GILLES CLEMENT 1‐ le Jardin en Mouvement

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SARANO
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6
GILLES
CLEMENT
1‐
Le
jardin
en
mouvement
–
2‐Le
jardin
Planétaire
–
3‐Le
tiers
paysage
‐
4‐jardins
de
résistance
1‐
le
Jardin
en
Mouvement
Le
Jardin
en
Mouvement
s’inspire
de
la
friche
:
espace
de
vie
laissé
au
libre
développement
des
espèces
qui
s’y
installent.
Dans
ce
genre
d’espace
les
énergies
en
présence
–croissances,
luttes,
déplacements,
échanges‐
ne
rencontrent
pas
les
obstacles
ordinairement
dressés
pour
contraindre
la
nature
à
la
gèomètrie
,
à
la
propreté
ou
à
toute
autre
principe
culturel
privilégiant
l’aspect.
Elles
rencontrent
le
jardinier
qui
tente
de
les
infléchir
pour
les
tourner
à
son
meilleur
usage
sans
en
altérer
la
richesse.
«
Faire
le
plus
possible
avec,
le
moins
possible
contre
»
résume
la
position
du
jardinier
du
Jardin
en
Mouvement.
Comme
tous
les
espaces
animés
d’êtres
vivants
–plantes,
animaux,
humains‐
le
Jardin
en
Mouvement
se
trouve
soumis
à
l’évolution
résultant
de
leur
interaction
dans
le
temps.
Ici,
la
tâche
du
jardinier
revient
à
interpréter
ces
interactions
pour
décider
quel
genre
de
«
jardinage
»
il
va
entreprendre.
Quelle
balance
entre
l’ombre
et
la
lumière,
quel
arbitrage
entre
les
espèces
en
présence,
l’objectif
étant
de
:
‐
maintenir
et
accroître
la
diversité
biologique,
source
d’étonnement,
garantie
du
futur.
Pour
cela
il
faut
‐
maintenir
et
accroître
la
qualité
biologique
des
substrats
:
eau,
terre,
air
‐
intervenir
avec
la
plus
grande
économie
de
moyens,
limitant
les
intrants,
les
dépenses
d’eau,
le
passage
des
machines
…
Cet
état
d’esprit
conduit
le
jardinier
à
observer
plus
et
jardiner
moins.
A
mieux
connaître
les
espèces
et
leurs
comportements
pour
mieux
exploiter
leurs
capacités
naturelles
sans
dépense
excessive
d’
«
énergie
contraire
»
e
t
de
temps.
Dans
cette
dynamique
de
gestion,
l’une
des
manifestations
les
plus
remarquables
du
Jardin
en
Mouvement
vient
du
déplacement
physique
des
espèces
sur
le
terrain.
Ce
déplacement
rapide
et
spectaculaire
concerne
les
espèces
herbacées
à
cycle
court
–annuelles,
bisannuelles
(coquelicots,
bleuets,
nielles,
nigelles,
digitales,
molènes,
résédas
etc
…)‐
qui
disparaissent
sitôt
leurs
graines
formées.
Elles
réapparaissent
à
la
faveur
des
accidents
du
terrain
–sols
retournés‐
partout
là
où
les
graines,
disseminées
par
le
vent,
les
animaux
et
les
humains,
parviennent
à
germer.
Le
Jardin
en
Mouvement
tire
son
nom
du
mouvemnt
physique
des
espèces
végétales
sur
le
terrain,
que
le
jardinier
interprète
à
sa
guise.
Des
fleurs
venant
à
germer
dans
un
passage
mettent
le
jardiner
devant
le
choix
de
savoir
s’il
veut
conserver
le
passage
ou
conserver
les
fleurs.
Le
Jardin
en
Mouvement
préconise
de
conserver
les
espèces
ayant
décidé
du
choix
de
leur
emplacement.
Ces
principes
bouleversent
la
conception
formelle
du
jardin
qui,
ici,
se
trouve
entièrement
remise
entre
les
mains
du
jardinier.
Le
dessin
du
jardin,
changeant
au
fil
du
temps,
dépend
de
celui
qui
entretient,
il
ne
résulte
pas
d’une
conception
d’atelier
sur
les
tables
à
dessin.
