Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1996, 15 (1), 115-140 Pathologie infectieuse des Canidés et Félidés des parcs zoologiques M . A R T O I S *, F. C L A R O **, M . R É M O N D *** et J . B L A N C O U **** Résumé: Les Canidés (36 espèces) et les Félidés (34 à 37 espèces) constituent deux familles de Carnivores dont de nombreuses espèces exotiques enrichissent les collections de parcs ou réserves zoologiques. La pathologie de ces espèces est en partie proche de celle du chien et du chat, et elle est donc relativement bien connue. Toutefois, il existe des différences de sensibilité aux agents infectieux, aux traitements et aux vaccins. Ces espèces sont également porteuses et parfois vectrices de zoonoses telles que les leptospiroses, la rage, les salmonelloses, la toxoplasmose ou la tuberculose. Compte tenu de leur comportement et de leurs adaptations morphologiques, ces espèces sont en outre capables de transmettre, par morsure ou griffades, divers germes opportunistes. Toutes ces caractéristiques en font des spécimens délicats à garder en captivité et qui nécessitent des mesures sanitaires particulières, notamment une protection contre le contact avec les Carnivores errants. M O T S - C L É S : Animaux sauvages en captivité - Canidés - Carnivores Félidés - Maladies infectieuses - Maladies parasitaires - Parcs zoologiques. INTRODUCTION : RELATIONS HÔTES PARASITES CHEZ LES CARNIVORES Taxinomie et phylogénie Les Carnivores Nowak ( 3 6 ) considère que l'ordre des Carnivores comporte 2 4 0 e s p è c e s réparties en 92 genres dans sept familles. L e s Carnivores sont présents sur tout le g l o b e à l'exception de plusieurs îles o c é a n i q u e s (par e x e m p l e , en Australie le dingo a été introduit par l ' H o m m e à l ' é p o q u e préhistorique). Les familles des Canidés et des Félidés comptent parmi elles les e s p è c e s les m i e u x connues du public, ainsi que deux e s p è c e s d o m e s t i q u e s , le chien et le chat. L e s e s p è c e s sauvages sont sensibles à b e a u c o u p d'agents p a t h o g è n e s des Carnivores domestiques, * Centre national d'études vétérinaires et alimentaires, Nancy, Laboratoire d ' é t u d e s sur la rage et la pathologie des animaux sauvages, B.P. 9, 5 4 2 2 0 Malzéville, France. ** Parc zoologique de Paris, M u s é u m national d'histoire naturelle, 53 avenue Saint-Maurice, 75012 Paris, France. *** Centre national d'études vétérinaires et alimentaires, Maisons-Alfort, Laboratoire central de recherches vétérinaires, 22 rue Pierre-Curie, B.P. 67, 9 4 7 0 3 Maisons-Alfort Cedex, France. **** Directeur général, Office international des épizooties, 12 rue de Prony, 75017 Paris, France. 116 qui sont connus et efficacement combattus : elles bénéficient d'une certaine façon de cette connaissance, par les traitements et les vaccins qui peuvent leur être administrés, non sans discernement. La parenté des Carnivores terrestres avec les phoques et l e s otaries a longtemps été un sujet de discussion ( 2 0 , 4 6 , 4 9 ) . La similarité des Pinnipèdes avec les Canidés semble désormais bien établie. Elle a pour c o n s é q u e n c e la vraisemblance de l'hypothèse selon laquelle c e s Carnivores partagent une sensibilité v o i s i n e à l'égard de certaines infections virales et bactériennes. L e s Félidés sont pour leur part bien distincts de c e groupe d ' e s p è c e s et devraient donc présenter des sensibilités différentes aux maladies c o n t a g i e u s e s . Si ces considérations sont exactes, on doit en tenir c o m p t e pour prévenir les risques de transmission de maladies à l'intérieur d'une m ê m e collection z o o l o g i q u e . Famille des Canidae Gray, 1821 La taxinomie récente tend à simplifier la liste des familles et genres de Carnivores. Chez les Canidés ( 3 6 e s p è c e s ) , l e s points de désaccord entre systématiciens portent d'une part sur la classification de certains renards (nombre d ' e s p è c e s de renards à grandes oreilles : kit foxes, genre de l ' e s p è c e fennec) et d'autre part sur la classification générique des Canidés sud-américains. Famille des Felidae Fischer de Waldheim, 1817 Plus encore que pour les Canidés, la classification des Félidés fait l'objet de controverses entre z o o l o g i s t e s : la séparation des Félidés en deux groupes, l e s grands félins qui rugissent et les petits qui miaulent, est toujours admise (respectivement sous-famille des Pantherinae ou genres P a n t h e r a et Neofelis [ 1 2 e s p è c e s ] d'une part, et sous-famille des Felinae d'autre part). L e s 2 7 ou 28 e s p è c e s de petits félins sont réparties en 16 genres par E w e r ( 1 5 ) , ou 14 sous-genres par N o w a k ( 3 6 ) ; M a c D o n a l d (29) ne mentionne que 2 8 e s p è c e s du genre Felis. L'ensemble formé par le chat domestique et les chats sauvages d'Europe et d'Afrique constitue aussi une p o m m e de discorde entre spécialistes, en raison de la grande similarité entre c e s e s p è c e s . La tendance est de les regrouper en une seule espèce, Felis silvestris (respectivement F. silvestris catus, F. silvestris silvestris et F. silvestris libyca) ( 2 9 ) . Toutefois, Linné ayant n o m m é en premier le chat domestique Felis catus, les règles de nomenclature voudraient que l ' o n utilise cette dénomination assortie des noms de s o u s - e s p è c e s . Enfin, le guépard (Acinonyx jubatus) se distingue de tous les autres félins par des caractères uniques. Il est généralement classé avec les grands chats. Origine des animaux Elevage, échanges, programmes d'élevage La plupart des animaux sauvages détenus en parc z o o l o g i q u e sont nés en captivité sur place ou dans d'autres établissements z o o l o g i q u e s . L a majorité des z o o s participent désormais à des programmes d ' é l e v a g e coordonnés au plan européen (EEP : Europäische Erhaltungszuchtprogramme) ou mondial, conduisant à des échanges rationnels de s p é c i m e n s ; un certain nombre d ' e s p è c e s gardées, plus rares que d'autres, 117 particulièrement c h e z l e s félins, bénéficient d'un suivi génétique. L'origine géographique des fondateurs, puis la g é n é a l o g i e de la d e s c e n d a n c e sont c o n s i g n é e s et suivies dans d e s livres d'origine (studbooks), afin d'assurer un m a x i m u m de diversité génétique aux populations captives ( 2 5 ) . Prélèvements dans la nature Les individus issus de la nature sont rares et leur acquisition n'est p o s s i b l e que dans le cadre des réglementations nationales et internationales en vigueur. En particulier, la convention de Washington {Convention on International Trade in Endangered Species : CITES), dont l'application est confiée aux organismes g o u v e r n e m e n t a u x compétents, réglemente le c o m m e r c e des e s p è c e s m e n a c é e s d'extinction entre les pays signataires. Trafic Certains particuliers ou trafiquants font cependant entrer en fraude d e s animaux qui échappent à tout contrôle sanitaire et quarantaine. En cas de saisie, ou de donation, c e s animaux sont souvent accueillis en parc z o o l o g i q u e car leur retour dans la nature, si tant est que l ' o n c o n n a i s s e leur origine géographique exacte, est problématique voire impossible en raison de l'imprégnation des animaux ( c ' e s t le c a s , par e x e m p l e , des jeunes primates é l e v é s artificiellement). L e s risques sanitaires liés aux transferts de c e s animaux sont plus importants lorsque l'origine d e ceux-ci est incertaine. Besoins biologiques fondamentaux Les Carnivores exotiques ont des e x i g e n c e s b i o l o g i q u e s particulières qui tiennent au climat de leur aire naturelle d'origine, à leur comportement prédateur et à leur v i e sociale. Plutôt que de reconstituer une apparence de décor naturel qui ne satisfait que les goûts d ' e x o t i s m e du visiteur, la tendance dans les parcs z o o l o g i q u e s modernes est de fournir aux animaux d e s a m é n a g e m e n t s qui leur