Ce "sixième continent" qui travaille pour nous - UNESDOC

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977 (XXXe année) 2,80
français
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A QUI
APPARTIENT
L'OCÉAN ?
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TRESORS
DE
L'ART
MONDIAL
Personnage maya
Pendant
plus
de
mille ans jusqu'à
la
conquête espagnole
de
l'Amérique
Centrale,
la
civilisation
maya a produit un art d'une extraordinaire richesse, comme en témoignent les sites fameux de
Chichen Itza (Mexique), Petén (Guatemala) ou Copan (Honduras). Exemple achevé de l'art maya
classique (8e siècle de notre ère), la statue, dont on voit ici un détail, provient de Copan. Représen¬
tation d'un prêtre ou d'un chef, cette figure respire une impassible sérénité. Somptueux et élégants,
116
Honduras
ses vêtements
sont ornés
de
motifs qui
préfigurent
l'exubérance
qu'atteindra,
après
la conquête
espagnole, l'art baroque hispano-mexicain.
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Page
4
k Counter
A QUI APPARTIENT L'OCÉAN?
La recherche d'un nouveau droit international de la mer
par Maria Eduarda Gonçalves
JANVIER 1977
30e ANNÉE
9
SOUS LA GRANDE BLEUE, L'OR
NOIR
Photos
PUBLIÉ EN 15 LANGUES
10
Français
Arabe
Persan
Anglais
Japonais
Hébreu
Espagnol
Italien
Néerlandais
Russe
Hindi
Portugais
Allemand
Tamoul
Turc
LA MER CONVOITÉE
Découvertes de l'océanographie
et recherche d'un nouveau droit de la mer
par Mario Ruivo
14
16
L'UNESCO ET L'OCÉANOGRAPHIE
DES SAVANTS
FONT LE
POINT
SUR LES PROMESSES DE L'OCÉAN
Mensuel publié par l'UNESCO
par Dan Behrman
Organisation des Nations Unies
pour l'Éducation,
18
la Science et la Culture
Ventes et distributions :
POUR
UN
CALENDRIER
DE
L'HISTOIRE OCÉANE
Photos
Unesco, place de Fontenoy, 75700 Paris
Belgique : Jean de Lannoy,
23
112, rue du Trône, Bruxelles 5
LES
DERNIERS TROUPEAUX DE
BALEINES
Photos
ABONNEMENT
çais.
Envoyer
C.C.P.
Paris
ANNUEL:
les
28
souscriptions
12598-48,
francs
par
Librairie
fran¬
mandat
24
Unesco,
place de Fontenoy, 75700 Paris.
CE 6e CONTINENT QUI TRAVAILLE POUR
NOUS
par Constantin N. Fedorov
Reliure pour une année : 24 francs
26
Les articles et photos non copyright peuvent être repro¬
duits à condition d'être accompagnés du nom de l'auteur
LA MER
MALADE
DE
LA
POLLUTION
par Dan Behrman
et de la mention «Reproduits du Courrier de l'Unesco »,
en précisant la date du numéro. Trois justificatifs devront
être envoyés à la direction du Courrier. Les photos non
copyright seront fournies aux publications qui en feront
la demande. Les manuscrits non sollicités par la Rédac¬
28
DES ÉPROUVETTES À LA MER
par Timothy R. Parsons
tion ne sont renvoyés que s'ils sont accompagnés d'un
coupon-réponse
International.
Les articles paraissant
dans le Courrier de l'Unesco expriment l'opinion de
30
leurs auteurs et non pas nécessairement celle de l'Unesco
ou de la Rédaction. Les titres des articles et les légendes
VOYAGES D'EXPLORATION
DANS UNE VALLÉE
VOLCANIQUE À 3 000 M SOUS LA MER
des photos sont de la rédaction.
par Xavier Le Pichón
Bureau de la Rédaction :
Unesco, place de Fontenoy, 75700 Paris, France
33
NOS LECTEURS NOUS ÉCRIVENT
34
LATITUDES
2
TRÉSORS DE L'ART MONDIAL
Directeur-Rédacteur en chef :
Sandy Koffler
Rédacteurs en chef adjoints :
René Caloz
Olga Rodel
ET LONGITUDES
HONDURAS: Personnage maya
Secrétaires généraux de la rédaction :
Édition française : Jane Albert Hesse (Paris)
Édition anglaise : Ronald Fenton (Paris)
Édition espagnole : Francisco Fernandez-Santos (Paris)
Édition russe : Victor Goliachkov (Paris)
Édition allemande : Werner Merkli (Berne)
Édition arabe : Abdel Moneim El Sawi (Le Caire)
Notre couverture
Édition japonaise : Kazuo Akao (Tokyo)
Pêcheries, pétrole, minerais, l'océan
Édition italienne : Maria Remiddi (Rome)
Édition- hindie : H. L. Sharma (Delhi)
Édition tamoule : M. Mohammed Mustafa- (Madras)
recèle des richesses considérables.
Édition néerlandaise : Paul Morren (Anvers)
Pour les inventorier et les exploiter au
mieux, il est indispensable de mieux
connaître, dans tous ses aspects, cet
univers liquide que l'on a appelé le
Édition portugaise : Benedicto Silva (Rio de Janeiro)
Édition turque : Mefra Telci (Istanbul)
« sixième continent » (notre photo :
deux « haches d'argent », poissons
Édition hébraïque : Alexander Broïdo (Tel-Aviv)
Édition persane : Fereydoun Ardalan (Téhéran)
lumineux vivant à 1 000 m, dans la nuit
Rédacteurs :
des grandes profondeurs). Ce numéro
Édition française : Philippe Ouannès
Édition anglaise : Roy Malkin
du Courrier de ¡'Unesco est consacré
Édition espagnole : Jorge Enrique Adoum
;
Illustration : Anne-Marie Maillard t
?2
au développement de la coopération
internationale dans les grands domaines
de l'océanographie, ainsi qu'à la
recherche d'un nouveau droit
international de la mer qui faciliterait
Documentation : Christiane Boucher
l'accès aux ressources de l'océan, selon
2
Maquettes : Robert Jacquemin
Photo © Aldo Margiocco,
Campomorone, Italie
Toute la correspondance concernant la Rédaction
doit être adressée au Rédacteur en Chef.
les perspectives d'un nouvel ordre
économique mondial.
Un long débat
sous les auspices
de l'ONU
pour établir
un nouveau droit
international
de la mer et
préparer un partage
équitable
de ses richesses
DES
par
siècles
Maria Eduarda
(« res
Goncalves
durant
les
océans
tions puissantes de l'époque s'enga¬
Mais, récemment, on en est venu à
gèrent alors dans la construction de
remettre en question la notion même
de la mer tenue pour inépuisable
Portugal à la 3e Conférence des Nations
Unies sur le droit de la mer. fait partie du ser¬
flottes
vice des relations internationales et de la coo¬
des mers inconnues,
Lisbonne.
Elle est l'auteur de nom¬
destinées
conquérir
ploiter,
de
à
découvrir
« nouveaux
et
mondes »,
à dominer, ex¬
voire répartir entre elles les
océans.
breuses études sur le droit de la mer et la pro¬
tection de l'environnement.
consacrèrent
côtier sur trois milles marins, -comptés
à partir de ses rivages; cette distance
de trois milles équivalait à la portée
d'un canon de l'époque. La règle de
la liberté des mers n'était applicable
qu'au-delà de cette limite.
de droit public international. Les na¬
pêches,
nations
n'appartenant
à
personne
nullius »), choses soumises au
considérés
consulte hollandais, auteur d'un code
pération au sein du Secrétariat d'État aux
des
peu à peu la souveraineté de l'État
été
principe de la liberté des mers, for¬
mulée en 1609 par Grotius, juris¬
MARIA
EDUARDA
GONCALVES, ju¬
riste portugaise, membre de la délégation du
pratique
comme
ont
Au fil des âges, la coutume et la
réservoir de ressources vivantes,
ré¬
servoir capable, par ailleurs, d'absor¬
ber tous déchets et substances qui y
seraient déversés.
Dans le même temps, nombre de
lENT L OCEAN ?
pays, se lançant dans la voie du dé¬
veloppement
économique,
prirent
l'initiative
d'étendre
leurs zones de
200 milles des
propriaient ainsi
les autres, plus
unilatéralement
souveraineté jusqu'à
côtes. Les uns s'ap¬
des lieux de pêche,
développés, du pla¬
teau continental et de ses ressources
minérales.
En 1958 et 1960, les Nations Unies
organisèrent, deux Conférences sur le
Droit de la mer. Outre les aspects
traditionnels de navigation et com¬
munication, furent débattus les pro¬
blèmes
relatifs aux limites des eaux,
territoriales
et
aux
principes
de
conservation des océans et de leurs
sentant de Malte à l'Assemblée géné¬
ressources biologiques.
rale
Pourtant les mers n'en restent pas
moins réserve d'exploitation future
et, rationnellement gérées, source de
richesse. Conduites à grande profon¬
deur, et au-delà des eaux sous juri¬
diction nationale, de récentes pros¬
pections ont permis de découvrir
proposer une action immédiate visant
à réglementer l'utilisation des res¬
d'importantes ressources minérales,
comme les nodules de manganèse.
Ces découvertes ont conduit les États
industrialisés à la mise au point de
technologies qui permettent l'exploi¬
tation de tels « gisements ».
Cette perspective conduisit le repré
des
sources
Nations
minérales
Unies
des
en
1967
fonds
à
océa¬
niques et garantir les fins pacifiques
d'une exploitation menée au profit de
l'humanité tout entière.
La
situation
même
de
ces
res¬
sources au-delà des limites des juri¬
dictions nationales, risquaient, le pro¬
grès aidant, de mettre en compéti¬
tion
des
nations
d'un
haut
niveau
technologique et jouissant d'avan¬
tages stratégiques : celles-ci exploi- k
teraient alors le fonds des océans à r
, leur seul profit et au détriment des
pays en voie de développement.
C'est en
1974 que commença la
3e Conférence des Nations Unies sur
le Droit de la mer. Elle répondait à la
nécessité de compléter une législa¬
tion
traditionnelle
muette
sur
cette
nouvelle exploitation des océans; elle
devait aussi revoir des règles inter¬
nationales périmées.
Nombre d'États, nouvellement indé¬
pendants,
à
n'avaient pris aucune part
l'élaboration du droit maritime tra¬
ditionnel.
Ces
mêmes
États prirent
conscience de l'importance des res¬
sources
(pêches,
minerais, etc.) de
leurs eaux côtières, dans la perspec¬
tive de leur développement social et
économique.
De plus, l'attention croissante por¬
tée aux problèmes de protection du
milieu marin,
la défense de la souve¬
soumise
à
nale
créer)
(à
une
autorité
où
internatio¬
tous
les
États
seraient également représentés, auto¬
rité qui éviterait que ces richesses
ne soient accaparées par les seuls
pays possédant les possibilités de les
extraire.
Cette
«Autorité
senterait
ment
elle
limiterait
vation
enfin
cadre
des institutions du système des Na¬
tions Unies. Elle serait régie, en effet,
par les nouveaux principes qui inspi¬
rent
les
relations
internationales :
exploitation des ressources à des fins
exclusivement pacifiques; répartition
équitable des bénéfices entre tous les
États, compte dûment tenu des be¬
relative¬
des
res¬
l'accès
aux
eaux
cô¬
Contrairement aux usages jusqu'ici
en
le
amélioration
redistribution
tières que possédaient auparavant les
grandes puissances maritimes prati¬
quant la pêche intensive.
internationale des
dans
une
une
sources vivantes de l'océan. En effet,
fonds marins» constituerait une inno¬
révolutionnaire
à
vigueur,
exercer
l'État
son
riverain
pourrait
contrôle sur cette
zone des 200 milles, disposition dont
on mesure l'importance pour les pays
en voie de développement. Avec l'ex¬
tension des juridictions nationales,
un
tiers
fait,
des
océans
cessera,
de ce
d'être considéré comme « haute
mer» et ne sera plus soumis au prin¬
cipe de la liberté des mers.
soins des pays en voie de dévelop¬
Les
organisations
de
pêche
qui
pement.
regroupent plusieurs États voisins et
Cependant les pays industrialisés
émettent
quelques
réserves.
Les
dans une zone déterminée, continue¬
raineté
elle-même,
poussèrent les
États membres des Nations Unies à
sociétés multinationales ont, en effet,
entamer une négociation dont le but
était de créer un cadre légal et juri¬
dique adéquat; de la sorte l'exploita¬
tion des océans, loin d'être une per¬
pétuelle source de différends et de
investi des sommes importantes dans
la mise au point de technologies per¬
mettant l'exploitation des fonds sousmarins,
en
particulier en ce qui
conflits,
ces
au
cours
de
ces
dernières
années,
concerne les nodules minéraux, sour¬
assurent
la
gestion
des
ressources
ront de jouer un rôle important dans
la promotion de la coopération scien¬
tifique, la diffusion d'informations et
le développement d'assistance tech¬
nique.
Cela permettra aux États riverains
dans un climat de respect mutuel.
cobalt, etc.
L'exploitation et l'utilisation des
minerais des fonds océaniques in¬
A l'égard de l'adoption d'une zone
économique de 200 milles, la quasi
d'utiliser ou d'exploiterrationnellement
les ressources de leurs zones respec¬
tives.
Cette coopération s'impose,
car certaines ressources de pêcherie
se déplacent dans les zones écono¬
se
ternationaux
déroulerait
étaient
au
au
contraire
centre
des
débats.
La communauté internationale part
du principe que ces ressources cons¬
tituent une partie du patrimoine com¬
mun
à
l'ensemble
Cette
exploitation
de
l'humanité.
devrait donc être
de
manganèse,
cuivre,
nickel,
unanimité est apparue. L'État riverain
miques de différents États : ainsi des
aurait, entre autres pouvoirs, juridic¬
espèces migratrices, comme le thon.
tion exclusive sur les ressources bio¬
logiques : nombre des captures, excé¬
Pour parvenir à un accord, il faut
que dans une «zone économique
dents susceptibles d'être attribués à
d'autres États.
exclusive »,
Cette limite des 200 milles repré
SIX MILLIONS
DE MINERAIS
divers
États
puissent
recevoir des garanties quant à l'exer¬
cice de certains droits indispensables :
DE TONNES
PAR AN
Telle serait l'incroyable quantité de nodules (ci-dessus) produite
chaque année par l'Océan Pacifique à lui seul. Plusieurs milliards
de tonnes de ces nodules, associant divers métaux, forment des
gisements accessibles à l'exploitation dans cet océan. Différentes
techniques sont recherchées à cet effet. A gauche, remontée d'un
préleveur de sédiments. On distingue les nodules fixés sur cette
« carotte » et ramassés à quelque 4 000 mètres de profondeur dans
le bassin de Madagascar (Océan Indien austral) lors d'une mission
océanographique française en mai 1976.
Photo © Yvon Balut, Terres australes et antarctiques françaises, Paris
En 1974, la production
de la pêche dans
le monde a dépassé
les 60 millions de
tonnes. Près de
90 pour cent de ces
prises proviennent
de zones de « haute
mer » qui pourraient,
un jour, devenir « zones
économiques
exclusives » placées
sous la juridiction des
Etats côtiers. Nombreux
sont les pays pour qui
la pêche est une des
principales ressources
alimentaires. Tel est
le cas, par exemple,
de Sri Lanka; à droite,
catamarans de
pêcheurs sur la plage
de Negombo, au nord
de Colombo.
Photo David Holden © Panmage, Pans
une zone et sa propagation dans une
l'élaboration des programmes, à leur
installation de câbles sous-marins de
autre
exécution et avoir accès aux résultats.
communication,
nocifs sur les ressources biologiques
et sur la santé humaine est à ce prix.
liberté
de
navigation
et
etc.,
de
survol,
étant
bien
entendu que ces droits ne doivent
pas
interférer avec l'exercice des
nouveaux droits de l'État côtier.
Ce
nouvel
océans
ordre
s'insérerait
Quant à
phique,
juridique
tout
des
naturelle¬
ment dans le cadre d'un nouvel ordre
économique mondial, fondé sur la
coopération internationale et tendant
à réduire les inégalités entre pays en
voie de développement et pays indus¬
trialisés.
la
en voulant associer droit de
mer et
nouvel ordre économique
international,
la
Conférence
s'est
heurtée à un problème d'importance :
la priorité qu'il convient d'accorder
aux pays en voie de développement,
et aux pays n'ayant pas d'accès direct
à la mer (pays sans littoral), ou pays
à la situation géographique défavo¬
rable.
Ces pays luttent pour la reconnais¬
sance de droits particuliers leur don¬
nant accès aux zones économiques
des États côtiers de la même région
ainsi qu'au droit à l'exploitation, dans
des
conditions
sources
moins,
de
à
ces
favorables,
zones
ou,
des
tout
res¬
au
l'accès aux ressources non
utilisées par l'État côtier.
En ce qui concerne la pollution et
la protection du milieu marin, l'exten¬
sion de la limite des eaux territoriales
à 200 milles rend nécessaire la redé¬
finition des compétences nationales
en ce domaine, ainsi que l'harmoni¬
sation,
régionale
et
globale, .des
normes de contrôle.