Ce
mode
de
gestion,
donc
de
conception,
élaboré
à
partir
du
jardin
de
la
Vallée,
puis
théorisé
et
élargi
à
tous
les
espaces
et
toutes
les
échelles,
s’est
exporté
dans
les
villes
en
France
mais
aussi
à
l’étranger,
parfois
en
se
référant
au
terme
générique
de
«
gestion
différenciée
»,
parfois
en
se
référant
au
terme
spécifique
de
«
Jardin
en
Mouvement
»
décrit
pour
la
première
fois
en
1984
dans
un
article
paru
sous
le
titre
«
La
friche
apprivoisée
»
puis
en
1991
sous
son
titre
définitif
aux
éditions
Sens
et
Tonka.
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2‐
Le
jardin
Planétaire
Le
Jardin
Planétaire
est
un
concept
destiné
à
envisager
de
façon
conjointe
et
enchevétrée
:
‐la
diversité
des
êtres
sur
la
planète
‐le
rôle
gestionnaire
de
l’homme
face
à
cette
diversité.
Le
concept
de
Jardin
Planétaire
est
forgé
à
partir
d’un
triple
constat
:
‐la
finitude
écologique
‐le
brassage
planétaire
‐la
couverture
anthropique.
La
notion
de
finitude
écologique
survient
au
milieu
du
XXème
siècle
en
même
temps
que
s’approfondissent
les
connaissances
écologiques
sur
la
planète.
Elle
fait
apparaître
le
caractère
«
fini
»
de
la
biomasse
planétaire,
rend
la
vie
précieuse
et
précaire,
non
indéfiniment
renouvelable,
donc
épuisable.
De
ce
fait
elle
responsabilise
l’homme,
être
conscient,
sur
son
rôle
de
garant
d’une
diversité
inconsciente
et
tributaire
de
son
action.
Enfin
elle
pose
les
limites
de
l’enclos
dans
lequel
se
joue
l’avenir
de
la
diversité
dont
l’homme
fait
partie
:
la
biosphère,
fine
pellicule
autour
de
la
planète,
limitée
aux
limites‐mêmes
d’apparition
de
la
vie.
Le
mot
jardin
vient
du
germanique
«
Garten
»,
qui
sigifie
enclos.
Historiquement
le
jardin
est
le
lieu
de
l’accumulation
du
«
meilleur
»
:
meilleurs
fruits,
fleurs,
légumes,
arbres,
meilleur
art
de
vivre,
meilleures
pensées
…
Le
Jardin
Planétaire
est
le
lieu
de
l’accumulation
de
toute
une
diversité
soumise
à
l’évolution,
aujourd’hui
orientée
par
l’activité
humaine
et
jugée
en
péril.
Le
brassage
planétaire
est
le
résultat
d’une
agitation
incessante
des
flux
autour
de
la
planète
:
vents,
courants
marins,
transhumances
animales
et
humaines,
par
quoi
les
espèces
véhiculées
se
trouvent
constamment
mélangées
et
redistribuées.
Contrairement
à
l’homme,
seule
espèce
capable
de
franchir
toute
les
barrières
climatiques
à
l’aide
de
multiples
prothèses
(habitats,
vêtements,
véhicules
climatisés),
les
plantes
et
les
animaux
se
redistribuent
selon
leurs
capacités
de
vie
au
sein
des
grandes
zones
climatiques
sur
la
planète,
encore
appelées
biomes.
L’image
dite
du
«
continent
théorique
»,
empilement
de
biomes
assemblés
en
une
seule
figure,
tous
continents
confondus,
bien
que
virtuelle,
traduit
une
réalité
biologique
actuelle.
Le
brassage
planétaire
menace
la
diversité
spécifique
par
la
mise
en
concurrence
d’espèces
d’inégales
vitalités
mais
induit
de
nouveaux
comportements,
de
nouveaux
paysages,
parfois
aussi
de
nouvelles
espèces.
Le
jardin,
pris
dans
le
sens
traditionnel,
est
un
lieu
privilégié
du
brassage
planétaire.
Chaque
jardin,
fatalement
agrémenté
d’espèces
venues
de
tous
les
coins
du
monde,
peut
être
regardé
comme
un
index
planétaire.
Chaque
jardinier
comme
un
entremetteur
de
rencontres
entre
espèces
qui
n’étaient
pas
destinées,
à
priori,
à
se
rencontrer.
Le
brassage
planétaire,
originellement
réglé
par
le
jeu
naturel
des
éléments,
s’accroît
du
fait
de
l’activité
humaine,
elle‐même
toujours
en
expansion.
