scènes magazine théâtre de carouge : la double mort de l’horloger ISSN 1016-9415 257 / novembre 2013 © Richard Schroeder CHF. 10.-- 7 € s o m m a i r e 6 cinéma 6 8 9 10 11 12 17 cine die / raymond scholer cinémas du grütli / christian bernard festival tous écrans / tuana gökçim toksöz cinémathèque suisse / frank dayen festival filmar en america latina / tuana gökçim toksöz les films du mois / frank dayen, émilien gür, serge lachat sous la loupe : kino / james berclaz-lewis 18 théâtre 18 20 21 22 23 24 carouge : la double mort de l’horloger / rosine schautz le poche : je suis / christophe rime entretien : brigitte jaques / laurence tièche chavier comédie : artaud-barrault thonon et sion : la religieuse / samuel monsalve carouge : la dame de mer selon porras / rosine schautz 26 spectacles 26 27 28 spectacles onésiens & festival les créatives / firouz e. pillet entretien : olivier chiacchiari & les lois du marché / firouz pillet théâtre am stram gram en novembre / firouz e. pillet 30 danse 30 31 trisha brown company / bertrand tappolet vernier : la jeune fille et la mort / stéphanie nègre 32 opéra 32 34 36 38 38 39 40 41 entretien : petra lang / éric pousaz festival de salzbourg 2013 / éric pousaz vienne & berlin : toujours et encore verdi / éric pousaz montpellier : orfeo ed euridice / françois jestin marseille : aida / françois jestin toulouse : manon / françois jestin grand théâtre : le cas wagner / pierre-rené serna mémento 42 musique 42 44 46 48 49 50 51 52 53 concours de genève : présentation / martine duruz entretien : philippe manoury / christian wasselin festival de lucerne en été / éric pousaz festival de lucerne au piano / emmanuèle rüegger portrait : sir john elliot gardiner / christian wasselin portrait : vilde frang / beata zakes portrait : michael hofstettler / pierre jaquet vevey : concerts arts & lettres / yves allaz fribourg : activités musicales / yves allaz 257 / novembre 2013 54 55 56 57 59 vernier sur baroque : jordi savall / frank fredenrich festival vernier sur baroque : programme portrait : stephan macleod / frank fredenrich agenda genevois / martina diaz strasbourg : 30 ans de musica / pierre-rené serna 60 ailleurs 60 60 61 62 festival berlioz / pierre-rené serna festival cannes danse / bertrand tappolet chronique lyonnaise / frank langlois châlons : festival war on screen / julien roche 64 livres 64 65 quentin mouron : la combustion humaine / julien roche société de lecture : saison / laurence tièche chavier 67 expositions 67 68 70 70 71 71 72 72 73 73 74 ferme de la chapelle : architectures utopiques / f.-h. brou bâle : mondrian, newman, flavin / régine kopp mémento beaux-arts : france palais lumière, évian : l’idéal art nouveau mémento beaux-arts : ailleurs städelmuseum, francfort : albrecht dürer mémento beaux-arts : suisse romande musée ariana : jean fontaine - en fer sur terre mémento beaux-arts : suisse alémanique musée rietberg, zurich : la fascination de la perse musée de l’élysée : sebastiao salgado / catherine graf 75 paris 75 76 78 78 79 80 82 84 85 86 87 87 88 88 comédie française : la tragédie d’hamlet / frank fredenrich opéra : aïda redorée / pierre-rené serna théâtre du châtelet : le détachement féminin rouge / s. nègre opéra de paris : la dame aux camélias / stéphanie nègre musée d’orsay : masculin / masculin / samuel monsalve grand palais : félix vallotton / régine kopp grand palais : georges braque / régine kopp fondation cartier-bresson : sergio larrain / christine pictet chronique des concerts / david verdier sélection musicale de novembre / françois lesueur mémento expositions musée rodin : rodin, la lumière de l’antique mémento théâtre théâtre laboratoire elizabeth czerczuk : l’oubli des anges 89 les mémentos ABONNEZ-VOUS! Découvrez chaque mois dans nos pages : L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs Cinéma Concerts Livres Opéra Critiques Danse Expositions Théâtre Entretien Avant-Premières Mémento Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346.96.43 / de France +41 22 346.96.43 www.scenesmagazine.com / e-mail : [email protected] COMMANDE D’ABONNEMENT scènes magazine Nom Prénom Adresse Code Postal Localité Pays o un abonnement (10 numéros) à 80 SFrs / Europe : 120 Sfrs. / hors Europe : 140 Sfrs. o un abonnement France (10 numéros) à 70 € o un abonnement de soutien (10 numéros) à 100 SFrs à partir du N° A renvoyer à SCENES MAGAZINE CP 48 - 1211 GENEVE 4 - Suisse avec le règlement par chèque ou virement sur le CCP Scènes Magazine 12-39372-8 Date Signature EDITO direction Frank Fredenrich, Jean-Michel Olivier, Jérôme Zanetta comité de rédaction Christian Bernard, Serge Bimpage, Françoise-Hélène Brou, Laurent Darbellay, Frank Dayen, Martine Duruz, Frank Fredenrich, FirouzElisabeth Pillet, Jérôme Zanetta éditeur responsable Frank Fredenrich publicité Viviane Vuilleumier secrétaire de rédaction Julie Bauer collaborateurs Yves Allaz, Philippe Baltzer, Julie Bauer, James Berclaz-Lewis, Christian Bernard, Nancy Bruchez, Gabriele Bucchi, Claudia Cerretelli, Romeo Cini, Sarah Clar-Boson, Martina Diaz, Catherine Fuchs, Catherine Graf, Emilien Gür, Bernard Halter, Christophe Imperiali, Pierre Jaquet, François Jestin, Régine Kopp, Serge Lachat, Frank Langlois, David Leroy, François Lesueur, Anouk Molendijk, Samuel Monsalve, Michel Perret, Eric Pousaz, Stéphanie Nègre, Christine Pictet, Christine Ramel, Serene Regard, Nancy Rieben, Christophe Rime, Julien Roche, Emmanuèle Rüegger, Maya Schautz, Rosine Schautz, Raymond Scholer, Monica Schutz, Pierre-René Serna, Bertrand Tappolet, Laurence Tièche Chavier, Tuana Gökçim Toksöz, David Verdier, Christian Wasselin, Beata Zakes, François Zanetta, Valérie Zuchuat maquette : Viviane Vuilleumier imprimé sur les presses de PETRUZZI - Città di Castello, Italie Rentrée littéraire avec figure absente alcolm Lowry, Claude Simon, René Char, Richard Wright, Jack Kerouac, Georges Bataille, Georges Perec, Witold Gombrowicz, Varlam Chalamov, Henry Miller, Hector Bianciotti, Stig Dagerman, J.M. Coetzee et même Michel Houellebecq (dont il éditera le premier roman, Extension du domaine de la lutte). M Tous ces écrivains auraient un jour ou l'autre été connus et reconnus parmi les plus essentiels du siècle passé. Certains étaient connus dans leur pays d'origine, mais peu ou pas en France. Encore fallait-il trouver un intermédiaire, un « passeur » critique et éditeur au goût sûr, ayant pour objectif d'éviter ce qui est devenu une sorte de rituel dans le petit monde littéraire, à savoir le copinage, l'échangisme reposant sur des affinités et non sur le talent. Homme au goût sûr, chercheur et découvreur infatigable de nouveaux talents, Maurice Nadeau a été un guide à nul autre pareil au sein des lettres françaises en tant que critique, directeur de revue et éditeur. Sa disparition à l'âge de 102 ans peu avant le début de l'été marque sans doute la fin d'une époque, celle de la génération de ces intellectuels formés dans les années 1930, ayant participé à la résistance et ayant été marqués à la fois par le surréalisme et l'influence d'André Breton ainsi que par les luttes au sein de la gauche communiste. Après la guerre, c'est au quotidien Combat, dirigé par Albert Camus, qu'il affirmera des choix critiques indiscutablement originaux avant de tenir la rubrique littéraire à France-Observateur puis à l'Express tout en développant une activité d'éditeur consacrée principalement à faire connaître de nouveaux auteurs. Que ce soit au sein des éditions Denoël Julliard ou Laffont, puis en assumant son indépendance avec Les Lettres Nouvelles puis les Editions Maurice Nadeau, il s'était toujours démarqué des courants à la mode. Ainsi, la Quinzaine littéraire, fondée en 1966, qu'il a dirigée sans interruption depuis 1970 avec la fidèle collaboration d'Anne Sarraute (jusqu'au décès de cette dernière en 2008) a donc servi durant plus de quatre décennies et 1000 numéros de référence pour les lecteurs amateurs de bonne littérature, mais également d'essais et de théâtre. Reste aujourd'hui encore la possibilité de s'informer au sujet de la vie littéraire en étant fidèle à « sa » Quinzaine littéraire dont on espère qu'elle passera sans encombre - grâce au soutien d'amis et de proches de son créateur le cap du 1100ème numéro... en 2014. FF/SCENESMAGAZINE scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é le cinéma au jour le jour Cine Die 32e Giornate del Cinema Muto (Pordenone) Arlene Francis dans «Too Much Johnson» 6 L’inédit d’Orson Welles : Les historiens de cinéma s’étaient donné rendez-vous pour la première mondiale du film d’Orson Welles Too Much Johnson (1938), jamais montré au public et considéré comme perdu, probablement dans l’incendie des appartements de Welles à Madrid vers 1970. Mais le film était simplement égaré. Par le plus miraculeux des hasards, les bobines furent retrouvées en 2012 dans un lot déposé depuis 2005 auprès de Cinemazero, à Pordenone même. D’où venait ce lot ? Quel a été son cheminement ? Mystère et boule de gomme ! Dans la filmographie de Welles, Too Much Johnson est seulement précédé par le court métrage The Hearts of Age (1934), une satire grimaçante de Caligari et autres trophées de l’avantgarde européenne, avec Welles dans le rôle de la Mort. Son début hollywoodien, Citizen Kane, attendra encore trois ans. Too Much Johnson n’était pas censé être montré au cinéma, mais destiné à faire partie d’une production théâtrale montée par le Mercury Theatre. En 1936, Welles et son associé John Houseman avaient détourné avec beaucoup de bonheur Un Chapeau de Paille d’Italie de Labiche sous le titre de Horse Eats Hat. Tablant sur un succès similaire, Welles déterra une farce de William Gillette, acteur dramaturge bien connu pour son incarnation de Sherlock Holmes sur les planches. Ce Too Much Johnson (1894), adapté de La Plantation Thomassin (1891) du Français Maurice Ordonneau, était alourdi par de longs dialogues d’exposition auxquels Welles voulut échapper en montrant au public une sorte de pantomime filmée censée résumer les informations nécessaires. Des prologues plus courts devaient précéder les actes 2 et 3. 66 minutes de métrage survivent dans un désordre narratif certain. Le tournage se déroula dans l’urgence en été 1938, car la première de la pièce était fixée au 16 août à Stony Creek, Connecticut. Arborant leurs futurs costumes de scène, les acteurs se lancèrent avec brio dans une succession de pitreries et poursuites dans la meilleure veine des comédies de Mack Sennett. Welles, qui tournait avec une caméra 35 mm à ressort, utilisa souvent l’accéléré pour retrouver un esprit Keystone Cops. Le grand Joseph Cotten dans son premier rôle sur pellicule montre une énergie et des dons d’acrobate insoupçonnés, opérant des mouvements corporels souvent complexes sur des surfaces réduites ou à consistance douteuse. Jouant un galant invétéré, il est traqué par un mari a c t m a trompé à travers des rues et sur des buildings de Manhattan qui n’existent plus. Harry Dunham, cameraman aventureux qui avait couvert la guerre d’Espagne et l’invasion japonaise en Chine, capta ainsi des images qui possèdent un indéniable intérêt archéologique en plus de leur beauté sublime. Car Welles utilise déjà à merveille la profondeur de champ, le poursuivi arrivant haletant sur le toit juste devant nous alors que le poursuivant le guette sur le toit suivant, et que loin au fond, on discerne la statue de la Liberté. Les échelles de sauvetage si omniprésentes dans certains quartiers populaires sont utilisées à profusion, surtout dans le sens de la descente. Mais on est rarement au niveau de la rue. Même la scène du chassé-croisé dans un dépôt de cageots est filmée avant tout d’en haut. On pense bien sûr à l’accumulation des caisses contenant les trésors promis aux enchères à la fin de Citizen Kane, mais aussi aux faux-fuyants dans le labyrinthe de glaces de Lady from Shanghai. Le mari, n’ayant qu’une photo du haut du crâne du séducteur, enlève à tous les hommes qu’il croise leur chapeau pour identifier son rival. Filmées tantôt en enfilade horizontale, tantôt en plongée pour montrer l’itinéraire aussi tarabiscoté que systématique du décoiffeur furieux, ces victimes en série interloquées relèvent plus de la géométrie abstraite que du comique. Welles filme déjà, comme il allait le faire pour Othello, en des endroits bien distants une action qui se déroule au même lieu diégétique. Corollaire : pour signifier Cuba, où se déroule la fin de la pièce, il suffit de planter quelques palmiers vacillants dans une carrière sur les berges de l’Hudson et le tour est joué. Toutes les scènes expriment de façon éclatante la bonne humeur qui régnait sur le tournage. Mais, faute de temps, le matériel filmé ne fut jamais monté sérieusement. D’autre part, le théâtre du Connecticut ne put s’équiper pour une projection et la Paramount, qui avait les droits cinématographiques de la pièce, menaçait de demander une somme importante, si le projet du Mercury Theatre rejoignait Broadway. La pièce n’a donc jamais été montrée avec la partie filmée (qui ne sortit des limbes qu’en 2012) et fut retirée au bout de deux semaines. Redécouverte d’un géant allemand : Gerhard Lamprecht Les cinéphiles reconnaissent en Lamprecht le bénédictin qui nous a, le premier, livré le catalogue le plus exhaustif des muets allemands : Deutsche Stummfilme, 1902-1931 (9 vol., 1966-1970) et dont la collection privée de films et documents allait former le noyau de la Deutsche Kinemathek. À l’occasion de son 50e anniversaire, celle-ci montre quatre films restaurés de Lamprecht: Die Verrufenen (1925), Menschen untereinander (1926), Die Unehelichen (1926) et Unter der Laterne (1928), des œuvres bouleversantes par l’honnêteté dans la description du Lumpenproletariat berlinois, la finesse d’observation des comportements humains– les textes savoureux des intertitres sont hautement complémentaires aux images - et la grande empathie de Lamprecht pour les plus faibles (notamment les enfants, dirigés avec un rare bonheur). Son engagement social et sa sensibilité artistique ne se démentirent même pas, à ce qu’il paraît, sous les Nazis. Pour les francophones, sans doute influencés par les prédilections partiales d’Henri Langlois, qui se plaisait à occulter des pans entiers de l’histoire du cinéma, Lamprecht n’est connu que pour Emil und die Detektive (1931), Prinzessin Turandot (1934) et Madame Bovary (1937) avec Pola Negri. Seul Jean Mitry (Histoire du Cinéma, 1967-1980) cite, avec force louanges, Die Verrufenen et Die Unehelichen. Pour avoir une appréciation plus nuancée et informée du cinéaste, il faut consulter les historiens germanophones, notamment Herbert Holba (Reclams Deutsches Filmlexikon, 1984). Car ce que nous avons vu à Pordenone nous porte à croire que Lamprecht est, du moins pour le muet tardif, l’égal de Pabst. Die Verrufenen (Der Fünfte Stand) s’inspire des histoires et dessins de l’artiste berlinois Heinrich Zille, spécialiste des u a l i t é «Die Verrufenen» de Gerhard Lamprecht © Deutsche Kinemathek quartiers miséreux (milljöh). Robert (Bernhard Goetzke), condamné pour parjure, sort de prison : son père ne veut plus le voir, sa fiancée s’est mariée, il cherche en vain du boulot. Au moment où il s’apprête à sauter d’un pont, Emma, une prostituée, le sauve, l’emmène chez elle et fait de lui son homme. Il découvre la crasse, mais aussi la cohésion des déshérités. Aux gamins qui font sagement leurs devoirs, un repris de justice qui vit de petits larcins lance : « N’étudiez pas ! Sinon, vous devrez bosser plus tard ! » Robert refuse de vivre sur le dos de sa compagne et trouve un engagement auprès d’un photographe qui filme la faune de la nuit. Quand Emma est recherchée par la police, Robert emprunte de l’argent pour l’aider à fuir. Mais pour elle, tout finit mal qui finit mal. Première utilisation au cinéma allemand d’acteurs non professionnels (SDF, vagabonds, locataires de HLM). Menschen untereinander est un film choral où les habitants de huit appartements d’un immeuble locatif interagissent sur fond de crise économique et de détresses diverses (vieillesse, solitude, ruine, pénitence). Les cancans utiles sur les locataires, le spectateur les apprend en même temps que la nouvelle concierge par l’entremise d’une grosse dame à qui rien n’échappe. L’originalité vient de la coexistence sous le même toit de gens riches, mais foncièrement bons (le bijoutier et sa famille) avec des indigents qui ont perdu leurs économies à la suite de la dévaluation. Die Unehelichen soulève le problème des enfants illégitimes pauvres placés contre paiement chiche chez des couples peu reluisants qui les exploitent et maltraitent sans vergogne. Sous-alimentée, une petite fille, sortie sous la pluie pour enterrer le lapin que son père d’emprunt avait jeté par la fenêtre dans une crise de rage, attrape une pneumonie que le médecin, appelé trop tard, ne peut plus enrayer. Un garçon qui est pris en charge par une dame fortunée doit quand même suivre son père veuf qui l’oblige à travailler sur sa péniche comme un adulte alors qu’il a à peine 13 ans. Le film s’engage donc contre le travail des enfants qui est encore, 90 ans plus tard, le lot de la majorité des enfants dans certains pays. Unter der Laterne raconte la déchéance d’Else, une fille bourgeoise que son père a voulu garder comme bonne à la maison. Il ne comprend pas qu’elle veuille sortir avec un ouvrier qui n’a même pas de travail sérieux. Après une fugue innocente, il ne la laisse pas rentrer. Alors Else va vivre chez son fiancé. Elle est obligée de gagner sa vie comme artiste de variétés. Mais elle est mineure et son père la fait rechercher par la police : elle risque de perdre son travail, si elle est découverte. Le fiancé adjure en vain le père de retirer son avis de recherche. Aux abois, Else accepte l’invitation de son impresario et est bien sûr surprise par son ami en posture indélicate. Il la renie illico. Elle devient alors maîtresse entretenue, et après le suicide de l’impresario endetté, danseuse dans un bouge, puis prostituée. A chaque moment crucial de sa courte vie, un mâle lui a donné un coup pour la faire tomber plus bas. La suite au prochain numéro. LA JEUNE FILLE ET LA MORT CHORÉGRAPHIE THOMAS LEBRUN Centre chorégraphique national de Tours — Quatuor Voce VENDREDI 29 & SAMEDI 30 NOVEMBRE — 20h SALLE DES FÊTES DU LIGNON Place du Lignon 16 — Vernier Service de la culture — 022 306 07 80 www.vernier.ch/billetterie ISRAEL GALVÁN DANSE FLAMENCO CONTEMPORAINE JEUDI 7 NOVEMBRE 2013, 19H VENDREDI 8 NOVEMBRE 2013, 20H LO REAL LE RÉEL THE REAL Raymond Scholer a c t u a l i t é WWW.OPERA-LAUSANNE.CH T 021 315 40 20 c i n é m a les cinémas du grütli-festival tous écrans Fusée à étages suédoise La première semaine de novembre les écrans du Grütli accueilleront le Festival Tous Ecrans. Dans la riche sélection des longs métrages en compétition internationale se détache une impressionante réussite : Återträffen (The Reunion) de la Suédoise Anna Odell, projeté les 1er et 4 novembre. 8 Le film s’ouvre sur une réunion d’anciens camarades de classe tout heureux de fêter cette occasion d’évoquer, vingt ans après, le bon vieux temps. Anna, qui arrive en retard (on a oublié de l’inviter) est accueillie avec une cordialité un peu gênée. A l’heure des discours on découvre qu’elle a d’autres intentions. Elle veut mettre ses camarades face à ce qu’elle a ressenti pendant ces années d’école du fait de sa mise à l’écart systématique ou des brimades qu’ils lui ont infligées. Lorsqu’elle prend la parole l’ambiance cesse d’être à la fête. Ce long discours de vérité vire à la dénonciation, la mise en accusation ultra agressive du groupe et de chacun (« Vous êtes des lâches, des perdants »). De façon prévisible les réactions d’abord bénignes (« C’est la fête, pas une thérapie de groupe, parlons de tout ça à un autre moment ») se durciront jusqu’à la violence et l’expulsion par la force d’Anna. Chacun a retrouvé le rôle qu’il jouait à l’école. Pendant cette première partie du film, on a le sentiment d’être dans le sillage de Festen de Thomas Vinterberg, autre grand règlement de compte dans une tradition nordique qui remonte aux Scènes de la vie conjugale de Bergman. Même si l’esthétique Dogme 95 (improvisations; plan-séquence; caméra portée) ne se retrouve pas ici (on a des plans fixes et un montage court), le même effet de réel est obtenu. La distribution, impeccable, Anna Odell en tête dans son propre rôle, y contribue. La troublante honnêteté d’Anna Odell se racontant est d’amener le spectateur à la voir à la fois comme accoucheuse de vérités mais a aussi élément perturbateur et dérangeant d’un ordre social auquel le spectateur appartient, au point qu’il ne peut, par instant, que partager le rejet d’Anna par le groupe. Il y a dans le splendide regard bleu d’Anna Odell une perspicacité touchant à la voyance comme chez Artaud, quelque chose de fou. « J’ai souffert de maladie psychologique pendant plusieurs années, ditelle. J’ai choisi de m’utiliser moi et mon expé- Anna Odell dans «Réunion» © Jonas Jorneberg rience pour décrire dans mon art les structures de pouvoir de la psychiatrie et de la société. » A travers le groupe des anciens camarades, c’est effectivement la vie en société dont elle parle, avec ses mensonges fondateurs (petits ou grands). Second étage Puis la construction du film se révèle, brouillant les frontières entre documentaire et fiction jusqu’au vertige. On découvre que dans la réalité Anna Odell avait l’intention de prononcer son discours à la réunion de classe dont elle avait eu connaissance, mais qu’elle ne s’y est pas rendue quand elle a appris qu’elle avait c t u a déjà eu lieu, étant la seule à ne pas avoir été invitée. Ce qui la conduit à faire une fiction de ce qu’aurait été la réunion si elle y avait participé – le film tel qu’on la vu jusqu’ici. Le second étage de la fusée - la seconde partie du film - s’allume lorsque Anna Odell décide, dans la réalité toujours, de montrer la réunion fictive à ses anciens camarades individuellement. Certains acceptent non sans réticences (pour comprendre ces réticences faites de peurs, il faut savoir qu’Anna Odell est une artiste plasticienne reconnue en Suède avec des installations provocantes telles Unknown, woman 2009-349701 qui la voit jouer une crise de démence sur un pont de Stockholm, ce qui lui valut arrestation et inculpation.) Elle décide alors de reconstituer ces rencontres, ses acteurs jouant le rôle de ses anciens camarades. Ils se voient tels que vus dans un film de fiction sur eux. Et ne se reconnaissent bien entendu pas, se disculpent (« nous étions des enfants »), se désolidarisent de la fête, se déchargent de toute responsabilité dans l’absence d’invitation etc. Ce tourniquet réalitéfiction-réalité, riche en moments intenses, est véritablement fascinant. La palme revient à la rencontre entre un ancien élève ayant vu le film de fiction de la soirée et l’acteur l’ayant incarné dans le film. Le plan final, virtuose, résume le film : la caméra filme un schéma de lignes entrecroisées qui se révèlent, la caméra décollant, être le terrain de sport de l’école, puis, la caméra s’élevant toujours, le toit de l’école où sont assis Anna et un acteur-ami, puis les toits du quartier, de la ville enfin. La fusée est sur orbite. Au son : The War is over de SISTER. Återträffen a reçu le prix FIPRESCI du meilleur premier film au Festival de Venise en septembre dernier dans la section Semaine internationale de la critique. Aux distributeurs de jouer ! Christian Bernard l i t é c i n é m a tion avec un axe très simple. Il y a trois sections : cinéma, télévision et la dernière web et transmédia. Mais, il y a évidement aussi des glissements entre chacun de ces territoires. festival tous écrans, genève Un souffle nouveau Le transmédia fait l’originalité de ce festival, sa définition n’a pas toujours été très claire. Passé à la tête du festival Tous Écrans, Emmanuel Cuénod signe une programmation enthousiasmante et limpide. Plateforme de la création audiovisuelle, le Festival Tous Ecrans offre depuis 1995 un panorama des meilleurs films du petit et grand écran, des séries télévisées et web, et enfin des médias interactifs du moment, autrement dit du transmédia. Le festival qui peinait ces dernières années à afficher une ligne artistique claire, prend une direction maîtrisée sous l’impulsion de son nouveau directeur, Emmanuel Cuénod. Et pour cause, Emmanuel Cuénod a pratiqué tous les domaines du cinéma, de la critique à la production, avouant même s’être timidement essayé à la réalisation. Tour à tour critique à la Tribune de Genève, chroniqueur cinéma à la RTS, collaborateur pour Rita Productions, il est par ailleurs le fondateur d’In utero, une structure de production spécialisée dans le développement de projets radicaux. Et juste avant de prendre la tête du festival en avril dernier à l’âge de 38 ans, il a été pendant plusieurs années le corédacteur en chef de la revue professionnelle Ciné-Bulletin. Ces expériences lui ont permis de se forger une solide expérience et un vaste réseau dans le milieu du cinéma et de l’audiovisuel. Une expérience qu’il met aujourd’hui au profit d’une programmation prestigieuse et surtout accessible à tous, autant par son intelligibilité que sa gratuité. Le festival s’ouvrira sur la dernière réalisation des frères Coen, Inside Llewyn Davis, une première suisse, suivie des deux premiers épisodes inédits de la série à succès American Horror Story: Coven, saison 3. Entretien avec Emmanuel Cuénod, un séduisant visionnaire mordu de cinéma. Vous avez porté plusieurs casquettes jusqu’à celle-ci, quelles sont vos premières impressions sur la direction d’un festival de film ? Des métiers que j’ai eu la chance d’exercer, c’est sans doute le plus complexe mais aussi celui où on vit les plus grandes frayeurs et les plus grands bonheurs dans une même journée. Des frayeurs ? Comme nous ne programmons que des premières suisses, tous les festivals en Suisse et un certain nombre dans le monde sont nos concurrents directs. Et tant mieux ! Il nous a donc fallu élaborer des stratégies, en allant chercher les ayants-droits et en trouvant le moyen de les convaincre que c’est dans notre festival que leurs films, leurs séries seraient le mieux défendus pour chacune des productions que nous avons dans notre grille de programmes. Dernièrement la programmation de Tous Écrans était trop dense voire confuse. Comment avezvous solutionné le problème ? Comme on couvre trois matières très différentes, il fallait s’arranger pour que le public puisse toujours savoir où il est et où il veut aller. L’idée de base a été de revoir l’entièreté de la programma- Films d’ouverture : «Inside Llewyn Davis» © Ascot Elite e n t r e t i e C’est un des beaux héritages dont j’ai bénéficié avec le festival. Mais c’est vrai qu’avant, Tous Écrans présentait cinq projets transmédia d’une manière assez simple qui était : voilà, ces projets existent, vous pouvez venir les consulter. Ils étaient ensuite soumis au vote du public. Aujourd’hui, le transmédia est entré dans une phase de maturité. On voit de plus en plus de projets cross- ou trans- médias qui fonctionnent sur plusieurs écrans ou sur plusieurs degrés de narration, j’ai pensé qu’il était temps de donner à la sélection une vraie compétition avec un jury international. Vous renouvelez l’expérience de la gratuité du festival lancée l’année dernière. Pourquoi ? J’ai la chance de pouvoir faire transiter par des partenaires les coûts pour offrir au public une manifestation de qualité et sans contraintes. Par ailleurs, la gratuité est un but de la politique culturelle. Et aussi, on présente des films cinéma mais aussi de la télévision qui par définition est gratuite. Certains projets transmédia, certaines séries et webséries peuvent aussi être vus gratuitement. Au final, comment se vit Tous Écrans version Emmanuel Cuénod ? Pour moi, la culture n’est pas qu’aller voir un film. J’ai envie que cet événement soit accueillant et ne choisisse pas la place du festivalier. Le festivalier vient, il sait qu’il va pouvoir voir un bon film mais comme il a un peu temps, il expérimente un projet transmédia peut-être pour la première fois et qui sait, en tombe amoureux. Il peut aussi décider de visionner une série. S’il n’a pas envie de faire tout cela, il va tout simplement au Restaurent des Bastions participer à des Blind test sur des génériques de série et répliques de films ou rejoindre ses copains autour d’un DJ set, faire un peu la fête puis, revenir en salle. Propos recueillis par Tuana Gökçim Toksöz Programmation détaillée : www.tous-ecrans.com n 9 c i n é m a animé de Buggs Bunny ou le documentaire Lektionen in Finsternis (1992) de Werner Herzog, mais aussi des documentaires (Il Bacio di Tosca de notre Daniel Schmid national – en copie restaurée, s'il-vous-plaît -, Traviata et nous (2012) de Philippe Beziat, etc.). à l’affiche en novembre Cinémathèque Suisse Avec l'adjonction du Capitole, la plus grande salle de cinéma helvétique en fonction, classée au patrimoine, la Cinémathèque Suisse trouve une vraie prestance et un rayonnement qui dépasse la Suisse romande. 10 Les avant-premières Depuis sa création, et grâce aux efforts de l'ancien directeur Freddy Buache, la Cinémathèque Suisse constitue la sixième plus grande cinémathèque mondiale (classement FIAF), avec 70'000 titres de films, 2,8 millions de photos et 300'000 affiches. Elle propose trois projections par jour, des cycles renouvelés chaque mois en parallèle avec les classiques de l'histoire du cinéma. Son directeur actuel, Frédéric Maire, propose nombre d'avant-premières et de projections spéciales, avec des invités prestigieux, tandis que son prédécesseur, Hervé Dumont, vient de mettre gratuitement en ligne sa formidable Encyclopédie du film historique. Qui a dit que la Cinémathèque Suisse était poussiéreuse ? accordé à la lumière et par ses mises en scène inspirées de l'opéra, surtout Verdi (La Luna, 1979). Un de ses sujets de prédilection réside dans la quête d'identité d'un héros. Du cinéma avant-gardiste influencé par Godard, Bertolucci est capable d'oser des films plus scandaleux (on se souvient du Last Tango in Paris (1972) avec Marlon Brando et Maria Schneider), de tourner avec brio une superproduction de 320 minutes au casting international (Novecento (1976), avec Burt Lancaster, Robert De Niro, Donald Sutherland et Gérard Depardieu, narre l'histoire du communisme italien et de la société rurale de 1900 à la victoire des paysans sur le fascisme), ou de sillonner le monde pour filmer les grands espaces (The Last Emperor (1987), oscarisé et césarisé, Un Thé au Sahara (1990), Little Buddha (1993)). Rétrospective Bertolucci Le cinéaste italien méritait bien cet hommaC'est un coup de jeunisme, Stealing Beauty ge. Le collaborateur de Pasolini sur Accatone (1996), avec Liv Tyler et Jeremy Irons, qui le (1962) et Commare Secca (1962) – son premier ramène en Italie. Il faut désormais plus de temps long-métrage - a aussi travaillé avec Sergio au maître pour confectionner un film (en 2003 sortent Innocents – the Dreamers, avec Eva Green, Louis Garrel et Michael Pitt), mais l'avenir de la jeunesse le préoccupe toujours. En effet, dix ans après son dernier film, Io et tè (2012), en compétition à Cannes, traite d'un adolescent qui s'enfuit dans une cave abandonnée de son immeuble et s'y reclut toute une semaine. La Cinémathèque programme l'intégralité de ses longs-métrages ainsi qu'un documentaire-clé pour comprendre le réalisateur, Bertolucci on Bertolucci (2012) de Fasano et Guadagnino. «Moi et toi», 2012, dernier film de Bertolucci © Cinémathèque Leone et Dario Argento sur Il était une fois dans l'ouest (1968). Ses sources d'inspiration sont à chercher du côté de la littérature : Borges (téléfilm La Stratégie de l'araignée, 1970) et Moravia (Il Conformista, 1971), ou encore Stendhal, dont il adapte La Chartreuse de Parme en 1964 (Prima della rivoluzione). Bernardo Bertolucci est remarquable par un soin tout particulier a Parmi les projections spéciales, la Cinémathèque programme Gloria (2012) du Chilien Sébastian Lelio, dont l'actrice principale (Paulina Garcia) vient de recevoir le prix d'interprétation féminine au Festival de Berlin. Lui aussi primé, mais au Festival de Locarno, Yves Yersin présentera en avant-première son documentaire Tableau noir (2013). L'auteur des Petites fugues s'attache à suivre les mécanismes de la transmission du savoir dans une classe d'école primaire du Val-de-Ruz, en espérant changer quelque chose dans l'instruction publique vaudoise (mise en place de la controversée LEO oblige). Les autres événements Dès novembre, la Cinémathèque propose une carte blanche mensuelle à Rui Nogueira (assistant des réalisateurs Jean Eustache et Eric Rohmer, auteur du Cinéma selon Melville et ancien directeur du CAC Voltaire) pour présenter, tous les premiers mardis du mois, un film de son choix. L'inévitable Singin' in the rain (1952) constitue son premier coup de cœur. Après la soirée courts-métrages de diplôme de l'ECAL, la Cinémathèque invite à une soirée documentaire sur Haïti dans le cadre des 20 ans de Médecins du Monde Suisse (projection suivie d'un débat avec l'écrivain Dany Laferrière). Et puis, une soirée Cinémémoire, permet de revoir toute une série d'entretiens filmés d'importance historique (Jacqueline Veuve, Freddy Buache, Marcel Leiser, Georges Schwizgebel…). A la fin novembre débute un cycle Nouveaux films d'auteurs de Corée du Sud. L'occasion de voir des films relativement peu distribués; ceux de Hong Sang-soo (Matins calmes à Séoul, 2012), Kim Ki-duk (Pieta, 2012), Im Sang-soo (L'Ivresse de l'argent, 2012) ou Na Hong-jin (The Murderer, 2011). Frank Dayen Wagner et Verdi au cinéma Le septième art n'échappe pas non plus au bicentenaire des naissances de Wagner et de Verdi. Le prétexte à rassembler les œuvres dont la bande-son est signée, par anticipation, par un des deux compositeurs. On y trouve des métrages aussi disparates que Ludwig (1972) de Visconti, Melancholia (2011) de Lars von Trier, un dessin c t u a La Cinémathèque Suisse, à Lausanne (Montbenon et Capitole) et Penthaz (Archives nationales du film), www.cinematheque.ch, tél. 058 800 02 00. Encyclopédie du film historique d'Hervé Dumont : http://www.hervedumont.ch. l i t é c i n é m a cinéma latino-américain Plongée en eau profonde Filmar, le festival de films d’Amérique Latine revient pour faire voyager son public au travers de réalisations où, souvent, les frontières entre la réalité et la fiction s’amoindrissent pour un rendu des plus pénétrants. La vocation de Filmar En América Latina est de créer un pont entre le cinéma d’Amérique Latine et le public suisse par des films remarqués dans les festivals internationaux. Dans cette optique, cette quinzième édition propose un focus sur trois pays andins : l’Équateur, la Bolivie et le Pérou, des pays spécialement occultés des sentiers du cinéma traditionnel. La veille du lancement du festival, une exposition photos d’un jeune réalisateur bolivien, Diego Mondaca, prend place à la Maison des Arts du Grütli, centre névralgique du festival. Deux documentaires primés du réalisateur, La chirola et Ciudadela sont notamment présentés en parallèle durant le festival. Les trois événements abordent le thème du milieu carcéral et se complètent. « L’exposition photos offre une observation prolongée et dans le détail. Tandis que le cumule de l’image fixe et en mouvement permet une s’immersion dans cette réalité de différentes manières » explique Sara Cereghetti, la directrice artistique de Filmar en América Latina. l’année pour la programmation de Filmar, c’est celui qui m’a le plus porté. Gloria est un film absolument entraînant que ce soit du point de vue du sujet traité ou de l’interprétation de l’actrice principale », déclare Sara Cereghetti sur son choix. Cette fiction brosse le portrait d’une quinquagénaire divorcée, mère de deux enfants désormais adultes, qui part à la quête de sa féminité. « On n’a pas souvent l’habitude de voir à l’écran la vie intime d’une femme d’âge mûr. Le portait est en plus livré avec beaucoup de douceur, d’honnêteté. Et il met en relief avec «Gloria» de Sebastian Lelio © Alamode films La justesse chilienne L’année dernière, le festival avait amené au-devant du public en avant-première suisse, l’époustouflant No du cinéaste chilien Pablo Larraín, qui relate la campagne pour le référendum sur la présidence de Pinochet. Et cette année, suite à la cérémonie d’ouverture officielle du 15 novembre à l'Auditorium Arditi, les projections débutent avec une autre réalisation chilienne. Le tout aussi brillant Gloria de Sebastián Lelio qui signe ici son quatrième long-métrage avec cette fiction tragi-comique. Le film, présenté en avant-première, sortira également en salles le 27 novembre. « Parmi tous les films que j’ai pu voir dans le courant de e n t films (Le courage du peuple, The clandestine nation, Les insurgés) réalisés à trois périodes éloignées les unes des autres sont présentés afin de favoriser une réflexion sur l’évolution du sens de l’éthique et de l’esthétique d’un même réalisateur à travers le temps. « Jorge Sanjinés envisage le cinéma comme une cause politique et morale. Il développe l’idée d’un cinéma près du peuple aussi dans la réalisation en travaillant avec des acteurs non-professionnels. La fragilisation de la limite entre le documentaire et la fiction est d’ailleurs très présente dans le cinéma latino-américain en général. Et lui en a fait son assise » expose Sara Cereghetti. Diego Mondaca qui a travaillé comme assistant de direction aux côtés de Jorge Sanjinés présentera les films du cinéaste. D’autres intervenants, cinéastes, acteurs et actrices sont au programme de ce festival foisonnant de films inspirés. Et des débats feront suite aux documentaires projetés. Une mise en bouche captivante aux parfums d’ailleurs pour mieux se retrouver sur le terrain des sentiments véhiculés par ces cinéastes latino-américains qui ont fait de l’art de décortiquer l’humain, leur œuvre majeure. Pour clore cette infime sélection d’une pro- r justesse le contexte des relations de genres au Chili, très codées au niveau de l’expression des sentiments, en particulier de la femme » analyse la directrice, diplômée en anthropologie. Son interprétation de Gloria a d’ailleurs valu à l’actrice chilienne Paulina García, l’Ours d’Argent de la Meilleure interprétation féminine à la Berlinale 2013. grammation dense qui permet une vision étendue et en profondeur du cinéma d’Amérique Latine, notez que cette programmation sera également étendue géographiquement grâce à la multiplicité des salles romandes dans lesquelles le festival se déploie, allant même jusqu’à titiller le public de France voisine. Propos recueillis par Tuana Gökçim Toksöz Un cinéma imprégné Toujours lors du week-end d’inauguration, un hommage est prévu au réalisateur engagé Jorge Sanjinés, originaire comme Diego Mondaca de Bolivie. À cette occasion, trois e t i e Festival Filmar en América Latina du 15 novembre au 1er décembre 2013 Pour les détails : www.filmaramlat.ch n 11 c i n é m a Simultanément il découvre les contradictions d’un Amadeu engagé dans la résistance, mais qui, lié par son serment d’Hippocrate qui le contraint à sauver le chef de la police salazariste, apparaît comme traître à la cause des révolutionnaires sauvagement réprimés par ce policier. De plus, emporté dans une folle passion, il est amené à trahir son meilleur ami et pousser celui-ci à préparer une vengeance sous prétexte de sauver la résistance… Alors bien sûr on peut reprocher à Bille August de procéder par succession de rencontres et de témoignages (avec de longs dialogues), de faire des transitions toujours un peu semblables, d’abuser de l’alternance trop régulière entre présent et passé, de ne libérer sa caméra que pour quelques parcours dans le labyrinthique Lisbonne. On peut lui reprocher aussi de passer sous silence la fascination de Gregorius pour la langue portugaise et de ne pas aborder toutes les questions philosophiques du roman. Pourtant il fait bien sentir à quel point l’enquête du vieux professeur sur Amadeu se double d’une recherche sur lui-même, sur ce qu’il n’a pas vraiment connu dans sa vie : l’engagement politique, la passion amoureuse, l’amitié, le courage, la trahison… Les films du mois 12 «Train de nuit pour Lisbonne» de Bille August © Frenetic films TRAIN DE NUIT POUR LISBONNE de Bille August (CH, D, 2012), avec Jeremy Irons, Mélanie Laurent, Lena Olin, Charlotte Rampling, Jack Huston, Bruno Ganz, Christopher Lee,… scénario Bille August et Pascal Mercier Joël Dicker n’est pas le premier écrivain suisse à signer un bestseller. En 2006, l’écrivain et enseignant bernois Pascal Mercier (de son vrai nom Peter Bieri) publiait son roman Train de Nuit pour Lisbonne qui rencontra un succès populaire foudroyant et fut traduit en plusieurs langues. Bille August, le cinéaste danois qui avait reçu la Palme d’Or à Cannes en 1988 pour Pelle le Conquérant, prétend avoir eu tout de suite envie d’adapter ce roman au cinéma. Il faut dire que Bille August est un cinéaste au syle « académique », habitué des adaptations de romans. Présenté hors compétition à Berlin cette année, Train de Nuit pour Lisbonne n’a pas suscité l’enthousiasme, certains parlant même d’un « europudding » vu les origines diverses des comédiens qui tous parlent anglais avec un accent différent ! J’avoue avoir été « déçu en bien » à la vision de ce film. Certes, l’anglais ne rend pas justice à la quête du professeur du roman, fasciné par la langue portugaise, certes il est curieux de voir un a Serge Lachat personnage jeune parler un anglais à l’accent complètement différent de celui du même personnage vieux, certes le film n’a pas la densité du roman. Il n’en reste pas moins que, porté par la force de l’histoire racontée, j’ai vu ce film sans déplaisir. L’histoire, en effet, est forte et accroche dès le départ : un professeur de latin proche de la retraite, Raimund Gregorius, voit un matin blême une jeune fille sur le point de se jeter d’un pont à Berne. Il la retient, l’emmène dans sa classe pour qu’elle se réchauffe. Elle s’enfuit soudain en laissant derrière elle son manteau rouge avec dans une poche un livre d’un auteur portugais et un billet pour Lisbonne. Ne pouvant pas la rattraper, le professeur, fasciné par le livre et son auteur, saute dans le train pour Lisbonne. Là, il va chercher à savoir qui était cet auteur. Confronté d’abord à des portes fermées et à des réticences à témoigner de la part de ceux qui l’ont connu, Gregorius insiste humblement et finit par apprendre qui était Amadeu de Prado. Appartenant à la haute bourgeoisie, sinon à l’aristocratie lisboète, Amadeu, étudiant brillant, puis excellent médecin, fut membre de la résistance à la dictature salazarienne. A la recherche d’un auteur, Gregorius découvre ainsi tout d’abord les bribes de l’histoire du Portugal et les violences policières qui précédèrent la Révolution des Oeillets. c t u a LES GARCONS ET GUILLAUME, A TABLE de Guillaume Galienne (F et B.,2013), avec Guillaume Galienne, Françoise Fabian, André Marcon Pour son premier film, Guillaume Galienne a décidé d’adapter au cinéma son one-man show théâtral. Et comme dans celui-ci, de revenir sur le regard familial qui a toujours vu dans son allure efféminée le signe inéluctable de son homosexualité. Le doute semblait d’autant moins possible que lui-même, enfant, se prenait pour une fille et pour l’enfant préféré de sa mère. Dans le film (c’est un vrai film et pas du théâtre filmé), Guillaume Galienne joue deux rôles : le sien bien sûr et celui de sa mère. Et il raconte le parcours difficile qui fut le sien jusqu’à ce qu’il découvre vraiment son identité, tant le monde entier semblait vouloir le condamner à l’homosexualité. Pour éloigner celui qui fait honte à sa famille, sa mère le met en pension en Espagne : la mère de sa famille d’accueil se met en tête de lui apprendre à danser la sévillane, et il découvre qu’il la danse dans le rôle de la femme. On l’envoie dans un collège anglais et il découvre que la violence des scènes de masturbation de ceux dont il partage le dortoir lui rend la sexuali- l i t é c i n é m a té masculine terrifiante. Quant à son incorporation dans l’armée, elle se heurte aux préjugés et à l’homophobie du médecin recruteur ! La qualité principale du propos de Galienne, en dehors de son humour et de ses talents de transformiste, c’est de montrer combien il est difficile d’être soi-même et de se faire accepter pour ce que l’on est vraiment. Un hétérosexuel, dans le cas présent ! Mais le discours n’est pas revanchard : malgré ce que sa mère lui a fait subir pendant 20 ans, le protagoniste ne lui en veut pas et lui dit même son indéfectible amour. Dans une scène troublante, au théâtre où, depuis la scène où il joue son propre et rôle et celui de sa mère, il s’adresse à sa « vraie » mère, spectatrice présente dans la salle. Malgré quelques baisses de régime, le film de Galienne se présente comme une comédie qui brouille les pistes, dénonce les clichés et les préjugés, et qui est en dernier ressort un plaidoyer pour la tolérance. Et qui raconte, derrière la question de la sexualité, comment un enfant a pris goût à endosser des rôles (fussent-ils de princesse) et comment est né et s’est développé son désir d’être acteur. journée d’élection qui verra Hollande (le titre du film renvoie autant au tableau qui célèbre la victoire de Napoléon III contre l’Empire austro-hongrois qu’à la rue de Paris où se trouve le siège du parti socialiste) triompher de son rival Sarkozy le 6 mai 2012. Cette inscription de la petite histoire dans la grande permet à la cinéaste de passer sans autre de la fiction au documentaire, brouillage toujours intéressant. Reste à savoir si les deux registres vont s’éclairer l’un l’autre ou seulement accentuer l’aspect foutraque du film. Le film s’ouvre dans l’appartement étriqué d’une journaliste de LCI dont les deux petites filles hurlent insupportablement. Dans une atmosphère électrique, Laetitia donne les dernières consignes à un baby-sitter gentillet, mais dépassé dès le départ ! Elle doit travailler ce dimanche-là (elle doit faire des micros-trottoirs chez les sarkozystes et chez les « hollandais ») et il s’agit surtout d’expliquer au baby-sitter qu’il ne doit laisser entrer sous aucun prétexte l’exmari de Laetitia que celle-ci juge psychologiquement instable (il vient de faire un passage en hôpital psychiatrique), donc dangereux pour ses Serge Lachat filles. Mais le baby-sitter, trop gentil, laissera entrer Vincent, fort de son droit de visite et qui arrive les mains pleines de cadeaux. A partir de là, il faudra expulser Vincent et, sur les consignes téléphoniques de Laetitia, lui amener les 2 fillettes toujours hurlantes (que font les services de protection de l’enfance ? ou la Croix-Rouge née après Solférino justement ?) au lieu de célébration de la victoire socialiste, projet contre lequel Vincent s’élève «Les Garçons et Guillaume, à table !» © JMH distribution bien sûr avec véhémence ! Pas la peine de résumer plus : la cinéaste LA BATAILLE DE SOLFERINO nous plonge d’une scène hystérique à l’autre, de Justine Triet (F, 2013), avec Laetitia Dosch, redoublant les scènes d’hystérie familiale par les Vincent Macaigne, Arthur Harari, distribution ? scènes d’hystérie collective dans la rue. On dira que la confusion dans l’expression ne suffit pas à Depuis son passage dans une section paral- dire la confusion dans le réel, et le spectateur lèle à Cannes cette année, ce premier film de épuisé que j’étais à la sortie en est bien d’accord. Justine Triet est porté aux nues par toute une Restent, surnageant dans cette agitation confuse, presse française qui veut y voir l’émergence quelques scènes émouvantes ou drôles, portées d’une nouvelle Nouvelle Vague. par la qualité des comédiens (surtout Macaigne). Alors certes on peut reconnaître à ce film Et reste surtout l’impression que Justine Triet a une belle énergie et l’ambition louable de super- su capter quelque chose de la violence des antaposer à un drame familial l’émotion à vif d’une gonismes entre ex-conjoints comme entre partis a c t u a l i t politiques, quelque chose du désarroi de trentenaires qui s’accrochent désespérément à des « droits » au détriment de leurs enfants et de leur propre bonheur, et quelque chose de la perte des repères politiques au profit d’une agitation de supporters ou de fans de vedettes médiatiques (aux cris de « Nicolas, Nicolas,… » répondent les « François, François… » sans qu’on voie bien quelle cause politique est défendue). Reste à savoir si cette « captation » de l’air du temps suffit à faire un film et une cinéaste… Serge Lachat THE LEBANESE ROCKET SOCIETY de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (France, Liban) Je propose ces quelques lignes alors que ce film n’est plus sur les écrans romands non pour susciter des regrets, mais pour donner l’envie de l’acquérir en DVD dès que cela sera possible. Ce « documentaire » raconte un épisode de l’histoire du Liban qui voit un groupe de scientifiques de l’université (arménienne) Haigazian de Beyrouth se lancer dans l’aventure de la conquête spatiale au début des années 60. Cette aventure rêvée par le professeur et mathématicien Manoug Manougian a été lancée par quelques scientifiques (physiciens, chimistes, mathématiciens), bientôt rejoints par un jeune lieutenant de l’armée libanaise supposé favoriser l’approvisionnement en matériel et en carburant, de fait observateur intéressé « militairement » par cette fusée conçue par de naïfs savants ! Le projet s’est développé jusqu’à ce qu’une fusée, le système de « guidage » étant encore purement trigonométrique, s’écrase sur Chypre (sans faire de blessés ni de dégâts) éveillant l’attention des grandes puissances (d’abord l’Angleterre, puis la France). Dans un contexte de guerre froide et de protection d’Israël, le projet fut arrêté par un décret venu de haut. Ce qui a étonné les deux cinéastes, c’est le fait que ne subsiste de ce grand « rêve » qu’un timbre-poste ! Comme si tout un pan de la mémoire libanaise avait été effacé. Ils se sont donc lancés sans grand succès sur la piste d’archives écrites et photographiques (dans les journaux de l’époque), et sans aucun succès sur la piste d’archives filmées (la cinémathèque libanaise est littéralement une ruine). Restaient les témoignages oraux. Mais la plupart des responsables du projet ayant quitté le Liban dès la première guerre civile libanaise de 1975-1976, il a fallu les retrouver. Aux Etats-Unis pour la plupart, dont le professeur Manougian, retrouvé à Tampa é 13 c i n é m a 14 en Floride (ville qu’il a choisie en souvenir de Jules Verne et de son roman De la Terre à la Lune !) et qui leur a raconté toute l’histoire de la conquête spatiale libanaise et leur a ouvert ses archives personnelles (dont on retrouve de larges extraits dans le film). Mais le film n’est pas fait que d’un montage de témoignages, si captivants soient-ils. Il est aussi une réflexion sur l’histoire du Liban (ah ! toutes ces invasions dont on peut lire les traces dans le chemin qui mène de Beyrouth au sommet de la montagne qui domine la ville), sur l’échec du panarabisme nassérien après la défaite arabe dans la Guerre des Six Jours et sur les séquelles de la Guerre du Liban. Et ce documentaire est plus encore puisque les cinéastes ont décidé de faire construire une maquette de la dernière fusée libanaise et de filmer son « installation » artistique dans la cour de l’Université Haigazian ! Et pour finir, comme une fusée à plusieurs étages, le film documentaire devient, dans sa dernière partie, un film d’animation dans lequel les réalisateurs évoquent ce qu’auraient pu devenir le Liban et Beyrouth si l’Histoire avait permis à ce tout petit pays de conduire cette conquête spatiale jusqu’au bout ! Recherche de traces (ou même, pour parler comme les réalisateurs, de « traces de traces »), travail de mémoire sur un projet scientifique, projet artistique, The Libanese Rocket Society est un film inclassable, drôle (on rit beaucoup), inventif, tragique, rêveur, un film à découvrir absolument. Serge Lachat PRISONERS de Denis Villeneuve, avec Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal, USA 2013, scénario d’Aaron Guzikowski Encore sous le coup d’Incendie, le dernier film de Denis Villeneuve, véritable « tragédie antique » transposée dans le monde en guerre d’aujourd’hui au Moyen Orient, c’est avec une curiosité un peu inquiète que je suis allé voir Prisoners. Alors certes, ce dernier film n’atteint pas la puissance et l’incandescence tragique du précédent, mais il aborde le sujet délicat du rapt d’enfants d’une manière fort intéressante en le situant dans le contexte de l’Amérique profonde et bigote. Le cinéaste happe son spectateur par une première scène de chasse avec sur la bande- a «Prisoners» © Ascot-Elite son une voix déclamant une prière avant le coup de feu et les exclamations enthousiastes d’un père devant la prouesse de son fils adolescent qui vient de tuer sa première biche ! Un fils auquel il s’efforce dans la foulée d’enseigner son idéologie « survivaliste ». Keller Dover, ce père qui défend les valeurs fondamentales de l’Amérique et qui demande à sa famille de se tenir prête à se battre et à