permettent d'occuper leur temps, notamment pour se déplacer, avoir des interactions sociales ou chercher leur nourriture (23). L e s a m é n a g e m e n t s réalisés en matériaux non poreux, ni pulvérulents sont préférables pour d e s raisons sanitaires. L e s animaux grégaires, tels que les loups et les lions, doivent disposer de surfaces suffisantes et de refuges pour permettre aux individus « d o m i n é s » d'éviter les contacts agressifs avec leurs c o n g é n è r e s . B e a u c o u p de petits Carnivores sont solitaires, et la présence de c o n g é n è r e s est pour e u x un facteur permanent de stress. Les densités fortement e x a g é r é e s dans les e n c l o s favorisent grandement la transmission des maladies c o n t a g i e u s e s (Fig. 1). L e s contacts avec le public ou les soigneurs, particulièrement dans le cas de j e u n e s animaux orphelins dépourvus de la protection immunitaire conférée par les anticorps d'origine maternelle, sont é g a l e m e n t des sources de contagion par divers agents pathogènes tels que Klebsiella, streptocoques ou mycobactéries. Les surfaces disponibles, les hauteurs et types de clôture, les infrastructures liées à la sécurité telles que les trappes et les couloirs grillagés, sont réglementés dans beaucoup de pays par des dispositions contraignantes. D e s locaux i s o l é s du public et des espaces de quarantaine doivent être a c c e s s i b l e s aux animaux au m o m e n t de la 18 Fie. 1 Contacts amicaux entre lycaons (Lycaon pictus) Ces contacts quotidiens favorisent la transmission des maladies contagieuses (Photo : K. Laurenson) reproduction ou en cas de maladie. La nourriture, notamment les protéines d'origine animale, doit être d'une parfaite qualité sanitaire. Il faut proscrire la fourniture de carcasses d'animaux dont l'origine est douteuse ou dont la cause de la mort est inconnue, particulièrement s'il s'agit d'animaux sauvages ou provenant du parc zoologique lui-même. Une nourriture de mauvaise qualité biologique peut engendrer une contamination par des salmonelles, des colibacilles, etc. La prévision du risque sanitaire Notre connaissance de l'état sanitaire des populations naturelles de Carnivores est très incomplète. Des virus ou infections parfaitement banals, dont la prévalence est importante, n'ont simplement jamais été décrits, faute d'avoir été recherchés. L'influence qu'exerce cette pathologie sur la biologie des populations de Carnivores reste largement incertaine. De plus, la circulation des agents pathogènes au sein des peuplements sauvages est presque totalement inconnue. Dans ces conditions, il est aléatoire de prétendre protéger les animaux gardés en captivité contre toutes les agressions bactériennes, parasitaires ou virales auxquelles ils pourraient être confrontés. Il est incontestablement utile de dépister ces infections et de vacciner contre celles pour lesquelles cela est possible ; mais les mesures d'isolement et de vigilance sanitaires restent toujours recommandées pour faire face à une agression imprévisible. 119 Pour les Carnivores, les m o d è l e s d o m e s t i q u e s du chien et du chat sont fort utiles lors de la préparation d'un plan de prophylaxie. M a i s la question de la spécificité d e s affections c o n t a g i e u s e s doit être p o s é e . L e s m é t h o d e s d'investigation virologique ne permettent pas toujours d'identifier avec a s s e z de précision un agent pour savoir s'il sera pathogène pour u n e e s p è c e en particulier. D a n s le cas de la rage par e x e m p l e , d e s variants du virus, appelés biotypes, n'ont pas la m ê m e virulence pour l ' e s p è c e h o m o l o g u e (faible d o s e létale 5 0 % du virus d'origine vulpine pour le renard) et pour une e s p è c e hétérologue : le chien est au m o i n s trois mille fois m o i n s sensible q u e le renard au virus d'origine vulpine ; la réciproque est vraie avec le virus d'origine canine, plus virulent pour le chien q u e pour le renard ( 1 2 ) . Par conséquent, la transmission d ' e s p è c e à e s p è c e d'une infection à la faveur de contacts directs o u indirects dans une c o l l e c t i o n z o o l o g i q u e , réserve souvent d e s surprises. D e m ê m e , lorsqu'un hôte et un parasite ne se sont j a m a i s rencontrés, l'effet de cette rencontre à l ' é c h e l l e de l'individu et d e la population est imprévisible. L e s parcs zoologiques sont d e s lieux particulièrement favorables à c e genre d ' é v é n e m e n t . O n y rassemble d e s p h y l u m s t a x i n o m i q u e s qui s e sont séparés quelques millions d ' a n n é e s auparavant. L e s populations de parasites spécifiques ont d o n c é v o l u é de f a ç o n indépendante. D e s infections banales pour certaines e s p è c e s , d o n c facilement transmissibles, peuvent se révéler meurtrières pour d'autres et initier d e s é p i d é m i e s aux c o n s é q u e n c e s potentiellement désastreuses. Les c o l o n i e s de parcs z o o l o g i q u e s s e comportent à cet égard c o m m e d e s populations insulaires : d'un côté, leur i s o l e m e n t l e s e m p ê c h e d'acquérir une i m m u n i t é naturelle au contact d'infections banales qui ne p e u v e n t se perpétuer q u ' à l'intérieur d e s grandes populations m o n o s p é c i f i q u e s . D ' u n autre côté, l e s m o u v e m e n t s d'animaux introduits dans un parc z o o l o g i q u e créent un flux d'agents p a t h o g è n e s potentiellement dangereux pour b e a u c o u p d ' e s p è c e s présentes. U n e fois introduits dans un groupe monospécifique d'animaux, qui vivent b e a u c o u p plus proches les uns d e s autres en captivité q u e dans la nature, c e s agents peuvent contaminer rapidement la totalité du groupe et l'éliminer. C h e z les Carnivores, les infections favorisées par c e genre d'événement sont la péritonite infectieuse féline, la l e u c o s e féline et les parvoviroses ; avec des c o n s é q u e n c e s différentes, l e s m y c o b a c t é r i o s e s répondent é g a l e m e n t à c e schéma. Toutes c e s affections sont particulièrement redoutables car l'infection est détectée tardivement, à un stade o ù l ' o n ne peut plus interrompre le processus. INFECTIONS FÉLIDÉS SPÉCIFIQUES I M P O R T A N T E S O U P O U R D E D E S C A N I D É S L A S A N T É O U D E S D E S A N I M A U X L ' H O M M E Maladies causés p a r des prions L'encéphalite s p o n g i f o r m e b o v i n e a été reconnue Carnivores ( 2 6 , 2 7 ) , dont le chat, le guépard et le vraisemblablement après c o n s o m m a t i o n de viande b o v i n e vraisemblable qu'il existe d e s encéphalites s p o n g i f o r m e s Carnivores. capable d'infecter divers p u m a (Puma concolor), c o n t a m i n é e . Il est en outre subaiguës spécifiques d e s Maladies virales Sauf indications contraires, b e a u c o u p d e s informations m e n t i o n n é e s dans cette section ont été reprises de l ' o u v r a g e d ' A p p e l consacré aux maladies virales d e s Carnivores ( 3 ) . 