Le projet vise à restreindre la pollu¬
tion entraînée par les pétroliers et au¬
tres navires, et par l'immersion de
substances polluantes. Il tend à réduire
les conséquences d'un accident dans
La
la
réduction
des effets
recherche océanogra¬
les États côtiers en voie de
développement entendent faire recon¬
naître
leur droit de
contrôle
sur des
activités entreprises par des institu¬
tions ou des navires étrangers opé¬
rant dans
les eaux voisines
de leurs
côtes. De telles opérations devraient
tomber sous leur juridiction; ils de¬
mandent aussi que, dans certains
cas,
Mais,
zone.
saire,
ches
leur
résultats
portant
propres.
vrait
consentement
les
sur
de
leurs
soit
ces
néces¬
recher¬
le
droit
de
les
grandes
puissances au¬
de la liberté totale pour les recherches
fondamentales. Elles voient dansj'ac-
croissement du contrôle par les États
côtiers une entrave à
la science et à
l'acquisition de nouvelles connais¬
sances. Ainsi, on voit toute l'impor¬
tance du rôle que pourraient jouer des
organismes régionaux et mondiaux
comme la Commission océanogra¬
phique
intergouvemementale, pour
faciliter un accord entre les parties
intéressées.
ressources
De même, l'État côtier de¬
avoir
Mais
jourd'hui encore défendent le principe
participer
à
D'une manière générale les paysk
en voie de développement espèrent
, pour accélérer leur développement
économique et social, bénéficier des
nouvelles
normes
appliquées aux
océans. Toutefois, ils rencontrent des
difficultés : manque d'infrastructure,
de
connaissances scientifiques et
techniques, et manque de capitaux,
pour ne rien dire du coût élevé des
technologies mises au point dans les
pays industrialisés.
Ce coût est particulièrement prohi¬
bitif en ce qui concerne l'exploitation
des ressources minérales, alors que,
pour ce qui est des ressources vi¬
vantes, beaucoup d'États côtiers pos¬
sèdent les moyens techniques néces¬
saires à cette exploitation.
Ces
problèmes
débattus
lors
de
ont été vivement
la
Conférence
et
tout porte à croire que la future
Convention en tiendra compte avec
l'adoption de principes tendant à
faciliter le transfert des technologies.
Mais les pays où ces technologies ont
été mises au point manifestent leur
réticence, ils voient dans leurs gains
éventuels le juste rendement de leurs
brevets et de leurs équipements.
Le sujet est d'une telle complexité,
les intérêts en jeu, souvent vitaux
pour les États, d'une telle importance
que la future législation des océans
peut engendrer de radicales diver¬
gences
d'interprétation,
voire des
conflits.
L'accord final dépend donc d'un
compromis et de l'établissement de
mécanismes et d'organes internatio¬
naux capables de prévenir les conflits
ou
d'en
trouver
la
solution. Certains
« précédents », ou conflits latents per¬
mettent de cerner certains problèmes,
ainsi de « la guerre de la morue »,
entre l'Islande et le Royaume-Uni,
ou
des
différends
entre
la
Grèce
et
la Turquie à propos de la délimitation
des zones de souveraineté suscep¬
tibles de receler des ressources miné¬
rales.
La solution pacifique de tels conflits,
dans l'esprit de la Charte des Nations
Unies, est indispensable si. l'on ne
veut pas porter atteinte à la coopéra¬
tion
et
à
l'entente
communauté
au
sein
de
internationale,
la
ainsi,
bien évidemment, qu'à la solution
des problèmes posés par l'exploita¬
tion des océans.
C'est pourquoi la Conférence s'est
préoccupée des divers mécanismes
auxquels les
États pourraient avoir
recours, en particulier un organisme
pour les arbitrages, le Tribunal inter¬
national de La Haye (déjà existant),
et un organisme qui reste à créer, le
Tribunal
du droit
de
la mer,
où
les
pays en développement seraientmieux
représentés.
Si l'adoption de la Convention tar¬
dait, nombre d'États seraient proba¬
blement
conduits
à
établir
unilaté¬
Photo © Parimage, Pans
en cours. On espère qu'il imposera la
sives, décidées par divers États.
Par ailleurs, les grandes entreprises
multinationales risquent de refuser
d'attendre la fin des négociations
et peuvent commencer l'exploitation
immédiate
des fonds océaniques,
sans
limitations
ni
conditions,
au
bénéfice exclusif de ceux qui ont le.
moins besoin de ces richesses sous-
ralement leurs propres législations
pour consacrer leurs nouveaux droits
marines.
à l'utilisation des ressources marines.
membres de la communauté interna¬
Ce que confirment les récentes exten¬
tionale.
sions
En fait, le processus d'élaboration
d'un nouveau Droit de la mer est déjà
des
limites
territoriales,
sous
forme de zones économiques exclu
8
Une telle situation pourrait
déboucher
sur
un
conflit
entre
les
reconnaissance
d'un
ensemble
de
normes découlant des concepts du
Nouvel ordre économique.
Maria Eduarda Gonçalves
C'est en 1947 que fut installée,
dans le golfe du Mexique, la
première plate-forme de forage
pétrolier marin. En trente ans,
la production de pétrole
sous-marin a connu un
développement spectaculaire :
plus de 200 plates-formes sont
aujourd'hui en activité dans le
monde pour une production
annuelle dépassant les 500
millions de tonnes. Jusqu'ici,
la plupart des champs
pétrolifères sous-marins en
exploitation, se trouvent â
l'intérieur d'eaux sous
juridictions nationales. Les
forages en mer peuvent poser
des problèmes de stockage; à
gauche, dans les eaux de Dubaï
(Emirats arabes unis), un
énorme réservoir flottant d'une
contenance de 1 5 000 tonnes
est acheminé par remorqueur
vers les lieux d'extraction. Les
champs pétrolifères sous-marins
sont quelquefois hérissés de
derricks (ci-dessous à droite
au large du Koweït). A droite,
vu à travers un objectif
photographique déformant une
plate-forme de forage dans les
eaux de l'Arabie Saoudite.
Ci-dessous, une autre
plate-forme, munie d'une aire
d'atterrissage pour hélicoptère
au large de Port-Gentil, Gabon.
Photo Fred Peer © Parimage, Paris
SOUS LA GRANDE BLEUE, L'OR NOIR
Photo John Bryson © Parimage, Paris
LAMER ,
CONVOITEE
par Mario Ruivo
L'EXPÉDITION de la corvette bri¬
tannique
Challenger
(1872-
1876) a marqué un tournant
historique dans le développement de
l'océanographie. C'était la première
tentative,
à
l'échelle
mondiale, d'ex¬
ploration scientifique des mers, des
fonds marins et des espèces qui y
vivent.
Le principe de la liberté des mers
facilitait la mise sur pied d'expéditions
océanographiques. L'intérêt croissant
porté aux mers conduisit même à la
création
de
laboratoires
maritimes
dans des zones scientifiquement inté¬
ressantes
et
sans
aucune
restriction
de la part des autorités locales.
Les hommes de science appar¬
tenant à des pays lointains, ou sans
littoral maritime, pouvaient ainsi pour¬
suivre des travaux dans des eaux sou¬
mises pourtant à la souveraineté d'un
État précis.
Tel fut le cas pour la Station zoolo¬
gique russe (1884) de Villefranchesur-Mer et de la Station zoologique de
Naples ( 1 872) fondée par F. A. Dohrn,
et d'autres savants allemands, pour
étudier la
Le 30 décembre 1872
la corvette britannique
Challenger (ci-dessus)
effectuait son premier
prélèvement d'eau au
Méditerranée.
fond de l'océan,
Ces
institutions
annoncent
les
donnant ainsi naissance
formes de coopération élargie qui se
développeront près d'un siècle plus
tard, sous l'égide d'organismes inter¬
nationaux,
mais cette fois,
à l'océanographie
moderne. Au cours
d'un périple qui allait
durer jusqu'en 1876,
d'innombrables analyses
avec des
limitations nationales de plus en plus
d'eau de mer furent
nettes.
poursuivies dans le
Le début du 20e siècle voit naître,
en ce domaine, le premier organisme
de coopération intergouvernementale:
le Conseil international pour l'explo¬
ration de la mer (1 902), fondé par les
pays du Nord de l'Europe. Son but :
faciliter l'échange d'informations sur
les ressources biologiques, leurs dé¬
placements éventuels et autres phé¬
nomènes affectant la pêche, amélio¬
rer celle-ci, la rendre plus efficace,
et coordonner les recherches océano-
MARIO
RUIVO,
biologiste portugais,
est
président du Comité de travail sur l'Étude
mondiale de la pollution ¿ans le milieu marin,
organisme dépendant de la Commission océa¬
nographique intergouvernementale. Directeur
du Département de la recherche et de la pro¬
tection des ressources biologiques et du
milieu marin (Secrétariat d'État aux pêches,
Lisbonne), il a présidé la délégation portugaise
à la 3e Conférence des Nations Unies sur le
droit de la mer.
10
laboratoire du vaisseau
(à gauche).
Photos Unesco
graphiques des différents savants et
ment,
laboratoires.
déployèrent leurs activités. Car ils
voyaient dans l'exploitation des res¬
Les navires participant alors à des
expéditions océanographiques n'avaient
toutefois
d'autres
limitations
que
celle, imposée par la limite des eaux
territoriales, de trois milles. Mais peu
à peu, et surtout entre les pays de
l'hémisphère Nord, la collaboration
internationale commençait à s'étendre.
La seconde guerre mondiale vint brus¬
quement interrompre ce processus.
Après la guerre et pendant les
années 1950, l'utilisation pacifique
des océans revint à l'ordre du jour.
Les puissances maritimes d'abord,
puis les pays en voie de développe-
de
sources
plus
marines
en
plus
une
nombreux,
aide
considé¬
rable à leur propre développement
économique et social. Dans ce con¬
texte, problèmes et conflits résultant
d'une exploitation intensive revêtent
une particulière acuité.
Ils deviennent plus graves encore
lorsque, de problèmes locaux (pêche
intensive d'une espèce dans une aire
géographique
déterminée),
ils se
transforment en problèmes régionaux,
voire même internationaux (pollution
côtière due à un accident de pétrolier,
et conséquences pour les ressources
La recherche océanographique
la coopération internationale
et le droit de la mer
biologiques et le tourisme).
De
nouveaux
Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture, Organisation météoro¬
dangers surgissent
logique mondiale. Organisation inter¬
gouvemementale consultative de la
navigation, etc.) a permis une coopé¬
ration amicale entre États et la recher¬
donc et il devient nécessaire d'établir
des règles internationales et une légis¬
lation qui tienne compte des intérêts
de
la
communauté mondiale.
che de solutions aux problèmes éco¬
nomiques, sociaux ou culturels.
Pour protéger leurs ressources,
certains Etats de l'Amérique latine, le
Pérou en tête, réagirent en formulant
le concept d' « océan patrimonial » :
zone
de
200
milles
quelle s'exerce
l'État côtier.
la
marins
sur
souveraineté
L'Unesco,
à
de
ressources
fonds marins
naturelles
et du
de
sous-sol
"décolonisation
leurs
de leur
Par ailleurs, et d'une manière géné¬
on
assiste
à
un
extraordinaire
développement de la recherche scien¬
tifique, mue par la nécessité de ras¬
sembler
données
et
informations
des
océans,
à
et à
leur accession à
Avec une exploitation plus intense
de l'océan, pratique courante et droit
indispensables à la création de nou¬
velles technologies, à une meilleure
connaissance
occupe
l'indépendance. Ces nations prirent
alors progressivement conscience de
ce qui les unissait et de ce qui les
séparait des pays industrialisés : ils
s'organisèrent pour défendre leurs
intérêts communs,
y
compris en
matière de recherche scientifique et
d'océanographie.
plateau continental.
rale,
elle,
Les pays en voie de développement
ont vu leur nombre croître grâce à la
leur avance technologique,
s'assurèrent, par une déclaration du
président Truman (1 945) la juridiction
des
à
dérante
pour
la
promotion
des
sciences océanographiques et la for¬
mation du personnel scientifique et
technique.
la¬
Les États-Unis pour leur part et
grâce
quant
dans ce contexte une place prépon¬
maritime
leur
s'avérèrent
discordants.
L'ONU convoqua alors la lre et la IIe
exploitation rationnelle, aux mesures
de protection et de préservation des
Conférences
(1958
ressources et du milieu marin.
et
sur
le
1960),
droit
de
la
tentatives
mer
pour
adapter les concepts juridiques à la
L'après-guerre est donc caracté¬
risée par un spectaculaire regain
réalité du
d'activités
sance à quatre Conventions, qui,
entre
autres,
réglementent la re¬
cherche scientifique. Le principe de la
liberté des mers y est maintenu à une
seule limitation près : celle de la pros¬
pection du plateau continental.
et
de
collaboration
Ces
entre
scientifiques et institutions des pays
développés. Cette collaboration, qui
inclut un nombre toujours plus grand
de pays en voie de développement,
se déroule soit dans un espace déter¬
miné (Expédition internationale de
plus complexes. De sectorielle qu'elle
Vue de la proue et de l'avant
du vaisseau océanographique
américain Glomar Challenger,
ainsi baptisé en souvenir du
Challenger, le premier vaisseau
océanographique. On distingue
sur le pont du navire, les tubes
qui servent aux forages en eaux
profondes (plusieurs milliers de
mètres), forages qui permettent
de mieux connaître la composition
était,
de la croûte terrestre sous la mer.
l'Océan Indien,
IIOE), soit autour de
thèmes précis (productivité, évalua¬
tion des ressources, pollution, etc.).
Les sciences de la mer conduisent
à
des applications pacifiques,
voire
militaires (mais celles-ci, alors, clan¬
destines)
et deviennent de plus en
la
recherche
tend
à
devenir
pluridisciplinaire. A la fin des années
1 960, cette recherche devient partie
intégrante de tout programme de dé¬
veloppement économique ou d'action
maritimes.
La création de l'Organisation des
Nations
Unies
agences
spécialisées dont certaines
en
1945
et
de
ses
sont dotées d'un domaine de compé¬
tence exclusif ou partiel en matière
d'océanographie
(Organisation des
moment.
Conférences
ont donné nais¬
En règle générale, l'État côtier ne
refusera pas un permis de recherches
scientifiques si c'est une institution
qualifiée qui le demande. Dans ce cas,
cet
État côtier peut,
s'il le désire,
participer aux recherches. D'autre
part, la possibilité de l'extension des
eaux territoriales à 12 milles permet
d'étendre les restrictions à la recher¬
che marine.
Pour nombre de pays qui venaient
d'accéder
à
l'indépendance,
ces
Conventions
traduisaient les intérêts
des grandes puissances maritimes.
Aussi, ne se considérèrent-ils pas liés
par ces conventions, soit parce qu'ils
n'avaient pas participé à leur élabo¬
ration, soit parce que leurs intérêts
n'étaient pas convenablement proté¬
gés.
V
Car les pays en voie de développe- r
11
D'où l'affrontement, en
le
début de la
1974, dès
IIIe Conférence sur le
droit de la mer, de deux thèses oppo¬
sées. L'une, propre aux pays en voie
de
développement,
l'autre
aux
grandes puissances et pays industria¬
lisés.
Ces pays estiment donc qu'il est
nécessaire de protéger leurs intérêts
et
de
consolider
leurs
droits
sur
le
plateau continental, droits déjà consa¬
crés d'ailleurs par la Convention de
1958. Ils demandent l'adoption d'une
réglementation
qui
garantirait
à
l'État riverain une information préa¬
Les
pays
en
voie
de développe¬
ment refusent la distinction entre re¬
lable afin qu'il puisse se prononcer en
connaissance de cause sur les pro¬
cherche « pure » et recherche « appli¬
quée ». Jugeant impossible la sépara¬
jets
de
recherche
présentés par
d'autres États, et contrôler la diffu¬
tion
des
connaissances
et
de
leur
application, ils dénoncent le risque
d'une utilisation à des fins non-paci¬
fiques, ou l'exploitation
directe ou
indirecte
des
ressources.
Ainsi
serait menacée la sécurité des pays
côtiers et compromis leurs intérêts
économiques dans la future zone de
200
»ment visent de plus en plus à une
politique susceptible d'éliminer leur
retard économique par la mobilisation
de toutes leurs ressources, y compris
océaniques. Certes, il y faut des inves¬
tissements,
mais
aussi
une
techno¬
logie valable et des scientifiques et
techniciens qualifiés.
Au
cours des dernières années, la
coopération en matière de recherche
océanographique s'ouvre progressi¬
vement
aux
institutions
et
scienti¬
fiques du monde entier, processus
facilité par la création de nouveaux
organismes comme la Commission
océanographique intergouvememen¬
tale (COI). Celle-ci tend à promouvoir
la recherche et la coopération scien¬
tifiques, pour une meilleure connais¬
sance des océans.
Créée en 1 960 au sein de l'Unesco,
la
COI
en vint, au cours des années
1 970, à être considérée comme orga¬
nisme spécialisé au service des autres
organisations du système des Nations
Unies, et compétente en matière de
recherche,
exploitation
et gestion
océaniques.
La politique scientifique menée par
les pays en voie de développement
s'appuie sur la formation de cadres
locaux,
sur l'assistance bi- ou multi¬
latérale. La distinction entre recherche
« pure »
et « appliquée » commence,
en effet, à être critiquée, ainsi que la
dépendance à l'égard de l'étranger,
considérée
térêts
comme
contraire
aux in¬
nationaux.
Il y eut, au cours des débats de la
IIIe Conférence sur le droit de la mer,
d'autres causes aux critiques du ré¬
gime juridique applicable à la re¬
cherche océanographique (voir page
4). Citons : flottes de pêche à long
rayon d'action
menaçant les res¬
sources biologiques par excès des
prises;
possibilité
d'exploitation à
grande profondeur des gisements de
pétrole, de gaz et autres ressources
minérales.
Enfin,
mise en cause des
informations fournies par les expédi¬
tions océanographiques, menées par
les grandes puissances et répertoriant
les ressources minérales du fond des
océans (nodules).
12
milles.
sion des informations afin de profiter
lui aussi des connaissances acquises.
Ils préconisent une réglementa¬
tion basée sur le principe du consen¬
tement
préalable,
reconnu
à
l'État
riverain.
Les pays industrialisés pour leur
part, défendent la thèse de la totale
liberté de recherches.