survivre dans les circonstances les plus terribles ne tarde pas à être confronté à un drame terrible : dans la banlieue de Boston où sa famille fête Thanksgiving dans une famille amie, deux fillettes de 6 ans sortent de la maison… et disparaissent. Loki, le policier en charge de l’enquête, pense comme tout le monde à un kidnapping et, sur la foi du témoignage de Keller, poursuit et arrête un suspect. Mais celui-ci, débile (il a un physique d’adulte, mais un âge mental de 6 ans et peut à peine s’exprimer) est rapidement relâché faute de preuves. Persuadé que c’est bien lui le coupable, Keller, complètement aveuglé par la douleur, l’enferme dans une maison abandonnée et, aidé du père de l’autre fillette, le torture atrocement pour le faire avouer, toujours après avoir prié Dieu pour demander le pardon de ses péchés ! Loki, rationnel et méthodique, donc trop « lent » pour Keller, s’efforce de coincer un autre suspect, mais ce dernier, au cours d’un interrogatoire « musclé », réussit à prendre le revolver d’un policier et se suicide d’une balle dans la bouche. S’engage alors une course apparemment désespérée pour déchiffrer les labyrinthes dessinés par le suspect et pour retrouver les fillettes vivantes… A l’évidence, ce qui intéresse Villeneuve dans le scénario d’Aaron Guzikowski, c’est moins le succès ou l’échec de l’enquête policière (de ce point de vue la fin du film et la résolution de l’énigme est franchement c t u a la partie la moins intéressante) que l’observation de la façon dont circule la violence dans un univers de banlieue américaine tout imprégnée de représentations manichéennes du bien et du mal, de la culpabilité, du péché et de la rédemption… Et, sans jamais sombrer dans la leçon de morale, sans se contenter non plus de faire le procès de ceux qui cherchent à faire justice eux-mêmes, Villeneuve - lui-même éduqué dans un collège religieux et ayant ensuite embrassé des études de physique avant de choisir le cinéma ! – prend son temps pour montrer la façon dont la religion permet de faire le pire en toute bonne conscience puisque chacun peut trouver dans le texte même de la Bible la justification de ses actes. Et plus largement des actes du pays tout entier et de son président qui acceptent l’existence de lieux de torture comme Guantanamo… Serge Lachat VIOLETTE de Martin Provost (France-Belgique 2013) avec Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain, Jacques Bonnaffé, Olivier Gourmet Qui se souvient encore de Violette Leduc, écrivain au talent reconnu par ses pairs (en particulier Simone de Beauvoir, Sartre et Genet), mais dont les ouvrages restaient confidentiels avant La Bâtarde (1964), véritable bombe éditoriale qui remporta presque le Goncourt et dont le succès public fut immédiat ? Martin Provost s’est attaché à rappeler la mémoire de cette femme écorchée vive, qui souffrit sa vie durant de sa laideur et de sa bâtardise. Comme il l’avait fait avec son film précédent, Séraphine (2008), le cinéaste, en plus d’offrir un magnifique portrait de femme, s’efforce de montrer comment un artiste de l’ombre peut être découvert presque par hasard et comment son art peut trouver son public. Ainsi Séraphine fut-elle découverte par un collectionneur allemand retiré à Senlis pour écrire et qui l’avait engagée comme femme de ménage ! Violette s’ouvre sur quelques scènes nocturnes de la fin de la guerre, dans lesquelles on voit l’héroïne s’adonner au marché noir, activité l i t é c i n é m a qu’elle poursuivra la paix revenue dans la plus complète illégalité. On découvre aussi la relation compliquée qui l’unit à l’écrivain homosexuel Maurice Sachs dont elle est amoureuse, ainsi que ses rapports problématiques à sa mère. Mais assez rapidement, le film se focalise sur la relation étonnante qui se noue entre Violette Leduc et vêtement, pas un meuble qui ne soit « vraiment » quelques unes sur les fesses. C'est la marque que d’époque. Et pas une œuvre d’art ne manque laisse la dernière Palme d'or, cinquième longdans l’appartement de Simone de Beauvoir… Or, métrage de l'auteur des déjà césarisés L'Esquive à un moment donné dans le film, Genet dit en et La Graine et le Mulet. L'aura sulfureuse de La substance à Violette: « ce qui compte, ce sont les Vie d'Adèle qui a précédé sa sortie avait déjà mis mots, ce sont eux qui garderont tes souvenirs au parfum les spectateurs, mais pour d'autres raivivants. Les objets, c’est la mort ». Même si l’on sons. D'abord son sujet racoleur: l'initiation d'une entend quelques lignes adorable adolescente aux joies (et inconvénients) de Violette Leduc, les des plaisirs lesbiens. Ensuite, la décision du jury mots sont les grands cannois, présidé par Spielberg, de lui attribuer la Palme d'or à l'unanimité. Enfin, la récente poléabsents du film… mique à propos d'un tournage éprouvant provoDu côté des acteurs, quée par l'actrice née dans le coton, Léa Seydoux. Emmanuelle Devos tend Après tout cela, il paraissait donc difficile de à surjouer un peu, mais découvrir le film en toute innocence. Qu'importe, il est vrai que Violette il faut découvrir ce film ! Leduc est une hystérique C'est l'histoire d'une bachelière, Adèle en permanente demande (Adèle Exarchopoulos), qui se questionne sur d’amour. Kiberlain est son identité, sous les pressions de ses camarades. parfaite en Simone de Après avoir connu les premiers émois dans les Beauvoir, toute d’intellibras d'un garçon de la même école, plus âgé, gence et de retenue, très Adèle croise une jeune femme aux cheveux bleus libre dans sa philoso(Léa Seydoux), par qui elle se sent étrangement phie, mais finalement assez bourgeoise dans attirée. Après avoir rompu avec son nouveau petit son comportement. Et ami, par honnêteté, envers lui comme envers ses «Violette» © Ascote-Elite films Bonnafé incarne un propres sentiments, désorientée, elle retrouve par Genet tout à fait crédible… Puisse le film de hasard la belle inconnue dans un bar lesbien. Simone de Beauvoir. La première, complètement Martin Provost inciter les spectateurs à Etudiante en beaux-arts, Emma est vite touchée fascinée par le Castor, folle d’amour et de désir (re)découvrir Violette Leduc, la beauté poétique par la naïveté de sa cadette, encore mineure. Et la pour cette femme libre, voudrait une relation pas- de son expression et la force de son style à nul relation d'amitié, par le côté étrange de la nousionnelle. Mais Simone de Beauvoir, complète- autre pareil ! veauté, se mue en relation amoureuse, dont le Serge Lachat film ne nous épargne rien des ébats charnels… ment fascinée, elle, par le talent littéraire de Violette et l’absence de tabou dans sa manière D'emblée, le spectateur est stupéfait par le frontale d’aborder les thèmes brûlants (sexualité LA VIE D'ADÈLE charme de cette inconnue sur l'écran, Adèle féminine, homosexualité, avortement…), se veut chapitres 1 & 2 (2013) d'Abdellatif Kechiche, Exarchopoulos, qui vole la vedette à une coméson Pygmalion et non son amante : elle veut avec Adèle Exarchopoulos, Léa Seydoux, dienne pourtant plus connue, Léa Seydoux. Tout conduire Violette Leduc « au bout » de son art et Jérémie Laheurte… juste sortie de l'adolescence, l'actrice éponyme la faire publier par les plus grands éditeurs. du titre a pourtant tourné avec Benchetrit, Jane Une bonne claque dans la figure, et Birkin et Pascal Elbé et joué dans La Rafle Par Simone de Beauvoir et Sartre (qui n’apparaît jamais directement dans le film), Violette Leduc rencontre plein d’artistes et d’auteurs qu’elle admire, en particulier Jean Genet. Mais encore une fois, c’est surtout grâce à la pression permanente de Simone de Beauvoir que Violette Leduc accepte de se dévoiler, de se mettre à nu comme jamais peut-être une femme ne l’avait fait auparavant. Et c’est au gré des ouvrages qu’elle écrit et dont elle parle avec Simone de Beauvoir que nous découvrons par bribes la vie passée de Violette. Le film de Martin Provost est remarquable dans la peinture des jeux de forces que suppose parfois la création littéraire. Pour le reste, après un début qui campe un décor avec 3 fois rien, je lui reproche une approche trop maniaque de la «La vie d’Adèle» © Frenetic films décoration : pas une voiture, pas un car, pas un a c t u a l i t é 15 c i n é m a 16 (2010) de Roselyne Bosch. Mais il faut le tact de Kechiche, à l'instar de Larry Clark aux EtatsUnis (Kids; Ken Park…), pour filmer une telle héroïne et l'adhérer comme une seconde peau. Entre scènes naturalistes, proches de l'improvisation (à l'école par exemple), et celles, répétées jusqu'à la maniaquerie (les plans du croisement d'Adèle et Emma sur un passage clouté), le réalisateur convainc par son style sincère – osons même, pudique - et par un rythme de la narration qui ne concède rien aux facilités psychologiques. Si les deux premiers tiers du film constituent un enivrement sans faute, la scène de la soirée anniversaire d'Emma paraît un peu longuette, et le dernier tiers perd en vivacité. Normal, les deux héroïnes ne sont plus vraiment ensembles. Il faut attendre la scène bouleversante de leurs retrouvailles dans un café, Adèle encore amoureuse, quasi en manque, malgré le temps qui s'est écoulé après leur rupture, pour revenir au propos du film: l'impossibilité de l'amour, même entre femmes. Grâce aux personnages magistralement interprétés, sans rien perdre de la fraîcheur de leur jeunesse, Kechiche a réussi sa démonstration: de la recherche d'une identité à travers la sexualité, La Vie d'Adèle conclut à la non-pertinence de catégoriser les sexes pour vivre un amour sincère et partagé. Tous bis ! Un coup de projecteur habile (la lumière du film est par ailleurs impeccable) sur une problématique d'actualité qui n'a heureusement pas échappé au 7e art. Frank Dayen «T.S. Spivet» © Pathé films velle production du cinéaste, est « déçue d'avance ». Ce qu'on reproche si souvent à Jeunet, c'est précisément de « faire du Jeunet ». Le style de ce réalisateur français semble en effet s'être figé, avoir cessé d'évoluer. Cette situation d'a rien d'enviable, vu en quelle estime certains critiques tiennent la « manière » Jeunet. Ce qui lasse tant chez lui, c'est son amour de l'artifice clinquant. Jeunet est le cinéaste du gadget. Son œuvre affiche de façon ostentatoire la prouesse technique « tape-à-l'œil ». Que T.S. Spivet – l'histoire d'un enfant surdoué parti du Montana pour recevoir un prix scientifique à Washington - sorte en 3 dimensions n'a donc rien de surprenant. La 3D n'est que le nouveau gadget employé par Jeunet. Elle remplace les filtres jaunâtres ; son emploi est tout aussi tapageur. Certes, quelques trouvailles dans l'usage de la 3D paraissent inédites. On pourrait citer le plan dans lequel s'insert ce qu'observe hors du cadre la sœur du héros. Le spectateur, en plus d'adopter le point de vue de la caméra, embrasse le regard d'un personnage qu'il voit évoluer à l'écran. L'usage de la 3D a ceci d'intéressant que cette méta-vision s'extrait du cadre et dote l'image d'un relief supplémentaire. Notre perception est troublée, et notre œil ne sait durant un moment « quelle 3D » privilégier. Mais là encore, la prouesse technique est exhibée, et la mécanique tourne à vide. On pourrait dire, à la décharge de Jeunet, que son esthétique tape-àl'œil constitue peut-être une tentative de nous rappeler que, « les films ont pris leur élan non pas dans la haute culture européenne (…), mais dans (…) le music-hall, la bande-dessinée, bref dans le grossier, le commun », comme l'écrivait la critique américaine Pauline Kael. Si cette vérité historique restait à prouver, on trouvera la démonstration de Jeunet quelque peu laborieuse. Emilien Gür T.S. SPIVET AU BONHEUR DES OGRES de Jean-Pierre Jeunet de Nicolas Bary Rares sont les cinéastes dont les œuvres, comme celles de Jean-Pierre Jeunet, paraissent toujours s'inscrire au sein du même horizon d'attente : une certaine partie de la critique (qui n'est pas des moindres), avant même d'avoir vu la nou- a Benjamin Malaussène ne sait plus où donner de la tête : il a la charge d'une fratrie absolument incontrôlable, le grand magasin dans lequel il travaille est victime d'incessantes explosions, et la c t u a police le soupçonne d'être le responsable de ces dernières... Voilà à quoi se résume l'essentiel de l'action d'Au bonheur des ogres, roman de Daniel Penac avant de devenir le film insipide réalisé par Nicolas Bary. L'adaptation du roman de Pennac par Bary déçoit. Le passage de l'univers de l'écrivain à l'écran tombe à plat. Le spectateur n'y découvre guère la délicieuse truculence qui fait le charme «Au bonheur des ogres» © Pathé films du romancier, mais une fable grotesque qui passe en revue des personnages aussi mal campés les uns que les autres. Les membres de la tribu Malaussène sont creux, sans vie, bien qu'ils ne cessent au cours du film de s'agiter dans tous les sens. Dès qu'on les a vus une seule fois, ils n'ont plus de secret pour nous. Leur comportement est entièrement prévisible. C'est dommage, car le film dure 1h32 : un laps de temps largement suffisant pour élaborer des personnages un peu plus complexes qu'un trentenaire débordé et malhabile, des adolescents en crise et un enfant braillard. Un personnage intéressant se construit dans le temps, on ne le saisit pas d'entrée, les informations à son sujet sont délivrées peu à peu et se contredisent parfois. Nicolas Bary semble malheureusement l'ignorer, et ne sait guère nous livrer que des caricatures, qu'il nous faut malheureusement supporter durant toute la durée du film. Les personnages drôles et « hauts en couleur » du roman de Pennac semblent hélas déserter l'oeuvre de Bary, lequel entendait justement les faire vivre à l'écran. Si les personnages déçoivent, c'est également le cas de l'univers du film dans son entier. La vitalité débordante du monde de Daniel Pennac se traduit dans la production de Bary par des effets spéciaux tapageurs, un remue-ménage permanent qu'on trouvera volontiers écoeurant. A force de s'emballer dans tous les sens, le film laisse bien vite le spectateur sur la touche. Emilien Gür l i t é c i n é m a sous la loupe Kino Il fait bon faire du cinéma dans l’espace post-soviétique si l’on en croit le calibre de la compétition officielle lors de la première édition du Kino Festival du Film de Russie et d’Ailleurs qui s’est tenu du 21 au 29 septembre aux Cinémas du Grütli et à la Cinémathèque Suisse. Réussite sur tous les plans pour les organisateurs qui sont non seulement parvenus à attirer près de 10’000 spectateurs dans les salles mais aussi à offrir à leur public un surprenant échantillon de cinémas nationaux de qualité. Ce n’est en effet pas tous les jours que des écrans suisses prennent l’opportunité de projeter les fruits du travail d’artistes de l’espace post-soviétique. L’on aurait pu d’ailleurs craindre que la qualité des oeuvres proposées ne souffre lorsque l’on considère les vastes différences dans la culture filmique des nations représentées (la boitillante “industrie” du Kazakhstan peut difficilement faire le poids face à la vénérable tradition cinématographique russe). «Harmony Lessons» © Kino Grand Prix Pourtant c’est bien Harmony Lessons, du kazakh Emir Baigazin, qui s’est finalement vu désservir à juste titre le Grand Prix de cette première édition bourrée de talents. Sorte de carte postale à double tranchant, Harmony Lessons met en valeur d’un côté la splendeur naturelle des immenses steppes du pays, à la façon de tableaux aux silences menaçants, mais de l’autre révèle aussi l’envers de ce sublime décor au travers du troublant périple de l’écolier Aslan. Le jeune adolescent, dépeint tout en introspection et en solitude, se retrouve le bouc émissaire d’un gang d’écoliers qui terrorise l’établissement. Véritable organisation criminelle, les “minimafieux” imposent leurs lois comme des tyrans de la cour de récré. Extorquage d’argent, humiliations, raclées…, l’odieuse bande fait régner la peur avec comme seul code : la primauté de la masculinité et ses élans de violence. C’est dans ce contexte d’hostilité permanente a c t u a l que le jeune Aslan, victime d’une ignoble humiliation, dont il affichera les séquelles jusqu’à la dernière image du film, se referme sur lui-même. Son rôle de digne loup solitaire n’est pourtant pas réellement un choix volontaire, mais l’effet d’une loi imposée par l’empire du crime en uniforme d’école, qui dicte qu’aucun camarade ne doit même lui adresser la parole. Transgresser cette règle implique la rétrogradation du coupable au même statut qu’Aslan. Dans ce microcosme dictatorial, la solidarité et la générosité sont punies et la soumission devient un acte nécessaire à la simple survie. C’est l’arrivée d’un nouveau venu, insolent et un poil inconscient, ainsi que le traitement de celui-ci aux mains de leurs brutaux camarades, qui fera germer le désir de vengeance d’Aslan. La violence qui régit les rapports de force durant le premier acte se révèle alors comme le principe fonctionnel de la société kazakh, ancré au cœur même de ses institutions. Impossible donc pour Aslan d’y échapper, l’outil de son malaise devient celui de sa vengeance. C’est avec un pinceau d’une noirceur épaisse et un sens aiguisé de la critique que Baigazin dépeint le cœur encore corrodé de son pays. Mêlant cinématographie ascétique et symbolisme, le jeune réalisateur signe une stupéfiante inculpation du système national et du spectre soviétique qui hante son peuple. Résidus culturels Ce n’est d’ailleurs pas le seul en compétition à s’être focalisé sur la thématique de ces résidus culturels du patriarchat autoritaire. Dans le georgien In Bloom, deux meilleures amies en pleine adolescence tentent de se frayer (en vain) un nouveau chemin loin des coutumes sociétales et de l’intimidant pouvoir des hommes. Certaines perspectives moins moroses étaient aussi au programme dans l’aigre-doux I’ll Be Around, chronique d’une mère célibataire dotée d’un entrain à toute épreuve. Dans cette ère moderne, l’homme (ou peut-être plutôt la masculinité) n’est plus présent et c’est tant mieux, une notion confirmée lorsque l’on est introduit auprès du pathétique père biologique. Cependant, découvrant qu’elle souffre d’un cancer dont elle ne survivra sans doute pas, Inna se met à la recherche d’un couple pour élever son enfant après son décès. Sorte d’hybride entre Juno et le cinéma soviète des années 60 et 70, I’ll Be Around est une idéalisation moderne de cette évolution culturelle qui veut qu’une société saine (personnifiée ici par le noyau familial) soit forgée sur un bannissement du traditionnel déséquilibre des sexes. Pas étonnant alors que le seul personnage édifiant et moral d’Harmony Lessons se révèle être une jeune fille délibérément mise à l’écart de la narrative. James Berclaz-Lewis «In Bloom» © Kino i t é 17 t h é â t théâtre de carouge La double mort de l’horloger André Engel continue sa lecture profonde de l’œuvre d’Ödön von Horváth. Il réunit cette fois-ci deux textes étrangement proches qui se font écho, écrits à 10 ans d’écart, relatant la - double - mort violente d’un horloger. Diptyque noir à ne pas manquer. 18 1923 : Ödön von Horváth rédige Meurtre dans la rue des Maures. L’histoire d’un horloger assassiné, dont le meurtrier, revenu sur les lieux de son crime, finira par se pendre dans la maison de ses parents, seule façon d’échapper à la police qui le traque méthodiquement. 1933 : Le même Ödön von Horváth écrit L’Inconnue de la Seine. Lors d’un cambriolage, un horloger surprend les voleurs. Il est assassiné. Le meurtrier s’enfuit, rencontre une jeune femme, la séduit et la convainc dans la foulée de lui fournir un alibi. Par amour elle obtempère. Sitôt tiré d’affaire, l’homme l’abandonne sans vergogne pour en épouser une autre. N’arrivant pas s’en remettre, elle se jettera dans la Seine. À dix ans d’intervalle, Horváth revient en quelque sorte sur une histoire similaire, celle d’un horloger assassiné, histoire similaire mais non semblable. Car s’il y a une proximité avérée des thèmes, ces deux pièces en fait ne disent ni ne décrivent la même réalité psychologique, sociale ou politique des protagonistes. Au désespoir réel du premier meurtrier succède le cynisme inique voire le froid calcul du second. Tout à coup, le suicide de la jeune fille nous rappelle qu’il n’est plus dans l’air du temps en 33, r e dans cette région-là du monde, de ‘considérer’ l’autre. Même s’il aide ou aime et se considérait pour le coup comme un alter ego… Le spectateur averti entendra donc dans le lointain des bribes de l’Histoire de la République de Weimar via ces deux textes, et comprendra que c’est dans un esprit certainement pas intempestif qu’Engel les monte et les fait jouer en synchronie, voire en ‘synchronicité’ comme aurait peut-être dit Jung. Rosine Schautz Entretien avec André Engel Ces deux pièces montées en un seul geste sont-elles des variations sur un même thème ou simplement se répondent-elles en symétrie ? Les deux œuvres, qui ne sont en rien symétriques, présentent des variations sur des thèmes fondamentaux : la culpabilité et la responsabilité. La veulerie et la lâcheté. Et plus généralement les rapports homme/femme et la Mort. En musique, les variations ne prennent tout leur sens que par les contrastes qu'elles forment, ce qui exige en principe qu'elles soient toutes exécutées lors d'un récital. Il en est de même ici. À la lecture, le simple rapprochement des deux séries d'é- «La double mort de l’horloger» © Richard Schroeder a c t u a l i t é t h é â t r e 19 «La double mort de l’horloger» © Richard Schroeder vénements formant la trame de chaque pièce permet sans doute de mieux cerner ce qui fait la singularité de chacune. Cela dit, toutes deux constituent bien des œuvres indépendantes, conçues comme telles par leur auteur, et pouvant être réalisées pour elles-mêmes. Les monter d'un seul trait, au cours d'une unique soirée, ne se justifie que si elles s'entre-expliquent – autrement dit, uniquement à la condition qu'en s'éclairant et en se renforçant l'une l'autre, elles nous disent ensemble quelque chose de plus que leur signification particulière, faisant jaillir de leur confrontation un supplément de sens. Pensez-vous que Meurtre dans la rue des Maures est une répétition générale de L'Inconnue de la Seine ou plutôt qu'Horváth, à 10 ans d'intervalle, a voulu donner une seconde chance - perdue - à ses personnages ? On peut voir dans le meurtre de la rue des Maures une scène qui va se rejouer - soit pour donner au criminel une deuxième chance, soit au contraire pour le contraindre à confirmer et redoubler sa damnation en le privant de cette solution de facilité qu'est le néant trop vite rejoint. Le spectre visible de la première pièce e n t r cède donc la place à un invisible « spectre de spectre », si l'on ose dire. Car dans Meurtre dans la rue des Maures, la présence d'un autre monde permet peut-être encore d'espérer en une sorte de justice transcendante, mais tout espoir de ce genre est vain dans L'Inconnue de la Seine, où ce n'est même plus le criminel qui met fin à ses jours, mais la jeune femme qui voulait le sauver. Et l'eau de la Seine, fleuve d'oubli, se referme sur la pauvre vie qui s'y jette, avec une impassible cruauté... Ne reste plus qu’un masque mortuaire : celui de l’inconnue, devenu un simple objet décoratif, fait pour être accroché au mur comme un trophée. Si c’est une répétition, elle est aggravée. L'écriture d'Horváth diffère-t-elle dans ces deux textes rédigés respectivement en 1923 et en 1933, décennie cruciale s'il en est pour la République de Weimar? Entre 1923 et 1933, la République de Weimar passe de l'hyperinflation à l'élection d'Adolf Hitler à la chancellerie : la crise politique et sociale s'est aggravée jusqu'au paroxysme. Quelque chose y répond dans l'écriture de Horváth, qui passe d'un lyrisme expressionniste avançant par éclats et déchirures abruptes à une e t i e sorte de féerie noire où le mystère, au lieu de se concentrer dans certaines expressions fulgurantes, semble désormais imprégner impalpablement l'atmosphère d'ensemble. Dans Meurtre dans la rue des Maures, la déraison est donnée à voir sous forme explicite, et la dimension fantastique s'incarne dans la figure d'un spectre : celui de la victime, qui revient tourmenter son meurtrier. Dans L'Inconnue de la Seine, les fantômes se sont retirés : à leur place (peut-être) ne reste qu'une jeune femme sans nom, venue on ne sait d'où – et si elle surgit d'un au-delà dont elle serait la messagère, alors l'ange qu'elle aura été s'évanouit en emportant son secret dans la tombe. En 1923, le désespoir est aigu, affolant mais conscient ; en 1933, avec toutes les apparences du « bonheur », le désenchantement est diffus, informulé. Immémorial. Inavouable. Et c'est sans doute encore plus grave. Tuer un horloger est-ce tuer le temps? On ne tue pas le temps. C’est le temps qui nous tue. Propos recueillis par Rosine Schautz Du 26 novembre au 7 décembre. Théâtre de Carouge, Salle François-Simon n t h é â t r e théâtre de poche : je suis de tatiana frolova Mémoire en sursis Le Poche, dont la programmation 2013-2014 est remarquable d’ouverture sur le monde, reçoit du 13 novembre au 1er décembre la dernière production de l’artiste russe Tatiana Frolova. Sa troupe du théâtre KnAM de Komsomolsk-sur-Amour – un véritable poème en soi – jouera leur dernière réflexion nommée Je suis, laquelle a reçu le prix de la meilleure mise en scène du concours des théâtres de la région de Khabarovsk. Histoire en apesanteur. 20 Chaque année, les rues de la ville de Komsomolsk, dans l’Extrême-Orient russe, s’allument pour dignement fêter la commémoration de sa construction dans les années 1930 par les « vaillants Komsomols », une organisation de jeunesse du Parti Communiste de l’Union Soviétique. Les quelques 260'000 habitants de la ville périphérique et marginale – elle est plantée à plus de 8'000 kilomètres de Moscou – célèbrent alors sa fondation héroïque et quasi mythique par la fougue haletante et idéaliste d’une jeunesse rouge animée par la foi du XXe siècle, bâtir un monde nouveau et meilleur. Toutefois, un doute subsiste : est-ce bien là la réalité historique ou un mirage que les habitants révèrent ? La troupe du KnAM Theatr, associée à d’autres recherches d’historiens russes, entreprend alors un véritable travail d’archéologie du passé stalinien. Après avoir fouillé l’histoire de la région, les investigations exhument une réalité très éloignée de la version officielle que les autorités martèlent année après année : Komsomolsk fut bâtie par des zeks, ces prisonniers-fantômes de l’archipel du goulag stalinien, sacrifiés sur l’autel d’une idéologie totalitaire. Dès lors, comment comprendre cette histoire revisitée, fabriquée, trafiquée ? A quel futur sont irrémédiablement condamnés les habitants d’une ville dont le récit repose sur les sables mouvants d’un passé ainsi distordu, recomposé ? Telles sont les questions qui poussèrent Tatiana Frolova et sa compagnie à réfléchir – par le biais du théâtre documentaire notamment – aux conséquences identitaires d’une telle réécriture historique, plongeant irrémédiablement cette société dans l’ignorance d’elle-même, comme frappée d’une version sociale et communautaire de la maladie d’Alzheimer. Nous avons donc voulu recueillir l’avis de l’artiste sur ces questions souffrantes, à l’heure où la Russie du Président Vladimir Poutine ne semble pas très disposée à réintroduire de la raison historique dans cette mémoire stalinienne entretenue sous respirateur artificiel. Entretien. e Une société amnésique est-elle condamnée à reproduire les affres de son passé ? La société, ce sont les gens. L'Histoire le confirme, les grandes civilisations sont tombées à cause de l'oubli de leur propre histoire. Le politique moderne a-t-il intérêt à transformer l’histoire en mémoire, et la mémoire en fantasme ? Oui. Il s'agit là d'un instrument spécifique, très fin et qui passerait presque inaperçu du politique moderne, la réécriture de l'Histoire. L'histoire de la construction de notre ville, Komsomolsk-surAmour, le prouve. Ce n'est un secret pour personne que cette ville a été construite par des prisonniers du goulag, accusés à tort et réduits en esclavage. Mais peu de gens savent que sur le territoire de la ville se trouvaient plus d'une quarantaine de camps de concentration. Mais cette vérité-là personne ne l'affiche, elle est purement et simplement tue, et les lieux de sépulture sont aujourd'hui transformés en terrain vague ou place de jeu. Par contre la légende qui veut que la jeunesse communiste soit venue dans la Taïga et ait bâti la ville à mains nues ne fait que croître d'année en année. Vos productions théâtrales suscitentelles des réactions au sein de la société russe? Les réactions de la société russe sont suscitées par le divorce du Président ou encore la hausse des prix, car la société en Russie est formée sous l'influence de la télévision, entièrement soumise au pouvoir. Notre théâtre est trop petit et se trouve beaucoup trop loin de Moscou, on ne peut parler que de notre public, celui qui vient à nos spectacles. Oui, ils réagissent. On nous dit souvent que nous sommes courageux et on nous envie cette liberté de dire tout ce que nous pensons. Il nous semble que l'influence de notre théâtre sur les gens, sur la partie des gens qui réfléchissent, est forte, mais on ne peut pas le dire avec certitude. Depuis peu, nous avons arrêté de nous en préoccuper. En Russie il y a un dicton : «Fait ce que tu dois faire et arrivera ce qui arrivera». Nous n t r e «Je suis» © Smirnov faisons, mais ne nous préoccupons pas de l'influence que ça pourrait avoir. Mais il existe tout de même quelques signes de l'influence qu'exerce le théâtre sur les esprits. Pendant le temps de l'élaboration du spectacle Je suis, j'ai été appelée pour être questionnée par le comité d'inspection. C'était très effrayant et j'avais peur que nous n'arrivions pas jusqu'à la première. Mais nous y sommes arrivés et mieux encore, le spectacle a été nommé meilleur spectacle de l'année au Prix annuel du Théâtre. Cela signifie qu'il y a bien des gens (au sein du pouvoir et des professionnels du théâtre) qui ont été influencés par notre travail. Le théâtre documentaire vous semblet-il le meilleur média pour traiter des sujets de société ? J'aimerais beaucoup pouvoir répondre “oui“, mais ce ne serait pas vrai. Le théâtre documentaire peut être vu comme une sorte de média, mais seulement du point de vue de l'art. L'art parle en images et c'est sa force. Les médias ne sont qu'une source d'information. Nous faisons se rejoindre l'information et l'image et grâce à cela l'information devient vivante, personnelle, elle vous touche et vous oblige à agir. Ces paroles de vérité semblent bien décrire les contours d’un phénomène global à l’œuvre dans nos sociétés contemporaines, lequel de manière latente détruit la réalité du passé tel qu’il s’est déroulé pour en produire un ersatz de mirage mémoriel, marécage recomposé, orienté, étrangement étranger. Cette volonté de réécriture mémorielle, intronisée mémoire officielle indiscutable par les politiques, projette la réalité hors d’une histoire ainsi subjuguée. Ce travail conscient de fossoyeur du passé a débuté dans les années 1980 et s’est ensuite imposé par l’entremise de l’urgence fiévreuse de ce qu’on pourrait nommer l’ère des commémorations, inondant d’oubli la moindre des traces de notre passé. Si Je suis peut se conjuguer au pluriel, alors Nous sommes sûrement capables d’entendre ce signal d’alarme lancé par cette artiste exceptionnelle, venue des marges pour nous faire réfléchir à une problématique essentielle de notre temps. Propos recueillis par Christophe Rime, et traduits par les services du Poche t i e n t h é â t r e entretien à la comédie de genève Brigitte Jaques Brigitte Jacques-Wajeman revient à la Comédie avec Pompée et Sophonisbe, de Pierre Corneille, présentés en alternance du 29 octobre au 2 novembre. La metteure en scène spécialiste de Corneille poursuit la série des cinq pièces « coloniales », comme elle les nomme. Le projet d’un cycle intitulé « Corneille colonial » est né en 1983 de l’observation faite par la metteure en scène du but affiché par le grand dramaturge du dix-septième siècle de « peindre la politique des Romains au dehors ». Il y eut Nicomède et Suréna, il restera Sertorius à monter. Brigitte Jaques-Wajeman © Carole Parodi Rencontre avec Brigitte Jaques lors de la présentation de saison. Mais tout de même, Corneille, ce n’est pas le choix de la facilité pour attirer le public ! Qu’est-ce qui vous fascine dans le « colonialisme » de ces pièces ? C’est d’autant plus vrai que j’étais moi-même réfractaire à Corneille dans ma jeunesse, à cause du cliché très réducteur du cœur opposé à la raison. Or, c’est un auteur qui a eu le mérite de s’interroger sur le théâtre, comment construire un « scénario » ? que veut-on montrer ? Corneille m’est donc apparu plus tard comme un audacieux, et non plus un père fouettard. Il utilise l’ironie, la dérision et la drôlerie, mal vus à l’époque. C’était un chantier peu visité. Dans les deux pièces que je monte cette fois, il y a un mélange intéressant de tragédie et d’ironie un peu brechtienne. Le public est friand de ces piè- Le rapport de domination et de fascination du colonisateur – ici, le Romain – pour le colonisé. J’ai choisi de reproduire le décor des pièces précédentes : chaque pièce est donc montée autour d’une très grande table, sorte de scène sur la scène. Tout se joue autour de cette table : négociations, repas, affaires privées, le politique, l’épique et l’intime. Ce sont des moments de théâtre presque cinématographiques : les gens boivent, mangent. C’est très réel. ces car elles éclairent notre actualité et font redécouvrir un Corneille loin des clichés scolaires. A Paris, Nicomède et Suréna ont connu un immense succès par leur modernité qui place les spectateurs face aux angoisses d’aujourd’hui, avec les menaces terroristes et le spectre de la fin du monde. C’est là toute la puissance prémonitoire des poètes. Parlons des femmes dans ces œuvres… Au premier degré, ce sont des viragos volontaires et cérébrales. Au second degré, celui de l’inconscient et de la vérité, ce sont des femmesobjets de marchés, séparées d’elles-mêmes. Leurs amours sont bafouées, elles sont touchantes et compliquées. Elles incarnent la jeunesse qui se bat. Vous aviez monté L’illusion comique du même dramaturge en 2004 à La Comédie. Je suis attachée à ce théâtre et touchée d’y revenir. Propos recueillis par Laurence Tièche-Chavier Pompée / Sophonisbe de Pierre Corneille, mise en scène Brigitte Jaques-Wajeman, à La Comédie de Genève du 29 octobre au 2 novembre. «Sophonisbe» photo repetition © Cosimo Mirco Magliocca e n t r e t i e n 21 t h é â t r e à la comédie Quand Artaud écrivait à Barrault Après avoir fait entendre Qu’est-ce que le temps ? (Le Livre XI des Confessions d’Augustin), Denis Guenoun propose par la voix du même interprète Stanislas Roquette de faire découvrir les liens qui ont existé entre Antonin Artaud et Jean-Louis Barrault. Un exemple de cette proximité est révélé par un extrait de la correspondance qu’ils ont entretenue durant le second conflit mondial. 22 Mon bien cher Ami, Je vous ai écrit à la Comédie-Française au moment de la première du Soulier de satin il y a trois semaines ou un mois et je me demande si cette lettre vous est parvenue. Vous devriez la réclamer. - Jean-Louis Barrault je n’en peux plus des distances qui nous séparent et de ne plus voir ceux qui me sont chers. Je sais que vous ne m’oubliez pas et que vous pensez souvent à moi ; mais je vois que la vie vous retient par trop de soucis, de préoccupations, d’angoisse, et qu’elle vous empêche de me donner le signe que j’attends de vous. – Peut-être vous retient-elle aussi par des charmes faux, des illusions captieuses et que vous n’avez pas encore entièrement tuées. J’ai passé mon temps depuis six ans et demi de claustration à lutter contre le faux et le vrai dans le mental. Mais maintenant c’est assez. Je n’en peux plus de cet éternel débat avec moi-même. Il faut que je vive moi aussi. J’ai besoin d’air et d’une nourriture que ces temps de restrictions et de guerre ne permettent plus de trouver nulle part. – Elle durera jusqu’à ce qu’un certain nombre d’hommes, dont vous êtes au premier rang, aient compris de quoi il s’agit. Et si je vous écris c’est qu’il faut à tout prix maintenant, Jean-Louis Barrault, retrouver la mémoire de quelque chose. Un vieux problème s’est posé à nous tous depuis les débuts conscients de notre existence et au-dessous duquel nous vivons. Eh bien il faut faire un effort pour remonter le cours des choses, et renverser les événements. On le peut par la pureté et la sincérité en face de soi-même, et en face de Dieu. Mais il ne faut pas oublier Dieu. – Ceci mon très cher ami n’est pas un sermon mais une Vérité que j’ai fini à force de douleurs et d’isolement par percevoir dans toute l’objectivité de son essence. Et je vois que tous ceux qui vivent autour de moi n’ont même pas conscience de leur propre vie. Car vivre n’est pas suivre moutonnièrement le cours des événements, dans le train-train habituel de cet ensemble d’idées, de goûts, de perceptions, de désirs, de dégoûts que l’on confond avec son moi propre et parmi lesquels on s’assouvit sans chercher plus loin ni au-delà. Vivre c’est se surmonter soi-même, et chaque homme ne fait pas autre chose que de se livrer à soi. Or il y a eu dans cette vie-ci, dans le réel et dans le temps, avant 1937 des périodes extraordinaires où nous nous sommes tous vus au-dessus de nous-mêmes et où Dieu dans le concret a passé. Les hommes les ont oublié, c’est pourquoi ils ne comprennent pas cette guerre-ci et s’imaginent qu’elle peut durer. Aux hommes d’élan, d’enthousiasme et de Foi, comme vous Jean-Louis Barrault, à les faire revenir, non au théâtre et en images, mais dans la vie, en réalité. Antonin Artaud, Rodez 1er février 1944 Du 5 au 24 noembre : Artaud – Barrault de et m.e.s. Denis Guénoun. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h (Billetterie : 022/320.50.01 / [email protected]) «Artaud-Barrault» avec Stanislas Roquette, credit Clara Gay-Bellile a c t u a l i t é t h é â t r e En filigrane du récit, la mise en espace du texte permet de le comprendre, sont inscrits une série de tableaux intenses, concentrant, en quelques gestes et en quelques répliques, en quelques instants cruciaux, fantasmatiques, la somme de l’expérience de claustration, des tourments passionnels qui font le destin de l’héroïne. denis diderot à thonon et sion La Religieuse Le texte de Diderot, judicieusement adapté par Christelle Reboul et Marie-Laurence Tartas (incarnant, pour la première, Suzanne Simonin, pour l’autre, les diverses figures de la Mère, insensible, cruelle ou hystérique), se révèle, sous l’apparente organisation linéaire de la confession en prose, puissamment dramatique. Tensions Sous la direction, sobre et fidèle, de Nicolas Vaude, le roman passe ainsi la rampe de la scène. Frédéric Andrau, toujours juste, complétant le triangle esquissé par Christelle Reboul et Marie-Laurence Tartas, assume avec grandeur la plaidoirie anticléricale de Maître Manoury, et la viole de Gambe de Christine Plubeau permet aux moments de cette représentation assez brève (1h15) de s’articuler dans la durée, soulignant, quand les cordes se font sourdes ou criardes, les tensions par lesquelles passe le corps malade dans son calvaire. On regrettera peut-être, dans cette mise en scène, une certaine prudence. Le saphisme n’est qu’effleuré, et le sujet, peut-être, traité de manière insuffisemment distanciée. Suzanne Simonin est émouvante en héroïne de mélodrame, mais les spectateurs attendraient d’être confrontés, par le regard du philosophe, aux ambigüités de sa parole, qui font beaucoup de la saveur du roman. La couleur locale (il y a dans la Religieuse la matière d’un roman gothique) aurait elle aussi permis des clins d’œil, dont le spectacle se prive, faisant le choix de la simplicité. Le sujet, cependant, est bien là, l’interprétation cohérente, les articulations dégagées. La Religieuse ne fera pas vaciller nos impressions de lecture, elle est assurément une belle occasion de se rafraîchir la mémoire, ou tout simplement de passer une bonne soirée au théâtre… Samuel Monsalve La Religieuse de Diderot, avec Christelle Reboul, Marie-Laurence Tartas, Frédéric Andrau, Christine Plubeau, dans une mise en scène de Nicolas Vaude. - Le 19 novembre à la Maison des Arts de Thonon. Location 04.50.71.39.47 - Le 20 novembre à 20h15 au Théâtre de Valère. Location 027/323.45.61 «La Religieuse» © BM Palazon a c t u a l i t é 23 t h é â t r e théâtre de carouge, puis théâtre kléber-méleau La Dame de mer Ellida, la fille du gardien du phare, a épousé un mari plus âgé qu'elle, le docteur Wangel. Mais un lourd secret pèse sur cette union. Hantée par le souvenir de son premier amour qui lui ‘apparaît’, puis revient la chercher, cette ‘Dame de la mer’ - ainsi nommée par les gens du pays qui la voient plonger chaque jour dans le fjord et par n’importe quel temps finira par décider contre toute attente de rester auprès de son mari… « Drame de l’évolution » pour Omar Porras, cette pièce, à la fois fantastique et réaliste, reste une œuvre optimiste qui pose la question cruciale des choix à faire entre amour et liberté. Et entre passé et avenir. Rosine Schautz 24 Entretien avec la scénographe Amélie Kiritzé-Topor Quelle différence artistique ou technique faites-vous entre les métiers de scénographe, metteur en scène et décorateur ? Pour moi, la différence entre scénographe et metteur en scène tient dans le fait que le metteur en scène est le porteur de projet. C’est lui qui fait le lien entre son propre projet par rapport à un texte et tous les éléments techniques et artistiques de la scène, notamment le lien entre les comédiens et les créateurs “techniques“ (son, lumière, espace, costumes) de la scène. Le scénographe, lui, vient transformer la vision du metteur en scène en espace. Bien sûr, tout est intimement lié, dans le sens, où par exemple, si j'organise un espace avec des portes, cela implique des entrées et des sorties spécifiques pour le metteur en scène. Si j'imagine un espace vide, alors, là aussi, un autre rapport au corps va se créer... Le travail avec un metteur en scène commence donc, pour moi, dès le début du projet, en e lien fort avec la dramaturgie que l'on élabore souvent ensemble. Je fais rarement un espace qui pourrait servir juste d'intérieur ou d'extérieur, qui ne serait que démonstratif d'un lieu. Pour moi, l’espace est intimement lié aux comédiens, à la façon dont ils vont le faire vivre, à la contrainte ou la liberté que le décor va leur imposer. Pour moi, c'est aussi imaginer une seconde peau pour le comédien. J'essaye de faire en sorte que mon espace raconte un sous-texte et soit également un acteur de la scène, avec les comédiens. D'où ce rapport très fort que je demande au metteur en scène. Le scénographe reste ensuite un artisan de la scène, pas un plasticien faisant une œuvre indépendante ou juxtaposée à la scène. La différence entre scénographe et décorateur est elle d'abord une question d'histoire. Le décorateur impliquait autrefois plus un rapport à la matière, au plein. Le mot scénographe (écriture de la scène), est apparu plus tard, dans les années 60-70, quand les scènes ont commencé à se dégager d'un certain réalisme de lieux impo- sés par les textes. Les scénographes et metteurs en scène se sont saisis de l'abstraction, du vide, et un nouveau rapport à l'espace s'est dégagé, loin de la simple “décoration“, voire de l’illustration... Mais par contre, on retrouve beaucoup l'appellation “décorateur“ à l'opéra, où le décor est plus vivant, plus construit. Pour ma part, je préfère le mot scénographe, car je le trouve plus libre, plus ouvert, mais cela m'importe peu au final. Comment travaillez-vous avec Omar Porras ? Ensemble dès le début, ou au contraire chacun de son côté, puis mise en commun d'options spécifiques et revue des possibilités ? Avec Omar Porras nous travaillons ensemble dès le début. Ceci dit j'aime bien avoir une première lecture avant toute discussion, histoire d'avoir moi-même une opinion de la pièce que l'on puisse alors confronter. Confronter ou plutôt discuter pour rencontrer l'autre point de vue. C'est cela qui est intéressant et enrichissant. C'est par la rencontre des points de vue que nous avançons, au fil des lectures que nous nous faisons ensuite. Nous parlons aussi de films vus, de plasticiens, d'expos, nous voyageons quelquefois loin du texte dans nos rencontres, pour revenir enrichis des discussions que nous avons eues ensemble. J'appelle cela la période d'orbitage : on tourne autour du projet, on accumule les satellites avant de tout réunir sur une «La Dame de mer» © Marc Vanappelghem n t r e t i e n t h é â t r e 25 «La Dame de mer» © Marc Vanappelghem seule planète. J'aime énormément cette période. En général, je n'ai pas de croquis dès le début, ni de maquette. Nous travaillons donc avec des photos, des livres, des films pour définir notre univers de base. Ensuite je passe au croquis et à la maquette pour pouvoir jouer avec l'espace, le tester avec d’autres lectures du texte. Ces différentes étapes peuvent prendre 2-3-5 mois quelquefois et nécessiter 5 maquettes avant d'en déterminer une qui sera celle utilisée pendant les répétitions. Ceci dit, chaque maquette nourrit la suivante et le projet continue de se modifier au fil des répétitions. Rien n'est figé. Spécifiquement avec Omar. Même si une maquette existe, nous répétons souvent dans une esquisse de décor, en carton ou en bois brut. Il faut que l'espace reste assez ouvert pour que les comédiens puissent y apporter leurs propres éléments de décor, et fassent advenir d’autres propositions. Il faut leur laisser du vide pour qu'ils puissent l'habiter. C'est cette fameuse seconde peau qu'ils doivent trouver dans le décor et avec leur corps. Pour cette raison, je reste très disponible et présente aux répétitions. Est-ce très semblable de concevoir des espaces pour le théâtre et pour l'opéra, sachant que la scène, souvent, n'est pas occupée de la même manière? Comme je le disais, le travail à l'opéra est un e n t r peu différent. D'une part dans sa préparation, sachant que les délais de construction ne sont pas les mêmes qu'au théâtre, que les organisations de travail sont différentes du théâtre. Et le décor peut au théâtre - spécifiquement dans le travail avec Omar - continuer de se construire pendant les répétitions. A l'opéra, impossible ou presque! Pour ma part, venant plutôt du théâtre que de l'opéra, j'essaye de garder cette spécificité du décor de théâtre, ce qui n'est pas toujours évident, et qui peut être parfois mal comprise ! A l'opéra, le metteur en scène n'est pas le seul maître à bord, il est le second, il vient après le chef d'orchestre… Les jeux de pouvoir que cela implique sont intéressants mais du coup pour le scénographe, il devient impossible de mettre les chanteurs dans certaines situations... A l’opéra, on a un autre rapport aux corps. On improvise moins, le temps est resserré entre l'orchestre, les chœurs, et en fait, le décor doit être construit à l'avance. Cela étant, entrer dans cette contrainte, c'est justement ce qui est passionnant ! Que construire sur un plateau quand un chœur de 30 personnes viendra le remplir ? On joue sur d'autres plans, d’autres symboles, avec d’autres lumières. C'est une tout autre organisation de l'espace mais comme je le fais pour le théâtre, j'essaye toujours de travailler selon le point de vue spéci- e t i e fique propre au projet, au texte, et aussi aux sous-textes produits par le décor. Par ailleurs, les livrets sont construits autrement que les pièces, et si le chant prime évidemment, les intrigues à l’opéra m’apparaissent souvent plus ‘simplistes’. Enfin, le décor d'opéra c'est aussi toute une épopée historique que j'adore explorer et ‘référer’. C'est même d'une grande importance pour moi de faire ‘référer’ les textes d’opéra ou de théâtre à leur contexte historique, pictural, littéraire... Quelle vision avons-nous maintenant de l’œuvre choisie, quel intérêt y a-t-il à la porter aujourd’hui à la scène et du coup, dans quel espace la monter concrètement? Ce sont les questions premières que j’aime me poser. Propos recueillis par Rosine Schautz La Dame de la Mer, de Henrik Ibsen, m.e.s. Omar Porras – Production Théâtre de Carouge. Jusqu’au 7 novembre au Théâtre de Carouge, Salle François-Simon, mar, mer, jeu et sam à 19h / ven à 20h / dim à 17h (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) Du 12 au 24 novembre au Théâtre Kléber-Méleau, Lausanne, ma/me/je/sa à 19h, ve à 20h30, di 17h30 (rés. 021/625.84.29) n s p e c t a c l e s spectacles onésiens Les Créatives Les Spectacles onésiens feront un pied-de-nez musical aux brouillards de l’automne en proposant de nombreux concerts lors de la neuvième édition du festival des Créatives, consacré aux artistes femmes, ainsi qu’en terminant le mois avec deux concerts d’Idir. 26 Du mercredi 13 au samedi 16 novembre 2013, la 9ème édition du Festival des Créatives, créé par Cyrille Schnyder-Masmejan, mettra un coup de projecteur sur la création féminine. Depuis 2005, ce festival présente des artistes de la scène musicale actuelle, des réalisatrices, des stylistes, des illustratrices, des comédiennes, ou toute femme artiste, quel que soit son mode d’expression. Mais ne vous méprenez pas ! Le Festival des Créatives n’est ni sectaire ni farouchement féministe : les hommes sont les bienvenus, tant comme spectateurs que comme artistes pour accompagner ou s’associer à ces femmes qui seront à l’honneur pendant quatre jours. Les diverses artistes présentes - dans le domaine de la musique : Maia Vidal, Elisa-Jo, Nanna.B, Soraya Ksontini, Ebony Bones, Alice Francis, AlKalines Ebony Jones (dj), The Staches, Jorane/Miss Lizzy/ DuDe, Akua Naru, Laetitia Dana, Caramel Brown, illustreront l’intense créativité féminine et rappelleront que, si les femmes sont de plus en plus présentes sur les scènes d’ici et d’ailleurs, cela n’a pas toujours été le cas. Des thèmes en lien avec le statut culturel et social de la femme sont également abordés lors de tables rondes. a Comme le souligne le communiqué de presse, c’est grâce à une collaboration fructueuse avec divers partenaires que la programmation s’est étoffée et se déroulera dans plusieurs lieux du canton de Genève. Pour cette 9ème édition, la programmation offre une sélection étoffée de la nouvelle scène musicale nationale et internationale, avec en plus la projection d’un film, la présence d’une conteuse, des djettes et une vj, de la danse, une styliste et un atelier de développement créatif. La ville d’Onex soutient ce projet avec l’association les Créatives et propose de nombreux événements dans deux salles de la commune, mais le Chat Noir, La Gravière et les communes de Plan-Les-Ouates et de CollongeBellerive, programment également des spectacles ou des concerts dans le cadre de leurs activités culturelles. Pour la troisième année, un concours ouvert aux jeunes talents suisses sur le site de musique MX3 a été organisé. Cette année, trois artistes ou groupes ont été sélectionnés pour se produire au Manège ou en ouverture de soirée à la salle communale d’Onex. Le public pourra admirer le travail d’une jeune styliste genevoise, et, pour la première fois, participer à un atelier de développement personnel animé par NaNa Divina. Consolidant une collaboration démarrée en 2010, Pathé-Genève et les Créatives présentent en avant-première, 100% Cachemire de Valérie Lemercier, le mardi 12 novembre au cinéma Rialto de Genève. Le 28 et 29 novembre, c’est un habitué des planches onésiennes qui viendra chanter la culture kabyle : Idir, ambassadeur de la culture berbère - de de son vrai nom Hamid Cheriet en Grande Kabylie -, est un chanteur, auteur-compositeurinterprète et musicien mais pourtant, il ne se destinait pas à la chanson. Idir décide d'étudier la géologie et se destine à une carrière dans l'industrie pétrolière algérienne. Mais en 1973, il c t u a démarre sa carrière musicale par hasard, à Radio Alger, en remplaçant une chanteuse, pour qui il avait composé une berceuse. Il interprète cette berceuse qui va devenir son premier succès radiophonique, Rsed A Yidess qui signifie « Que le Sommeil Tombe ». Il enregistre ce titre ainsi qu'un second, A Vava Inouva (« mon papa à moi ») puis part faire son service militaire de deux ans. Sa mère a reconnu sa voix qui retentit sur les ondes radiophoniques … Elle a surtout Idir © Stéphanie Berger reconnu la berceuse qu’elle lui chantait, une berceuse qui appartient au patrimoine kabyle. Son nom d'artiste signifie en berbère : « Il vit », nom traditionnellement donné à un enfant né difficilement, pour l'encourager à vivre. Et c’est là la mission qu’Idir s’est fixée : faire vivre la culture kabyle, souvent menacée, que ce soit sous l’occupation française comme après l’Indépendance. Ses albums solo sont rares, quatre en quatre décennies. Mais l’œuvre d'Idir a contribué au renouvellement de la chanson amazyghe, désormais présente sur la scène internationale. Son titre A Vava Inouva est d’ailleurs devenu un tube planétaire. Les deux concerts de novembre seront l’occasion de retrouver ce chanteur et ses musiciens - Gérard Geoffroy, Ronny Gold, Tarik Aït-Hamou, Hachemi Bellali, Eric Duval, Amar Mohali, Tanina Cheriet. Cet homme généreux, tolérant et authentique, attire des artistes comme Manu Chao, Akhenaton, Le Forestier, Grand Corps Malade, Zebda ou Goldman qui ont tous voulu chanter et écrire avec ou pour lui. A découvrir ou à retrouver ! Les enfants seront conviés, les 3 et 6 novembre, à Saska Circus, un spectacle interactif qui met le rêve en chansons, avec des kangourous voltigeurs, des serpents rêveurs et des souris danseuses de tango. Firouz-Elisabeth Pillet www.spectaclesonesiens.ch www.lescreatives-onex.ch l i t é s p e c t a c l e théâtre des marionnettes Les lois du marché Le Théâtre des Marionnettes de Genève propose, du 2 au 24 novembre 2013, Les Lois du marché, pièce pour adultes et adolescents d’Olivier Chiacchiari, créée au TMG et mise en scène par Guy Jutard. J'ai travaillé sur la base de binômes. Il y a les travailleurs, Rose et Filippo, qui accusent les entrepreneurs. Il y a les entrepreneurs, Victor et Léon, qui accusent les politiciens. Et puis il y a les politiciens, un trio cette fois, Omer Lemaire et ses deux conseillers, qui accusent la conjoncture. Ainsi va la foire à la dénonciation et à la complainte, sans que personne n'assume jamais ses responsabilités. On assiste à une victimisation généralisée, relayée avec force par les médias. Au milieu de ce tumulte, on oublie qu'il existe des victimes qui n'ont pas droit de cité, qui se taisent par honte, ou simplement par pudeur. La femme de ménage représente tous ces laissés pour compte. Les marionnettes sont l’œuvre de Pierre Monnerat ; comme vous avez une formation de graphiste, aviez-vous des desiderata quant aux marionnettes ? Le TMG avait déjà accueilli l’auteur italo-genevois en 2006 pour La Cour des Petits et en 2011 pour Le Vilain Petit Mouton. Selon l’auteur, nous sommes tous responsables – chacun à son échelle – de la déroute actuelle: entrepreneurs, politiciens, mais aussi travailleurs. A partir de ce postulat, Olivier Chiacchiari a imaginé une fable caustique et affranchie de toute propagande. En plein filage de sa nouvelle pièce, l’auteur a trouvé dans son agenda bien rempli le temps de nous accorder un entretien. Rencontre. Pierre est un artisan talentueux et aguerri, je me garde bien de lui faire part d'un quelconque désidérata. C'est Guy Jutard, en fonction de sa mise en scène, de sa scénographie, qui lui donne des directives. Moi je me contente de débattre des grandes lignes de caractère. Un travail en perpétuel mouvement où chacun trouve sa place. Est-ce la morosité socioéconomique qui sévit dans plusieurs pays européens qui vous a inspiré Les lois du marché ? Olivier Chiacchiari J'avais envie de me pencher sur le fonctionnement de notre système politico-économique, voir comment les forces en présence interagissent les unes avec les autres. Tout le monde décrit les dérives du capitalisme, et pourtant, dès que l'occasion se présente, tout le monde en profite. Bien plus que la morosité, c'est le sentiment profond qu'on assiste à la fin d'un règne. Force est de constater que la machine capitaliste est grippée. Les nations s'endettent à qui mieux mieux, des dettes chiffrées en milliards, en milliers de milliards. Tout cela ressemble à un effondrement qui s'accélère de façon exponentielle. C'est cette accélération que j'ai essayé de radiographier dans ma pièce. Votre texte explore les ambivalences du capitalisme : profit à outrance versus critiques exacerbées du système ? Ce qui me stupéfie, c'est que ceux qui attaquent le système sont les premiers à en profiter lorsqu'ils en ont l'occasion. Les contestataires d'aujourd'hui seront les dirigeants de demain. Tout porte à croire qu'ils agiront comme leurs prédécesseurs, motivés par le profit et le goût du pouvoir. Ce spectacle s’adresse aux adultes mais aussi aux adolescents ; avez-vous choisi la forme de l’opéra bouffe à leur attention afin de mieux faire passer un sujet parfois ardu ? L'opéra bouffe est une idée de Guy Jutard. Il fut bien éclairé, car ce genre se prête parfaitement à ma fable. Les passages chantés ajoutent du burlesque et du ludique à une satire que j'ai voulu lisible, féroce et sans concessions. Parlez-nous de vos personnages, en particulier des victimes silencieuses comme votre femme de ménage … e n t La mise en scène est signée Guy Jutard avec qui vous avez déjà travaillé ; comment avez-vous élaboré la mise en scène de ce spectacle ? r e t Une grande complicité nous unit, Guy et moi. On se fait confiance. Il me laisse écrire et je le laisse mettre en scène. A l'heure où je réponds à vos questions, l'équipe est en répétition depuis des semaines. Et je n'ai encore rien vu. Guy me soumettra le travail lorsqu'il le jugera nécessaire. Et je lui ferai part de mes impressions en toute franchise. Vous invitez le public à une réflexion face à ce profit sans limite et cette économie exponentielle qui a oublié l’Homme ? Je m'étonne de constater que lorsqu'on parle politique, on ne parle que d'économie. C'est comme si tout le reste n'existait pas: la culture, l'instruction, les rapports humains, etc. Tout est représenté sous le prisme économique, à tel point que nous sommes convaincus que notre société ne peut être régie d'autre façon. Et s'il pouvait en être autrement ? Peut-être seraitil temps d'y réfléchir… Vous écrivez pour le théâtre mais aussi pour la radio et la télévision ; quels sont vos projets ? Pour l'instant, je compte profiter pleinement de cette création et de la parution du texte aux Editions de l'Aire. Ecrire une pièce signifie s'isoler durant plusieurs mois. La récompense de ce travail solitaire est la rencontre avec le public. Ensuite, je retournerai à ma solitude. Pour le meilleur et pour le pire. Propos recueillis par Firouz-Elisabeth Pillet www.marionnettes.ch Du 2 au 24 novembre : Les Lois du marché de Olivier Chiacchiari, m.e.s. Guy Jutard, adultes et ados. Théâtre des Marionnettes, à 19h, dim à 17h (rés. 022/807.31.07) i e n 27 s p e c t a c l e s théâtre am stram gram Bal et Jazz Le mois de novembre du Théâtre Am Stram Gram fera la part belle à la musique... tout en proposant un voyage au Pays imaginaire ! 