120 Infection à adénovirus canin L'adénovirus canin provoque un syndrome de gastro-entérite hémorragique, avec œdème sous-cutané, ecchymoses, épistaxis, signes d'hépato- et splénomégalie, pouvant évoluer vers une hépatite chronique nécrosante chez le chien. Chez le renard et les Ursidés, le virus provoque une encéphalite. Il est plus répandu en Amérique qu'en Europe. On note un écoulement nasal, parfois un ictère, des convulsions toniques et cloniques, une paralysie et la mort (Fig. 2). FiG. 2 Kératite du renard roux (Vulpes vulpes), souvent due à un adénovirus (Photo : CNEVA, Nancy) Au parc zoologique de Mulhouse, J.M. Lernould (communication personnelle) mentionne une épidémie due à un adénovirus différent de l'agent de l'encéphalite de Rubarth, qui a sévi parmi les chiens de brousse (Speothos venaticus) et les loups à crinière (Clirvsocyon brachyurus). Maladie d'Aujeszky La maladie d'Aujeszky est due à un herpesvirus neurotrope qui atteint les Suidés et peut entraîner des encéphalites mortelles chez les Carnivores. La transmission se fait par ingestion de viande de porc contaminée ; les Carnivores atteints n'excrètent pas le virus à un titre permettant la transmission. Le principal symptôme est un prurit 121 incoercible d'évolution très rapide. Le virus de la maladie d ' A u j e s z k y provoque une méningo-encéphalite et une ganglionévrite. L e diagnostic est réalisé par isolement du virus et immunofluorescence. La seule mesure de prévention réside dans le choix des sources de protéines destinées à l'alimentation. L e s vaccins atténués, voire délétés, destinés au porc, peuvent avoir une pathogénicité résiduelle pour les Carnivores exotiques ou s a u v a g e s , notamment le renard roux. Maladie de Carré La maladie de Carré est d u e à un morbillivirus (Paramyxoviridés) ubiquiste, spécifique des Canidés, des Mustélidés et des P r o c y o n i d é s . Le virus a été r é c e m m e n t isolé c h e z certains P h o c i d é s et Félidés en parc z o o l o g i q u e (4), et c h e z d e s lions dans le Parc national du Serengeti ( 3 4 ) . Le chien j o u e un rôle de réservoir ; il est le principal facteur de risque de contamination. L a transmission a lieu par v o i e aérienne et par contact direct avec les animaux infectés. La maladie affecte principalement l e s j e u n e s , car la guérison procure une immunité durable (« maladie du j e u n e â g e »). L a maladie a s s o c i e des troubles nerveux ( e n c é p h a l o m y é l i t e démyélinisante) à un é c o u l e m e n t oculo-nasal, souvent accompagnés d'érythème cutané, avec dermatite pustuleuse dans la région inguinale ou les z o n e s palmaires des m e m b r e s , et hyperkératose digitale. Le diarrhée est fréquente. Les lésions macroscopiques ne sont pas p a t h o g n o m o n i q u e s ; on observe des inclusions acidophiles intra-cytoplasmiques ou nucléaires de l'épithélium des conjonctives de l'appareil respiratoire et de la v e s s i e , une l y m p h o p é n i e , une défectuosité de l'émail dentaire. L e diagnostic est réalisé par sérologie et immunofluorescence spécifiques. L'injection préventive de vaccins c o m m e r c i a u x destinés aux chiens comporte des risques pour certains autres Canidés. En théorie, on r e c o m m a n d e pour les Carnivores exotiques une primo-vaccination, à l'aide d e vaccins à virus inactivé, suivie de rappels avec des s o u c h e s atténuées ( 1 7 ) . Il n'est pas toujours possible de se procurer c e s derniers vaccins dans le c o m m e r c e . Il est en outre nécessaire de réaliser une séparation sanitaire vis-à-vis d e s chiens, et d e séparer les e s p è c e s sensibles les unes des autres. Coronaviroses Plusieurs Coronavirus apparentés peuvent être é c h a n g é s entre Carnivores et être à l'origine d e signes cliniques variés. C e s virus ont un tropisme entérique ou respiratoire, et provoquent des c o n v e r s i o n s sérologiques croisées. L e Coronavirus canin provoque une entérite hémorragique aiguë, engendrant une immunité peu durable. Certains individus sont porteurs sains. Péritonite infectieuse féline D e nombreuses e s p è c e s de félins sauvages sont sensibles à c e Coronavirus. Il s'agit typiquement d'une infection d e s c o l o n i e s denses (chatteries). La maladie est introduite par un individu infecté ; elle est très contagieuse à l'intérieur du groupe mais diffuse mal à l'extérieur. E n 1 9 8 2 , au Wildlife Safari Park d e Wiston (Oregon, Etats-Unis d'Amérique), une é p i d é m i e causa la mort d e 2 4 guépards ( 4 8 ) . La fréquence d e l'infection c h e z les guépards s a u v a g e s , notamment en N a m i b i e d ' o ù provenaient c e s 122 individus, est mal c o n n u e ; toutefois une mortalité dévastatrice analogue n'y a jamais été décrite. O'Brien et coll. ( 3 8 ) considèrent que la sensibilité particulière des guépards aux infections serait en rapport avec la très faible variabilité génétique observée chez cette e s p è c e et avec la déficience du c o m p l e x e majeur d'histocompatibilité. Cette conception ne fait toutefois pas l'unanimité parmi les spécialistes ( 3 3 , 3 7 ) . Coryza et infections respiratoires virales (ou bactériennes) associées Chez les félins, il s'agit de maladies respiratoires principalement dues à des herpèsvirus, calicivirus et réovirus, ou à Chlamydia psittaci. D'autres agents sont possibles c o m m e sources primaires d'infection ou de complication : virus parainfluenza, virus syncytial félin, m y c o p l a s m e s ; pasteurelles ( 4 2 ) . Chez le chien et les Canidés en c o l o n i e s existe le syndrome multifactoriel appelé « toux des chenils » (16). La maladie affecte plus gravement l e s très j e u n e s individus. Il peut exister un portage asymptomatique des individus guéris, avec des épisodes de réexcrétion du virus (herpèsvirus) ou une l o n g u e période d'excrétion virale oropharyngée (calicivirus). L e calicivirus peut être réexcrété par des animaux apparemment guéris puis vaccinés. Le traitement est symptomatique. O n doit assurer le maintien de la condition physique des animaux, si besoin par une alimentation forcée ( 1 8 ) . La toux des chenils est difficile à éradiquer. La vaccination est efficace contre la calicivirose c h e z les grands félins. Herpèsvirose canine Provoquée par un virus herpétique apparenté à celui de la rhinotrachéite du chat, l'herpèsvirose canine se traduit par des signes cliniques souvent frustes c h e z l'adulte (rhinites, lésions v é s i c u l a r e s de l'appareil génital). L'infection est souvent grave pour les chiots n o u v e a u - n é s (septicémie mortelle) et les f e m e l l e s gravides (avortements, morti natalité). U n e certaine protection peut être conférée par l e s anticorps maternels (mères anciennement infectées). L e s animaux infectés restent porteurs du virus toute leur v i e et, à l ' o c c a s i o n de stress, ils deviennent probablement excréteurs. L'herpèsvirus canin s e m b l e spécifique des Canidés. Il a été signalé c h e z des c o y o t e s (Canis latrans) en captivité. Le diagnostic se fait par la recherche des anticorps neutralisants, ou l ' i s o l e m e n t viral, ou encore la recherche des inclusions virales e n histologie. A u c u n vaccin n'est disponible actuellement. Il convient d'examiner les animaux reproducteurs afin d e rechercher d'éventuelles lésions génitales. Leucose, leucémie féline, infection par le virus leucémogène félin Le virus l e u c é m o g è n e félin (FeLV) est un oncornavirus (Rétroviridés) proche des virus de la l e u c é m i e des cellules T humaines (HTLV), mais n o n transmissible à l ' h o m m e . Il infecte de nombreuses e s p è c e s de félins ( 1 8 ) et a été trouvé en nature chez le chat forestier européen ( 5 , 3 0 ) . La période d'incubation asymptomatique dure environ deux ans. L'infection par le FeLV provoque une anémie, des tumeurs, notamment des l y m p h o m e s , et une profonde déficience immunitaire conduisant à des infections opportunistes. Transmis par la salive à l'occasion d'un contact indirect, le virus ne peut survivre durablement dans l'environnement. 