Ils considèrent
leurs intérêts en ce domaine comme
vitaux (y compris pour la défense na¬
tionale, même si cette exigence n'est
pas avouée) et invoquent aussi des
raisons économiques d'intérêt géné¬
ral.
Il sont soutenus par leurs com¬
munautés
scientifiques
respectives.
Selon eux, le principe de la liberté
LES CHAMBRES A
des mers doit permettre de cerner
certains problèmes océanographiques
et de résoudre ceux qu'entraîne une
exploitation intensive.
On va, semble-t-il, vers un compro¬
mis : d'une part le régime du consen¬
tement comprenant des formules sa¬
tisfaisant
à
certaines
revendications
des pays en voie de développement;
AIR
La pénétration de l'homme sous la mer se heurte encore à des obstacles d'ordre
physiologiques, techniques, etc. Pour mieux les connaître, les scientifiques
disposent d'appareils recréant les conditions régnant à diverses profondeurs.
Ci-dessous, un caisson de simulation océanique de Ylnstitute for Environmental
Medicine, de l'Université de Pennsylvanie (États-Unis). Le plongeur, par une
profondeur simulée de quelque 490 mètres, doit essayer de réparer la valve
d'un puits de pétrole. C'est la première fois qu'une expérience de travail
sous-marin à une telle profondeur était réalisée. Ci-dessous, miniature indienne
du 16e siècle décrivant la fameuse immersion d'Alexandre le Grand dans sa
cloche de plongée en verre. Selon la légende, en effet, le conquérant
macédonien (4e siècle avant notre ère) aurait déjà eu la curiosité
d'explorer le monde sous-marin.
» /-
(j
wêêm
entre autres, la discussion des pro¬
grammes océanographiques, compte
tenu des nécessités locales; enfin, la
présence, à bord des navires, de
représentants de l'État côtier, serait
garantie dans le cadre de la coopéra¬
tion et du transfert de technologie, dis¬
position éliminant de possibles abus.
D'autres
l'extension
au
dispositions
des
limiteraient
zones non soumises
consentement
de
l'État
côtier.
L'équilibre entre les droits des États
côtiers et ceux des autres États serait
ainsi préservé.
L'expérience acquise par des orga¬
nismes internationaux ou régionaux
s'occupant de sciences de la mer,
peut aider à résoudre certains pro¬
blèmes, grâce, entre autres, à l'élabo¬
ration de nouvelles formes de coopé¬
ration scientifique, dans le cadre du
futur droit des océans.
Des
organismes
internationaux,
comme la Commission océanogra¬
phique
intergouvernementale,
ou
autres, pourront servir à la négocia¬
tion ou à l'approbation de programmes
de coopération scientifique entre les
parties intéressées, maintenir les ser¬
vices communs indispensables (cen¬
tres de documentation, de renseigne¬
ments, météorologie, etc.), faciliter
le transfert de technologie et l'indis¬
pensable assistance mutuelle.
On parviendra ainsi à une partici¬
pation active de tous les États, surtout
de ceux qui sont directement inté¬
ressés à ces problèmes, quel que soit
leur niveau de développement. Des
initiatives pourront être prises qui
garantiront
les
intérêts
nationaux
(États côtiers et États participant à
la recherche) et ceux de la commu¬
nauté internationale.
Les
États
et
les savants devront
s'adapter à ces nouvelles règles de la
recherche océanographique, règles
fondées sur la négociation et l'esprit
de compromis, règles qui exigeront
une collaboration plus rationnelle et
plus systématique dans le cadre des
organisations
internationales,
exis¬
tantes ou à créer, du système des
Nations Unies.
Mario Ruivo
13
La mer a marqué de ses
rythmes éternels les sables
de la côte comme la coquille
des mollusques.
Le
texte
ci-dessous
retrace,
dans leurs grandes lignes, quel¬
ques-unes
des
activités
de
l'Unesco et des résultats obte¬
nus dans le domaine de l'océa¬
nographie au cours des deux
dernières décennies. Il s'agit
là d'extraits du plan d'action
sexennal (1977-1982) approuvé
par la 19e Conférence générale
réunie à Nairobi (Kenya) en
octobre- novembre
1976
(voir
page 34).
DEPUIS une vingtaine d'années,
des progrès d'une importance
vitale
connaissance
ont été réalisés dans la
du
milieu
progrès intéressent tout
description de ce milieu.
nent en outre des sujets
concepts révolutionnaires
nique des plaques et leurs
ces
marin.
Ces
d'abord la
Ils concer¬
tels que les
de la tecto¬
conséquen¬
sur notre connaissance du fonds
des mers, la reconnaissance du phé¬
nomène de turbulence océanique,
l'étude des interactions de la dyna¬
mique des océans et celle de l'atmo¬
sphère, la chimie de l'eau de mer, la
chaîne
sement
alimentaire
du
niveau
marine
des
et l'abais¬
mers
dû
aux
glaces.
L'établissement
de
cartes
L'UNESCO ET L'O
des
océans, de leurs propriétés, de leurs
organismes et de leur fond est un
objectif scientifique majeur des États
membres
de
l'Unesco.
Grâce
à
la
coopération internationale, dans le
cadre de la Commission océanogra¬
phique intergouvernementale (COI),
cet objectif a été largement atteint à
l'échelle mondiale.
Les cartes (telle que la carte bathymétrique générale des océans) et les
atlas décrivent maintenant fidèlement
la topographie du fond des océans,
le champ magnétique, les courants
océaniques et les masses hydrauli¬
ques, la répartition des organismes
marins et de la salinité, la tempéra¬
de plusieurs plaques plus petites.
D'un côté, ces plaques se constituent
aux fossés centraux des reliefs océa¬
niques, par l'action des volcans, tan¬
dis qu'à l'autre bout dans les fossés
océaniques, elles s'enfoncent lente¬
ment
dans
la
phénomènes
sont
la
croûte
terrestres
cassure
continents
terrestre.
et
avec
la
les
Les
analogues
collision
séismes
et
des
les
volcans qui les accompagnent.
Cette
découverte
a
ouvert
la voie
à des progrès décisifs dans l'explo¬
ration pétrolière et dans la théorie
ture, la densité de l'eau de mer et de
de
nombreuses autres caractéristiques
physicochimiques. Cette cartographie
permet de concentrer les efforts sur
des problèmes non résolus qu'ils
soient de caractère scientifique ou
appliqué.
nouvelles notions ont étédéveloppées
Les
concepts
de
la
«tectonique
globale des plaques » font admettre
maintenant que la surface de la terre
est composée de sept grandes pla¬
ques qui se déplacent lentement et
14
la
formation
des
minéraux.
De
durant la première activité conjointe
des États membres de la COI, c'està-dire
la
très fructueuse
internationale
de
Expédition
l'océan
Indien
(EIOI, 1959-1965) organisée parla
COI et le Comité scientifique pour les
recherches océaniques.
Huit
volumes
de
communications
scientifiques et treize grands atlas ont
été publiés dans la deuxième moitié
de la décennie qui a suivi cette expé¬
dition. L'EIOI a également accéléré
le développement des sciences de la
mer dans certains États membres de
la région.
Un programme de forages profonds
a permis de recueillir un large échan¬
tillon d'observations sur les sédiments
et
la
base
océans
du
volcanique
globe
à
de
tous
les
l'exception
de
l'océan
Arctique
(voir page 30).
L'Unesco et la COI ont participé à des
activités conjointes, telles que l'orga¬
nisation de recherches d'ordre géné¬
ral, le financement de colloques lors
des congrès océanographiques qua¬
driennaux et la publication de certai¬
nes
cartes
résultant
des
recherches
entreprises.
Ce programme de forages profonds
a confirmé la théorie de la tectonique
des plaques en trouvant que la base
volcanique de la terre devient de plus
en plus vieille à mesure que l'on
s'éloigne des fossés océaniques.
Le programme de l'Unesco a aussi
gements à long terme du climat. Ces
études devraient permettre une pré¬
vision plus exacte du temps, à court
terme et par saisons.
Les études chimiques de l'eau de
mer,
des
sédiments
marins
organismes
marins
cadre
recherches
des
faites
et
des
dans
le
communes,
ont permis de retracer le chemin suivi
par divers composés chimiques à
travers l'eau ou différents organismes
vivants,
non
seulement
pour
le
sodium,'
le
calcium,
le
chlore
et
le
carbone mais aussi pour certains élé¬
ments présents à l'état de traces,
tels
le
rares
mercure,
et
le
fluor,
divers éléments
les
terres
radioactifs.
Ces travaux étayent l'étude de la
pollution des mers et la lutte contre
cette pollution, domaine dans lequel
l'Unesco
et
la
COI
se
montrent fort
actives.
Les nations du monde coopèrent
à l'observation et l'échange rapide de
données dans le cadre du Système
mondial intégré de stations océani¬
ques qui vise à assurer aux États
membres
données
des
un
accès
relatives
océans
et
à
à
'immédiat
la
aux
température
certaines
données
relatives à la pollution par les hydro¬
carbures.
Un plan mondial pour l'étude de la
pollution dans le milieu marin guide
les études de la COI sur la pollution.
Avec la collaboration du Programme
des Nations Unies pour l'environne¬
ment et de la FAO (Organisation des
Nations
Unies pour l'alimentation
et
l'agriculture) un grand effort est
mis en
en vue de maîtriser la
pollution de la Méditerranée.
Les études sur les chaînes alimen¬
CEANOGRAPHIE
taires marines,
les éléments nutritifs
et l'identification des espèces ont
permis de réaliser des progrès impor¬
tants
dans
la
connaissance
écolo¬
gique. Cette connaissance ainsi que
les statistiques des pêches,ont permis
aux différentes nations de coopérer
permis
de
retrouver
l'emplacement
passé de failles et de continents et
révélé ,des changements importants
et brusques dans la circulation océa¬
nique. Il a montré aussi l'extinction
de divers organismes marins dans le
monde, étudié leur évolution et révélé
de profonds changements dans la
salinité des océans, voire même que
la mer puisse s'assécher par endroits.
Ce programme a enfin permis la
découverte de vastes gisements de
sel, montré la distribution des nodules
efficacement et de façon réaliste à la
gestion régionale et mondiale des
article page 24).
De
plus,
des
courants
profonds
rapides circulent le long des limites
occidentales des bassins profonds.
Ces courants déplacent les sédiments
qui reposent sur le fond. L'Étude du
Kuro-shio
dans
le
Nord-Ouest
du
Pacifique a permis de déterminer la
dynamique de ce courant.
L'EIOI
a
montré que le courant
sous-marin equatorial variait avec la
saison de la mousson. L'Expérience
tropicale dans l'Atlantique a permis
pêches marines,
établissant ainsi un
lien efficace entre les activités scien¬
tifiques
de
la
de
FAO
Dans
les
l'Unesco
et
les activités
concernant
les pêches.
eaux
littorales,
certains
progrès scientifiques tout aussi frap¬
pants
ont
été' réalisés;
on
connaît
désormais beaucoup mieux les effets
de l'abaissement du niveau des mers
dû aux glaces (abaissement de quel¬
que 200 mètres), les systèmes éco¬
logiques marins complexes tels que
de manganèse, et fourni des indica¬
tions sur l'existence de pétrole et de
d'examiner
actuelle des
les récifs coralliens, les communautés
minéraux.
profondeurs de l'océan. L'expérience
d'algues marines et de plancton, les
processus
biologiques
marins,
les
courants littoraux, etc. Tous progrès
qui facilitent la gestion des activités
Autre
découverte
scientifique
importante : les océans présentent
une
forte
turbulence
à
toutes
les
échelles et à toutes les profondeurs.
On a constaté, par exemple, que les
courants superficiels et proches de la
surface sont très dynamiques, varia¬
bles dans l'espace et le temps, outre
qu'ils donnent naissance à des tour¬
billons secondaires importants (voir
sur
la
la
structure
dynamique
de
la
haute mer
(MODE) a permis d'examiner un tour¬
billon géant en eau profonde.
La coopération scientifique inter¬
nationale menée conjointement par
la COI avec l'Organisation météoro¬
logique mondiale consiste actuelle¬
ment
à
étudier
l'interaction
de
côtières et maritimes dans
les diffé¬
rents États membres.
Telles sont, dans leurs grandes
lignes, les apports de l'Unesco et de
la
la Commission océanographique inter¬
dynamique des océans et de celle
de l'atmosphère, ainsi que les chan
gouvemementale dans la chaîne des
recherches internationales.
15
DES SAVANTS
RÉUNIS
POUR FAIRE
Pour promouvoir et coordonner les recherches
océanographiques, l'Unesco a créé en 1960 la Commission
océanographique intergouvernementale (COI), celle-ci
compte aujourd'hui 91 pays membres et a lancé divers
programmes d'envergure, comme la Décennie internationale
de l'exploration océanique (1971-1980). Ci-dessus, le
LE POINT SUR
vaisseau de recherche de la République démocratique
allemande, le Alexander von Humboldt, qui a participé à
plusieurs expéditions internationales. Ci-dessous, le
sous-marin océanographique japonais Hakuyo Kawasaki
LES PROMESSES
(7 mètres de long). A droite, la bouée-laboratoire française
BORHA 2, en Méditerranée; d'une hauteur totale de
80 mètres, aux trois-quarts immergée, portant huit personnes,
elle permet de nombreuses observations et mesures
océanographiques et météorologiques.
DE L'OCÉAN
par Dan Behrman
L'OCÉANOGRAPHIE reposait au¬
trefois sur tant d'hypothèses
qu'elle en devenait presque un
art. Elle n'en est plus là aujourd'hui.
Elle sait aussi bien retracer les dépla¬
cements d'un continent pendant cent
millions d'années que suivre la migra¬
tion d'un seul poisson plat sur le pla¬
teau continental.
Elle étudie l'état de la mer depuis
l'espace, par satellite, ou par immer¬
sion d'appareils qui envoient leurs
informations
vers
la
surface.
Elle
a
renouvelé de fond en comble l'image
que nous nous faisions des océans :
la parade solennelle des courants
est devenue tournoyants remous, re¬
présentation beaucoup plus exacte
de la façon dont fonctionne la mer.
Mais avec tous ces progrès à leur
actif,
les sciences de la mer courent
aujourd'hui, selon certains, les plus
graves dangers. La politisation des
océans avance en effet à grands pas.
C'est bien l'impression qu'a donnée
l'Assemblée océanographique réunie
récemment à Edimbourg. 700 scien¬
tifiques y assistaient, une cinquan¬
taine de pays étaient représentés.
Organisée par six grandes associa¬
tions scientifiques et la Royal Society
anglaise, cette réunion avait aussi
reçu l'appui de la FAO (Organisation
des Nations Unies pour l'alimentation
et l'agriculture), de la Commission
océanographique intergouvernemen¬
tale, de l'Unesco et de l'Organisation
météorologique mondiale.
Par certains côtés, cette assemblée
d'Edimbourg
laquatrièmedu genre
a été plus sereine que les précéden¬
tes. Bien des incertitudes ont disparu
depuis qu'a été balayée l'interminable
controverse scientifique sur la dérive
des continents. Il y a seulement dix
ans, les spécialistes se sautaient en¬
core à la gorge lorsqu'il s'agissait de
savoir
si
oui
ou
BEHRMAN,
l'Unesco,
bien
écrivain
connu
de
nos
scientifique
lecteurs,
à
est
les continents
s'étaient éloignés les uns des autres
aux temps géologiques, peu à peu
séparés par l'expansion des fonds à
partir des crêtes et des fossés médioocéaniques.
Aujourd'hui,
DAN
non
d'accord :
c'est
tout
bien
le
monde
ce
mécanisme
est
traduit en français et publié aux éditions Ro¬
qui a donné naissance à la géogra¬
phie actuelle, à cette division de la
surface terrestre en grandes plaques
bert Laffont. Paris (1971).
accolées,
l'auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation
scientifique dont l'un. Planète Océan, a été
16
dont
les
zones coïncident
avec les régions séismiques du globe.
Cette
dérive
des
continents,
les
géologues réunis à Edimbourg ont pu
s'en
servir
pour
reconstituer des
océans du passé ou pour indiquer les
secteurs susceptibles d'abriter des
gisements miniers.
La
récession mondiale des derniè¬
res années a freiné l'océanographie :
cette discipline coûte cher; dans les
recherches sur notre environnement,
seule sans doute l'exploration de
l'espace est plus coûteuse. Un navire
de recherches en opérations coûte
plusieurs milliers de dollars par jour.
Mais le point d'interrogation le plus
grave concerne la voie que la recher¬
che
devra
Conférence
droit de
la
suivre
dans
l'avenir.
La
des Nations Unies sur le
mer
n'est
pas arrivée à
une position commune sur les règles
à
suivre
dans
les
eaux côtières
là
où les océanographes ont à travailler
le plus.
Ancien
directeur de la Scripps
Institution of oceanography, La Jolla,
Californie, le Dr Roger Revelle a fait
une
communication
à
Edimbourg
pendant
l'assemblée.
Il
a
dénoncé
certaines tendances de la Conférence
sur le droit de la mer, y voyant une
« menace particulièrement terrifiante »
pour la recherche océanographique.
Est ainsi dangereux,
selon
lui, le
Photo Gamberoni © Musée national d'histoire naturelle. Pans
fait de limiter les recherches côtières
(acide désoxyribo-nucléique) y pour¬
à des zones économiques s'étendant
à 200 milles (quelque 320 km) ou
davantage du littoral. « Poissons, cou¬
rants et phénomènes géologiques ne
voit. Il doit être possible d'extraire
ce gène des plantes qui le possèdent.
Intégré au stock génétique du maïs,
du blé, du riz, des pommes de terre,
il leur permettrait de- pousser dans
comprennent
« zone
pas
ce
économique »,
que
veut dire
déclare Roger
Revelle.