28 L’écrivain Enzo Cormann et le saxophoniste Jean-Marc Padovani ont fondé La Grande Ritournelle il y a plus de vingt ans. Ensemble, ils célèbrent ici l’alliance du jazz et du théâtre, de la note et du mot, faisant fi des frontières, inventant à la parole un devenir-musique et à la musique un devenir-parole. Enfin, c'est un héros de l'enfance souvent relu et revisité, Peter Pan, qui prendra place sur scène du 19 novembre au 1er décembre, un spectacle destiné aux enfants dès neuf ans. Le 1er novembre sera l’occasion de fêter attaches, racontée par Docteur Blues et Mister Après Miche et Drate, paroles blanches, Halloween lors d’un Bal littéraire, formule Tchatche, bluesmen aveugles, amis des cor- Christian Duchange et sa compagnie l’Artifice qu’affectionne le directeur Fabrice Melquiot. beaux. L’un d’entre eux, nommé Corvus Corax, continuent leur exploration théâtrale des Pour cette soirée unique, le Théâtre Am Stram joue les présentateurs et pour montrer sa belle contrées enfantines en visitant cette fois l’œuGram invite petits et grands à fêter en dansant. voix, il ouvre un large bec et... chante le blues. vre mythique de James Matthew Barrie. Peter Le Bal Littéraire d’Halloween célébrera les Cet homme sans nom s’appelle Jean Lhomme, Pan proposant une féerie nocturne emplie de sorcières et leurs balais, les fantômes, les il est le veilleur du monde. péripéties, une invitation à ne jamais grandir. citrouilles et les araignées, la pleiFaut-il rappeler l'intrigue ? ne lune, les chats sauvages, le tout Venu à Londres pour récupérer son sous une avalanche de bonbons à ombre qu’il avait oubliée lors de sa gogo. La formule est bien rôdée : dernière visite, Peter Pan rencontre le premier jour, quatre écrivains se Wendy, petite fille délaissée par réunissent pour écouter des chanses parents et gardée par le chien sons puis ils accordent leurs viofamilial. Wendy connaît des histoilons sur huit chansons, huit tubes res, des tas d’histoires merveilleuqui donneront envie de danser au ses dont Peter est avide et il veut public, toutes générations confoncoûte que coûte l’emmener chez dues. Ensuite, les quatre écrivains lui, au Pays imaginaire, ce qu’elle inventeront une histoire répartie en accepte. Mais au Pays imaginaire, huit épisodes. Personnages, situaWendy devra faire face à la jaloutions, grandes lignes, les notes sont sie de la fée Clochette, au jetées sur le papier. Le deuxième Capitaine Crochet et à ses pirates, jour, chaque écrivain dispose de aux Peaux-rouges et même à un quelques heures pour écrire deux crocodile affamé, et veiller sur les épisodes parmi les huit. Règle du Garçons perdus jadis tombés de jeu : chaque texte doit se terminer leur landau. par le titre du morceau qui suit. Peter Pan est demeure une œuvre sur l’enfance qui regorge Le grand soir, le Théâtre Am des thématiques qui concernent Stram Gram est transformé en aussi les enfants qui sommeillent piste de danse : les spectateurs sont en chaque adulte : une quête d’abconviés sous la boule à facettes, les solu, une nécessité d’interroger le auteurs sont sous les projecteurs où sens de l’existence, de l’amour, de ils livrent à plusieurs voix cette la famille ou encore du rapport à «Le Blues de Jean Lhomme» histoire écrite à huit mains dans un autrui. Enzo Cormann et Jean-Marc Padovani - Création - Conte jazz - dès 9 ans Photo : Enzo Cormann, Jean-Marc Padovani et Charlène Martin temps record pour ce Bal Littéraire Firouz-E. Pillet unique. Les spectateurs-danseurs sont invités à écouter sagement chaque texte, Le Blues de Jean Lhomme, conte jazz puis à danser follement sur chaque morceau. contemporain, est la première incursion d’Enzo www.amstramgram.ch Cormann et Jean-Marc Padovani sur les territoiDu 12 au 17 novembre, ASG convie les res d’enfance. Accompagnés de Charlène spectateurs, dès neuf ans, à découvrir L'Histoire Martin au chant et Paul Brousseau aux claviers, de Jean Lhomme, l’histoire d’un « homme de les deux complices ouvrent à la conscience et à rien », un de ces types sans nom, sans toit ni l’oreille des paysages inexplorés ou oubliés. a c t u a l i t é d a n s trisha brown au bâtiment des forces motrices Mouvement brownien Une gestuelle tissée de grâce et de maîtrise dévoilant son architecture parfois en variations d’axes, brisures d’articulations et ruptures impromptues. Telle est une partie de la chanson de gestes signée Trisha Brown. e le mouvement littéralement transparent et palpable. L’interaction entre les danseurs, quintet féminin et masculin quatuor coulés dans des vêtements aux reflets métalliques fait sourdre une grande authenticité dans les associations et dissociations propres à une communauté dansante, dont le dynamisme formel ne saurait recouvrir la profonde révélation humaine. Enfance du mouvement 30 Créé par Brown elle-même, If You Couldn’t See Me (1994) est un solo qui engage le La chorégraphe, danseuse et figure histocorps de dos. Cette belle idée est venue à rique de la danse postmoderne fait ses adieux à la Accumulation « La danse et sa structure étaient visibles et Rauschenberg afin de ramifier les interrogations scène en réalisant une tournée permettant de (re) ultra simples, aucun mouvement n'avait de sens de la chorégraphe sur les notions de voyeurisme, voir, peut-être pour l’ultime fois, plusieurs pièces au-delà de lui-même ; et je ne m'étais jamais send’égotisme et la relation au regardeur. Pour chorégraphiques de son répertoire. Toutes invitie plus vivante, plus expressive et plus révélée l’Américaine, le dos est une forme d’arrière-cour tent à mesurer la manière dont la danse de sur scène » Ainsi s’exprime Trisha Brown à proscénique où le mouvement est dissimulé afin de l’Américaine a su tenir une forme inventive d’épos de la pièce solo Accumulation. Ce principe favoriser le visage et le recto de l’anatomie loquence et de pertinence dans l’abstraction. comme objet d’attention, de séduction et espace de projection fantasGestes du quotidien Trisha Brown, c’est d’abord matique, lyrique, émotionnel ou poéune manière de coloniser l’espace tique. Le solo s’essaye ainsi, hors de dit public, mais souvent bardé toute visagéité, à cerner l’origine du d’interdits, pour une danse pleinemouvement. D’une grande sensualité ment ouverte au corps quotidien à la foi émolliente et précisément en rapport avec la vie architectuarticulée, ce solo ressuscite quelque rée ou non. L’artiste amène à chose d’une pureté enfantine et anirepenser des actions pratiquées male, dans l’énergie songeuse de ces empiriquement par chacun d’entre délicats ondoiements, déplacements nous, mais de manière souvent latéraux et coulissements sur soi qui inconsciente et dans une mécondoivent beaucoup aux tasks naissance de l’organique mis en d’Halprin, c'est-à-dire le mouvement «I’m Going to Toss My Arms - If You Catch Them They’re Yours» © Yi-Chun Wu marche. Où débute la danse ? Sous supposé pur, délesté de toute intenl’influence d’Halprin, Brown se tion artistique. Et le geste marqué par concentre sur le mouvement journalier rarement suscite d’ailleurs un cycle (1971-78), dont les le recours à des actions concrètes, ordinaires. interrogé : se vêtir, se lever, marcher, prendre… axes de recherches se cristallisent davantage sur I’m Going to Toss My Arms - If You Catch Sa capacité de regard sur le corps en mouvement la dimension temporelle que la composante spa- Them They’re Yours (2011) voit de rutilants venlui permet de questionner, moduler, et combiner tiale. L’accumulation isole, renouvelle et met en tilateurs faisant progressivement s’envoler les des éléments tels que la gravité, la vitesse ou la exergue chaque geste au cœur d’une série. D’où habits des danseurs. Cette pièce révèle l’intérêt verticalité. La chute, elle, peut se métamorphoser un flux à effet hypnotique qui varie ses stases et de toujours de Brown pour la sculpture vivante et en descente mouvementiste très maîtrisée et élans. La collaboration avec le plasticien Robert la calligraphie des lignes corporelles sans Rauschenberg débouche en 1989 sur Astral oublier ce polysémique et mouvementiste rapport décomposée. C’est par cycles que se développe le travail Convertible après Glacial Decoy et Set and à l’habit scénique qui est souvent une seconde chorégraphique fluide et énergiquement travaillé Reset. Des tours en aluminium avec capteurs sont peau, une lymphe. Bertrand Tappolet de cette native d’Aberdeen (1936). Elle est for- fichées sur le plateau. Les interprètes suscitent mée notamment par Limon, Horst et Graham par leurs évolutions, des varitions sonores et puis profondément marquée en 1960 par sa ren- lumineuses en rapport avec les édifices scénogra- Partenariat entre l’ADC et Forum Meyrin : contre avec Forti et Rainer avec lesquelles phiques. Comme un coup de dés, que nul hasard Trisha Brown Dance Company. notamment, elle fonde le Judson Church Theater ne serait abolir, la musique due à Cage est activée - 7 novembre à 18h30 et 21h au Pavillon Sicli : Early dans un lieu progressiste. Et, surtout, propice de et rebrassée à chaque trajectoire des danseurs. Le Works 62 à 64 à la présentation d’une expression choré- canevas chorégraphique fait son miel de jeux - 9 novembre à 20h30 au Bâtiment des Forces Motrices graphique qui se fit aventureusement plus expé- d’échos et de rappels entre les différents champs Répertoire. rimentale, en contradiction avec la danse moder- artistiques. Il se base sur la reprise de leitmotivs - Mercredi 6 novembre au Flux Laboratory. A 18h30 : ne et se déployant dans la contact improvisation et le décalage entre les mouvements que travaille Trisha Brown - films & conference in English. une virtuosité mécaniciste. Cette répétition rend Rens. : www.adc-geneve.ch ou www.forum-meyrin.ch et la danse improvisée. a c t u a l i t é d a n s e à vernier La Jeune fille et la mort Créée en mars 2012 au Théâtre de Chaillot, La Jeune fille et la mort est la dernière pièce chorégraphique de Thomas Lebrun. Sur le quatuor à cordes de Schubert du même nom, le directeur du centre chorégraphique national de Tours nous livre un pur moment de romantisme. Il est programmé dans la salle de Vernier les 29 et 30 novembre. Pour La Jeune fille et la mort, Thomas Lebrun est parti de la composition de Schubert et de sa version en lied. Inspiré par cette musique et Anne-Sophie Lancelin, interprète entre autres, pour Daniel Dobbels, il imagine le parcours d’une femme confrontée au temps qui passe. Ses rencontres avec des femmes d’âges mûres vont lui renvoyer ce qu’elle pourrait devenir. Autour d’Anne-Sophie Lancelin, Thomas Lebrun a rassemblé des danseurs qui sont aussi chorégraphes. Christine Gérard, Odile Azagury, Christian Ubl et Raphaël Cottin Stéphanie Nègre Vendredi 29 et samedi 30 novembre à 20h à la salle des Fêtes du Lignon Billetterie : Service de la culture, 022/306.07.80 www.vernier.ch/billetterie Stand Info Balexert 31 La prochaine création de Thomas Lebrun, Tel quel sera présentée à Paris au Théâtre national de Chaillot du 24 janvier au 1er février. «La Jeune Fille et la Mort» © Frederic iovino Interprète pour des chorégraphes contemporains tels que Daniel Larrieu, Daniel Dobbels ou Christine Jouve, Thomas Lebrun fonde sa compagnie intitulée Illico, en 2000. Depuis, il s’inscrit dans le paysage chorégraphique français, invité régulier des grandes scènes contemporaines comme la Maison de la danse à Lyon, la Filature à Mulhouse, le Colysée à Roubaix ou le festival d’Avignon. Enseignant au Centre national de la danse de Pantin, il est nommé, en 2012, directeur du centre chorégraphique national de Tours. sont des personnalités qui comptent dans le paysage culturel contemporain français. Que des chorégraphes d’univers si particuliers et différents interviennent en tant qu’interprètes, n’y a-t-il pas un risque que la cohérence artistique soit diluée ? Pour Thomas Lebrun, ce choix lui a permis une plus grande liberté créatrice car dit-il « Chacun était conscient d’être convoqué en tant qu’interprète. Entre le lyrisme vital d’Odile et la pensée radicale de Christine, j’avais tout l’espace pour chercher là où je ne serais pas allé seul ». Les danseurs sont également accompagnés, sur scène et non dans la fosse, par les musiciens et le baryton Benjamin Alunni. Ainsi la jeune fille est-elle en bonne compagnie pour traverser la vie. a c t u a l i t é o p é r la walkyrie au grand théâtre Petra Lang Bien qu'elle soit une des interprètes wagnériennes les plus recherchées du moment, Petra Lang ne se voit pas comme une star. Les caprices ? Peu pour elle. Elle sera l’interprète des Brünnhilde dans les trois derniers opéras du Ring genevois. Entretien. 32 Lorsqu'elle aborde une nouvelle mise en scène, elle se voit d'abord comme un des outils dont dispose le metteur en scène pour mener à bien son projet dramatique, non comme le pivot essentiel du spectacle. Cela ne signifie pas qu'elle accepte sans discuter ce qu'on lui demande si la réalisation scénique en cours va contre ses propres conceptions, mais elle insiste sur le fait qu'au final, c'est bien le metteur en scène qui est responsable de l'aspect visuel du spectacle et qu'elle a, par principe, l'intention de respecter ses vues lorsqu'elle commence à répéter sous sa direction. Dans l'entretien que la cantatrice allemande a bien voulu nous accorder au début des répétitions de La Walkyrie au Grand Théâtre, la future Brünnhilde du Ring genevois a déjà une vision très nette du but qu'elle entend atteindre au cours des prochains mois qu'elle va passer à Genève: la saison prochaine, elle concentrera en effet tous ses efforts sur cet immense projet en incarnant la fille de Wotan en novembre prochain dans La Walkyrie, puis en janvier dans Siegfried et en avril dans Le Crépuscule des dieux. Enfin, en mai, elle fermera la boucle en reprenant ces trois rôles dans l'intégrale donnée, comme le voulait le compositeur, dans le cadre d'un mini-festival se déroulant sur six jours. Petra Lang ne se lance pas un tel défi sans s'être préparée minutieusement sur le plan musical : si elle n'a jamais chanté ce rôle écrasant dans l'intégralité d’une version scénique du cycle, elle a déjà interprété chacune de ces trois journées lors de divers concerts à Lucerne, Berlin et Bucarest; et à Paris, au printemps dernier, elle fut Brünnhilde dans Le Crépuscule des dieux dirigé par Philippe Jordan à l'Opéra-Bastille. Au Grand Théâtre, elle enchaînera donc pour la première fois de sa carrière deux versions de la Tétralogie en moins de quinze jours. La première question concerne bien évidement ce défi que tout soprano dramatique souhaite certes relever au moins une fois dans sa vie tout en sachant que les enjeux sont élevés et les risques d'échec patents... e Dans quel esprit abordez-vous ce projet wagnérien qui va vous occuper une saison complète à Genève ? Les conditions qui m'ont été proposées lorsque j'ai signé ce contrat sont idéales. Je n'aurais pu les souhaiter meilleures, donc je suis confiante, tout en étant parfaitement consciente des risques d'une telle entreprise. Et je suis d'autant plus heureuse que cette prise de rôle s'effectue dans le cadre d'une nouvelle production montée sur un temps relativement court : la cohérence du propos scénique et musical sur plus de quinze heures de musique doit impérativement être maintenue. Si magique que soit la musique, elle ne devrait en effet jamais être dissociée d'une représentation au théâtre, car Wagner avait une vision globale du drame musical, et l'action scénique a pour lui autant d'importance que sa transcription musicale. C'est donc seulement dans le cadre d'un spectacle complet que l'œuvre peut déployer tous ses sortilèges. Le concert, lui, ne donne qu'une image tronquée de son vrai pouvoir dramatique. Comment vous préparez-vous à aborder ce rôle d'une longueur inhabituelle puisqu'il se répartit sur trois longue soirées ? Je dirai tout d'abord qu'il s'agit d'une question de technique. Dans la Walkyrie, si vous avez les aigus triomphants des fameux Hojo-tojo! marquant l'entrée en scène de l'héroïne, le reste est plus facile à négocier, car l'écriture du rôle est plus basse. Ensuite, il convient de rappeler que la musique de Wagner est admirablement écrite pour les voix : le musicien savait parfaitement ce qu'il pouvait attendre de ses interprètes. Pour revenir à votre question, je me sens d'autant plus en confiance ici à Genève que je chante sous la direction d'un chef soucieux de réaliser un parfait équilibre entre la fosse et le plateau. Ingo Metzmancher insiste depuis le début des répétitions pour obtenir des chanteurs un chant qui ne soit pas hurlé. Je partage entièrement son point de vue : Wagner n'a jamais souhaité l'impossible de ses interprètes. Bien qu'il ait voulu révolutionner la musique lyrique, il n'écrit pas contre les voix comme on l'a parfois prétendu; il attend de n t r e a ces chanteurs du beau chant, de la nuance, du raffinement, et surtout une énonciation aussi claire et intelligible que possible du texte. S'il avait des réserves à l'encontre de l'opéra italien, ce n'est pas parce que la musique lui déplaisait en soi (on sait notamment qu'il admirait profondément la mélodie infinie de Bellini), mais parce que les compositeurs et leurs interprètes d'alors l'utilisaient trop souvent pour briller en recherchant l'effet spectaculaire au détriment de la cohérence du projet théâtral. Bien chantée, avec une fourchette de nuances correcte, la musique du Ring ne doit jamais être un chemin de croix pour les chanteurs! Vous avez chanté les trois Brünnhilde en concert dans différents lieux. Maintenant que vous allez interpréter le personnage dans le courant d'une interprétation scénique complète de la Tétralogie dans un même théâtre et avec la même équipe artistique, concevez-vous différemment votre approche du rôle ? Votre question est double. Pour ce qui est du concert, il convient de se rappeler que vous ne chantez pas dans les mêmes conditions musicales sur un podium d'auditorium de concerts, puisque l'orchestre est situé sur le plateau, juste derrière vous. En salle, il y a la fosse et ce mur de sons qu'il s'agit de passer pour atteindre le public avec le maximum d'impact. La tentation est alors grande de forcer son émission pour être sûre d'être entendu jusqu'au fond de la salle et c'est justement ce qu'un bon chef vous demande de ne pas faire, pour éviter que vous ne vous retrouviez sans voix en fin de soirée... Pour ce qui est de ces trois rôles abordés dans le courant d'une seule semaine, il reste évident qu'ils forment un tout, et, en conséquence, je n'aborde pas la Brünnhilde de La Walkyrie sans déjà penser à l'évolution future du personnage. L'Anneau du Nibelung forme en effet un tout cohérent, et il s'agit d'en préserver l'unité. Bien sûr, la difficulté réside dans le fait qu'il faut idéalement trois voix pour satisfaire aux exigences de l'écriture de ce rôle. Mais si l'interprète sait se ménager des plages de “repos“, s'il équilibre ses effets avec suffisamment de pertinence, la tâche n'a rien d'impossible. Pour ma part, j'ai eu la chance de travailler cette musique avec des interprètes wagnériennes d'exception comme Ingrid Bjoner, Astrid Varnay ou Berit Lindholm, et toutes m'ont dit que si je possédais les notes requises par l'amplitude du rôle, je ne devais pas me faire de souci au vu de la longueur épuisante de la tâche, car tout allait se mettre en place pour ainsi dire normalement. En parallèle, j'ai également t i e n o p é r a bénéficié de l'enseignement d'un baryton et d'un ténor qui ont fait leur carrière dans le répertoire italien et qui m'ont rendue attentive à la nécessité de produire avant tout un beau son, sans chercher à forcer mes moyens naturels. Lorsque les notes sont techniquement en place, elles passent la rampe sans difficulté. Vous avez chanté tous les grands rôles féminins de la Walkyrie, de Fricka à Brünnhilde en passant par Sieglinde. Cela présente-t-il un avantage en représentation ? Pas vraiment, parce que chacun de ces personnages est un univers en soi. Brünnhilde est de loin la plus complexe, ne serait-ce que par ce que le personnage évolue de façon spectaculaire sur le plan psychologique. Jeune fille ardente, avide d'assumer son rôle de vierge guerrière prête à hanter les champs de bataille à la recherche des héros qu'il lui incombe d'introduire au Walhalla après leur mort, elle se mue progressivement en jeune femme consciente de la complexité de la situation où s'est mis Wotan; puis elle découvre l'amour et accepte d'assumer les conséquences de cette découverte en s'opposant frontalement à ce père. Face à un Siegmund qui, par amour pour Sieglinde, refuse sa mort héroïque et son entrée au paradis des héros, elle découvre en effet la puissance d'un tel sentiment que sa nature divine lui avait interdit de pressentir jusqu'ici. Puis, face à son père, elle sait que sa meilleure façon de l'aimer et de le respecter, c'est précisément de réaliser à sa place ce à quoi il lui demande de renoncer. Est-ce que l'évolution radicale de sa personnalité demande un travail particulier sur les couleurs du chant ? Encore une fois, il s'agit de ne pas oublier que Brünnhilde est d'abord une jeune fille. Lorsqu'elle argumente avec son père, elle n'a rien d'une deuxième Fricka sur le point de commencer une nouvelle scène de ménage! Il s'agit donc d'aborder tout en douceur ce moment dramatique inouï où elle sait qu'elle va perdre l'essentiel de ce qu'elle a été jusqu'à ce jour (c'està-dire sa nature divine), tout en amenant son père à accéder à toutes ses demandes. Et il convient de le faire avec un maximum de subtilité pour que le spectateur découvre progressivement la richesse du personnage. Encore plus qu'ailleurs, texte et musique forment ici une entité indissociable, et le rôle de tous les artisans du spectacle, des responsables de la mise en scène au chef de l'orchestre, est de faire en sorte que l'auditeur soit en mesure, en temps réel, de capter les diverses étapes de cette confrontation. Et c'est en de tels moments que la supériorité écrasante de la représentation théâtrale sur le seul concert devient manifeste!... Qu'est ce qui vous attire plus particulièrement dans ce rôle, si vous le comparez à celui des autres héroïnes de Wagner que vous avez déjà incarnées ? L'humanité du personnage... Brünnhilde passe du stade d'être supérieur à celui de femme aimante et finalement trahie sans perdre une once de son honnêteté foncière face à elle-même. Lorsqu'elle sauve Sieglinde, elle sait ce qui l'attend, mais ne voit pas d'autre issue à la situation. Plus tard, lorsqu'elle trahira Siegfried, elle le fera avec l'intime conviction que cela est nécessaire au renouveau que rendra seulement possible l'apocalypse de la fin du Crépuscule de dieux. Mais ça, c'est encore de la musique d'avenir pour moi ici à Genève... Une dernière question : comment gère-t-on son temps libre entre les représentations de spectacles aussi exigeants pour la voix et la résistance nerveuse de ses interprètes ? Comme je n'ai encore jamais vécu la fatigue d'un Ring donné en six jours dans les conditions requises par le compositeur, je ne puis répondre avec précision. En ce qui me concerne, les jours de représentations sont toujours des jours de repos : lecture, détente, exercices de gymnastique douce et une légère mise en voix scandent les diverses heures de la journée précédant la représentation. Comme vous le voyez, mon existence de chanteuse n'a finalement rien de bien exceptionnel, si ce n'est que j'ai l'énorme privilège, au moment d'entrer en scène, de donner vie à un personnage qui transcende les limites de notre vie quotidienne!... Propos recueillis par Eric Pousaz La Walkyrie au Grand Théâtre les 7, 10, 13 et 16 novembre; puis, dans le cadre du cycle complet, les 14 et 21 mai 2014. Petra Lang © Ann Weitz e n t r e t i e n 33 o p é r a quatre jours au festival de salzbourg Grande diversité Le Festival de Salzbourg peut s'enorgueillir de posséder le programme le plus copieux de tous les grands rendez-vous musicaux de l'été; en effet cette manifestation couvre absolument tous les registres artistiques, du théâtre d'avant garde au grand répertoire classique, des concerts intimistes aux grands raouts symphoniques et choraux, de l'opéra pour enfants aux vastes fresques lyriques romantiques... Norma 34 Lorsque Cecilia Bartoli a annoncé il y a près d'un an qu'elle voulait s'attaquer au rôle titre de l'opéra de Bellini, l'un des plus difficiles et exigeants du répertoire, bien des voix sceptiques se sont élevées pour remettre en question un choix artistique ressenti comme discutable; un tel tournant de carrière était en effet jugé trop audacieux au vu des possibilités vocales et des réserves de puissance limitées de cette cantatrice qui s'est surtout forgé une réputation enviable dans l'interprétation de la musique baroque et de l'opéra rossinien. Mais c'était compter sans la ténacité d'une interprète qui, en faisant un tel choix, était d'abord soucieuse de remettre l'église au milieu du village en optant pour un retour scrupuleux aux sources du chant du premier belcanto de l'ottocento, destiné - comme on a trop souvent tendance à l'oublier depuis Maria Callas ou Joan Sutherland - à des chanteurs à l'aise dans un style d'interprétation où l'on demande avant tout de la souplesse et des nuances, non de la puissance ou de l'éclat. Cette représentation repose sur la nouvelle édition de la partition débarrassée de toutes les scories qui s'y sont rajoutées dès 1850 jusque dans la seconde moitié du XXe siècle. Cela signifie d'abord le recours à un orchestre allégé : il s'agit, en l'occurrence de l'ensemble La Scintilla qui s'est formé à l'Opéra de Zurich pour assurer les services en fosse des opéras de Haendel, Mozart, ou Rossini; les textures plus transparentes de l'accompagnement orchestral assuré par une telle formation permettent aux voix de passer la rampe avec un maximum d'efficacité sans avoir à forcer le volume. Deuxième nouveauté: Adalgisa, la jeune prêtresse rivale de Norma, est ici confiée à un soprano léger (non à un mezzo soprano du calibre d'une Marilyn Horne ou une Fiorenza Cossotto) dont le timbre aérien rend à merveille la fragilité de la jeune fille abusée par Pollione. Celui-ci est également distribué à un ténor léger, à la voix souple et fluide qui fait oublier les rodomontades dont certains ténors du a fanatisme autant que troublant par ses hésitations lorsqu'il découvre la duplicité de sa fille. Le chœur de la Radio-TV italienne à Lugano est tout simplement renversant d'aisance dans tous les registres, et la direction allante, fouillée, dynamique de Giovanni Antonini achève de donner à cette représentation un cachet particulier parfaitement digne du cadre festif dans laquelle elle s'inscrit. La mise en scène de Patrice Caurier et Moshe Leiser transplante l'action en plein XXe siècle dans une petite ville occupée par des forces ennemies; on pense bien sûr à la France sous l'Occupation même si une identification n'est pas absolument recherchée ou soulignée par les deux metteurs en scène. Tout se déroule dans le décor unique d'une salle d'école austère à laquelle les Résistants mettront finalement le feu pour assassiner Pollione et sa maîtresse. Ce qui pourrait siècle passé aimaient à enrichir leur ligne de chant. Dans un tel contexte, la Norma de Cecilia Bartoli fait un effet profond sur le public. La voix est certes relativement grasse dans le grave, mais l'aigu est magnifiquement en place, la vocalise jaillit avec aisance et le tempérament de l'actrice, qui dit s'être inspirée pour son jeu scénique des actrices du cinéma néo-réaliste italien à la Magnani, fait tout simplement oublier ce que l'on a pu voir ou entendre par ailleurs. Il se trouvera certes toujours des spectateurs pour regretter «Norma» : Rebeca Olvera (Adalgisa), Cecilia Bartoli (Norma) © Hans Joerg Michel les Norma emblématiques d'une Montserrat Caballé ou d'une Renata Scotto, mais est-il juste de comparer ce paraître dogmatique à l'excès au départ s'avère qui ne l'est pas ? A qui, dans un autre domaine, finalement convaincant, surtout grâce aux superviendrait-il à l'esprit de mesurer l'art d'un soliste bes effets d'éclairage réglés par Christophe Forey au piano forte dans un Concerto de Mozart avec qui parviennent souvent, grâce à l'utilisation de ce qu'ont fait de la même partition un Wilhelm filtres qui tamisent l'intensité des projecteurs, à Kempff ou un Alfred Brendel sur un grand piano créer des images d'une intense poésie. Au final, de concert ? donc, une recherche d'actualisation qui remplit A côté de cette incarnation incandescente, parfaitement son office. (17 août) les interprétations des autres solistes de déméritent pas. Rebeca Olvera, une chanteuse issue de Un Haydn inconnu Dans une petite présentation orale donnée l'Opéra Studio de Zurich, prête sa voix pure et avant le concert, Nikolaus Harnoncourt reconclaire à une Adalgisa moins affirmée que de counaissait avoir longtemps fait l'impasse sur Il tume, mais parfaitement en place au plan dramaritorno di Tobia, un oratorio que le compositeur a tique. Le ténor lumineux de John Osborn fait de écrit alors qu'il avait entamé sa période dite Pollione moins un guerrier aux agissements 'Sturm und Drang'. De fait, l'ouvrage a connu une machistes qu'un homme éperdument amoureux création triomphale à Vienne en 1775 puis a totaqui ne maîtrise plus ses pulsions. Michele lement disparu de l'affiche après que le composiPertusi, à la voix de basse moins ronflante que de teur eut fait entendre ses deux chefs-d'œuvre coutume dans le rôle, fait d'Oroveso un personnaincontestés que sont les oratorios La Création et ge au jeu scénique engagé, inquiétant par son c t u a l i t é o p é r a Les Saisons créés environ quinze ans plus tard. Dans cette première incursion dans le genre de l'oratorio le compositeur semble hésiter entre un style élégant, marqué au sceau de la virtuosité vocale italienne, et une approche plus austère du commentaire orchestral, qui se révèle ici d'une originalité et d'un modernisme troublants. L'ouvrage est long et comprend près de trois heures de musique, dont une heure de récitatifs sous-tendus le plus souvent par l'orchestre et non simplement le clavecin et le violoncelle. Les airs, très élaborés, sont d'une difficulté d'exécution qui ferait reculer plus d'une chanteur peu au fait de la pratique du chant orné de l'époque alors que l'écriture des séquences chorales, culminant sur deux immenses fugues d'une complexité inouïe, exige des interprètes une précision et un dynamisme qui ne sont pas à la portée de chaque ensemble. Nikolaus Harnoncourt avait visiblement à cœur de redonner une nouvelle vie à cette partition. Sa direction, enflammée et énergique, semblait d'abord se concentrer sur la mise en exergue de l'originalité de l'écriture instrumentales (avec un rôle prééminent réservé aux cors anglais); la charge dramatique du chant restait en retrait, comme s'il s'agissait d'abord de dépeindre un état d'âme plutôt que de raconter une séquence d'événements particulièrement dramatiques. Ainsi traitée, la partition ne paraissait pas sans longueurs et l'on sait, au demeurant, que les contemporains de Haydn ne se gênaient pas pour pratiquer quelques coupures qui eussent peut-être été bienvenues ici aussi. Les voix réunies pour l'occasion étaient légères et peinaient parfois à rendre avec l'aplomb nécessaire le brillant d'une écriture faite pour mettre en valeur des gosiers aux capacités techniques superlatives et spectaculaires. Rien de cela, ici, mais une brochette de chanteurs de qualité dont on peut tout au plus regretter qu'ils n'avaient pas tout à fait le format suffisant pour rendre justice à la musique dans l'immense espace de la Felsenreitschule. A Valentina Farkas échoit la plus belle musique, et les qualités de son soprano clair n'auraient pu être mieux mise en valeur que dans son dernier air délicatement serti dans un accompagnement orchestral où les voix des vents se mêlent délicatement à celle de la soliste. L'alto délié d'Ann Hallenberg convient idéalement au rôle d'Anna, la mère de Tobias, dont les éternelles inquiétudes forment quasiment la seule source de tension dramatique de la soirée. Le ténor pauvre en couleurs de Mauro Peter fait trop pâle figure en Tobias, tout comme le soprano légèrement défraîchi de Sen Guo en Rafael, l'ange salvateur. La basse de Ruben Drole ne démérite pas mais le rigorisme a c t u du personnage semble bien peu crédible avec cet interprète dont le chant aux accents impétueux convient mieux aux rôles comiques... Les choristes de l'Arnold Schoenberg Chor, par contre, sont parfaits à tous points de vue... (19 août) Maîtres-Chanteurs de Nuremberg L'ouvrage n'avait pas été redonné au Festival d'été depuis l'été 1938, qui fut en fait l'occasion d'une des dernières apparitions d'Arturo Toscanini à la tête d'une représentation lyrique salzbourgeoise. Cette nouvelle production, montée en coproduction avec l'Opéra de Paris où elle sera visible au cours de la prochaine saison, s'offre le luxe de ne faire aucune allusion à l'histoire récente de l'Allemagne. Le metteur en scène norvégien Stefan Herheim présente l'histoire à la manière d'un conte fantastique de Hoffmann. Par un ingénieux dispositif scénique, le metteur en scène nous fait pénétrer dans un monde fantasmagorique où le spectateur perd progressivement ses repères. Au début de l'Ouverture, le décor représente l'atelier de Sachs. Celui-ci entre, en chemise et bonnet de nuit, après avoir visiblement fait un cauchemar. Il regarde étonné un intérieur qu'il semble ne plus reconnaître alors qu'un rideau de gaze sur lequel est projeté le même décor se substitue lentement à l'espace original. Par un lent effet de zoom, la caméra s'approche alors d'un petit secrétaire baroque qui devient gigantesque au point d'occuper tout l'écran. Le rideau disparaît alors, et toute l'action du premier acte se joue précisément sur le plateau de ce secrétaire, entouré d'un porte-plume et de quelques livres gigantesques où les personnages de l'opéra paraissent soudain minuscules. L'effet se reproduit aux actes suivants, donnant à l'histoire des Maîtres-Chanteurs une allure de conte pour adultes où la véracité des sentiments et la logique de l'enchaînement des actions importent finalement assez peu. Bien des incohérences subsistent, mais elles sont parfaitement assumées dans cet univers de conte fabuleux où les impératifs du message moral passent avant ceux de la cohérence de l'intrigue. Si le spectacle éblouit visuellement de bout en bout, l'aspect musical peine, lui, à convaincre. L'orchestre, sous la direction de Daniele Gatti, paraît inutilement bruyant et couvre trop souvent les voix des chanteurs au point de les noyer dans un brouet sonore informe dans les grands ensembles. On relèvera certes de beaux moments, comme la tapisserie finement brodée de l'appel des maîtres au 1er acte ou les superbes étagements des voix dans l'immense final du 3e acte, mais la magie de cette partition grandiose était a l i t «Die Meistersinger von Nürnberg» : Michael Volle (Hans Sachs) © Salzburger Festspiele / Forster bien trop rarement au rendez-vous. Le plateau est dominé par le Sachs impérial de Michael Volle. La voix n'est pas naturellement puissante, mais elle traverse le rôle sans peine apparente avec un naturel qui permet d'en saisir toutes les nuances; et la clarté de la diction ajoute encore au plaisir musical celui de comprendre presque l'intégralité du texte. Markus Werba est un Beckmesser à peine moins sensationnel: son chant d'une remarquable probité d'effets ne donne jamais dans la charge grotesque, même au moment du concours où l'on se prend à penser que sa musique n'est peut-être pas aussi ridicule qu'il y paraît tant les accents en sont nouveaux dans ce contexte. Le ténor plutôt lyrique de Roberto Sacca, s'accommode moins bien de l'immensité de la salle; malgré un aigu solaire et plein d'assurance, le chanteur se voit souvent contraint de forcer dans la tessiture médiane pour se faire entendre, ce qui ne lui réussit pas dans le grand ensemble final où il disparaît tout simplement de l'écran.... Anna Gabler est une Eva inhabituellement mégère tant la voix paraît acide sur toute la tessiture alors que Monika Bohinec campe une Magdalene bien trop réservée. Peter Sonn est un David de choix au chant à la fois claironnant et finement différencié, Georg Zeppenfeld un Pogner inhabituellement jeune tant son timbre de basse est fin et agréablement piquant dans ses échanges avec Eva ou Beckmesser. Les contributions de tous les emplois secondaires sont exemplaires, au même tire que celles du chœur dont les effectifs pléthoriques n'incitent jamais les choristes à la surcharge interprétative. (20 août) Eric Pousaz é 35 o p é r a à vienne et berlin Toujours et encore Verdi Verdi est né il y a deux cents ans, un 10 octobre, à Roncole près de Parme. Tous les théâtres d'importance ont fêté plus ou moins dignement cet anniversaire, même s'il s'avère difficile, dans certains cas, de réunir une distribution adéquate pour les titres les plus exigeants de la production du compositeur italien. Au final, le spectateur a parfois l'impression qu'on lui a réchauffé un plat raffiné dans des conditions qui ne sont pas tout à fait à la hauteur... Vienne : Simon Boccanegra, Verdi 36 Simon Boccanegra est sans doute aucun un ouvrage qui passe difficilement la rampe, notamment à cause d'une intrigue particulièrement complexe. Au Staatsoper, ce titre a bénéficié pour l'occasion d'une distribution de premier ordre bien qu'il se fût agit de la soixante-neuvième reprise depuis la première, qui a été réglée par le grand Peter Stein. Mais aujourd'hui il ne reste plus grand chose du travail original du metteur en scène allemand et les chanteurs ne savent plus exactement que faire sur le plateau, faute d'une direction d'acteur suffisamment assurée. Quant aux décors, d'une élégance raffinée dans leur simplicité, ils se limitent à esquisser vaguement un lieu scénique dans lequel il serait possible de jouer aussi bien Cosi fan tutte dans la scène du jardin qu'Otello dans l’épisode troublé du concile. Malgré la qualité vocale et orchestrale de la soirée, l'ennui s'installe irrémédiablement. Thomas Hampson reste un des grands Simon de la décennie: son baryton éclatant, aux accents assurés et tranchants, fait preuve d'une admirable souplesse dès qu'il lui faut adopter un ton plus chaleureux au cours des scènes intimistes, notamment dans sa rencontre avec sa fille ou son ultime duo avec Fiesco. Le timbre n'a rien de bien italien, certes, mais il est difficile de ne pas succomber au charme d'une diction exemplaire qui compense largement l'absence de ces déluges de décibels auxquels recourent trop souvent les chanteurs de la Péninsule avides de bravos. Ferruccio Furlanetto dans le rôle plus monolithique de Fiesco fait également preuve d'une retenue bienvenue et parvient à donner à son chant, d'une ampleur sonore encore impressionnante, cette touche de raffinement qui en fait un digne adversaire de son rival haï. Joseph Calleja incarne la jeunesse triomphante : ce ténor que ses succès internationaux ont déjà porté au pinacle, fait sans complaisance étalage d'un timbre solaire qui réjouira ceux qui se plaignent de la raréfaction de vraies voix latines dans ce répertoire. Tamar Iveri, par contre, ne prête à Amelia qu'une voix déjà usée, aux aigus émoussés et au médium instable. Dans le rôle du traître Paolo, par contre, Adam Plachetka se profile comme un futur grand Boccanegra avec ses aigus claironnants et ses graves à peine moins percutants. Le chœur est excellent, comme de coutume, alors que l'orchestre, sous la direction molle d'Alain Altinoglu, aurait certainement tiré profit de quelques répétitions supplémentaires. (4 octobre) qu'ils reçoivent les lettres de leurs proches restés au pays. Le jeu des acteurs, admirable de précision jusque dans les gestes les plus banals de leur quotidien sordide, ajoute une touche de vérité criante à cette tranche de vie qui s'apparente plus à du théâtre mis en musique qu'à de l'opéra déguisé, et ce n'est pas là un des moindres atouts de cette magnifique production. Chaque spectateur attendait Jonas Kaufmann pour ses débuts dans un rôle qui lui va comme un gant. Prestance physique, charme irrésistible du latin lover, voix solaire : tout est là pour faire de cette interprétation un moment fort de la saison. Mais c'est pourtant Nina Stemme dans le rôle de la femme isolée dans ce monde masculin qui crée la sensation : la voix est puissante mais jamais forcée, et ses innombrables chatoiements dans les passages entonnés à mi-voix font de son incarnation un moment déjà entré dans la légende du théâtre. Car malgré l'absence d'air à succès, c'est bien elle qui reste toujours au centre de l'attention tant elle sait charger chaque phrase d'une émotion qui serre le coeur. Le troisième membre de ce trio infernal est réservé au sheriff jaloux Jack Rance, qui est ici chanté par un Tomasz Konieczny apparemment mal à l'aise dans ce registre. Bien qu'il soit ici un grand Alberich et un non moins bouleversant Wotan, il peine à convaincre dans le registre du mélo à l'italienne parce qu'il se croit obligé, pour faire plus 'vrai', de forcer systématiquement son émission jusqu'à décolorer les atouts de son timbre; celui-ci passe finalement la rampe avec difficulté et l'auditeur perd souvent sa trace dans les ensembles - un comble pour un chanteur wagnérien. Les 15 chanteurs chargés des rôles épisodiques sont par contre parfaitement en situation, alors que Franz Welser-Möst, à la tête d'un Philharmonique viennois admirable de souplesse et de mordant, donne du langage musical de Puccini une interprétation qui ferait immédiatement taire ceux qui ne voient en lui qu'un compositeur intéressé par les voix... (5 octobre) Berlin : Macbeth, Verdi La fanciulla del West, Puccini Thomas Hampson (Simon Boccanegra) © Wiener Staatsoper / Michael Pöhn a Cette nouvelle production d'un opéra qui n'avait plus été joué ici depuis près de vingt-cinq ans n'a pas déçu. La distribution est royale et la mise en scène, sans trop sentir la poussière, se veut respectueuse des intentions originales des auteurs. Marco Artur Marelli fait jouer cette intrigue évoquant le climat délétère des westerns spaghettis dans un décor de containers de fortune. L'atmosphère glauque dans laquelle baigne toute la représentation rend sensible l'esseulement des personnages autant que leur mal de vivre lors- c t u a Cette production montée par Robert Carsen provient de l'Opéra de Cologne et a même fait une escale à Genève en juin 1999 déjà. C'est dire si les intentions de son auteur se sont perdues dans les coulisses des nombreuses salles lyriques où elle a transité. Sur la scène berlinoise, on retrouve certes l'atmosphère étouffante du drame, que le metteur en scène canadien fait jouer dans les couloirs sordides d'un palais habité par un quelconque tyranneau des anciens Pays de l'Est; il serait pourtant vain d'attendre des chanteurs qu'ils proposent des portraits aboutis de leurs l i t é o p é r a personnages. Les gestes passe-partout et les attitudes complaisantes des solistes face au public conservent peu de traces de la tension originale et finissent par ajouter une touche de naïveté touchante rappelant les bonnes vieilles représentations des théâtres de répertoire pendant la première moitié du XXe s. La chose eût paru d'importance secondaire si le chant avait été à la hauteur. Mais là, il a fallu rapidement baisser pavillon! Ni la Lady Macbeth trémulante de Marianne Cornetti, ni le Macbeth fruste, aux accents franchement vulgaires, de Thomas Johannes Mayer ne parvenaient à rendre justice à un langage musical qui aurait mérité un traitement vocal moins cavalier. Le Banquo agréablement sonore d'Albert Pesendorfer et le Macduff aux aigus soyeux et déliés de Yosep Kang auraient peut-être pu nous dédommager du naufrage des deux titulaires si leurs rôles avaient été plus marquants; mais leurs apparitions sont bien trop courtes pour imprimer le sceau de leur qualité sur l'ensemble de la représentation. Grandiose, le chœur tire presque la couverture à soi dans les nombreuses scènes où il tient la vedette, tandis que dans la fosse, Paolo Arrivabeni bat la mesure sans grande conviction. (6 octobre) Un ballo in maschera, Verdi Dans la salle d'opéra rivale du Staatsoper, c'est le Bal masqué qui était à l'honneur. La mise en scène de Jossi Wieler et Sergio Morabito n'avait rien de pertinent. Laide et confuse, elle rendait incompréhensible une intrigue qui ne demande pas à être surchargée d'intentions dramaturgiques absconses. Tout se joue ici dans le décor unique de la salle de fêtes décatie d'un bistrot de province. Les personnages entrent et sortent en nous disant qu'ils se trouvent sous un gibet ou dans la salle de séjour d'un hôtel particulier, quand ils ne sont pas tout simplement réunis dans la salle d'audience du palais royal ou dans le foyer d'un théâtre où se déroule un bal masqué. Mais l'œil du spectateur, lui, n'enregistre que des différences minimes dans l'éclairage et la disposition des chaises de ce sinistre lieu de réunions bâclées... Inutile de dire que celui qui est peu au fait de l'intrigue ne s'y retrouve pas, et les jeux de scène déjantés des acteurs (qui, par exemple, ne portent aucun masque lors du fameux bal, tout en faisant semblant de chercher à se reconnaître) n'aident pas le néophyte à s'y retrouver. Certains metteurs en scène seraient-ils d'avis qu'à l'opéra, l'intrigue n'a aucune importance ? La distribution est inégale. Les accents agressifs et franchement détonnants de l'Amelia médiocre qu'incarne une Norma Fantini fatiguée ne laisseront pas un sou- a c t u Macbeth» © Rutz Waltz venir impérissable; par contre, le chant ample et bien maîtrisé de l'Ulrica marquante de Mariana Pentcheva ne rate pas ses effets dans sa courte scène de vaticination. Le ténor russe Kamen Chanev traverse crânement l'opéra avec ses aigus faciles et son air vainqueur, secondé par le chant ensoleillé, bien en gorge, d'un Alfredo Daza qui rallie tous les suffrages avec son portrait vocalement somptueux de Renato, le mari jaloux. Enfin, Valentina Nafornita fait un malheur en Oscar avec un timbre que ne rebute aucune vocalise, mais qui a déjà une largeur et une épaisseur dans le médium qui permettent de lui prédire un avenir doré dans des rôles plus lourds. Le chœur et l'orchestre ne se présentent pas sous leur meilleure forme et s'autorisent quelques imprécisions gênantes dans l'introduction à la scène du gibet ou dans le pianissimo des mesures initiales du premier acte, mais Massimo Zanetti obtient tout de même d'eux un accompagnement qui rend justice au soin qu'a mis le compositeur à diversifier les voix instrumentales dans ce qui reste peut-être le chef-d'œuvre de sa période médiane. (7 octobre) La fiancée du tsar, Rimski-Korsakov Relativement rare sous nos latitudes, cet opéra dispose pourtant de plus d'un atout solide pour séduire le public de l'Europe de l'Ouest. Les chœurs sont riches et variés, les accents folkloriques des séquences de ballet fascinent par la variété de leurs coloris instrumentaux et les chanteurs se voient tous confier des airs qui font forte impression. C'est finalement dans la structure trop lâche de l'intrigue qu'il faut peut-être chercher les raisons du désintérêt que manifestent les théâtres pour cet ouvrage attachant. La mise en scène de Dmitri Tcherniakov met délibérément l'action sur l'arrière-plan politique du sujet et laisse de côté le drame de la jalousie qui alimente pourtant chacune des scènes des quatre actes. a l i t Le rideau s'ouvre sur un studio de télévision où l'on voit divers spécialistes œuvrer à la confection de l'image virtuelle flatteuse d'un nouveau tsar qui doit cristalliser sur lui tous les fantasmes du peuple russe. Le choix de la future fiancée de ce personnage factice répond aux mêmes exigences, et le spectateur voit défiler sur les innombrables écrans qui encombrent la scène les portraits de toutes ces beautés nubiles dont le futur père du peuple est censé faire son plat de résistance... La démonstration est brillante, scéniquement, et le spectacle éblouit à chaque instant, mais il ne permet malheureusement pas d'apprécier les enjeux véritables de cette intrigue compliquée où ces sentiments primaires que sont la jalousie, la haine, l'envie ou la passion aveugle tiennent le haut du pavé. Le spectateur sort enthousiasmé par ce qu'il a vu, mais il n'a finalement pas compris grand-chose au message qu'essaie de transmettre la musique... Daniel Barenboïm fait merveille dans ce répertoire où on ne l'attendait pas forcément: il ne joue pas la carte du spectaculaire mais tente bien plutôt de donner une cohésion à un style d'écriture très éclectique où les tournures populaires voisinent sans transition aucune avec les recettes du grand opéra à l'italienne. Au final, le chef donne à entendre un opéra d'une originalité d'écriture patente. La distribution est dominée par l'intrigante Lioubacha, incarnée ici par une Anita Rachvelishvili survoltée qui nous gratifie d'un chant véhément, puissant et incroyablement large mais libéré de toutes les scories qu'on entend trop souvent chez les interprètes féminines russes qui peinent à conserver le contrôle de leur organe : un grand moment! Olga Peretyatko, bien connue des Lausannois, est la fiancée malheureuse qui voit sa vie détruite par les intrigues de ses rivaux mal intentionnés. La voix est rayonnante, aérienne, mais franchement trop légère dans le final où elle paraît dépassée par l'écriture ouvertement lyrique du rôle. Johannes Martin Kränzle campe un traître d'anthologie avec une voix ferme et retentissante qui n'exclut pourtant pas la recherche d'effets subtilement dégradés pour éviter que le personnage ne paraisse trop primitif dans ses réactions haineuses. On retrouve avec plaisir les vétérans que sont Anatoli Kotcherga et Anna Tomowa-Sintow dans des emplois plus courts où l'expérience compense largement l'usure du matériau vocal qu'il ne leur est plus possible de camoufler aujourd'hui alors que l'interprétation brillante du ténor Pavel Cernoch en Lykov laisse bien augurer d'une carrière qui devrait le mener sur les plus hauts sommets. (9 octobre) Eric Pousaz é 37 o p é r a et sonore, quitte à quelques petits arrangements avec la justesse… en particulier lorsqu’elle chante allongée sur le sol ! Enfin, la voix de Christina Gansch (Amore) évoque plus une soubrette qu’un Cupidon espiègle, dans un italien peu idiomatique. à montpellier Orfeo ed Euridice François Jestin Ouverture de saison en demi-teinte à Montpellier, avec une nouvelle production peu enthousiasmante. 