123 Le diagnostic est pratiqué par titrage i m m u n o - e n z y m a t i q u e (enzyme-linked immunosorbent assay : E L I S A ) ou immunofluorescence. En cas de résultat positif il faut renouveler le diagnostic au m o i n s trois s e m a i n e s plus tard pour écarter la possibilité d'une virémie transitoire. Les vaccins à virus modifié destinés au chat peuvent s'avérer inoffensifs ou au contraire avoir un effet désastreux, particulièrement en cas de gestation. L e s vaccins à virus inactivé ou obtenus par recombinaison génétique sont sans danger (vaccinations aux 8 , 1 2 et 1 6 s e m a i n e s suivies de rappels annuels). L e test de dépistage est indispensable avant toute introduction d'un nouvel individu ; si un individu d'un groupe est atteint, il y a une forte probabilité que tous les autres membres soient ou aient été infectés ; il c o n v i e n t de rechercher les individus ayant quitté la c o l o n i e pour un autre parc z o o l o g i q u e au cours d e s cinq années précédentes et de les soumettre é g a l e m e n t à des tests. e e e Parvoviroses Deux virus sont connus c h e z les Canidés (parvovirus canins [ C P V ] 1 et 2 ) , et un chez les félins. D e s infections croisées sont possibles : des chiens de brousse du parc zoologique de M u l h o u s e ont souffert d'une é p i d é m i e due au parvovirus félin qui a entraîné la mort de trois animaux sur neuf ( 1 4 ) . L a transmission se fait par contact indirect, facilitée par l'élimination du virus dans les fèces et sa l o n g u e survie à l'extérieur. L e s parvovirus se multiplient dans l e s cellules en division (épithélium intestinal et médullaire). La guérison est durable ; le virus est éliminé après production d'anticorps protégeant contre une réinfection. Panleucopénie infectieuse féline, typhus Le virus de la panleucopénie infectieuse féline est très pathogène pour la plupart des félins. On constate une forte mortalité, m ê m e c h e z l e s adultes. L a maladie est caractérisée par une l e u c o p é n i e très importante ( 5 0 à 3 0 0 0 cellules par µl). La vaccination est efficace. Par contre, un parc contaminé est désinfectable, il convient donc de changer de groupe taxinomique. difficilement Parvovirus canin 2 Le C P V 2 est responsable d'une panzootie apparue en 1976 et qui s'est répandue sur toute la planète en quelques années. L e C P V 2 pourrait avoir c o m m e origine un virus félin modifié ( 3 9 ) . C e virus a constitué une m e n a c e pour d e s populations i s o l é e s de loups en liberté ( 3 2 ) . Il affecte le chien de brousse, le loup à crinière, le renard crabier (Cerdocyon thous), le c o y o t e et probablement les autres Canidés ( 4 1 ) . L e tableau clinique est d o m i n é par une entérite mortelle, v o i s i n e d e la parvovirose féline. Rage La rage (7, 13) est due à un lyssavirus (Rhabdoviridés) qui affecte principalement les Carnivores et les Chiroptères, avec des biotypes spécifiques du chien ou du renard. Tous l e s M a m m i f è r e s sont sensibles à d e s degrés divers ; la transmission se fait essentiellement par morsure. Il existe peu d ' e x e m p l e s de transmission de rage des Chiroptères aux e s p è c e s terrestres dans l'hémisphère nord ; en revanche, en A m é r i q u e centrale et du Sud, le virus de la rage peut circuler entre vampires c o m m u n s 124 (Desmodus rolundus), bovins et chiens. L'évolution de la maladie est inéluctablement mortelle lorsque les symptômes apparaissent ; l'incubation varie de quelques semaines à plusieurs mois. L'excrétion du virus dans la salive précède de plusieurs jours l'apparition de signes nerveux, peu caractéristiques en début d'évolution (Fig. 3). La rage est une zoonose majeure. FIG. 3 Sialorrhée rabique chez un chien viverrin (Nyctereutes procyonoides) (Photo : CNEVA, Nancy) II existe un diagnostic spécifique par immunofluorescence et inoculation en culture de neuroblastomes à l'aide de prélèvement d'encéphale non fixé, ni congelé, gardé sous froid. La vaccination, utilisant un vaccin à virus inactivé et additionné d'adjuvant, est efficace. Il existe de très nombreux exemples de rage vaccinale après emploi de virus vaccins modifiés hétérologues. La vaccination orale est à l'étude avec des vaccins atténués ou obtenus par recombinaison génétique. L'innocuité (souches « SAD » ou « ERA » de virus vivant modifié) ainsi que l'efficacité ne sont pas absolues, ce qui pour le moment interdit un emploi en parc zoologique. Il convient de proscrire toute introduction de Carnivores sauvages en provenance des zones d'endémie et d'éloigner les animaux errants. Dans les zones d'endémie de rage des Chiroptères (Amérique centrale et du Sud), les Mammifères de toutes espèces en semi-liberté doivent être 125 vaccinés. La quarantaine, qui ne se justifie que pour d e s animaux qui n'ont pas été correctement v a c c i n é s , varie de trois m o i s à un an selon les législations nationales. Immunodéficience féline Découvert par Pedersen et coll. ( 4 0 ) , le virus d ' i m m u n o d é f i c i e n c e féline est très proche du virus du syndrome d ' i m m u n o d é f i c i e n c e acquise ( S I D A ) humain, mais il n'est pas transmissible à l ' h o m m e . C'est un rétrovirus de la famille des Lentiviridés. Il existerait plusieurs lentivirus félins, isolés de divers grands félins sauvages en Amérique et en Afrique. Certaines c o l o n i e s de lions en captivité ou en semi-captivité peuvent être sévèrement infectées (6). L'incubation dure de six à sept ans c h e z le chat. On observe ensuite un affaiblissement de l'animal par d é v e l o p p e m e n t d'une immunodéficience conduisant inéluctablement à la mort. La transmission se fait par la salive, principalement lors de morsures. Il existe des tests de dépistage par recherche d'anticorps spécifiques par la méthode ELISA. L e s trousses de diagnostic du c o m m e r c e s e m b l e n t donner d e s résultats acceptables pour les félins exotiques, m ê m e lorsque ceux-ci sont infectés a v e c un lentivirus hétérologue. C o m m e c h e z l ' h o m m e , un animal possédant d e s anticorps est porteur du virus. S e u l e s des mesures sanitaires classiques (isolement, dépistage avant introduction d'un nouvel individu) permettent de contrôler l'infection. U n porteur de virus peut vivre en apparente bonne santé pendant des années. C h e z le lion par exemple, l'effet létal de l'infection n'a pas été observé en nature (R. B e n g i s , communication personnelle). Maladies bactériennes Micrococcies On peut ranger dans cette catégorie un grand nombre d'infections dues à des streptocoques ou staphylocoques qui occasionnent des troubles généraux ou locaux (21). Certaines e s p è c e s ou s o u c h e s , occasionnent une Symptomatologie particulière exprimée à la faveur d'une blessure ou d'une morsure entre différents hôtes. L e renard roux (Vulpes vulpes) a été trouvé particulièrement sensible à une s o u c h e d e streptocoque bêta-hémolytique provoquant un ictère (Fig. 4 ) et une septicémie mortelle ( 8 ) . M a i s de n o m b r e u s e s e s p è c e s appartiennent s i m p l e m e n t à la microflore commensale de la fourrure, des tractus digestif et uro-génital ou des cavités oronasales. L e s staphylocoques font partie des bactéries les plus résistantes aux conditions environnementales telles que la dessiccation ou l'action des désinfectants. L'apparition de la maladie résulte alors d'une i m m u n o d é f i c i e n c e permanente ou simplement temporaire, provoquée par une infection virale ou une agression biologique, c h i m i q u e ou physique. C e s agents sont sensibles à divers antibiotiques mais les cas de résistance ne sont pas rares. Botulisme Clostridium botulinum comporte sept types différents d'antigènes botuliniques ( A à G) ; la plupart des cas de botulisme c h e z l'animal sont dus aux toxines du type C ou D. Le botulisme est une cause de mortalité m a s s i v e dans l e s é l e v a g e s de visons ; il est également signalé c h e z le lion ( 2 2 ) . 