n° d'ordre 004 Université Cheikh Anta Diop de Dakar Faculté des Sciences CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DE LA BIOLOGIE ET DU DEVELOPPEMENT DE Centrorhynchus milvus WARD, 1956 (Paleacanthocephala : Centrorhynchidea) THESE présentée pour obtenir le grade de DOCTEUR DE TROISIEME CYCLE DE BIOLOGIE ANIMALE par Zohra GRITA épouse TIMOULALI Soutenue le 4 mai 1990 devant la commission d'examen MM. X. MATTEI Faculté des Sciences Président B. MARCHAND Faculté des Sciences Directeur de thèse Y. SIAU Faculté des Sciences Examinateur B.S. TOGUEBAYE Faculté des Sciences Examinateur G. VASSILIADES ISRA/LNERV A V A N T PRO P 0 S -****************- Le travail présenté dans ce Mémoire de Thèse a été entrepris dans le cadre du Laboratoire de Parasitologie du Département de Biologie Animale de la Faculté des Sciences, à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Sa réalisation a impliqué plusieurs personnes à des titres divers, je voudrais leur témoigner ici toute ma gratitude. Tout d'abord, je remercie très sincèrement le Professeur Xavier MATTEI, Chef de Service de la Microscopie Electronique, qui me fait l'honneur de présider la commission d'examen de cette thèse. Le Professeur MATTEI a toujours suivi de près la progression de mon travail et grâce aux moyens matériels et humains, dont dispose le Service de Microscopie Electronique, nous avons pu effectuer nos observations et réaliser les photographies dans de bonnes conditions. Je ne saurais donc jamais assez l'en remercier. Le Professeur Bernard MARCHAND, Chef du Laboratoire de Parasitologie a dirigé ce travail avec une grande compétence et beaucoup de patience. Son aide a été déterminante, et ne m'a jamais fait défaut aussi bien au cours de la recherche que durant la préparation de ce rapport. Ses qualités professionnelles et humaines ont crée un climat propice au travail d'équipe sans lequel, cette recherche n'aurait pu être menée à son terme. Je lui en suis très reconnaissante, et l'en remercie très sincèrement. Je voudrais aussi témoigner toute ma reconnaissance au Professeur Bhen Sikina TOGUEBAYE, Chef du Département de Biologie Animale, qui a mis à notre disposition tous les équipements nécessaires à la conduite des travaux. Il a par ailleurs accepté de faire partie de la commission d'examen, et me faire bénéficier ainsi de sa grande expérience, grâce à ses avis et remarques. Mes remerciements aussi au Professeur Yves SIAU du Département de Biologie Animale ainsi qu'à Mr. Georges VASSILIADES, du Laboratoire National de l'Elevage et de Recherches Vétérinaires de Hann, qui ont bien voulu examiner ce travail en participant à notre jury de mémoire et me faire partager leurs connaissances scientifiques et Techniques du sujet. Je voudrais également remercier tous les techniciens pour le soin avec lequel ils ont participé à la réalisation technique de ce travail, ainsi qu'à Mme Rokhaya Diouf SENGHOR qui a contribué au traitement du texte. Mes remerciements vont aussi à tous mes amis pour leur soutien moral. Enfin, je dédie ce Mémoire de Thèse à mes chers parents, à mon mari, à ma fille HANAE et à toute ma famille. C'est aussi grâce à leur support moral et encouragements que ce travail a pu être réalisé. SOMMAIRE INTRODUTION 1 CYCLE DE DEVELOPPEMENT DE CENTRORHYNCHUS MILVUS WARD, 1956 2 Matériel et méthodes 2 Résultats 3 Identification de l'hôte intermédiaire Etude du développement larvaire Acanthor Acanthella Acanthella 1 Acanthella 2 Acanthella 3 Acanthella 4 Acanthella 5 Acanthella 6 Cystacanthe Identification des hôtes de transfert 3 3 3 4 4 4 4 4 5 5 5 6 Discussion 7 Identification