38 Avec un retard d’un an (le spectacle devait initialement inaugurer la saison 2012-2013), le spectacle réglé par Chiara Muti, fille du vénéré maestro Riccardo Muti, nous fait paraître interminable cet Orfeo ed Euridice. Dans une constante pénombre, le dispositif scénique n’est pas intrinsèquement joli, avec deux parois vitrées qui partent en fuite en fond de plateau, accompagnées de reflets désagréables qui reviennent de manière récurrente. Parfois certaines images sont plus jolies, essentiellement des fumées éclairées par les rais de lumière qui descendent des cintres… procédé qui produit toujours son petit effet, quel que soit le metteur en scène ! Plus grave, la mise en place et l’action paraissent bien peu naturelles et exemptes d’énergie, sans parler de la « chorégraphie » de Micha van Hoecke où la répétition de mouvements – non dansés – tourne parfois au ridicule : agitation nerveuse d’un voile blanc, puis d’un voile noir, branchages qui tournicotent dans leurs mains, puis – le summum ! – allumage des branchages lorsqu’Eurydice va revenir de l’Enfer. Autre problème technique à régler, les méchants grincements de deux escaliers métalliques à déplacer (avec trop souvent les commentaires en direct des machinistes…), y compris sur des moments recueillis comme le tube « Che farò senza Euridice ? ». On apprécie alors d’autant plus la direction du chef Balàzs Kocsàr, qui insuffle dynamisme et amplitude au discours musical, même si on relève de trop nombreux décalages avec les solistes sur le plateau – les choristes étant placés en fosse –, en particulier sur les récitatifs. Remplaçant Varduhi Abrahamyan, elle-même éphémère remplaçante de Marie Karall programmée initialement, Delphine Galou défend avec une impeccable musicalité le rôle d’Orfeo, mais sans fougue particulière ni richesse excessive dans le timbre, alors que sa consœur Eleonora Buratto (Euridice) semble bien plus engagée «Orfeo ed Euridice» © Marc Ginot a c t Gluck : ORFEO ED EURIDICE – le 24 septembre 2013 à l’Opéra Comédie de Montpellier à marseille Aida Une honnête représentation de répertoire, sans plus. La production de Charles Roubaud créée ici-même fin 2008 (voir SM 210 « Aida, le film » !), laisse toujours un sentiment très mitigé. Les images proposées sont élégantes et exemptes de tout geste provocateur, mais le dispositif constitué finalement de diapositives projetées en fond de plateau peut nous faire douter d’une réelle mise en scène d’opéra, et nous suggérer qu’il s’agit plutôt d’une version de concert en costumes avec une mise en action très limitée. Autant ce procédé nous semblait équilibré dans la Cléopâtre de Massenet la saison dernière, autant ici l’image décorative prend une place trop dominante. L’impression de statisme est aussi renforcée par les dons d’acteur très moyens de certains protagonistes. Vocalement, Michele Capalbo en Aida n’a pas grand-chose à voir avec la splendide Américaine Adina Aaron, titulaire du rôle en 2008. La soprano canadienne a pour elle une jolie plastique et une musicalité sûre, mais le timbre ne séduit pas vraiment et c’est peu de dire que la voix n’est pas homogène tant elle se heurte à des problèmes d’émission, jusqu’à retenir l’impression qu’elle minaude le plus souvent dans le grave. La distribution du rôle de Ramadès pose visiblement encore plus de problèmes : en méforme lors des trois premières soirées, le ténor Zoran Todorovitch a laissé sa place à Gustavo Porta à partir du 29 septembre. En entendant ce dernier, on se demande également s’il est en pleine capacité : justesse aléatoire et stabilité peu assurée, il passe « en force » avec un vibrato développé. Le théâtre revient heureusement avec l’Amneris de Sonia Ganassi, très crédible dans ce rôle défendu de manière vindicative. La voix est suffisamment projetée, en particulier dans le registre aigu. Amonasro est un rôle qui convient aux moyens de Marco di Felice, baryton vigoureux et sonore, tandis que Luiz Ottavio Faria (Ramfis) et Philippe Kahn (Il Re) font valoir de beaux timbres de basse profonde, mais au style poussif et en manque d’énergie. Les chœurs masculins paraissent bien plus concentrés que les femmes, tandis que la direction musicale de qualité de Fabrizio Maria Carminati rehausse heureusement le niveau du spectacle. Le tempo est assez lent en général u a l i t é o p é r a «Aida» (scène finale) © Christian Dresse (voire bien ralenti par exemple dans le 2ème tableau du 1er acte, la partie a cappella puis la musique de ballet), mais certaines accélérations sont bienvenues. François Jestin Verdi : AIDA – le 1er octobre 2013 à l’Opéra de Marseille à toulouse Manon François Jestin Pour ses adieux annoncés à l’opéra, la soprano Natalie Dessay endosse les habits de Manon, dans un spectacle qui ne surprend, n’enchante ou n’émeut que trop rarement. La production de Laurent Pelly, déjà montrée à Londres et New-York (avec Anna Netrebko), ainsi qu’à la Scala de Milan, n’est pas à classer parmi ses plus réussies. Transposées en fin de 19ème siècle ou début 20ème (les hommes portent des hauts-de-forme et les gendarmes en képi déboulent plus tard), les décors de Chantal Thomas ne sont pas particulièrement marquants, surtout pour les premières scènes : à la ville d’Amiens en miniature du 1er acte succède la chambre de poupée des amoureux au II, puis le Cours-la-Reine n’a vraiment rien de royal et on y cherche en vain le luxe dans les robes et parures des « élégantes ». L’œil se réveille à partir de Saint-Sulpice où les mouvements agités des croyantes autour des colonnes, chaises et prie-Dieu a c sont bien réglés, puis dans un hôtel de Transylvanie verdâtre éclairé de néons blafards, et enfin au Havre sur une perspective fuyante de rue encadrée de lampadaires. Après ses débuts il y a bientôt 10 ans, Natalie Dessay revient au rôle-titre, pour une incarnation bien plus sereine qu’à l’Opéra Bastille début 2012 dans la mise en scène – bien ratée ! – de Coline Serreau. Mis à part un grave confidentiel et trois ou quatre « graillons » au cours de la représentation (moments où la voix part curieusement en court déraillement incontrôlé), la prestation est techniquement sans problème, avec un timbre et une incarnation beaucoup plus crédibles dans les moments de drame que lorsqu’elle joue la naïveté d’une Manon de 16 ans. Le ténor Charles Castronovo (Des Grieux) chante et joue avec engagement et énergie, mais le timbre est sombre et pas toujours d’une séduction immédiate. Le baryton Thomas Oliemans (Lescaut) fait valoir une voix saine et superbement placée, capable de remarquables extensions vers l’aigu, dans un français irréprochable, qualité que ne possède à l’évidence pas la basse sonore Robert Bork (le Comte Des Grieux). Le second ténor Luca Lombardo caractérise avec gourmandise le personnage de Guillot de Morfontaine, et les trois « comédiennes » Poussette, Javotte et Rosette sont bien assorties, respectivement Vannina Santoni, Khatouna Gadelia et Hélène Delalande. A la baguette, Jesus Lopez-Cobos est un habitué de cette partition, pour l’avoir dirigée entre autres à Bastille en 2011 avec Fleming et Alvarez. L’orchestre et les chœurs sont très appliqués, et on sait gré au chef de jouer une version quasi intégrale, incluant quelques passages le plus souvent coupés, comme la fin du 1er acte, ou encore toute l’introduction du Cours-laReine. t u Massenet : MANON – le 6 octobre 2013 au théâtre du Capitole de Toulouse Charles Castronovo et Natalie Dessay © Patrice Nin a l i t é 39 s a i s o n s débat au grand théâtre de genève Rions avec Wagner Le Grand Théâtre a concocté un petit spectacle iconoclaste, avec Wagner pour victime. Le célèbre auteur et compositeur ne prête pas vraiment à rire, et lui-même était singulièrement dépourvu d’humour. Raison de plus pour s’en divertir ! 40 Le spectacle s’intitule Le Cas Wagner. Cela rappelle quelque chose… Mais oui ! le fameux pamphlet de Nietzsche*. En l’espèce il va confronter Marc Bonnant, gloire suisse du barreau, à l’écrivain et philosophe de renommée internationale Bernard-Henri Lévy, avec le comédien Alain Carré comme illustrateur (et médiateur ?). Les débats risquent bien d’être animés. Le maître de Bayreuth suscite toutes les passions, et tous les fanatismes, comme on sait. Son antisémitisme ne saurait être contesté, qui tourne à la manie : allant même jusqu’à reprocher aux Juifs de manger de la viande ! Et Hitler lui-même n’hésitera pas à dire : “ Il n’y a qu’un précurseur au national-socialisme : Richard Wagner ”. Sic ! La cause est donc entendue, et difficile à défendre. Nous souhaitons bien du courage à son avocat. retrouver sur internet), “ Wagner et les Juifs ”. Comme il est tout aussi instructif de jeter un œil aux maquettes des personnages pour la première du Ring en 1876, en présence de Wagner et sous son contrôle, visibles au musée de Bayreuth (et prêtées actuellement au Musée Berlioz de la Côte-Saint-André) : Albérich et Mime grimés comme des Juifs de caricature, face à un Marc Bonnant Siegfried au visage d’Apollon ! On ne peut plus parlant ! Et alors même que l’ascendance du compositeur sur ce plan n’est pas des plus claires. Ceci explique certainement cela… Parlons donc de musique. Pour rester peutêtre plus serein… Mais ici aussi, hélas !, le débat fait rage. Entre les laudateurs inconditionnels : Richard Strauss, Pierre Boulez, Vincent d’Indy (ce qui dans ce cas s’explique aussi idéologiquement), Ce qui explique que certains préfèrent se et même Mahler et Schoenberg… et des contempréfugier dans sa musique. Comme si elle-même teurs qui le sont tout autant : Stravinsky, Ravel, était exempte de ces connotations sulfureuses… Darius Milhaud, le compositeur actuel Philippe Loin s’en faut ! Comme d’aucuns aussi préfèrent Hersant… Quand certains y voient le père de la modernité en musique, alors qu’il n’y a rien de plus ne retenir chez Céline que l’écrivain. Mais il y a démodable (pour paraphraser Nietzsche ou Rilke), une différence – de taille ! –, c’est que ce dernier d’autres récusent une lourdeur, une boursouflure, Alain Carré un effet totalisant, sinon totalitaire… Chacun son approche. Et le débat risque bien de ne pas être clos. Ni le procès. ne fait que suivre une Il n’empêche que le Grand Théâtre programme cette saison – et il a bien idéologie, quand l’autre raison ! – une Tétralogie complète. Car s’il est une chose que l’on ne peut l’instaure. On peut toutepas dénier à Wagner, c’est d’être au-delà d’un simple petit maître. Sa postéfois s’interroger sur le perrité, et les controverses qu’elle suscite toujours, le prouveraient. Mais rien sonnage : littéralement n’interdit de prendre, tout comme Nietzsche, un recul ironique et amusé. obsédé par les Juifs, alors que son entourage en Pierre-René Serna regorge – et parmi les plus fervents, comme le chef d’orches-tre Hermann Les thèmes spécifiques abordés seront les suivants : Levi, à qui Wagner L'Artiste - 8 novembre 2013 à 19h30 demanda de changer de L’Homme - 31 janvier 2014 à 19h30 religion ! Il est instructif à Le Polémiste - 30 avril 2014 à 19h30 cet égard de visionner l’é- Le Best Of - 12 mai 2014 à 19h30 mission de télévision, Billets : 022/322.50.50 du lundi au samedi de 10h à 18h, [email protected] naguère programmée sur * L’auteur de ces lignes a choisi pour sa part d’intituler son propre pamphlet : Bernard-Henri Lévy © Duclos Arte (et que l’on peut l’Anti-Wagner sans peine (Presses universitaires de France). a c t u a l i t é m é m e n t o o p é r a genève avignon madrid Grand Théâtre (022/418.31.30) s Die Walküre (Metzmacher-Dorn) – 7, 10, 13, 16 nov. Bâtiment des Forces Motrices (022/510.60.71) s Der Fliegende Holländer (KarabitsSchulin) – 2, 5 nov. Opéra-Théâtre (04.90.82.81.40) s Madama Butterfly (GuingalLarroche) – 17, 19 nov. Teatro Real (34/90.224.48.48) s The Indian Queen (CurrentzisSellars) – 5, 7, 9, 10, 13, 15, 17, 19 nov. s Dido ans Aeneas (Currentzis) – 18 nov. zurich Opernhaus (044.268.66.66) s Faust (Lange-Gloger) – 3, 6, 9, 14, 17, 29 nov. s Otello (Carignani-Vick) -1er nov. s Die Mesitersinger von Nürnberg (Weigle-Kupfer) – 10, 16, 24 nov. s Jenufa (Lange-Tcherniakov) – 22, 27, 30 nov. s Das Gespenst von Canterville (Angelico-Hadziametovic) – 23 nov. lyon Opéra National (08.26.30.53.25) s Norma (Pido) – 10, 12 nov. marseille Opéra (04.91.55.11.10) s La Straniera (Arrivabeni) – 3, 5, 8 nov. s Orphée et Eurydice (Montgomery- Flamand) – 30 nov. montpellier Opéra national (04.67.02.02.01) s Elena (Garcia Alarcon-Ruf) – 10, 12, 13, 15 nov. saint-étienne Opéra-Théâtre (04.77.47.83.40) s Lakmé (Campellone-Baur) – 8, 10, 12 nov. s t r a s b o u rg paris Champs-Elysées (01.49.52.50.50) s Norma (Pido) – 15 nov. Opéra National (0825.84.14.84) s La Cenerentola (Mazzola-Anglade) Cobos-de Bosio) – 7, 10, 13, 16 nov. l o n d re s ROH (0044/207.304.4000) s Les Vêpres siciliennes (PappanoHerrheim) – 1er, 4, 7, 11 nov. s Parsifal (Pappano-Langridge) – 30 nov. s Wozzeck (Elder-Warner) – 5, 8, 12, 15 nov. f l o re n c e Teatro del Maggio musicale s La Serva padrona (Caldi-Carreres) – 8, 9, 10 nov. s L’Elisir d’amore (MontanaroCucchi) – 15, 16, 17, 19, 20, 21 nov. A Saint-Etienne : «Lakmé» dans la mise en scène de Lilo Baur Coproduction Opéra de Lausanne / Opéra Comique Paris © Marc Vanappelghem Châtelet (01.40.28.28.40) s Chantecler Tango (Godoy) – 1er, 2, 3 nov. Opéra Comique (0825.01.01.23) s Writen on the skin (NenjaminMitchell) – 16, 18, 19 nov. Opéra National (08.92.90.90) Bastille : s Aida (Jordan-Py) – 2, 6, 9, 12, 14, 16 nov. s Elektra (Jordan-Carsen) – 4, 7, 11, 18, 24 nov. s I Puritani (Mariotti-Pelly) – 25, 30 nov. Garnier : s Cosi fan tutte (SchoenwandtToffolutti) – 3, 5, 8, 11, 13 nov. s La Clemenza di Tito (NetopilDecker) – 27, 30 nov Salle Pleyel (01.42.56.13.13) s Romeo et Juliette (Gergiev) – 17 nov. a g – 3, 5 nov. (à Strasbourg), 15, 17 nov. (à Mulhouse) toulouse Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13) s Orlando (Spinosi-Vigner) – 10, 12, 14, 16 nov. a m s t e rd a m Opera (31.20.62.55.456) s Götterdämmerung (HaenchenAudi) – 14, 17, 21, 24, 27, 30 nov. bruxelles La Monnaie (32/70.23.39.39) s War Requiem (Morlot) – 2, 3 nov. b a rc e l o n e Liceu (34.934.85.99.13) s Agrippina (Bicket-McVicar) – 16, 18, 21, 24, 26, 29 nov. s L’Atlantida (Pons) – 27, 28 nov. e n milan Teatro alla scala (39/02.720.03.744) s Aida (Noseda-Zeffirelli) – 3, 5, 14, 16, 17, 19 nov. turin Teatro Regio (39/011.881.52.41) s Il Barbiere di Siviglia (de MarchiBorrelli) – 7, 8, 9, 10, 12, 13, 16, 17 nov. venise Teatro La Fenice (39/041.24.24) s L’Africaine (Villaume-Muscato) – 23, 26, 27, 29, 30 nov vienne Staatsoper (43/1514447880) s Anna Bolena (Pido-Génovèse) – 3 nov. s La Fille du régiment (CampanellaPelly) – 1er, 4 nov. s Un Ballo in maschera (Lopez d a s L’Elisir d’amore (Carcia Calvo- Schenk) – 8, 12 nov. s Madama Butterfly (Domingo- Gielen) – 11, 15, 19 nov. s Die Zauberflöte (Eschenbach- Caurier/Leiser) – 17, 20, 24, 27, 30 nov. s Peter Grimes (Jenkins-Mielitz) – 23, 26, 29 nov. Theater an der Wien (43/15.88.85) s Idomeneo (Jacobs-Michieletto) – 13, 15, 17, 20, 22, 24 nov. s Les Danaïdes (Rousset) – 16 nov. berlin Deutsche Oper (49/30.343.84.343) s Macbeth (Arrivabeni-Carsen) – 21, 26 nov. s Otello (Runnicles-Kriegenburg) – 9, 20, 28 nov. s Falstaff (Runnicles-Loy) – 17, 22, 29 nov. s Rigoletto (Rizzi Brignoli-Bosse) – 23, 27 nov. s La Traviata (Korsten-Friedrich) – 30 nov. s Don Carlo (Runnicles-Marelli) – 7, 10, 16, 24 nov. Staatsoper (49/30.20.35.45.55) s La Fiancée du tsar (BarenboimTcherniakov) – 1er nov. s Don Giovanni (Barenboim-Guth) – 3 nov. s La Traviata (Hindoyan-Mussbach) – 6, 9, 14 nov. s Die Zauberflöte (Märtig-Everding) – 8, 10 nov. s La Finta Giardiniera (MouldsNeuenfels) – 28 nov. s Il Trovatore (Barenboim-Stölzl) – 29 nov. Komische Oper (49/30.47.99.74.00) s Balle im Savoy (Benzwi-Kosky) – 10 nov. s Cosi fan tutte (Nanasi-Hermanis) 3, 9, 15 nov. s L’Orfeo (Sochaczewsky) – 23 nov. s Hänsel und Gretel (Poska-Thannen) – 2, 16, 17, 25 nov. new york Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00) s Tosca (Frizza-Bondy) – 2, 5, 9, 13, 16 nov. s Die Frau ohne Schatten (JurowskiWernicke) – 7, 12, 16, 20, 23, 26 nov. s Eugène Oneguine (GergievWarner) – 23, 29 nov. s Norma (Frizza-Copley) – 1er nov. s Der Rosenkavalier (Gardner-Merrill) – 22, 25, 30 nov. s Two Boys (Robertson-Sher) – 2, 6, 9, 14 nov. s Rigoletto (Heras-Casado-Mayer) – 11, 15, 18, 21, 27, 30 nov. 41 m u s i q e concours de genève Le jury Changement de formule Le compositeur italien Ivan Fedele, à qui un concert a été consacré en mars par le Festival Archipel, officiera en tant que président du jury. Ses œuvres sont jouées dans les principaux festivals de musique contemporaine en Europe et certaines sont le résultat de commandes de l’Ensemble intercontemporain, Radio France, l’Ircam, l’Ensemble Contrechamps et de la Scala. Entre son premier prix du Concours international Goffredo Petrassi en 1989 et le Prix Franco Abbiati en 2007 pour son opéra Antigone, il a reçu de nombreuses récompenses. Didier Schnorhk, Secrétaire général du Concours de Genève, nous rappelle que cette manifestation a été créée en 1939 : c’est l’une des plus anciennes du genre. En 2014 on fêtera son 75ème anniversaire, et l’année suivante, sa 70ème édition (elle n’a pas eu lieu chaque année !) 42 u Les contraintes financières font qu’il sera compliqué de maintenir le niveau actuel. C’est une première difficulté. D’autres s’y ajoutent : la grande concurrence qui règne dans le domaine –de nouveaux concours ont vu le jour en Asie-, la mondialisation, le business omniprésent. Les jeunes artistes, font face à de nombreuses obligations : non seulement ils doivent maîtriser parfaitement leur instrument, mais aussi aborder un large répertoire, soigner leur image, communiquer avec le public, posséder une forte personnalité, une richesse intérieure, une originalité. D’autre part il faut également reconnaître que le public amateur de musique classique n’est pas majoritaire et qu’il a tendance à vieillir. La solution semble être donc de faire vivre cette musique en encourageant les jeunes à composer, même si la création contemporaine peut déstabiliser ou effrayer. Composition C’est pourquoi le Concours de Genève a décidé de remplacer une année sur deux le traditionnel concours d’exécution par un concours de composition, avec le soutien de la Fondation Reine Marie José. Le jury a sélectionné cinq œuvres, pour flûte solo et petit ensemble, qui seront jouées au Studio Ansermet le soir de la Finale le 1er décembre 2013 à 17h par des solistes et l’Ensemble Contrechamps. Celle qui remportera le premier prix sera imposée au concours d’interprétation de 2014. Le 2 décembre un « Concert-portrait d’Ivan Fedele » par les étudiants de la HEM Genève sera proposé au Conservatoire à 18h. Une série d’événements est annoncée cette année, avec pour objectif de promouvoir la carrière des lauréats plus ou moins récents. Ainsi Lorenzo Soulès, premier prix 2012 et le Quatuor Armida, premier prix ex-aequo 2011, participeront à une tournée passant par Genève a Armida Quartett © Felix Broede (6 décembre 2013 à 20h au Conservatoire), Paris (Salle Gaveau) et Bruxelles (Palais des Beaux-Arts). Le 3 décembre, « Concert en hommage à la Reine Marie José » avec le Quatuor Terpsycordes, 1er prix 2001 et Carine Séchaye. Lorenzo Soulès donnera aux Salons à 19h le 4 décembre un récital à l’occasion duquel il dédicacera son disque COUP DE CŒUR BREGUET ; un concert de gala au Victoria Hall réunira le 5 décembre trois anciens lauréats prestigieux, Martha Argerich, Nelson Goerner et la percussionniste Huang Aiyun, vainqueur en 2002, qui interprétera une œuvre particulièrement spectaculaire. Se joindront à eux deux lauréats plus récents, Polina Pasztirczak (1er prix chant 2009) et Rémi Durupt (2ème prix percussion 2009). c t u a Sa réputation de pédagogue en Europe et aux Etats-Unis n’est plus à faire. A Milan, où il vit, il enseigne la composition au Conservatoire Giuseppe Verdi ainsi qu’au Conservatoire à Strasbourg. Depuis 2009 il est directeur de l’Orchestre I Pomeriggi Musicali. Nous lui avons demandé quel était pour lui l’intérêt principal des concours de composition, dans le jury desquels il a souvent siégé. « Un concours sert à découvrir de nouveaux talents ; cela m’intéresse car la musique a besoin de se renouveler. Je suis heureux et honoré de présider le jury au Concours de Genève, avec à mes côtés des collègues que je connais et que j’estime. Les masterclasses sont aussi une occasion de rencontrer des jeunes musiciens prometteurs. Cela a été pour moi le cas récemment à Berkeley et à Moscou. Un l i t é m u s i q u e 43 Rémi Durupt lors du Concours de Genève 2009 compositeur ne doit pas se renfermer sur luimême, mais s’ouvrir à la jeunesse porteuse de nouveauté. » Les autres membres du jury sont les suivants : Toshio Hosakawa, compositeur japonais dont les œu-vres s’inspirent à la fois de la tradition occidentale et de la musique savante traditionnelle de son pays. Compositeur en résidence à l’Orchestre de Tokyo, il est directeur du Festival Takefu, membre de l’Académie des Martha Argerich © Pierre-Henry Verlhac a c t u Toshio Hosokawa © Schott Promotion / Christopher Peter Beaux-Arts de Berlin, professeur invité au Collège de musique de Tokyo, et anime des conférences lors des cours d’été de Darmstadt. Magnus Lindberg, compositeur finlandais, auteur d’œuvres de grande ampleur étroitement liées à l’ensemble expérimental Toimii, qu’il a créé avec Esa-Pekka Salonen, dans le cadre duquel il exerce ses talents de pianiste et de percussionniste, et qui lui sert de laboratoire pour ses créations. Il a été compositeur en résidence à l’Orchestre Philharmonique de New York, entre 2010 et 2012. Philippe Manoury, compositeur français, a été de 1983 à 2003 successivement responsable de la pédagogie au sein de l’Ensemble Intercontemporain, professeur de composition et musique électronique au CNSM de Lyon, compositeur en résidence à l’Orchestre de Paris, parmi bien d’autres activités. Lauréat de nombreux prix prestigieux, il a reçu en 2010 le Grand Prix du Président de la République de l’Académie Charles Cros pour a l i t l’ensemble de son œuvre. Il était en 2012 compositeur en résidence au Festival de Lucerne. Isabelle Mundry, compositrice allemande. Elle a fait ses études à l’Ecole Supérieure des Arts de Berlin et a travaillé au studio de musique électronique de l’Université technique de Berlin ainsi qu’au studio de Fribourg. Elle a enseigné ou enseigne la théorie et l’analyse musicale à Berlin, Darmstadt, Zurich, et au Japon. Ses compositions sont destinées à des effectifs réduits et variés, où l’électronique est souvent présente. Ajoutons que dans l’édition 2014, le piano partagera l’affiche avec la flûte. Martine Duruz La Finale publique aura lieu le dimanche 1er décembre 2013 au Studio Ernest-Ansermet, à Genève. A cette occasion, les œuvres des Finalistes seront interprétées en création mondiale par l’Ensemble Contrechamps, sous la direction de Michael Wendeberg et avec les solistes Silvia Careddu et Philippe Renggli. Cet événement marquera l’ouverture de du « Festival des Lauréats », qui se déroulera du 1er au 6 décembre. Plus de détails sur : http://www.concoursgeneve.ch/ é m u s i q u e concours de genève Concourir et composer Le prochain concours de composition de Genève, qui est organisé tous les deux ans en alternance avec le concours d’interprétation, aura lieu le 1er décembre prochain. Ivan Fedele présidera un jury composé de Toshio Hosokawa, Magnus Lindberg, Isabel Mundry et Philippe Manoury, qui a répondu à nos questions. Philippe Manoury, en quoi consiste ce concours de Genève ? 44 Il s’agissait pour les candidats de composer une pièce pour flûte solo et ensemble instrumental. 52 partitions ont été envoyées, 34 ont été retenues que les membres du jury ont étudiées, du 29 avril au 1er mai dernier, afin d’en choisir cinq. La finale publique aura lieu au Studio Ansermet, le 1er décembre, en compagnie de l’Ensemble Contrechamps dirigé par Michael Weindeberg, avec les flûtistes Silvia Careddu et Felix Renggli. Et en 2014, lors du prochain concours de flûte, les candidats devront jouer la pièce que nous aurons couronnée le 1er décembre. Avez-vous déjà fait partie de jurys de concours de composition ? Oui, à Montréal, à Besançon, à Lyon. Les membres du jury ont à leur disposition des partitions, parfois des enregistrements (ce n’était pas le cas à Genève), mais il peut arriver qu’un compositeur écrive de splendides pièces pour orchestre sans avoir jamais eu l’occasion de faire jouer sa musique. Ce que je n’aime pas, ce sont les simulations sur ordinateur, qui ressemblent à tout et à n’importe quoi. Je préfère dans ce cas-là qu’il n’y ait pas d’enregistrement du tout. Nous avons donc étudié les œuvres retenues, et chacune a fait l’objet d’une moyenne pondérée. L’âge, le nom, la nationalité des candidats étaient cachés. Nous avons retenu les œuvres qui jouaient le jeu de la flûte solo et qui n’étaient pas dans une mouvance trop marquée. Étrangement, l’un des candidats avait écrit une cantate très classique, une partition unique en son genre, ce qui montrait qu’il ne savait pas exactement quel style de musique était demandée dans ce concours. Justement, pourquoi ne l’avez-vous pas retenue ? La partition était vraiment trop conventionnelle. Mais le détail intéressant est que ce compositeur venait de la Côte d’Ivoire. C’est la première fois que je vois une partition d’un compositeur « classique » africain. On voit rapidement si le candidat sait écrire, si sa partition sonne et comment elle va sonner, si elle n’est pas truffée de choses injouables ou qui défient les équilibres : une flûte dans le grave fortissimo en même temps qu’une trompette dans l’aigu pianissimo. Ce qui est difficile à juger, ce sont les modes de jeu inhabituels, par exemple les raclements, les bruits, les pressions d’archet, comme les pratique Helmut Lachenmann. Dans ce cas, la partition indique comment produire et non pas comment écouter le son. Moi, je cherche les tempéraments originaux, les personnes qui recherchent, qui se posent des questions formelles, quitte à ce qu’elles soient un peu moins bonnes du point de vue artisanal. Mais je n’irai pas plus loin dans mes préférences. En revanche, j’ai des préjugés négatifs face à des musiques néo-tonales qui n’apportent rien, même bien écrites. Être bardé de prix de composition et faire de la musique de film hollywoodienne, très peu pour moi ! Au jugé des partitions des jeunes compositeurs, y a-t-il encore des écoles nationales ? Oui, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer. Les femmes asiatiques, par exemple, cultivent une esthétique chatoyante, avec des sons miroitants (harpe, célesta), des titres poétiques se référant à la nature, le tout dans une espèce de postimpressionisme atonal, avec d’ailleurs une belle calligraphie. Les Allemands comme Neuwirth ou Pintscher se méfient des critères esthétiques, sont souvent conceptuels. C’est l’influence d’un Nono transmise par Lachenmann. Il m’est arrivé de dire plaisamment à certains de mes élèves américains qui tentaient des choses radicales : « Vous, vous avez envie de faire un séjour en Allemagne ! » Certains compositeurs modifient leur style en fonction du contexte. J’en connais qui, après s’être montré fort âpres, ont eu du succès, ont reçu des commandes pour grand orchestre, et se sont adaptés, car la manière « bruitée », par exemple, ne fonctionne pas avec un orchestre. Une partition peut-elle tout dire ? e t Les Français disent que les Allemands sont dans la douleur, les Allemands disent que les Français sont hédonistes. Dans les années 80, l’influence de Boulez était prépondérante, beaucoup, en France, écrivaient comme lui. Puis sont arrivés les disciples de Gérard Grisey (Dalbavie, Hurel). Aujourd’hui, l’école dite « saturationniste » (celle de Cendo, de Bedrossian, de Yann Robin) prône une musique bruitée mais très violente, moins minimaliste qu’en Allemagne. Même s’il existe des personnalités attachantes comme Alberto Posadas en Espagne, c’est en Amérique latine qu’on trouve le plus de choses vivifiantes, au Brésil et en Argentine notamment, où existent des festivals, des studios de musique électronique, etc. Mais c’est en Italie qu’on trouve le plus grand nombre de compositeurs au mètre carré alors que le pays est mal équipé ! Vous avez évoqué la calligraphie… On a de moins en moins de partitions faites à la main. La plupart utilisent les logiciels Sibelius ou Finale, dont se servent les éditeurs, alors que l’écriture manuscrite révèle le soin du détail, la fougue, etc. Il suffit de comparer une partition de Boulez à une partition de Ligeti. Le concours de Rome n’était-il pas une bonne formule, qui consistait à enfermer un candidat en loge pour qu’il montre ce qu’il a à dire ? Oui, mais cette idée de faire une cantate à partir d’un texte donné ! Pourquoi pas un quatuor ? Aujourd’hui, il faudrait que les compositeurs apprennent à écrire pour la scène et non pas seulement pour le concert, qu’ils travaillent avec des chanteurs, des metteurs en scène, qu’ils soient aux prises avec d’autres types de contraintes Quel est votre regard sur l’avenir de la musique dite savante ? La musique tend à ne plus être qu’un objet de divertissement, les sous-produits du rock envahissent tout, l’éducation musicale n’est pas à la hauteur. En même temps, beaucoup de jeunes compositeurs de talent viennent d’un univers moins académique, plus sauvage, Luca Francesconi par exemple. Au Venezuela, on se sert de la musique savante pour répondre à la crise. Faire de la musique, c’est aussi apprendre à écouter les autres. Propos recueillis par Christian Wasselin Et en France ? n Philippe Manoury © Philippe Gontier r e t i e n [ VOCAL ] CONCERTS DU DIMANCHE Gli Angeli Genève Gli A nge li i el M A G N I F I C AT S MARIA KEOHANE SOPRANO ALEKSANDRA L E WA N D O W S K A SOPRANO CARLOS MENA A LT O VA L E R I O C O N TA L D O TÉNOR STEFAN MACLEOD BASSE ET DIRECTION Schütz, V Vivaldi, ivaldi, B Bach, ach, Schubert Mendelssohn M endelssohn 17-11-2013 17 heures Billetterie : Espace Billetterie Espace Ville Ville de Genève Pont Pont de la Machine Machine 1, Maison Maison des arts du Grütli R ue du GénéralDufour 16, Genève T ourisme R ue Rue Général-Dufour Tourisme Rue du M ont-Blanc 18, Cité Seniors Rue Rue Amat 28, Victoria Victoria Hall Hall R ue Mont-Blanc Rue du GénéralDufour 14, une heure avant le concert. Renseignements Renseignements Général-Dufour 0800 418 418 gratuit (Suisse) +41 22 418 36 18 payant ((Etranger) Etranger) B illetterie en ligne : http://billetterie-culture.ville-ge.ch Prix Prix C HF 25.Billetterie CHF C HF 15.-, AVS AVS C HF 13.-, chômeurs, étudiants, jeunes C HF 10.-, CHF CHF CHF 20ans/20francs C HF 8.-. Abonnements C HF 144.- et C HF 96.-. CHF CHF CHF Chèques culture acceptés. Salle équipée d’une boucle magnétique pour malentendants. Accès pour handicapés Genève, ville de culture www.ville-geneve.ch www .ville-geneve.ch Jean-Marc JeanMarc H Humm umm atelier de création visuelle, la fonderie www.jmhumm.ch www.jmhumm.ch m u s i q u e Maurizio Pollini en récital festival de lucerne Un chef mythique Claudio Abbado est quasiment devenu un mythe vivant depuis qu'il a fondé le Lucerne Festival Orchestra il y a déjà dix ans. 46 Chacun de ses programmes de concert se déroule sur le même modèle: une acclamation délirante salue l'entrée du maestro; ensuite, le silence qui règne pendant les exécutions atteint à des sommets d'intensité rares dans une salle de plus de 1800 places; enfin, lorsque les dernières notes se sont estompées dans un auditorium où l'on attend de chacun qu'il retienne son souffle, le chef presque en transe semble avoir de la peine à revenir sur terre. Après de longues secondes pendant lesquelles les auditeurs, comme transfigurés, attendent dans un mutisme absolu le signe de la délivrance que le chef donne enfin, presque hésitant, le délire explose, violent, inébranlable. Cette déflagration d'enthousiasme est suivie, dès le troisième retour du dieu vivant sur le podium, d'une standing ovation “incontrôlable“ qui voit toute la salle se dresser comme un seul homme... Il serait bien sûr injuste de considérer tout cela comme immérité. Mais un peu plus de simplicité et d'enthousiasme réellement spontané ne gênerait pas outre mesure... Au programme de la deuxième série de concerts de cette année figuraient deux symphonies inachevées, la Huitième (ou Septième, selon les catalogues) de Schubert et la Neuvième de Bruckner. Dès l'entrée en matière des contrebasses des mesures initiales du premier mouvement de la partition de Schubert, on retrouve les ineffables qualités d'homogénéité et de velouté sono- Claudio Abbado © Georg Anderhub a res qui sont la particularité de cet orchestre qui se réunit pourtant une fois l'an seulement. Les voix intermédiaires y sonnent avec autant d'ardeur chaleureuse que les voussures mélodiques auxquelles l'oreille s'arrête en premier, sans que l'agencement des voix ne s'effrite. Les amalgames de sonorités restent perçus comme des ensembles harmonieux cohérents, même si les arêtes soigneusement ciselées de chacune des pièces de la charpente symphonique restent toujours parfaitement perceptibles. Le chef adopte une battue plutôt spacieuse, évitant de s'attarder trop longuement sur des atmosphères qui, sous d'autres baguettes, semblent engluées dans une longue rêverie. Le deuxième mouvement, avec ses appels de cors, s'écoute alors moins comme une pièce aux moirures iridescantes et sensuelles que comme un mouvement empreint d'une énergie souterraine qui le pousse inexorablement vers sa résolution. Le tissu instrumental, au terme d'un immatériel pianissimo se dissout enfin lentement dans un silence ressenti comme toujours plus envahissant. La partition de Bruckner bénéficie, elle, d'un traitement plus viril. Les séquences fortement rythmées de la marche du 1er mouvement, par exemple, ressortent avec une virulence qui semblent vouloir déborder sur l'atmosphère mystérieuse et solennelle du premier thème lors de sa réapparition. Ainsi le chef souligne-t-il l'admirable agencement de ce long “Solennel et mystérieux“ inscrit en tête du mouvement, qui forme ici un tout puissamment charpenté, mais toujours harmonieux. La violence du Scherzo (marqué : “Animé, vif, rapide“) s'inscrit alors naturellement dans la suite de la coda du mouvement précédent, plutôt virulente de ton, et se charge d'une sauvagerie électrisante qui fait ressortir l'extraordinaire modernité d'écriture de cette page. Le grandiose Adagio final jouit ensuite d'un traitement marqué au sceau d'une irrésistible dynamique sonore qui laisse l'auditeur pantelant après d'aussi complexes digressions aboutissant à ces dernières mesures où semble planer un message venu d'ailleurs... (24 août) c t u a Le pianiste italien se fait rare et ses récitals attirent toujours un vaste public. Il n'en a pas été autrement à Lucerne où le virtuose avait inscrit à son programme les Trois pièces pour piano l'Opus 11 de Schœnberg, les Kreisleriana et le Concerto sans Orchestre (ou Troisième Sonate) de Schumann dans sa version primitive en trois mouvements et finalement la célèbre Sonate no 2 de Chopin. Lorsque le pianiste entre presque timidement sur le podium, le silence se fait immédiatement lourd. Les premières notes de Schœnberg s'égrènent avec une netteté cristalline qui fait oublier l'originalité de leur arrangement, où la mélodie fait place à des figures dont l'esprit peine à percevoir dès l'abord les rapports qu'elles entretiennent entre elles. Progressivement, un dessin se révèle qui fait comprendre tout l'attachement que le compositeur avait pour le postromantisme germanique avant de lui tourner résolument le dos, ce qui semble fait dans la troisième pièce, beaucoup plus libre dans sa composition que les deux qui la précèdent. Maurizio Pollini ne cherche pas à arrondir les angles: les aspérités d'une ligne musicale souvent aride, détachée de toute contrainte apparente, sont abordées de front, comme s'il s'agissait de poser péremptoirement les jalons d'une autre technique de composition. Le charme opère pourtant et ces quatorze minutes de musique s'achèvent dans une sorte d'éclatement sonore qui fait table rase du passé. Distant, presque froid, une telle interprétation souligne la modernité du projet de Schœnberg tout en en facilitant l'appréhension par un dosage finement calculé des effets recherchés. Dans Kreisleriana, c'est aussi l'extraordinaire mobilité d'écriture de Schumann qui est mise en avant. Même si le pianiste n'a plus tout à fait une maîtrise aussi souveraine de ses doigts (la pédale permet d'ajouter un sfumato bienvenu à certains conglomérats sonores dont le dessin manque de netteté), sa virtuosité reste l'élément moteur qui permet au langage sonore de Schumann de s'affranchir des musiques contemporaines pour mieux cerner les nécessités intérieures de sa personnalité ; ainsi le panache de l'interprète moderne essaie-t-il de rendre avec brio les ambiguïtés d'une sensibilité exacerbée dont les soudains ébranlements sont magnifiés par la vélocité du trait pianistique. Les rappels des thèmes sur lesquels repose l'architecture de l'ouvrage n'interviennent alors non comme des phases où l'oreille, rassurée, peut se référer à un vécu déjà intégré, mais plutôt comme un dessin dont on reconnaît l'original tout en y découvrant de brusques glissements sonores qui annoncent l i t é m u s i q u e un développement imprévu. Abordé dans le même esprit, le Concerto sans orchestre paraît brouillon au premier abord; les variations du 2e mouvement s'entrechoquent sans que ne s'imprime dans l'esprit un rythme compact qui en soulignerait fermement la structure. Par contre, le final, emporté, force déjà l'auditeur à entrevoir la mise en place d'un idiome musical qui ouvre ses portes sur une sorte d'infini où tout est possible. La Sonate de Chopin, prise sur un tempo relativement rapide, ne signifiait pas non plus pour le pianiste un retour à la "normalité"; comme le soulignaient les deux petites minutes finales prises à un train infernal qui se muaient en point d'interrogation, Maurizio Pollini voulait clairement démontrer qu'il considère le compositeur polonais comme un artiste en avance sur son temps. Sous ses doigts, Chopin semble en effet se refuser à conclure une sonate dont les prolongements incitent l'auditeur à se projeter loin dans le futur. Le triomphe auprès du public fut à la hauteur de ce moment de musique exceptionnel à plus d'un titre... (1er septembre) matique avait été dissimulé avec soin par son auteur. Daniele Gatti trouve des couleurs inattendues pour mettre en exergue, par exemple, la sensualité de tel solo de flûte allié au cor dans le final du 1er mouvement, ou celle du chant esseulé d'un violoncelle quelques minutes plus tard. Les brusques crescendos ne créent pas inutilement la surprise mais s'inscrivent dans une dramaturgie dont on sent qu'elle a été soigneusement calculée. De même, la morbidité de l'Adagio n'a rien d'alangui sous cette direction précise et vive; elle traduit bien plutôt cette irrésistible attirance du compositeur pour le silence, réalisée ici de main de maitre dans les dernières minutes où les voix des instruments semblent s'éteindre pour laisser le temps à l'auditeur de réintégrer son propre univers. Certains puristes pourraient reprocher à cette approche un certain hédonisme, mais comment résister à la pure beauté sonore d'architectures aussi grandioses quand les artisans qui y mettent la main le font avec une telle maîtrise de la carnation sonore ? (1er septembre) Budapest Festival Orchestra Concertgebouw d'Amsterdam La Neuvième Symphonie de Mahler était l'unique ouvrage inscrit au programme du concert donné par les instrumentistes du Concertgebouw d'Amsterdam. Cet orchestre prestigieux peut se vanter d'être le seul ensemble symphonique européen à avoir reconnu le génie du compositeur autrichien avant tous les autres; sous la direction éclairée de son directeur musical d'alors, Willem Mengelberg, il n'a en effet jamais cessé d'offrir au public l'occasion de se mesurer à la démesure de ce génie incompris : ces partitions fleuves ont ainsi immédiatement fait partie intégrante de son répertoire courant, alors que dans les autres capitales européennes chefs et instrumentistes faisaient encore la fine bouche. La tradition a laissé de belles traces. L'orchestre hollandais allie la précision méticuleuse du Philharmonique berlinois à la volupté sonore qui se dégage des interprétations du Philharmonique de Vienne des grands soirs. La Neuvième Symphonie, une des plus complexes du compositeur, se déroule ici avec une sobriété dans l'effet et une chaleur dans la finition sonore qui forcent l'admiration. Le chef ne presse pas le tempo, mais ne s'autorise aucun alanguissement excessif non plus. Sa direction est fluide, comme soucieuse de rendre sensible le fil conducteur souvent camouflé des vastes mouvements initiaux et finaux. En optant pour la retenue, le chef italien prend le temps de débroussailler une partition d'une complexité inouïe jusqu'ici, comme si son programme dra- a c t u Iván Fischer a conçu un programme fort original pour sa courte escale lucernoise à la tête du Budapest Festival orchestra. En ouverture de concert, il proposait en effet trois Danses roumaines orchestrées par Bartók qu'il confrontait systématiquement avec l'original, écrit pour un trio de cordes. L'effet est saisissant: la liberté de trois instrumentistes virtuoses qui jouent librement de la mélodie et du rythme comme le feraient des interprètes de jazz fait paraître la brillante orchestration de Bartók terriblement contraignante et figée, autant par la rigidité des rythmes que par l'épaisseur des traits instrumentaux. On a là en fait deux compositions totalement différentes, même si le matériau de base reste le même. L'amateur saura gré au compositeur hongrois d'avoir redonné leurs lettres de noblesses à des styles musicaux qui étaient alors jugés avec mépris parce que trop populaires, mais de nos jours, c'est tout de même l'original que l'on préfère... Les trois musiciens de l'orchestre, qui ont défendu avec un abattage incomparable ces mélodies issues du folklore le plus authentique, auraient à vrai dire mérité de voir leurs noms figurer dans le programme. Ensuite, c'est Le mandarin merveilleux du même Bartók qui prenait le relais. Cette partition qui a fait scandale à sa création au même titre que le célèbre Sacre du Printemps de Stravinsky s'écoute comme un long poème symphonique avec programme. Les organisateurs ont eu l'excellente idée d'en proposer la lecture a l i t Ivan Fischer © Felix Broede par surtitrage pendant l'interprétation, ce qui permettait ainsi à chacun de découvrir l'incroyable versatilité d'un langage musical qui épouse à la seconde les mouvements de la pantomime prévue. D'une impressionnante diversité d'atmosphères, ces trente-cinq minutes de musique font passer en revue les nouveautés d'écriture tonale d'un début de XXe siècle en ébullition tout en conservant une originalité de touche qui porte bien la signature de leur auteur. A vrai dire, cette partition ne paraît pas moins emblématique du siècle passé que celle de Stravinsky. L'orchestre, survolté, a su rendre l'excitation nerveuse, presque maladive, qui parcourt ce ballet au sujet jugé alors scandaleux tout en rendant perceptibles les grandes architectures correspondant aux différentes séquences narratives. Ovationné par un public conquis, l'orchestre allait en seconde partie faire encore monter la tension avec deux interprétations électrisantes: ce fut d'abord la Légende en si mineur de Dvorak (la dernière de la série) suivie presque sans interruption par sa Huitième Symphonie. Chef et orchestre y furent souverains d'aisance, de brillant technique et de raffinement dans la gestion des nuances; les violentes oppositions de rythmes et de couleurs, particulièrement délicates dans le final de la Symphonie construits sous forme de variations, prenaient souvent des tournures inattendues. Dans l'atmosphère plus bucolique du premier mouvement, ou dans la curieuse tournure à trois temps, souvent syncopée, du troisième mouvement, les instrumentistes et leur chef surent mettre en évidence avec un panache enthousiasmant tout ce que le compositeur, grand admirateur de Brahms, a néanmoins su apporter de neuf à un langage symphonique qu'il a enrichi de maintes tournures directement influencées par les musiques de son pays (8 octobre). Eric Pousaz é 47 m u s i q u e à lucerne Festival de piano au sommet Pour son jubilée, le Festival de Lucerne invite de grandes pointures comme Evgeny Kissin ou Maurizio Pollini. Le Festival «au piano» qui dure une semaine se déroulera du 16 au 24 novembre. C’est Evgeny Kissin qui ouvrira le Festival avec un récital Schubert / Skrjabin, le samedi 16 novembre. Le mercredi suivant, il interprétera le 1er concerto de Tchaïkovski accompagné par le Chamber Orchestra of Europe dirigé par Lawrence Foster. Maurizio Pollini clôturera la semaine avec un récital Chopin / Debussy, le dimanche 24 novembre. 48 Deux pianistes français sont invités : Adam Laloum fera ses débuts au Festival le vendredi 22 novembre en matinée avec des œuvres de Schumann et Schubert, la jeune Lise de la Salle qui vient pour la troisième fois jouera Bach, Brahms et Chopin le samedi 23 novembre. Le même jour, tard le soir, Momo Kodama interprétera des œuvres de Bach, Debussy et d’un compositeur vivant : Toshio Hosokawa. Murray Perahia symphonie de Haydn. Dans son récital de lundi 18 novembre Fazil Say parcourra l’histoire de la musique pour piano de Mozart à Bernd Alois Zimmermann en passant par Beethoven (sa célèbre sonate Pathétique), Chopin et Stravinski. Le pianiste russe Grigory Sokolov interprétera des œuvres de Schubert et Chopin le dimanche 17 novembre. Le jeudi 21 novembre, la vénézuélienne Gabriela Montero proposera un dialogue original avec le Murray Perahia interpublic : après l’exécution de prétera et dirigera le concerto pièces pour piano de Brahms Lise de la Salle © MarcoBorggreve / Naive n°5 de Beethoven, le 22 et Schumann elle improvisera novembre. Il sera accompagné sur des thèmes donnés par les par l’Academy of St Martin in the Fields qui proposera le même soir une personnes qui assistent au concert. Kirill Gerstein interprétera les célèbres Tableaux d’une exposition de Moussorgski ainsi que le Carnaval de Schumann et une pièce de Haydn en matinée du dimanche 24 novembre. Deux jeunes pianistes feront leur début au festival : Alexej Gorlatch et Nareh Arghamanyan respectivement le 20 et le 21 novembre en matinée. En même temps que le festival de musique classique, le Lucerne Festival «au piano» propose un festival de Jazz. Le mardi 19 novembre tous les pianistes (au nombre de neuf) se présenteront lors d’une soirée au KKL (le très beau centre de culture et de congrès construit par jean Nouvel). Ensuite ils s’éparpilleront dans les bars de la ville où ils joueront pendant cinq jours en alternance. Emmanuèle Rüegger Adam Laloum © Carole Bellaiche / Mirare a c t u a l i t é m u s i q u e le plus gothique qui soit. Mais les deux mots forment un raccourci éloquent : l’ORR va s’efforcer de rendre au mieux les couleurs et les accents de la musique écrite à la toute fin du XVIIIe siècle et au cours du XIXe, tout simplement, quitte à s’aventurer jusqu’au début du XXe comme l’a montré Pelléas et Mélisande à l’Opéra Comique en 2010. victoria hall, genève Révolutionnaire et romantique Un univers sonore inouï Après le Monteverdi Choir et The English Baroque Soloists, l’Orchestre révolutionnaire et romantique est le troisième outil forgé par John Eliot Gardiner pour interpréter les répertoires qui le passionnent. Sir John Eliot Gardiner L’Orchestre révolutionnaire et romantique a vu le jour en 1990, aussitôt dissipée la clameur du bicentenaire de 1789. Il est né de l’attachement de Gardiner aux instruments historiques et de son souci de restituer au mieux – par la disposition des pupitres, les phrasés, etc. – les musiques qu’il choisit d’interpréter. Mais il n’aurait peut-être pas existé sans la tendresse du chef anglais pour la musique française. L’intitulé de cet orchestre, alors que le précédent ensemble créé par Gardiner avait été baptisé The English Baroque Soloists, suffit à le prouver. Musique française Gardiner n’est pas à proprement parler un chef déterministe ; il n’aime pas Mozart parce qu’il annoncerait Beethoven. Mais c’est un chef qui croit à la tradition de la musique française qui, pour lui, « s’inscrit dans une lignée qui a pris son essor au cours du XIIe siècle avec a c t u Pérotin-le-Grand et persiste aujourd’hui même, malgré les soubresauts intervenus au cours des siècles ». Et puis : « De la musique de ce pays, celle que j’aime le mieux – en tant que chef d’orchestre ou simplement comme auditeur – est celle des compositeurs au moment où ils manifestent le plus clairement leur caractère français. La liste en est longue : elle commence par Claude Le Jeune et passe par Charpentier, Campra, Couperin (Louis et François), Rameau, Méhul, Berlioz, Gounod, Bizet, Chabrier, Fauré, Messager, Debussy, Ravel, Hahn, Poulenc, pour arriver à Messiaen et Dutilleux ». Révolutionnaire et romantique ? On peut contester ce rapprochement, se demander ce qu’il y a de révolutionnaire dans le romantisme (qu’est-ce que le romantisme, au fait ?), rappeler que pour Roger Norrington, autre chef anglais passionné par Berlioz, le XIXe siècle est a l i t Il va de soi aussi que l’ORR ne se limite pas à la musique française. Ses enregistrements d’Oberon de Weber ou du Paradis et la Péri de Schumann nous le rappellent avec éloquence. C’est pourtant avec Berlioz, peut-être, que Gardiner et son orchestre ont donné le meilleur d’eux-mêmes. La Symphonie fantastique, enregistrée dans le lieu même de la création de l’œuvre (la salle de l’ex-ancien Conservatoire, à Paris, devenu Conservatoire d’art dramatique), fut la première étape d’un cycle qui se poursuivit notamment avec Les Troyens au Châtelet qui nous plongèrent, avec les instruments de Sax prévus par le compositeur, dans un univers sonore inouï. (1) Il faut préciser que les concerts de l’ORR qui nécessitent des voix, sont toujours donnés avec le Monteverdi Choir, dont la plasticité et la qualité de diction (notamment en français) ne sont plus à dire. Gardiner a forgé là deux outils incomparables, dont le mariage n’a produit que des merveilles. Christian Wasselin (1) DVD disponible chez Opus Arte. 28 novembre : Migros-pour-cent-culturel-classics. ORCHESTRE RÉVOLUTIONNAIRE ET ROMANTIQUE, dir. Sir JOHN ELIOT GARDINER, RACHEL HARNISCH, soprano (Mozart, Beethoven). Victoria Hall à 20h Location : SCM 022/319.61.11 é 49 m u s i q u e quelque chose arrive de façon spontanée, je me laisse aller »), elle reconnaît aussi l’énorme importance des influences, sur tous les plans. Sur son chemin musical, elle a croisé de nombreux grands : Anne-Sophie Mutter, Gidon Kremer, Martha Argerich,… ou encore Sir Neville Marriner, Vladimir Ashkenazy, David Zinman ou Ivan Fischer…. Mais elle reste tout aussi réceptive au message d'un chanteur ou d'un politicien qu'à celui d'une personnalité du monde classique; elle cherche autant à s’imprégner d'un discours charismatique que d’une chanson touchante. temps & musique : vilde frang La jeune fille aux cheveux d’or Venue du Nord, la violoniste conjugue expérience et instinct. Rencontre avec une artiste qui cherche à élargir ses horizons. 