126 Fie. 4 Ictère généralisé suite à une septicémie streptococcique chez un renard roux (Vulpes vulpes) : de très nombreux jeunes y succombent chaque année (Photo : CNEVA, Nancy) L'ingestion de la toxine bloque les jonetions neuromusculaires. La mort peut résulter de la paralysie respiratoire ou d'infections secondaires. Le diagnostic de certitude est porté par identification de la toxine dans le sérum, les fèces ou l'aliment suspect. Le traitement symptomatiquc est essentiel (assistance respiratoire et alimentaire, sondage, etc.). Les antibiotiques sont d'une efficacité douteuse puisque normalement la bactérie ne se développe pas : les antitoxines n'agissent plus après le blocage rapide des connexions neuromusculaires. La prévention fait appel au chauffage à 100 °C pendant 10 mn des aliments suspects, mais surtout à la surveillance des approvisionnements de nourriture (9). Brucellose canine La brucellose canine est une infection rare, systémique et génitale, spécifique, le plus souvent chronique, due à la localisation intracellulaire de Brucella canis. Les chiens sont également (et plus fréquemment) sensibles à d'autres brucelles infectant les ruminants ; les félins seraient moins sensibles (10). La transmission par voie orale se fait par ingestion de matières contaminantes : avortons, placenta ou liquide amniotique. L'infection des muqueuses vaginales se fait par voie sexuelle. La maladie se traduit par des troubles de la reproduction, des avortements à un stade avancé de gestation, une épididymite, l'infertilité, etc. 127 Les tests sérologiques applicables au diagnostic sont l'épreuve de séroagglutination rapide sur lame ou en tube, et la méthode E L I S A . On observe de faux résultats positifs et certaines techniques sont peu sensibles ; il c o n v i e n t donc, selon le c a s , de l e s combiner. On peut é g a l e m e n t procéder à l ' i s o l e m e n t bactérien. B. canis est sensible à plusieurs antibiotiques in vitro, mais le traitement est long et décevant. Il existe un risque de contamination du personnel soignant, mais cette zoonose est toutefois m o i n s sévère que la brucellose des ruminants. Fièvre charbonneuse L'agent de la fièvre charbonneuse est Bacillus anthracis (Bacillacae), bactérie à Gram positif saprophyte, anaérobie facultative. La maladie résulte de la c o n s o m m a t i o n de carcasses d'animaux infectés, de blessures ou d'une inhalation. F o w l e r ( 1 8 ) rapporte une é p i d é m i e dévastatrice c h e z un groupe de félins et un ours appartenant à un studio de cinéma, nourris avec la carcasse d'un cheval infecté. La mort est brutale et sans prodrome. Chlamydiose La c h l a m y d i o s e , bien c o n n u e c h e z les Félidés, et dans une moindre mesure c h e z les Canidés d o m e s t i q u e s , a été r é c e m m e n t identifiée c h e z des fennecs (Fennecus zerda) d'un parc z o o l o g i q u e de Paris : les animaux présentaient une conjonctivite chronique avec surinfection (F. Claro et D . Trap, résultats non publiés). Cet é p i s o d e peut faire suspecter un portage asymptomatique ou symptomatique c h e z d'autres e s p è c e s d e Canidés, et é v e n t u e l l e m e n t de Félidés sauvages. En raison du m o d e d'excrétion de l'agent, le risque potentiel de z o o n o s e doit conduire à recommander au personnel vétérinaire et soignant une vigilance particulière. Leptospirose Plus de 2 0 0 sérovars de Leptospira pathogènes sont regroupés en 2 3 sérogroupes différents (2). Ils infectent de nombreuses e s p è c e s , mais l'infection est particulièrement problématique chez les Canidés (renards gris [Urocyon cinereoargentatus] et roux, c o y o t e ) . On a signalé des infections c h e z le lynx roux américain (Lynx rufus). On constate une atteinte hépatique et rénale, aiguë ou chronique, qui se traduit notamment par un syndrome ictéro-hémorragique a v e c des urines très sombres, d'évolution fatale, ou un syndrome urémigène qui s ' a c c o m p a g n e de v o m i s s e m e n t s et de diarrhée. On note une l e u c o c y t o s e importante (plus de 2 0 0 0 0 cellules neutrophiles par m m ) . 3 La vaccination est très spécifique vis-à-vis de certains sérogroupes, avec une protection croisée faible. En phase septicémique, un animal malade peut contaminer le personnel de soin par un contact direct avec les sécrétions et excrétions. La prévention fait appel à la surveillance des plans d'eau (les eaux stagnantes, à faible débit et o m b r a g é e s sont favorables au d é v e l o p p e m e n t des leptospires), à l ' a s s è c h e m e n t et à la dératisation. Certains m é d e c i n s r e c o m m a n d e n t la vaccination préventive du personnel soignant. 128 Tuberculose Le tuberculose est une infection systémique provoquée par des mycobactéries, principalement Mycobacteria bovis signalée dans un nombre important de parcs z o o l o g i q u e s c h e z de nombreuses e s p è c e s sauvages gardées en captivité. L'épidémie reste toujours préoccupante c h e z le blaireau (Meles meles) en liberté, dans le sud de l'Angleterre et en Irlande. L e s sources de contamination sont le lait, la nourriture, un contact oro-nasal avec des personnes malades, la prédation de c a m p a g n o l s ou d'oiseaux atteints par des mycobactéries spécifiques, enfin l e s morsures ou griffades par des animaux s'étant nourris de matières contaminées. L e s félins sont très sensibles à M. bovis mais moins sensibles à d'autres mycobactéries. On observe une perte progressive de poids, évoluant vers la c a c h e x i e et conduisant à la mort. L e s signes cliniques sont liés aux adénopathies avec des lésions cutanées ulcératives. L'identification des mycobactéries se fait principalement sur des exsudats ou des biopsies, au terme d'une culture qui est longue et difficile. L e test d'intra-dermo-réaction peut être pratiqué à l'oreille, avec une mesure précise de la réaction au m o y e n d'un pied à coulisse. L'injection intraveineuse de tuberculine provoque une très forte réaction, parfois létale. Malheureusement, la suspicion clinique est généralement confirmée seulement lors de l'autopsie. Il arrive également que l'infection soit découverte sans suspicion préalable. Le diagnostic est généralement porté trop tard pour initier un traitement, dont l'opportunité est d'ailleurs discutable en raison des risques qu'il présente pour la santé publique. L e contact avec l'haleine, les fèces et les lésions cutanées est potentiellement dangereux pour le personnel. La prévention repose sur des mesures d'hygiène générale ; il convient également de ne permettre l'introduction d'animaux que lorsque ceux-ci proviennent de parcs où l'effectif global est reconnu indemne. Salmonelloses D e s cas de portage asymptomatique ou symptomatique d e salmonelles (responsables de gastro-entérites d'amplitude variable selon l e s individus, de septicémies, d'omphalophlébite, etc.) sont observés en parc z o o l o g i q u e , c e qui justifie de contrôler les animaux à intervalles réguliers et avant tout transfert ( 1 7 ) . Ainsi, par e x e m p l e , plusieurs guépards importés de N a m i b i e en France dans le cadre d'un projet de reproduction, hébergeaient des salmonelles, et trois au m o i n s en sont morts, dans des zones différentes (F. M o u t o u , c o m m u n i c a t i o n personnelle). Maladies parasitaires L e s Carnivores de parcs z o o l o g i q u e s sont sensibles à un grand nombre d'infestations parasitaires ( 4 3 ) , mais c o m p t e tenu de leur m o d e de v i e , ils ne sont généralement que faiblement infestés par des helminthes digestifs ou respiratoires. Des animaux bien nourris et en bonne santé supportent facilement la plupart d e s parasites internes, qui passent donc inaperçus. L e Tableau I présente les infestations parasitaires les plus c o m m u n e s des Félidés et Canidés. L e s ascaridioses et autres infestations par des nématodes sont particulièrement fréquentes. L e s félins sont infestés par Toxocara cati, Toxascaris leonina et Toxocara canis. L e s Canidés sont parfois infestés par des cestodes, ascaris dont Toxocara canis et Toxascaris leonina, ou par Ancylostoma caninum, etc. L e traitement et la prévention Organes + + C,F C I C + (b) + - + + + + + C F : : : : + + + efficace non efficace Canidés Félidés + + + + + (c) (d) + + + + Prazi- Thiabenquantel dazole anthelminthiques Anthelminthiques Glyco- Ivermec- Leva- Meben- Niclosa- Pipébiarsol tine misole dazole mide razine Toxique ; ne pas associer à d'autres organo-phosphores Ne pas répéter le traitement pendant 21 jours ; ne pas appliquer à des animaux de plus de 50 k g Toxique chez le guépard, le lion, le puma Toxique chez les félins Fosses nasales C Intestin Linguatula C, F Intestin C, F C Intestin, pancréas, poumon, voies biliaires C, F Intestin c c c c c + C,F (a) Espèces DichlorDisoaffectées vos phénol Intestin Trematodes Mesocestoides Dipylidium Taenia Echinococcus