La
couverture
anthropique
concerne
le
niveau
de
«
surveillance
»
du
territoire
affecté
à
la
régie
de
l’homme.
Dans
un
jardin,
si
tout
n’est
pas
maîtrisé,
tout
est
connu.
Les
espèces
délaissées
du
jardin
le
sont
volontairement,
par
commodité
ou
par
nécessité,
mais
l’espace
délaissé
n’est
pas
nécessairement
un
espace
inconnu.
La
planète,
entièrement
soumise
à
l’inspection
des
satellites,
est,
de
ce
point
de
vue,
assimilable
au
jardin.
Le
Jardin
Planétaire
est
une
manière
de
considérer
l’écologie
en
intégrant
l’homme
–le
jardinier‐
dans
le
moindre
de
ses
espaces.
La
philosophie
qui
le
dirige
emprunte
directement
au
Jardin
en
Mouvement
:
«
Faire
le
plus
possible
avec,
le
moins
possible
contre
».
La
finalité
du
Jardin
Planétaire
consiste
à
chercher
comment
exploiter
la
diversité
sans
la
détruire.
Comment
continuer
à
faire
fonctionner
la
«
machine
»
planète,
faire
vivre
le
jardin,
donc
le
jardinier.
Exprimée
pour
la
première
fois
dans
un
livre
–Thomas
et
le
voyageur,
1996‐
l’idée
de
Jardin
Planétaire
fera
l’objet
d’une
importante
exposition
à
la
grande
Halle
de
La
Villette
(1999‐2000).
Certaines
études
s’y
réfèrent
directement
:
«
Le
Jardin
Planétaire
de
Shangaï,
2002
»,
ou
indirectement
:
La
charte
paysagère
de
Vassivière,
2004‐2005.
Si
tous
les
jardins
constituent
comme
on
l’a
dit
un
index
planétaire
plus
ou
moins
élaboré,
l’exemple
du
Domaine
du
Rayol
dans
le
Var,
jardin
commencé
en
1988
pour
le
compte
du
Conservatoire
du
Littoral,
demeure
le
seul
qui
aborde
frontalement
la
question
du
brassage
planétaire
au
sein
du
biome
méditerranéen
soumis
au
feu,
considéré
ici
comme
un
outil
du
jardinage
planétaire.
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3
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3‐
Le
Tiers‐Paysage
Le
Tiers‐Paysage
–fragment
indécidé
du
Jardin
Planétaire‐
désigne
la
somme
des
espaces
où
l’homme
abandonne
l’évolution
du
paysage
à
la
seule
nature.
Il
concerne
les
délaissés
urbains
ou
ruraux,
les
espaces
de
transition,
les
friches,
marais,
landes,
tourbières,
mais
aussi
les
bords
de
route,
rives,
talus
de
voies
ferrées,
etc
…
A
l’ensemble
des
délaissés
viennent
s’ajouter
les
territoires
en
réserve.
Réserves
de
fait
:
lieux
inaccessibles
,
sommets
de
montagne,
lieux
incultes,
déserts
;
réserves
institutionnelles
:
parcs
nationaux,
parcs
régionaux,
«
réserves
naturelles
».
Comparé
à
l’ensemble
des
territoires
soumis
à
la
maîtrise
et
à
l’exploitation
de
l’homme,
le
Tiers‐Paysage
constitue
l’espace
privilégié
d’accueil
de
la
diversité
biologique.
Les
villes,
les
exploitations
agricoles
et
forestières,
les
sites
voués
à
l’industrie,
au
tourisme,
à
l’activité
humaine,
l’espace
de
maîtrise
et
de
décision
sélectionne
la
diversité
et
parfois
l’exclut
totalement.
Le
nombre
d’espèces
recensées
dans
un
champ,
une
culture
ou
une
forêt
gérée
est
faible
en
comparaison
du
nombre
recensé
dans
un
délaissé
qui
leur
est
attenant.
Considéré
sous
cet
angle
le
Tiers‐paysage
apparaît
comme
le
réservoir
génétique
de
la
planète,
l’espace
du
futur
…
La
prise
en
considération
du
Tiers‐Paysage
en
tant
que
nécessité
biologique
conditionnant
l’avenir
des
êtres
vivants
modifie
la
lecture
du
territoire
et
valorise
des
lieux
habituellement
considérés
comme
négligeables.
Il
revient
au
politique
d’organiser
la
partition
des
sols
de
façon
à
ménager
dans
son
aire
d’influence
de
espaces
d’indécision,
ce
qui
revient
à
ménager
le
futur.