50 Vilde Frang n’a pas atteint la trentaine. Elle est à un âge qui permet encore aux mélomanes et aux critiques de faire l’éloge de sa spontanéité, tout en s’émerveillant devant sa maturité. Née dans la contrée des fjords — dans ses veines coulent peut-être quelques gouttes de sang Viking — elle est devenue une jeune femme avec de la personnalité ! Telle une héroïne des pièces d’Ibsen, elle arbore tantôt un timide sourire d’adolescente charmeuse un brin mutine, tantôt une chevelure abondante couleur paille lui donnant un air de sorcière ou de femme fatale en transe, vivant carrément dans une autre dimension ! Visitez sa galerie de photos et vous aurez une idée de son tempérament… à peine, elle est invitée à se produire en soliste sous la baguette de Mariss Jansons, son choix se porte sur la Fantaisie sur le thème Carmen de Sarasate, plutôt que sur un concerto. La plupart des violonistes en herbe auraient opté pour un Mozart ou Mendelssohn ! Quelques années plus tard, elle quitte sa Norvège natale pour s’établir en Allemagne. « La Norvège c’est un peu comme la Suisse » compare-t-elle dans un entretien. « C’est un petit pays propre et sûr, où les gens sont un peu gâtés et n’ont pas de quoi se faire de soucis. Moi, j’ai besoin de soucis, de me battre et de résister. Ça fait partie de ma musique », explique cette battante. Une artiste se forge… Loin de chercher la facilité, Vilde s’est toujours créé des défis. Quand à l’âge de treize ans Si dans son jeu, elle se fie à l’instinct (« dans un concert j’attends toujours que Aujourd’hui et demain Vilde Frang aurait bien pu n’être qu’une des nombreuses jeunes étoiles prodiges qui brillent sur l’arène internationale, le temps du printemps de leur vie. Mais elle est bien déterminée à rester sur scène un peu plus longtemps ! En 2012 elle a reçu le prestigieux «Crédit Suisse Young Artist Award». La musicienne parcours le monde, enregistre pour de grands labels. En novembre, elle se produira à Genève en duo, avec Michail Lifits, un pianiste ouzbèque déjà comparé à Wilhelm Kempff. Et les ambitions de la jeune violoniste vont plus loin encore : Ne plus seulement explorer le répertoire pour son instrument, mais s’aventurer sur de nouveaux territoires et franchir les frontières des autres arts. Beata Zakes Temps & Musique au Conservatoire de Genève, le 11 novembre 2013 à 20h. VILDE FRANG (violon), MICHAIL LIFITS (piano). Sonates de Mendelssohn, Fauré, Mozart et Prokofiev. Information et réservation: +41 22 319 61 11 ou Billetterie Migros h t t p : / / w w w. c u l t u re l migros-geneve.ch Vilde Frang © Lillian Birnbaum a c t u a l i t é m u s i q u e quand l’ocg retrouve son ancien chef Le passé revisité avec Michael Hofstetter ! phonies de Eybler (avec l'OCG), et plus généralement qu'il souhaite faire vivre ses concerts. L'opérette L'homme ne se limite pas à un univers. Ses collaborations avec les chanteurs l'ont poussé vers d'autres esthétiques, plus récentes. Son parcours a été jalonné par la médaille Robert Stolz ! L'opérette avait fait partie de sa formation, mais la rencontre avec la veuve du compositeur/directeur a compté. La délicieuse dame âgée a été, selon ses dires, une guide essentielle pour pouvoir entrevoir les richesses de ce monde scénique, les choix d'interprétation, par-delà les années. A l'entendre, le succès d'un concert dépend de la capacité du maestro à tisser un réseau de fils entre les membres de l'orchestre; chaque fil est aussi voué à être le vecteur d'une émotion, transmise par le regard. Michael Hofstetter a-t-il été touché par les yeux de la charmante vieille dame ? Il est régulièrement l'invité des maisons d'opéra et des salles de musique ancienne. Portrait d'un chef allemand qui a passé de nombreuses années au bord du Léman. Né en 1963 dans un petit village bavarois, Michael Hofstetter est devenu un chef d'orchestre spécialiste de la musique baroque. Parcours A 14-15 ans, il assure déjà le service de l'orgue dans l'église paroissiale, aucun adulte ne s'étant montré disponible. Avec le culot d'un adolescent, il décide qu'un chœur l'accompagnera pour des concerts destinés aux villageois. Cette première expérience est un déclic : c'est sûr ! il sera musicien professionnel, conduira une phalange, et sera aussi le maître d'une fosse d'opéra. Les choses ne sont pourtant pas si simples : il faut quitter la campagne et partir pour Munich. Là, le jeune homme doit songer à une carrière plus assurée : la médecine. Mais ces études lourdes et contraignantes ne lui laissent guère de temps pour se consacrer aux partitions, même en amateur. Il ressent alors une sorte de « mal du pays de la musique » (comme il le dit) et décide tout de même de tenter sa chance dans le domaine artistique. Le Bavarois étudie le piano, l'orgue et la direction d'orchestre au Conservatoire RichardStrauss de Munich. Très vite, l'artiste trouve des débouchés professionnels. Après avoir dirigé l'Opéra de Passau durant deux ans, c'est un engagement comme chef d'orchestre de l'Opéra de Wiesbaden de 1991 à 1996. A partir de 1996, les contrats se multiplient : direction Berlin, avec de nombreuses représentations de La Veuve joyeuse et, cette même année, débuts en Suisse à l'Opéra de Bâle, dans Alcina ainsi qu'à l'Opéra d'Oslo avec La Flûte enchantée de Mozart... a c t u Et encore S'il veut rendre au passé son actualité, l'artiste ne néglige pas les partitions d'aujourd'hui, surtout si elles se nourrissent de références. Nul ne s'étonnera donc que dans ce programme, où il retrouvera des interprètes qu'il avait conduits entre 2001 et 2007, figure un concerto grosso de Schnittke. Le moderne tend la main à l'ancien. Michael Hofstetter © Patrick Sheedy Pierre Jaquet Un goût pour le baroque Ses choix se portent souvent sur le répertoire du XVIIIe siècle. Le concertiste aime diriger des opéras méconnus. Les mélomanes peuvent y voir une façon pour lui de trouver opportunément sa place au milieu d'une quantité importante de productions. Mais l'Allemand explique autrement ses choix: Le XVIIIe a été une époque de foisonnement opératique. Chaque auteur a voulu faire du nouveau, créer une mode. Chacun a eu ses succès, parfois très remarqués par le public, mais aussi souvent fort volatiles. Les airs à succès se sont fréquemment évaporés dans l'oubli... Le Konzertmeister veut retrouver ces paysages; c'est dans cet esprit qu'il a gravé les deux sym- a l i t Concert de soirée No. 2. Trompettes & Guerre. Avec l'Orchestre de Chambre de Genève, dir. Michael Hofstetter, le 19 novembre 2013 à 20 h, au Bâtiment des Forces Motrices Programme : Vivaldi (1678-1741) Concerto grosso en ré majeur RV 562a Schnittke (1934-1998) Concerto grosso n° 1 Pour deux violons, clavecin, piano préparé & cordes Biber (1644-1704) Sonate «la Battaglia» [email protected], tél. 022/807.17.90 ou www.ticketportal.com é 51 m u s i q u e concerts arts & lettres, vevey : saison 2013-2014 Zigzags musicaux Après un premier concert en octobre, la saison musicale d’Arts et Lettres se poursuit au Théâtre de Vevey avec deux concerts attendus en novembre et décembre, suivis de six autres entre janvier et fin avril 2014. Une programmation originale et très diversifiée. 52 La jeune violoniste Vilde Frang, associée au pianiste allemand d’origine ouzbek Michail Liftis, consacrera sa soirée veveysanne à deux des pages les plus marquantes du répertoire violon-piano : la première sonate de Fauré et la deuxième de Prokofiev. Un programme complété par deux autres sonates, celle, sublime, composée par Mendelssohn en 1838, redécouverte et éditée en 1953 par Menuhin, ainsi que la Sonate K.305 de Mozart, en deux mouvements, un brillant allegro précédant un andante avec thème et six variations (Samedi 2.11). Un mois plus tard, Maurice Steger, éminent spécialiste zurichois de la flûte à bec, et ses amis musiciens présenteront sous le titre d’Un follia di Napoli, un riche aperçu de l’abondante production musicale éclose dans cette ville vers 1725, notamment sous l’influence du flûtiste et compositeur allemand Johann Joaquim Quantz, qui séjourna à Naples à cette époque (Jeudi 12.12). Kit Armstrong © Jack Liebeck a De janvier à avril 2014 En janvier 2014, le récital du jeune prodige anglo-taïwanais Kit Armstrong pourrait bien faire date. Né en Californie en 1992, ce pianiste et compositeur surdoué, qui a aussi mené des études scientifiques à l’Université Pierre-etMarie-Curie à Paris, avait fait sensation au Festival de Verbier 2010. A Vevey, il défendra un programme très exigeant, avec des œuvres de J.S. Bach ( deux Prélude et Fugue, la Sonate en trio No 3, cinq Chorals), données en alternance avec des pièces de György Ligeti (Musica Ricercata 1 à 11 et quatre Etudes) (Mercredi 15.1). Formé à Vienne en 2006 par quatre jeunes Polonais, le Quatuor Apollon Musagète doit son nom à la danse du dieu Apollon avec les neuf muses, limitées à trois – Calliope, Polymnie et Terpsichore - dans le ballet homonyme composé par Stravinski en 1927-8. Précédée d’une flatteuse réputation, cette formation qui s’est déjà produite en Suisse, à Genève et au Festival de Lucerne, offrira une affiche entièrement tchèque, avec une Méditation de Josef Suk, deux Valses et l’imposant Quatuor No 11 de Dvorak. Ainsi que le sublime Quatuor No1, dit « Sonate à Kreutzer » que Leos Janacek aurait composé comme une sorte de plaidoyer musical en faveur de la femme adultère assassinée par son mari dans la nouvelle de Tolstoï (Jeudi 23.1). On ne présente plus le duo pianistique des sœurs Bahar et Ufuk Dörndüncu, bien connues pour la perfection, la densité et la cohésion expressive de leur jeu. Elles donneront deux pièces des Américains John Adams et Steve Reich : Hallelujah Junction (1996) de l’un, Piano Phase (1967) de l’autre. Deux grandes pages romantiques complèteront la soirée : la Fantaisie à 4 mains D. 940 de Schubert et les Variations sur un thème de Haydn de Brahms (Jeudi 6.2). c t u a A côté de sa carrière de concertiste, le violoniste autrichien Thomas Zehetmair est aussi le leader de la formation qui porte son nom, le Quatuor Zehetmair. Au théâtre veveysan, il jouera lui aussi le quatuor de Janacek sous-titré « Sonate à Kreutzer », ainsi que le dixième de Schubert (D.87) et celui de Debussy (Jeudi 13.3). Pédagogue renommée, professeur de violon baroque à Bruxelles, Mira Glodeanu a fondé l’ensemble Ausonia en 1998, avec le claveciniste Frédérick Haas. Au programme d’Ausonia, avec la soprano Raquel Andueza, des œuvres de Biber (des Sonates du Rosaire et les Mystères douloureux de la Passion), de Rosenmüller, de Froberger, de Frescobaldi (Maddalena alla Croce) et de Weekmann (Samedi 12.4). Mira Glodeanu © Jérémie Kerling C’est le Hindemith String Trio qui mettra en avril un terme à la saison 13/14 d’Arts et Lettres. Emmené par Latica Honda Rosenberg, ex-1er prix du concours Tibor Varga à Sion, ce trio violon-alto-violoncelle jouera le Trio No1 D.471 de Schubert, le Trio No1 (1924) de Hindemith, ainsi qu’une des plus belles pages de musique de chambre de Mozart, son grand Divertimento K. 563 (Mardi 29.4). Tous les concerts sont à 19h30. Yves Allaz musique@artsetlettres,ch www.theatredevevey.ch Tél. +41 21 925 94 94 l i t é m u s i q u e activités musicales à fribourg Réjouissante vitalité La vie musicale, en ville de Fribourg, connaît un nouvel essor depuis la fondation, en 2009, de l’Orchestre de Chambre Fribourgeois, que dirige Laurent Gendre. L’OCF organise sa propre saison de concerts, parallèlement à celle, centenaire, de la Société des Concerts. Eclatsconcerts, de son côté, met sur pied un cycle de trois soirées de musique contemporaine. Laurent Gendre conduira au Théâtre de l’Equilibre trois des quatre concerts d’abonnement de l’OCF, orchestre professionnel dont l’effectif de base est celui d’une formation de type « Mannheim », soit de 37 musiciens. En octobre, le pianiste Cédric Pescia était le soliste du premier concert. Le deuxième (jeudi 14.11) sera consacré à l’intégralité de la musique de scène du Songe d’une Nuit d’été de Mendelsohn. Le troisième se fera avec le renfort de l’Ensemble symphonique de Neuchâtel, pour la 9e Symphonie (samedi 23.11 et dimanche 24.11) pour celui de Mozart. Il donnera aussi des concerts dans diverses villes du canton de Fribourg et sera à l’Opéra de Lausanne (vendredi 17 et dimanche 19.1), après six représentations données à l’Equilibre, du Voyage dans la lune d’Offenbach. Il sera deux soirs à l’Octogone de Pully pour une reprise de Colors of Time du pianiste de jazz Thierry Lang (samedi 15 et jeudi 20.3) et à nouveau dans la fosse de l’Equilibre pour deux représentations de L’Amour masqué d’André Messager et Sacha Guitry par la compagnie Opéra-Louise (samedi 24 et mardi 27.5). A l’enseigne des « Hors-d’œuvre du dimanche », les musiciens de l’OCF ont aussi l’opportunité de se produire en formation chambriste dans un lieu superbe, l’Espace Culturel du Phénix , à la rue des Alpes. La Société des Concerts Laurent Gendre « du Nouveau Monde » de Dvorak et deux pages célèbres de Gershwin Un Américain à Paris et la Rhapsody in Blue, avec le pianiste Oliver Schnyder en soliste (mardi 11.3). Le quatrième concert a été confié à Chiara Banchini, à la direction et au 1er violon, pour des œuvres de Carl Philippe Emmanuel et Johann Christian Bach, et des frères Haydn, Joseph et Michael (vendredi 11.4). L’OCF sera aussi présent à Romainmôtier (dimanche 10.11) et à Bulle (mardi 19.11) pour le Requiem de Cherubini, à nouveau à Bulle a c t u De son côté, la vénérable Société des Concerts de Fribourg propose une importante série de soirées de musique de chambre et symphonique. En novembre (dimanche 3 et jeudi 21) et en avril (vendredi 4), le Trio Storioni, d’Amsterdam, donnera en trois séances l’intégrale des Trios avec piano de Beethoven. Le violoniste Bartek Niziol et le pianiste Pawel Mazurkiewicz joueront des œuvres de compositeurs polonais: des Duos de Wieniawski, de Bacewicz et de Szymanowski (mardi 21.1). La Südwestdeutsche Philharmonie Konstanz, conduite par Alexander Janos et avec en solistes Petru Luga à la contrebasse et Dana Ciocarlie au piano, interpréteront des œuvres roumaines d’Enescu, de Dragos Tara, de T. Rogaski et de P.Constantinescu (mercredi 27.11). L’Orchestre Symphonique de Berne et son chef Mario Venzago viendront en voisins jouer Wagner et Mahler (5e symphonie), avec Lena Neudauer, soliste du Concerto pour violon de Robert Schumann (samedi 22.3.). L’Orchestre de Chambre de Lausanne est invité à deux reprises, a l i t Lena Neudauer © Marco Borggreve une fois avec Julian Rachlin à la direction et au violon, et une fois en coproduction avec Espace 2, avec Eivind Gullberg Jensen à sa tête et Lucas Macias Navarro, hautbois, en soliste (mercredi 11.12). L’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, conduit par Christian Armin, donnera des œuvres d’Ysaÿe, de Bartok - 3e Concerto pour piano avec Dezsö Ranki - et la Symphonie en ré mineur de César Franck (mardi 20.5.). L’OCF et Laurent Gendre font aussi partie des invités. A leur programme, Bizet, Arriaga et Piazzolla, avec Michael Zisman au bandonéon (samedi 31.5). Enfin, à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Richard Strauss, le Brussels Philharmonic et son chef Michel Tabachnik joueront Mort et Transfiguration, Burlesque, avec la pianiste Lilya Zilberstein, et Ainsi parlait Zarathoustra (Ve 13.6). Eclatsconcerts En hommage à Norbert Moret, AnneSophie Mutter reprendra le Concerto pour violon « En rêve », qui lui est dédié et naguère enregistré pour DG. Elle sera accompagnée par l’OCL et Michael Francis, qui joueront aussi Ma mère l’Oye de Ravel et la Musique pour cordes, percussion et célesta de Bartok (mercredi 20.11). Les deux autres soirées d’Eclatsconcerts sont confiées au trio Carolin Widmann, violon, Jörg Widmann, clarinette, et Denes Varjon, piano (samedi 15.2), ainsi qu’au Quatuor Diotima (samedi 5.5). Yves Allaz Fribourg Tourisme Tél. +41 26 350 11 00 é 53 m u s i q u e à vernier et lausanne Jordi Savall Si c'est à un Catalan, Pablo ou Pau Casals, que l'on doit la popularité du violoncelle en tant qu'instrument soliste, c'est sans nul doute un autre Catalan qui a donné à la viole de gambe ses lettres de noblesse. 54 Que pour certains la découverte de cet instrument resté longtemps confidentiel, réservé aux mélomanes amateurs de musique ancienne, ait pu se faire par le truchement d'un film au succès imprévisible n'a au fond que peu d'importance et ne gênera que les puristes. Toujours est-il que l'on ne peut que se réjouir de la popularité de Jordi Savall, comme le soulignait il y a quelques semaines l'accueil chaleureux que lui a réservé bien au-delà de minuit un public conquis à l'occasion du festival d'Ambronay. Mais il est vrai que les étapes se ressemblent dans le tour d'Europe (avec escales aux EtatsUnis) du désormais célèbre gambiste, comme le démontrait également son passage estival à Rougemont dans le cadre du festival Menuhin de Gstaad. Homme de paix, désireux de souligner le rôle que la musique peut et doit jouer en lançant des projets réunissant des interprètes venus d'horizons divers (voir l'entretien dans Scènes Magazine no. 244 de juillet/août 2012), Jordi Savall propose notamment chaque été un festival voué aux courants musicaux les plus variés. Ainsi, l'abbaye de Fontfroide près de Narbonne a accueilli à plusieurs reprises des musiciens venus de tous les coins de la Méditerranée et en 2014, on pourra assister à des rencontres entre continents « puisque des musiciens des Balkans rencontreront des interprètes venus du Mexique pour y mêler leurs deux cultures dans une ambiance festive ». Ouverture Cette ouverture d'esprit caractérise les parutions d'enregistrements du label AliaVox créé en 1998 par Jordi Savall lui-même et c'est ainsi qu'il insiste sur l'importance qu'il porte à un récent cd consacré à la musique des Balkans (“Esprit des Balkans“), « une région conflictuelle, marquée par le fanatisme et les problèmes religieux et abandonnée par l'Europe mais d'une grande richesse et dont l'histoire mérite d'être mieux connue ». En projet pour l'année prochaine, « une collaboration avec des musiciens syriens qui sera un hommage et un message solidaire à ce pays, comme cela avait été fait avec des musiciens afghans il y a une dizaine d'années ». Et d'autres parutions discographiques récen- tes donnent une excellente idée de la volonté du musicien de porter un message d'ouverture et de réflexion : Esprit d'Arménie, Pro Pacem, Erasmus, Mare Nostrum ou encore Jerusalem, tout en continuant à défendre les compositeurs plus « classiques » qui l'ont fait connaître, qu'il s'agisse de Marin Marais De Machy, Couperin ou... Monsieur de Sainte-Colombe ! Plusieurs de ces enregistrements sont désormais accompagnés d'un véritable ouvrage « donnant des précisions de caractère historique ou philosophique, une façon de donner une autre dimension aux œuvres, en les situant dans le contexte historique de leur création », d'autant que souvent la musique a un lien étroit avec des périodes de guerres; ainsi la célébration de la Paix d'Utrecht, l'occasion de proposer un projet musical autour du tricentenaire du traité qui mit fin à la guerre de Succession d'Espagne, si importante pour les Pays-Bas, l'Espagne... et la Catalogne ! Vernier sur Baroque Alternant les concerts avec son ensemble fondé en 1974, Hesperion XX devenu XXI depuis l'an 2000, Jordi Savall proposera au mois de novembre deux passages en terre romande en compagnie d'un autre interprète. À Vernier il s'agira du luthiste et théorbiste Rolf Lislevand, partenaire de longue date - depuis plus d'un quart de siècle, puisqu'il fit partie des musiciens qui participèrent à l'aventure de Tous les matins du monde, l'incontournable référence cinématographique signée Alain Corneau. A l'affiche de Vernier, Folias y romanescas, un programme qui mêlera diverses compositions espagnoles « sur fond d'improvisation, une inépuisable source de réjouissante inspiration qui peut montrer toutes les facettes de la viole de gambe ». Ce qui l'amène parfois à signer lui-même quelques compositions dont il indique qu'il s'agit « de pièces créées à partir d'improvisations en prenant des mélodies que j'aime et à partir des quelles je développe des variations ». Du côté de Lausanne, Jordi Savall retrouvera Wieland Kuijken pour des Folies et concerts à deux violes, avec des œuvres de compositeurs français et anglais, autre occasion de partager des moments musicaux en commun avec celui qui fut une référence lorsqu'il décida de délaisser le violoncelle au profit de la viole de gambe. Ce que, sans aucun doute, nul désormais ne saurait regretter ! D'après des propos recueillis par Frank Fredenrich - Le 16 novembre, Salle des fêtes du Lignon à Vernier - Le 17 novembre à 18h à l’Eglise Saint-Laurent, Lausanne. Loc. 021 315 40 20 Jordi Savall © Laurent Thurin Nal e n t r e t i e n m u s i q u e vernier sur baroque Fêtes galantes La Compagnie Fêtes Galantes se produira à plusieurs reprises lors du festival, en proposant deux événements différents. La chorégraphe Béatrice Massin, qui dirige la compagnie, est une spécialiste de la danse baroque Le premier événement “dansant“ du festival Vernier sur Baroque aura pour thème Louis XIV, un Roi Danseur. Il s’agit en fait d’une conférence-spectacle, destinée au jeune public dès 7 ans, qui fait intervenir, en plus de la chorégraphe-conférencière Béatrice Massin, un claveciniste et un couple de danseurs. Elle aura lieu le 17 novembre à 15h à la salle des Fêtes du Lignon. Il est utile de souligner que la compagnie Fêtes galantes s’est fixé pour objectif de communiquer ses connaissances, de les partager avec son public, le dynamisme des échanges entre artistes et public donnant à la matière baroque sa vitalité. Ainsi Béatrice Masson se fera une joie de donner un aperçu de l’importance sociale de la danse à la cour de Louis XIV. La compagnie Fêtes galantes se produira également, toujours à la salle des Fêtes du Lignon, dans Un Air de Folies, un spectacle chorégraphique et musical pour cinq danseurs, un baryton et deux instrumentistes; celui-ci mêle des airs de cour composés par Guédron, Bataille, Boesset et Lambert aux Folies d’Espagne de Marin Marais. La forme brève de l’air de cour - qui offre des climats très divers - et l’écriture très concise des nombreuses variations des Folies d’Espagne permettent un montage ludique qui s’appuie sur des climats très différents. L’austérité des Folies d’Espagne est ici entourée d’airs à boire, de danses vives et de chants tendres. La chorégraphie et la mise en espace soulignent l’étroite relation entre la musique et la danse baroques. Cette chorégraphie sera donnée le 22 novembre à 20h et le 24 novembre à 15h. t u a - 7 novembre : LES NATIONS. Concert François Couperin, par Florence Malgoire, Serge Saitta, Anne-Marie Lasla, Olivier Riehl, Amandine Solano, Jonathan Rubin et Hadrien Jourdan. Salle des Fêtes du Lignon à 20h - 9 novembre : LES FABLES DE LA FONTAINE avec Alain Carré, Hadrien Jourdan, Silvia De Maria, Anne Millischer. Salle des Fêtes du Lignon à 16h30 - 10 novembre : LES CLAVECINS RÉUNIS. Hadrien Jourdan et Thilo Muster (Couperin, Le Roux). Salle des Fêtes du Lignon à 17h - 14 novembre : INTÉGRALE DES PIÈCES DE CLAVECIN EN CONCERT DE JEAN-PHILIPPE RAMEAU. Par Hadrien Jourdan, Denitsa Kazakova, Serge Saitta et Guido Balestracci. Salle des Fêtes du Lignon à 20h - 16 novembre : CONCERT FOLIAS & ROMANESCAS. Par Jordi Savall, viole de gambe et Rolf Lislevand, théorbe et guitare. Salle des Fêtes du Lignon à 20h - 22 et 24 novembre : UN AIR DE FOLIES, par la Compagnie Fêtes Galantes. Chorégraphie Béatrice Massin. Salle des Fêtes du Lignon, le 22 à 20h et le 24 à 15h «Un air de folies» par la Compagnie Fêtes galantes c Festival Vernier sur Baroque - 17 novembre : LOUIS XIV, UN ROI DANSEUR, par la Compagnie Fêtes Galantes. Chorégraphie Béatrice Massin. Salle des Fêtes du Lignon à 15h Informations et réservations : 022/306.07.80, www.vernier.ch a Hadrien Jourdan l i t é 55 m u s i q u e concert du dimanche Stephan MacLeod et Gli Angeli Après avoir dirigé « la » Saint-Jean dans le cadre des Concerts du dimanche en mars 2012, Stephan MacLeod reprendra le chemin du Victoria Hall à nouveau dans le cadre des concerts dominicaux pour proposer un programme composé de plusieurs Magnificats. 56 A l'affiche de ce concert du 17 novembre à 17 h, le Magnificat SWW 494 de Heinrich Schütz, le Magnificat D486 de Schubert, le Magnificat de Mendelssohn, le Magnificat RV 610 de Vivaldi et le Magnificat BWW243 de Jean Sébastien Bach. Les interprètes seront Maria Keohane (soprano), Aleksandra Lewandowska (soprano), Carlos Mena (alto), Valerio Contaldo (ténor), et... Stephan MacLeod (basse). Figure désormais bien connue de la vie musicale romande, mais également hors des frontières helvétiques de par ses nombreuses prestations avec des ensembles renommés, Stephan MacLeod multiplie les concerts, que ce soit en tant que chef d'orchestre et de chœurs ou également en tant qu'interprète. Baryton-basse il a chanté dans de très nombreux ensembles ou en tant que soliste sous la direction de chefs tels que Michel Corboz, Paul van Nevel, Gustav Leonhardt, Sijiswald Kuijken, Jos van Immersel, Reinhard Goebel et a également participé à plus d'une soixantaine d'enregistrements allant des polyphonies de la Renaissance à l'œuvre vocale de César Franck. Très prochainement, il participera en tant que chanteur à deux concerts consacrés à la Trauermusik de Johann Ludwig Bach à Genève (le 2 novembre à l'Eglise de la Madeleine) et à Lutry (Temple de Lutry) avec La Chapelle Vocale que dirigera Gonzalo Martinez. On le retrouvera en tant qu'interprète dirigé par Philippe Herreweghe à la tête du Collegium Vocale de Gand pour un programme consacré aux Psaumes Davids de Schütz lors d'une tournée en Belgique, à Riga, Amsterdam et Paris. La fréquentation de toutes les grandes compositions vocales du répertoire en tant qu'interprète l'a amené à créer en 2003 son propre ensemble désormais bien connu à Genève, Gli Angeli. Petite formation « à géométrie variable », cet ensemble se spécialise dans le répertoire des XVIIe et XVIIIe siècles et s'est particulièrement fait apprécier pour une intégrale en cours des Cantates de Jean-Sébastien Bach, un projet soutenu par le Département de l'Instruction Publique genevois, ce qui est notamment justifié par le développement d'une activité pédagogique de sensibilisation à la musique destinée à des élèves du primaire et du secondaire sous forme de stages et de concerts. Depuis le premier concert de l'ensemble donné lors du Festival Amadeus à Meinier, et en dehors de nombreux rendez-vous musicaux avec le Kantor de Leipzig, Gli Angeli ont notamment participé à la production de La Calisto de Cavalli dans une mise en scène d'Alain Perroux au Théâtre du Loup. Deux enregistrements ont ponctué l'activité des Anges, l'un est consacré à des compositions de Johann Christoph Bach, Telemann, Buxtehude, Bruhms et Jean Sébastien Bach (German Baroque Cantatas - Sony Vivarte), l'autre à Jean Sébastien Bach, Buxtehude et Telemann (German Baroque Cantatas, vol. 2 – Sony Vivarte). Après ce concert automnal, on retrouvera Stephan MacLeod et Gli Angeli en février 2014 au Temple Saint-Gervais (intégrale de Cantates de Jean Sébastien Bach, concert no 26), puis le 5 avril de nouveau au Victoria Hall pour « la » Saint-Mathieu et le 23 mai au Temple SaintGervais pour des œuvres de Johann Hermann Schein. Frank Fredenrich Stephan MacLeod a c Rens. 0800 418 418 t u a l i t é m u s i q u e activités musicales du mois de novembre Agenda genevois Coup d’œil sur la programmation qu’offrent les scènes genevoises en ce mois de novembre qui verra, assurément, le brouillard s’emparer de la ville... Deux événements marquants se tiendront, en ce mois de novembre, au Grand Théâtre de Genève. D’une part, la soprano Soile Isokoski offrira un récital le 17 novembre avec des œuvres d’Hindemith, Grieg, Bernstein et Strauss ; d’autre part, la Tétralogie de Wagner débutera dès le 7 novembre avec Les Walkyries. Cette nouvelle production, signée par Dieter Dorn, verra Petra Lang dans le rôle de Brunnehilde, Will Hartmann comme Siegmund ou encore Tom Fox en Wotan. L’Orchestre de la Suisse Romande sera dirigée par Ingo Metzmacher. La formation promet en outre deux beaux concerts symphoniques à la fin du mois, au Victoria Hall. Le premier, le 20 novembre, réunira Yuri Termikanov à la direction et Emanuel Ax au piano dans une soirée à ne pas manquer, où seront interprétés le Concerto pour piano No 5 de Beethoven et la Symphonie No 2 de Brahms. Le 27 novembre, l’OSR retrouvera son directeur artistique Neeme Järvi, dans son répertoire fétiche : la Symphonie No1 de Sibelius est en effet annoncée ainsi que la Symphonie No3 de Pärt Arvo, alors que la soprano Deborah Voigt s’attaquera aux Wesendonck Lieder de Wagner. L’Orchestre de Chambre de Genève donne également rendez-vous le 19 novembre, au Bâtiment des Forces Motrices, pour écouter Vivaldi (Concerto grosso en ré majeur RV 562a), Schnittke (Concerto grosso N° 1), Biber Emmanuel Ax © Mark Shapiro a c t u (Sonate «la Battaglia») et Haydn (Symphonie N° 100 en sol majeur, «Militaire»), dirigées par son ancien chef titulaire Michael Hofstetter. Auparavant, le 3 novembre, et dans le cadre du Wagner Geneva Festival, la même formation accompagnée par le Sinfonietta de Lausanne et le trompettiste Raphäel Duchateau, et dirigée par Alexandre Mayer, proposera des œuvres de Wagner et Lenot. Deborah Voigt Le dimanche 10 novembre, l’Orchestre Symphonique Genevois, avec à sa tête Hervé Klopfenstein, interprétera le Requiem de Giuseppe Verdi au Victoria Hall. Le compositeur italien sera d’ailleurs aussi au programme de la soirée du 30 novembre, dans la même salle, où l’Orchestre des Nations Unies dirigé par Antoine Marguier se propose d’exécuter quelques airs extraits de Rigoletto, La Force du Destin ou de La Traviata ; Savika Cornu, soprano, et Julien Dumarcey, baryton, en seront les protagonistes. A ne manquer enfin sous aucun prétexte la venue de Sir John Eliot Gardiner et de l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique le 28 novembre prochain, avec la soprano a l i t Michail Lifits Rachel Harnisch, qui interpréteront notamment deux symphonies de Beethoven, les No 8 et 2. Le Concert du dimanche de la ville de Genève accueille, le 17 novembre au Victoria Hall, l’ensemble Gli Angeli Genève placé sous la direction de la basse Stephan MacLeod. Au menu, Schütz, Schubert, Mendelssohn, Vivaldi et JS Bach. Stephan MacLeod sera également au Victoria Hall le 12 novembre avec Bénédicte Tauran, Mi-Young Kim, Valerio Contaldo et l’Ensemble Cantatio dirigé par John Duxbury, dans des œuvres de Beethoven et Haydn. Les amateurs de musique de chambre se retrouveront au Conservatoire de Musique de la Place Neuve le lundi 25 novembre, pour y écouter l’incontournable Cuarteto Casals, qui jouera les quatuors No 3, 6 et 15 de Schubert ; ils se lèveront également le dimanche 10 novembre pour aller écouter, à 11h au BFM, l’Ensemble de musique de chambre de l’OSR, qui jouera des œuvres de Mozart, Glinka et Brahms. Toujours au Conservatoire de Musique, le 9 novembre, le Quatuor Ebène sera accompagné par le pianiste Menahem Pressler et le contrebassiste Benjamin Berlioz; et le 11 novembre, la violoniste Vilde Frang et le pianiste Michail Lifits interpréteront Mendelssohn Bartholdy, Fauré, Mozart et Prokofiev. N’oublions pas le Festival Vernier sur Baroque qui accueillera entre autres, le 7 novembre à la salle des Fêtes du Lignon, Les Nations, un concert François Couperin; le 10 novembre, le concert Les Clavecins Réunis sera servi par Hadrien Jourdan et Thilo Muster. Enfin, le 16 novembre, ce sera au tour de Jordi Savall à la viole de gambe, et de Rolf Lislevand à la théorbe et à la guitare, de propose un concert Folias & Romanescas. é 57 SAISON 2013—2014 Théâtre des Marionnettes de Genève LES LOIS DU MARCHÉ NOVEMBRE Adultes, ados 2 au 24 novembre 2013 Entre le rire et le pire, une usine de jouets en or. ME 6 – CIAO AMORE de Jérôme L’Hotsky avec Christophe Alévêque JE 14 – LE COUPERET d’après Donald Westlake ME 20 – LA RELIGIEUSE de Diderot GRAND-PÈRE De 1 à 3 ans 6 au 24 novembre 2013 Un malicieux grand-père poète va décrocher la lune. VE 29 – RÉCITAL PIANO de Cédric Pescia DÉCEMBRE MA 3 – COLORATURE de Stephen Temperley MA 10 – KUSS QUARTETT Musique Classique tm g es nnett mario JE 19 – LE NEW LYRIQUE BOYS BAND Humour Musical L’OISEAU CHANTEUR Dès 4 ans 30 novembre au 18 décembre 2013 Un oiseau merveilleux réveille une vie colorée. Rue Rodo 3 – Genève 022 807 31 07 www.marionnettes.ch DOUBLE POINTS : VERDI ICKamsterdam — CHORÉGRAPHIE EMIO GRECO | PIETER C. SCHOLTEN MERCREDI 4 & JEUDI 5 DÉCEMBRE — 20h SALLE DES FÊTES DU LIGNON GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE 39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH Place du Lignon 16 — Vernier Ville de Lancy République et canton de Genève Service de la culture — 022 306 07 80 www.vernier.ch/billetterie m u s i q u e à strasbourg Trente ans de Musica Musica, le Festival international des musiques d’aujourd’hui de Strasbourg, fête ses trente ans. Il reste fidèle à lui-même et à sa vocation. C’est ainsi, comme pour ce premier week-end d’ouverture, que les créations se bousculent, mises en regard d’œuvres emblématiques. L’ouverture, solennelle au Palais de la Musique, revient à l’Orchestre symphonique de la radio de Baden-Baden et Fribourg, et à son récent chef titulaire, François-Xavier Roth. Pour l’occasion sont proposées une création française et deux créations mondiales. Pas moins ! La première s’intitule Limited Approximations, composée par Georg Friedrich Hass en 2010, rassemblant en sus d’un orchestre monstre, six pianos. Ceux-ci sont accordés au douzième de ton, donnant une sorte de sonorité étale, quasi indistincte de celle des autres instruments. Effet voulu. Et l’ensemble dégage une belle couleur. Les deux créations effectives reviennent à deux compositeurs français, Marc Monnet et Yann Robin. La première, Mouvement, imprévus, et… pour violon, orchestre et autres machins (sic !), se veut un concerto pour violon (Tedi Papavrami, soliste) à l’échelle de notre temps. On retrouve la patte du compositeur, son humour et son goût sonore, même si l’ouvrage semble à partir d’un certain moment tourner en rond. Monumenta de Robin apparaît la plus séduisante pièce des trois : associant force et expression à travers une recherche de coloris. L’orchestre et le chef confirment des vertus d’exception qu’on leur connaissait déjà. inculture crasse ! Il est temps de le dénoncer ! Mort d’un orchestre ? objets-instruments inattendus, joliment et discrètement travaillés par sons synthétiques. Contre toute attente : un vrai plaisir des ouïes ! L’après-midi est occupée, au Théâtre national de Strasbourg, par la Nuit hallucinée, opéra, ou plutôt mélodrame, de Sebastian Rivas, pour ensemble instrumental (l’Ensemble Multilatérale) récitant (Charles Berling) et chanteuse : un peu laborieux au départ et qui prend une belle expansion lyrique sur la fin grâce à la soprano Isabel Soccoja. Ce simili-spectacle est précédé de deux pages : Trame XI de Martin Matalon, un peu lourd, et Entrelacs de Yan On comprend alors d’autant moins le sort actuel réservé à cette magnifique phalange, dont le passé prestigieux remonte aux années 30 et qui a connu les plus grands chefs : appelée à être dissoute, en raison de diktats des politiques du Land concerné ! Qui a dit que l’Allemagne vivait actuellement une prospérité économique ?… En tout cas, les équipes de football locales ne semblent pas, elles, inquiétées par les nouvelles économies budgétaires… En Allemagne, comme en France du reste ou ailleurs, les hommes politiques montrent leur a c t u Marathon Le jour suivant fait figure de marathon musical, avec trois spectacles qui se succèdent. La fin de matinée se donne à “ Concerts sous casque ”. Dans une petite salle de l’Aubette, sur la place centrale de la ville, les auditeurs sont conviés à se poser sur des coussins et se munir d’un casque. Un peu déroutant de prime abord. Mais très vite la séduction l’emporte. La pièce proposée par la “ Muse en circuit ” et des microcaptations, à partir de morceaux choisis du compositeur disparu Luc Ferrari, glisse avec délectation sur les oreilles, grâce à la voix susurrée de diseur exceptionnel de David Jisse et des petits Trio Arbos © Camille Roux / Musica a l i t Maresz, belle pièce emportée, avec les mêmes instrumentistes toujours sous la direction attentive de Kanako Abe. La soirée, à la Cité de la Musique, reprend la production, créée au dernier Festival d’Aix, de l’opéra The House Taken Over de Vasco Mendonça. Osons parler de déception. Sous cette réserve qu’il s’agit d’un travail d’école, dans le cadre de l’Académie d’Aix précisément. La musique serait du sous-Britten, et la mise en scène de Katie Mitchell, de cette histoire d’un frère et d’une sœur cloîtrés dans leurs habitudes, fait aussi un peu travail scolaire avec son décor de maisonnette et ses gestes convenus. Et on ne comprend toujours pas pourquoi cet opéra, tiré d’une nouvelle en espagnol de Julio Cotázar et située en Argentine, composé par un Portugais et destiné à un public français, est sur un livret en anglais ! Autre naïveté… Mais les interprètes, les chanteurs Edward Grint et Kitty Whately, les instrumentistes de l’ensemble Asko/Schönberg sous la direction d’Étienne Siebens, s’en tirent avec les honneurs. Concerts dominicaux Le dimanche matin, à la salle de la Bourse, convie le Trio Arbós, magnifique ensemble. Il égrène : le croquignolet Trio de Georges Aperghis, celui chamanique de Toshio Hosokawa, le quelque peu bavard Füfzehn Bagatallen d’Ivan Fedele et le volubile Lied ohne Worte de Michael Jarell. Ou, un bel éventail des compositeurs d’aujourd’hui, toutes esthétiques et nationalités confondues. L’après-midi invite au voyage. Concrètement et esthétiquement. Puisque l’Orchestre philharmonique de Strasbourg fait le déplacement à Saverne. Dans l’Espace Rohan, niché dans le château baroque de même nom et perle architecturale de la ville, le programme se veut nordique. Grieg (Deux mélodies élégiaques) et Sibelius (Rakastava), deux classiques, tiennent compagnie au bucolique l’Aile du songe de Kaija Saariaho et à l’acrobatique Arena de Magnus Lindberg, deux autres classiques mais de notre temps. Les uns et les autres sont servis avec délectation par des instrumentistes galvanisés par Baldur Brönnimann. Pierre-René Serna é 59 a i l l e festival berlioz u r s cannes Belles restitutions Métamorphoses L’ouverture du Festival Berlioz de La Côte-Saint-André a misé assez fort, avec le dernier ouvrage lyrique de Berlioz : Béatrice et Bénédict. C’est même la toute première fois que ce festival, né il y a exactement vingt ans, s’attaque à l’un des opéras du compositeur originaire de cette bourgade à mi-chemin entre Genève, Lyon et Grenoble. 60 L’ambition n’était pas démesurée, et la restitution musicale s’en est révélée parfaitement digne, au-delà de toutes réserves. Celles-ci émaneraient plutôt du côté des choix qui ont présidé à la soirée. L’idée d’une mise en espace était en soi judicieuse. D’autant que Lilo Baur s’acquitte avec un certain brio des mouvements tournoyants de la petite foule chorale, entre un arrière-plan de fond de scène, une passerelle centrale et une avant-scène découpant un orchestre à même le plateau. Mais devant la difficulté de dernière minute d’imposer aux chanteurs, sans l’aide d’un pupitre, tout à la fois leur partie musicale et leurs dialogues parlés, il a été opté pour une solution bâtarde : remplacer lesdits dialogues par un texte apocryphe de liaison, aussi lourd qu’empêtré, mal dit par un récitant. L’ouvrage en ressort irrémédiablement défiguré. À tel point, d’après un rapide sondage, que bien des spectateurs ne saisissaient guère plus rien des soubresauts de ce pétulant marivaudage inspiré du Much ado about nothing de Shakespeare. Dommage ! Car musicalement, le miracle s’est accompli. Le Jeune Orchestre Européen Hector-Berlioz reste toujours le plus bel acquis de ce festival. L’ouverture virevoltante du petit opéra-comique surgit ainsi encore incertaine et verte – normal ! pour de juvéniles musiciens, serait-on tenté de croire. Mais, très vite ensuite, la verve s’impose, pour ne plus se relâcher. Dans ce jeu poussé à son extrême d’effleurements insaisissables, qui font le sel inimitable de Béatrice, les instruments, souvent individualisés et à découvert, s’emportent ou s’épanchent avec une aisance confondante. Le chef, pourtant, ne ménage pas ses troupes : dans des tempos vifs, mais sans rubato déplacé, des mises en valeur de pupitres comme autant de solistes. Bravo ! à Roth et à son valeureux orchestre qui s’affirme une magnifique réussite, le clou incontestable, édition après édition, de ce festival. Le plateau vocal, constitué pour la plupart également de jeunes et talentueux interprètes, n’appelle lui aussi que des éloges. Isabelle Druet (Béatrice), JeanFrançois Borras (Bénédict), Marion Tassou (Héro), Aude Extrémo (Ursule), Philippe Ermelier (Somarone), Thomas Dolié (Claudio) et Luc Bertin-Hugault (Don Pedro) délivrent l’assurance et un bagout de circonstance, dans une volubilité pourtant ici aussi soumise à rude épreuve. Les chœurs, Chœur Britten et Jeune Chœur Symphonique, se révèlent tout autant en phase. Le lendemain, place à un récital de piano dans le cadre de l’intégrale des sonates de Beethoven prévue au long du festival par François-Frédéric Guy, avec l’opus 10, trois sonates de jeunesse transmises comme neuves sous des doigts acerbes. En soirée, l’Orchestre de Lyon fait le déplacement pour un programme associant l’Île des morts de Rachmaninov, la Totentanz de Liszt et la Symphonie fantastique. Trois œuvres réunies par une même thématique, celle du diabolique Dies Irae, et par une même ardeur scrupuleuse sous la baguette éclairée de Leonard Slatkin et le piano transcendé de Bertrand Chamayou (soliste du Liszt). Pierre-René Serna a c t Victor Hugo Pontes, Shen Wei : ces danses-là, animées par la glaise mouvante de fertiles imaginaires dessinent des perspectives plastiques, ludiques et sensorielles au Festival de danse de Cannes. La version du Sacre due au Chinois Shen Wei recueille avec une même obsession, sur sa toile de grille au sol impressionnée de peaux en formes de pinceaux d’écriture, le récit d’ellipShen Wei Danse Arts «Near the Terrace» © Stéphanie Berger ses, de furtifs et légers déplacements par ins-tants en pointes, de rotations décalées en duos, trios et quatuors. Une cartographie appliquée à des danseurs parfois électrons libres girant sur eux-mêmes. S’il est un univers empreint d’abstraction, il trouve ici sa formulation métronomique la plus parfaite. Un panorama qui va du micro – le plus petit de la matière atomique, cellulaire – au macro – la voute céleste représentée par d’énergiques étoiles filantes, de magnifiques danseurs. Ces tableaux visuels qui forment autant de points séparés que de tutti telluriques se retrouvent dans Near the Terrace qui déploie un vaste paysage cinétique puisant dans l’œuvre du Surréaliste belge Paul Delvaux. Sur la musique en suspension d’Avro Pärt, glissent des fantômes, bustes dénudés et corps depuis la taille froissés dans de vastes tuniques gangues plissées. Défilent ainsi des errants et gisants sculpturaux, songes beckettiens sillonnant l’espace intercalaire entre plusieurs mondes et s’effondrant sur soi comme flammes glacées au fil scénographique d’une veduta sur l’au-delà. Pour A Ballet Story, le chorégraphe lusitanien Victor Hugo Pontes pose sur une grande feuille blanche une danse qui surgit sur la musique de David Chesky. Cet Américain multiprimé excelle à combiner des touches de jazz avec des épices latines et des compositions classiques-contemporaines. De bondissements en rebondissements, le corps se fait volontiers toonesque, burlesque, si ce n’est inquiet. Par certains aspects, A Ballet Story apparaît comme l’incertain mash-up entre l’organique à langues tirées d’un Jan Fabre, le geste plasticien et photographiquement suspendu dérivé d’un Edouard Levé et le décalé des danses populaires dû à Marco Berrettini. Ainsi les portés sont-ils somnambuliques, les secousses se révèlent habilement retenues ou spasmodiques et les anatomies peuvent se fondre dans les sweats à capuches jusqu’à en oublier les jambes. Un univers fantastique qui ouvre sur des déhanchements obsédants. Les danseurs composent des nuées, un maillage, voire une collusion animale où la forme humaine semble se diluer dans l’indéterminé cher à Henri Michaux. Bertrand Tappolet Festival de Danse. Cannes. 19-24 novembre : Rens. : www.festivaldedanse-cannes.com u a l i t é ailleurs lyon Chronique de spectacle vivant La Maison de la Danse, à Lyon, aime à inviter, annuellement, un(e) chorégraphe chevronné(e) : en 2012-2013, Anne-Teresa de Keermsmaeker y fêta les 30 ans de Rosas ; et cette saison, Carolyn Carlson. Durant une semaine, deux spectacles (Inanna et Dialogue with Rothko) mais aussi une classe de maître avec les danseurs du CNSMD de Lyon et Poetry Event, une improvisation devant certaines créations plastiques que la Biennale d’art contemporain présente à La Sucrière. Dialogue with Rothko, solo de 70 minutes, laisse également pantois. Questionnant la toile Black, Red and over Black and Red et aidée par l’œil fin de Yoshi Oïda, Carolyn Carlson rappelle que comme dans Inanna, elle dispose et travaille un don rare chez les chorégraphes : sculpter et habiter l’espace scénique comme un plasticien marque et hante l’espace graphique. Tout simplement, inoubliable. Côté théâtre, au lyonnais Théâtre des Célestins, Claudia Stavisky a monté Chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams. Moins que la poisseuse atmosphère du Mississipi, elle y fait surgir deux puissantes sources théâtrales : un fatum imprescriptible issue de la tragédie antique grecque et l’art de Tchekhov. Un plateau de comédiens ad hoc accroît la pertinente cohérence de ce double choix dramaturgique. Frank Langlois «Innana» de Carolyn Carlson © Euan Burnet-Smith Dans Inanna (2005), Carolyn Carlson entrelace une méditation sur l’homonyme déesse sumérienne et un hommage à la newyorkaise Francesca Woodman « porteuse des idéaux révolutionnaires des années 70 » et qui « a laissé un magnifique travail photographique sur les femmes ». Pour cette pièce à sept danseuses qui questionne le féminin, elle a rassemblé autant de complexions dissemblables qui résument le genre féminin. Les lumières (Rémi Nicolas) et la scénographie (Euan Burnet Smith), saisissantes, évoquent un hymne à la Nature que la chorégraphe californienne a toujours méditée. Plus que dans bien de ses œuvres, une expressivité théâtrale, ici au premier plan, unit l’écriture chorégraphique, riche en solos et duos. Une bouleversante palpitation de vie rappelle combien Carolyn Carlson a constitué, pour chacune de ses sept danseuses, une écriture singulière où l’improvisation a joué un rôle majeur. «Via Sophiatown» par Via Katlehong © John Hogg Brèves de novembre à Lyon Danse Maison de la Danse de Lyon, deux compagnies sud-africaines : - du 5 au 8 novembre : Via Katlehong, ahurissante de vitalité ; - le 18 novembre : Mamela Nyamza, avec sa troupe Soweto’s Finest, engagée et téméraire (www.maisondeladanse.com ; 00 33 472 781 818) Opéra de Lyon : Marcia Barcellos (chorégraphie) et Karl Biscuit (musique et vidéographie) s’associent pour créer Atvakhabar Rhapsodies, fantasmagorie chorégraphique nourrie de bande dessinée, de jeux vidéo et d’installations sonores. (www.opera-lyon.com ; 00 33 469 855 454) Théâtre au Théâtre national populaire, du 26 au 30 novembre : Le silence du Walhalla d’Olivier Balazuc ; mise en scène : Richard Brunel (www.tnp-villeurbanne.com ; 00 33 478 033 030) au Théâtre des Célestins, du 26 au 30 novembre : Les arrangements de Pauline Sales ; mise en scène : Lucas Hemleb (www.celestins-lyon.org ; 00 33 472 774 000) a c t u a l i t é 61 ailleurs châlons-en-champagne War on Screen La première édition du festival de cinéma War on Screen a bien eu lieu. Consacré au thème de la guerre, ce nouveau festival international de cinéma, premier du genre, a suscité la curiosité du public champenois qui avait accueilli avec frilosité l'annonce d'un nouvel événement culturel lié à ce thème. 