Cestodes Toxocara/Toxascaris Intestin grêle Ancylostoma/Uncinaria Intestin Côlon Trichuris Estomac Physaloptera/Spirural Spirocerca Dirofilaria Cœur Capillaria/Filaroides/ Trachée, poumon Crenosoma Dioctophyma Rein Muscle Trichinella Nématodes Parasites a) b) c) d) TABLEAU Principaux métazoaires parasites internes des Canidés et des Félidés, avec leur localisation et les produits recommandés pour chacun d'eux (d'après Fowler [17], Zajac [50] et J. Blancou, rapport interne) 129 130 font appel à divers anthelminthiques (Tableau I) qui doivent être changés régulièrement en raison des résistances développées par les ascaris. La fréquence des administrations est fonction de la période de prépatence (généralement un mois). Maladies causées par des ectoparasites Gales Les gales sont principalement sarcoptiques chez les Canidés (affection très prurigineuse atteignant l'ensemble du corps) ou, plus rarement, notoédriques chez les Félidés (affectant principalement la tête). La gale des oreilles, provoquée par Otodectes cynotis, est assez commune. La gale auriculaire de nombreux Mammifères américains est due à Otobius megnini (43). Ces gales passent souvent inaperçues. Diverses épidémies de gale affectent des populations sauvages de Canidés, notamment des renards qui sont connus depuis longtemps pour leur grande sensibilité à cette affection (l'« alopécie » caractéristique des gales ayant la même étymologie grecque que Alopex). Les gales sont très contagieuses, pouvant rapidement s'étendre à tout un groupe à la suite de contacts directs ou du partage d'abris où les acariens trouvent refuge et peuvent persister longtemps. Les signes cliniques sont les démangeaisons et les cicatrices ou co-infections qui en résultent. Le diagnostic est le plus souvent clinique. Le traitement traditionnel, faisant appel à des bains de lindane (hexachlorocyclohexane : HCH) en solution tensio-active est désormais abandonné en raison de sa toxicité. L'amitraz est efficace lors de gale auriculaire. L'ivermectine remplace le lindane en une seule injection. Démodécie La démodécie est une affection cutanée d'apparence voisine de la gale, mais non prurigineuse. Elle est occasionnée par un acarien du genre Demodex vivant dans les follicules pileux. Elle peut être traitée par aspersion ou bain d'amitraz. Dermatophyties La fourrure des Carnivores, notamment des félins, est le refuge de champignons saprophytes qui peuvent parfois provoquer des lésions plus ou moins typiques telles que la teigne. Divers champignons peuvent être mis en cause, Trichophyton mentagrophytes et Microsporum canis étant le plus souvent cités. Le diagnostic étiologique est délicat en raison des exigences particulières de culture des divers champignons. Certains métabolites produits par M. canis sont fluorescents en lumière ultra-violette (lampe de Wood), mais l'emploi de cette technique est délicat (35). Les teignes rétrocèdent facilement à l'exposition aux ultra-violets (maladie de la claustration). Elles constituent parfois une maladie opportuniste associée à un syndrome d'immunodéficience dû aux virus d'immunodéficience ou leucémogène félins. Elles sont curables par administration orale prolongée de griséofulvine. Cet antibiotique a toutefois une action myélotoxique chez certains chats et potentiellement chez le guépard (45). 131 Maladies causées par des protozoaires Coccidioses Un très grand nombre de coccidies appartenant aux espèces Eimeria ou Isospora contaminent les Carnivores en captivité. Elles sont toutes localisées dans l'intestin où on les retrouve fréquemment. Elles peuvent provoquer des diarrhées, associées à une anémie et à un amaigrissement. Beaucoup d'animaux étant naturellement porteurs de coccidies, la découverte d'oocystes dans les fèces ne suffit pas à établir le diagnostic. Le traitement fait appel à l'administration orale de sulfamides, mais une guérison absolue est impossible en raison de la réinfection quasi certaine. Une chimioprévention est souvent bénéfique lors du sevrage des jeunes ou en situation de stress comme par exemple au moment de l'adaptation à un nouvel enclos. Leishmanioses Les leishmanioses sont des protozoonoses des zones tropicales et méditerranéennes. Le réservoir des Leishmania est le plus souvent un rongeur, le chien ou un Canidé sauvage, et leur vecteur un diptère piqueur (Phlebotomus spp. dans l'Ancien Monde et Lutzomyia spp. dans le Nouveau Monde). Certains autres Carnivores, dont le chat, peuvent héberger le parasite, un protozoaire qui se localise dans les macrophages (1). Les symptômes sont une dépilation hyperkératosique, non prurigineuse, caractérisée par une desquamation excessive de l'épiderme, particulièrement au niveau du museau. L'association à une croissance anormale des griffes est pathognomonique mais peu fréquente. L'atteinte viscérale se traduit par un amaigrissement et une fonte musculaire. Les Leishmania sont identifiables sous une forme non flagellée sur des frottis colorés au Giemsa à partir du sang ou de biopsies ganglionnaire ou médullaire. Le traitement chez l'animal est décevant et n'empêche pas les récidives. Les mesures de prévention sont réduites en zone d'endémie : elles consistent éventuellement à limiter les contacts avec les vecteurs en rentrant les animaux, soir et matin aux heures d'activité du diptère. Les autres mesures sont la démoustication classique, associée aux dispositifs défensifs par moustiquaire et à l'emploi de procédés répulsifs. Les trois formes classiques de leishmaniose, viscérale, cutanée et cutanéomuqueuse, sont des zoonoses majeures. Toxoplasmose Toxoplasma gondii est un sporozoaire intestinal très fréquent chez les félins. De nombreux Félidés sauvages ont été trouvés porteurs au même titre que le chat. La contamination a le plus souvent pour origine l'ingestion de viande parasitée ou la prédation d'un hôte secondaire. Une infestation aiguë peut occasionner des troubles résultant de la localisation tissulaire du parasite. Le plus souvent, le portage est asymptomatique. Lorsque le parasite atteint sa localisation tissulaire (cerveau, foie, poumons et muscles), les anticorps peuvent être identifiés dans le sérum. A ce moment l'animal n'est plus contagieux. Si elle est détectée, l'infection entérale peut être traitée par un coccidiostatique ; la toxoplasmose tissulaire peut être traitée par une association de sulfamérazine et pyriméthamine. Cette parasitose est une zoonose à effet tératogène. 132 GESTION Prévention des infections chez les Carnivores Choix des animaux et contrôle sanitaire La première des précautions à prendre pour prévenir les maladies des Carnivores en captivité consiste à procéder à un rigoureux contrôle de l'origine des animaux de collection et à un contrôle sanitaire également rigoureux à l'arrivée. La durée réglementaire de la quarantaine varie selon les pays. A leur arrivée, les animaux introduits doivent généralement répondre à un certain nombre d'exigences, exposées ci-dessous. a) Pour les Canidés : - vaccination « CHLP » (c'est-à-dire contre le virus de la maladie de Carré, le virus de l'hépatite, les leptospires et les parvovirus) des animaux âgés de plus de quatre semaines et de moins d'un an ; - vaccination contre la rage selon la réglementation en vigueur, les risques dans le pays ou la région et le mode de détention (les animaux présentés dans des réserves ou en extérieur de façon permanente sont plus exposés que ceux qui sont tenus en cages intérieures fermées) ; - recherche de salmonelles systématique par copro-culture ; - vérification du traitement anthelminthique et ectoparasitaire, datant de moins d'un mois, qui doit être exigé pour les nouveaux arrivants. b) Pour les Félidés : - vaccination contre les virus du coryza (herpèsvirus et calicivirus) et du typhus (parvovirus) ; - vérification des tests vis-à-vis des virus d'immunodéficience et leucémogène félins (rétrovirus) et du virus de la péritonite infectieuse féline (Coronavirus), datant de moins d'un mois, pour les nouveaux arrivants ; - recherche de salmonelles ; - traitement anthelminthique et ectoparasitaire : il doit avoir été réalisé moins d'un mois avant le transfert. Programme de vaccination Les protocoles de vaccination pour les Félidés et les Canidés sont les mêmes que pour les animaux domestiques (Tableau II). Des cas de maladie de Carré vaccinale ayant été rapportés chez plusieurs espèces de Canidés exotiques, il est prudent de pratiquer un choix documenté de vaccin (11). Chez les Félidés, y compris les guépards, la réponse immunitaire est meilleure et plus sûre lorsqu'on utilise des vaccins à virus vivants modifiés (44). 