« Beaucoup de phénomènes géolo¬
giques et géophysiques se produisent
dans
une zone située à 200 ou 300
milles
des
côtes.
Si
la
tendance
l'eau salée...
Il est également faux que la mer
puisse nourrir le monde entier. On
pêche chaque année environ 60 mil¬
lions de tonnes de poisson. Selon
Revelle,
il
ne sera
pas possible de
Revelle évoque le rôle des mers
dans les changements climatiques du
futur. Depuis le début de l'ère indus¬
trielle, nous avons brûlé l'équivalent
de 100 millions d'années d'énergie
solaire emmagasinée dans les com¬
bustibles fossiles
houille, pétrole
et gaz naturel. Le gaz carbonique
(C02) libéré par ces combustibles a
été pour une grande part absorbé par
les
océans,
mais
ces derniers n'ont
pas une capacité illimitée.
« Si nous
dépasser les 100 millions détonnes.
Ce chiffre équivaut à 20 millions de
tonnes de protéines. Or il en faudra
doublons la quantité de gaz carbo¬
nique présente aujourd'hui dans l'at¬
mosphère, l'océan ne pourra absorber
100 millions de tonnes chaque année
pour nourrir la population de six mil¬
qu'un tiers de ce total ».
connues depuis vingt-cinq ou trente
ans.
liards et demi d'hommes attendus à la
actuelle
se
confirme,
la
Conférence
sur le droit de la mer pourrait bien
signifier la
mort des sciences de
l'océan telles que nous les avons
une orientation différente, étudier des
fin du siècle.
phénomènes particuliers au lieu de re¬
chercher une compréhension véri¬
satisfera que 5 pour cent des besoins
Cela
peut intensifier ce qu'on
appelle I' « effet de serre ». Le gaz
carbonique en excès dans l'atmo¬
sphère piège en effet la chaleur
mondiaux.
reçue du soleil : les radiations solaires
table
Ces
sciences
devraient
des océans. » Le
Dr
suivre
En
calories,
la mer ne
Revelle a
surtout dégonflé un certain nombre
d'illusions sur le rôle que les océans
pourraient jouer
dans
l'avenir de
l'homme.
Les mers ne seront pas la source
d'eau douce qui fera fleurir les déserts.
Elle dispose toutefois d'une res¬
source
intéressante pour l'avenir :
de
l'espace.
Des structures flot¬
tantes
construites
sur
espars et
bouées profondes ne bougent pra¬
tiquement pas en mer. Elles pour¬
raient
abriter
L'eau de mer désalinisée coûte dix à
rables
à
soixante fois plus cher que l'eau d'irri¬
gation ordinaire. Toutefois, cette eau
de mer pourrait être utilisée telle
quelle pour l'agriculture. Les herbes
ou industries très polluantes. « L'éner¬
gie solaire a besoin de place elle
aussi, poursuit Roger Revelle. On
peut imaginer d'établir en mer les
grandes surfaces des générateurs
bilité
possibilité que le refroidisse¬
ment des dernières années avait paru
éloigner. Pour l'un de ces chercheurs,
solaires ».
le
marines
l'eau
savent
salée :
fort
une
bien vivre dans
particule
d'ADN
terre :
des
activités
centrales
indési¬
réfléchies par la Terre ne peuvent
s'échapper dans l'espace. Avec un
effet de serre plus intense, les tem¬
pératures terrestres pourraient s'éle¬
ver au point de faire fondre les glaces
de l'Antarctique et du Groenland :
le niveau des mers monterait de plu¬
nucléaires
sieurs
dizaines
D'autres
de
mètres.
scientifiques
présents à
Edimbourg ont évoqué cette possi¬
Dr Wallace S.
Broecker (LamontSUITE
PAGE
20
17
POUR
DE
UN
CA
L'HISTOIR
Les objets étranges et 'beaux que nous
présentons dans cette double page sont,
tous sauf un
(N° 2),
des vestiges de
quelques-uns des innombrables êtres
marins, tantôt végétaux, tantôt animaux,
tantôt les deux, toujours minuscules. Ils
permettent de dater les fonds marins et
de se faire une idée des conditions (pro¬
fondeur, température, salinité, etc.) dans
lesquelles se sont faits les sédiments.
Parmi ces précieux témoins de la longue
histoire
des
océans,
les foraminifères .
(photos 1 et 2) font l'objet d'études très
poussées, notamment sur leurs modes
de reproduction. La photo 2, document
très rare, montre un accouplement de
foraminifères mesurant moins d'un demi-
millimètre. Cette jolie bonbonnière (3)
est faite de fragments de squelettes
d'une algue calcaire microscopique re¬
cueillis par 2 000 mètres de fond dans
l'Océan Indien. Algues fossilisées éga¬
lement, l'une en forme de champignon,
l'autre en pièce ronde (4) : celle-ci per¬
met de dater de
moins de 250 000 ans
le sédiment où elle est présente. Un pré¬
lèvement fait
l'Océan
Indien
à
2 000
(5)
m
de fond dans
montre un échantil¬
lonnage des composants d'un sédiment
calcaire brut; la pièce la plus grosse en
forme de chapeau ne mesure que 2 cen¬
tièmes de millimètre. Autre habitant des
mers : le radiolaire, dont voici un sque¬
lette fantomatique (6).
Photo © Micheline Clocchiati, Muséum d'histoire naturelle. Pans
18
Photo © Lucien Leclaire,
Muséi
Photo O Micheline Clocchiati, Muséum d'histoire naturelle, Paris
Photo © J.
P. Caulet,
Muséum d'histoire naturelle, Paris
19
SUITE
DE
LA
PAGE
17
Doherty Geological Observatory, à
Palisades, New-York), nous pourrions
être à la veille d'une période de
réchauffement rapide, longue de plu¬
sieurs décennies.
En étudiant une carotte de glace
recueillie
au
Groenland,
des
scien¬
tifiques ont pu retrouver les chan¬
gements de température du passé.
Le refroidissement actuel y succède
à une série de fluctuations naturelles.
Il a pu masquer les effets du gaz car¬
bonique. La carotte de glace groenlandaise a permis de supposer que le
refroidissement pourrait cesser dans
la prochaine décennie : alors l'effet de
serre
accentuerait encore le réchauf¬
fement naturel.
« L'argument principal, écrit Broecker, est que la tendance au réchauf¬
fement due au gaz carbonique a été
plus que compensée, depuis trente
ans, par la tendance naturelle au
refroidissement. Cette compensation
ne peut plus durer très longtemps :
d'abord parce que l'action du C02
s'intensifie rapidement, ensuite parce
sait-on, d'y ajouter des mesures de
température et de salinité.
Or il apparut que ces grands cou¬
rants
représentaient
seulement
un
pour cent de l'énergie cinétique des
océans ! Le reste, 99 pour cent, est
contenu dans les « exceptions à cette
règle » : dans les tourbillons qui s'ar¬
beaucoup plus brutalement que s'il
n'existait pas de variations clima¬
tiques naturelles ».
LE congrès d'Edimbourg a aussi
(auparavant liée à l'Antarctique) avait
déjà dérivé au loin, permettant ainsi
la circulation des eaux australes tout
autour
du
monde
sans
qu'aucune
terre ne fasse obstacle.
rachent aux grands courants et se
déplacent à travers les océans comme
le font les tempêtes dans l'atmo¬
D'AUTRES
sphère (voir article page 24).
Il serait possible de suivre les mou¬
vements océaniques en améliorant
l'observation
par
satellites.
Pour
John Apel, de la NOAA américaine
(National Oceanic and Atmospheric
Administration, États-Unis) il existe
plusieurs lignes de développement
prometteuses.
Les satellites pour¬
raient ainsi mesurer les températures
de surface des océans à 1,5 °C près.
Ils
réduiraient
alors
de
moitié
leur
marge d'erreur et fourniraient un bon
moyen de localiser les tourbillons et
les
boucles
engendrés
par
le
Gulf
chercheurs
ont
tra¬
vaillé sur l'Atlantique Nord. Ils
ont pu retrouver les variations
du « front polaire »
zone de ren¬
contre entre les eaux arctiques froides
et les eaux atlantiques chaudes
pour une période de 65 000 ans. La
position du front polaire, comme l'a
fait remarquer William F. Ruddiman
(City University,
New York) est l'un
des facteurs fondamentaux qui règlent
le « Budget-chaleur » de la Terre. Il y
a là comme une porte : ou elle cana¬
lise ou elle intercepte l'énergie trans¬
portée par l'océan vers le nord.
Stream.
Cette
quête
dans
le
passé inté¬
resse tous ceux qui étudient la façon
que le refroidissement naturel aura
sans doute bientôt dépassé son maxi¬
mum. Nous allons peut-être avoir
donc des surprises avec le climat :
la période de réchauffement provo¬
quée par le C02 pourrait commencer
trent que les glaciers sont apparus en
Antarctique il y a trente-huit millions
d'années. A cette époque, l'Australie
dont se produisent les changements
de
COMME les autres outils océano¬
graphiques, les satellites ont
des capacités de plus en plus
raffinées. A l'origine, ils ne faisaient
guère que balayer la surface des
océans. Aujourd'hui, ils sont capables
de «voir» à cinquante ou soixante
mètres de profondeur, ce qui permet
déjà une cartographie approximative
des eaux profondes.
climat.
Elle
peut
avoir
aussi
des applications économiques immé¬
diates.
Comme le remarque John
G. Sclater du Massachusetts Institute
of Technology, il est plus facile de
rechercher des gisements de pétrole
au large de l'Afrique, si l'on sait exac¬
tement comment les côtes africaines
s'unissaient jadis à celles d'une Amé¬
rique, où les formations pétrolifères
ont été situées avec précision.
montré les effets sur l'océan de
certaines
activités
humaines
:
un rapport y a été présenté sur l'action
à long. terme du DDT et des PCB (biphényls polychlorés : dérivés du phé¬
nol entrant dans la composition des
pesticides). Dans le sud californien,
les rejets de ces substances en mer
ont beau être devenus dix fois moins
importants,
on
a
constaté que leur
taux était resté exactement le même
dans les tissus musculaires des soles
pêchées au large. Seule conclusion
possible pour les chercheurs : les sé¬
diments
marins servent de réservoirs
à ces polluants.
Rejeter ces substances en haute
mer ne serait pas une solution. Des
expériences ont été faites à la Woods
Hole Océanographie Institution (Mas¬
sachusetts). Elles montrent que lephytoplancton (végétaux marins micro¬
scopiques), vivant dans les estuaires
au milieu de composés toxiques,
résiste beaucoup mieux aux agres¬
sions que les espèces habituées à
des conditions plus stables en pleine
mer.
L'océanographie physique est d'ail¬
leurs en train de réviser sérieusement
ses idées sur le fonctionnement global
des océans.
Directeur de l'Institut de
Ils signalent la pollution et consti¬
tuent dans ce domaine une catégorie
K. 0. Emery (Woods Hole Océano¬
graphie Institution) a indiqué pour sa
particulière
d'avertisseurs.
Sur les
vues projetées par John Apel, on voit
que les acides rejetés au large de
part quelques-unes de ces retombées
New York étendent à la surface de la
ment exploitées en mer se trouvent
sur le plateau continental. Pétrole et
gaz viennent en tête avec une valeur
de220 milliards de francs en 1975,
suivis par la pêche (75 milliards de
mer
comme
une
teinture
marbrée,
signe d'une couche huileuse. Et un
autre engin spatial peut mesurer la
vitesse des vents pratiquement à
l'échelle du globe...
L'étude des océans du passé a
donné lieu à une percée beaucoup
plus importante encore. Le Deep Sea
Drilling Project (Programme de forage
en eau profonde) mis sur pied par
Scripps pour la National Foundation
francs), l'exploitation des sables et
graviers (2 milliards de francs), celle
des dépôts minéraux
surtout de
magnetite, titane et étain (200 mil¬
lions de francs).
Émery a évoqué aussi le processus
de formation des fonds marins, cette
(États-Unis) a permis plus de 400 fo¬
sorte de «tapis roulant »issu du «man¬
rages dans les fonds marins à partir
du navire spécialisé Glomar Chal¬
lenger (voir article page 30).
océaniques.
Les carottes ainsi recueillies peu¬
vent être datées avec une précision
quasi-magique : par corrélation avec
les inversions du champ magnétique
terrestre que les sédiments marins
ont enregistrées à la manière de
bandes
magnétiques.
Les
carottes
contiennent aussi des restes animaux
microscopiques dont les fluctuations
indiquent les réchauffements et refroi¬
dissements de
la
mer à la fin ou au
géophysique planétaire à la Scripps
Institution, Walter H. Munk indique
que,
jusqu'ici,
les océanographes
ne mentionnaient que les courants
Les résultats des forages dans
l'océan Antarctique ont été exposés
sur les anciennes cartes des océans.
par James P.
Pour les compléter, il suffisait, pen
Rhode
20
économiques.
Pratiquement toutes
les ressources océaniques actuelle¬
début des glaciations.
Island,
Kennet (Université de
États-Unis).
Ils mon
teau » terrestre dans les fosses médio-
L'eau de mer s'infiltre
dans ce matériel en fusion, ce qui a
pour effet d'isoler et d'éjecter les
métaux lourds. Un tel phénomène
paraît s'être produit au milieu de la
Mer Rouge où l'on a trouvé des sédi¬
ments
métallifères
estimés
à
des
dizaines de milliards de francs.
L'opération
American
Mid
FAMOUS
(French-
Oceanic
Undersea
Study,
Etude franco-américaine de la
dorsale médio-atlantique) a consisté
à explorer la dorsale ou crête médio-
atlantique (voir page 30). Conduite
par des océanographes français et
américains, elle a permis de prélever
un échantillon géologique situé à
deux mètres seulement d'une de ces
sources
hydrothermales.
Cet échantillon a été analysé. Il
est constitué de fer, de manganèse et
de silice, correspondant aux coquilles
ce que ce trésor se trouve non seu¬
lement à quatre mille mètres de pro¬
fondeur mais aussi dispersé dans
des bâtiments plus efficaces, le pro¬
duit de la pêche n'augmentera pas
en conséquence. Dans de tels cas, il
de petits animaux. A tlix mètres de
la source, la composition des fonds
une zone de 1 800 km sur 1
dessine
était déjà différente. Les scientifiques
français estiment l'âge de l'échantil¬
lon à 47 000 ans. Mais le premier
niveau de sédiment consolidé, épais
de 1,1 millimètre, n'avait que cin¬
quante ans.
Aucune
en
de
trouvée
sur
Il ne faut pas espérer trouver beau¬
coup de pétrole là où les grandes
plaques se rencontrent : dans ces
zones,
les sédiments sont broyés
et dispersés. En revanche, les zones
où les plaques s'écartent l'une de
l'autre offrent des possibilités. De
grandes
quantités
de
sédiments
et de pétrole
ont pu s'accumuler
le long de leurs marges, à des pro¬
fondeurs certes bien plus élevées
que celle où se fait actuellement
l'extraction du pétrole sous-marin.
Emery rappelle que le projet « Fo¬
rage en eau profonde » évite de telles
zones justement par crainte d'y trou¬
ver du pétrole. , Pour s'attaquer au
problème,
il faudrait un bâtiment
plus important, pourvu de valves et
d'équipements capables de maîtriser
un jaillissement, sinon les risques de
pollution seraient énormes.
communications
l'Assemblée
intéressées
faites
d'Edimbourg,
aux
richesses
que la mer pourrait fournir. George
P. Woollard (Institut de géophysique
de l'Université d'Hawaii) a rapporté
dans
le
de
La recherche des nodules de man¬
ganèse est beaucoup plus avancée.
Une prospection des dépôts a été
faite dans le Pacifique dès janvier
1976 par le
Valdivia (navire de
recherche de l'Institut fédéral pour
les
sciences
de
la
terre
bassin
de
innom¬
et
les
res¬
taille dans les échantillons de nodules
recueillis. Les scientifiques allemands
pensent donc que la formation de ces
nodules pourrait être déclenchée par
un processus microbiologique.
Une analyse économique a été faite
par un autre chercheur de la Républi¬
que fédérale d'Allemagne, F. Neuweiler.
Pour lui, l'exploitation des
nodules de manganèse océanique
n'est pas rentable aux cours actuels.
Cela pourra changer lorsque, les ré¬
serves continentales s'épuisant, des
facteurs écologiques viendront peser
sur la recherche de nouveaux gise¬
ments. Mais l'exploitation des miné¬
raux marins pose des problèmes poli¬
tiques et juridiques qui ne sont pas
moins importants.
sédiments
contenant
vrait, selon F. Neuweiler, se baser sur
80 000 kilomètres carrés pour être
assuré d'un approvisionnement pen¬
dant vingt-cinq ans. Malgré ces obs¬
tacles, trois sociétés étudient déjà un
moyen d'exploiter les nodules.
L'ennui vient de
incriminer certains
vironnement sont ici les premières
responsables.
La
température des
eaux a monté dans ces régions dans
les années 20 et 30, puis elle est
retombée à son niveau antérieur.
Il existe une exception, tout au
moins en apparence : la Mer du Nord.
Depuis le début du siècle, rappelle
Gotthilf Hempel (Institut des sciences
de la mer à Kiel, République fédérale
d'Allemagne), la pêche y donnait
entre
un
tonnes.
million
Puis,
et
1,5
dans
les
million
de
années 60,
les chiffres ont grimpé pour atteindre
3,7 millions de tonnes en 1974. Mais
des poissons comme le hareng et le
maquereau sont en diminution. Et
voilà que les nouvelles pêcheries
industrielles se multiplient, travail¬
lant pour les aliments du bétail et
non directement pour la consomma¬
tion humaine.
POUR
l'Anglais,
Arthur J.