de l'hôte intermédiaire Etude du développement larvaire Identification des hôtes de transfert 7 8 8 ETUDE EXPERIMENTALE COMPARATIVE INFESTANT DES CYSTACANTHES DE C. MILVUS DU POUVOIR 19 Matériel et méthodes 19 Résultats 19 Discussion 20 ETUDE ULTRASTRUCTURALE COMPARATIVE DE LA CUTICULE DES LARVES ET DES ADULTES DE C. MILVUS WARD (1956) 22 Matériel et méthodes 22 Résultats 24 Tégument des Acanthella et de la cystacanthe de l'hôte intermédiaire Tégument de la cystacanthe de l'hôte de transfert.. Tégument de l'adulte Discussion 24 24 24 25 ETUDE STRUCTURALE ET ULTRASTRUCTURALE COMPARATIVE DES LEMNISQUES CHEZ LES LARVES ET LES ADULTES DE C. MIL VUS 31 Matériel et méthodes 31 Résultats 32 Microscopie photonique · . él ec t romque . ,a transmIssIon . . M lcroscople Discussion 32 .. 32 34 ETUDE ULTRASTRUCTURALE COMPARATIVE DU GANGLION CEREBROIDE CHEZ LES LARVES ET LES ADULTES DE C. MILVUS ...38 Matériel et méthodes 38 Résultats 39 Ganglion nerveux des cystacanthes Ganglion nerveux des vers adultes Cordons nerveux 39 ,45 53 Discussion 53 ETUDE ULTRASTRUCTURALE COMPARATIVE DE L'OVAIRE CHEZ LES LARVES ET LES ADULTES DE C. MILVUS 57 Matériel et méthodes 57 Résultats 58 Acanthella 5 Cystacanthes de l'hôte intermédiaire Cystacanthes de l'hôte de transfert Sphères ovariennes des femelles vierges Sphères ovariennes des femelles inséminées Ultrastructure des enveloppes des œufs chez les femelles inséminées 58 58 59 59 59 OO Discussion 00 CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE ; 00 71 1 INTRODUCTION Centrorhynchus milvus Ward, 1956 est un acanthocéphale (Paleacanthocephala, Centrorhynchidae), parasite à l'état adulte du milan noir d'Afrique: Milvus migrans parasitus. Le mâle mesure 16 à 20 mm de long sur 1,5 mm de large. La femelle 24 à 32 mm de long sur 2 mm de large. Le proboscis est formé de deux portions : une partie antérieure conique et une partie postérieure trapézoïdale plus large que la partie antérieure. TI porte 34 à 38 rangées longitudinales de 20 à 26 crochets. Les crochets des femelles sont souvent plus grands que ceux des mâles, car les femelles restent plus longtemps dans le tube digestif de leur hôte. Le cou est toujours inerme. Il part du point d'émergence des derniers crochets et s'arrête à une petite constriction, qui le sépare nettement du corps. De la région du cou. partent les lemnisques formés par une invagination de l'hypoderme. Leur structure ne diffère pas fondamentalement de celle de l'hypoderme. C. milvus a été décrit par WARD (1956). Il a depuis fait l'objet de deux études faites par MARCHAND & MATTEI (1976 d) et MARCHAND (1984 b) qui ont étudié l'ultrastructure du spermatozoïde et celle des enveloppes des oeufs de 13 espèces d'Acanthocéphales. Ils ont montré que le spermatozoïde de C. milvus présente une anatomie inversée, semblable à celle précédemment décrite chez d'autres Acanthocéphales : llliosentis furcatus ; Acanthosentis tilapiae (MARCHAND & MATTEI, 1976 a, b). Dans le présent travail nous étudierons successivement: le cycle de développement de C. milvus ; le pouvoir infestant de cystacanthes d'origines différentes; l'ultrastructure de la cuticule des adultes et des larves prélevées chez l'hôte intermédiaire et chez l'hôte d'attente; l'ultrastructure des lemnisques des cystacanthes et des vers adultes; l'ultrastructure du ganglion cérébroïde des cystacanthes et des vers adultes; enfin dans une dernière partie, nous étudierons le développement de l'ovaire en passant de la larve chez l'hôte intermédiaire et chez l'hôte d'attente, à la femelle adulte vierge puis inséminée. 