133 TABLEAU II Vaccins recommandés pour les Félidés et les Canidés exotiques (d'après Bittle [11]) Maladies Type de vaccin Rappels Maladies des Félidés Panleucopénie (infection à parvovirus) Vaccin à virus inactivé ou modifié annuels Rhinotrachéite (infection à herpèsvirus) Vaccin à virus inactivé ou modifié annuels Infections à calicivirus Vaccin à virus inactivé ou modifié annuels Maladies des Canidés Maladie de Carré Vaccin à virus inactivé ou modifié annuels Infection à adénovirus 2 Vaccin à virus modifié Infection à parvovirus Vaccin à virus inactivé annuels Para-influenza Vaccin à virus modifié annuels Leptospirose Vaccin à virus inactivé bi-annuels Rage Vaccin à virus inactivé * Vaccin à virus inactivé (adjuvé) annuels tous les 2 à 3 ans annuels * proscrire les vaccins à virus modifié, particulièrement ceux à faible passage (de type LEP) Alimentation Une nourriture de bonne qualité et bien adaptée aux exigences physiologiques de l'espèce est un garant de bonne santé et d'une bonne protection immunitaire. La qualité de la viande doit particulièrement faire l'objet d'une bonne surveillance, en raison du risque de contamination par des salmonelles. La grande taille des animaux détenus ainsi que leur taux de croissance élevé les prédisposent aux dystrophies, aux fractures et à un hyper-parafhyroïdisme secondaire. Il convient de veiller à fournir aux félins un supplément minéral vitaminé ainsi que des acides gras insaturés, ces animaux étant incapables de synthétiser les acides linoléique et linolénique (huile de tournesol ou de foie de morue). Pour les Canidés, il faut apporter un supplément en calcium et en phosphore au ratio de 1,2. Eloignement des autres animaux Il est nécessaire de pratiquer une dératisation périodique et de garantir un environnement sec (prévention de la leptospirose). Les enclos doivent être inviolables. En cas de risque naturel majeur, une double clôture de sécurité est nécessaire ; les clôtures doivent être bordées de murets pénétrant le sol en profondeur (ces précautions sont de toute façon indispensables pour la plupart des espèces de Carnivores, afin de garantir la sécurité des visiteurs). Les clôtures doivent être infranchissables par les animaux errants, en particulier les espèces arboricoles ou grimpeuses telles que la fouine (Martes foina) en Europe ou le raton laveur (Procyon lotor) en Amérique. 134 Prévention des risques pour la santé humaine Les dangers spécifiques présentés par les Carnivores en captivité sont leur force physique (un loup peut peser de 40 à 50 kg, un tigre 300 kg) et la conservation de l'instinct prédateur. Les morsures et griffures, même bénignes en apparence, peuvent occasionner des problèmes médicaux pour le personnel soignant. La cavité buccale, la salive et, de façon passive, les griffes portent des bactéries, streptocoques, staphylocoques ou pasteurelles, des champignons ou des virus pathogènes pour l'homme. Remarquons que le risque de transmission du virus d'immunodéficience féline n ' a jamais été démontré, quoiqu'il ait fait l'objet d'intenses recherches. L'effraction de la peau met les agents pathogènes en contact avec l'organisme et occasionne une pathologie locale ou systémique. Le fait qu'un animal mordeur ou griffeur soit, et reste en bonne santé, ne dispense absolument pas de traiter toute morsure ou griffure, même bénigne, avec le plus grand soin. Le lavage soigneux avec de l'eau et du savon est nécessaire, suivi d'une antisepsie appropriée utilisant un produit iodé (19). Les animaux mordeurs doivent faire également l'objet d'une surveillance vétérinaire afin de détecter l'apparition de symptômes de rage pendant 15 jours suivant la morsure. Les complications les plus graves des infections humaines dues à des morsures comprennent des arthrites et endocardites infectieuses, pouvant entraîner des incapacités de travail de plusieurs mois. La toxoplasmose peut être transmise par des litières souillées et par les déjections de jeunes félins sensibles, dans les trois semaines qui suivent la multiplication intestinale des toxoplasmes. Une fois que le parasite a atteint sa localisation définitive dans le muscle, l'animal porteur ne peut plus transmettre l'infestation (sauf par ingestion). Les soigneurs doivent prendre des précautions élémentaires lors des changements des litières, telles que le port de gants et de masques à usage unique. Les femmes enceintes non porteuses d'anticorps toxoplasmiques devraient s'abstenir d'un contact rapproché avec les litières et avec les félins dont la fourrure a pu être souillée. Ce dernier risque ne doit cependant pas être exagéré, nombreux étant les exemples de soigneurs qui ont côtoyé des félins ou des chats pendant des dizaines d'années sans avoir jamais élaboré d'anticorps toxoplasmiques. Le portage de ténias échinocoques est peu vraisemblable si les animaux carnassiers ne sont pas nourris avec des viscères contenant la larve ou ses embryons exacanthes (provenant de moutons ou de petits ongulés sauvages dans le cas de l'échinococcose alvéolaire, ou de rongeurs microtinés dans le cas de la forme multiloculaire) (24). La prévention passe surtout par l'hygiène du nourrissage et par une vermifugation régulière de Praziquantel. Le personnel en contact avec la fourrure ou la litière des animaux doit observer une hygiène corporelle absolue afin d'éviter toute ingestion accidentelle des œufs du ténia. Une surveillance sérologique annuelle du personnel (recherche des anticorps spécifiques par une méthode ELISA) permettrait de détecter précocement une contamination et de mettre rapidement en route un traitement palliatif. La prévention générale des risques sanitaires passe par une vaccination antitétanique et antirabique du personnel soignant. Le titrage des anticorps rabiques est conseillé, les rappels de vaccination doivent évidemment être faits régulièrement, tous les cinq ans pour la rage et tous les dix ans pour le tétanos. Les mesures de sécurité en vue de protéger le public d'une trop grande proximité avec des animaux dangereux sont, en principe, suffisantes pour éviter les risques sanitaires à son égard. Certaines réglementations nationales relatives à la rage 135 prévoient des dispositions interdisant l'accès du public aux établissements où a été porté un diagnostic de rage sur un animal en collection, voire un animal errant librement à l'intérieur de l'enceinte du parc zoologique. Ces dispositions sont prises en raison du risque que l'animal enragé s'échappe de la cage ou l'enclos, car si les clôtures contiennent sans difficulté des animaux sains, elle peuvent être détruites ou franchies par un individu enragé. Un animal errant enragé peut contaminer des animaux en cage (non vaccinés) même sans pénétrer dans leur cage ; le contrôle de l'accès des animaux errants est donc une priorité sanitaire pour les directeurs de parcs dans les zones d'endémie rabique. Il n'existe pas d'exemple de réintroduction en nature de Carnivores. Les problèmes sanitaires que présenteraient de telles introductions sont donc inconnus ; toutefois, en France, le projet de réintroduction d'ours dans le Pyrénées a fait l'objet d'une importante étude sanitaire (A. Arquillière, communication personnelle). On devra donc respecter les recommandations faites à cet égard par le Groupe ad hoc de l'Office international des épizooties (OIE) sur les maladies de