Lee
(Laboratoire des pêcheries de
Lowestoft, Royaume-Uni), cer¬
des
activités
de
l'homme
en
aux poissons.
« La
morue,
l'églefin, le merlan et le sprat fraient
tous au centre de cette mer, là-même
où se trouvent des puits de pétrole.
Personne n'a calculé ce qu'une fuite
de pétrole et l'emploi de dispersants
provoqueraient comme dégâts dans
-une classe d'âge de ces poissons. »
eux, le but de la vie est de trouver de
liards de francs. Supposons que les
océans prennent dix pour cent du
la nourriture sans brûler trop d'éner¬
gie dans l'affaire.
et
marché :
cinq
le
nickel.
cela
milliards
En
1975, selon
donnerait
de
seulement
francs,
du
seulement
soit
revenu
une
En ce qui concerne justement la
pêche, les océanographes réunis à
Edimbourg
n'ont envisagé l'avenir
moins abondant des métaux présents
peut
deux métaux a été évaluée à 50 mil¬
1 8 trillions de tonnes des nodules, les
Pour Woollard il
(mille milliards) de
dans ces sédiments.
On
Emery, la production mondiale de ces
Il ne faut pas perdre le sens des
proportions lorsque l'on discute des
dépôts minéraux marins. Dans les
fraction
fond du bassin de Bauer et l'or est le
1975.
Pour expliquer les déplacements
des poissons, des techniques très éla¬
borées ont été mises au point. F. R.
Harden Jones, autre chercheur anglais
du
Laboratoire
des
pêcheries de
Lowestoft, a étudié les migrations
des
espèces
commercialisées
en
adoptant, si l'on peut dire, le point de
vue des poissons eux-mêmes : pour
cuivre, nickel, zinc et fer. Les quan¬
tités seraient plusieurs fois supé¬
rieures à celles de la Mer Rouge.
y a un trillion
dollars d'or au
pêche a produit
excès mais les modifications de l'en¬
nuisibles
UN programme d'exploitation du
manganèse portant sur trois
millions de tonnes par an de¬
cuivre
4 000
Cette
Mer du Nord pourraient être un jour
de
à
Horsted.
taines
métaux les plus intéressants sont le
Bauer,
Groenland. Il a été rappelé par deux
la République
recherches récentes
mètres de profondeur, à plus de 3 000
km de l'Amérique du Sud, entre les
crêtes océaniques des Galapagos et
du Pacifique oriental. On a trouvé là,
sur 20 mètres d'épaisseur, une cou¬
verture
sont
451 000 tonnes en 1962, 46 000 en
sources naturelles de
tels accidents géologiques
peuvent être aujourd'hui ali¬
gnés sous les sédiments qui se
trouvent le long des marges continen¬
tales. La prospection de ces zones
pourrait être plus fructueuse que celle
des dorsales médio-océaniques.
résultats
abandonnés
brables.
Aa.
médio-atlan¬
DE
les
Les relations sur les lieux de
pêches
marins.
dorsale
Selon le rapport de H. Gundlach,
on a trouvé une bactérie de grande
sont
tombe...
la
fédérale d'Allemagne).
se
le
chercheurs danois, F. Hermann et Sv.
fères d'Afrique australe.
de
cloche :
à 1 000 km de toute source produc¬
trice associée à l'expansion des fonds
les célèbres filons diamanti¬
Plusieurs
en
et comparable à celles
Rouge, n'a encore été
lions d'années, laissant des souvenirs
lors
courbe
L'exemple typique est celui de la
pêche à la morue sur la côte ouest du
tique. Emery pense que les géologues
devraient plutôt porter leur attention
ailleurs : vers les zones où, après les
premières émissions de matériel venu
du manteau, le «tapis roulant» a
cessé de fonctionner depuis des mil¬
comme
Les dépôts, il est vrai, peuvent
avoir une épaisseur supérieure à vingt
mètres, ce qui est la limite de péné¬
tration des appareils utilisés (le Glomar Challenger n'a fait qu'un forage
plus profond à cet endroit : 110 m).
Un problème intrigue Woollard : les
une
nombre des prises grimpe d'abord
rapidement quand une nouvelle zone
de pêche se développe, puis re¬
sédiments métallifères sont au moins
couche sédimentaire riche
métaux,
la Mer
1 00...
de
la
pêche, le plus traditionnel de tous les
moyens d'exploiter la mer...
qu'avec prudence. On aura beau amé¬
liorer la détection du poisson, lancer
Le hareng couvrira
tres par an dans la
1 600 kilomè¬
Mer du Nord et
3 000 dans l'Atlantique; pour la mo¬
rue, les distances correspondantes
sont
de
1 300
et
2 600
km.
Pour
suivre un poisson dans ses déplace¬
ments,
le
laboratoire de Lowestoft a
réalisé une fiche acoustique de la
taille du petit doigt, pesant environs
1,5 grammes dans l'eau. On attacher
21
, la fiche à un poisson, un carrelet, par
exemple. Remis à l'eau, le poisson
est suivi avec un sonar à haute défi¬
nition, capable de localiser l'animal à
un ou deux mètres près en profon¬
deur.
Un carrelet a ainsi été suivi depuis
¡Lowestoft vers le sud pendant trentesix heures. On a appris comment il
atteignait sa plus grande vitesse près
du fond au prix du moindre effort.
Le carrelet a simplement nagé avec
la marée, puis s'est laissé tomber au
fond pendant la période des eaux
étales. Harden Jones pense que le
poisson a utilisé comme horloge la
marée et non le soleil. Vers la fin des
périodes de six heures (durée d'une
marée), il se laisserait glisser au fond,
remontant lorsque l'eau
direction qui lui convient.
reprend
la
Des zones comme la Mer du Nord
arrivant à la limite de leurs possibi¬
lités, les pêcheurs sont à la recher¬
che de nouveaux domaines. On s'est
rué sur certaines mers polaires. On a
dit et répété que l'océan Antarctique
pourrait satisfaire la demande en pro¬
téines
d'une population
mondiale
toujours croissante. Ce problème a
été évoqué par Sayed Z. El-Sayed
(Université du Texas), un des grands
spécialistes de l'Antarctique.
La productivité primaire
le taux
d'activité du phytoplancton en ma¬
tière de photosynthèse
a pu être
estimé à 3,62 grammes de carbone,
par mètre carré et par jour, à l'ouest
de la péninsule antarctique. Ce chiffre
est comparable à ceux que l'on ob¬
tient pour les zones à forte produc¬
tion
par exemple près du Pérou,
où les anchois pullulent dans un
des lieux de pêche les plus riches du
monde.
eaux antarctiques. Cette population
demande chaque année 200 millions
de tonnes de
nourriture, essentielle¬
ment le « krill » (petite crevette). Mais
cette simplicité, cette dépendance
étroite par rapport à un seul animal,
le krill, rend l'écosystème antarctique
plus fragile que celui d'autres océans.
« Il faut
dit El-Sayed
intensifier
l'effort
de
recherche
et
mieux com¬
prendre
l'écosystème
antarctique
avant de commencer à en exploiter
les ressources. »
Ce n'est pas là un travail facile,
dans l'Antarctique ou ailleurs, lors¬
que rien ne s'arrête, le temps d'être
étudié. Le problème est résumé par
John H. Steele (Marine Laboratory
Mais le taux moyen pour l'ensem¬
ble de l'océan Antarctique est seu¬
lement de 0,134 gr de carbone par
mètre carré et par jour : c'est ce qu'on
trouve pour le golfe du Mexique ou la
mer des Caraïbes, régions où la pêche
d'Aberdeen, Royaume-Uni) : le phyto¬
plancton vit de un à dix jours et se
est loin de battre ses records.
dérive
Plusieurs facteurs, selon El-Sayed,
peuvent expliquer une révision en
baisse aussi brutale. On croyait ainsi
que certaines espèces de plancton vé¬
gétal pouvaient prospérer à des tem¬
pératures aussi basses que
1,5°C.
Or,
des
recherches
récentes
ont
montré que les basses températures
empêchaient
même
la
croissance
des espèces de phytoplancton adap¬
tées à l'Antarctique.
Il
existe
aussi
une
d'ordre physique. De la
fond,
les eaux de
explication
surface au
l'Antarctique ont
une température qui varie peu. En
conséquence, l'océan n'est pas « stra¬
tifié » en couches de températures
différentes. Le brassage en profon¬
deur est donc facile : le phytoplanc¬
ton se trouve entraîné plus bas que la
déplace de un à dix kilomètres pen¬
dant ce temps; le zooplancton (petits
animaux qui se nourrissent du phyto¬
plancton) vit une centaine de jours et
durant
d'une
sa
centaine
vie;
quant
de kilomètres
aux poissons,
ils sont en vie des années et couvrent
des milliers de kilomètres.
.
Des biologistes ont proposé d'étu¬
dier, à titre d'échantillon, une zone de
100 km2 pendant 100 jours... Mais
il y aurait fallu vingt navires. Il est
moins coûteux et plus pratique de
travailler avec des océans « captifs »
isoler certaines eaux de façon à y
étudier
au
verticaux
réelle
et
Ou encore des jarres en forme de
cloche peuvent être placées sur le
fond, isolant quelques mètres carrés
et permettant d'obsjrver le dévelop¬
pement des organismes à ce niveau.
A O tende, les Belges ont utilisé
un éncme lagon artificiel de 86 hec¬
tares C(ui servait auparavant au net¬
toyage des bassins du port. Il a été
transformé
pour
l'observation
du
cycle biologique des huîtres.
Sur la côte du Pacifique, près de
l'Ile Vancouver,
les chercheurs cana¬
diens ont employé des sacs retenant
environ
2 000
tonnes
d'eau :
il
s'agissait de l'Expérience de pollution
dans un écosystème contrôlé (voir
page 28). Ajoutant à l'eau de petites
quantités de cuivre, de mercure et
diverses sortes de produits pétroliers,
ils en ont observé les effets sur la vie
marine.
L'océanographie a grand besoin
d'imagination. Pour regarder la mer,
de nouveaux moyens doivent sans
cesse être recherchés. « Regarder »
est d'ailleurs une façon de parler :
l'eau de mer est presque impénétra¬
ble
à
la
lumière;
le
laser lui-même
n'y pénètre que de quelques centai¬
nes de mètres.
Il
en
va
autrement
pour
le son.
les
mouvements
L'observation acoustique de ce qui se
passe dans l'océan est possible,
plancton,
en grandeur
déclare
moins
du
versité Dalhousie de Halifax, Canada.
sans
interférences
exté¬
rieures.
L.
M.
aux
l'académicien
soviétique
Brekhovskikh. C'est là un outil
possibilités
très
diverses.
Une
Plusieurs méthodes ont été décrites
onde sonore dont la fréquence est de
à Edimbourg. On peut plonger des
sacs en plastique dans la mer et iso¬
conde) ne pénètre qu'à 200 m dans
ler ainsi,
la mer. Mais un son de 100 hertz peut
être détecté à 100 km. C'est ainsi que
2 000
n'importe où, de 6 m3 à
mètres cubes d'eau.
Le cher¬
cheur dispose alors d'un environne¬
100 000
hertz
(100 000
cycles/se¬
l'on a pu suivre par des bouées les
courants océaniques en profondeur.
zone éclairée qui est aussi évidem¬
ment la plus productive.
ment contrôlé.
El-Sayed pense néanmoins que
cette productivité primaire suffit à
entretenir la population animale des
peut être construit à terre puis rempli
Le chercheur soviétique plaide pour
l'observation acoustique : «A l'époque
d'eau de mer; c'est ce qui a été fait
où
à
tage
Un
réservoir
en
forme
la Scripps Institution,
de
et à
tour
l'Uni
nous vivons,
il
d'informations
nous faut davan¬
sur
l'océan. Or
SUITE
22
PAGE
32
A cause de la pêche intensive, toutes les espèces
de baleines sont aujourd'hui menacées d'extinction.
Créée en 1946, la Commission internationale de la
chasse à la baleine tente d'assurer leur protection,
fixe le nombre de prises autorisées annuellement,
et interdit la chasse de certaines espèces;
ainsi de la baleine à bosse (photo de gauche)
depuis 1963, et de la baleine bleue (depuis 1965).
Toutefois, ces grands cétacés restent tout aussi
rares. Ci-dessous, un troupeau de baleines blanches,
dans les « pâturages marins » au large de
Somerset Island (Canada). La baleine blanche
n'est, quant à elle, guère chassée. Cette étonnante
photo a été prise, grâce à un film mis au point pour
la recherche océanographique, à 300 mètres
au-dessus des flots par J. Douglas Heyland, des
services du Québec pour la protection de la nature.
Roger S. Payne, de l'Institut de recherche sur le
comportement animal (New York) a fait
dernièrement une stupéfiante découverte : les
baleines « chantent », répétant des séquences de
LES DERNIERS TROUPEAUX
sons étrangement modulés. Sur la page de gauche,
notation par un appareil spectrographique d'un
fragment du «chant» d'une baleine à bosse,
que R. Payne a enregistré au large des Bermudes,
DE BALEINES
dans l'Atlantique.
Photo J. Douglas Heyland © Kodak
-
»,
...
-r
1
*
.
'
-
*'»->-''
.
V
'
CE « SIXIÈME CONTINENT»
QUI TRAVAILLE
T_e sous-marin de poche
Tinro 2 est l'un des
POUR NOUS
véhicules soviétiques
d'exploration et de recherche
océanique les plus récents.
Transporté vers la haute mer
par le navire Ichtiandre (1),
le sous-marin est détaché par
Comment l'océan conditionne le chaud, le froid
les climats, la vie, sur les terres émergées
les scientifiques-pilotes (2);
ils se préparent à une plongée
qui les conduira vers les
fonds marins (3). A
l'arrière-plan, le navire-porteur
attend le retour des
explorateurs.
Photos loun Trankvihtski © Sovietskiï Soyouz. Moscou
par Constantin N. Fedorov
L'UNE des recherches les plus
importantes
effectuées
par
l'océanographie moderne porte
sur
les
nombreuses façons dont
l'océan transforme son énergie. Ces
recherches ont reçu une nouvelle
impulsion avec une récente décou¬
verte : une grande quantité de l'éner¬
gie des océans provient des tourbil¬
lons qui se forment en pleine mer et
s'écartent
des
Comment
courants
travaille-t-il
principaux.
donc,
cet
océan ? L'énergie solaire est injectée
constamment
dans
l'océan :
celui-ci
l'absorbe, l'emmagasine, la redistri¬
bue par la circulation générale de ses
eaux. C'est cela le «travail » de l'océan.
L'énergie fournie par le soleil, que ce
soit directement, ou par l'intermé¬
diaire des mouvements atmosphé¬
riques que nous appelons vents, tient
l'océan en mouvement perpétuel. De
ces
mouvements,
les
plus
connus
sont les courants et les vagues, fami¬
liers aux hommes depuis les temps les
plus reculés.
Dans le passé, les scientifiques se
sont
efforcés
de
suivre,
de
décrire
et de cartographier les courants océa¬
niques. Ils espéraient pouvoir en faire
un jour un tableau complet qui ren¬
drait beaucoup plus faciles et la navi¬
gation et la prévision du temps. Mais
il y a eu un accident de parcours. Car
les
courants
geants
et
se
sont
capricieux.
CONSTANTIN
révélés
Ils
chan¬
n'ont
NICOLAEVITCH
pas
FEDO¬
ROV, Président du Comité scientifique pour
les recherches océaniques
national
des
unions
du Conseil inter¬
scientifiques,
est
un
océanographe soviétique connu. Directeur de
laboratoire à l'Institut d'océanologie de l'Aca¬
démie des sciences de l'URSS, il est l'auteur
de
nombreuses
études
scientifiques.
De
1961 à 1969, il a dirigé le Bureau d'Océano¬
graphie de ¡'Unesco et a été secrétaire de la
Commission océanographique intergouverne¬
mentale.
24
m
r
t
17
14^
-
7
des
Sciences
mencé
*
gp
r ji^^i
^ECp ^^^M^V
à
de
l'URSS,
travailler dès
ont
com¬
1956 en Mer
Noire, poursuivi en 1 953 dans l'Atlan¬
tique Nord et en 1967 dans l'océan
Indien. Mais ils n'ont pas obtenu de
résultat concluant avant 1 970, lorsque
l'URSS a entrepris une vaste expé¬
rience comportant plusieurs navires
et de nombreuses bouées dans l'Atlan¬
!S^_
tique tropical.
L'expérience fut appelée Polygone 70,
du
nom
militaires.
des
Des
terrains
d'essais
océanographes
des
États-Unis, de la République fédérale
montré seulement des changements
saisonniers ou liés aux marées, chan¬
gements faciles à
dépister, mais
beaucoup
d'autres,
inattendus
et
d'ailleurs imprévisibles.
On
a
vite
découvert
une
vaste
gamme de variations. Cela ne rentrait
dans aucun concept de l'océanogra¬
phie traditionnelle à l'ancienne, cette
discipline descriptive classique que le
Pr Walter Munk, géophysicien amé¬
ricain connu, a baptisée en 1976 à
l'Assemblée océanographique d'Edim¬
bourg, par analogie avec l'électricité,
l'océanographie « DC »
en « régime
continu ». Mais même l'océanogra¬
phie «AC»
en régime alternatif,
transitoire
ne conviendrait pas très
bien :
la variabilité dont il s'agit
Depuis bon nombre d'années, c'est
là un casse-tête pour les océano¬
graphes.
Ces variations apparais¬
régulière
du
courant alternatif.
voltage dans le
Kourchatov.
rants, mais dans les températures, la
salinité, la vitesse de propagation du
son, et dans beaucoup d'autres para¬
mètres physiques de l'environnement
océanique.
