépine, le sorbier, le cerisier de sainte Lucie ou encore le pêcher, le prunier... La chenille change d’aspect au cours de son développement. Lorsqu’elle ne mesure que 3 mm, elle ressemble fortement à une déjection d’oiseau (dessus noir, ponctué de deux taches jaune-vert, et ses verrues garnies de soies fourchues). Après la première mue, la larve, devenue verte et glabre, ne changera pas Le cerisier de sainte Lucie est une plante hôte appréciée des chenilles Flambé. de couleur jusqu’à sa chrysalidation. Elle possède à ce moment une ligne médiane et des stries obliques jaune clair sur le dos. Ces dessins la font ressembler à une feuille de sa plante-hôte. Sur les flancs, on trouve même des points en relief, jaunes ou oranges, comparables aux taches de la rouille présente sur beaucoup de feuilles en fin de saison ! Juste avant la chrysalidation, la chenille devient jaunâtre et mesure environ 4 cm. La chrysalide est brun clair, couleur qui lui donne l’allure de feuille séchée. Elle porte deux cornes sur la tête et se tient dans la strate herbacée, au pied de sa plante-hôte ou à proximité et se fixe la tête en haut. Ce papillon est protégé dans plusieurs pays. Le Flambé est une espèce sensible aux modifications de son milieu naturel engendrées par les activités humaines, dont l’agriculture intensive, la disparition des haies sauvages, l’épandage d’insecticides sur les plantes nourricières... 94 95 Le Cercope sanglant L’Aromie musquée Carte d’identité • Synonymes : le Cercope rouge-sang. • Observation : de début mai à mi-juillet sur • Etymologie : sanglant ou rouge-sang à cause les grandes herbes dans les zones ensoleillées ou semi-ombragées. sa couleur rouge vif. • Identification : environ 1 cm, ailes aux • Classification : Homoptère - Cercopidé. motifs rouges et noirs repliées « en toit » au• Habitat : prairies, clairières et bords de dessus de l’abdomen. Confusion possible avec chemin. le « gendarme » de même couleur mais dont les ailes ne peuvent de replier en toit . Carte d’identité • Synonymes : le Capricorne musqué. • Observation : s’observe tout l‘été de juin à août sur les jeunes saules ou les saules coupés • Etymologie : musquée car l’Aromie dégage en têtards. Peut s’observer également sur les une odeur de musc. fleurs à proximité. • Classification : Coléoptère - Longicorne. • Identification : environ 3,5 cm. Bleu, vert• Habitat : au bord des ruisseaux et des bleu, violet et toujours métallique. Impossible à rivières, dans les bosquets où poussent des confondre. peupliers, saules et aulnes. Cercopis vulnerata La livrée très voyante du Cercope est un avertissement aux insectivores car en cas de danger, les bouts de ses pattes secrètent un liquide nauséabond (mais inoffensif) écœurant pour le prédateur. sent sont trop faibles pour que l’oreille humaine les perçoive. Lorsque vous tentez de le capturer, ses pattes puissantes lui permettent de s’échapper en sautant. Comme ses cousines les cigales, les mâles Cercopes chantent pour attirer les femelles, mais les sons qu’ils produi- Cet insecte est remarquable également par sa larve qui produit une mousse collante qui lui évite de se dessécher et la protège des prédateurs. Cette sécrétion est connue sous le nom «d’écume printanière» ou «crachat de coucou». Le Cercope adulte est facile à reconnaître avec ses taches rouges sur fond noir. Les larves produisent les «crachats de coucou», comme d’autres Homoptères. Pour se nourrir, le Cercope suce la sève, ce qui a pour effet d`affaiblir la plante. Aromia moschata Ce grand longicorne est remarquable par sa couleur brillante allant du vert au mauve en passant par le bleu. La plus grande partie de son corps est métallisée et c’est toujours un émerveillement d’en découvrir un le long d’un cours d’eau. thorax. Les substances de base (l’acide salicilique notamment) tirées de la plante nourricière (le saule) sont transformées chimiquement au sein de glandes spécialisées. Nos grands-pères se seraient servis de l’Aromie pour parfumer leur tabac ! Il dégage une odeur agréable rappelant celle du musc lorsqu’il est dérangé (il est parfois possible de localiser l’insecte grâce à cette odeur). Les larves mangent le bois des saules, des peupliers et parfois des aulnes. Du fait de l’abattage systématique des vieux saules, cette espèce est de plus en plus difficile à observer. Cette sécrétion a lieu à l’arrière du Magnifique Longicorne, l’Aromie peut s’observer sur les fleurs qui bordent les milieux humides : ici elle se délecte de fleurs de Reine des prés.