2 CYCLE DE DEVELOPPEMENT DE CENTRORHYNCHUS MILVUS WARD, 1956. (PALEACANTHOCEPHALA,CENTRORHYNCHIDAE) Centrorhynchus milvus Ward, 1956 est un acanthocéphale dont les adultes (Fig. 1) parasitent le milan noir d'Afrique Milvus migrans parasitus (Fig. 2) et dont les larves avaient déjà été signalées enkystées chez un réptile Boedon fuliginosus (Golvan, 1956). Au cours du présent travail nous présentons un résumé de son cycle de développement en identifiant un arthropode hôte intermédiaire et cinq nouveaux vertébrés hôtes de transfert. Matériel et Méthodes. Les adultes de Centrorhynchus milvus ont été récoltés au cours d'autopsies de Milvus migrans parasitus capturés à Dakar. Des insectes, Periplaneta brunnea (Dictyoptera) et Pogonobasis sp. (Coleoptera) et des crustacés terrestres Cubaris murina (Figs. 3 à 5) et Porcellionides pruinosus (Isopoda) (Figs. 6, 7) ont été récoltés dans des débris végétaux sur le sol du campus universitaire de Dakar. Les œufs des acanthocéphales ont été récoltés par simple rupture de la paroi du corps des femelles, puis répartis sur la nourriture (fragments de pomme de terre) mise à la disposition des insectes et crustacés maintenus en élevage au Laboratoire. Après 24 heures de contact, les arthropodes ont été disposés dans de nouvelles boîtes d'élevage ne contenant plus aucun oeuf d'acanthocéphale. Les arthropodes ont ensuite été disséqués régulièrement toutes les 24 heures, puis toutes les 48 heures après infestation. Pour chaque stade larvaire, des échantillons ont été montés entre lame et lamelle puis observés en microscopie photonique et dessinés à la chambre claire, et d'autres ont été fixés pour la microscopie électronique à balayage. Pour la recherche des hôtes de transfert, des bactraciens, des réptiles et des petits mammifères ont également été récoltés sur le campus universitaire de Dakar, puis disséqués. 3 Pour l'étude expérimentale du cycle de développement, des milans ont été capturés dans la nature, puis maintenus en volière pendant au moins trois mois. Après un tel séjour, les selles ne présentent plus aucun oeuf et à l'autopsie on ne trouve plus aucun acanthocéphale. Résultats Identification de l'hôte intermédiaire. Nous avons tenté des infestations expérimentales d'insectes et de crustacés terrestres à partir d'œufs provenant de la cavité générale de femelles adultes. Nous n'avons observé aucun développement larvaire chez les insectes ni chez Cubaris murina. Seul Porcellionides pruinosus est apparu favorable au développement de Centrorhynchus milvus. Des P. pruinosus ont ensuite été récoltés sur le sol, soit à la base d'arbres abritant des nids de Milvus migrans parasitus, soit à au moins 30 m au sol de tout nid de milans. Sous les arbres habités par des milans, la parasitémie atteint 100 %, tandis que loin des nids nous n'avons pas trouvé de cloporte parasité. Etude du développement larvaire. Les infestations expérimentales nous ont permis de suivre les principales étapes du développement larvaire que nous décrivons ci· après. Acanthor. Les œufs mûrs (Figs 8 et 9) mesurent environ 45 Ilm de long et contiennent une larve appelée Acanthor. Cette dernière devient active aussitôt après l'ingestion de l'oeuf par le cloporte. Elle apparaît alors animée de mouvements de contraction et d'élongation qui lui permettent d'éclore. Aussitôt après son éclosion elle mesure 50 à 60 Ilm de long et apparaît donc plus longue que l'oeuf qui la contenait (Fig. 10). Elle présente trois grands crochets d'environ 4 Ilm de long à son extrémité antérieure et de très nombreuses petites épines dispersées sur toute la surface du corps. Par transparence on peut voir de gros noyaux périphèriques (futurs noyaux tégumentaires) et une masse centrale constituée d'une multitude de très petits noyaux embryonnaires dits picnotiques. 