D'où
venait une telle
Les observations se sont poursui- ,
vies pendant près de sept mois. Elles
ont révélé quelque chose de nouveau,
et de plutôt inattendu, car si l'on
avait parfois soupçonné le phéno¬
mène, personne jamais ne l'avait
variabilité ?
observé.
En effet,
Les scientifiques décidèrent d'aller
sur place, en mer, et d'y mesurer tous
ces paramètres physiques en un même
point et sur la plus longue durée pos¬
sible. On calculerait alors le temps
nécessaire pour obtenir des valeurs
moyennes constantes, quelle que soit
la fréquence de répétition des mêmes
bouées,
stations flottantes pourvues
saient
non
seulement dans les cou¬
séries de mesures.
Pionniers
dépasse de loin en complexité l'oscil¬
lation
d'Allemagne, de la République démo¬
cratique allemande, du Canada, se
joignirent pendant quelque temps aux
chercheurs soviétiques à bord du
navire
océanographique Akademik^
dans
ce
domaine,
les
chercheurs de l'équipe dirigée par le
Pr
V. B.
Stockmann,
de
l'Académie
de
le vaste réseau de
couranto-mètres,
a
détecté
un
tourbillon gigantesque. Il a enregistré
les données permettant de cartographier et d'étudier ce phénomène
océanique apparemment peu banal.
Le tourbillon était de forme ellip¬
tique. Il mesurait près de 400 km
dans son grand axe et' se déplaçait
lentement
vers
l'est
à
une
vitesse
moyenne d'environ 5 cm par seconde. |
A l'intérieur, l'eau tournait, comme!
25
j l'air dans un anticyclone (dans le sens
des aiguilles d'une montre), à la
vitesse maximale de 50 cm/seconde.
Quelques années plus tôt (en 1957
puis en 1959-1960) les scientifiques
américains et anglais embarqués sur
le
bâtiment de
recherches Ariès dé¬
couvraient dans l'Atlantique, grâce à
des flotteurs lestés, inventés par
l'océanographe anglais John Swallow,
une
variabilité
inhabituelle
des cou¬
rants en eau profonde. La découverte
faite
par
Polygone
éclairer
ces
nant
sens
un
commençait
observations,
à
leur don¬
nouveau.
Le développement de la détection
à distance et, en particulier, des
radiomètres infrarouges à haute réso¬
lution, permit d'observer les varia¬
tions et la température des courants
conception.
Celle
d'un
océan,
tifiques durent admettre que l'énergie
cinétique manifestée par le mouve¬
ment des tourbillons pouvait être bien
kilomètres en moyenne, et se dépla¬
supérieure à l'énergie moyenne du
flux océanique. Si le. phénomène
çant lentement d'ouest en est.
fait
nouveau
aux
océanographes, il ne l'était pas pour
les physiciens de l'atmosphère et les
météorologues : ces spécialistes con¬
naissent bien et depuis longtemps les
vents forts et changeants des pertur¬
bations
cycloniques
et anticyclo¬
niques, lesquels se traduisent sou¬
vent, aux latitudes moyennes, par
un transfert assez peu rapide des
masses d'air au niveau du sol.
Mille questions surgissaient. D'où
les tourbillons tenaient-ils leur éner¬
gie ? Se nourrissaient-ils du mouve¬
ment général ou, au contraire, l'alimentaient-ils en énergie? Dans ce
dernier cas, était-ce l'atmosphère qui,
par son action, engendrait directe¬
ment les tourbillons océaniques? Les
montagnes
sous-marines jouaientelles
un
rôle
dans cette naissance?
Et combien y avait-il
de tourbillons
dans l'océan ?
C'est
tions
pour répondre à ces ques¬
et
à
beaucoup d'autres
qu'une nouvelle expédition fut orga¬
nisée en 1973, cette fois par des
scientifiques américains : l'expédition
MODE I (Mid Ocean Dynamic Experi¬
ment, expérience sur la dynamique
de la haute mer).
Un très complexe réseau d'instru¬
ments se déploya dans l'ouest de
l'Atlantique, dans la zone appelée
mer des Sargasses. A ce nouvel effort
pour expliquer les mystères des tour¬
billons participèrent aussi des cher¬
cheurs venus de France, du RoyaumeUni et d'URSS.
On put repérer
d'autres
tourbillons,
les
décrire
faire un grand nombre de
relatives à leur dynamique.
et
mesures
L'une des réussites techniques les
plus remarquables relevait du large
emploi des bouées baptisées SOFAR
(Sound Fixing And Ranging). Descen¬
dues en eau profonde et y dérivant
librement, ces appareils acoustiques
peuvent être suivis depuis les stations
côtières pendant de très longues
périodes, avec une excellente préci¬
sion et à des distances de plusieurs
milliers de kilomètres. Vingt de ces
bouées
SOFAR
ont
été
lâchées
à
1 500 m de profondeur. A la fin de
1975, on pouvait encore en suivre
plusieurs.
26
POLLUTION
plus
tourbillons cycloniques et anticyclo¬
à
DELA
De Polygone à Mode, et grâce à
ou moins enserré dans un réseau de
tout
MALADES
beaucoup d'autres observations, on
approchait peu à peu d'une nouvelle
Engagés dans cette voie, les scien¬
paraissait
LES OCEANS
océaniques par satellites. Les images
les plus frappantes furent celles qui
représentaient les franges du Gulf
Stream et les tourbillons très parti¬
culiers (baptisés « anneaux ») produits
par les méandres qui s'y formaient.
niques, étendus sur une centaine de
par Dan Behrman
Pourquoi est-il si important d'étu¬
dier les tourbillons océaniques? Pour¬
quoi des flottes entières de navires
océanographiques, des appareillages
scientifiques coûteux, des centaines
de chercheurs et de techniciens sont-
ils dirigés vers ce champ d'investiga¬
tion particulier? Nous voici revenus à
notre question première : comment
travaille l'océan ? Réponse : le « tra¬
vail » de
l'océan
«
affecte notre vie de
NE mer est morte ! Un océan
BB
agonise!»
^^
reviennent ces
Périodiquement
mêmes
la¬
tous les jours à un tel point que nous
ne pouvons pas nous permettre de
continuer à l'ignorer. La redistribution
de chaleur effectuée par l'océan nous
concerne très particulièrement.
mentations. A quoi les autorités ré¬
torquent que ce sont là inquiétudes
sans fondement, car les précautions
nécessaires sont prises.
On croit souvent que c'est l'atmo¬
sphère qui actionne l'océan. Cela est
vrai à bien des égards; mais la rétro¬
action de l'océan sur l'atmosphère se
montre à d'autres égards si puissante
qu'elle détermine dans une large
mesure le climat de la planète; elle
conditionne en particulier ses carac¬
téristiques et ses variations dans les
régions continentales situées sous
inattendu
qui
suscite
l'émotion :
mazout répandu, poissons bizarre¬
D'ordinaire,
seulement
les
trois
de
accidents
produits
dans
chimiques.
une
Puis
tout se calme.
On oublie. Et les cho¬
ses
train
vont
lution
que
événement
leur
comme
devant.
à
la
consolation?
Quels
dangers entraîne exactement la pol¬
marine?
Et comment détecter
celle-ci assez tôt pour nous protéger
la
et protéger nos mers?
masse d'un océan est environ 300 fois
dans
colorés,
usine
préposés
Questions
supérieure, pour une même surface,
à celle de l'atmosphère qui le sur¬
monte. Si bien que, compte tenu des
différences en capacités caloriques, la
chaleur emmagasinée par la colonne
atmosphérique sur toute sa hauteur
est équivalente, au total, à la chaleur
contenue
ment
un
Où est donc la vérité? Et qui a rai¬
son : les prophètes de malheur ou les
l'influence directe de l'océan.
Considérons
c'est
que
se
posaient, entre
autres, Edward D. Goldberg, de la
Scripps Institution of Oceanography
(La Jolla,
leurs
Californie),
spécialistes
de
l'un des meil¬
la
chimie
ma-
derniers
mètres des eaux superficielles...
Mais
il
en
irait tout autrement si
les courants océaniques transpor¬
taient cette chaleur de façon directe
et sans complication, ou si les tour¬
billons océaniques intervenaient dans
la redistribution, ce qui est en fait le
cas.
Mais actuellement, nous maîtri¬
sons mal les problèmes de prévision
des transferts de chaleur par les cou¬
rants océaniques et nous ne savons
pas grand-chose sur les effets produits
par les tourbillons.
Pour pallier cette
carence,
les
scientifiques construisent des modèles
mathématiques de la circulation océa¬
nographique générale. Les équations
de l'hydrodynamique et de la thermo¬
dynamique qui décrivent la conserva-
tion
du
mouvement et de la chaleur
dans l'océan sont traitées grâce à un
ordinateur.
Pour prévoir le comportement de
l'océan,
on
fait
intervenir
des don¬
nées que nous livre le vieux passé
de notre planète. La paléo-océano¬
graphie
science des océans anciens
est l'un des domaines les plus
fascinants
En
de
combinant
la
les
science
des
mers.
données de nom¬
breuses disciplines
géologie, géo¬
morphologie, sédimentologie, micro¬
paléontologie, tectonique desplaques,
physique marine, chimie, biologie et
biochimie
les scientifiques sont
capables
de
restituer
aujourd'hui
l'aspect général des océans aux dif-
Navrante image entre
mille autres des
méfaits de la
pollution des mers :
pris dans une nappe
de mazout, ce
guillemot s'est
d'un corps toxique identifié par quel¬
que catastrophe est une entreprise
qui dépasse les forces humaines, et
les capacités de nos technologies,
aujourd'hui et dans un avenir prévi¬
sible... »
échoué sur les
côtes françaises.
Il expire, les muscles
pectoraux atrophiés.
Photo © Atlas Photo-Robert Valarcher
rine, alors qu'il attaquait son rapport
préliminaire sur La Santé des Océans,
rapport que l'Unesco vient de publier
à Paris pour la Commission océano¬
graphique intergouvernementale.
mécanismes physiques et biologiques
pour que se fasse le transfert vers les
grands fonds. »
Ce que dénonce Goldberg avec
toute
la
pondération
scientifique,
c'est moins la souillure des plages et
des baies que certains phénomènes,
beaucoup
plus
perfides,
auxquels
d'habitude on ne prête pas attention.
Car « certaines de nos inquiétudes
d'aujourd'hui, écrit-il, seront vaines
lisme des êtres vivants. Les composés
les plus lourds, par exemple le1 DDT
et les produits de sa dégradation, ou
encore
les
bi-phényls polychlorés
demain. Les sources de pétrole seront
probablement taries avant que l'on
interdise les vidanges des pétroliers
en pleine mer. Par ailleurs, la cherté
toujours accrue des métaux lourds
entraînera de plus en plus leur réem¬
ploi, sj bien que l'environnement sera
moins souillé de rejets ».
« En outre, les produits chimiques,
séjournant longtemps en pleine mer,
risquent de provoquer la formation
d'un bouillon toxique à mesure que
s'accumuleront les déchets de l'acti¬
vité humaine. Actuellement, dans les
eaux
océaniques profondes,
des produits chimiques synthétiques
contenant des atomes de chlore, par¬
fois de fluor : ce qu'on appelle des
carbures halogènes. D'une part, ces
produits pénètrent dans les eaux
côtières par les cours d'eaux et les
égoûts; d'autre part, ils atteignent
la haute mer à l'état gazeux, par
l'atmosphère. »
d'une
décennie
(les
interfèrent
PCB),
avec
le
agissent sur le
métabo¬
métabo¬
lisme du calcium chez les oiseaux de
mer provoquant un amincissement de
la coquille de leurs Sufs. »
« Les composés à poids moléculaire
plus faible
les chloro-fluorocarbones par exemple
peuvent être em¬
ployés dans les aérosols et interférer
avec les activités de fermentation des
micro-organismes. Cela risque d'in¬
hiber la dégradation des matières
organiques dans le cycle biochimique.
De plus, les processus de fermenta¬
tion utilisés par l'homme, pour le
traitement des déchets par exemple,
ou la production de vin ou de bière,
pourraient s'en trouver atteints eux
aussi. »
s'accu;
mulent lentement mais continûment,
« Moins
« On sait que certaines de ces sub¬
stances
suffit aux
« Perspective
plus qu'inquiétante
effrayante : les substances toxiques
pourraient atteindre un niveau tel,
près des côtes comme en pleine mer,
qu'elles provoquent des mortalités
et morbidités étendues parmi les
organismes vivants qui y seraient
exposés. »
«A ce moment-là, on ne pourra
faire marche arrière. Étant donné le
volume des océans,
la récupération
« En altérant ainsi, lentement mais
sans trêve,
les eaux de la mer, nous
risquons de léguer aux générations
futures des océans empoisonnés. Il
paraît certes, tout à fait déraison¬
nable, de charger les mers en déchets
humains et d'aller ainsi jusqu'à provo¬
quer une mortalité massive et plané¬
taire des organismes vivants
catas¬
trophe qui n'est plus inconcevable
aujourd'hui, même si elle ne doit se
produire que dans un siècle, ou plus
tard encore... »
«Actuellement,
les
hydrocarbures
halogènes
synthétiques que nous
injectons dans le système des océans,
se comptent chaque année en méga¬
tonne (million de tonnes). »
« Si
ces
substances dérivent avec
les eaux qui se mêlent à celles des
grandes profondeurs, elles passeront
en moins d'une décennie, au-dessous
du niveau des eaux mêlées et pour¬
ront y demeurer des milliers d'an¬
nées... Quelle quantité en faudra-t-il
pour qu'elles endommagent l'éco¬
système
de
façon
irrémédiable?»
Aucune
nation,
note
Goldberg,
n'a les ressources économiques et
scientifiques qui lui permettraient de
se
livrer
seule
à
l'auscultation
santé. Le problème est bien à l'échelle
océanique.
Or, il n'existé pas dans le monde
entier,
une douzaine de laboratoires
qui puissent mesurer les taux de
DDT ou de pétrole dans l'eau de mer.
Le nombre des laboratoires analysant
les concentrations enéléments comme
le plutonium est du même ordre.
De plus, déclare Goldberg, l'instal¬
lation de centrales nucléaires risque
de faire augmenter à long terme, le|
nombre des petites fuites de déchets, )
SUITE
construire ainsi modèles nouveaux et
férentes époques du passé.
nouvelles hypothèses.
Il
en
ressort
que
la
circulation
océanique générale n'a pas toujours
été celle de notre époque. Les climats
des diverses parties du monde étaient
alors
tout
différents
des
climats
actuels, tout comme différait la forme
des océans. On peut donc construire
des modèles mathématiques simu¬
lant les climats préhistoriques de la
planète et on peut en vérifier l'exacti¬
tude grâce aux informations fournies
par la paléobotaniqùe et la paléon¬
tologie.
Mais il faut pousser beaucoup plus
avant les observations de l'océan pour
recueillir
des
données
nouvelles
et
Une nouvelle opération est actuel¬
lement en cours. Soviéto-américaine,
elle
est baptisée
POLYMODE (de
Polygone et Mode) et vise à recueillir
davantage d'informations sur les tour¬
billons océaniques et leur rôle dans
la dynamique interne des océans.
Elle couvrira l'ensemble de l'Atlan¬
tique occidental. Dans certaines zones
de l'Atlantique oriental, des cher¬
cheurs de France, du Royaume-Uni
et de la République fédérale d'Alle¬
magne installent leur propre réseau
des
océans, et de les maintenir en bonne
PAGE 28
sera de découvrir comment l'énergie
des
tourbillons
se
répartit dans
l'océan. On sait déjà que ces tour¬
billons sont plus fréquents dans cer¬
taines zones et de plus haute énergie.
L'expérience. se déroulera en 1977
et 1 978. Permettra-t-elle de répondre
à toutes les questions sur les tour¬
billons? Certainement pas. Mais, la
coopération des scientifiques se pour¬
suivra et c'est là l'important.
Constantin
N.
Fedorov
d'informations.
Une
des
tâches
de
POLYMODE
27
, d'où le risque de rendre l'océan dan¬
gereusement radioactif.
Les
méthodes
anciennes
se
DES
sont
révélées décevantes. Les premières
mesures du DDT dans l'atmosphère
ont donné des chiffres qui étaient des
milliers de fois trop faibles : seules
les particules solides étaient dénom¬
brées. Nous savons aujourd'hui que le
DDT,
à
la
surface
de
la
Terre,
ÉPROUVETTES
À LA MER
se
déplace' surtout à l'état gazeux...
De même pour le pétrole, dont
on affirmait qu'il était totalement
biodégradable et que sa décompo¬
sition venait en premier lieu des bac¬
téries de la mer : cela ne paraît plus
entièrement vrai. Ce qui s'observe
en laboratoire n'arrive pas forcément
en pleine mer.
Actuellement, on peut dire que les
micro-organismes marins sont capa¬
bles de dégrader certains composants
du pétrole, mais déclare Goldberg,
« les vitesses de décomposition dans
la nature sont mal connues ».
L'utilisation de la mer comme pou¬
belle
est
côtière
consternante.
de
100
km
La
bande
située
autour
d'Amchitka, en Alaska, n'est certaine-
pas une fourmilière humaine. Pour¬
tant on a pu y compter 24 000 « cada¬
vres » d'objets en plastique.
En
1973,
une
observation
a
été
faite de la surface du Pacifique : sur
12,5 kilomètres carrés, en plein cen¬
tre du Pacifique Nord, on a compté
six bouteilles de plastique, vingt-deux
fragments plastiques, douze bouées
de verre destinées à la pêche, quatre
bouteilles
vieux
de
ballon,
verre,
du
de
bois
la
corde, un
travaillé,
une
brosse à chaussures, une sandale de
caoutchouc,
une
boîte
de
café
et
trois papiers...