62 L'intention des organisateurs n'était pourtant pas de créer un festival du film de guerre. Le thème était à entendre au sens large de « conflit » : le festival accueillerait tout film qui n'existerait pas sans un conflit (impliquant au moins un état), qu'il soit à l'avant ou à l'arrièreplan. Ancrer un tel festival à Châlons-enChampagne est apparu comme une évidence aux organisateurs, pour des raisons historiques mais également culturelles : il n'existait pas jusqu'alors de festival de cinéma dans la région de Champagne-Ardenne (alors que le CNC en dénombre plus de 200 en France), et le Pays de Châlons nouvellement créé souhaitait fédérer son territoire autour d'un projet culturel. Cette idée paraît judicieuse, à un an des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale ; le festival a d'ores et déjà été retenu comme projet essentiel par la Mission du centenaire. Mais la pertinence d'une telle manifestation saute aux yeux lorsque l'on considère le nombre de films ou de productions télévisuelles ou vidéoludiques – le festival s'intéressant à tous les types d'images – au cœur desquels se trouve un conflit, déclaré ou latent. Les multiples conflits du vingtième siècle ont été filmés, puis représentés au cinéma, et ces images innombrables ont façonné la représentation que nous nous faisons de la guerre. Interroger celles-là pour mieux comprendre celle-ci, telle est l'ambition du festival War on Screen. Pour désamorcer la réticence qu'un festival consacré au thème de la guerre pouvait rencontrer dans une région dont l'histoire fait qu'on l'y associe spontanément déjà, les organisateurs ont voulu montrer, dans une rétrospective intitulée « Rire et guerre », que la guerre ne donnait pas a systématiquement lieu à des représentations dramatiques. Se côtoyaient des films aussi différents que La Soupe au canard, To Be or Not to Be, La Vie de château, Monty Python : Sacré Graal ! et M*A*S*H. Une autre rétrospective était consacrée aux films de Robert Aldrich. Sous la loupe Le festival prenait également sous la loupe deux événements, la guerre de Stalingrad et la crise d'Octobre qui eut lieu au Québec en 1970, confrontant des films de nationalités différentes dans le premier cas, d'époque et de genre différents dans le second. Toute une section du festi- Grand Prix du Jury : «Roza» de Wosjciech Smarzowski val était dévolue aux archives, et on a pu découvrir avec émerveillement les documentaires de Serge Viallet, le créateur de la série Mystères d'archives sur Arte. Dans ces documentaires, Serge Viallet revient sur des images connues de tous, liées à d'importants événements du vingtième siècle, et retrace l'histoire de leur fabrication et de leur assemblage pour révéler le dessous des cartes. Les images paraissent neutres, transparentes, évidentes, mais des choix ont présidé à leur capture : on voit ce que l'on veut bien voir, comme ces cameramen filmant les foules en liesse lors de la libération de Paris, prêts à de légères manipulations pour rapporter aux Etats-Unis des images conformes à leurs attentes, montrant la reconnaissance du peuple français pour les soldats américains. c t u a Festival international, War on Screen s'est doté de deux compétitions, l'une de longsmétrages et l'autre de courts. Un jury présidé par l'actrice Hiam Abbass a primé le film polonais Rose et décerné une mention spéciale à un documentaire allemand intitulé Camp 14 – Total Control Zone, distingué également par le prix du public. Ce film remarquable recueille le témoignage de Shing Dong-Huyk, un jeune homme né dans un camp de concentration pour prisonniers politiques où il a vécu toute sa vie avant de s'en échapper à 23 ans. De même qu'il lui était difficile d'imaginer alors un monde extérieur, sinon par le témoignage des nouveaux arrivants, de même il nous est presque impossible de nous figurer ce à quoi ressemble l'existence des centaines de milliers de prisonniers politiques nord-coréens. Aussi le réalisateur a-til choisi d'illustrer le récit de Shing Dong-Huyk au moyen d'images animées d'une grande simplicité, qui donnent à sentir l'horreur des camps sans jamais se substituer au témoignage. Mark Wiese, le réalisateur de ce film, a su trouver la distance juste, et livre un documentaire d'une grande finesse. C'est là notre coup de cœur du festival, avec deux films plus anciens dont l'éloge n'est plus à faire : le superbe Requiem pour un massacre d'Elem Klimov (1985) et l'impressionnant Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino (1978), deux films d'une grande force : beaux, violents et bouleversants. C h â l o n s - e n Champagne, qui l'eût cru ? Le cœur de cette ville de province un peu morne s'est mis à battre plus vite, une semaine durant. Les spectateurs ont afflué, plus nombreux qu'à l'accoutumée et de jour en jour plus séduits par les projections, les tables rondes et les dégustations de champagne. La Licorne, l'un des principaux bars de Châlons, est resté ouvert jusqu'à 2h du matin, chose inédite dans les annales. La deuxième édition, qui sera centrée sur la Première Guerre mondiale tout en continuant d'explorer d'autres aspects cinématographiques du conflit, s'annonce passionnante. Le rendezvous est déjà pris. Julien Roche War on Screen. Festival international de cinéma 1ère édition – 2-6 octobre 2013. Châlons-en-Champagne l i t é Dmitry Bocharov, comédien [ spectacle en russe surtitré en français ] JE SUIS UNE CRÉATION DE TATIANA FROLOVA ÉQUIPE ARTISTIQUE ELENA BESSONOVA DMITRY BOCHAROV, VLADIMIR DMITRIEV HÉLÈNE CHAMBON, SOPHIE GINDT TANIA MOGUILEVSKAIA, VLADIMIR SMIRNOV COPRODUCTION THÉÂTRE KNAM / EN COMPAGNIE D’EUX LES CELESTINS DE LYON / LE POCHE GENÈVE / SCÈNE NATIONALE ANDRÉ MALRAUX / AVEC LE SOUTIEN D’INTERREG FRANCE-SUISSE THÉÂTRE LE POCHE www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros 13 NOVEMBRE > 1ER DÉCEMBRE 2013 CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE) LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD) PARTENAIRES MEDIAS : LEPROGRAMME.CH & LES NOUVELLES Tatiana Frolova, auteur et metteur en scène ( Thé âtre d o cument ai re et pol i ti qu e ) l i v r e s quentin mouron La Combustion humaine Dans un célèbre passage des Pensées, Blaise Pascal écrit que nos opinions vont « se succédant du pour ou contre, selon qu'on a de la lumière » ; deux individus qui professent la même opinion ne le font pas forcément pour la même raison, et l'un a peut-être plus de lumière que l'autre. Dans la gradation des opinions, on trouve celle du « demi-habile », qui se caractérise par le rejet fanfaron des conceptions naïves et populaires. Le demi-habile se fait fier de se distinguer de la masse, mais il se trompe lui-même car il ne s'aperçoit pas que l'opinion de la plèbe peut être légitime si on la considère d'un autre point de vue – qui est celui de l'habile. 64 Le roman est à la littérature ce que la demi-habilité est à la connaissance, du moins lorsqu'il fait une large place à la satire et se propose de percer à jour les apparences. La Combustion humaine est un roman de ce type, dont les ambitions sont clairement affichées : « L'éditeur, qui croyait avoir de la vie une vaste expérience, voyait clair. Il n'était pas dupe. » Ne pas être la dupe, prétendre à une plus grande lucidité que le vulgum pecus, voilà bien les traits distinctifs du demi-habile, que l'on retrouve chez Jacques VaillantMorel, le personnage de La Combustion humaine, un éditeur jetant un regard désabusé sur son propre travail et sur le milieu littéraire romand. Mais ce regard, cette subjectivité, n'est pas, on le comprend très vite, ce qui intéresse Quentin Mouron au premier chef ; il n'est qu'une baudruche explétive censée servir d'interface entre l'auteur et le lecteur, et que les salves satiriques privent bientôt d'air. Ce n'est qu'à la toute fin du livre que le roman prend un peu de hauteur : lucide sur la médiocrité de son destin mais incapable d'en changer, Vaillant-Morel gagne enfin en épaisseur. Tout n'avait été jusqu'alors que portrait et succession d'anecdotes, et si le lecteur avait vite compris que le tableau ne se mettrait jamais en mouvement, il attendait avec avidité une complication, une nuance... Elle advient trop tard hélas ; et si la satire est a trait pour faire ressortir le ridicule plutôt qu'à décrire fidèlement ce même ridicule, qui se trahira lui-même et suscitera le rire. L'œuvre de Michel Houellebecq (à l'école duquel Quentin Mouron paraît s'être mis) est passée par ces deux étapes : dans son dernier roman, la description froide et méticuleuse a remplacé le style moqueur des débuts et suffit à provoquer le rire autrefois signalé. Comme le premier Houellebecq, Quentin Mouron manque de retenue. Il en rajoute, et ses vacheries, tout bien senties qu'elles soient, trahissent parfois le blanc-bec fier d'avoir choqué l'assemblée par son franc-parler. Sentir trop clairement l'intention d'un auteur est toujours gênant, surtout lorsqu'il s'agit de donner un coup de pied dans la fourmilière. Que ce coup de pied soit ou non mérité, là n'est pas la question : jeter un pavé dans la mare n'est pas un gage de qualité. Il faut certes reconnaître à Quentin Mouron un grand talent de satiriste ; certaines pages sont très drôles, certaines piques sont bien envoyées. Mais on regrettera qu'il cède trop souvent à la vulgarité et au sensationnalisme ; le désir de choquer et de débusquer le néant de nos vies donne parfois lieu à des analyses dépourvues de finesse. Verlaine appelait de ses vœux la « musique » et la « nuance » en poésie, recommandant de fuir « la Pointe assassine, / L'Esprit cruel et le Rire impur ». Dans le même ordre d'idée, je ne donnerais pas cher du roman s'il était condamné à la démystification railleuse du demi-habile et se révélait incapable de découvrir une autre lumière. Quentin Mouron Julien Roche piquante, le roman manque malheureusement de saveur. Satire romancée, La Combustion humaine brosse le portrait du milieu littéraire romand. Encore faut-il préciser qu'il s'agit plus d'une caricature que d'un portrait ; je ne veux pas dire que l'auteur déforme intentionnellement la réalité mais que sa méthode consiste à grossir le c t u a La Combustion humaine, Quentin Mouron, Olivier Morattel Editeur, 2013, 113 p. l i t é livres conférences, événements et lectures La Société de lecture Promenade dans le superbe hôtel particulier qui abrite la vénérable institution presque bicentenaire. De salle en salle, on s’émerveille, tant sur le fonds ancien de valeur inestimable que sur la richesse des collections plus récentes et la diversité du choix offert aux amateurs en tous genres. Modernité et tradition, ambiance feutrée et professionnalisme sont le signe distinctif de la Société de lecture. On termine la visite dans la salle de travail des combles qui laisse la vue s’échapper vers les toits de la ville et le lac au loin. Rencontre avec sa directrice culturelle, Delphine de Candolle. Avant tout, pouvez-vous présenter un bref rappel historique ? En 1818, dans la grande tradition des Lumières, les familles patriciennes genevoises souhaitaient accueillir dignement les intellectuels étrangers de passage. La création d’une bibliothèque suivit de près, avec les ouvrages personnels des fondateurs, notamment dans les domaines de la théologie et des sciences. On y conserve des raretés telles que l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert et on y fait entrer environ cinquante nouveautés par mois, choisies par un comité de lecture bénévole. phe, clown et metteur en scène d’opéras et de grandes manifestations, présentait un théâtre onirique et poétique (10 octobre). Olivier Py, Le choix de Tom Novembre peut surprendre. C’est son côté ovni et son parcours atypique et discret de chanteur, acteur et auteur qui m’ont séduite (2 décembre). Enfin, un concert-conférence autour de Ravel avec les musiciens de la Geneva Camerata et le très novateur David Greilsammer au piano, capable d’improviser du jazz au milieu de Mozart au Victoria Hall et qui allie rigueur, exigence et fantaisie (10 décembre). Ceci n’est qu’une infime partie du programme de la Société de lecture ! Vous proposez également des ateliers et des animations destinées aux enfants. Certains ateliers sont reconduits année après année et sont très prisés. La nouveauté de cette année est le yoga du rire (dès octobre) animé par Jean-Dominique Michel, anthropologue de la santé. Les enfants apprécient les contes qui ont lieu une fois par mois, mais aussi les échecs (novembre) et même la philosophie (novembre), une bonne manière de lutter contre les clichés et les préjugés. Quel soutien financier recevez-vous ? Uniquement celui des cotisations de nos mem-bres, qui s’élèvent à… un franc par jour, soit Fr.370.- par année civile. Nous ne recevons aucun soutien de la Ville ni de l’État, notre indépendance est donc totale. Nous avons aussi un partenariat avec le Théâtre de Carouge. Quelle est la fréquentation de la Société de lecture ? Nous comptons mille cinq cents membres, plus les non membres qui assistent aux conférences et rencontres, lesquelles rencontrent un succès variable en fonction de la notoriété des invités et de l’intérêt pour la matière traitée. Parlez-nous des rencontres et conférences programmées et des critères qui président au choix des intervenants invités. Il y en a une quarantaine par an et les critères sont l’actualité, les coups de cœur, l’envie d’associer des domaines apparemment opposés. Pour ce dernier trimestre 2013, j’ai souhaité faire la part belle aux comédiens et metteurs en scène. En voici quelques moments forts : Omar Porras nous a entretenu de l’art de l’acteur à partir de son Roméo et Juliette mis en scène avec une troupe japonaise de Shizuoka (19 septembre). Daniel Finzi Pasca, chorégra- e n t Propos recueillis par Laurence Tièche Chavier David Greilsammer © Julien Mignot r très présent avec le festival Wagner cet automne à Genève, a lu un texte inédit (15 octobre). L’auteur américain Richard Ford a donné une conférence en anglais. Son univers très noir qui oppose la déviance à la normalité est fascinant (24 septembre). L’accueil d’écrivains de langues et de cultures étrangères permet de poser un regard différent sur le monde. Jean-Paul et Raphaël Enthoven, tous deux philosophes, père et fils face à Proust, opposés sur l’approche et l’interprétation littéraires – la prise en compte du contexte biographique pour le premier et du seul texte pour le second - mais réunis dans la rédaction commune du Dictionnaire amoureux de Proust (1er octobre). e t i e Programme complet disponible à la Société de lecture, Grand-Rue 11, 1204 Genève ou sur le site www.societede-lecture.ch A noter, dans les conférences à venir, la présence au théâtre de Carouge d’Amélie Nothomb (14 novembre), et celle, toujours dans le même lieu, au chapitre des “Rencontres improbables“, celle de Fabienne Verdier et d’Eric-Emmanuel Schmitt (19 novembre) n 65 Service de la culture — 022 306 07 80 www.vernier.ch/billetterie REPRISE EN FRANÇAIS DE LA PRODUCTION DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE LA CHAUVESOURIS EN IN E N F ÇAIS ! N FRA MIGROS L-CLA E R U T L U C T N E -POUR-C 014 au Saison 2013/2 SSICS Victoria Hall Mardi 10 décembre 2013 à 20 h OPÉRETTE EN 3 ACTES JOHANN STRAUSS FILS DIRECTION MUSICALE THEODOR GUSCHLBAUER MISE EN SCÈNE CAMERATA BERN Antje Weithaas (direction et violon) Alexander Lonquich (piano) S T E P H E N L AW L E S S Felix Mendelssohn Bartholdy ROSALINDE N O Ë M I N A D E L M A N N GABRIEL VON EISENSTEIN N I C O L A S R I V E N Q ADELE T E O D O R A G H E O R G H I U PRINCE ORLOFSKY M A R I E - C L A U D E C H A P P U I S D R FA L K E O L I V I E R L A L L O U E T T E AV E C L E C L O W N D I M I T R I DANS LE RÔLE DE FROSCH Ouverture «Les Hébrides», op. 26 Concerto pour piano, violon et cordes Concerto pour piano Nº 1, op. 25 Symphonie Nº 4 «Italienne», op. 90 CHŒUR DU GRAND THÉÂTRE DIRECTION CHING-LIEN WU OO R RCCHHEESSTTRREE D DE E L AL AS U I S S E R O M A N D S U I S S E R O M A N DE E Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11 Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe. www.culturel-migros-geneve.ch 13>31.12.2013 SAISON1314 WWW.GENEVEOPERA.CH +41(0)22 322 5050 Organisation: Service culturel Migros Genève www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch e x p o s i t i o n s acteurs présents sur ce terrain culturel, de façon à bien définir les spécificités de chacun. Jouant la complémentarité plutôt que la rivalité, La Ferme de la Chapelle s’est donc progressivement intégrée au paysage genevois. galerie ferme de la chapelle Architectures utopiques Exposition collective : Guillaume Estoppey (pastel), Pascal Greco (photos) et Floriane Tissières Depuis quelques années La Ferme de la Chapelle est devenue une pièce maîtresse du dispositif de sensibilisation à l’art contemporain mené par la commune de Lancy. L’équipe responsable du programme des expositions offre ainsi, de saison en saison, un choix varié d’artistes et d’expressions plastiques tout en insufflant au lieu un climat de convivialité. La fidélisation du public s’est en effet accrue grâce à une sélection artistique rigoureuse qui permet de découvrir des talents de proximité souvent originaires du bassin lémanique, mais aussi du reste de la Suisse et parfois de l’étranger. Ainsi La Ferme de la Chapelle joue-t-elle un rôle important dans la visibilité des plasticiens locaux et régionaux qui, on le sait, peinent à trouver des lieux offrant à la fois de beaux volumes expositifs et un professionnalisme reconnu. A ce savoir-faire s’ajoute un réel savoir être qui indéniablement propose tant aux artistes qu’au public un accueil, une attention, un accompagnement, un esprit de collaboration. Sur ce dernier point, il faut bien insister sur le fait que nulle action en faveur de la promotion de l’art vivant se développant dans un contexte communal, réputé difficile hors ville de Genève, ne peut réussir sans une étroite collaboration avec l’environnement administratif et social. Plus qu’une collaboration, il s’agit d’instaurer une véritable entente entre les divers Après le succès du Parcours Céramique Carougeois, en septembreoctobre, avec lequel la galerie collabore régulièrement, La Ferme de la Chapelle propose de jeter un regard original sur l’architecture utopique, thème qui relie les trois artistes présentés. Guillaume Estoppey crée au pastel d’immenses fresques d’intérieurs hyperréalistes qui, à y regarder de plus près, possèdent toujours un détail dérangeant ou incongru qui soutient la composition. Les photos de Pascal Greco montrent des architectures industrielles que l’absence de l’humain rend irréelles et presque abstraites. Passionnée par l’art classique, Floriane Tissières a utilisé les emballages de pralinés comme moules et a obtenu des constructions miniatures étranges dont elle a également photographié les ombres portées. La programmation 2013-2014 Les prochaines expositions proposeront : Fanny Gagliardini (peinture, livre illustré), projet construit autour d’une publication des Editions Samizdat (du 30 novembre au 8 décembre 2013). Linda Naeff, une exceptionnelle artiste âgée de 87 ans œuvrant dans le registre de l’art singulier (du 11 janvier au 16 février 2014). Serge Contero et Francisco Sepulveda, peinture et gravure (du 1er mars au 30 mars 2014). Corinne de Battista (peinture à partir de photos anciennes), Alexandre Duprez (peinture, dessin), Keiko Machida (céramique, installation, dessin), exposent sur le thème du monde féerique de l’enfance (du 5 avril au 18 mai 2014) Bernard Garo (peinture) et Jo Fontaine (sculpture) dialogueront sur le thème d’Istambul (du 14 juin au 13 juillet 2014). Rappelons que chaque exposition est accompagnée de diverses animations : spectacles, concerts, lectures, médiation culturelle, visites commentées et ateliers, rencontre avec les enfants, etc… Il suffit de consulter le site internet pour prendre connaissance de l’ensemble de ces activités. Françoise-Hélène Brou Exposition collective : Guillaume Estoppey (pastel), Pascal Greco (photos) et Floriane Tissières, du 26 octobre au 24 novembre 2013 www.fermedelachapelle.ch Guillaume Estoppey, «Assignation» (detail) a c t u a l i t é 67 expos ition musée des beaux-arts, bâle La peinture est morte, vive la peinture ! Une des dernières grandes expositions du musée de Bâle, avant sa fermeture pendant une année pour permettre de mener à bien les travaux d’agrandissement et de rénovation de cette vénérable institution, est consacrée à trois artistes pionniers : Piet Mondrian (1872-1945), Barnett Newman (1905-1971) et Dan Flavin (1933-1996). 68 Trois générations d’artistes, qui ont en commun de prendre le parti de l’abstraction, dans un contexte social et culturel, néanmoins, différent pour chacun d’eux. Leur dénominateur commun, l’ascèse des moyens plastiques et l’abolition du principe que la couleur est au service de la composition, a fait d’eux des artistes parmi les plus radicaux du XXe siècle. Soutien Que cette exposition ait été imaginée et programmée au Kunstmuseum de Bâle est dû à la relation étroite que ces trois artistes ont entretenu très tôt avec le musée. Mieux vaudrait-il dire que des directeurs et des collectionneurs bâlois les ont défendu becs et ongles contre une opinion publique et politique hostile. On pense à la collection Emmanuel Hoffmann, et à son initiatrice, Maja Sacher-Stehlin qui a collectionné les premiers tableaux de Piet Mondrian. Fin des années cinquante, c’est le directeur Georg Schmidt qui a pu accueillir, grâce à Hans Theler, directeur de l’assurance Nationale Suisse, et à Arnold Rüdlinger, directeur de la Kunsthalle, une œuvre de Barnett Newman (Day Before One), pour qui il s’agit aussi d’une première vente d’œuvre à un musée. Ce soutien aux artistes contemporains se poursuit avec le successeur de Georg Schmidt, Franz Meyer, qui fait entrer deux autres œuvres (White Fire II et White Fire IV) et une sculpture (Here III) de Newman, complétées par une œuvre offerte par Annalee Newman. C’est ainsi que le musée peut s’enorgueillir de posséder le noyau d’œuvres le plus important existant dans un musée européen. C’est encore à l’intuition et à l’audace de Franz Meyer que l’on doit l’acquisition d’œuvres de Dan Flavin. Franz Meyer est donc bien le spiritus rector de cette exposition, ce que l’actuel directeur et commissaire Bernhardt Mendes-Bürgi n’a pas manqué de souligner et a auquel son exposition rend ainsi hommage. Le parcours est chronologique et composé de trois expositions, dédiées chacune à un des artistes, ce qui n’a rien de très original; par con-tre, la scénographie est inédite, et révèle d’étonnantes correspondances, soulignant les concordances et les dissonances, les analogies et les contradictions. Aujourd’hui, quand on pense à Piet Mondrian, on pense surtout à ses compositions faites de lignes horizontales et verticales et où il utilise les trois couleurs primaires, le rouge, le jaune et le bleu ainsi que les non couleurs, le noir, le blanc et le gris. C’est oublier que l’artiste a un passé de peintre de paysages et de natures mortes dans la tradition de l’école de Barbizon, mais influencé aussi par la tradition hollandaise telle que l’avait comprise Vincent van Gogh. Sur un plan intellectuel, l’artiste est en quête d’un ordre universel, dissimulé derrière les apparences de la nature. Sa rencontre avec Cézanne, qui déstructure les formes des objets, puis avec le cubisme qu’il découvre d’abord au contact du groupe Moderne Kunstkring à Amsterdam en 1911, mais surtout lors de son séjour à Paris de 1919 à 1921, font évoluer son langage pictural. Cette recherche d’un langage formel nouveau et abstrait est aussi la raison d’être du mouvement « De Stijl » qu’il a fondé avec d’autres artistes dont Theo van Doesburg. C’est avec son arrivée à Paris en 1919 que débute l’exposition. Une première salle nous montre les premières œuvres abstraites de l’artiste, comme Composition C (1920), où les lignes, les couleurs ne servent plus à la représentation de la réalité visible mais construisent des champs colorés, isolés, placés en équilibre les uns par rapport aux autres, de manière uniforme. Dans Composition avec jaune, noir, bleu, rouge et gris (1922), les lignes noires ne forment plus une trame régulière mais sont distantes et les couleurs sont puissantes et pondérées. Cette recherche des rapports entre les lignes et les surfaces colorées peut aussi se lire dans Composition avec double ligne jaune et bleu (1933), accroché à côté de Composition en bleu, jaune et blanc (1936). En 1938, Mondrian choisit de partir pour Londres. Son œuvre Composition avec jaune, bleu et rouge (1937-1942) représente une structure en grille toute noire, cassée sur le bord inférieur du tableau par deux lignes rouge et bleue, une innovation qu’il va développer, essentiellement à partir de ses années new-yorkaises, où il émigre en 1940. Dans New York 1 (1941) le motif de la grille se retrouve mais le noir est caché par des bandes de papier colorés, rouge, jaune et bleu et Dan Flavin, untitled (in memory of Urs Graf), 1972/1975 Tubes fluorescents jaunes, roses, verts et bleus. Installation à long terme, quatre pièces de 244 cm chacune et quatre pièces de 1340, verticalement. Kunstmuseum Basel © ProLitteris, Zurich c t u a l i t é expos ition le. Un an avant sa mort, Barnett Newman se trouve aux côtés de son jeune collégue Dan Flavin, lors du vernissage de son exposition à la National Gallery à Ottawa. La boucle est ainsi bouclée. Artiste minimaliste, Dan Flavin renonce à la peinture et à la sculpture et s’intéresse aux couleurs et à la lumière mais en recourant non à la peinture à l’huile ou acrylique mais à des ampoules ou des tubes fluorescents. La lumière électrique devient ainsi une forme d’art à part entière puisque les tubes fluorescents provenant du commerce, libérés de leur fonction traditionnelle, celle d’éclairer, sont la forme et le matériau à la base de ses œuvres qu’il désigne comme « images-objets ». Untitled (to Barnett Newman) four (1971), est dédiée à Barnett Newman. C’est une œuvre posée dans un coin, sans socle et sans cadre composée de tubes rouges, bleus et jaunes. Le recours aux trois couleurs primaires est bien sûr un hommage à son mentor mais construisent aussi une image où le rouge des tubes sert à abolir la situation architectonique de coin, le bleu répand la lumière contre les murs et le jaune en direction du spectateur modifie son apparence et l’inclut dans l’œuvre. Un travail très formel avec ces tubes fluorescents auquel l’artiste ne veut donner aucune signification métaphysique car ses œuvres ne montrent rien d’autre que ce qu’elles sont. Bien sûr, en dédiant ses œuvres à quelqu’un, il lui confère une profondeur supplémentaire. C’est aussi le cas de Untitled (in memory of Urs Graf), une installation conçue en 1972 et installée en 1975 dans chacun des coins de la cour du musée des Beaux-Arts de Bâle, plus discrète le jour que la nuit où opère la magie des couleurs lumineuses. L’idée de présenter ces trois artistes dans un même cheminement est en tout cas originale et mérite le détour car il éclairera plus d’un amateur d’art souvent désemparé devant ces univers artistiques abstraits. Mondrian semble avoir trouvé son expression picturale dans l’emploi des bandes colorées. En 1941, il rejoint le groupe d’artistes abstraits américains, qui retiendront la leçon et n’auront de cesse de libérer la couleur. Libérer la couleur Libérer la couleur, c’est bien ce qui pourrait définir les expressionnistes abstraits, auquel appartient aussi Barnett Newman. Difficile de connaître ses œuvres d’avant 1944, puisqu’il les a détruites. Sa phase de création la plus intense se situe dans les années cinquante. Des œuvres de grand format sur lesquelles la couleur s’impose comme une substance spirituelle, qui n’est retenue que par des bandes verticales, dessinées par des rubans adhésifs collés sur la toile, sur lesquels l’artiste peint, pour ensuite les enlever et qu’il appelle des Barnett Newman (1905–1970) «Chartres», 1969 Acryl sur toile, 305 x 289.5 cm zips, la fonction étant comparable à celle Daros Collection, Switzerland © ProLitteris, Zurich de fermeture éclair. Pour témoigner de ce processus de création, toute une série d’œu-vres dans des versions aux couleurs diffé- ont pu être réunies : Chartres (1969), de format rentes ont pu être réunies : Yellow Painting triangulaire brisé par les surfaces colorées per(1949), Eve (1950), grand format dominé par le pendiculaires et les zips qui conduisent de haut rouge. C’est aussi très émouvant d’avoir pu met- en bas. C’est moins la forme triangulaire qui tre côte à côte The Day Before One (1950) appar- intéresse l’artiste que l’expérimentation picturatenant au musée de Bâle et Ulysse (1952), propriété de la Menil Collection de Houston. Une juxtaposition de deux bleus qui peut aussi nous faire comprendre que l’artiste, en voulant plonger le spectateur dans un champ de couleur pure, cherchait à lui faire faire l’expérience de sa propre existence, à le renvoyer à lui-même. Comme Piet Mondrian, Barnett Newman se confronte aux couleurs de base et son œuvre Who is afraid of Red, Yellow and Blue peut être considérée comme un hommage à la philosophie de couleurs de Mondrian. De son vivant, Barnett Newman n’a pas participé à beaucoup d’expositions et une grande rétrospective de son œuvre n’aura lieu qu’un an après sa mort, en 1971 au Museum of Modern Art de New York. Au contact d’une génération plus jeune, comme Donald Judd, Frank Stella et Dan Flavin, il se mettra Piet Mondrian (1872–1944) «Tableau 3», avec orange-rouge, jaune, noir, bleu et gris, 1921. Huile sur toile, 49.5 x 41.5 cm à l’acrylique et les surfaces des Emanuel Hoffmann-Stiftung, Depositum in der Offentlichen tableaux seront plus lisses et homogèKunstsammlung Basel 1941. Photo: Kunstmuseum Basel, Martin P. Buhler nes. Plusieurs œuvres de cette période © Mondrian/Holtzman Trust c/o HCR International USA a c t u a l i t Régine Kopp Jusqu’au 19 janvier 1914 é 69 expos itions en au temps de Henri IV et de Louis XIII. Jusqu’au 19 janvier. FRANCE Douai Annemasse Villa du Parc : A heures fixes, pas l l Musée de la Chartreuse : Corot dans la lumière du Nord. Jusqu’au 6 janvier. Evian Maison Gribaldi : Evian 1900, La l Belle Epoque sur les rives du Léman. Jusqu’au 3 novembre. l Palais Lumière : L'Idéal Art nouveau. Jusqu’au 12 janvier “Les Papesses“ - Camille Claudel, Louise Bourgeois, Jana Sterbak, Berlinke de Bruyckere, Kiki Smith. Jusqu’au 11 novembre. l Musée Angladon : Denise Colomb, portraits d’artistes. Jusqu’au 3 novembre l Grasse Musée Fragonard : La Fontaine l & Fragonard - Contes et Dessins. Jusqu’au 31 décembre Grenoble Céret Magasin / Centre National d’Art Musée d’art moderne : Miquel l l Barceló - Terra Ignis. Céramiques, Majorque 2009-2013. Jusqu’au 12 novembre 70 Dijon Musée Magnin : Dessins d’Étienne l Martellange, un architecte itinérant Lyon Metz Institut d’Art contemporain : Centre Pompidou-Metz : Hans l une minute à perdre. Jusqu’au 21 décembre. Avignon Collection Lambert en Avignon : franc e Contemporain : «Da Capo» de l'artiste lituanien Deimantas Narkevičius, & «Comment te raconter une histoire connue ? - Ne la raconte pas» de l'artiste lituanien Vytautas Viržbickas. Jusqu’au 5 janvier Rendez-vous 13 - Jeune création internationale. Jusqu’au 10 nov. l Médiathèque François Mitterand: Kader Attia & Fabien Verschaere. Jusqu’au 15 décembre. l Musée d’Art religieux de Fourvière : Georges Rouault Cycle de «La Passion». Jusqu’au 12 janvier l Musée des beaux-arts : Joseph Cornell et les Surréalistes à New York. Dali, Duchamp, Ernst, Man Ray.... Jusqu’au 10 février l Richter. La traversée du siècle. Jusqu’au 24 février Montpellier Musée Fabre : Le goût de l Diderot. Jusqu’au 12 janvier. Pontoise Musée Tavet-Delacour : Albert l Marquet. Les bords de Seine, de Paris à la côte normande. Jusqu’au 16 février Strasbourg Marseille Cabinet des Estampes et des J1 - Le hangar du port maritime : l l Le Corbusier et la question du brutalisme. Jusqu’au 22 déc. l Musée Cantini : La collection : Picasso, Matisse, Giacometti, Bacon…. Jusqu’au 15 février l Chapelle de la Vieille Charité : Instemps – Regards de six artistes photographes sur le patrimoine. Jusqu’au 5 janvier. Dessins : Automne cuivré. Estampes de Wenzel Hollar (16071677). Jusqu’au 5 janvier. Toulon Hôtel des Arts : Histoires, l Regards d’artistes. En collaboration avec La Fabrica/Photo Espana. Jusqu’au 5 janvier Palais Lumière, Evian L'Idéal Art nouveau Le musée départemental de l’Oise de Beauvais possède une exceptionnelle collection d’art nouveau. Ce fonds sera présenté au Palais Lumière durant l’automne et jusqu’au début de l’année prochaine. Alliant la fonctionnalité de l’architecture et l’esthétisme des décors, l’Art nouveau prône le retour à la nature et symbolise une époque alors vouée au bonheur. Il connaîtra son apogée au tournant des XIXe et XXe siècles. Gustave Serrurier-Bovy (18581-910), salle à manger. Ensemble comprenant une desserte, six chaises, un vaisselier, une table. Vue d’ensemble avec buffet : Ekta n°15 © Musée départemental de l’Oise / Jean-Louis Bouché a g e Le parcours de l’exposition s’articule autour de deux chefs-d’œuvre : le mobilier de la salle à manger de l’architecte-décorateur belge Gustave Serrurier-Bovy et du français Henry BelleryDesfontaines. Un ensemble exceptionnel et emblématique du mouvement Art nouveau en France qui sera remonté dans sa configuration d’origine quasi complète au Palais Lumière. Pour la première fois, le public pourra découvrir l’extravagante cheminée du céramiste Emile Müller, «Les Flammes » jamais exposée, ainsi que les trois panneaux en céramique japonisants de Théodore Deck. Céramique mais également peinture se déploient dans tout le parcours : toiles et pastels symbolistes (Alphonse Osbert, Edgard Maxence...), les portraits de la Belle Epoque d’Antonio de La Gandara, ou encore les œuvres des Nabis et post-Nabis. Cette exposition « hors les murs » se tient dans le cadre de la rénovation architecturale et muséographique amorcée en 2012 et 2013 par le musée départemental de l’Oise de Beauvais en vue de la faire découvrir à un public nombreux. . A voir jusqu’au 12 janvier 2014 n d a expos itions en europe Francfort Städelmuseum : Dürer. Jusqu’au Städelmuseum, Francfort Albrecht Dürer l Le musée présente une exposition de l’œuvre de Dürer (1471–1528), probablement l’artiste allemand le plus fameux de la Renaissance, qui se veut exhaustive ; elle englobe un total de plus de 250 œuvres, y compris environ 190 pièces de Dürer. Les négociations ont duré plusieurs années, mais le musée a finalement réussi à obtenir des prêts décisifs - par exemple le «Saint Jérôme pénitent» (vers 1496) de la National Gallery de Londres, le «Portrait d’un homme inconnu» (1521) du Prado de Madrid, ou le fameux «Portrait d’un Ecclésiastique» (1516) de la National Gallery of Art de Washington. D’autres œuvres d’extrême importance proviennent du musée du Louvre à Paris, du British Museum (Londres), ou du J. Paul Getty Museum (Los Angeles). Un des éléments phare de l’exposition est la réunion des panneaux de l’œuvre appelée «Heller Altarpiece» (1508) que Dürer a exécutée conjointement avec Mathis Gothart Nithart (dit Grünewald) pour un patron de Francfort en 1507-09. Ces pièces, destinées à l’origine à l’église du monastère des Dominicains de Francfort, sont aujourd’hui dispersées entre le Musée Historique de Albrecht Durer (1471–1528), Portrait de la mère de l’artiste, Barbara Dürer, née Francfort, la Galerie d’art de Holper, vers 1490. Bois de sapin, 47 x 35,8 cm. Musée national allemand, l’Etat de Karlsruhe et le Städel Nuremberg. Photo : Musée national allemand, Nuremberg Museum. Elles sont réunies à nouveau pour la première fois, et leur présentation introduit l’œuvre du maître allemand dans l’entière richesse de son expression artistique. Figurent également dans l’exposition quelques septantes travaux d’artistes tels que Martin Schongauer, Hans Baldung Grien, Hans von Kulmbach, Jacopo de’Barbari, Giovanni Bellini, Joos van Cleve ou Lucas van Leyden. . A voir jusqu’au 2 février 2014 2 février. Rembrandt, gravures de paysage du Städel Museum. Jusqu’au 24 novembre. Londres British Museum : Shunga - sex and l pleasure in Japanese art. Jusqu’au 5 janvier l Victoria & Albert Museum : L’art perdu de l’écriture. Jusqu’au 30 juin. Dessins britanniques - De 1600 à nos jours. Jusqu’au 13 avril Madrid Fundacion Mapfre l : Les Macchiaioli. Des Impressionnistes italiens ? Jusqu’au 5 janvier l Musée du Prado : Beauté captive. De Fra Angelico à Fortuny. Jusqu’au 8 novembre. Velazquez. Les derniers portraits. Jusqu’au 9 février. l Musée Thyssen-Bornemisza : Le Surréalisme et le rêve. Jusqu’au 12 janvier. l Palacio Real : De Bosch à Titien. Art et merveille à l’Escorial. Jusqu’en janvier. Nuremberg Germanisches National Museum : l Rembrandt, maître de la gravure.. Jusqu’au 26 janvier. Rome Complesso Monumentale del l Vittoriano : Cézanne et les artistes italiens du XXe s. Jusqu’au 2 février l Musei Capitolini : Archimède. Art et science de l’invention. Jusqu’au 12 janvier. Turin La Veneria Reale : Cortèges et l carrosses royaux. Jusqu’au 2 février AILLEURS Barcelone Caixa Forum : Pissarro. Jusqu’au l 13 janvier Berlin Martin-Gropius-Bau l : Meret Oppenheim. Jusqu’au 1er déc. van de Velde. Passion - Fonction Beauté. Jusqu’au 12 janvier. l BOZAR : Le Corps dans l’art indien & Anish Kapoor. Jusqu’au 5 janvier Città di Castello Pinacoteca Comunale : De l Signorelli à Raphaël. Histoire d’un territoire et de ses chefsd’œuvre. Jusqu’au 3 novembre. Copenhague Bilbao Ordrupgaard : James Ensor, maîMusée Guggenheim : Antonio l l Tàpies - de l’objet à la sculpture. Jusqu’au 19 janvier. Bruxelles Musée du Cinquantenaire : Henry l a g tre du masque. Jusqu’au 19 janvier. Ferrare Palazzo dei Diamanti : Zurbarán. Venise Florence Ca’ Foscari Galleria dell’Academia : «Dal Giglio al David». L’art civique à Florence entre moyen-âge et Renaissance. Jusqu’au 8 déc. l Museo degli Argenti : Passions diaphanes - ivoires baroques des cours européennes. Jusqu’au 3 nov. l Palazzo Strozzi : L’avant-garde russe, la Sibérie et l’Orient. Jusqu’au 19 janvier. l Villa Bardini : La Renaissance de Florence à Paris. Aller et retour. Les trésors de Jacquemart-André reviennent à la maison. Jusqu’au 31 décembre. l Jusqu’au 6 janvier e n Esposizioni, Università Ca’ Foscari : Maria Cristina Finucci. Jusqu’au 24 nov. l Palazzo Grassi : Rudolf Stingel. Jusqu’au 31 décembre. l Peggy Guggenheim Collection: L’avant-garde fin de siècle à Paris : Signac, Bonnard, Redon, et leurs contemporains. Jusqu’au 6 janvier l l d a Vienne Albertina Museum (Albertinapl.) l Matisse et le Fauvisme. Jusqu’au 12 janvier. GEORG BASELITZ. Du 8 novembre au 23 février 71 expos itions Genève Art en île - Halle Nord (pl. de l’île l 72 1) Gabriela Loeffel. Du 14 novembre au 14 décembre l Art & Public (Bains 37) Claude Hermann. Jusqu’au 29 novembre l Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Les livres de photographes - Un musée de papier pour l’image. Du 5 nov. au 31 mai. l Blancpain Art Contemporain (Maraîchers 63) Uriel Orlow. Du 9 novembre au 21 décembre. l Blondeau & Cie (Muse 5) Alessandro Twombly. Jusqu’au 21 décembre. l Cabinet d’Arts graphiques (Promenade du Pin 5) Picasso devant la télé. Jusqu’au 15 déc. l Centre d'Art Contemporain (Vieux-Grenadiers 10) Rétrospective Pablo Bronstein. Jusqu’au 24 nov. l Centre d'édition contemporaine (Saint-Léger 18) Trisha Donnelly, Sylvie Fleury, David Hominal. Jusqu’au 31 janvier l Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle) Guillaume Estoppey, Pascal Greco, Floriane Tissières. Jusqu’au 24 nov. l Fondation Bodmer (Cologny) Wagner ou l’opéra hors de soi. Jusqu’au 23 février l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43) Marina Abramovic. Jusqu’au 17 janvier. l Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Corps. Du 7 novembre au 1er février. l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Kira Weber. Du 7 novembre au 21 décembre. l Galerie Foëx (Évêché 1) Olivier Christinat. Du 7 nov. au 15 janvier. l Galerie Anton Meier (Athénée 2) Gaspare O. Melcher. Du 7 novembre au 8 février. l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Alain Huck. Du 9 novembre au 21 décembre. l Galerie Turetsky (Grand-Rue 25) Marie Fréchette. Du 7 novembre au 20 décembre. l Interart (Grand-Rue 33) Victor Brauner. Du 7 nov. au 1er février. l Maison Tavel (Puits-St-Pierre 6) Qu’as-tu appris à l’école ? La Criée a 25 ans. Du 8 nov. au 16 mars. l Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle Des Histoires sans fin, séquence automne-hiver 2013-2014 / Katinka Bock, Victor Burgin, Toni Grand. Jusqu’au 19 janvier. l Médiathèque du Fonds d'Art Contemporain (Bains 34) Gravité Exposition, performance et projec- en tion de Cyril Verrier. Du 7 novembre au 12 janvier. l Milkshake Agency (24, Montbrillant) Alexandra Häberli / Eric Phillippoz. Jusqu’au 10 nov. Cécile Koepfli. Du 30 nov. au 5 janvier. l Musée Ariana (Av. Paix 10) Jean Fontaine - En fer sur terre. Jusqu’au 16 février l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) L’œuvre d’art de l’avenir ou Le temps dilaté. Jusqu’au 12 janvier. Konrad Witz et Genève les volets restaurés de la cathédrale St.Pierre. Du 1er novembre au 23 février. l Musée de Carouge (pl. Sardaigne) Le Nain de Jardin - 14ème Concours international de céramique. Jusqu’au 10 novembre. l Musée Rath (pl. Neuve) Héros antiques. La tapisserie flamande face à l’archéologie. Du 29 novembre au 2 mars. l Théâtre Saint-Gervais (Salle Käthe Kollwitz, 1er ét.) La Chinoises, et après ? Les années vidéo, Jean-Luc s uis s e Godard et les autres. Du 19 au 30 novembre. l Villa Bernasconi (8, rte Gd-Lancy) Augustin Rebetez, Giona Bierens de Haan, Nik Taylor, Noé Cauderay et Louis Jucker. Du 8 novembre au 5 janvier. l Xippas Art Contemporain (r. Sablons 6) Darran Almond. Du 7 novembre au 1er février. l Musée de l’Elysée (Elysée 18) Sebastiao Salgado - Genesis & Paolo Woods - State. Jusqu’au 5 janvier. l Musée Historique de Lausanne : Louis Rivier - L'intimité transfigurée. & D'un artiste à l'œuvre. Marcel Poncet (1894-1953). Prolongation jusqu’au 24 nov. Bulle Lausanne Musée : Daguerréotypes de J.Collection de l’Art brut (Bergières Ph. Girault de Prangey. Jusqu’au l l 11) Véhicules. Du 8 nov. au 27 avril Galerie Humus (Terreaux 18 bis) Jean Fontaine. Jusqu’au 15 février l Galerie du Marché (Escaliers du Marché 1) Yves-Jules - Mon musée à moi. Jusqu’au 2 novembre. l Mudac (pl. Cathédrale 6) Mastering Design - Design Academy Eindhoven et Royal College of Art. & No Name Design- Franco Clivio. Jusqu’au 9 février l Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Making Space. 40 ans d'art vidéo. Jusqu’au 5 janvier l 31 décembre. Chaux/Fonds Musée international d'horlogerie : l La drôle de montre de Monsieur Roskopf. Jusqu’au 19 janvier Fribourg Espace Tinguely - Saint-Phalle : l Gilles Rotzetter. Jusqu’au 12 janv. Musée d’art et d’histoire : Dresscode - Le vêtement dans les collections fribourgeoises. Du 8 novembre au 2 mars. l Musée Ariana Jean Fontaine - En fer sur terre Le Musée Ariana s’est donné pour but de conserver et de mettre en valeur un large pan de l’histoire de la céramique, du Moyen Age à nos jours. Le Parcours céramique carougeois, auquel participe l’Ariana, et qui se déroulait du 28 septembre au 6 octobre, était l’occasion rêvée de mettre en valeur les œuvres d’un artiste contemporain comme Jean Fontaine (France, 1952). L’exposition qui lui est consacrée est originale en ce sens qu’elle permet au public de toucher les objets exposés, ce qui est rarement autorisé dans les musées. De plus, avec la complicité de médiatrices malvoyantes et aveugles, il est possible d’explorer les œuvres si sensuelles de Jean Fontaine « à l’aveugle ». Il en résulte une belle occasion de partage et de rencontre, des valeurs chères à l’artiste. L’œuvre du céramiste français, très imaginative, est constituée d’humanoïdes hybrides, à mi-chemin entre l’homme, l’animal et la machine, ce qui déstabilise le spectateur, tantôt séduit par l’hyperréalisme rassurant de ses sculptuJean Fontaine (France, 1952) «Truffe de buffle», 2008 res, tantôt bousculé par ses juxtaGrès, oxydes métalliques L 96 cm Propriété de l’artiste Photo : Bertrand Mussotte positions étranges, provoquantes, voire subversives. Jean Fontaine commence par assembler les différents éléments, moulés, de ses sculptures en grès, puis il recouvre celles-ci d’oxydes métalliques saturés, ce qui leur confère l’aspect de la fonte ou du bronze, histoire de brouiller les pistes... Il ajouter volontiers des matérieux exogènes (bois, porcelaine industrielle ou vere) à ses sculptures qu’il baptise ensuite de titres dans lesquels se cachet des jeux de mots. Une autre manière de ne pas se prendre trop au sérieux ! . A voir jusqu’au 16 février 2014 Jean Fontaine expose également ses œuvres à la Galerie Humus à Lausanne jusqu’au 15 février 2014 a g e n d a expos itions en s uis s e éternel et ses guerriers de terre cuite. Jusqu’au 17 novembre Museum Rietberg, Zurich Bienne CentrePasqu’Art (fbg Lac 71-75) La Fascination de la Perse l Intéressante exposition au musée Rietberg, avec la mise en lumière du dialogue artistique qui existait entre l’Europe et la Perse au XVIIe siècle; les œuvres de cette période sont mises en relation avec celles des artistes contemporains de Téhéran. Fabian Marti, Claudia Comte & Omar Ba. Jusqu’au 24 nov. l PhotoforumPasqu’Art : Following the Scent of a Blowfly. Jusqu’au 24 novembre. Riggisberg Abegg-Stiftung : Le plaisir de l Au XVIIe siècle, la Perse et l’Europe entretenaient d’étroites relations. Le commerce d’articles de luxe, les contacts diplomatiques et les rencontres personnelles devaient laisser plus que de simples traces historiques des deux côtés : ils eurent une influence marquante sur le plan artistique. L’exposition s’articule autour de trois thèmes: l’intérêt de l’Europe baroque pour la Perse, la confrontation de la Perse safavide avec la peinture européenne et la création artistique dans l’Iran contemporain. Ces thèmes ne sont cependant pas traités indépendamment les uns des autres, mais sont reliés entre eux grâce à des comparaisons directes d’œuvres ou des annotations Mohammad Zaman (actif entre 1649 et 1700) «Le sacrifice d’Isaac» Iran, 1684/85 (1096 H.) Pigments, argent et or sur papier. Saint Pétersbourg, l'Académie des sciences de Russie, institut des manuscrits orientaux Martigny Fondation Pierre Gianadda : l Modigliani et l’Ecole de Paris. Jusqu’au 24 nov. Méditerranée. Photogtaphies des années 50 de Léonard Gianadda. Du 29 novembre au 9 février. l Fondation Louis Moret (Barrières 33) Jean Nazelle. Du 9 novembre au 15 décembre. l Le Manoir de la Ville : 40 ans de Visarte. Jusqu’au 17 novembre. Neuchâtel Laténium (Hauterive) Fleurs des l Pharaons. Jusqu’au 2 mars 2014. l Musée d’ethnographie (St- Nicolas) Hors-champs. Prolongation jusqu’au 15 décembre. Vevey Alimentarium : Délices d’artisl tes. Jusqu’au 16 novembre. l Musée Jenisch : Chefs-d’œuvre de la Fondation Oskar Kokoschka. Jusqu’au 17 nov. l Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Maxim ou la colorisation. Jusqu’au 9 mars a g . A voir jusqu’au 12 janvier 2014 HMB - Museum für Musik / Im Lohnhof (Im Lohnhof 9) pop@bâle. La musique pop et rock depuis les années 1950. Jusqu’au 29 juin. l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Metamatic Reloaded. Des projets d'art contemporains dialoguent avec les machines à dessiner de Tinguely. Jusqu’au 26 janvier. l Spielzeug Welten Museum : Marilyn privée: l'être humain derrière le concept Monroe. Jusqu’au 6 avril. l OUTRE SARINE Bâle Antikenmuseum l Basel (St. Alban-Graben 5) Comment être un homme? Le sexe fort dans l'antiquité. Jusqu’au 30 mars. l Fondation Beyeler (Riehen) Thomas Schutte. Jusqu’au 2 février l Kunsthalle : Allyson Vieira. & Leonor Antunes. Jusqu’au 10 nov. l Kunstmuseum (St. Alban-Graben 16) Piet Mondrian. Barnett Newman - Dan Flavin. Jusqu’au 19 janvier l Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) Everytime you think of me, I die, a little. The Memento Mori by Andy Warhol and Douglas Gordon. Jusqu’au 9 février. l Musée des Cultures (Münsterpl. 20) Make Up - Pour toute une vie ? Jusqu’au 6 juillet l Cartoonmuseum (St. AlbanVorstadt 28) Les Aventures de la Ligne claire. L'affaire Herr G. & Co. Jusqu’au 9 mars. e n Berne Centre Paul Klee (Monument im l Fruchtland 3) Olaf Breuning – The Grid. Jusqu’au 10 novembre. Paul Klee – Vie et Œuvre. Jusqu’au 30 mars. l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. 8-12) Entre les Mots - Hommage à Mumprecht. & Paolo Bellini James Licini - Josef Maria Odermatt. Jusqu’au 10 novembre. Le Mexique au miroir de son art. Jusqu’au 15 décembre. Feu sacré. Jusqu’au 5 janvier. l Musée d’Histoire de Berne (Helvetiaplatz 5) Quin, l’empereur d a collectionner - Objets d’art et textiles de collections privées anciennes. Jusqu’au 10 novembre. Weil / Rhein Vitra Design Museum : Lightopia. l Jusqu’au 16 mars. Winterthur Fotomuseum (Grüzenstr. 44) l Cross Over - Photo de la science + science de la photo. Jusqu’au 17 novembre. l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Emil Schulthess – rétrospective. Jusqu’au 23 février. l Museum Oskar Reinhart (Stadthausstr. 6) Mondes d’enfants. Jusqu’au 16 novembre. Zurich Haus Konstruktiv : Zurich Art l Prize: Adrián Villar Rojas – Films Before Revolution. Jusqu’au 2 février. l Kunsthalle : Kaspar Müller. Jusqu’au 10 novembre. Lutz Bacher. Du 23 nov. au 2 février. l Kunsthaus (Heimpl.1) Lonnie van Brummelen et Siebren de Haan Revolt of the Giants. Jusqu’au 10 novembre. Edvard Munch - 150 chefs-d’œuvres graphiques. Jusqu’au 12 janvier. l Landesmuseum : Charlemagne et la Suisse. Jusqu’au 2 février. l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) L'Empire des Plis - Mode et Art Textile du Japon. Jusqu’au 12 janvier. l Museum für Gestaltung (Austellungsstr. 60) Galerie : Vintage – Design with a History. Du 13 novembre au 6 avril. Halle : Martin Parr - Souvenir. Jusqu’au 5 janvier. l Museum Rietberg (Gablerstr. 15) Yaks, Yetis, Yogis - Le Tibet dans la bande dessinée. Jusqu’au 10 novembre. La Fascination de la Perse - Dialogue artistique entre l’Europe et la Perse au XVIIe siecle / Artistes contemporains de Teheran. Jusqu’au 12 janvier 73 expos ition musée de l’élysée, lausanne : sebastião salgado L'espoir en noir et blanc Le musée de l’Elysée présente, par le biais de 240 photos, la quête photographique du Brésilien Sebastião Salgado, une quête qui l’a amené aux confins de la planète à la redécouverte des lieux et des peuples qui ont échappé, jusqu’ici, à l’empreinte des sociétés modernes. 74 « Dans Genesis, j’ai suivi le rêve romantique de vouloir retrouver – et partager – un monde primitif trop souvent invisible et hors d’atteinte. (…) Je voulais simplement montrer la nature dans sa splendeur partout où je pouvais la trouver. Je l’ai découverte dans des espaces infinis d’une diversité biologique immense qui, il faut le savoir, recouvrent pratiquement la moitié de la surface de la Terre, dans de vastes déserts en grande partie inexplorés, dans d’immenses forêts tropicales ou tempérées, et dans des chaînes de montagnes d’une beauté impressionnante. Découvrir ce monde encore intact a été l’une des expériences les plus enrichissantes de ma vie. » Une fois confronté au travail du photographe brésilien, on n'oublie plus ses images ciselées, toujours admirablement composées, pleines, riches de sens. Même si, jusqu'à maintenant, elles ont souvent témoigné avec force et éclat de la misère et de la violence sur tous les continents - ex-Yougoslavie, Rwanda, Congo, Inde et j'en passe. Enjeux mondiaux La Main de l’homme (1993) et Exodes (2000) constituaient des sortes de bilan humain des changements économiques et sociaux intervenus à l’échelle planétaire ; le thème de l'exposition présente, Genesis, est le troisième volet de l’exploration à long terme de Salgado sur ces enjeux mondiaux. Avec son épouse, Lélia Wanick Salgado, également commissaire de l'exposition, ils ont d'abord replanté, sur une portion de terre d'Amazonie atlantique fortement dévastée dont ils avaient hérité, des milliers d'arbres. Et sont revenus les oiseaux, la faune, l'eau et la biodiversité. Leur terre est devenue une réserve naturelle et ils ont créé Instituto Terra, dont la mission est la reforestation et l'éducation pour l'environnement. Fort de cette expérience qu'il est possible de faire revivre un paradis, Salgado s'est plus particulièrement attaché, dans ce troisième inventaire prospectif, à retrouver, sur notre planète, les territoires intouchés par l'activité industrielle ; régions souvent peu accessibles, froides, désertiques, mais qui constitueraient encore 46% des terres immergées. Dans ce magnifique travail de fin de carrière accompli dans des conditions à la hauteur de son talent, Salgado a donc entrepris trente-deux voyages depuis 2004. Engagement souvent physique, comme ces 850 km parcourus en deux mois au nord de l'Ethiopie. Et dans ces paysages époustouflants, il s'est mis à approcher le monde animal, à se mettre à sa hauteur: tortues, crocodiles, phoques, manchots, baleines dites blanches aux somptueux mouvements. Il a rencontré des hommes et des femmes de peuples premiers, Nénètses en Sibérie près du cercle arctique, Indiens d'Amazonie, bergers des hauts plateaux d'Ethiopie... Fleuron Les 240 photos, serties dans de grands, voire très grands, cadres (120 x 90 cm), nous entraînent dans cinq voyages: le Sud de la planète, l’Afrique, le Nord de la planète, l’Amazonie et les sanctuaires naturels. Le noir/blanc incline au voyage intérieur, silencieux, empli de questions : ces paysages peuvent-ils rester intacts ? Ces hommes et ces femmes tranquilles seront-ils encore longtemps non contaminés par nos gadgets et notre agitation stérile ? Une édition d'art complète cette entreprise quasi planétaire, deux volumes de photos pleine page (90 x120 cm) : 8500 euros les 500 premiers exemplaires, 3000 euros les collector - jusqu'au 3000ème exemplaire. Et un catalogue plus accessible, ouf. Le souffle, le lyrisme classique du Brésilien valaient bien ce fleuron des éditions Taschen. Catherine Graf Genesis, de Salgado, Musée de l'Elysée à Lausanne, jusqu'au 5 janvier 2014, et simultanément à Paris et Sao Paulo Les femmes mursi et surma sont les dernières femmes à plateaux au monde. Village mursi de Dargui, dans le parc national de Mago, près de Jinka, Éthiopie, 2007 © Sebastião Salgado a c t u a l i t é p a r i s comédie française Alas, poor Hamlet... Le vendredi 11 octobre, Fleetwood Mac se produisait au Palais Omnisport de Paris Bercy devant un public probablement grisonnant - de nostalgiques de l'âge d'or du « blues rock », tandis que Rod Stewart occupait la scène de la salle Richelieu place du Palais Royal. Ou presque... «Hamlet» © Cosimo Mirco Magliocca Puisqu'en réalité, si Fleetwood Mac est vraiment passé par Paris à l'occasion d'un épisode supplémentaire de rock-blues revival, c'est une copie conforme de Rod Stewart que l'on pouvait découvrir sur la scène de la Maison de Molière. Et il était par ailleurs bien entouré, avec quelques figures datant du tournant des années 1970, musiciens principalement style rock'n roll (Pete Townshend ? Ritchie Blackmore ? Robert Plant ?) , à moins que quelque comique (avec chien) entrevu à la BBC à la même époque ne se soit mêlé à la fête, le tout dans des costumes semblant tout droit sortis de Carnaby street grâce au remarquable travail de reconstitution de Sylvie Martin-Hyszka, et à la collaboration non moins précieuse de Cécile Gentilin pour les coiffures et Laure Ozier pour les maquillages. Inévitablement, le football ne pouvait être négligé avec la photo d'un des comédiens portant un maillot vintage de couleur rouge dont on ne pouvait dire s'il s'agissait d'une référence aux « Reds » de Manchester United de Sir Matt Busby et des inoubliables Bobby Charlton, Denis Law et George Best ou au contraire d'une allusion aux « Gunners » de l'équipe d'Arsenal d'Alan Ball ou de l'emblématique Peter Storey du temps du stade d'Highburry. Ces personnages sortis d'une imagerie rétro s'accommo- a c t u a l daient donc d'un décor (de Dick Bird) reconstituant avec un souci évident du détail un club house qui ne surprendra guère les amateurs de sport, puisque l'on y trouve des trophées - dans ce cas ceux d'un club d'escrime – et l'inévitable bar - dans le genre pub - puisque tout cela respire bien l'atmosphère made in England. Autant dire, mais est-il vraiment nécessaire de le préciser dans un tel environnement, que les « pints of lager » ou de Guiness faisaient partie du jeu ? Effet de mode ? Ambiance vaudeville donc pour ce travail de Dan Jemmett dont on admettra volontiers que dans le genre, il a su faire preuve de maestria. Références à la tradition burlesque, adresse au public, comédiens descendant dans la salle, clin d'œil à l'intention des habitués au jeu de Christian Hecq, le spécialiste maison du comique abracadabrantesque, de quoi justifier la réputation désormais établie du metteur en scène anglais dont on comprend sans peine qu'il a construit sa réputation en revisitant « avec humour et sans ménagement » les pièces avec lesquelles – en quelque sorte - il a décidé de jouer... Ceci précisé, il convient de constater que la dérision et le recours systématique à l'humour semblent être décidément de plus en plus à la mode sur les scènes vouées à présenter les œuvres les plus emblématiques du répertoire théâtral. Et ce, comme si la forme la plus aboutie du postmodernisme dans le cadre des représentations scéniques n'était rien d'autre que le regard ironique appliqué à toute création dramaturgique. Effet de mode ? Démagogie ? Ou impossibilité d'oublier les références du genre, dans le cadre anglo-saxon, les Monty Python, Benny Hill ou Rowan Atkinson ? Toujours est-il que l'on rit en effet beaucoup en découvrant le travail de Dan Jemmett qui accumule les gags, les trouvailles imprévisibles, les pitreries digne d'un spectacle de comique troupier ou au mieux du théâtre de boulevard version West End londonien. Les comédiens engagés dans cette aventure offrent des prestations inégales, mais Denis Podalydès emporte l'adhésion par son jeu sobre et d'une tenue irréprochable et l'on ne peut qu'être convaincu par le jeu et la voix émouvante de Clotilde de Bayser ou par la prestation irrésistible d'Elliot Jenicot. Il est en fin de compte simplement regrettable que tous ces efforts pour divertir le public aient eu pour prétexte La Tragédie d'Hamlet. Frank Fredenrich La Tragédie d’Hamlet de Shakespeare - mise en scène Dan Jemmett jusqu’au 12 janvier, Salle Richelieu. Location 01.44.58.15.15 i t é 75 p a r i s Luciana D’Intino, le Radamès assuré de Marcelo Álvarez et l’Aïda impressionnante dans l’éclat ou la nuance d’Oksana Dyka. Contrat rempli ! Du grand opéra, au sens historique aussi, renouvelé et pareil à lui-même. opéra Aïda redorée Aïda revient, sans pyramides ni éléphants. Mais les trompettes ne sont pas absentes de cette nouvelle production qui sait éviter les chromos. Et les dorures, plus habituelles au Palais Garnier, font leur apparition sur la scène de la Bastille : gâteau lumineux pour fêter le deux centième anniversaire de Verdi, précisément ce 10 octobre (première du spectacle). 