4 Ces larves demeurent d'abord dans le tube digestif du cloporte, puis, après 7 jours, commencent à traverser la paroi intestinale de leur hôte. Elles se fixent alors sur la face externe du tube digestif où elles sont enveloppées par une importante prolifération de tissu conjonctif réalisant un kyste réactionnel (Fig. Il). Acanthella. Après avoir traversé le tube digestif, l'Acanthor débute sa métamorphose (Fig. 12) . Il s'agit d'un processus continu au cours. duquel la larve se transforme progressivement en cystacanthe. Arbitrairement, nous avons divisé ce processus en 6 étapes: Acanthella 1. (Figs 13 et 23). Nous avons observé ce stade entre 17 et 28 jours après l'infestation (J 17 à J 28). La larve mesure environ 90 J..lm de long et 70 J..lm de large. Suivant les cas nous avons pu dénombrer de 6 à 24 noyaux tégumentaires. Les trois grands crochets antérieurs sont toujours présents, mais les épines ne sont plus identifiables. Acanthella 2. (Figs 14 et 24). Observéeentre J 26 et J 33, ce stade diffère du précédent par la taille et la localisation des larves, qui mesurent environ 150 J..lm de long sur 110 Jlm de large et sont libres dans la cavité générale du cloporte. L'extrémité antérieure de la larve demeure cylindrique tandis que ses deux tiers postérieurs deviennent sphériques. Acanthella 3. (Figs 15, 16 et 25). Entre J 29 et J 42, les Acanthella ne présentent plus de partie cylindrique mais on y distingue encore les trois crochets antérieurs de l'Acanthor. Elles mesurent alors environ 230 J..lm de long sur 220 Jlm de large. La masse centrale de noyaux picnotiques s'allonge et se divise en trois parties. Elle définit ainsi un nouvel axe antéro-postérieur, qui fait un angle de 90° par rapport à l'axe antéropostérieur initial de l'Acanthor. A ce stade la larve est très fragile. Par simple pression entre lame et lamelle, il est facile de séparer le tégument et ses gros noyaux de la masse centrale de noyaux picnotiques. Acanthella 4. (Figs 17, 18 et 26). Observée de J 41 à J 48, elle mesure 450 J..lm de long sur 260 J..lm de large. Un groupe de 4 noyaux est identifiable au niveau de l'extrémité antérieure du futur proboscis. Le réceptacle du proboscis est également identifiable et porte à sa base une masse de noyaux picnotiques. Deux masses nucléaires occupent l'extrémité postérieure de la larve. Les noyaux tégumentaires augmentent de volume. Ils atteignent 25 Jlm de diamètre. Les trois crochets initialement disposés à l'extrémité antérieure de l'Acanthor sont 5 toujours présents sur un côté de la larve. L'axe antéro-postérieur de l'Acanthor correspond donc vraisemblablement à l'axe dorso-ventral de l'Acanthella et de la future cystacanthe. Acanthella 5. (Fig. 19). Nous l'avons observée entre J 46 et J 55. Les deux sexes sont facilement identifiables. Le mâle mesure 0,8 mm de long sur 0,25 mm de large (Fig. 27). La femelle mesure 1,0 mm de long sur 0,2 mm de large (Fig. 28). A ce stade il ne persiste que 10 noyaux tégumentaires répartis de façon grossièrement symétrique. Une cavité pseudocoelomique est maintenant identifiable. Elle contient des gonades, des ligaments et des lemnisques. Le proboscis est invaginé. Son réceptacle et ses muscles rétracteurs sont donc devenus fonctionnels. Les ébauches des crochets sont visibles tout autour du proboscis. Acanthella 6. Observée entre J 53 et J 68, la larve est plus longue que le kyste dans lequel elle est enfermée. Elle se replie sur