Le
Tiers‐Paysage
intéresse
le
professionnel
de
l’aménagement,
le
concepteur,
en
ce
qu’il
l’amène
à
inclure
au
projet
une
part
d’espace
non
aménagé
ou
encore
à
désigner
comme
espace
d’utilité
publique
les
délaissés
que
génère,
quoi
qu’on
fasse,
tout
aménagement.
Le
terme
de
Tiers‐Paysage
vient
d’une
analyse
paysagère
du
site
de
Vassivière
en
Limousin
commandée
par
le
Centre
d’Art
et
du
Paysage
de
Vassivière
en
2003.
L’analyse
montre
le
caractère
binaire
de
ce
paysage
:d’un
côté
l’ombre
avec
les
exploitations
forestières
dominées
par
le
douglas,
paysage
réglé
par
l’ingénieur
forestier
;
de
l’autre
côté
la
lumière
avec
les
exploitations
agricoles
principalement
vouées
à
l’élevage,
paysage
réglé
par
l’ingénieur
agronome.
Si
la
masse
ombre‐lumière
semble
couvrir
tout
le
territoire
elle
ne
le
révèle
pas
dans
son
entier.
Si
par
ailleurs
on
s’avise
d’en
recenser
les
espèces
on
s’aperçoit
que
leur
nombre,
très
bas,
ne
révèle
pas
la
diversité
moyenne
attendue
pour
le
secteur
analysé.
Un
troisième
ensemble
constitué,
à
Vassivière,
de
landes,
tourbières,
ripisylves,
côtes
abruptes,
bords
de
routes,
accueille
la
totalité
des
espèces
chassées
des
terres
exploitées,
capables
de
vivre
sous
ce
climat
et
sur
ce
terrain.
Le
terme
de
Tiers‐Paysage
ne
se
réfère
pas
au
Tiers‐Monde
mais
au
Tiers‐Etat.
Il
renvoie
au
mot
de
l’Abbé
Siéyès
:
«
Qu’est‐ce
que
le
Tiers‐Etat
?
–
Tout
–
Quel
rôle
a‐t’il
joué
jusqu’à
présent
?
‐
Aucun
–
Qu’aspire‐t‐
il
à
devenir
?
–
Quelque
chose.
»
Le
seul
projet
d’ampleur
proposant
une
scénographie
du
Tiers‐Paysage
est
le
Parc
Matisse
à
Lille
où
l’île
Derborence,
objet
central
exhaussé
à
7
mètres
du
plan
commun,
reçoit
sur
3
500
m2
une
«
forêt
idéale
»
installée
par
la
seule
nature.
Inaccessible
mais
observée,
elle
sert
de
matrice
et
d’indicateur
pour
une
gestion
dans
la
plus
grande
économie
possible
des
huit
hectares
de
parc
public.
Le
Manifeste
du
Tiers‐Paysage
paraît
en
2003
aux
Editions
Sujet/Objet.
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4‐
Les
jardins
de
résistance
Rêve
en
sept
points
pour
une
généralisation
des
jardins
de
résistance
1
‐
Par
jardin
de
résistance
il
faut
entendre
l’ensemble
des
espaces
publics
et
privés
où
l’art
de
jardiner
–
qu’il
s’agisse
de
jardins
vivriers
ou
de
jardins
d’agrément
,
de
parcs
urbains
ou
d’espaces
d’accompagnement
de
la
ville
,
de
territoires
appartenant
au
tissu
de
la
cité
ou
à
celui
de
la
campagne
–
se
développe
selon
des
critères
d’équilibre
entre
la
nature
et
l’homme
sans
asservissement
aux
tyrannies
du
marché
mais
avec
le
souci
de
préserver
tous
les
mécanismes
vitaux
,
toutes
les
diversités
–
biologiques
ou
culturelles
–
dans
le
plus
grand
respect
des
supports
de
vie
(
eau
,
sols
,
air
)
et
dans
le
plus
grand
souci
de
préserver
le
bien
commun
et
l’humanité
tributaire
de
ce
bien
commun
.
2‐A
travers
les
jardins
de
résistance
se
définit
un
art
de
vivre
qui
ne
concerne
pas
seulement
la
question
du
jardin
mais,
d’une
façon
globale,
le
rapport
de
l’homme
à
son
environnement
social
et
biologique
où
,
selon
les
critères
issus
du
Jardin
en
Mouvement
l’économie
de
vie
consiste
à
faire
«
le
plus
possible
avec
et
le
moins
possible
contre
les
énergies
en
place
».