la faune sauvage, qui portent en particulier sur la surveillance médicale des animaux à introduire, l'enquête sanitaire sur le site de lâcher, l'accompagnement vétérinaire pendant le transport et le suivi vétérinaire des individus relâchés (47). Les grands prédateurs sont des animaux qui posent de nombreux problèmes ; c'est le cas par exemple du loup (31). Leur réintroduction n'est donc pas aussi souvent souhaitée que celle d'autres Mammifères. Dans le cas ou de telles opérations seraient menées, le principal risque sanitaire à prendre en compte (en dehors de la rage) réside dans les menaces que fait peser la réintroduction sur la santé des animaux réintroduits eux-mêmes. Le stress du déplacement peut réveiller des infections latentes telles que la tuberculose, ou des herpèsviruses ou caliciviroses. Les animaux provenant de zones d'endémie rabique doivent être accompagnés d'un certificat sanitaire attestant qu'aucun cas de rage n ' a été déclaré dans les mois précédant leur départ, qu'ils ne présentent aucun symptôme de rage et qu'ils ont été valablement vaccinés. En cas d'importation dans un pays indemne, un titrage sérologique pourra être exigé. Dans les locaux de pré-introduction, les Carnivores risquent d'être en contact avec des chiens, qui sont les compagnons de bien des naturalistes amateurs participant à ces projets. La présence des chiens aux abords des lieux de détention puis de lâcher, notamment au moment du lâcher lui-même, doit être fermement et rigoureusement proscrite. Les animaux à introduire auront été vaccinés dans leur parc zoologique d'origine, suffisamment longtemps avant leur transport. CONCLUSION Le terme de cette revue nous offre une dernière occasion d'insister sur quelques-uns des points marquants qui ont fait l'objet de cet article. Le premier aspect caractéristique de la pathologie des Canidés et Félidés gardés en captivité réside dans l'imprévisibilité du risque sanitaire encouru, tant pour les espèces étudiées ici que pour le autres animaux gardés dans le même parc ou pour les êtres humains. L'apparition au zoo de Vincennes (France), d'une maladie des lions, la « maladie des étoiles », probablement due à un virus, mais dont l'étiologie exacte demeure inconnue, témoigne de ce caractère imprévisible (28). 136 Le contact, même indirect, avec des animaux errants tels que chiens, chats, fouines, mouffettes, ratons laveurs ou renards doit être réduit au minimum, ces animaux constituant des sources importantes d'infection. Sur le plan sanitaire, en règle générale, on peut considérer que l'ensemble des félins est sensible aux maladies du chat et justifiable des mêmes programmes de vaccination que celui-ci. On peut établir le même parallèle entre le chien et les Canidés du genre Canis (loup, chacal et coyote) ; mais les divers renards possèdent quelques maladies communes spécifiques. La rage est le danger le mieux connu et le plus redoutable. Il est heureusement facile de s'en protéger grâce à la vaccination des espèces sensibles et, le cas échéant, du personnel. Comme pour d'autres espèces sauvages gardées, la tuberculose est un risque sérieux. Toute mort, même considérée comme normale, doit conduire à pratiquer une autopsie afin de rechercher des lésions viscérales et ganglionnaires ou de s'assurer du bon état sanitaire des collections. En dehors des germes responsables de ces zoonoses majeures; les parvovirus sont des agents problématiques qui contaminent les locaux, principalement les sols naturels. En cas de contamination, la vaccination peut efficacement protéger les adultes mais les jeunes doivent faire l'objet d'une sollicitude particulière en période postnatale. Les syndromes respiratoires, du type coryza, associent souvent plusieurs facteurs infectieux et liés à l'environnement. Il est difficile de s'en débarrasser, surtout chez des espèces de pays tropicaux gardées sous des climats tempérés. Il est souhaitable de laisser aux animaux un accès à des locaux chauffés en plus d'un parcours extérieur libre, du moins si le climat est sec. La vaccination peut réduire le risque à l'égard d'infections dues à des virus respiratoires connus chez les individus adultes. La présence de porteurs chroniques dans un groupe constitue une menace de contamination pour les jeunes. Chez les félins, la péritonite infectieuse est une menace permanente pour les colonies denses. Toutefois, la maladie ne peut être introduite que par un animal porteur, ce qui justifie pleinement les mesures de quarantaine et de surveillance. Enfin, malgré leur gravité, ni la leucose, ni l'infection par le virus d'immunodéficience féline ne sont particulièrement préoccupantes, pour autant qu'un dépistage est régulièrement pratiqué, suivi de l'isolement des individus ayant réagi positivement. REMERCIEMENTS Les auteurs remercient les Docteurs B. Garin-Bastuji, M.F. Thorel et D. Trap (zoonoses bactériennes) ainsi que le Docteur F. Moutou (épidémiologie) du Centre national d'études vétérinaires et alimentaires de Maisons-Alfort, et enfin les Docteurs J.M. Lernould, P. Moisson et T. Petit des parcs zoologiques de Mulhouse et La Palmyre, qui ont aimablement accepté de relire et de commenter ce travail. 137 INFECTIOUS DISEASES OF CANIDAE AND FELIDAE KEPT IN ZOOS. M. Artois, F. Claro, M. Rémond and J. Blancou. - Summary: The Canidae (36 species) and Felidae (34-37 species) are two families of carnivores represented by numerous exotic species in zoos or wildlife reserves. To some extent, the diseases of these species are similar to those of dogs and cats, and are therefore relatively well known. However, there are differences in sensitivity to infectious agents, treatments and vaccines. Canidae and Felidae may also act as carriers or even vectors of zoonoses, such as leptospirosis, rabies, salmonellosis, toxoplasmosis and tuberculosis. Due to their behaviour patterns and morphological adaptations, these species are capable of transmitting various opportunistic infections by biting or scratching. These characteristics mean that Canidae and Felidae are difficult to keep in captivity, and require special health precautions, particularly protection from contact with stray carnivores. KEYWORDS: Canidae — Captive wildlife — Carnivora - Felidae - Infectious diseases - Parasitoses — Zoo animals. * * * ENFERMEDADES INFECCIOSAS DE LOS CANIDAE ZOOLÓGICO. - M. Artois, F. Claro, M. Rémond y J. Blancou. Y FELIDAE Resumen: Los Canidae (36 especies) y los Felidae (34 a 37 especies) forman dos familias de Carnivora cuyas especies exóticas enriquecen las colecciones de zoológicos y reservas naturales. La patología de estas especies, en parte similar a las del gato y del perro, se conoce relativamente bien. Sin embargo, la sensibilidad a los agentes patógenos suele ser diferente, y también lo son los tratamientos y las vacunas. Estos animales pueden ser portadores y vectores de agentes de zoonosis tales como leptospirosis, rabia, salmonelosis, toxoplasmosis o tuberculosis. Además, debido a su comportamiento y su adaptación morfológica, pueden transmitir varios gérmenes oportunistas mediante arañazos o mordeduras. Todas estas características hacen de estas especies unos especímenes difíciles de guardar en cautividad, y que exigen medidas sanitarias especiales, en particular para impedir los contactos con las especies de Carnívoros asilvestrados. PALABRAS CLAVE: Animales salvajes en cautividad — Canidae Carnivora - Enfermedades infecciosas — Enfermedades parasitarias — Felidae - Zoológicos. * * * DE 138 BIBLIOGRAPHIE 1. ACHA P.N. & SZYFRES B. (1989). - Zoonoses et maladies transmissibles communes à l'homme et aux animaux, 2 éd. Office international des épizooties, Paris, 1065 pp. e 2. ANDRE-FONTAINE G., RUVOEN-CLOUET N. & GANIERE J.P. (1994). - Données récentes sur la leptospirose canine. Rec. Méd. vét., 170 (10/11), 663-668. 3. APPEL M . J . (édit.) (1987). - Virus infections of vertebrates. I. Virus infections of carnivores. 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