elle-même, mettant ainsi nettement en évidence la paroi du kyste (Fig. 29). Le proboscis apparaît le plus souvent évaginé. Les ébauches des crochets sont bien nettes et plus nombreuses que précédemment (Fig. 22). Le mâle mesure 1,7 mm de long sur 0,3 mm de large (Fig. 20) ; la femelle 1,7 mm de long sur 0,4 mm de large (Fig. 21). Il y a toujours 10 noyaux tégumentaires, mais ils ne sont plus répartis de façon symétrique. Les organes génitaux sont maintenant identifiables. Cystacanthe. (Fig. 30) Observée à partir de J 66, cette larve a terminé sa métamorphose. Elle est supposée infestante. Les différentes masses de noyaux picnotiques ont complétement disparu. Le proboscis possède maintenant tous les caractères de l'adulte, en particulier, le nombre et la disposition des crochets sont déjà fixés. Il est normalement invaginé, mais il se dévagine facilement lorsque la larve est sortie de son kyste. Il atteint ainsi 1,4 mm le long. Un ganglion nerveux est identifiable dans le réceptacle du proboscis. Dans la cavité générale on reconnaît les lemnisques, les ligaments et les appareils génitaux. Chez le mâle on reconnaît deux testicules, des glandes copulatrices, un pénis et une bourse copulatrice. Chez la femelle on trouve un ovaire, qui n'est pas encore nettement dissocié en masses ovariennes ainsi que les ébauches d'une cloche utérine et d'un utérus. Lorsque leur proboscis est évaginé, les larves mâles et femelles peuvent atteindre 5,5 mm de long. 6 Identification des hôtes de transfert. Nous avons recherché les hôtes de transfert parmi les petits vertébrés susceptibles de faire partie de la chaîne alimentaire du milan. Nous avons ainsi trouvé des cystacanthes enkystées (Figs 34, 35) dans 4 jeunes crapauds Bufo regularis capturés sous un arbre abritant un' nid de milans. L'un de ces crapauds portait 175 larves enkystées principalement dans sa paroi stomacale, son mésentère et sa cavité générale. Les trois autres portaient chacun au moins 100 larves (Fig. 33). Chez les crapauds jeunes capturés au hasard sur le Campus universitaire de Dakar, nous avons toujours trouvé au moins une larve, mais n'en avons jamais dénombré plus de 20. Chez les crapauds plus âgés capturés à moins de 100 mètres des nids de milans, nous avons retrouvé des cystacanthes, mais elles étaient beaucoup moins nombreuses que chez les jeunes capturés au même endroit, de 7 à 24, et enkystées très profondément dans la paroi stomacale de leur hôte (Fig. 36). Nous avons également récoltés des œufs de Gécko Tarentola annularis. que nous avons fait éclore au laboratoire. Deux gécko nouveaux-nés ont ainsi été enfermés dans une boîte d'élevage ne contenant pour toute nourriture que des cloportes P. Pruinosus parasités. 25 jours après, l'un de ces géckos présentait une cystacanthe et l'autre trois, toutes enkystées dans la paroi de leur estomac. De plus, nous avons trouvé, dans un gécko adulte, infesté naturellement, 29 cystacanthes réparties autour de son estomac et de son foie ainsi que dans sa cavité générale (Fig. 32). De même, dans un agame Agama agama capturé sur le campus universitaire de Dakar, nous avons trouvé 13 cystacanthes enkystées. Dans trois hérissons Aleterix albiventris capturés dans le même environnement, nous avons trouvé chaque fois plus de 100 cystacanthes enkystées autour de l'estomac (Fig. 31). Enfin chez une couleuvre Psammophis sibilans sibilans Linné 1758 (Figs 37, 38), capturée dans les environs du département de Biologie animale, nous avons trouvé au moins 100 cystacanthes enkystées principalement dans sa paroi stomacale et son mésentère (Figs 39 à 41). Les larves récoltées chez les crapauds, géckos, agame, hérissons et couleuvre ont été isolées et observées en microscopie photonique et électronique à balayage. 