De toute évidence un système
d'alerte s'impose. Goldberg a propo¬
sé pour commencer, un programme
d'un an : il consisterait à prélever des
échantillons. On analyserait un mil¬
lier
de
prélèvements
faits
dans
l'atmosphère, les courants océani¬
ques,
les organismes marins, les
rivières, les eaux du plateau conti¬
nental, les eaux de pluie, les glaciers
et
les nappes sédimentaires pro¬
Photos © T. R
Parsons
fondes.
Évidemment,
il
coûterait
cher.
PARMI
par Timothy R. Parsons
Goldberg suggère donc une première
étape : la surveillance de certains
coquillages. On ferait porter l'effort
sur des organismes connus pour
concentrer les polluants. On analyse¬
rait chaque année cent échantillons
afin d'y rechercher les hydrocarbures
et les corps radio-actifs artificiels, les
hydrocarbures chlorés et les métaux
les
nombreux program¬
mes de recherches océaniques
conduits sous le patronage de
l'Unesco figure la Décennie Interna¬
tionale
de
l'Exploration
océanique
(DIEO). Son travail vise à une com¬
préhension plus complète du milieu
océanique et s'appuie sur divers pro¬
jets scientifiques : dans certains cas,
lourds. «Toutes substances dont nous
il s'agit de projets à dominante géolo¬
savons qu'elles mettent en péril les
processus de la vie des océans. »
gique ou géophysique, dans d'autres
Selon
initial
Goldberg,
atteindrait
300 000
dollars.
ce
au total,
Si
dont l'étude s'attache en particulier
moins de
l'estimation
aux effets de l'activité humaine sur les
est
exacte, on peut se demander non pas
quand cette surveillance des coquil¬
lages va commencer, mais pourquoi
elle n'existe pas depuis longtemps.
Dan Behrman
28
de projets axés sur la biologie marine,
programme
TIMOTHY
R.
PARSONS,
président
de
l'Association internationale d'océanographie
biologique, est professeur d'océanographie
à l'Université de British Columbia, Vancouver
(Canada).
Il a fait partie de la division de
l'océanographie à ¡'Unesco.
zones de pêche.
Un des projets de la DIEO est le
CEPEX (Controlled Ecosystem Pollu¬
tion Experiment : Expérience de pollu¬
tion dans un écosystème contrôlé). Ce
projet
est
surtout
National Science
caine.
Les
financé
principaux
la
ment,
améri¬
teurs.
par
Foundation
pays partici¬
pants sont les États-Unis, le RoyaumeUni et le Canada.
Il s'agit d'étudier les effets defaibles
taux
de
polluants,
sur
l'environne¬
ment marin. Depuis quelque temps,
en
éliminant tous autres fac¬
Pour
les
océanographes,
le
pro¬
peut
pas
clôturer
quantités
d'eau
pour
de
pement des méduses. Par contre, la
grandes
production de cellules végétales rela¬
tivement grandes (surtout des diato¬
mer,
un conte¬
nant tel que cette eau reste un envi¬
mées)
zooplancton d'assez grande taille lui
aussi, qui à son tour favorise le déve¬
lière à
ces
substances
sont effectivement nuisibles à
la vie
serait
évidemment
impossible
une
forme fami¬
Seule différence : les tubes à essais
contenir
des
Il
sous
du Cepex devaient être assez grands
pour
marine.
et
la plupart des scientifiques :
le tube à essais.
savons pas dans quelle mesure d'in¬
de
tout
un
écosystème,
phénomènes solaires aux pois¬
sons;
d'autre
part,
l'appareillage
d'étudier tous les organismes de la
devait être assez robuste pour résister
mer pour voir s'ils réagissent à ces
aux
taux minimes de pollution; en outre
laisser entrée libre au soleil.
les effets à long terme d'une accumu¬
surtout
lation
lente
peuvent
n'apparaître
vagues,
non
être
assez
transparent
constitué
toxiques,
de
puisque
pour
Il devait
matériaux
les
scienti¬
qu'avec un grand retard, peut-être
vers l'an 2000
et il sera trop tard,
fiques
alors, pour faire quoi que ce soit.
substances toxiques dont il s'agissait
Pour aborder ce délicat problème
de la pollution chronique des mers,
de comprendre les effets sur la bio¬
masses
serait
d'eau
d'étudier dans
d'isoler
où
son
il
de
grandes
serait possible
ensemble
la
bio¬
cherchaient
introduire
de
justement
faibles
à
quantités
y
de
Les tubes ainsi fabriqués peuvent
contenir plus de 2 000 tonnes d'eau
de mer;
ils sont conçus pour flotter,
ce qui réduit au minimum le prix des
logie d'une région donnée. Les spécia¬
structures
listes de l'écologie terrestre procèdent,
que possible l'environnement naturel
en effet, de même manière lorsqu'ils
de l'océan. Ces tubes ont été placés
clôturent un terrain et l'étudient isolé-
pour la plupart dans le Saanich Inlet,
un
fjord
et
reproduit
situé
entraîne
sur
les
d'aussi près
côtes
de
la
la
production
d'un
loppement des jeunes poissons.
. Du point de vue des prises, il serait
évidemment désastreux que la pêche
commerciale décline et que les pois¬
sons soient remplacés par des mé¬
duses ! La question posée est donc la
suivante : qu'est-ce qui commande
la chaîne hypothétique allant des
flagellés aux méduses, et pourquoi
cette
chaîne s'oppose-t-elle à la
chaîne alimentaire bien plus utile qui
part des « grandes » diatomées?
Il semble que l'on puisse donner
la réponse. Les expériences du projet
Cepex ont en effet montré que les
flagellés, ces petites cellules végé¬
tales, apparaissent souvent plus nom¬
breux
logie des océans.
spécialistes du Cepex pensent que le
mieux
de cellules végétales très petites (les
étendue
pourtant,
quantités
très
de
blème ardu, problème qui a été résolu
fimes
résumé
une
des
ment nocifs (cuivre, plomb, pesticides
et hydrocarbures).
Mais nous ne
un
ne
marine.' Trouver,
ronnement naturel, cela pose un pro¬
produits potentielle¬
donner
flagellés) peut entraîner le dévelop¬
les chimistes ont pu montrerqu'étâient
de
en
on admet que la production
blème est évidemment différent : on
en train de s'accumuler dans l'océan
traces
Pour
rapide,
lorsque
existent
taux de
pollution,
métaux
lourds
Mais,
de
faibles
en particulier par
ou
hydrocarbures.
la chaîne alimentaire favorisant
les flagellés et les méduses peut aussi
se développer à la suite de tempêtes,
c'est-à-dire
Si
d'événements
l'hypothèse
est
naturels.
correcte,
elle
peut expliquer pourquoi les méduses
deviennent
abondantes
certaines
Colombie Britannique, au Canada, et
années et non d'autres
d'autres dans le Loch Ewe, en Ecosse,
dépendre du temps qu'il fait...
et dans le Kieler Eucht, en Allemagne.
suggère aussi que de telles variations
Actuellement,
peuvent être accentuées par la pol¬
lution. Et finalement, c'est la pêche
qui en pâtit.
les
scientifiques
uti¬
lisent pour leurs expériences trois de
ces grands tubes et six plus petits.
Les résultats de ce programme sont
si
variés que nous ne pouvons les
mentionner tous. Il faut citer toutefois
l'une des découvertes les plus impor¬
Comme
le
cela peut
programme
Cepex
s'étendra sur une dizaine d'années,
nombre de chercheurs de divers pays
pourraient y travailler.
tantes : elle concerne la structure des
chaînes alimentaires marines et leur
possible
altération,
Timothy R. Parsons
qu'elle soit due
à l'homme ou à des causes naturelles.
On sait ainsi, depuis quelque temps,
que
la
mer contient à certains mo¬
ments de grandes quantités de mé¬
duses. On sait aussi que chez les pois¬
sons
existe
destinés
des
à
la
consommation il
variations
considérables.
Les
numériques
recherches
me¬
Ces tubes de plastique de 30 m
nées dans le projet Cepex ont permis
de haut (ci-dessus) sont des
d'avancer
poches immergées contenant
plus de 2 000 tonnes d'eau
entre ces deux types de fluctuations.
de mer, véritables laboratoires
où sont étudiés les effets
biologiques à long terme
des polluants. Mises à flot
l'hypothèse
d'un
rapport
En étudiant les organismes micro¬
scopiques
du
plancton,
lesquels
servent de
nourriture
aussi
bien aux
à Saanich Inlet, sur la côte
méduses qu'aux jeunes poissons, on
canadienne du Pacifique,
ces trois éprouvettes géantes
a découvert qu'il
(photo ci-dessus à gauche)
ne laissent apparaître que
les flotteurs circulaires.
existait deux pro¬
cessus distincts dont l'un favorisait la
multiplication
des
méduses,
l'autre
celle des poissons.
29
LE 2
août
1973,
à
12
h
10,
le
bathyscaphe Archimède
tou¬
chait le fond par 2 540 mètres
de profondeur au milieu de l'Océan
Atlantique, à 700 kilomètres au sudouest des Açores.
VOYAGES D'EXPLORATION
Sous les feux des projecteurs, une
cascade de laves noires qui avait été
comme pétrifiée dans sa progression,
DANS UNE VALLÉE
apparaissait dans toute sa fraîcheur.
A travers de nombreuses craquelures,
la
lave
avait
sance à
suinté,
VOLCANIQUE À 3 000 M
donnant nais¬
des bourgeonnements, des
filaments, des diverticules gelés dès
leur formation.
SOUS LA MER
Les explorations ultérieures confir¬
mèrent qu'il s'agissait d'une coulée
de laves très récente, d'un âge infé¬
rieur à quelques milliers d'années,
couvrant le flanc d'un petit volcan,
appelé depuis le mont de Vénus.
Haut de 250 mètres, large de un
kilomètre et long de trois à quatre
kilomètres, ce volcan occupe l'axe
d'une vallée sous-marine profonde de
2 700 mètres et large d'environ trois
kilomètres.
La
vallée
est
bordée de
part et d'autre par des escarpements
quasi-verticaux, les murs.
C'est à l'exploration de cette val¬
lée que fut consacrée l'expédition
FAMOUS
Oceanic
(French
American
Undersea
Survey,
Mid
Étude
franco-américaine de la dorsale médio-
atlantique) dont la plongée de XArchi¬
mède
marquait
le
véritable
début.
Pendant deux étés, trois sous-marins,
un
américain,
VAIvin,
mis en
par la Woods Hple Océanographie
Institution, et deux français, I Archi¬
mède et la Cyana, sous la responsa¬
bilité du Centre national pour l'exploi¬
tation des océans, allaient parcourir
plus de 90 kilomètres sur le fond à une
profondeur de plus de 2 500 mètres
et à une hauteur au-dessus du fond,
inférieure à 5 mètres.
Deux tonnes de roches furent pré¬
levées
23 000
en
167
sites
photographies
différents;
et
plus
de
100 heures de télévision furent enre¬
gistrées au cours des 228 heures
passées sur le fond. Grâce à des levés
de surface très précis, grâce à une
navigation de très grande qualité,
l'ensemble de ces renseignements
permit rapidement de reconstituer
l'environnement géologique détaillé
de cette vallée,
une des zones où se
fabrique le fond des océans.
Il apparut tout de suite évident que
le paysage changeait très rapidement,
depuis le volcan fissurai occupant
l'axe de la vallée, jusqu'aux pieds des
par Xavier Le Pichón
murs. Dans l'axe, il s'agit d'un pay¬
sage volcanique primaire : la croûte
océanique vient d'être créée.
On
constate, en effet, que l'âge des
roches augmente de part et d'autre
de l'axe.
Ceci se reflète dans le lent enfouis¬
sement de la croûte volcanique sous
la « neige » des sédiments calcaires,
qui proviennent du plancton superfi¬
ciel et se déposent au taux moyen de
3 centimètres par 1 000 ans, soit
30 mètres environ par million d'années.
Ainsi, après des dizaines de millions
d'années, le fond volcanique aurait dû
être
enfoui sous des épaisseurs de
plusieurs kilomètres de vase. Or, sur
le mont de Vénus, si la boue blanche
ne forme qu'un léger voile, irrégulier,
avec quelques poches d'accumula¬
tion, l'épaisseur de vase peut atteindre
quelques
mètres sur la première
marche des murs.
L'apparition progressive d'un lin¬
ceul sédimentaire de part et d'autre
du volcan indique que l'âge de mise
en place des roches volcaniques aug¬
mente régulièrement vers les murs de
la vallée.
Les
XAVIER
du
ploitation
LE
PICHÓN,
conseiller scienti¬
Centre national français pour l'ex¬
des océans,
programmes
des
est responsable des
sous-marins
scientifiques
français.
Il est directeur scientifique du
programme FAMOUS en ce qui concerne
la
participation
vrages,
française.
citons :
Parmi
L'expédition
ses
Famous,
ou¬
à
3 000 m sous l'Atlantique, éd. Albin Michel,
1976
(écrit
en
collaboration
avec
Paris
Claude Riffaud),
collaboration
et Le fond des Océans (en
avec
Guy
Pautot),
collection
«Que sais-je », éd. P. U. F., Paris 1976.
30
ces
des
roches
observations.
confir¬
L'âge de
nord
et
constatait
craque
mont
de
Vénus
est
la
zone
d'injection actuelle. On peut le com¬
parer à un gigantesque chou-fleur qui
aurait grossi en gonflant, craquelant
la croûte superficielle, suintant la
lave
à
travers
les fêlures.
Les suin¬
tements produisent des bourgeonne¬
ments aussitôt gelés.
Ces formations volcaniques très
particulières, propres au monde sousmarin, résultent du fait que la lave
gèle quasi-instantanément au contact
de l'eau. Une croûte se forme qui
deux
donnant
atteindre
mont
de
modes
tecto¬
naissance
à
des
la
source
de
lave
ou
la
chambre magmatique, deux ou trois
kilomètres au-dessous, si la pression
dans cette chambre est suffisante, le
magma moins dense monte à travers
les fissures et donne naissance à un
deuxième
mode,
le
mode
extrusif
(c'est-à-dire sans projection ni écou¬
sensibles)
où toute trace de
tectonique extensionnelle est aussitôt
ensevelie
sous
FAMOUS
murs. Tout se passe donc comme si
la
vallée
s'était
progressivement
élargie au cours des cents derniers
milliers d'années par injection de
laves en fusion dans sa partie axiale.
du
champs de fissures. Lorsque celles-ci
sont
suffisamment
ouvertes
pour
centaine
milliers d'années sur les
sud
niques : un mode purement extensionnel durant lequel la croûte est
étirée, distendue, se craquelle, puis
construction.
de
au
si, durant l'ouverture de cette vallée,
on
mise en place de la lave est très
récent à l'axe, mais atteint près d'une
Le
fique
Au
Vénus, les plongées ont révélé l'exis¬
tence de véritables champs de fis¬
sures ouvertes. Tout se passe comme
lement
datations
mèrent
isole thermiquement la lave sousjacente et lui permet de rester liquide
assez longtemps. On a donc des
formes d'écoulement qui ne peuvent
s'épancher horizontalement puisque
tout épanchement latéral est aussitôt
freiné. En conséquence, tout se cons¬
truit, bourgeonne en hauteur, d'où
l'origine du chou-fleur !
le
volcan fissurai
en
Cette petite vallée que l'expédition
a
étudiée avec un tel luxe
de soins forme le plancher du rift
atlantique. Il s'agit du trait le plus
important à la surface de notre pla¬
nète. Pourtant, on en a longtemps
tout ignoré, car sur la plus grande
partie de
longueur,
océans
ses 60 000 kilomètres de
il serpente au fond des
sous
2 500
à
3 000 mètres
d'eau.
, Le rift est une fêlure dans la pel¬
licule surperficielle rigide qui enve¬
loppe la Terre, la lithosphère. Le long
de
cette
fêlure
suinte,
de
manière
quasiment continue, à l'échelle des
temps géologiques, le magma basal¬
tique venu des profondeurs. Ce suin¬
tement de basalte en fusion crée les
nouveaux
fonds
océaniques
à l'axe
La Cyana (à gauche), petit
sous-marin français, est l'un
des trois engins d'une expédition
franco-américaine qui explora
en 2 ans, sur plus de 90 km,
une vallée au fond de l'Atlantique.
Ci-dessous, une caverne basaltique
photographiée en 1974 .
par 2733 m de fond.
Photos © CNEXO. Pans
dité et acquièrent les propriétés phy¬
siques de rigidité de la lithosphère,
cette partie solide de l'écorce ter¬
restre. Il y a accretion (ou accroisse¬
ment
de
masse)
de
nouvelle litho¬
sphère
océanique à chacune des
plaques. Cette accretion est symé¬
trique par rapport à la zone d'injection,
le
refroidissement
s'effectuant
de
manière identique de part et d'autre.
La lithosphère océanique est donc
formée par un processus d'accrétion
par rapport à la zone d'injection,
appelée frontière d'accrétion ou rift.
En
s'élargissant,
l'océan
gressivement évoluer.
du rift, où
vient d'être
Dans
va pro¬
la zone
la nouvelle lithosphère
créée, sa température
moyenne est très élevée.
En consé¬
quence,
la
densité, moyenne est
faible et la profondeur d'eau est rela¬
du
rift
et
c'est cette
création
de
nouveaux fonds océaniques qu'a étu¬
dié l'expédition FAMOUS.
L'étude
du
rift
fournit
la
clef
du
modèle
dynamique
global
actuel,
modèle qui explique la dérive des
continents par l'expansion océanique
à
l'axe
des
dorsales.
Grâce
à
cette
clef, il est maintenant possible de
reconstituer la géographie du fond
des
océans
au
cours
de
leur évolu¬
d'années, il n'y avait ni océan Indien,
ni océan Atlantique, il y avait par
contre un très large océan alpinohymalayen, là où se trouvent main¬
tenant ces chaînes de montagnes. La
naissance et le développement d'un
océan sont dus au processus de créa¬
tion de croûte qu'a étudié l'expédi¬
tion FAMOUS au fond du rift.