76 Luciana d'Intino (Amneris), Oksana Dyka (Aida) et Marcelo Alvarez (Radamès) Crédit : Opéra national de Paris/ Elisa Haberer C’est Olivier Py, décidément très présent actuellement à l’Opéra de Paris, qui signe la mise en scène. On lui sait gré d’éviter les pièges de l’antépénultième opéra de Verdi, pour trouver un sens plus profond que le simple décorum. Celuici n’est toutefois pas absent, vaste architecture d’un or éclatant, découpée d’éléments tournants ou glissants, avec étages et façades de palais stylisé où évolue l’action. Le faste, que suscite l’œuvre, est ainsi matérialisé. Les personnages, eux, oscillent entre évocation de l’époque coloniale, clergé séculaire et soldatesque en treillis (de l’Égypte contemporaine ?). Un peu chargé… dans les intentions aussi. Mais, après tout, ce livret où revient sans arrêt le mot “ patrie ” l’est tout autant. C’est aussi une façon de nouvel éclairage, miroitant, dans son esthétique et dans ses prolongements, pour un ouvrage que l’on croyait usé. Musicalement les ingrédients varient cependant peu. L’orchestre et le chœur n’hésitent pas : dans un bel ensemble (qui n’est pas toujours exempt d’incertitudes du côté du chœur), sans trop chipoter les détails. La direction de Philippe s’essaye à quelques délicatesses, dont cette a œuvre comme on sait n’est pas dépourvue, mais le plus souvent reste au premier degré. Le plateau vocal tout autant, qui réunit pourtant un trio vocal de choix avec l’Amneris éminemment lyrique de Alceste en noir et blanc La saison de l’Opéra de Paris s’ouvrait au Palais Garnier avec une nouvelle production d’Alceste, qui ne s’était pas vu dans la capitale française depuis 1999 (au Châtelet, avec John Eliot Gardiner et Robert Wilson). Au service de la tragédie lyrique de Gluck, se conjuguent cette fois deux talents autochtones, Marc Minkowski et Olivier Py. Le second conçoit une mise en scène en tous points abstraite, constituée de grands murs noirs, qui reçoivent des dessins à la craie blanche immédiatement effacés et retracés (par de talentueux dessinateurs virtuoses, dont les noms sont malencontreusement oubliés par le programme de salle), devant lesquels se meuvent des personnages en costumes noirs. Aucune couleur ! et le tout très agité. Ce qui correspond au sentiment nerveusement tragique de l’œuvre. Sinon que le public nécessite de savoir par avance ce qu’il advient dans cette légende mythologique d’un couple royal que la mort ne parvient pas à séparer. Mais comme il s’agit de la version française, la seconde composée par Gluck pour son opéra, de surcroît surtitrée, se perçoit suffisamment pour retenir l’impression générale : intense. Et la musique, tout aussi intense, se transmet ainsi sans obstacle. Le chœur et l’orchestre des Musiciens du Louvre-Grenoble paraissent toutefois de prime abord un peu rêches, voire Alceste (Sophie Koch), Yann Beuron (Admète) et la Mort (Chœurs des Musiciens du Louvre Grenoble). Crédit : Opéra national de Paris/ Agathe Poupeney c t u a l i t é p décalés (pour les chœurs), presque l’effet d’une séance de répétition, ce qui peut s’expliquer par l’agitation constante sur le plateau. Et ce qui ne saurait que se lisser au fil des représentations, après la première où nos étions. Mais vite, se livre l’acuité à laquelle Minkowski nous a habitué. Surtout dans la seconde partie, avec les instrumentistes hors de la fosse et exposés sur scène. Le plateau vocal correspond. Mais peut-être, curieusement, davantage pour les rôles secondaires, qui s’affirment parfaitement idoines et soignés, comme dans le cas de l’élégiaque Marie-Adeline Henry et du ferme François Lis. Yann Beuron dispense une jolie sensibilité, sans toujours l’ardeur que requiert le rôle principal masculin d’Admète (initialement distribué à Roberto Alagna, qui a fini par renoncer). Et l’Alceste de Sophie Koch n’évite pas les notes dures ou instables, conséquence sans doute de son répertoire actuel wagnérien, malgré une certaine présence vocale. Nonobstant, sur l’ensemble, musical et scénique, souffle un vent de ferveur en phase avec la force de l’œuvre. Pierrot lunatique Étrange spectacle que celui réunissant, au Théâtre de l’Athénée, Pierrot lunaire et Paroles et musiques (de Morton Feldman, daté de 1961). L’idée est attrayante de réunir deux pièces musicales avec récitant, et l’on se réjouissait d’entendre le monodrame de Schoenberg, assez peu fréquent au concert en dépit de sa renommée. D’où vient alors la déception ? Essentiellement, si ce n’est uniquement, en raison d’une sonorisation importune. Dans ce contexte, celui de la délicieuse salle d’Athénée à l’excellente présence acoustique, elle ne se justifie pas. Si ce n’est que l’Ensemble le Balcon, maître d’œuvre de la soirée, semble s’en être fait une spécialité. Le programme explique en détail qu’il s’agit d’une conception à la pointe de la technique, où le son serait censé être chuchoté à l’oreille. Cela ne se ressent guère. Et se retient surtout un bruit synthétique, rédhibitoire pour les timbres des instruments comme des voix. On veut pourtant croire que l’interprétation, sous la baguette de Maxime Pascal, avec la poignée des instrumentistes du Balcon et la voix de Damien Bigourdan, est appropriée. Et reconnaissons cependant que la seconde œuvre, originellement radiophonique, se prête mieux à ce traitement. Comme la pièce de Feldman (sur un texte de Beckett), Pierrot lunaire est ici donné en français, ce qui se conçoit. Sachant, en outre, a c t u a r i s l’Opéra de Paris que l’on a rarement entendu aussi acerbe et rutilant. Grand moment ! Chat thérapeute «Pierrot Lunaire» © Meng Phu que l’œuvre de Schoenberg est fondée sur un poème d’Albert Giraud (traduit en allemand). Mais s’agit-il bien de ce texte ? On ne sait… Car, conséquence peut-être de la susdite sonorisation, dans l’un et l’autre cas on n’y comprend quasiment rien. La visualisation scénique joue de projections vidéo sur des tulles, signées Nieto, plutôt bien en situation avec leurs images rêveuses. Le Théâtre Adyar, jolie salle Art déco nichée dans une impasse près de la Tour Eiffel, accueille un petit spectacle lyrique hors des sentiers battus. L’Opéra du chat, écrit et composé par Fernando Albinarrate, est servi par la compagnie StationOpera, avec onze instrumentistes et une petite troupe de chanteurs, professionnels et autres (nous y reviendrons), sous la direction de Martina Niernhaussen. C’est elle qui conçoit aussi la mise en scène, pour illustrer simplement, à l’aide d’un praticable, de jolis costumes et maquillages, cet opéra-comique actuel inspiré du Chat botté, étrenné ici en France après sa création à Buenos Aires. C’est dire qu’il se destine à tout public. La musique, du reste, qui oscille entre Kurt Weill et Offenbach, en est entraînante. Carole Cantin, Dorothée Thivet, Yolanda Fresedo, Olivier Kontogom et Frédéric Gondelmann (le Chat en question, à la voix de haute-contre féline, comme son jeu scénique) forment un beau plateau vocal. Ils sont suppléés par un petit chœur, composé d’amateurs, dont Makropoulos à son affaire Il est des reprises qui font figure d’événement. Ainsi de l’Affaire Makropoulos, présentée en 2007 à la Bastille. Le chef-d’œuvre de Janacek revient dans le lieu de ses exploits, donc avec la mise en scène de Krzysztof Warlikowski, aussi forte, et peut-être davantage le temps passant. Cet univers référencé au cinéma, et à la triste vie de Marilyn Monroe, reste toujours impressionnant, avec un jeu d’acteurs scintillant et glacé comme son décor. Le metteur en scène semble être revenu pourlécher son travail, comme le prouverait son apparition (lors de la deuxième représentation !) pour recueillir des bravos enthousiastes. La distribution, elle, diffère presque entièrement de celle de la création de la production. Mais tout aussi bienvenue ! Ricarda Merbeth éclate littéralement dans le rôle principal, qui nécessite endurance et élans, pleinement assumés. Retenons aussi Ladislav Elgr, ténor léger mais ardent. Et faisons mention de l’apparition touchante, mais sentie, du vétéran Ryland Davies. Susanna Mälkki, pour sa part, dirige un orchestre de a l i t «L’Opéra du Chat» quelques adolescents autistes. Qui ainsi participent à une musicothérapie. Puisque ce spectacle est doublement sympathique, qui se conjugue d’une bonne action sociale et de réinsertion. Pierre-René Serna é 77 p a r i s au théâtre du châtelet à l’opéra de paris Détachement... Dame aux camélias Le Ballet national de Chine était invité au Théâtre du Chatelet en ouverture de saison avec deux programmes, Le Lac des cygnes dans la version de Natalia Makarova du 25 au 29 septembre et Le Détachement féminin rouge du 1er au 3 octobre. 78 La danse classique a réellement pénétré la Chine dans les années 50 grâce à des maîtres de ballet soviétiques venus dans le cadre de mission de coopération culturelle. Ainsi le Ballet National de Chine a-t-il les grands ballets du répertoire occidental dans leur version russe à son répertoire, répertoire qu’il a enrichi depuis avec des créations contemporaines. Créé en 1964 sous l’impulsion de Jiang Qing, épouse Mao Zedong, Le Détachement féminin rouge est la transposition pour le ballet d’un film de 1960 de Xie Jin. L’histoire se déroule dans les années 30, au moment de la guerre civile chinoise. Wu Qionghua, jeune paysanne, est battue et laissée pour morte par le propriétaire terrien local. Un officier de l’armée rouge la découvre inanimée et la ramène dans son campement. Séduite par les lendemains qui chantent qu’il lui promet, elle épouse la cause et rejoint un bataillon constitué uniquement de femmes. Après moult péripéties, Wu Qionghua devient représentant officiel du parti dans la région. Les millions de victimes du parti communiste chinois font tâche dans le tableau mais ce n’est pas la première fois que l’art s’inspire de personnages peu regardants sur les droits de l’homme. Le Détachement rouge féminin possède tous les ressorts du ballet narratif classique. Académisme le plus pur, danses traditionnelles et arts martiaux s’entremêlent dans les scènes d’action. Les pas de deux sont les occasions de montrer l’excellence technique des solistes avec d’impeccables séries de tours en seconde pour monsieur et de tours fouettés pour madame. Lu Na est une Wu Qionghua très séduisante, assurant les passages de virtuosité avec facilité. S’il n’y rien à redire sur les qualités techniques de Tong Jinsheng - l’officier -, sa personnalité est assez effacée, ce qui le rend difficilement crédible dans un rôle de leader politique doublé d’un chef de guerre. Le corps de ballet est impressionnant de synchronisation. Ce ballet est une occasion de découvrir le Ballet national de Chine dans son répertoire. Stéphanie Nègre Le destin de Marguerite Gautier, qui a inspiré nombre d’artistes, Alexandre Dumas fils le premier, était à l’affiche du Palais Garnier, du 21 septembre au 10 octobre, avec le ballet que lui a consacré John Neumeier. Dans le rôle titre, Laetitia Pujol est une Marguerite féminine et naturelle. Elle forme un couple parfaitement crédible avec Mathieu Ganio qui incarne, sans aucune affectation, le héros romantique. Les deux étoiles réussissent à incarner l’amour juvénile et sincère, portés par la musique de Chopin et la chorégraphie qui offre de très beaux pas de deux. La musique du ballet est une succession de morceaux, principalement des sonates pour piano, ce qui renforce le caractère intime des scènes. Ce parti pris de naturel et de simplicité connaît, pour moi, une limite, dans le premier acte – la rencontre au théâtre – où un peu de coquetterie de la part de l’étoile aurait été bienvenue ; Marguerite Gautier n’est tout de même pas une bourgeoise sévère. John Neumeier a choisi de mêler, par le principe de la mise en abyme, le destin de la Dame aux camélias à celui de Manon Lescaut. C’est à l’occasion d’une représentation de l’adaptation théâtrale de l’œuvre de l’abbé Prévôt que Marguerite et Armand se rencontrent. A partir de ce moment, le fantôme de la courtisane de la Régence va hanter l’héroïne. Les amants maudits sont incarnés par les premiers danseurs Eve Grinsztajn et Christophe Duquenne. Ils réussissent à donner une épaisseur à leur personnage dans une ambiance onirique. Eve Grinsztajn s’impose comme une figure maléfique et implacable qui ne lâche par Marguerite. Leur face à face à l’acte 3 est l’un des moments les plus intenses. Autre couple du récit, celui formé par Mélanie Hurel et Nicolas Paul, Prudence et Gaston, deux amis des héros. Mélanie Hurel dont on admire toujours le jeu, est très à l’aise dans ce rôle canaille de demi-mondaine. Son partenaire est un peu trop pâle pour un jeune bourgeois amateur de plaisir. Ce duo renvoie à Marguerite et Armand l’urgence de l’amour condamné par la maladie. Admirablement construit, La Dame aux camélias est un grand classique du répertoire, choisi d’ailleurs dans cette série par l’étoile Agnès Letestu pour faire ses adieux à la scène lors de la dernière, le 10 octobre. Stéphanie Nègre L Pujol et M Ganio dans «La Dame aux Camelias» © Julien Benhamou La danse en novembre L’Opéra de Paris consacre le mois de novembre à la danse contemporaine avec, du 31 octobre au 14 novembre, un programme réunissant Glacial Decoy de Trisha Brown, Doux mensonges de Jiri Kylian et Darkness is hiding black horse de Saburo Teshigawara. Le théâtre de Chaillot re-prend un classique de Jean-Claude Gallota, Yvan Vaffan, du 19 au 23 novembre, puis présente du 20 au 29 a novembre Timeproject, une création de Prue Lang, ancienne danseuse de William Forsythe. Le Théâtre de la ville accueille Partita 2 sei solo d’Anne Teresa de Kerrsmaeker du 26 novembre au 1er décembre avec sur scène le danseur et chorégraphe Boris Charmatz et la violoniste Amandine Beyer. Musique et danse sur scène, c’est aussi le principe de Boxe Boxe de Mourad Merzouki qui réunit les danseurs du Centre chorégraphique c t u a national de Créteil et le quatuor Debussy au Théâtre des Gémeaux à Sceaux les 29 et 30 novembre. Annonçant Noël, le Saint Petersbourg Ballet Théâtre sera au Théâtre des Champs Elysées avec Casse-Noisette les 8, 9 et 10 novembre. La compagnie Antonio Gadès sera de retour en région parisienne à l’Opéra de Massy avec Noces de sang le 23 novembre. Stéphanie Nègre l i t é p Peut-on plaider pour le Kitsch ? Eadweard Muybridge (1830-1904) «Lutte de deux hommes nus», 1887 Epreuve photomécanique, 16,5 x 43,5 cm Paris, musée d’Orsay © Musée d'Orsay, dist. RMN / Alexis Brandt Masculin / Masculin doit d’abord être entendu comme il résonne. Ce titre pourrait faire penser à un nom de parfum, et, de fait, c’est un florilège du mâle en peinture, en photographie et en sculpture qui s’offrira au spectateur, une déclinaison du corps de l’homme dans chacune des situations où il peut se trouver représenté… Ce bric-à-brac savamment agencé mêle les époques et les styles, les grands artistes et les moins grands, de belles œuvres (Roland Furieux de Jehan Duseigneur) à des sujets anecdotiques (Mort pour la patrie de Jules Antoine Lecomte du Noüy). Pour notre plus grand plaisir, parfois, ainsi d’un Balzac colossal de Rodin, couvrant du regard le père mort (Dead Dad) de Ron Mueck, ou avec une audace intrigante, en confrontant un Grand Guerrier d’Antoine Bourdelle à un monumental a c t u athlète d’Arno Breker, sculpteur officiel du IIIe Reich. Les deux Saint Sébastien d’Alfred Courmes, dans la pénultième salle, comme un écho railleur à ceux de Georges de la Tour et de Guido Reni dans la première, achèvent de nous convaincre que les accrocheurs ont mis à contribution leur talent pour suggérer des rapprochements étincelants. Mais quel genre donc de rapprochements ? Un humaniste illuminé du XVIe siècle avait un jour projeté un théâtre au sein duquel toute la mémoire visuelle de l’humanité pourrait être archivée. Il découpait, pour cela, nos représentations en lieux, et regroupait en chacun d’entre eux un nombre fini d’images, elles-mêmes se laissant décomposer en d’autres images de quantité finie. Tout ce que nous pouvons voir naissait ainsi de la combinaison des éléments de la mémoire. C’est cette inspiration que semble poursuivre l’exposition, regroupant ses tableaux en fonction d’un choix de thèmes qui pourraient faire penser à une grammaire du masculin, telle qu’elle s’est articulée aux yeux des commissaires : pastiche de l’idéal classique (Mercure de Pierre et Gilles), fantasme du corps athlétique (Madawaska, poids léger acadien de Marsden a l i s Résistance Les visiteurs soucieux d’assortir leur visite au musée d’une forte dose de plaisir esthétique pourraient être rebutés par l’intitulé de la nouvelle exposition du Musée d’Orsay. Auront-ils affaire à un parcours consacré au problème social de l’homosexualité et à ses représentations dans l’art depuis 1800, ou à un développement didactique dédié au nu à travers les âges, avec toutes les synthèses simplificatrices et l’organisation artificiellement téléologique que cela implique ? Rapprochements ? r Hartley), réalisme désenchanté (Lucian Freud), nostalgie naturiste (Wilhelm Von Gloeden), érotisme de la souffrance (Ixion attaché à sa roue par George Platt Lynes), pornographisme (Les Amants par Cocteau). Autant de lieux d’où l’imagination est susceptible de tirer ses représentations. musée d’orsay : masculin / masculin Pas le moins du monde ! C’est l’un des grands mérites de cette exposition que d’avoir cherché à se tenir loin de tout asservissement idéologique pour traiter son sujet. Au premier abord, le pari semble tenu. À bien y regarder, y a-t-elle réussi ? a i t Pourtant, certains tableaux, souvent les plus beaux, résistent à cet agencement. Une Figure allongée de Bacon n’a rien de commun avec le Would-Be Martyr and 72 Virgins de David LaChapelle, hormis la position horizontale. Les plus belles pièces de la série, comme les scènes de baignade de Munch et de Cézanne, les Gustave Moreau, les autoportraits d’Egon Schiele, liés au corps de l’homme, mais pris dans une quête tellement plus vaste, échappent et résistent. Refusant d’articuler le corps aux problèmes de technique ou aux problèmes d’idée, Masculin / Masculin finit par avouer son parti pris… La faiblesse de cette exposition, sans doute, aura été de faire passer un peu trop naïvement la nature du sujet, la forme de l’objet, avant les impressions diffuses de qualité. On comprend, dès lors, la place importante et étonnante prise par Pierre et Gilles dans l’exposition. Les deux artistes, dont le Mercure sert d’emblème à Masculin/Masculin, réduisent le traitement du corps de l’homme à un problème de kitsch, une question d’exploitation de répertoire. À la confluence de la peinture et de la photographie, ils prennent plaisir à reprendre l’idéal pour montrer qu’au fond la seule chose qu’il y ait à y chercher, c’est ce qui perce d’un peu de son épaisseur, d’un peu de son odeur, le corset de la forme consacrée. Les ambitions formelles de rupture avec l’ordre classique finissent en queue de poisson : retour à un projet de figuration simplifié, entouré du décorum mythologique et mémoriel, habillé d’un film huileux de représentations fétichisées… Un petit ton couverture de magazine, un brin Têtu à Taormine… Les visiteurs en quête de corps, hommes ou femmes, y trouveront leur compte. Les autres regretteront qu’on ravale le nu à son potentiel kitsch. Reste le plaisir de flâner et de se repérer à son goût, d’associer selon son œil. Restent les Adolescents de Picasso, la Méditation de Kupka, la Roue de la fortune d’Edward Burne-Jones, les deux fascinantes études de Gaudenzio Marconi… Samuel Monsalve Masculin / Masculin, Musée d’Orsay, jusqu’au 2 février. é 79 p a r i s évoluent des couples bourgeois, dont il observe avec distance et ironie les rapports entre eux, comme dans la suite Intimités. grand palais : félix vallotton Le feu sous la glace Cadrage Voilà près d’un demi-siècle qu’aucune rétrospective n’a été consacrée à cet artiste, par un musée national à Paris, la dernière ayant eu lieu au musée national d’art moderne en 1966. En Suisse, l’artiste appartient aux gloires nationales et de nombreux musées et collectionneurs suisses peuvent s’enorgueillir de posséder des œuvres clés de l’artiste. 80 Une œuvre artistique importante, qui compte plus de 1700 tableaux auxquels s’ajoute une œuvre graphique, mais aussi une production littéraire, incluant des romans, des essais, des critiques d’art et un journal. A l’automne 2007, le Kunsthaus de Zurich avait consacré une rétrospective à l’œuvre peint de Félix Valotton (1865-1925), sous le titre Idylle au bord du gouffre, qui en montrait l’originalité et son modernisme. On retrouvera d’ailleurs beaucoup d’œuvres de cette exposition dans cette présentation parisienne, chapeautée par un commissariat franco-helvétique : Guy Cogeval et Isabelle Cahn du musée d’Orsay et Marina Ducrey et Katia Poletti de la Fondation Félix Valloton de Lausanne. L’exposition du Grand Palais a pris le parti d’une présentation thématique et non pas chronologique, ce qui ne facilite pas toujours la visibilité du parcours. Par contre, en intégrant l’œuvre gravée de l’artiste, c’est aussi montrer le style singulier, les compositions surprenantes et les fascinants contrastes noir et blanc, qui n’ont pas leur équivalent dans l’art graphique français. Car, avant d’être peintre, Valloton fut graveur. Lorsqu’il s’installe à Paris en 1882, il fréquente comme beaucoup de néo-impressionnistes et Nabis, l’Académie Jullian. Plus que ses portraits peints dans une veine réaliste qu’il présente au Salon de la Société des artistes français, de 1885 à 1891, et qui déconcertent public et critique, lui reprochant froideur et sécheresse, c’est son talent de xylographe qui fait sensation dans l’avant-garde parisienne. Ces petites images noir et blanc d’une ironie féroce lui donnent le ticket d’entrée dans le groupe des Nabis, auquel il restera fidèle jusqu’à sa dissolution en 1903. Entre 1891 et 1901, il a réalisé un peu plus de cent vingt gravures sur bois, où l’atmosphère compte plus que la technique et la critique sociale prime sur l’humour. Ses sujets, il les puise dans son environnement, la vie moderne parisienne, les intérieurs bourgeois, où jouent des musiciens solitaires, mais aussi, où Félix Edouard Vallotton «Le Bain turc», 1907 Huile sur toile, 130,5 x 195,5 cm © Musee d’art et d’histoire, Geneve, photo : Bettina Jacot-Descombes a c t u a Un bon graveur est avant tout un bon dessinateur et c’est ce qui constitue la première section de l’exposition, sous le titre, Idéalisme et pureté de la ligne. « Le trait est l’outil idéal pour conserver la puissance de l’analyse, dompter l’émotion et maîtriser le langage subjectif de la couleur », souligne Isabelle Cahn. Ses premiers portraits, comme son Autoportrait à l’âge de vingt ans (1885), Félix Jasinski tenant son chapeau (1887) montrent qu’il travaille tous les détails avec minutie, faisant disparaître presque complètement les touches du pinceau. L’éclat lisse et froid rappelle le modelé et le cadrage propre à la photographie et à laquelle Valloton s’intéresse de très près, puisqu’il achète un appareil vers 1900. Portraits audacieux dans leur composition et qui s’écartent des canons du portrait traditionnel. C’est également ce que l’on ressent devant le portrait de Gertrude Stein (1907), cette femme si puissante du monde de l’art de l’époque. Vêtue d’une robe sombre assise dans une pièce neutre, elle ne montre aucune élégance ni dignité particulière mais c’est « une impression de carcan physique et d’emmurement psychologique » qui se dégage de ce portrait. Si le portrait de Gertrude Stein peint par Picasso était bien en vue chez elle, celui de Valloton avait été relégué dans un coin plus discret. Le regard photographique se retrouve également dans les paysages. Valloton rejette l’espace illusionniste par écrasement de la perspective, recourant le plus souvent à un angle de vision mobile. L’espace perspectif bascule de bas en haut au lieu d’être dirigé vers une profondeur fictive engendrée par un point de fuite unique. Un procédé qui structure la plupart de ses paysages, comme Laveuses à Etretat (1899), Souvenir des Andelys (1916) ou Vue cavalière de la Cagne (1921). Ce regard photographique, on le retrouve, lorsque Valloton représente les scènes de personnages dans des intérieurs bourgeois, construisant ses fictions à la manière de l’objectif d’une caméra pour dénoncer l’impossibilité de l’amour. Comme un metteur en scène, il plante son décor, déplaçant les meubles, comme ce fauteuil rouge, qui réapparaît dans plusieurs tableaux. Dans La Chambre rouge (1898), Le Mensonge (1898), L’Attente (1899), Intérieur fauteuil rouge et figures (1899), tout est à chaque fois disposé comme au l i t é p Felix Vallotton «Interieur avec femme en rouge de dos», 1903, huile sur toile, 93 x 71 cm Zurich, Kunsthaus Zurich, legs Hans Naef © Kunsthaus Zurich 2013 / droits reserves théâtre ; les éléments des tableaux disposés avec précision fonctionnent comme des indices révélateurs d’une action. Cette manière de représentation statique et scénarisé annonce la sensation de tension dans l’univers des intérieurs d’Edward Hopper. Femmes A partir de 1905, portrait et paysage sont temporairement délaissés par le peintre et le peintre s’adonne au nu, qui devient désormais un genre central dans son œuvre. Sa peinture foisonne de femmes dévêtues et posant dans les postures les plus insolites, comme ces Femmes nues jouant aux dames (1897) ou Femmes nues aux chats (1897-1898). Le Repos des modèles (1905) est une grande toile, qui devient le manifeste de sa nouvelle démarche et qui, pour Thadée Natanson de La Revue Blanche, « trahit une sensualité toujours en appétit de toutes sor- a c t u tes de gourmandises ». De même les femmes au bain ou en train de faire leur toilette, à la sensualité débordante mais contenue par une ligne qui enserre les formes, sont un thème récurrent. Le spectateur y occupe une position de voyeur. Il se sert également de motifs classiques comme dans Nu à l’échappe verte, reprise d’une gravure de Rembrand montrant Antiope dévoilée et contemplée par Jupiter en satyre. Un personnage qui pourrait être une figure métaphorique de Valotton lui-même, puisqu’il est présent dans différentes œuvres et représente la concupiscence masculine. Mais ces nus n’évoquent pas les fantasmes de l’amour fou, aucune caresse ne vient réchauffer ces chairs lisses, « figées dans les glacis de la peinture à l’huile ». Dans les promesses de plaisir de ces séductrices, il y a de la violence car elles mènent l’homme à la perdition. Ce thème de l’amour lié à l’anéantissement est un leitmotiv de la littérature romantique et symbo- a l i t a r i s liste. Valloton est aussi le peintre virtuose des natures mortes, nombreuses dans sa production tardive. Il restitue avec une minutie d’orfèvre la transparence et l’opacité des matières, le mat et le brillant des surfaces, la rotondité et l’angularité des formes. Ses Poivrons rouges (1905) font figure de précurseurs de l’hyper-réalisme : avec sobriété, distance, le peintre a combiné des objets de la cuisine et disposés dans un arrangement minimaliste, leur conférant une dimension inquiétante. Pour les natures mortes, le processus d’élaboration est identique à celui des nus. On ne s’étonnera donc pas que les Poivrons rouges, les Capucines et prunes ou les Branches de poirier voisinent avec une Etude de fesses (1884) ou La Roumaine en robe rouge (1925), L’Africaine (1910). Valloton s’essaie aussi au genre mythologique, réalisant des tableaux de très grands formats. Trois versions d’Andromède et de Persée sont présentées. Avec Persée tuant le dragon (1910), il se réfère à l’Orlando Furioso de L’Arioste, pour signifier la supériorité de l’homme sur la femme. Cette lutte violente opposant hommes et femmes est un thème qu’il reprend aussi dans Penthée (1904) et Soir antique (1904) : la première scène nous montre des femmes prises de folie pourchassant Penthée, le roi de Thèbes, pour le tuer ; dans l’autre, au contraire, ce sont les femmes qui sont violentées par une horde de satyres lancées à leurs trousses. Dans L’Enlèvement d’Europe (1908), contrairement à la tradition montrant Europe en victime éplorée d’un rapt, c’est Europe qui saute sur le dos de sa divine monture. Ainsi donc jusque dans les mythes, Valloton ne peut s’empêcher de parler de la relation tendue et violente entre les sexes. « Qu’est-ce que l’homme a donc fait de si grave qu’il lui faille subir cette terrifiante « associée » qu’est la femme ? » s’exclame-t-il dans son Journal en 1908. L’exposition prend fin avec le conflit de la Première Guerre mondiale. Il revient à la gravure pour figurer le sort tragique des soldats dans les tranchées. Dans Verdun (1917), c’est une vision de la guerre, à laquelle il donne son interprétation la plus aboutie, tentant d’exprimer par des droites les forces que déchaîne une guerre désormais dominée par la technique. Saluons la scénographie de l’exposition, qui cherche à marquer la dramatisation progressive de l’espace d’exposition, en servant de la géométrie et de la couleur. Régine Kopp é 81 p a r i s grand palais Georges Braque ou la beauté moderne Ainsi donc, il aura fallu attendre plus de quarante ans, pour qu’une ambitieuse rétrospective vienne replacer un des artistes majeurs du XXème siècle sous les feux des projecteurs. En 238 tableaux, dessins, sculptures, gravures, la commissaire Brigitte Réal, directrice adjointe du Centre Pompidou, montre, à travers toutes les périodes de création de Georges Braque (1882-1963), du fauvisme au cubisme et jusqu’à l’œuvre ultime dédiée aux séries des grands ateliers et des oiseaux, qu’il appartient à la génération des héritiers de Cézanne, celle qui a inventé la beauté moderne. 82 Tête de cordée en opposition au réalisme du fugitif des impressionnistes. Le cubisme à ses débuts est avant tout une histoire d’amitié, qui va durer jusqu’au moment où Braque part pour la guerre. C’est Guillaume Apollinaire qui, à la fin de l’année 1907, emmène Braque chez Picasso au BateauLavoir où il travaille aux Demoiselles d’Avignon. Toute cette période que l’on appellera d’abord cubisme analytique puis cubisme synthétique occupe les premières salles du parcours et est abondamment documentée. Avec des œuvres de référence, venant de grandes collections publiques françaises, comme le Centre Pompidou, qui détient des œuvres clefs mais aussi des collections étrangères comme celles provenant de Suisse, un pays contributeur majeur de cette exposition, mais aussi les Etats-Unis. Le point de départ de l’exposition rappelle l’expérience fauviste du peintre, lorsqu’il décide de partir, en octobre 1906, dans le midi et peint des ports ou des paysages de l’Estaque dans une palette cézanienne d’ocre et de vert. Il ne succombe pas aux outrances colorées de certains autres fauvistes : il rachètera en 1959 La Petite Baie de La Ciotat (1907) justement pour cette raison, car « c’est une toile fauve qui ne rugit pas ». Par contre, il s’imprègne de la leçon de Cézanne – telle qu’elle est professée dans une lettre de 1904 à Emile Bernard - : « traiter la nature par le cylindre, la sphère et le cône ». La couleur pure s’estompe au profit de la construction, ce dont témoigne toute une série de toiles peintes à l’Estaque. Il dira au sujet de son Grand Nu (1907-1908), une femme montrée à la verticale : « je ne pourrais représenter une femme dans toute sa beauté naturelle. Je n’ai pas l’habileté. Je dois par conséquent créer une nouvelle sorte de beauté, la beauté qui m’apparaît en termes de volume, de ligne, de masse, de poids… ». La couleur, elle, va perdre de sa superbe, et se réduit à des camaïeux de gris-beige. C‘est l’époque où Braque et Picasso sont très liés et partagent cette même conception de la représentation de la réalité sur le principe de la facette qui subdivise l’intérieur des formes, appliquée plus aux natures mortes, aux objets qu’aux paysages. Dans cette aventure du cubisme, que Braque compare à “une cordée en montagne“, il est souvent considéré comme le numéro deux derrière Picasso. Or, il n’en est rien. Ce qu’avait déjà brillamment montré l’exposition «Picasso Braque» montée par William Rubin au Moma de New York en 1990 et que la France avait laissé honteusement filer au profit du Musée des Beaux-Arts de Bâle qui l’accueillit. Cette nouvelle rétrospective enfonce le clou et Braque y confirme sa place comme inventeur du cubisme mais pas seulement. C’est l’exposition consacrée à Georges Braque à la galerie Kahnweiler en novembre 1908, qui marque les débuts du cubisme. Y sont alors présentés des paysages de l’Estaque, où la perspective a volé en éclats, remplacée par des volumes géométriques, articulés par plans et sans référence anecdotique. En parlant de cette nouvelle manièGeorges Braque, «Le viaduc à l’Estaque», début 1908. re de percevoir la réalité, x 59 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Kahnweiler dira qu’il s’agit du Huile sur toile, 72,5dation, 1984 © Centre Pompidou, MNAM-CCI, réalisme de ce qui est durable, Dist. Rmn-Grand Palais / Jacques Faujour © Adagp, Paris 2013 a c t u a l Dérive Mais fin 1911, toute référence à la réalité ayant disparu, les objets se fondent les uns dans les autres et ce cubisme trop hermétique pose la question de la dérive vers l’abstraction. Qu’à cela ne tienne, Braque et Picasso vont trouver d’autres solutions. Au printemps 1912, Picasso invente le collage et Braque, qui introduit alors des lettres et des chiffres au pochoir, comme par exemple dans Compotier, bouteille et verre (1912), et au printemps 1912, invente la pratique des papiers collés : journal, partition de musique, carte à jouer, i t é p a paquet de cigarettes, tout est bon pour retrouver la réalité. On passe au cubisme synthétique, plus formaliste. L’espace du tableau est réorganisé, par la création de larges plans et la lisibilité de l’objet est accentuée. Dans Compotier et verre (1912), Braque a acheté un rouleau de tapisserie imitant le faux bois, dont il découpe trois morceaux qu’il colle sur une feuille de papier, puis les relie par des traits au fusain. C’est un vrai festin pour l’œil que de contempler ces compositions cubistes, de natures mortes, d’instruments de musique, réalisées par Braque jusqu’en 1914. Comme pour beaucoup d’artistes français, la guerre va être une césure et laissera des traces. Braque est gravement blessé et sa vision de la réalité change. En 1917-1918, il peint La Musicienne, chefd’œu-vre du cubisme synthétique. Mais la carrière de Braque ne s’arrête pas là et c’est aussi l’intérêt de cette exposition de ne pas réduire Braque au seul cubisme. r i s aux artistes, celui de l’atelier. Dans les années cinquante, il devient le peintre phare de toute la nouvelle génération d’artistes. Nicolas de Staël verra en lui « le plus grand des peintres vivants de ce monde », alors qu’Alberto Giacometti admire « cette peinture nue, exigeante, profondément ancrée dans la matière et instantanément charnelle ». Dans cette Normandie, où il vit désormais, il peint des paysages, gorgés de matières, où l’on ne voit rien d’autre que la terre et le ciel : Marine (1956), Paysage au ciel sombre I et II (1955), La Plaine I (1955/56). Ce sont ces œu-vres que Giacometti regarde avec émotion. Le thème de l’oiseau, qui surgit dans son œuvre ultime, est traité de manière figurative pour devenir de plus en plus abstrait. Des oiseaux noirs aux formes puissantes et inquiétantes qui, répondant à une commande de l’état français, finiront leur course sur le plafond de la salle Henri II du musée du Louvre. Une entrée au Louvre, que Braque doit à son statut d’artiste officiel de la France, célébré par le ministre de la Culture, André Malraux, mais qui ne fait en réalité que le desservir. L’exposition a aussi le mérite d’évoquer le rayonnement du peintre dans les milieux littéraires, autour de la NRF, grâce à une En Normandie série de documents, lettres, Dans l’entre-deux photographies, extraits d’entreguerres, le cubisme perd tiens. Jean Paulhan publiera en en puissance et la rigidité 1943 Braque le Patron. A l’ocGeorges Braque, «La Musicienne», 1917-1918. Huile sur toite, 221,4 x 112,8 cm. Bâle, Kunstmuseum Basel Schenkung des formes géométrique casion de l’exposition Georges Dr h.c. Raoul La Roche, 1952 © Basel, Kunstmuseum © Adagp, Paris 2013 cède le pas devant la courBraque, en juin 1947, à la galerie be, la peinture reprend des couleurs. Les sujets Normandie, à Varengeville, où il s’installera en Maeght, René Char signe la préface du catalode prédilection de Braque sont les natures mor- 1939. Ses natures mortes ne se limitent plus à gue. Une parole à méditer en guise de conclutes, les figures mythologiques, il se passionne étudier un seul objet mais s’élargissent à une sion : « les enfants et les génies savent qu’il pour les sculptures grecques archaïques. Ses table, une fenêtre ou même un salon. Pendant n’existe pas de pont, seulement l’eau qui se laisCanéphores des années vingt, bien qu’anti-aca- l’occupation, il réalise des œu-vres sombres et se traverser. Aussi chez Braque, la source est-elle démiques par leurs proportions et couleurs, douloureuses, des vanités avec des têtes de mort inséparable du rocher, le fruit du sol, le nuage de s’inscrivent dans ce mouvement du retour à et des crucifix, des poissons noirs. De 1944 à son destin, invisiblement et souverainement ». Régine Kopp l’ordre et au figuratif et ne sont pas sans rappe- 1949, il travaille à la série des Billards où il repler les monumentales Baigneuses de Picasso. rend l’espace visuel cubiste, en le cassant. Puis, En 1930, il se fait construire un atelier en au sortir de la guerre, il explore un thème cher Jusqu’au 6 janvier 2014 a c t u a l i t é 83 p a r i s fondation cartier-bresson Sergio Larrain « Une bonne image naît d’un état de grâce, et la grâce vient quand on est libéré des conventions » Ce sont les paroles de Sergio Larrain (1931- 2012), photographe chilien ; son travail, après avoir été exposé aux Rencontres d’Arles, sera à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris jusqu’au 22 décembre 2013. Sergio Larrain, «La Ruche», Paris, 1959 © Sergio Larrain / Magnum Photos Né dans une famille bourgeoise et cultivée de Santiago, Sergio Larrain part à l’âge de 19 ans faire ses études aux Etats-Unis où il achète son premier Leica. C’est à travers ses images d’enfants abandonnés des rues, que la photographie ne le quitte plus. En 1954, il s’établit comme photographe free-lance et réalise plusieurs reportages, entre autres sur Valparaiso en rendant un vibrant hommage à la ville qu’il qualifie de balcon chilien face au Pacifique. Il retournera plusieurs fois dans cette ville jusqu’en 1963 pour aboutir, au fil des ans, à un essai photographique d’une grande puissance par tous les aspects qui y sont montrés de cette ville. En 1959, ses pas l’emmènent en Europe grâce à une bourse du British Council. Puis il rejoint Magnum pour lequel il fait plusieurs reportages d’actualité. 1981 reçut ses documents et communiqua avec lui par plus de 500 lettres sans jamais le rencontrer, que l’on doit l’organisation de ces deux retrospectives. Dans ses images, il utilise de façon percutante le jeu des ombres et des lumières. Des silhouettes et des visages sortent de l’ombre, mettant en évidence leur rapport avec l’environnement. Souvent, pour insister sur le côté démuni de ses sujets, il se met à ras du sol pour cadrer. De même, il joue avec le flou des profondeurs de champs, pour suggérer deux mondes qui cohabiteraient dans le même cadre, comme deux niveaux antagonistes de pensée, le rêve et la réalité. Sergio Larrain, Ile de Chiloé, Chili, 1957 © Sergio Larrain / Magnum Photos 84 Cependant le côté contraignant de la presse ne correspond pas à son caractère d’artiste et de poète… « Je crois que la pression du monde journalistique – être prêt à sauter sur n’importe quel sujet – détruit mon amour et ma concentration pour le travail », écrit-il à Henri CartierBresson en 1965. Aussi vers 1970 Sergio Larrain se retire-t-il dans les montagnes de son pays où il vécut en ermite tout en continuant d’envoyer des planches-contact à Magnum. C’est à Agnès Sire, alors à Magnum, qui dès Christine Pictet Monographie Sergio Larrain Editions Xavier Barral Les photographies de Sergio Larrain n’ont fait l’objet que de quatre livres de son vivant. Aucune monographie complète n’avait été publiée sur son travail avant qu’il n’accepte ce projet, avec la complicité de ses enfants, a quelques mois avant son décès. Agnès Sire, avec qui il a entretenu une correspondance durant trente ans, a œuvré, avec Magnum, à la préservation de son patrimoine photographique. Cet ouvrage se répartit en deux grands axes, l’Amérique latine et l’Europe. Une sélection de plus de 200 photographies enrichie d’une biographie détaillée, de lettres importan- c t u a tes, de ses dessins, carnets de travail et de quelques textes de sa main destinés à la méditation, nous plongent dans l’univers de cet artiste hors du commun, resté méconnu. C.P. Relié, 210 x 292 mm, 400 pages Prix : 65 € Textes d’Agnès Sire et Gonzalo Leiva Quijada l i t é p chronique des concerts Une rentrée en fanfare Le Théâtre des Champs-Elysées ouvre avec faste la saison des concerts parisiens. a e Nelson Freire n s David Verdier Jukka-Pekka Saraste g i redoutables de Im Abendrot laissait çà et là percer quelques faiblesses mais dans l'ensemble, le legato reste très dense et coloré. Retour au Théâtre des Champs-Elysées pour deux concerts de l'Orchestre National de France sous la direction de Daniele Gatti. C'est l'occasion de célébrer Giuseppe Verdi à travers la rare Sinfonia d'Aida, pièce virtuose et haute en couleurs que l'orchestre joue avec un plaisir non dissimulé devant un public conquis. Le ténor maltais Joseph Calleja affronte ensuite les Huit romances, transcriptions pour orchestre d'une partition pour piano et voix soliste. La tenue impeccable et la projection rayonnante de la voix font merveille malgré le registre grave souvent sollicité. Dans la seconde partie, la soprano Leah Crocetto fait honneur à l'Ave Maria d'Otello ainsi que le chœur de Radio-France dans les extraits des Quattro pezzi sacri ainsi que le Stabat Mater et le Te Deum. Signalons l'hommage rendu par l'orchestre et son directeur musical à Henri Dutilleux, disparu en mai dernier. Les Mystères de l'instant illumine la soirée par de subtils alliages de cordes, cymbalum et percussions. Emblématique de l'éveil de la vie artistique du Brésil, l’Orchestre Symphonique d’État de São Paulo rendait visite au public parisien, sous la direction de l'Américaine Marin Aslop. Ce concert commençait par Terra Brasilis de la très inventive Clarice Assad. Ecrite sur le modèle d'une “fantaisie sur l'hymne national brésilien“, la musique se développe en plusieurs épisodes illustrant l'histoire du pays et des vagues d'immigration qui l'ont peuplé. Le prestigieux pianiste Nelson Freire rejoignait les musiciens pour un Deuxième concerto de Chopin assez relâché et distendu, comme assoupi dans les teintes vaporeuses. C'est un tout autre univers qui attendait le public en seconde partie avec la 1ère Symphonie de Gustav Mahler. Marin Aslop montra son talent à tenir ses troupes fermement, accentuant volontiers les contrastes entre les passages lents et rapides, frôlant parfois la précipitation dans ces derniers, mais toujours avec panache. Cette vision très affirmée se conclua en bis par… une bossa nova, Pé de Vento de Edú Lobo, ainsi que le tonitruant Finale du ballet L'Ecrou de Chostakovitch. Le Philharmonique de Vienne est conduit par Lorin Maazel dans une 8e symphonie d'Anton Bruckner qui avait été annulée en mars dernier. Le maître de Saint-Florian a inspiré à Maazel de nombreux enregistrements, dont une intégrale à la tête de la Bayerischer Rundfunks. La battue est très assurée, presque trop épanchée dans les passages qui nécessitent davantage de contrôle. L'adagio en revanche est d'une longueur excessive, compte-tenu du manque de tension qui s'installe en cours de route. Le mouvement final donne la part belle à l'impressionnante dynamique de l'orchestre mais ce volume excessif écrase les voûtes de la cathédrale de notes qu'on y entend souvent. L'orchestre symphonique de la WDR (Westdeutscher Rundfunk) de Cologne était invité Salle Pleyel dans un programme Beethoven-Strauss de toute beauté : Ouverture d'Egmont, 5e symphonie et Quatre derniers Lieder. Jukka-Pekka Saraste est un chef énergique et précis, ce qu'il démontre brillamment dans un Egmont noir et acéré. Les lignes mélodiques se croisent avec une rare beauté, emportant tout sur leur passage. Cette puissance dévastatrice avait ensuite tendance à gommer les détails de la célébrissime 5e symphonie, magnifique démonstration de maîtrise mais un rien moins habitée que l'ouverture précédente. La soprano finlandaise Karita Mattila donna pour terminer une interprétation remarqué des Quatre dernier Lieder Marin Aslop de Richard Strauss. Le souffle et le legato a r d a 85 p a r i s Sélection musicale de novembre 2013 : 86 A l'affiche de l'Opéra Bastille du 25 novembre au 19 décembre, I Puritani de Bellini conçu par le prolifique Laurent Pelly et dirigé par Michele Mariotti, une œuvre qui n'avait pas eu les honneurs de la capitale depuis bien longtemps. La distribution réunira Wojtek Smilek (Lord Gualtiero Valton), Michele Pertusi (Sir Giorgio), Dmitry Korchak / René Barbera (17, 19 déc.) (Lord Arturo Talbot), Mariusz Kwiecien (Sir Riccardo Forth), Luca Lombardo (Sir Bruno Roberton), Andreea Soare (Enrichetta di Francia) et Maria Agresta (Elvira), Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris. Sur la scène du Palais Garnier retour de la production signée Willy Decker de La Clemenza di Tito de Mozart. L'Orchestre de l'Opéra national de Paris sera placé sous la direction de Thomas Netopil avec les interprètes Saimir Pirgu (Tito Vespasiano), Tamar Iveri (Vitellia), Maria Virginia Savastano (Servilia), Stéphanie D'Oustrac (Sesto), Hannah Esther Minutillo (Annio) et Balint Szabo (Publio) du 27 novembre au 23 décembre 2013. Dans le cadre du cycle Convergence, le concert du 13 novembre permettra d'entendre des œuvres de Britten, Henze et Schönberg interprétées par la soprano Soile Isokoski et le Quatuor Aron. Le 26 novembre récital du ténor Jean-François Borras accompagné par Marcelo Amaral (piano) : au programme mélodies de Hahn, Liszt et Gounod. Le 29 novembre enfin, Christophe Prégardien chantera Schubert avec le pianiste Michael Gees (Chants d'adieux et de voyage). Au TCE, Norma de Bellini sera dirigée le 15 novembre en version de concert par le maestro Evelino Pidò avec dans le rôle-titre Carmen Giannattasio accompagnée par Massimo Giordano (Pollione), Enrico Iori (Oroveso), Sonia Ganassi (Adalgisa), Gianluca Floris (Flavio) et Anna Pennisi (Clotilda), Orchestre de l’Opéra de Lyon. Le 16 novembre Philippe Herreweghe dirigera le Requiem de Gabriel Fauré avec Hana Blažiková et Benoît Arnould, Orchestre des Champs-Elysées et Collegium Vocale Gent. Du 16 au 19 novembre, l'Opéra comique propose Written on Skin de George Benjamin, un opéra en trois parties sur un texte de Martin Crimp, créé en 2012 au Festival d'Aix-en-Provence. L'œuvre dirigée par son auteur et mise en scène par Katie Mitchell sera interprétée par Christopher Purves (The Protector) et Barbara Hannigan (Agnes). Du côté de la Salle Pleyel, concert le 15 novembre de l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Heinz Karl Gruber avec les solistes Anne Sofie von Otter, David Lefort, Robert Getchell, JeanChristophe Jacques et Geoffroy Buffière dans un programme Kurt Weill (Les sept péchés capitaux et songs diverses). Le 16, place au London Symphony Orchestra dirigé par Valery Gergiev avec la mezzo-soprano Karen Cargill pour une soirée consacrée à Berlioz. Le lendemain, Berlioz toujours par le London Symphony Orchestra & Chorus placé sous la direction de Gergiev et les interprètes Olga Borodina, Kenneth Tarver et Ildar Abdrazakov interpréteront Roméo et Juliette. Le 23 Hervé Niquet et Le Concert Spirituel joueront Les Mystères d'Isis, un arrangement effectué par Ludwig Wenzel Lachnith d'après La Flûte enchantée de Mozart, avec Sandrine Piau (Pamina), Marie Lenormand (Mona), Renata Pokupic (Myrrène), Sébastien Droy (Isménor), Tassis Christoyannis (Bochoris) et Malin Bystrom © Peter Knutson Jean Teitgen (Zarastro). Le 26 comme a c t chaque saison retour de Cecilia Bartoli entourée du Kammerorchester Basel dirigé par Muhai Tang dans un programme « Mozart et la Vienne classique », composé de scènes et d'airs de Gluck, Haydn, Mozart et Beethoven. Les 28 et 30 novembre l'Orchestre de Paris dirigé par Bertrand de Billy réunira Malin Byström, Renata Pokupic, Werner Güra, Maximilian Schmitt et Hanno Müller-Brachmann pour interpréter Saint-Saëns (Symphonie en la majeur) et Schubert (Messe en mi bémol majeur). Le Théâtre du Châtelet accueillera le 18 novembre la mezzo suédoise Anne Sofie von Otter pour son nouveau programme intitulé « Douce France » composé de morceaux signés Debussy, Fauré, Ravel, Saint-Saëns, Hahn, mais également des chansons de Léo Ferré et de Charles Trenet accompagnée par Bengt Forsberg (piano), Bengan Janson (accordéon), Mats Bergström (guitare), Per Ekdahl (percussion), Carl Bagge (piano) et Olle Linder (bass). Les 12, 13 et 15 novembre Vocaloid opera, un « opéra contemporain » sans interprète vivant imaginé par le musicien Keiichiro Shibuya qui tentera de répondre à ces questions en expérimentant une voix créée par un logiciel : Hatsune Miku une « vocaloïde », qui est à la chanteuse ce que l’humanoïde est à l’être humain. Un spectacle en japonais surtitré. Conception originale du livret par Toshiki Okada, scénographie Shohei Shigematsu et costumes de Marc Jacobs pour Louis Vuitton. A l'Opéra Royal du Château de Versailles le 5, concert de la soprano Sabine Devieilhe, avec le violon solo Zefira Valova, et Les Ambassadeurs dirigé par Alexis Kossenko. Le 7 Laurence Equilbey dirigera Orfeo ed Euridice de Gluck avec Franco Fagioli (Orfeo), Malin Hartelius (Euridice) et Emmanuelle de Negri (Amore), les Ensemble Accentus et Insula Orchestra. Le 12 concert de la soprano Angela Gheorghiu et du ténor Atalla Ayan avec le Bohuslav Martin Philharmonic Orchestra placé sous la direction de Tiberiu Soare. Puis les 21, 22 et 24 novembre, Orlando de Haendel sera proposé en version scénique avec David DQ Lee (Orlando), Adriana Ku erová (Angelica), Kristina Hammarström (Medoro), Sunhae Im (Dorinda) et Luigi De Donato (Zoroastro), une œuvre mise en scène par Eric Vigner et dirigée par JeanChristophe Spinosi