7 A partir des photos obtenues et des observations faites, la structure du proboscis de toutes les cystcanthes isolées, nous a permis chaque fois de les identifier comme étant des larves infestantes de Centrorhynchus milvus. Leur rostre est formé de deux parties distinctes. Le cou part du point d'emergence des derniers crochets et s'arrête à une petite constriction qui le sépare du tronc. Le proboscis est armé de 34 rangées longitudinales comptant chacune au moins dix crochets et dix épines. Les larves infestantes présentent en outre deux lemnisques allongés piriformes et dont l'extrémité postérieure dépasse nettement le fond du réceptacle à double paroi du proboscis. Nous avons également effectué des mesures du proboscis (rostre) et du tronc (partie moyenne et partie postérieure) (Tableau 1). Les résultats obtenus ne font apparaître aucune différence significative entre ces cystacanthes d'origines différentes. DISCUSSION Identification de l'hôte intermédiaire. Aucun hôte intermédiaire n'était connu pour C. milvus. Nous avons pu démontrer que Porcellionides pruinosus est bien son hôte intermédiaire naturel et probablement le seul (TIMOULALI, 1986 ; MARCHAND et TIMOULALI, 1989). Les autres arthropodes testés n'ayant permis aucun développement des Acanthors. Par contre P. pruinosus est l'hôte intermédiaire d'au moins deux espèces du genre Centrorhynchus car il a été signalé porteur de cystacanthes de C. batracus (de BURON et GOLVAN,1986). Aucun cycle n'a été mis en évidence complètement dans le genre Centrorhynchus (de BURON et GOLVAN, 1986). Pour le seul Centrorhynchus dont on connaît l'hôte intermédiaire, C. batracus, on ne connaît pas l'hôte définitif. Il n'est connu que par ses juvéniles décrits chez Rana tigrina (GOLvAN, 1956). En raison de la grande spécificité généralement observée chez les hôtes intermédiaires et les hôtes définitifs des Acanthocéphales, notre étude sur le cycle de développement de C. milvus, nous permet d'émettre une hypothèse sur l'hôte définitif de C. batracus. L'hôte intermédiaire des deux acanthocéphales étant identique, les hôtes définitifs doivent être très proches. L'hôte définitif de C. batracus est vraisemblablement un rapace diurne appartenant probablement au genre Milvus et peut être à la même espèce migrans, et à la sous-espèce paléarctique migrans. Il nous semble donc qu'il serait 8 souhaitable de chercher l'hôte définitif de C. batracus, en priorité, chez le milan noir d'Europe : Milvus migrans migrans. Etude du développement larvaire. Les œufs des Acanthocéphales contenant des larves Acanthor ont souvent été décrits en microscopie photonique, mais ils ne l'ont été que récemment en microscopie électronique (MARCHAND, 1984 a et b). Les principaux stades de développement, Acanthor, Acanthella et cystacanthe, que nous avons pu observer chez C. milvus, se retrouvent dans le développement de tout acanthocéphale (PETROCHENKO, 1956 ; GOLVAN, 1958 ; BAER, 1961 ; SCHMIDT & OLSEN, 1964). Dans le genre Centrorhynchus, l'évolution de l'Acanthor à la cystacanthe n'a été étudiée que chez C. falconis (DAS, 1957). L'organisation des différents types larvaires observés chez C. milvus rappelle étroitement ceux déjà décrits pour d'autres espèces. De plus notre étude confirme les observations de OLSON et PRATT, (1971), qui, chez Echinorhynchus lageniformis, ont mis clairement en évidence le changement d'orientation de la larve au cours de son développement. Ce changement n'avait pas