Cela
s’applique
aux
gestes
quotidiens
dans
tous
les
domaines
d’action
.La
notion
de
résistance
trouve
son
extension
possible
à
tous
les
niveaux.
Ce
faisant
il
convient
de
se
tenir
en
permanence
en
alerte
afin
de
ne
pas
se
trouver
emporté
par
le
flux
consumériste,
les
idéaux
de
développement
et
les
tromperies
empruntant
au
langage
de
l’écologie
pour,
en
réalité,
en
faire
un
objet
marchand.
3‐Les
jardins
de
résistance
développent
des
techniques
précautionneuses
de
l’environnement.
Ils
proposent
de
vivre
selon
un
mode
peu
consommateur
des
biens
communs
et,
sur
ces
bases,
élaborent
les
règles
d’une
économie
nouvelle
.Celle‐ci
résulte
de
deux
mécanismes
antagonistes
:
•
l’un
des
mécanismes,
le
brassage
planétaire
des
êtres
et
des
systèmes
issus
des
échanges
distants,
aboutit
à
une
série
de
réajustements
biologiques
et
sociétaux
:
les
écosystèmes
émergents.
•
l’autre
mécanisme,
la
relocalisation
des
échanges
et
des
systèmes
de
distribution,
permet
de
placer
en
situation
minimale
les
coûts
globaux
de
production
(ou
de
gestion)
et,
partant,
de
limiter
les
pollutions
diverses
et
le
bilan
carbone
à
leur
part
la
plus
réduite.
Le
brassage
planétaire
multiple
les
rencontres
et
les
échanges
entre
les
êtres
et
les
systèmes
culturels
historiquement
isolés
les
uns
des
autres.
Des
rencontres
et
des
échanges
résulte
une
hybridation
naturelle
et
culturelle
participant
au
mécanisme
global
de
l’évolution.
La
relocalisation
des
échanges
et
des
systèmes
de
distribution
issue
du
brassage
planétaire
doit
être
interprétée
comme
le
versant
le
plus
significatif
de
l’économie
émergente
nécessairement
induite
par
les
nouvelles
configurations
d’échanges
(les
écosystèmes
émergents)
mais
aussi
par
les
nouvelles
urgences
:
dépenser
moins
et
juste,
consommer
moins
et
juste,
développer
une
dynamique
du
partage.
4‐L’économie
émergente
des
jardins
de
résistance
intègre
de
ce
fait
deux
dynamiques
opposées
:
l’une
associée
aux
échanges
distants
induisant
la
dépendance
l’autre
associée
aux
échanges
locaux
permettant
l’autosuffisance
L’économie
émergente
des
jardins
de
résistance
ne
privilégie
pas
l’une
ou
l’autre
de
ces
deux
dynamiques
en
tant
que
volumes
échangés
mais
elle
se
positionne
par
rapport
à
la
dépendance
et
à
l’autosuffisance
en
postulant
que
:
- les
échanges
non
vitaux
se
trouvent
associés
à
la
distance
donc
à
la
dépendance.
Un
accident
de
distance
aurait
sur
l’économie
émergente
un
impact
circonstanciel
non
significatif
et
ne
la
mettrait
pas
en
péril.
H21‐
THEORIE
_
SEANCE
03
‐
FLORENCE
SARANO
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5
sur
6
les
échanges
vitaux
se
trouvent
associés
au
local
donc
à
l’autosuffisance.
Un
accident
de
distance
ne
saurait
en
altérer
le
fonctionnement.
- aucun
des
échanges
vitaux
ou
non
vitaux
envisagés
dans
le
cadre
des
jardins
de
résistance
ne
sont
supposés
contribuer
à
la
dégradation
des
équilibres
biologiques
et
sociétaux.
- 5‐D’ores
et
déjà
les
jardins
de
résistance
existent
sur
la
planète
sous
forme
atomisée.
L’atomisation
du
système
répond
à
la
logique
de
l’autosuffisance
qui
ne
justifie
pas,
a
priori,
de
mise
en
réseau.