à la tête de l'Ensemble Matheus. Le 27, Christophe Rousset propose de redonner chance aux Danaïdes de Salieri avec Judith Van Wanroij (Hypermnestre), Philippe Talbot (Lyncée), Tassis Christoyannis (Danaüs), Katia Velletaz (Plancippe) et Thomas Dolié (Pélagus), en fosse : Les Talens Lyriques. Le 30 enfin concert du contre-ténor Bejun Mehta, accompagné de l'Akademie für Alte Musik Berlin dirigée par Bernard Forck, dans un programme « Splendeurs des castrats ». Salle Gaveau, le 25 novembre concert du contre-ténor Franco Fagioli accompagné par Il Pomo d'Oro et Riccardo Minasi (premier violon et direction) pour un programme d'airs d'opéra de Hasse, Pergolesi, Ragazzi et Fiorenza. Deux concerts à la Cité de la Musique, le premier le 20 avec Le Christ au mont des Oliviers de Beethoven par l'Ensemble Accentus et l'Orchestre de Chambre de Paris avec Toby Spence, puis le 26 avec Jordi Savall pour Le livre vermeil de Montserrat. La première saison des Lundis musicaux du Théâtre du Palais Royal débutera le 18 novembre avec un récital de José van Dam accompagné par Maciej Pikulski (Duparc, Ropartz, Debussy, Ibert et Poulenc). Vu et entendu : magnifique lecture d'Alceste de Gluck par Olivier Py, pensée et posée, avec ses dessins éphémères réalisés en direct, malheureusement lestée par un couple vedette sans charme et à contre-emploi (Garnier le 19 septembre). Ailleurs en France : A Reims du 6 au 10 novembre, nouvelle production de Don Giovanni par Oriol Tomas, dirigée par Jean-Yves Ossonce. François Lesueur u a l i t é b e a u x - a r t s Musée Rodin Rodin, la lumière de l’antique Sachant que l’antique était une source d’inspiration importante pour Rodin, l’exposition proposée par le musée Rodin offre un dialogue passionnant entre, d’une part, les antiques provenant de la collection de l’artiste et ceux issus de prêts extérieurs et, d’autre part, les propres créations du sculpteur. Dès ses années de formation, et jusqu’à sa mort en 1917, Rodin a éprouvé un très fort intérêt - une passion ? - pour l’antiquité gréco-romaine. Le visiteur peut ainsi admirer une sélection de 45 sculptures, 17 dessins et une peinture réalisés par l’artiste, mis en regard avec 12 grands modèles antiques qu’il a admirés - ainsi, par exemple, de la «Vénus de Milo» ou du «Diadumène» - et qui entrent en résonance avec son œuvre. Pour élaborer ce face-à-face original, le musée Rodin a sorti de ses réserves, pour la première fois, 89 œuvres de sa collection d’antiques grecs, étrusques et romains, vases et figurines en terre cuite, statues en bronze et en marbre, qui ont été restaurées à cette occasion. Rodin, dès les années 1890-1900, s’appropria totalement la leçon de l’antique, en dépassant la question de l’influence. La trace de l’antique, celle de la «Vénus de Milo», en particulier, presque invisible, réapparaissait alors dans ses œuvres tardives, comme la «Méditation» ou le «Monument à Whistler», exemples de son travail sur la figure partielle. . Du 19 novembre 2013 au 16 février 2014 Auguste Rodin, «Iris messagere des dieux». Musee Rodin. Photo : Christian Baraja Centre Pompidou l LE SURRÉALISME ET L’OBJET – jusqu’au 3 mars l PIERRE HUYGUE – jusqu’au 6 janv. Cité de l’Architecture l 1925, QUANT L’ART DÉCO SÉDUIT LE MONDE – jusqu’au 17 fév. Fondation Custodia l HYERONIMUS COCK - La gravure à la Renaissance – jusqu’au 15 déc. Grand Palais l GEORGES BRAQUE (1882-1963), rétrospective – jusqu’au 6 janvier l FÉLIX VALLOTTON. Le feu sous la glace – jusqu’au 20 janvier l RAYMOND DEPARDON. Un moment si doux – du 14 novembre au 10 février Jeu de Paume l ERWIN BLUMENFELD (1897-1969) & NATACHA NISIC. ÉCHO – jusqu’au 26 janvier La Maison Rouge l THÉÂTRE DU MONDE, invitation du collectionneur David Walsh – jusqu’au 12 janvier Maison du Japon l KANAZAWA - Aux sources d’une culture de samouraïs – jusqu’au 14 décembre a g Musée des arts décoratifs l TROMPE-L'OEIL – jusqu’au 15 nov. Musée d’art moderne l PIERRE HENRY. Autoportrait en 53 tableaux – jusqu’au 1er déc. l DECORUM. Tapisseries et tapis d’artistes – jusqu’au 9 février l SERGE POLIAKOFF. Le rêve des formes – jusqu’au 23 février l ZENG FANZHI – jusqu’au 16 février Musée Carnavalet l ROMAN D’UNE GARDE-ROBE, de la Belle Époque aux années 30 – jusqu’au 16 mars Musée Cernuschi l BRONZES DE LA CHINE IMPÉRIALE DU XE AU XIXE S. – jusqu’au 19 janvier Musée Cognacq-Jay l FEUILLES D'HISTOIRES, vie quotidienne et grands événements à travers l'éventail en France (XVIIIe s) – du 14 novembre au 9 mars Musée Dapper l INITIÉS, BASSIN DU CONGO & MASQUES DE ROMUALD HAZOUMÈ – jusqu’au 6 juillet 2014 Musée Guimet l ANGKOR, naissance d’un mythe. Louis Delaporte et le Cambodge – jusqu’au 13 janvier e n l SHO 2, calligraphie contempo- raine japonaise – jusqu’au 13 janvier Musée Jacquemart-André l DÉSIRS ET VOLUPTÉ À L’ÉPOQUE VICTORIENNE – jusqu’au 20 janvier Musée du Louvre l LE PRINTEMPS DE LA RENAISSANCE. La sculpture et les arts à Florence, 1400-1460 – jusqu’au 6 janvier l JEAN COUSIN PÈRE ET FILS. Une famille de peintres au XVIe siècle – jusqu’au 13 janvier l JACQUES-ÉDOUARD GATTEAUX. Un don sauvé des flammes – jusqu’au 6 janvier Musée du Luxembourg l LA RENAISSANCE ET LE RÊVE, Bosch, Véronèse, Greco... – jusqu’au 26 janvier Musée Maillol l ETRUSQUES. Un hymne à la vie – jusqu’au 9 février l SERGE POLIAKOFF. Gouaches de 1948 à 1969 – jusqu’au 9 février Musée Marmottan-Monet l LES SŒURS DE NAPOLÉON. Trois destins italiens – jusqu’au 26 janv. Musée de Montmartre l IMPRESSIONS À MONTMARTRE. d a Eugène Delâtre & Alfredo Müller – jusqu’au 12 janvier «» Musée de l’Orangerie l FRIDA KAHLO / DIEGO RIVERA. L'art en fusion – jusqu’au 13 janvier Musée d’Orsay l MASCULIN / MASCULIN. L'homme nu dans l'art de 1800 à nos jours. – jusqu’au 2 janvier l ALLEGRO BARBARO. BÉLA BARTÓK ET LA MODERNITÉ HONGROISE 1905-1920 – jusqu’au 5 janvier Musée Rodin l RODIN, la lumière de l’antique – du 19 novembre au 16 février Musée de la Vie Romantique l ESQUISSES PEINTES DE L’ÉPOQUE ROMANTIQUE – jusqu’au 2 février Musée Zadkine l VOYAGE DANS L'ANCIENNE RUSSIE – jusqu’au 13 avril Petit Palais l L'ECOLE EN IMAGES – jusqu’au 26 janvier l JACOB JORDAENS (1593-1678) – jusqu’au 19 janvier l RUBENS (1577-1640) ET VAN DYCK (1599-1641). ESTAMPES – jusqu’au 26 janvier 87 t h é â t r e 88 ANTOINE (01.43.38.74.62) u Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor - jusqu’au 4 janvier. ATELIER (loc. 01.46.06.49.24) u La Locandiera de Goldoni - m.e.s. Marc Paquien - jusqu’au 25 janvier BOUFFES PARISIENS (loc. 01.42.96.92.42) u Hier est un autre jour ! de J.F. Cros, S. Meyniac - m.e.s. Eric Civanyan - jusqu’au 11 janvier CARTOUCHERIE - ATELIER DE PARIS-CAROLYN CARLSON FESTIVAL D’AUTOMNE u Paroles d’acteurs / Casimir et Caroline de d’Ödön von Horváth m.e.s. André Wilms - du 4 au 8 nov. COLLINE (rés. 01.44.62.52.52) u Par les villages de Peter Handke m.e.s. Stanislas Nordey - du 5 au 30 novembre u Elle brûle de Mariette Navarro m.e.s. Caroline Guiela Nguyen - du 15 novembre au 14 décembre COMÉDIE FRANÇAISE SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15) u La Tragédie d’Hamlet de Shakespeare - m.e.s. Dan Jemmett jusqu’au 12 janvier u Un fil à la patte de Georges Feydeau - m.e.s. Jérôme Deschamps - jusqu’au 22 décembre u Dom Juan ou le festin de pierre de Molière - m.e.s. Jean-Pierre Vincent jusqu’au 9 février STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98) u La Fleur à la bouche de Luigi Pirandello - m.e.s. Louis Arene - jusqu’au 3 novembre u La Princesse au petit pois de Hans Christian Andersen - m.e.s. Edouard Signolet - du 21 nov. au 5 janvier VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00) u Le système Ribadier de Feydeau m.e.s. Zabou Breitman - du 13 novembre au 5 janvier EDOUARD VII (01.47.42.59.92) u Nina d’André Roussin - m.e.s. Bernard Murat - avec François Berléand, Mathilde Seigner - jusqu’au 30 novembre LE CENTQUATRE (01.42.33.09.92) u La Barque le soir de Tarjei Vesaas m.e.s. Claude Régy - jusqu’au 24 novembre (reprise) u House of the Holy Afro - m.e.s. Brett Bailey - du 19 au 21 nov. LE MONFORT (www.lemonfort.fr) u Cosmos de Witold Gombrowicz m.e.s. Joris Mathieu - du 12 novem- bre au 7 décembre MATHURINS (rés. 01.42.65.90.00) u Dernier coup de ciseaux de Marylin Abrams, Bruce Jordan, Paul Pörtner m.e.s. Sacha Danino, Sébastien Azzopard - jusqu’au 21 décembre. u L’Affaire Dussaert de et avec Jacques Mougenot - jusqu’au 22 déc. u Moi, Caravage de C. Capitani m.e.s. S. Grassian - jusqu’au 5 janvier. MÉLO D’AMÉLIE (01.40.26.11.11) u Le bal des crapules de Luc Chaumar - m.e.s. Corinne Boijols jusqu’au 10 novembre MUSÉE DU LOUVRE FESTIVAL D’AUTOMNE Robert Wilson / Living Rooms, du 11 novembre au 17 février u Lecture on Nothing de John Cage - 11,12,13,14 novembre 20h u Christopher Knowles / The Sundance Kid Is Beautiful - 16 novembre 20h, 17 novembre 16h u CocoRosie - 4 décembre 19h et 21h NOUVEAUTÉS (01.47.70.52.76) u Cher Trésor de et m.e.s. Francis Veber - jusqu’au 31 décembre ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40) FESTIVAL D’AUTOMNE Théâtre Laboratoire Elizabeth Czerczuk L’Oubli des Anges La Compagnie suisse Interface présente son spectacle d’opéra-danse, «L’Oubli des Anges», qui constitue le premier volet d’une pentalogie : «Les Âges de Vie». Cette œuvre, en forme de Requiem, montre le point final d’une existence, le point vers lequel convergent les souvenirs. Que deviennent les séparés au moment ultime du dernier adieu ? Un couple. Un homme, une femme. Chacun sur un versant de la vie et de la mort cherche, dans la ronde des souvenirs, au-delà des révoltes et des peines, la possibilité d’un amour plus grand que la séparation. Au bout du souffle, des luttes et des chagrins, dans la douceur de l’abandon, vie et mort convergent et se confondent dans la danse d’un acte d’amour et de vie. «L’Oubli des Anges» est un spectacle fort, une expérience scénique marquante autour de l’indicible mystère de la mort, une œuvre qui s’adresse à l’immédiateté des sens, pour dire entre la musique, la danse et les mots, la petitesse et la grandeur de l’homme face à son destin. . jusqu’au 22 décembre Infos & Réservations : +33 (0)1 43 40 79 53 www.theatrelaboratoire.com «L'Oubli des Anges» © photo Maxime Lonfat a c t u a l u Todo el cielo sobre la tierra (El síndrome de Wendy) de et m.e.s. Angélica Liddell - du 20 novembre au 1er décembre AUX ATELIERS BERTHIER : u La Bonne Âme du Se-Tchouan de Bertolt Brecht - m.e.s. Jean Bellorini - du 7 novembre au 15 décembre POCHE (01.45.44.50.21) u Au bois lacté de Dylan Thomas m.e.s. Stéphan Meldegg - jusqu’au 8 décembre RANELAGH (loc. 01.42.88.64.44) u Le Neveu de Rameau de Diderot m.e.s. Jean-Pierre Rumeau - jusqu’au 31 décembre u La Religieuse de Diderot - m.e.s. Nicolas Vaude - jusqu’au 31 déc. RIVE GAUCHE (01.43.35.32.31) u L’affrontement de Bill C. Davis m.e.s. Steve Suisa - avec Francis Huster, Davy Sardou - jusqu’au 30 décembre ROND-POINT (0.892.701.603) u Chapitres de la chute (Saga des Lehman Brothers) de Stefano Massini - m.e.s. Arnaud Meunier - du 7 au 30 novembre u Élisabeth ou l'Équité de Éric Reinhardt - m.e.s. Frédéric Fisbach du 9 novembre au 8 décembre u Un métier idéal d’après le livre de John Berger et Jean Mohr - m.e.s. Éric Didry - du 21 nov. au 4 janvier u Scènes de la vie d’acteur de Denis Podalydès - m.e.s. Scali Delpeyrat jusqu’au 10 nov. u Les visages et les corps de Patrice Chéreau - m.e.s. Philippe Calvario jusqu’au 10 nov. STUDIO DES CHAMPS-ÉLYSÉES (01.53.23.99.19) u Le porteur d’histoire de et m.e.s. Alexis Michalik - jusqu’au 30 déc. THÉÂTRE DE MONTREUIL FESTIVAL D’AUTOMNE u Encyclopédie de la parole - Suite n°1 «ABC» de et m.e.s. Joris Lacoste - du 19 au 23 novembre THÉÂTRE DE LA VILLE FESTIVAL D’AUTOMNE u The Old Woman d’après Daniil Kharms - m.e.s. Robert Wilson - avec Mikhail Baryshnikov et Willem Dafoe - du 6 au 23 novembre i t é m é m e n t o A Genève et Lausanne Salle de Musique, La Chaux-de-Fonds Trauermusik Gautier Capuçon & Frank Braley A l'entame du XVIIIème siècle, Ernst Ludwig régnait sur le tout jeune duché de Saxe-Meiningen, géographiquement situé dans l'actuel Land de Thuringe.Dès ses jeunes années, le duc Ernst Ludwig s’adonna à la poésie sacrée. Il rédigea deux cycles complets de cantates et, de par sa grande piété, il entreprit la rédaction d'un chant strophique sur lequel il souhaita la création d'une musique funèbre à sa mémoire. En toute logique, cette tâche incomba au maître de chapelle de la cour de Meiningen: Johann Ludwig Bach (1677-1731). La Chapelle Vocale de Lausanne donnera cette œuvre en concert, avec l’Ensemble Baroque du Léman dirigé par Gonzalo Martinez, et la participation de solistes de réputation internationale : Maria-Cristina Kiehr © Jérémie Kerling Maria-Cristina Kiehr, Mariana Rewerski, Valerio Contaldo et Stephan MacLeod. Gautier Capuçon © Nicolas Brodard . samedi 2 novembre à 20h - Temple de la Madeleine, Genève Location : Service culturel Migros On ne présente plus le violoncelliste et le pianiste réunis pour cette soirée musicale, car ils ont acquis une renommée internationale grâce à leur talent; ils mettront ce talent au service d’œuvres de Beethoven (Sonate n° 2 en sol mineur, op. 5 n° 2, une sonate dont la forme est inhabituelle : deux mouvements rapides suivent un mouvement lent), Schubert (Sonate en la mineur « Arpeggione », D. 821), Debussy (Sonate en ré mineur : cette pièce pour violoncelle compte parmi les sommets de œuvres écrites pour cet instrument) et Britten (Sonate en do majeur, op. 65, inspirée par le célèbre violoncelliste Mstislav Rostropovitch). Une soirée à ne manquer sous aucun prétexte ! . dimanche 3 novembre à 17h - Temple de Lutry . le 30 novembre 2013 à 20h15 Billets : Hug Musique ou à l’entrée dès 16h le jour du concert Location : 032 / 967.60.50 ou via le site d’Arc-en-Scènes Vidy - Lausanne Casino de Montbenon, Lausanne La Dérive des continents Festival de Blues et Boogie Depuis des années, le chorégraphe lausannois Philippe Saire explore les lieux de confluence entre la danse et le théâtre, entre le corps et le verbe. Les 8 et 9 novembre à la Salle Paderewski, réunion des meilleurs spécialistes du piano boogie-blues. Le 8 novembre on entendra le très talentueux Fabrice Eulry, un pianiste français qui traverse les lignes pouvant pratiquement tout jouer. Improvisateur (blues et boogie woogie) il a composé et enregistré un concerto et enregistré en duo avec Claude Bolling. Il a remporté cet été un grand succès dans un one man show déjanté - sa spécialité - au festival d'Avignon. Il allie une formation classique à un goût marqué pour le jazz. Les influFabrice Eulry © Séverine Croisiard ences qu’il se reconnaît s’en ressentent. « Je n'ai pas de pianiste préféré, déclare-t-il, mais je puis en citer une dizaine dont l'influence est directement visible dans la forme de mon jeu » Parmi eux, Georges Gershwin, Eroll Garner, Wilhelm Kempf ou Yves Nat… Le 9 novembre, beaux duels en perspective puisque Fabrice Eulry retrouvera le pianiste belge Renaud Patigny et les pianistes suisses Chris Conz et Jacky Milliet. C.B. . les 8 et 9 novembre 2013 Philippe Saire © Claude Dusseix Pour cette nouvelle étape de sa démarche, Philippe Saire a demandé à l’auteure Antoinette Rychner de cheminer avec lui. Les deux artistes s’appuient sur l’Odyssée d’Homère, puisant dans le voyage d’Ulysse, qui rentre chez lui après avoir bataillé à Troie, de quoi questionner le monde d’aujourd’hui. . jusqu’au 17 novembre 2013 Billetterie : 021 / 619.45.45 a g e Réservations : www.ticketcorner.ch/fabrice-eulry-Tickets.html n d a 89 m é m GENEVE concerts 90 u 2.11. CHAPELLE VOCALE DE LAUSANNE, ENSEMBLE BAROQUE DU LÉMAN, dir. Gonzalo Martinez. Solistes : MARIA-CRISTINA KIEHR, MARIANA REWERSKI, VALERIO CONTALDO, STEPHAN MACLEOD (J.L. Bach : Trauermusik). Temple de la Madeleine à 20h (loc. Service culturel Migros) u 3.11. : Hors-Série. WAGNER GENEVA FESTIVAL – WAGNER LENOT. L’OCG, dir. Alexander Mayer, Raphaël Duchateau, trompette, Sinfonietta de Lausanne (Wagner, Lenot). Victoria Hall à 11h (loc. 022/807.17.90 / [email protected]) u mardi 5.11. : Jazz Classics. CHUCHO VALDÉS QUINTET. Victoria Hall à 20h30 (loc. 0900.800.800 / Ticketcorner) u 7.11. à 20h : Festival Vernier sur Baroque. LES NATIONS. Concert François Couperin, par Florence Malgoire, Serge Saitta, Anne-Marie Lasla, Olivier Riehl, Amandine Solano, Jonathan Rubin et Hadrien Jourdan. Salle des Fêtes du Lignon (infos et rés. 022/306.07.80, www.vernier.ch) u 7.11. : Prestige Artists. LUDOVICO EINAUDI ENSEMBLE. Victoria Hall à 20h30 (loc. 0900.800.800, Ticketcorner, Fnac, Manor) u samedi 9.11. : CARMINA BURANA. Varduhi Khachatryan, mezzo-soprano. Daniel Galvez-Vallejo, ténor. Orchestre de Ribaupierre, Chœur Symphonique de Vevey, Chœur A Capella, Chœur Scala, dir. Luc Baghdassarian (Carl Orff, RimskiKorsakov). Victoria Hall à 20h30 (loc. Grütli, Genève Tourisme / rens. 0800.418.418) u 9.11. : Les Grands Interprètes. QUATUOR EBÈNE avec MENAHEM PRESSLER, piano & BENJAMIN BERLIOZ, contrebasse. Conservatoire de Musique à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe) u 10.11. : OSG ORCHESTRE SYMPHONIQUE GENEVOIS, CHŒURS LAUDATE DEUM ET CALLIOPE, dir. Hervé Kopfenstein. Alida Barbasini, soprano. Isabelle Henriquez, alto. Norman Reinhardt, ténor. Jérémie Brocard, basse (Verdi : Requiem). Victoria Hall à 17h (loc. Espace Ville de Genève, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors, Centrale Billetterie T 0800 418 418) e n t u 10.11. à 17h : Festival Vernier sur Baroque. LES CLAVECINS RÉUNIS. Hadrien Jourdan et Thilo Muster (Couperin, Le Roux). Salle des Fêtes du Lignon (infos et rés. 022/306.07.80, www.vernier.ch) u 10.11. : Musique sur Rhône. ROSNEI TUON, violon, HANNAH FRANKE, alto, CAMILLO BATTISTELLO, clarinette, ISABELLE BOURGEOIS, cor, XAVIER DAMI, piano (Mozart, Glinka, Brahms). BFM, salle Théodore Turettini à 11h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 11.11. : Hors-Série. CONCERTS D'AUTOMNE. L’OCG, dir. Lavard Skou Larsen, Marcelo Giannini, orgue (Haendel, Mozart, Bruckner, Poulenc). Eglise Sainte-Croix à 20h ([email protected], 022/807.17.90 ) u 11.11. : Temps & Musique. VILDE FRANG, violon, MICHAIL LIFITS, piano (Mendelssohn Bartholdy, Fauré, Mozart, Prokofiev). Conservatoire de Genève à 20h (billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe, Stand Info Balexert) u 12.11. : LA VOIX : PRÉSENCE - ABSENCE 1, dir. Michael Wendeberg, Sébastian Jacot, flûte. Ensemble Vocal Séquence, Ensemble Contrechamps (Dong-Jin Bae, Haddad, Nono). Studio ErnestAnsermet à 20h / 19h : présentation avec Karim Haddad (billets 45 min. avant le concert / ou rés. sur : www.contrechamps.ch/reserver) u 12.11. : ENSEMBLE CANTATIO, dir. John Duxbury. BÉNÉDICTE TAURAN, soprano. MI-YOUNG KIM, mezzosoprano. VALERIO CONTALDO, ténor. STEPHAN MACLEOD, basse (Beethoven, Haydn). Victoria Hall à o 20h (loc. Service Culturel Migros ou chez «Très Classic») u 14.11. à 20h : Festival Vernier sur Baroque. INTÉGRALE DES PIÈCES DE CLAVECIN EN CONCERT DE JEAN-PHILIPPE RAMEAU. Par Hadrien Jourdan, Denitsa Kazakova, Serge Saitta et Guido Balestracci. Salle des Fêtes du Lignon (infos et rés. 022/306.07.80, www.vernier.ch) u 16.11. à 20h : Festival Vernier sur Baroque. CONCERT FOLIAS & ROMANESCAS. Par Jordi Savall, viole de gambe et Rolf Lislevand, théorbe et guitare. Salle des Fêtes du Lignon (infos et rés. 022/306.07.80, www.vernier.ch) u 17.11. : Concert du dimanche de la ville de Genève. GLI ANGELI GENÈVE, dir. et basse STEFAN MACLEOD, MARIA KEOHANE ET ALEKSANDRA LEWANDOWSKA, sopranos, CARLOS MENA, alto, VALERIO CONTALDO ténor (Schütz, Schubert, Mendelssohn, Vivaldi, J.-S. Bach). Victoria Hall à 17h (rens. 0800.418.418, loc. Alhambra, Grütli) u Dimanche 17.11. : Amarcordes. JAN DE WINNE flûte traverso, MICHEL KIENER pianoforte, ENSEMBLE FRATRES (Haydn- Beethoven, CPE Bach). Moulin en Clarens 17h (réservation sur http://www.amarcordes.ch/) u 19.11. : Concert de soirée No. 2. TROMPETTES & GUERRE. L’OCG, dir. Michael Hofstetter (Vivaldi, Schnittke, Biber, Haydn). BFM à 20h ([email protected], 022/807.17.90 ou www.ticketportal.com) u 20.11. : Concert des Amis. OSR, dir. Yuri Temirkanov, EMANUEL AX, piano (Brahms, Beethoven). Victoria Victoria Hall, Genève Savika Cornu Zozor, Julien Dumarcey Le 30 novembre 2013 à 20h au Victoria Hall, l’Orchestre des NationsUnies placé sous la baguette d’Antoine Marguier, accompagnera la soprano Savika Cornu Zozor et le baryton Julien Dumarcey dans un programme tiré de trois opéras de Verdi: La Traviata, Rigoletto et La Force du Destin. Dans le cadre de l'année Verdi et de la journée mondiale de lutte contre le VIH / SIDA du 1er décembre, ce concert sera donné en faveur de l’association PVA-Genève et de son action au Cameroun. Poursuite d’une fructueuse collaboration, donc, après le succès des Savika Cornu Zozor concerts donnés par la soprano et l’Orchestre des Nations-Unies dans des airs de Beethoven, Donizetti, Puccini et Dvorak en mars 2012 à la Cathédrale Saint-Pierre ainsi qu’en juin au Victoria Hall. C.B. . le 30 novembre 2013 Billetterie : http://billetterie-culture.ville-ge.ch a g e n Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u vendredi 22.11. : Les Vendredis de l’Ethno. LUCIA ALBERTONI, chansons italiennes. AMR-Sud des Alpes à 21h30 (Tél. 022/919.04.94) u 25.11. : Les Grands Interprètes. QUATUOR CASALS. Conservatoire de Musique à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe) u mercredi 27.11. : FRANÇOIS GUYE, violoncelle. CHRISTINE GUYE, piano (JS Bach, Janacek, Liszt, Martinu). Chapelle de l’Oratoire à 20h30 (billets à l’entrée) u 27.11. : Série Symphonie. OSR, dir. Neeme Järvi, DEBORAH VOIGT, soprano (Pärt, Wagner, Sibelius). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 28.11. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE RÉVOLUTIONNAIRE ET ROMANTIQUE, dir. SIR JOHN ELIOT GARDINER, RACHEL HARNISCH, soprano (Mozart, Beethoven).Victoria Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11) u 30.11. : ORCHESTRE DES NATIONS UNIES, dir. Antoine Marguier. SAVIKA CORNU, soprano. JULIEN DUMARCEY, baryton (Verdi). Victoria Hall à 20h (loc. Espace Ville de Genève, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors, Centrale Billetterie T 0800 418 418) théâtre u Jusqu’au 2.11. : PING PANG QIU par Angélica Liddell. Théâtre SaintGervais, Salle Marieluise Fleisser, 2ème sous-sol - grande salle, sam à 19h, ven à 20h30 (loc. 022/ 908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Jusqu’au 2.11. : POMPÉE / SOPHONISBE de Corneille, m.e.s. Brigitte Jaques-Wajeman. Horaires: SOPHONISBE, ven 1.11. à 20h / sam 2.11. : POMPÉE à 15h & SOPHONISBE à 19h30. La Comédie de Genève (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) u Jusqu’au 3.11. : LABYRINTHE(S). Conception et écriture et mise en jeu Karelle Ménine. Théâtre de l’Usine, sam-dim à 19h, ven à 20h30 (rés. 022/328.08.18 ou www.darksite.ch/theatreusine/) u Jusqu’au 3.11. : LA POUPÉE TITANIC, de Thierry Debroux, m.e.s. Céline Sorin de Fox Compagnie. Théâtre du Crève-Cœur, Cologny (rés. 022/786.86.00) u Jusqu’au 7.11. : LA DAME DE LA MER d'après Henrik Ibsen, m.e.s. Omar Porras, Theatro Malandro. Théâtre de Carouge, Salle François-Simon, d a m mar, mer, jeu et sam à 19h / ven à 20h / dim à 17h (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) u Jusqu’au 10.11. : AU BORD DE L'EAU de et m.e.s. Eve Bonfanti et Yves Hunstad. Théâtre de Carouge, Salle Gérard-Carrat, mar, mer, jeu et sam à 19h / ven à 20h / dim à 17h (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) u mardi 1.11. : Les Théâtrales. LE GRAND ECART de Stephen Belber, m.e.s. Benoît Lavigne. Avec Thierry Lhermitte, François Feroleto... BFM à 20h30 (Rés. 022/364.30.30 ou points de vente Fnac) u Du 1er au 3.11. : A POIL ! premier spectacle d’Ultimate Production. Le Galpon, ven et sam à 20h, dim à 18h (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 heures avant le début de l’événement - mail : [email protected]) u 2 et 3.11. : Dans le cadre du Wagner Geneva Festival. PARIS 1897, LES MAÎTRES III, 1. Reconstitution historique. Théâtre du Loup (rés. 022/301.31.00) u Du 2 au 24.11. : LES LOIS DU MARCHÉ de Olivier Chiacchiari, m.e.s. Guy Jutard, adultes et ados. Théâtre des Marionnettes, à 19h, dim à 17h (rés. 022/807.31.07) u Du 2.11. au 31.12. : LA R’VUE 2013 de Philippe Cohen et Gaspard Boesch et Gilles Rosset, m.e.s. Philippe Cohen. Au Casino-Théâtre, mar-mer-ven à 20h, jeu-sam à 19h, dim à 17h, relâche lun (rés. 022/793.54.45 ou [email protected]) u 5 et 6.11. : LE JOURNAL D’ANNE FRANK, d’Eric-Emmanuel Schmitt, avec Francis Huster. Théâtre du Léman à 20h30 (location : www.theatreduleman.com) u Du 5 au 24.11. : ARTAUD – BARRAULT de et m.e.s. Denis Guénoun. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h (Billetterie : 022/320.50.01 / [email protected]) u Du 5 au 24.11. : CRIME ET CHÂTIMENT de Fédor Dostoïevski, m.e.s. Benjamin Knobil. Le Grütli, Grande salle (sous-sol), mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche lun ([email protected] / 022/888.44.88) u Du 5 au 24.11. : LES LIAISONS DANGEREUSES d’après Choderlos de Laclos, m.e.s. Elidan Arzoni, Création. Théâtre Alchimic, mar et ven à 20h30; mer, jeu, sam et dim à 19h (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros) u Du 6 au 24.11. : GRAND’PÈRE. De 1 à 3 ans. Théâtre des Marionnettes, mer-sam à 11h, 15h, 17h / mar-jeu- a g ven à 10h, 15h, 16h30 / dim à 11h, 15h (rés. 022/807.31.07) u 9.11. à 16h30 : Festival Vernier sur Baroque. FABLES DE LA FONTAINE avec Alain Carré, Hadrien Jourdan, Silvia De Maria, Anne Millischer. Salle des Fêtes du Lignon (rés. 022/306.07.80, www.vernier.ch) u 10.11. : INCONNU À CETTE ADRESSE de Kressmann Taylor. Avec Thierry Lhermitte et Patrick Timsit. Théâtre du Léman à 19h (loc. www.theatreduleman.com) u Du 12 au 17.11. : LE BLUES DE JEAN L'HOMME, un conte jazz. Théâtre Am Stram Gram, mar + ven à 19h, mer à 15h, sam + dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u Du 13.11. au 1.12. : JE SUIS. Texte & mise en scène Tatiana Frolova. Le Poche-Genève, lun et ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi relâche (rés. /loc. 022/310.37.59) u Du 19 au 30.11. : LA CHINOISE 2013, théâtre par le Collectif Coyote II et Michel Deutsch.Théâtre SaintGervais, Salle Marieluise Fleisser, 2ème sous-sol - grande salle, marjeu-sam à 19h, mer-ven à 20h30, dim 24.11. à 18h (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u 19, 20, 23, 24, 26, 30.11. et 1.12.: PETER PAN d'après James Matthew Barrie, m.e.s. Christian Duchange, dès 9 ans. Théâtre Am Stram Gram, mar à 19h, mer à 15h, sam + dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u 20.11. : Midi Théâtre! - PETITS AIRS AU BORD DU RUISSEAU, conception Anthony-David Gerber, Nicolas Gerber et Marco Facchino. Espaces "bar" de la Petite et de la Grande salle à 12h (rés. sur www.grutli.ch) u 26.11. : Les Théâtrales. MA VIE (Autobiographie imaginaire) de et avec Michel Boujenah. BFM à 20h30 (Rés. 022/364.30.30 ou Fnac) u 26 et 27.11. : LE JEU DE LA VÉRITÉ, m.e.s. Marion Sarraut. Avec Vanessa Demouy, Christian Vadim. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com) u Du 26.11. au 7.12. : LA DOUBLE MORT DE L'HORLOGER d'après Ödön von Horváth, m.e.s. André Engel. Théâtre de Carouge, Salle FrançoisSimon, mar, mer, jeu et sam à 19h / ven à 20h / dim à 17h (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) u Du 26.11. au 8.12. : SAUNÅ d'Adrien Barazzone, création de la Compagnie l'Homme de dos. Théâtre du Loup, mar+jeu+sam à 19h, mer+ven à 20h, dim à 17h (rés. 022/301.31.00) e n é m e u Du 26.11. au 29.12. : BOUDU SAUVÉ de René Fauchois, m.e.s. Raoul Pastor, re-création. Théâtre des Amis, Carouge (rens. 022/342.28.74) u Du 27.11. au 1.12. : COLORATURE de Stephen Temperley, m.e.s. Agnès Boury. Théâtre Alchimic, mer, jeu, sam et dim à 19h; ven à 20h30 (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch loc. Service culturel Migros) u Du 30.11. au 18.12. : L'OISEAU CHANTEUR de et m.e.s. Guy Jutard, dès 4 ans. Théâtre des Marionnettes, sam à 17h, dim à 11h et 17h, mer à 15h (rés. 022/807.31.07) u mercredi 30.11. : Les Théâtrales. ET PAS UNE RIDE! de Marie-Pascale Osterrieth & Michèle Bernier, m.e.s. Marie-Pascale Osterrieth. Jeu : Michèle Bernier. BFM à 20h30 (Rés. 022/364.30.30 ou Fnac) DES EAUX opéra u 7, 10, 13, 16.11. : DIE WALKÜRE de Richard Wagner. OSR, dir. Ingo Metzmacher, m.e.s. Dieter Dorn. Grand Théâtre à 18h, dim à 15h (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) u 17.11. : SOILE ISOKOSKI, soprano, ILKKA PAANANEN, piano. Grand Théâtre à 19h30 (loc. 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) u du 20.11. au 8.12. : L’OPÉRA DANS TOUS SES ÉTATS, m.e.s. Frédéric Mairy. Chant et jeu : Davide Autieri et Leana Durney. Théâtre du CrèveCœur, Cologny (rés. 022/786.86.00) danse u Jusqu’au 3.11. : LABYRINTHE(S) de et chor. Karelle Ménine. Théâtre de l’Usine, sa-di à 19h, ve à 20h30 (rés. 022/328.08.18) u Jusqu’au 3.11. : ADC. DRIFT de Cindy Van Acker, création. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert) u 2.11. : LA BELLE AU BOIS DORMANT, par la Cie du Théâtre Municipal Académique de l’Opéra et Ballet de Kiev. Théâtre du Léman à 20h (loc. www.theatreduleman.com) u 9.11. : TRISHA BROWN DANCE COMPANY, avec Astral Convertible (1989), If you couldn’t see me (1994) If you catch them they’re yours (2011). BFM à 20h30 (Billetterie : www.adc-geneve.ch & 1 h avant la représentation au guichet du BFM) u 17.11. à 15h : Festival Vernier sur Baroque. LOUIS XIV, UN ROI DANSEUR, par la Compagnie Fêtes Galantes. d a n t o Chor. Béatrice Massin. Salle des Fêtes du Lignon (infos et rés. 022/306.07.80, www.vernier.ch) u 22 à 20h et 24.11. à 15h : Festival Vernier sur Baroque. UN AIR DE FOLIES, par la Compagnie Fêtes Galantes. Chor. Béatrice Massin. Salle des Fêtes du Lignon (rés. 022/306.07.80, www.vernier.ch) u Du 20.11. au 1.12. : ADC. FROUFROU, création de MarieCaroline Hominal. Salle des EauxVives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert) u 27.11. : Prestige Artists. REUNIÓN FLAMENCA, Gerardo Núñez & Carmen Cortés. BFM à 20h30 (loc. TicketCorner, Marnor, Fnac...) u Du 28.11. au 8.12. : TWISTED PAIR, chor. Ioannis Mandafounis. Théâtre de l’Usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) u 30.11. et 14.12. : LE LAC DES CYGNES. Théâtre du Léman à 20h (loc. www.theatreduleman.com) divers u 1.11. : Laboratoire spontané. BAL D'HALLOWEEN, dès 7 ans. Théâtre Am Stram Gram à 19h (loc. 022/ 735.79.24 et Service Culturel Migros) u Du 7 au 17.11. : FESTIVAL VIET NAM. Le 7 à 20h30 - Musique et danse de la cour impériale de Huế / Le 8 à 20h30 : Poésie chantée et dansée du Nord / Le 9 à 15h : Concert-démonstration par Trần Quang Hải et Bạch Yến / Le 9 à 20h30 : Musique et danse du Sud / Le 14 à 20h30: Musique des montagnards du Việt Nam / Le 15 à 20h30 : Asie sans frontières / Le 16 à 20h30 : Opéra populaire du fleuve Rouge. Cité Bleue (Tél. 022/919.04.94) u Les 16 et 17.11. : DES MURS ET DES FENÊTRES. Textes de Tahar Ben Jelloun, Mahmoud Darwich, Marina Tsvetaïeva, Hélène Cixous... Lecture Jane Friedrich, Martine Paschoud. Le Galpon, sam à 20h, dim à 18h (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 heures avant le spectacle) LAUSANNE concerts u 3.11. : Les Concerts du dimanche. OCL, dir. Ariel Zuckermann, EDOUARD JACCOTTET, violon, JANKA SZOMORMEKIS, alto (Yun, Mozart). Salle Métropole à 11h15 (loc. 021/345.00.25) u 3.11. : Les Concerts J.S. Bach de 91 m 92 é m Lutry. CHAPELLE VOCALE DE LAUSANNE, ENSEMBLE BAROQUE DU LÉMAN, dir. Gonzalo Martinez. Solistes : MARIACRISTINA KIEHR, MARIANA REWERSKI, VALERIO CONTALDO, STEPHAN MACLEOD (J.L. Bach : Trauermusik). Temple de Lutry à 17h (Billets : Hug Musique, Grand-Pont 4, ou à l'entrée du Temple dès 16h le jour du concert / rés. Point I, Quai Gustave Doret, 1095 Lutry, Tél. 021 791 47 65) u 13.11. : Concert Découvertes. PIERRE ET LE LOUP, OCL, dir. Jamie Phillips, Comédien de La Manufacture, musique de Prokofiev. Salle Métropole à 17h (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) u 15.11. : I TURCHINI - BACH ET LA MUSIQUE NAPOLITAINE, dir. Antonio Florio, Maria Grazia Schiavo et Cristina Grifone, sopranos, Filippo Mineccia, alto, Giuseppe De Vittorio et Rosario Totaro, ténors, Giuseppe Naviglio, basse (J.-S. Bach, Caresana). Opéra de Lausanne à 20h (loc. 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / www.opera-lausanne.ch) u 18 et 19.11. : O.C.L., dir. Michael Francis, TRULS MØRK, violoncelle (Ravel, Chostakovitch, Honegger, Bartók). Salle Métropole à 20h (Billetterie : 021/345.00.25) u 21.11. : OSR, dir. Yuri Temirkanov, EMANUEL AX, piano (Beethoven, Brahms). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / [email protected] ou Passion Musique) u 24.11. : Les Concerts du dimanche. OCL, dir. Jaime Martín, MARCOLIVIER BROILLET, trompette (Hummel, Haydn). Salle Métropole à 11h15 (Billetterie : 021/345.00.25) u 24.11. : Les Concerts J.S. Bach de Lutry. CHOEUR HEP/FREITAGSAKADEMIE, dir. Julien Laloux (JS Bach, cantates BWV 36, 61 et 62). Temple de Lutry à 17h (Billets : Hug Musique, Grand-Pont 4, ou à l'entrée du Temple dès 16h le jour du concert / rés. Point I, Quai Gustave Doret, 1095 Lutry, Tél. 021 791 47 65) u 28.11. : OSR, dir. Neeme Järvi, DEBORAH VOIGT, soprano (Pärt, Wagner, Sibelius). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) théâtre u Jusqu’au 2.11. : LA RONDE d'Arthur Shnitzler, m.e.s. Valentin Rossier, par l’Helvetic Shakespeare Cie. La Grange de Dorigny, ma-je-sa à 19h / me-ve à 20h30 / di à 17h (rés. 021/692.21.24) u Jusqu’au 2.11. : LES FEMMES SAVAN- e n t o La Grange de Dorigny, Lausanne À l'Hôtel des routes Le Théâtre de l'Esquisse dirigé par Marie-Dominique Mascret et Gilles Anex existe depuis plus de 25 ans. Cette compagnie, composée de dix à douze comédiens romands semi-professionels en situation de handicap mental, construit un langage théâtral qui convie poésie et chorégraphie. Principalement visuelles, ces créations entièrement originales privilégient «A l’Hôtel des routes» © Isabelle Meister l'émotion de l'instant, le pouvoir évocateur des personnages et des situations autant que l'histoire ou le message. Cette troupe fera escale à Dorigny pour quelques représentations en novembre . Du 28 au 30 novembre 2013 Réservations : 021/692.21.24 de Molière, m.e.s. Denis Marleau. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mar-mer-jeu-sam à 19h, ven à 20h30 (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) u Jusqu’au 2.11. : ALL APOLOGIES / HAMLET, m.e.s. Alexandre Doublet, création. L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve 20h30 ([email protected] / 021/625.11.36) u Jusqu’au 17.11. : NUL N’A LE DROIT DE MOURIR ICI de Yan Walther par le Théâtre de la Recherche, m.e.s. Yan Walther. Pulloff théâtres, mer + ven à 20h, mar, jeu + sam à 19h, dim à 18h (réservations 021/311.44.22 ou sur www.pulloff.ch) u Jusqu’au 24.11. : STAYING ALIVE de et m.e.s. Antonio Buil, Delphine Lanza, Paola Pagani et Dorian Rossel. Vidy-Lausanne, salle La Passerelle, à 20h, dim à 18h, relâche lun et dim 3.11. (loc. 021/619.45.45) u 1er et 3.11. : CÉLIMÈNE ET LE CARDINAL par la Cie Motamot, m.e.s. Rodolphe Ittig. Espace culturel des Terreaux, jeu à 19h, ven à 20h, dim à 17h (loc. http://www.terreaux.org/) u Du 5 au 17.11. : LE TRIOMPHE DE L'AMOUR de Marivaux, par Galin Stoev. Vidy-Lausanne, salle Apothéloz, marjeu-sam à 19h, ven à 20h30, dim à 17h30 (rés. 021/619.45.45 TES a g www.billetterie-vidy.ch) u Du 6 au 24.11. : LE JEUNE PRINCE ET LA VÉRITÉ de Jean-Claude Carrière, m.e.s. Matthias Urban, création, dès 7 ans. Le petit théâtre, me et di à 17h / ve à 19h / sa à 14h et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch) u Du 7 au 9.11. : LE 6ÈME JOUR de François Cervantes et Caterine Germain, Compagnie L'entreprise. La Grange de Dorigny, ma-je-sa à 19h / me-ve à 20h30 / di à 17h (rés. 021/692.21.24) u Du 12 au 17.11. : LES TRUBLIONS d'après Marion Aubert, m.e.s. Emilie Blaser, Cédric Djedje, Pierre-Antoine Dubey, Cédric Leproust et Nora Steinig. L’Arsenic, ma, je, sa, 19h / me, ve 20h30 / di 18h ([email protected] / 021/625.11.36) u Du 12 au 24.11. : LA DAME DE LA MER, de Henrik Ibsen, m.e.s. Omar Porras – Production Théâtre de Carouge. Théâtre Kléber-Méleau, ma/me/je/sa à 19h, ve à 20h30, di 17h30 (rés. 021/625.84.29) u Du 12 au 28.11. : OH MON DOUX PAS de et m.e.s. Corinne Jaber. Chapiteau Vidy-L, mar-jeu-sam à 20h30, ven à 19h, dim à 17h (loc. 021/619.45.45) u Du 14 au 16.11. : LA MOUETTE de Tchekhov, m.e.s. Jean-Michel Potiron. La Grange de Dorigny, ma- e n je-sa à 19h / me-ve à 20h30 / di à 17h (rés. 021/692.21.24) u 21, 22 et 24.11. : SUR LE BALCON DU BAOBAB. Textes de Pierre-Philippe Devaux, Pie Tshibanda, Bernard Gobalet, Daniel Marcellin. Par la Cie La Marelle, m.e.s. Jean Chollet. Espace culturel des Terreaux, jeu à 19h, ven à 20h, dim à 17h (loc. http://www.terreaux.org/) u Du 26.11. au 5.12. : VALSE AUX CYPRÈS, ANAMNÈSE D'UN PROCHAIN MASSACRE de et m.e.s. Julien Mages. L’Arsenic, ma, je, sa, 19h / me, ve 20h30 / di 18 h ([email protected] / 021/625.11.36) u Du 27.11. au 1.12. : MÉNÉLAS REBÉTIKO RAPSODIE de Simon Abkarian. Vidy-Lausanne, salle Apothéloz, marjeu-sam à 19h, ven à 20h30, dim à 17h30 (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch) u Du 28 au 30.11. : A L'HÔTEL DES ROUTES par le Théâtre de l'Esquisse, m.e.s. Gilles Anex et MarieDominique Mascaret. La Grange de Dorigny, ma-je-sa à 19h, me-ve à 20h30, di à 17h (rés. 021/692.21.24) opéra u 23.11. : SÉRIE OPÉRA : ORFEO. Concept et musique Christian Garcia - B000M CIE (CH), Création. L’Arsenic, le foyer, à 21h ([email protected] / 021/625.11.36) danse u Jusqu’au 17.11. : LA DÉRIVE DES CONTINENTS, m.e.s. et chor. Philippe Saire. Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez, à 19h30, dim à 18h30, relâche dim 4.11. (rés. 021619.45.45 - www.billetterie-vidy.ch) u Du 5 au 9.11. : SCHREIB MIR DAS LIED VOM TOD d'après l'œuvre d'Ennio Morricone, m.e.s. et chor. Maya Bösch. L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve 20h30 ([email protected] / 021/625.11.36) u 7 et 8.11. : ISRAEL GALVÁN - LO REAL / LE RÉEL, chor. et scénario musical, Israel Galván. Opéra de Lausanne, le 7 à 19h, le 8 à 20h (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne : www.opera-lausanne.ch) u Du 20 au 22.11. : DRIFT de et chor. Cindy Van Acker, création. L’Arsenic, me, ve 20h30, je 19h (loc. 021/ 625.11.36, [email protected] / ) divers u Du 15 au 17.10. : POINT. VIRGULE, mini-festival étudiant. La Grange de Dorigny (rés. 021/692.21.24) d a m u 19 et 20.11. : BRIGITTE ROSSET SMARTIES, KLEENEX ET CANADY DRY. Opéra de Lausanne à 20h (loc. 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / www.opera-lausanne.ch). AILLEURS annecy BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) u Du 4 au 6.11. : FRANKENSTEIN de F. Melquiot, m.e.s. Paul Desveaux u 9.11. : LE CIRQUE PRÉCAIRE de et avec Julien Candy u 13 et 14.11. : THE ROOTS, chor. et dir. Kader Attou u 14 et 15.11. : LE TRIP ROUSSEAU de et m.e.s. Dominique Ziegler u 15.11. Eglise Ste-Bernadette : ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE, dir. Nicolas Chalvin, BERTRAND CHAMAYOU, piano, ROMAIN LELEU, trompette (Elgar, Dvorák, Chostakovitch) u Du 20 au 22.11. : ROMÉO ET JULIETTE de Shakespeare, m.e.s. Omar Porras u 24.11. Eglise Saint-Laurent : REQUIEM de Fauré u 26.11. : THE PYRE, chor. et m.e.s. Gisèle Vienne u Du 28 au 30.11. : LA FIN DU MONDE EST POUR DIMANCHE de François Morel, m.e.s. Benjamin Guillard u Du 28 au 30.11. : DAVOS de et m.e.s. L. Ardaillon et S. Milliot annemasse RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) u 6.11. : LILLY WOOD & THE PRICK + THE MONKBERRY MOON ORCHESTRA u Du 13 au 15.11. : FACE NORD, m.e.s. Un loup pour l’homme & Pierre Déaux, cirque u 16.11. : IAM + MONDOGIFT, rap u 17.11. : JE SUIS de et m.e.s. Tatiana Frolova u 20.11. : DANS LE VENTRE DU LOUP de et m.e.s. Marion Lévy u Du 21 au 23.11. : EL COMO QUIERES de Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna, Cie Toujours après minuit u 26.11. : OLIVIA RUIZ, chanson u 29.11. : MORSURE, Cirque Rasposo fribourg THÉÂTRE EQUILIBRE à 20h (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) Equilibre: +41 26 350 11 00 a g u 4.11. : LE JOURNAL D'ANNE FRANK d'Eric-Emmanuel Schmitt, m.e.s. Steve Suissa u 7.11. : 20 ANS DÉJÀ! Par Les Frères Taloche, m.e.s. Emmanuel Vacca u 12.11. : VOLCÁN de Gonzalo Rubalcaba, musique u 14.11. : ORCHESTRE DE CHAMBRE FRIBOURGEOIS, dir. Laurent Gendre, TATJANA GAZDIC, soprano, ANNINA HAUG, mezzo (Mendelssohn) u 19.11. : BALLET DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE, chor. Benjamin Millepied, dir. Philippe Cohen u 30.11. : CIRCUS INCOGNITUS de et avec Jamie Adkins, cirque givisiez THÉÂTRE DES OSSES (rés. 026/469.70.00) u Du 11 au 27.11. : L'AMANT de Pinter, m.e.s. Raoul Teuscher u Du 8 au 30.11., 1.12. : LAVERIE PARADIS de Claude-Inga Barbey, m.e.s. C.I. Barbey et Doris Ittig é m e Musique à 20h15 u Du 27 au 30.11., TPR : COUVRE-FEUX de Didier-Georges Gabily, m.e.s. Ludovic Chazaud u 30.11. : GAUTIER CAPUÇON, violoncelle, FRANK BRALEY, piano (Beethoven, Schubert, Debussy, Britten). Salle de Musique à 20h15 martigny FONDATION GIANADDA à 20 h, dim à 17 h (loc. 027/722.39.78) u 1.11. : ESTONIAN PHILHARMONIC CHAMBER CHOIR, dir. Paul Mccreesh (Tallinn), KAMMERORCHESTERBASEL (Bach, Mendelssohn, Parry, Mozart) u 16.11. : ANTONIO MENESES, violoncelle, MARIA JÕAO PIRES, piano (Beethoven, Schubert, Bach) u Du 28 au 30.11. : LES ANNÉES de et avec Yvette Théraulaz, m.e.s. Philippe Morand. Théâtre Alambic, Hôtel-de-Ville 4, à 19h30, sa à 19h (rés./loc. 027/722.94.22) la chaux-fds meyrin ARC EN SCÈNES. CENTRE NEUCHÂTELOIS DES ARTS VIVANTS sauf mention contraire (loc. 032/967.60.50 ou www.arcenscenes.ch/programme/so ciete-de-musique/en-cours/) u 3.11. : Série Parallèles. ORCHESTRE SYMPHONIQUE SUISSE DES JEUNES, dir. Kai Buman, Trio Rafaele (Ringger, Beethoven, Schumann). Temple Farel à 17h u 9 et 10.11., TPR : LE VIEUX DE LA MONTAGNE d'Alfred Jarry, m.e.s. Patrick Sims u 13.11. : PHILIPPE CASSARD, piano, KARINE DESHAYES, mezzo (Bizet, Gounod, Delibes, Roussel, Ravel, Duparc, Debussy, Rossini). Salle de FORUM MEYRIN à 20h30 sauf mention contraire (loc. 022/989.34.34) u Du 1er au 10.11. : Hors-Scène. LES CONFÉRENCES MAGIQUES: SCOPÈNE u 6.11. à 20h30 : L'ART ET LA RÉVOLTE, par Abd Al Malik u Du 14 au 16.11. à 20h30 : OPEN FOR EVERYTHING, chor. Constanza Macras, DorkyPark u 16.11. : Hors-Scène. ROMS EN CITÉ, débat citoyen u 21.11. à 20h30 : TI-ME-TA-BLE O EL TIEMPO INEVITABLE, par Marco Vargas – Chloe Brule u 26 et 27.11. : LA FIN DU MONDE EST POUR DIMANCHE de et avec François Morel n t o u 3.12. à 19h : UN BEAU MATIN, ALADIN, par la conteuse Agnès Sourdillon, avec les marionnettes des frères Forman, selon Charles Tordjman u 6.12. à 20h30 : BLACK WIDOW Erika Stucky monthey THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h30 (loc. 024/471.62.67) u 1.11. : SURFACE de Franco Mento, m.e.s. Thierry Romanens u 2.11. : KIKU + MAHADEV COMETO u 17.11. : QUINTETTE DU RHÔNE (Farkas, Bach, Tchaïkovsky, Kompanek) u 22.11. : JANE BIRKIN - ARABESQUE u 28.11. : CIRCUS INCOGNITUS de et par Jamie Adkins, Cirque montreux Auditorium Stravinski, 20h15 sauf mention contraire (loc. 021/962.21.19) u 2.11. : ROCK'N'ROLL LÉGENDS u vendredi 8.11. : CARMINA BURANA. Varduhi Khachatryan, mezzo. Daniel Gàlvez-Vallejo, ténor. Orchestre de Ribaupierre, Chœurs Symphonique de Vevey, A Capella d’Yverdon et Scala d’Yverdon, dir. Luc Baghdassarian (Carl Orff, Rimski-Korsakov). u 16.11. : STARMANIA u 23 et 24.11. : CONCOURS SUISSE DES BRASS BANDS & PRO BASS u 29.11. : GAROU, Tour 2013 morges THÉÂTRE DE BEAUSOBRE à 20h (loc. 024/471.62.67) u 1er et 2.11. : KEV ADAMS, Humour u 2.11. : VÉRONIC DICAIRE, Imitation Théâtre de la Poudrière / Neuchâtel Semaine Internationale de la Marionnette La Semaine de la Marionnette 2013, qui se déroulera du 8 au 17 novembre 2013, réserve à nouveau son lot de surprises et découvertes. Cet événement va prendre place dans tous les théâtres du canton de Neuchâtel en faisant la part belle à des artistes qui font référence dans l'art marionnettique à travers le monde. Parmi les spectacles proposés figure «Intime Intime, ou l’histoire du Petit Chaperon Rouge» servi par le Théâtre Manarf d’Angers, fondé par Jacques Templeraud qui est considéré comme l’un des pères du théâtre d’objets. Ici, il revisite l’histoire du Petit Chaperon Rouge, avec un loup qui n’attaque pas les petites filles, sauf si l’une d’elles se trouve sur son chemin et qu’il a le ventre qui crie famine... La démarche artistique du Théâtre Manarf est originale et, dans sa version du conte, la tragédie se déroule sous le nez rouge sang d’un clown silencieux. Un joyau théâtral à déguster ! «Intime, Intime...» © René Sauloup e n . vendredi 8 novembre à 19h et 22h30 d a 93 m é m u 3.11. : CUCHE ET BARBEZAT FONT DES BÊTISES, m.e.s. Pierre Mifsud u 5.11. : L'ETUDIANTE ET MONSIEUR HENRI d'I. Calberac, m.e.s. José Paul u 7.11. : NOA u 13.11. : OLIVIA RUIZ u 14.11. : FRANÇOIS-XAVIER DEMAISON u 15.11. : JOYEUSES PÂQUES de Jean Poiret, m.e.s. Jean-Luc Moreau u 17.11. : AMOUR ET JAMBE CASSÉE de Gérard Corbion, m.e.s. I. Verlaine u 21 et 22.11. : AURÉLIE THIERRÉE, m.e.s. Victoria Thierrée-Chaplin u 23.11. : JANE BIRKIN u 27.11. : ROMÉO ET JULIETTE de Shakespeare, m.e.s. Omar Porras u 28.11. : GARNIER ET SENTOU u 29.11. : CIRCUS INCOGNITUS de et par Jamie Adkins, Cirque u 30.11. : GAROU, Tour 2013 neuchâtel 94 THÉÂTRE DU PASSAGE. A 20h, di à 17h (loc. 032/717.79.07) u du 1 au 3.11. : LA MOUETTE d’Anton Tchekhov, m.e.s. J.-Michel Potiron u du 1er au 3.11. : DRACULA MON HISTOIRE d’Alan Committie et Gaetan Schmid, m.e.s. Nathalie Juvet u 1.11. : LE PORTEUR D’HISTOIRE de et m.e.s. Alexis Michalik u 12.11. : RICHARD III de Shakespeare, Puppentheater Magdeburg u 20 et 21.11. : LA LOI D’INTERACTION DES POINTS ISOLÉS DANS UN CHAMP DE RENCONTRES DÉFINI ou L’HISTOIRE DE LA GIRAFE QUI FAIT (TROP) PEUR, de et par Katy Hernan et Adrien Rupp u 28.11. : LE GARDIEN DES ÂMES de Pierre Kretz, m.e.s. Olivier Chapelet u 30.11. et 1.12. : HISTOIRE D’UN MERLE BLANC d’Alfred de Musset, m.e.s. Anne Bourgeois THÉÂTRE DU POMMIER à 20h, di à 17h sauf mention contraire (loc. 024/471.62.67) u Du 5 au 6.11. : LES TRUBLIONS de Marion Aubert par la Cie Distillerie. u 23.11. à 18h : RÉCITAL DE POÉSIE, en trois langues (serbe, français et allemand) articulé autour de l’œuvre de Desanka Maksimovicć u 28.11. à 20h : PROCÈS DE SOCRATE par Me Marc Bonnant nyon USINE À GAZ sauf mention contraire (loc. 022/361.44.04) u 1.11. : ERIK TRUFFAZ 4TET FEAT. ANNA AARON, Jazz u 2.11. : DOMINIQUE A, Concert assis u 6.11. : LE RÊVE PENCHÉ par la Compagnie Tohu Wa Bohu u 8.11. : PIERROT LE FOU, Café-concert e n t u 21 et 22.11. : LE MALADE IMAGINAIRE par la Compagnie Vol Plané, Théâtre u 23.11. : ALIOSE et PIERRE LAUTOMNE onex SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99 ou SCM 022/319.61.11) u 3 et 6.11. : Récrés-spectacle. SASKA CIRCUS, Chanson, dès 3 ans u Du 13 au 16.11. : FESTIVAL LES CRÉATIVES u 28 et 29.11. : IDIR, chanson plan/ouates ESPACE VÉLODROME, sauf avis contraire (loc. 022/888.64.60) u 14 et 15.11. La Julienne : LE CORSMORGASME… ET AUTRES CONQUÊTES par Catherine Gaillard, récits u 23 et 24.11. : LE POP-UP CIRKUS pully L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention contraire (loc. 021/721.36.20) u 2.11. : OCCUPE-TOI d'Amélie de Georges Feydeau, m.e.s. Pierre Laville, Théâtre u 5.11. Pour l'Art et le Lutrin. QUATUOR HERMES (Haydn, Dutilleux, Schumann) u 8.11. : ATCHO! dir. Philippe Krüttli, création, Musique u 9.11. : Amdathtra musiques du monde – INDE, Diwali 2013 Gotipua u 19.11. Pour l'Art et le Lutrin. QUATUOR MARTINU (Smetana, Martinu, Prokofiev) u 15.11. : FOLKS, chor. Yuval Pick u 17.11. : MARK LANEGAN, Musique sierre LES HALLES à 19h30 (rés./loc. 027/722.94.22) u 15.11. : LES DEUX GENTILSHOMMES DE VÉRONE de Shakespeare, m.e.s. Khaled Khoury, Isabelle Rémy et Rosella Riccaboni, Théâtre du Loup. u 21, 22, 23, 28, 29, 30.11. : ALL APOLOGIES - HAMLET de Shakespeare et Adrien Rupp. Cie Alexandre Doublet sion THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61) u 6.11. : CIAO AMORE de Jérôme L’Hotsky, m.e.s. Jérôme Souhier u 14.11. : LE COUPERET d'après Donald Westlake, m.e.s. Eudes Labrusse et Jérôme Imard u 20.11. : LA RELIGIEUSE d'après Diderot, m.e.s. Nicolas Vaude a g o u 29.11. : CÉDRIC PESCIA, piano (Schumann, Schubert) thonon-évian MAISON DES ARTS, ESPACE MAURICE NOVARINA à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) u 4 et 5.11. : UN CHIEN DANS LA TÊTE de Stéphane Jaubertie, m.e.s. Olivier Letellier u 8.11. / Grange au Lac à 20h, Evian : MADELEINE PEYROUX, Jazz u Du 12 au 14.11. / Espace Tully : OPÉRA VINYLE de et m.e.s. François Parmentier, marionnettes. Horaire : Mar 12 à 15h, mer 13 à 10h, jeu 14 à 9h30 et 15h u 13.11. : ALEXIS HK, chansons u 15.11. : L'ÉTRANGER d'après Albert Camus, chor. Emio Greco u 17.11. / Le Poche-Genève : JE SUIS de et m.e.s. Tatiana Frolova u 19.11. : LA RELIGIEUSE de Diderot, m.e.s. Nicolas Vaude u Du 19 au 22.11. / Espace des Ursules : VY de Michèle Nguyen, m.e.s. Alberto Garcia Sanchez u 23.11. / Grange au Lac à 20h, Evian : ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE, dir. Nicolas Chalvin, BERTRAND CHAMAYOU, piano, ROMAIN LELEU, trompette (Reflets slaves : Elgar, Chostakovitch, Neruda, Dvorak) u Du 29.11. au 1.12. / Place de Crête à 20h, dim à 16h : MORSURE de et m.e.s. Marie Molliens, cirque. vevey THÉÂTRE. À 19h30, dimanche à 17h sauf mention contraire u Jusqu’au 3.11. : Oriental-Vevey. LES TRUBLIONS de Marion Aubert. Par la Distillerie Cie. Église SteClaire, je 19h | ve-sa 20h | di 17h30 (rés. au 021 923 74 50) u 2.11. : LE PORTEUR D'HISTOIRE de et m.e.s. Alexis Michalik, dès 14 ans u 5.11. : ABD AL MALIK/L'ART DE LA RÉVOLTE d'après Albert Camus u 7, 8 et 9.11. : Midi, Théâtre! / PETITS AIRS AU BORD DU RUISSEAU. Cie Théâtre-Ensemble Chantier Interdit u 8.11. : BRAD MEHLDAU, Jazz u 10.11. : LES AVENTURES DE PINOCCHIO de Lior Navok, m.e.s. Geneviève Pasquier, dès 6 ans u 12.11. : Arts & Lettres. VILDE FRANG, violon. MICHAIL LIFITS, piano (Mendelssohn, Fauré, Mozart, Prokofiev) u 15.11. : LE JOURNAL D'ANNE FRANK d'Eric-Emmanuel Schmitt, m.e.s. Steve Suissa, dès 12 ans u 16.11. : LES FRANGLAISES de et avec e n Les Tistics, dès 12 ans u 20.11. : AMOUR ET JAMBE CASSÉE de Gérard Corbion et Isabelle Verlain, m.e.s. Isabelle Verlaine, dès 7 ans u 26.11. : LES ENFANTS DE JÉHOVAH de et m.e.s. Fabrice Murgia, Compagnie Artara, dès 16 ans u Du 28.11. au 1.12. : OrientalVevey. WE SPOKE - SONG. Musique. Église Ste-Claire, je 19h | ve-sa 20h | di 17h30 (rés. au 021 923 74 50) villars s/glâne ESPACE NUITHONIE Salle Mummenschanz à 20h, sauf mention contraire (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) Nuithonie: +41 26 407 51 51 u 5.11. : UN MARI IDÉAL d'Oscar Wilde, m.e.s. Pierre Bauer u Du 6 au 16.11. : LE NEZ (NOSS) d'après Gogol et Chostakovitch, m.e.s. Lionel Parlier u 10.11. : C'EST TRÈS BIEN! de Tartine Reverdy, musique u 15 et 16.11. : STATIONNEMENT ALTERNÉ par Les Amis du Boulevard Romand, m.e.s. Antony Mettler u 23 et 24.11. : FRANKENSTEIN d'après Mary Shelley, m.e.s. Paul Desveaux u Du 28 au 30.11. : LE CHANT DU BOUQUETIN de Pierre-Isaïe Duc, m.e.s. Isabelle Pellissier yverdon THÉÂTRE BENNO BESSON sauf mention contraire (loc. 024/423.65.84) u 10.11. : ZORO ET JESSICA par les Ateliers de la Colline, m.e.s. Quantin Meert u 14.11. : 120'' PRÉSENTE LA SUISSE de et par Vincent Kucholl et Vincent Veillon u 19 et 20.11. : BLACK OUT par la Cie Philippe Saire, chor. Philippe Saire u 22.11. : GIACOMO par la Compagnie Numéro23prod., m.e.s. Massimo Furlan u 24.11. : LAURÉATS DU PRIX SUISSE DE LA JEUNESSE MUSICALE u 29.11. : FRANKENSTEIN d'après Mary Shelley, m.e.s. Paul Desveaux THÉÂTRE DE L’ECHANDOLE (loc. 024/423.65.84 ou 024/423.65.89 une heure avant le spectacle) u 1.11. : DJELI MOUSSA CONDÉ u 14.11. : BARRIO OSCURO, musique u 16 et 17.11. : UN ACTE SÉRIEUX de et chor. Nicole Seiler u 30.11. : SANSHIRO ET LES CÔNES DE CHANTIER, chanson d a Danse-Théâtre Théâtre Musique Open for Everything -BßOEVNPOEF est pour dimanche Erika Stucky Black Widow Du 14 au 16 nov. à 20h30 François Morel 6 déc. à 20h30 Danse 26 et 27 nov. à 20h30 Constanza Macras – DorkyPark TI-ME-TA-BLE o el tiempo inevitable Théâtre Un beau matin, Aladin Marco Vargas – Chloé Brûlé Charles Tordjman – Matej Forman 21 nov. à 20h30 3 déc. à 19h forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h TI-ME-TA-BLE o el tiempo inevitable © Luis Castilla Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe Breguet, créateur. L’art et le style Breguet, 1775 Décidé à renouveler l’esthétique horlogère traditionnelle de la fin du 18e siècle, Breguet substitua aux fioritures d’alors un dessin raffiné, épuré et intemporel. À l’image du modèle Classique 5157 extra-plat, qui perpétue aujourd’hui le style Breguet en interprétant ses caractéristiques : profil élégamment affiné, boîtier cannelé, aiguilles Breguet “à pomme” ou cadran en or finement guilloché à la main. L’histoire continue ... B O U T I Q U E S B R E G U E T – 4 0 , R U E D U R H Ô N E G E N È V E + 4 1 2 2 3 17 4 9 2 0 – B A H N H O F S T R A S S E 1 G S TA A D + 4 1 3 3 7 4 4 3 0 8 8 B A H N H O F S T R A S S E 3 1 Z Ü R I C H + 4 1 4 4 2 1 5 1 1 8 8 – W W W. B R E G U E T. C O M