été vu chez C. falconis. Identification des hôtes de transfert. Au cours du présent travail, nous avons pu identifier cinq hôtes de transfert. Les cystacanthes de C. milvus peuvent donc s'enkyster dans au moins six vertébrés différents, car elles étaient déjà connues chez Boedon fuliginosus (GOLVAN, 1956). Cette grande diversité correspond tout à fait à ce que de nombreux auteurs ont pu mettre en évidence dans la plupart des espèces du genre, où les hôtes de transfert sont des Batraciens, des Reptiles et de petits Mammifères insectivores. 9 Tableau 1 Comparaison entre les cystacanthes provenant de Porcellionides pruinosus, Bufo regularis, Tarentola annularis, Psammophis sibilans sibilans, Boedon fuliginosus et Aleterix albiventris. P. pruinosus B. regularis T. annularis LI 0,9 0,3 1,2 0,6 1 0,29 11 L2 12 L3 13 0,8 0,3 1,7 0,5 1,5 0,28 P. s. sibilans 0,8 0,25 2 0,7 0,9 0,25 0,9 0,3 1,5 0,65 1 0,2 Les dimensions sont indiquées en millimètres. Ll = longueur du rostre. Il =largeur du rostre. L2 = longueur de la partie antérieure du tronc. =largeur de la partie antérieure du tronc. L3 =longueur de la partie postérieure du tronc. 13 =largeur de la partie postérieure du tronc. 12 B. fuliginosus A. albiventris 0,8 0,3 2 0,75 1 0,2 0,8 0,25 1,5 0,57 0,8 0,2 10 Figure 1. Rostre de Centrorhynchus milvus observé en microscopie électronique à balayage. C = Crochets, E = Epines. x 150. Figure 2. Milvus migrans parasitus, hôte définitif de C. milvus, est un oiseau rapace appartenant à la sous classe des CARINATES, à l'ordre des Accipitiformes ou Falconiformes, à la famille des Falconidés, à la sous famille des Milvinés. "Il mesure 58 cm de long, entièrement marron terne, la queue est échancrée. Il est détritivore des villes et des villages, volontiers, grégaire et très répandu dans les régions tempérées et tropicales". (SERLE & MOREL, 1979). o 17 18 12 Figure 8. Oeufs de Centrorhynchus milvus observés en microscopie électronique à balayage après avoir séjourné plusieurs heures dans le tube digestif de Porcellionides pruinosus. La couche filamenteuse de la coque se désorganise. x 1200. Figure 9. Oeuf de C. milvus observé en microscopie photonique après avoir séjourné quelques heures dans le tube digestif de P. pruinosus. Les enveloppes de l'oeuf deviennent filamenteuses et se désorganisent. On reconnaît à l'intérieur la larve Acanthor CA) qui est prête à éclore. x 1200. Figure 10. Acanthor venant d'éclore dans le tube digestif de P. pruinosus. Trois grands crochets CC) sont visibles à l'extrémité antérieure de la larve. Le reste du corps est couvert de petites épines. x 500. Figure 11. Acanthor ayant traversé la paroi du tube digestif de P. pruinosus est entouré d'une prolifération du tissu conjonctif de l'hôte réalisant un kyste. x 1200. Figure 12. Acanthor en début de métamorphose. C = Crochets, NP Noyaux picnotiques, NT = Noyaux tégumentaires. x 900. = Figure 13. Acanthella 1. x 900. Figure 14. Acanthella 2. Une masse centrale s'isole du tégument extérieur. C = Crochets, K = Paroi du kyste. x 500. Figures 15, 16. Acanthella 3. Cette larve est très fragile, par simple pression entre lame et lamelle, le tégument se sépare de la masse centrale. Fig. 15. La masse centrale dépourvue de tégument est subdivisée en une masse antérieure Ca) et une masse postérieure Cb). x 300. Fig. 16. Tégument dépourvu de la masse centrale et contenant des noyaux géants pourvu chacun d'un gros nucléole. x 200. 