Dans
le
cadre
d’une
politique
valorisant
les
principes
de
l’économie
émergente
issue
des
jardins
de
résistance
et,
plus
généralement
de
la
notion
de
Jardin
planétaire,
il
deviendrait
nécessaire
de
fédérer
le
système
sans
le
dévoyer
de
ses
objectifs
par
un
carcan
législatif
mais
en
lui
fournissant
les
moyens
de
la
coordination
pour
:
- établir
des
échanges
équitables
- développer
des
plates
formes
d’échanges
artistiques
et
scientifiques
de
haut
niveau
- d’une
façon
générale,
favoriser
les
échanges
de
biens
immatériels
issus
de
la
diversité
culturelle
sur
la
planète
L’atomisation
du
système
joue
en
faveur
de
la
résistance
car,
ainsi,
il
se
rend
difficilement
saisissable.
6‐
Tout
le
temps
que
durera
dans
les
esprits
l’idée
que
seul
prévaut
le
modèle
du
capitalisme
il
conviendra
d’opposer
à
la
machine
destructrice
qu’il
représente
une
quantité
de
plus
en
plus
grande
et
de
plus
en
plus
assumée
de
«
résistances
»
sur
la
planète
,
telle
une
voie
lactée
que
le
temps
charge
en
force
et
en
densité
.La
substitution
,
quasi
mécanique
,
d’un
système
par
un
autre
se
fera
alors
de
façon
implosive
,
sans
désastre
nécessaire
,
par
un
glissement
irrépressible
et
logique
de
l’iniquité
des
charges
vers
la
répartition
des
charges
,
de
l’iniquité
des
biens
vers
une
possible
répartition
des
biens
–
au
moins
statistiquement
–
et
de
la
privatisation
du
bien
commun
vers
la
libération
de
celui‐ci
.
Dès
lors
il
sera
possible
d’appliquer
au
système
atomisé
un
principe
fédérateur
et
d’élaborer
une
politique
conforme
à
l’idée
de
Jardin
planétaire
7‐
Le
Jardin
planétaire
prolonge
et
unifie
sous
un
seul
concept
les
Jardins
de
résistance.
Supposons
la
résistance
ayant
joué
son
rôle
partout
sur
la
planète
il
devient
alors
possible
de
développer
un
projet
d’écologie
humaniste.
Le
Jardin
planétaire
argumente
sur
la
notion
de
diversité,
insiste
sur
la
haute
dépendance
de
l’humanité
à
la
diversité
(biologique
et
non
biologique)
et,
par
conséquent,
sur
la
fragilité
de
l’espèce
humaine
.
Il
pose
une
question
centrale
:
«
Comment
exploiter
la
diversité
sans
la
détruire
?
»
.Toute
altération
des
équilibres
écologiques
entraînant
la
disparition
des
espèces
non
humaines
par
l’espèce
humaine
condamne
cette
dernière
à
la
disparition.
Une
vision
scientiste
de
l’avenir,
substituant
la
performance
des
technologies
aux
gestions
précautionneuses
des
ressources
naturelles
ne
ferait
que
précipiter
le
«
jardin
»
dans
sa
propre
destruction.
Le
Jardin
planétaire
suppose
une
connaissance
du
vivant
combiné
à
un
usage
raisonné
des
technologies
d’assistance.
Il
suppose
un
accroissement
général
du
savoir
suffisamment
élevé
pour
que
le
principe
gestionnaire
du
«
jardin
»
conduise
en
permanence
à
un
équilibre
d’énergie
entre
ce
qui
est
prélevé
et
ce
qui
est
restitué
au
milieu.
Il
en
résulte
une
gouvernance
centrée
sur
l’Homme
symbiotique
:
celui
par
lequel
l’équilibre
est
maintenu
tandis
que
se
maintient
sur
la
planète
une
capacité
des
systèmes
biotiques
à
poursuivre
les
mécanismes
de
l’évolution.
En
théorie
développer
ces
sept
points
permet
d’établir
les
priorités
d’une
nouvelle
gouvernance
et,
par
déduction,
la
charge
programmatique
d’un
nouvelle
politique.
Celle‐ci
nous
amène
alors
à
l’émergence
d’un
nouveau
gouvernement
avec
ses
ministères
et
ses
fonctions.
Comme
dans
un
rêve
on
voit
se
dessiner
les
lignes
d’une
nouvelle
Constitution
où
les
articles
premiers,
au
lieu
d’argumenter
sur
la
mise
en
concurrence
des
sociétés,
parlent
du
partage
et
de
l’accroissement
des
connaissances.
-
H21‐
THEORIE
_
SEANCE
03
‐
FLORENCE
SARANO
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sur
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Notes
personnelles
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