13 Figure 17. Acanthella 4. La larve est encore fragile. La masse centrale fait saillie à l'extrémité postérieure du tégument. x 150. Figure 18. Acanthella 4. Masse centrale dépourvue du tégument. x 200. Figure 19. Un groupe d'Acanthella 5 à l'intérieur de leur kyste récolté 43 jours après l'infestation de Porcellionides pruinosus. x 50. Figure 20. Acanhella 6 mâle. Le rostre est identique à celui de la femelle. Les organes génitaux sont identifiables. La larve est repliée à l'intérieur du kyste (K). Be = Bourse copulatrice, T = Testicules. x 170. Figure 21. Acanthella 6 femelle. Le proboscis est bien individualisé. TI est évaginé, on y reconnaît l'empreinte des futurs crochets. Quatre noyaux (N) sont identifiables à l'extrémité antérieure du rostre. Les organes génitaux sont également identifiables. U = Utérus. x 65. Figure 22. Proboscis évaginé d'une Acanthella 6. On y reconnaît nettement les ébauches des crochets et des épines (Ec). x 170. 14 Figures 23 à 28. Représentation schématique du développement larvaires de C. milvus. Fig. 23. Acanthella 1 (du 17 au 28ème jour après l'infestation de Porcellionides pruinosus. x 280. Fig. 24. Acanthella 2 (du 26 au 33ème jour). x 280. Fig. 25. Acanthella 3 (du 29 au 42ème jour). x 300. Fig. 26. Acanthella 4 (du 41 au 48ème jour). Les crochets (C) témoins de l'axe antéro-postérieur de l'Acanthor font un angle de 90° par rapport au nouvel axe de l'Acanthella 1, 2, 3, 4. Les noyaux tégumentaires périphériques sont devenus géants (NT). Ils sont pourvus d'un gros nucléole. La masse centrale de l'Acanthor puis de l'Acanthella est subdivisée en une masse centrale à la base du réceptacle du proboscis (RP) et deux petites masses postérieures. On reconnaît quatre noyaux à l'extrémité antérieure du proboscis (Na). x 300. Figures 27, 28. Acanthella 5. Les noyaux tégumentaires (NT) sont au nombre de dix en disposition symétrique. Le proboscis est invaginé. Les lemnisques (L) et le ganglion cérébroïde (Gc) sont identifiables. Les ébauches des crochets commencent à apparaître. x 300. Fig. 27. Acanthella 5 mâle. Bc = Ebauche de la bourse copulatrice, L =Lemnisques, T = Testicules. Fig. 28. Acanthella 5 femelle. Cu = Ebauche de la cloche utérine, o = Ovaire non encore fragmenté, U = Ebauche de l'utérus. 15 Figures 29 à 33. Etude en microscopie à balayage des Acanthella 6 et des cystacanthes de Centrorhynchus milvus. Fig. 29. Acanthella 6 à l'intérieur de son kyste. Une lésion médiane de la paroi du kyste permet de voir le tégument de la larve (L). x 80. Fig. 30. Proboscis presque complètement évaginé d'une cystacanthe provenant de la cavité générale de Porcellionides pruinosus. On y reconnaît comme chez l'adulte des crochets antérieurs et des épines postérieures. x 200. Fig. 31. Cystacanthe provenant de la paroi stomacale d'un hérisson: Aleterix albiventris. Le corps est subdivisé en trois parties sensiblement égales: le proboscis évaginé, la moitié antérieure du tronc et la moitié postérieure contractée. x 50. Fig. 32. Cystacanthe provenant de la paroi stomacale d'un gécko : Tarentola annularis. x 110. Fig. 33. Cystacanthe provenant de la paroi stomacale d'un crapaud: Bufo regularis. Son organisation générale est identique à celle des autres cystacanthes. x 100. 16 Figure 34. Dissection d'un jeune crapaud Bura regularis montrant de nombreuses cystacanthes enkystées dans la paroi de l'estomac, dans la paroi de l'intestin et dans la cavité générale. Figure 35. Le tube digestif du crapaud de la figure précédente. Les larves sont très nombreuses et elles sont enkystées tout autour de la paroi stomacale. Figure 36. Le tube digestif d'un crapaud plus âgé. Les larves sont très peu nombreuses et sont enkystées profondément dans la paroi stomacale de l'hôte. 24 c 25 26 \ \ 1-J........+t-7- BC 27 28