La manière par laquelle la vallée du
rift
s'élargit
progressivement
par
injection de laves nouvelles à son axe,
tivement faible aussi, entre 2 500 et
3 000
mètres.
Lorsque
l'âge de la
lithosphère augmente, elle se refroidit
et sa température moyenne diminue.
Elle se contracte donc et la profon¬
deur d'eau augmente.
En gros, une portion d'océan est
d'autant plus profonde qu'elle est
âgée. Il y a donc approfondissement
symétrique de la surface de la croûte
tion, c'est-à-dire à la fois leur paléo¬
morphologie et le paléo-environne¬
ment tel qu'il
est révélé par les
les roches plus anciennes s'écartant
océanique depuis l'axe du rift jus¬
qu'aux bords des continents. La partie
la plus récente (quelques dizaines
de part et d'autre, est celle-là même
de millions d'années) a la forme d'un
couches
qui
sédimentaires
sous
les¬
quelles le fond volcanique a été pro¬
gressivement enfoui.
Pour bien
comprendre pourquoi
l'étude du rift permet de saisir l'évo¬
lution des océans, il faut savoir que
l'exploration scientifique des océans,
durant ces vingt dernières années, a
révélé que la croûte océanique, à la
permet
au
fond des océans de
Le rift océanique est la zone de
rupture entre deux plaques en écartement. Les roches profondes remon¬
tent
triangle
isocèle
sommet,
croître.
alors
dans
le
vide
ainsi
très
la zone du
aplati
rift,
dont
le
est à 2,5-,
3 km de profondeur et dont la base
est
de
plusieurs
centaines de
kilo¬
mètres.
créé.
On appelle cette portion de l'océan
Une partie du basalte produit par
fusion partielle atteint la surface pour
former la croûte océanique de 5 à
6 km d'épaisseur, suivant le pro¬
la dorsale médio-atlantique. Étant la
est éphémère.
cessus
Les océans naissent, se dévelop¬
pent et meurent en un intervalle de
FAMOUS.
plus récente et la plus éloignée des
apports continentaux, la croûte océa¬
nique n'y reçoit que la « neige » des
sédiments pélagiques observée durant
l'expédition FAMOUS.
Ce sont
les phénomènes ther¬
miques qui dominent : les roches pro¬
dépasse
différence de
la
croûte continentale,
temps inférieur à deux cents millions
d'années,
soit
seulement
un
vingt-
cinquième de l'histoire du globe.
Ainsi,
il
y
a
deux cents millions
étudié
fondes très
durant
chaudes
l'expédition
remontent sans
cesse dans la zone d'injection. En se
refroidissant, elles perdent leur flui
Lorsque
l'âge
70
de
millions
la
lithosphère,
d'années,
le
refroidissement est proche de son
maximum
et
la
profondeur,
qui k
dépasse 5 500 mètres, n'augmente r
31
, plus que très lentement avec l'âge
C'est le domaine du bassin océanique,
la seconde province caractéristique
de
l'océan
avec
la
dorsale
médio-
Pcéanique.
La
profondeur
bassin
a
plus
comme
grande
conséquence
du
une
température plus basse des eaux du
fond, une pression plus élevée et une
non-saturation de ces eaux en carbo¬
nate et en silice. Ces eaux dissolvent
donc aisément les squelettes fragiles
des organismes planctoniques.
Dans un bassin éloigné des conti¬
nents,
en dessous de 4 500 mètres
environ, seuls les sédiments très fins
produits de l'érosion des roches conti¬
nentales peuvent s'accumuler sur le
fond après un transport par les cou¬
rants ou par les vents. Leur taux de
dépôt extrêmement faible ne dépasse
pas un millimètre par 1 000 ans. Ces
« argiles rouges » recouvrent les zones
de « collines abyssales » qui corres¬
pondent à l'ensevelissement du relief
volcanique initial.
Toutefois, si un bassin océanique
est proche d'un continent et n'en
est pas séparé par un fossé actif
jouant le rôle d'un piège, les sédi¬
ments terrigènes, produits de l'éro¬
sion
des
continents,
peuvent se
déposer beaucoup plus rapidement
et niveler complètement la morpho¬
logie initiale.
Il s'agit alors des plaines abyssales.
été
effectués
dans tous les océans,
depuis l'océan Antarctique jusqu'à
l'océan Arctique. Il est impossible de
faire ¡ci une synthèse de l'ensemble
des résultats obtenus par cet immense
effort de recherche auquel collabore
l'ensemble
tifique
de la communauté scien¬
mondiale.
Et
ceci,
d'autant
plus que cet effort est en pleine pro¬
gression et se développe très rapide¬
ment. Son importance pour la recons¬
titution
de
l'environnement
de
notre
globe aux différentes époques géo¬
logiques et, en particulier du climat,
est évidente.
En effet, pour reprendre les termes
du pionnier de l'océanographie mo¬
derne, le professeur Maurice Ewing,
1 alors
que
le
continent
peut
être
comparé à un tableau noir sur lequel
les informations sont régulièrement
effacées
par
l'érosion,
dans
les
océans, il s'agirait plutôt d'un mur
qui recevrait une série de couches
de peinture. L'information est donc
présenté mais enfouie. Il suffit de
pouvoir pénétrer sous les couches
supérieures pour y avoir accès. C'est
ce que permet le Glomar Challenger.
A titre d'exemple, on peut esquis¬
ser un tableau rapide de l'évolution
de l'océan Atlantique Nord, entre
l'Afrique et l'Amérique du Nord, telle
qu'elle apparaît d'après les résultats
des forages
Cet
du Glomar Challenger.
océan
s'est progressivement
notamment
ouvert depuis 180 millions d'années,
apportés par des avalanches boueuses
déclenchées sur les pentes continen¬
tales et qui se transforment en cou¬
rants turbides, c'est-à-dire chargés
de particules en suspension.
au taux moyen de 3 centimètres par
an. La caractéristique principale de
ce bassin est donc son élargissement
et son approfondissement au cours
du temps,
accompagnés par une
modification complète de la circula¬
tion océanique, en surface bien sûr,
mais surtout en profondeur.
Les
sédiments
y
sont
Dans la pratique, il n'est pas facile
de
reconstituer
évolution
effet,
si
tuer de
dans
le
détail
cette
des fonds océaniques. En
l'on
sait
manière
maintenant resti¬
assez sûre la confi¬
guration géométrique et la morpho¬
logie d'un océan au cours de son
évolution, depuis le stade du rift
continental originel jusqu'au stade
actuel, il est beaucoup plus difficile
de
reconstituer
ment.
C'est
le
l'étude
sédimentaite
ce sujet les
paléo-environne¬
de
la couverture
qui nous a apporté à
indications principales.
C'est là un des rôles les plus impor¬
En effet, au début de son histoire,
il s'agit d'un bassin fermé au nord et
au sud, situé près de la zone équatoriale, et qui n'a donc pas accès aux
sources d'eau froide polaire. Cette
situation pourrait être comparée à
celle de la Mer Rouge actuelle. Le
bassin
s'approfondit
lentement
et
ses eaux profondes deviennent sta¬
Il
est
probable
datant du
que
les
dépôts
tout début de l'ouverture,
comprennent du sel, au moins dans la
portion nord du bassin. Il a été déposé
dans un bassin étroit, peu profond,
1968
confiné
les
États-Unis
et mené
et
soumis
maintenant conjointement par six
nations, les États-Unis, l'URSS, la
chaud
et
nates,
dans
République fédérale d'Allemagne, le
Japon,
la
Grande-Bretagne et la
oxygéné,
France.
Grâce
au
navire
foreur
Glomar
Challenger, capable de forer à plus de
1 500 mètres sous le fond de l'océan
pour une profondeur totale atteignant
près de 7-000 mètres, nous connais¬
sons
maintenant
roches
la
succession
sédimentaires
qui
se
des
sont
déposées en divers points du fond des
océans
au
cours
de
leur
évolution.
A ce jour, plus de 400 forages ont
3?
1 10 et 80 millions d'années,
continentaux.
Grâce à la séparation de l'Europe et
de l'Amérique du Nord (80 millions
d'années) puis du Groenland et de
l'Europe (60 millions d'années), cette
dernière séparation créant la mer de
Norvège,
une circulation profonde
vigoureuse s'établissait. Une circu¬
lation
semblable
à
la
circulation
actuelle s'établit, grâce à l'accès aux
sources d'eau froide. Il s'agit d'une
phase d'érosion et de non-dépôt.
A partir de 45 millions d'années,
la régression du niveau de la mer
s'étant déjà largement amorcée, la
sédimentation est caractérisée par
les apports des produits d'érosion du
continent dans la partie profonde du
bassin et au pied des marges. Ce type
de sédimentation ira en s'accentuant
jusqu'à 1 5 millions d'années avec
toutefois des phases d'érosion vers
30 millions d'années, au moment du
début de la
antarctique.
glaciation
du continent
A partir de 3 millions d'années,
l'ère glaciaire qui s'est installée dans
l'hémisphère nord entraîne une accu¬
mulation massive des produits d'éro¬
sion grossiers, provoquée par les très
fortes régressions de l'océan durant
les phases principales d'avance gla¬
ciaire. C'est l'époque de formation
des plaines abyssales. Depuis la der¬
nière phase, il y a 11 000 ans, ces
apports grossiers ont nettement dimi¬
nué, le niveau de la mer étant remonté
de plus de 100 mètres.
De FAMOUS au Programme de
forage en eau profonde, l'exploration
du fond des océans, en progressant
dans toutes les directions,
fait donc
apparaître un schéma cohérent d'évo¬
lution d'ensemble et nous permet,
pour la première fois, de reconstituer
de manière précise les variations de
l'environnement global au cours des
deux cents derniers millions d'années.
gnantes.
tants du programme DSDP (Deep
Sea Drilling Project, Programme de
forage en eau profonde), débuté en
par
Entre
on note une phase volcanique ma¬
jeure, sans doute liée au début de la
fragmentation entre l'Europe et l'Amé¬
rique du Nord. D'autre part, la mer
envahit les continents et les produits
d'érosion sont piégés sur les plateaux
sec.
lui
à
un
climat
très
Des sédiments carbo¬
un
environnement
ont fait suite.
bien
La pro¬
fondeur restait sans doute inférieure à
2 000 mètres mais augmentait pro¬
gressivement. A partir de 140 mil¬
lions d'années, la profondeur dépas¬
sait certainement 3 000 mètres et les
eaux profondes semblaient devenir
stagnantes pendant de longues pé¬
riodes,
comme
dans
la
Mer
Noire
actuelle. Des dépôts, riches en pro¬
duits organiques en sont caractéris¬
tiques. La présence «d'argiles rouges»
indique pour la première fois une
profondeur grande.
Cette période cruciale a vu le peu¬
plement
progressif des continents
par les êtres vivants, peuplement qui
a culminé avec l'apparition des an¬
cêtres de l'homme, à peu près à
l'époque où le climat glaciaire s'ins¬
tallait dans
l'hémisphère
nord.
Il
paraît certain que ces variations cli¬
matiques
très
importantes,
mais
encore si mal comprises, ont joué
un rôle critique dans la progression
du peuplement humain.
C'est
seulement
de
l'étude
de
l'océan que nous pouvons espérer
en obtenir une compréhension d'en¬
semble.
Mais
l'océan
est
un
milieu
très complexe dont la véritable explo¬
ration commence à peine et il est
encore difficile de prévoir ce qu'ap¬
porteront les années à venir..
Xavier
Le
Pichón
Nos lecteurs nous écrivent
UNE
EN
REVUE
UNESCO
BRAILLE
Je suis aveugle, professeur de let¬
tres dans un lycée de Nancy et j'ai
pris avec grand intérêt connaissance
de
la
revue
de
l'Unesco
en
versions de cette revue en français,
anglais et espagnol seront distribués
gratuitement. Pour toute demande,
LA
s'adresser à M. F. Potter, Centre d'in¬
monde (mai 1975) me suggère ces
thèmes de réflexion : Faut-il que le
monde entier se sente coupable, face
à la famine si tous les peuples n'ont
formation des visiteurs,
Fontenoy, 75700 Paris.
7, place de
Braille.
rier de /'Unesco,
INSTRUIRE
le seul à les apprécier. Par ailleurs,
cette revue représente pour les aveu¬
gles un moyen supplémentaire d'en¬
est abonnée au Courrier de /'Unesco,
aux aveugles de certains pays dont
l'univers social et culturel reste singu¬
lièrement limité. Pour eux, plus encore
que pour nous, cette parution repré¬
sentera une note d'espoir, si elle peut
les atteindre.
L'Unesco
me
semble
particulière¬
mais je n'ai jamais pris le temps de
vous écrire pour vous remercier du
plaisir et des connaissances que vous
nous procurez : belles reproductions
d'objets d'art, information sur les cul¬
tures anciennes ou étrangères, nou¬
velles
et
fascinantes
à tous mes amis de s'abonner à votre
revue : c'est celle qui contient le plus
d'informations et le plus de raisons
d'espérer. En la lisant, je sais que
nous appartenons tous au
même
monde, et
mes
humaine.
devoir
de
fraternité
mais
aussi de justice, puisqu'au-delà des
différences et des inégalités physiques
tous
les
hommes
ont
droit
à l'infor¬
mation et à la culture.
C. Poncin
:
Nancy, France
N. D. L. R. Le premier numéro de la
Revue Unesco en Braille, paru en
avril 1976, a reçu un accueil chaleu¬
reux. L'Unesco augmentera le tirage
des deux numéros prévus en 1977,
de
manière
à
satisfaire
toutes
découvertes
scientifiques, et toujours, lorsqu'un
problème est posé, les divers moyens
de le résoudre sont présentés. Je dis
ment à même de rappeler aux hom¬
leur
la
faim
dans le
ment? Que l'on continue à mettre au
Cela fait quinze ans que ma famille
contact avec le monde et elle
sur
et appropriée, le maximum de rende¬
m'ont fort intéressé
permettra certainement à certains de
sortir de la solitude dans laquelle ils
demeurent encore. A ce point de vue,
en France, nous pouvons être consi¬
dérés comme privilégiés par rapport
numéro
du sol, par une exploitation intensive
ET AMUSER
et je suis persuadé que je ne serai pas
trer en
Votre
DANS LE MONDE
pas la capacité ou la volonté de tirer
Les articles contenus dans ce premier
numéro, et entièrement tirés du Cour¬
FAIM
à
la
même
communauté
J'ai trouvé que votre numéro d'aoûtseptembre 1976 était plein d'inven¬
tion,
de
couleurs
et
d'informations,
qu'il « instruisait en amusant ». J'ai
remarqué aussi que le petit person¬
nage qui part à l'aventure et découvre
l'Unesco
et
ses
réalisations,
monde de plus en plus d'enfants sans
se soucier des possibilités de les
nourrir, la responsabilité doit-elle nous
en être imputée à tous? Est-ce vrai¬
ment la volonté du Créateur que la
Terre soit surpeuplée au point que
seules les famines, les guerres, les
catastrophes y apportent une com¬
pensation? L'aide des nations occi¬
dentales est-elle judicieuse si elle
aboutit à enrayer les efforts de ceuxlà mêmes à qui elle est destinée? Une
responsabilité partagée ne pourrait
découler que du fait que les pays tech¬
niquement avancés ont
exploité à leur propre
sources naturelles des
loppement, qu'ils les
de tous temps
profit les res¬
pays en déve¬
ont appauvris
en ne payant qu'à un tarif dérisoire
les denrées et les matières premières
qu'ils en ont tirées. Le dédommage¬
ment n'a jamais correspondu à une
réelle contrevaleur entre les biens qu'ils
en recevaient et ceux qu'ils leur four¬
nissaient. Autrement dit, les termes de
« vient
l'écharige ne correspondaient pas, de
de 1 37 pays » mais « appartient bien
à tout le monde ». Il nous est présenté
de telle façon, qu'il pourrait, réelle¬
ment, être de presque tous les pays.
part et d'autre, à l'index des coûts de
la vie. La prospérité des pays occiden¬
taux s'est faite, sans le moindre doute,
au détriment des colonies.
les
Jean Mallinson
Jos. Hässig
demandes émanant de 120 pays. Des
West Vancouver, Canada
Saint-Gall, Suisse
LES PROMESSES DE
L'OCÉAN (suite de la page 22)
nous en recevons mille fois moins que
de l'atmosphère. Travailler au contact
des eaux de surface ne peut plus nous
apprendre beaucoup. Il faut donc uti¬
Isaacs à son auditoire d'Edimbourg,
que la rivière Tweed fournit autant
d'énergje en s'écoulant en douceur
dans la mer que si elle tombait d'une
liser l'observation à distance. L'acous¬
chute de 200 mètres ? »
tique en donne justement la possi¬
bilité. »
La
communication
de
l'académi¬
cien Brekhovskikh a été présentée à.
un symposium consacré aux nouvelles
méthodes de l'océanographie. Ce
symposium a été réuni par le Pro¬
fesseur John Isaacs (de la Scripps
Institution of Oceanography) à qui
l'on doit nombre d'idées originales
dans ce domaine. N'a-t-il pas proposé
de remorquer des icebergs depuis
l'Antarctique pour résoudre les pro¬
blèmes
aussi
d'eau
eu
de
la
Californie?
Il a
l'idée des brise-lames flot¬
tants récemment essayés pour pro¬
téger les ports.
Le professeur Isaacs a lancé un
thème nouveau : l'énergie de sali¬
nité. La désalinisation demande beau¬
coup d'énergie.
l'énergie devrait
processus
Il s'ensuit que de
être libérée par le
inverse :
la
salinisation.
« Qui aurait cru, déclara le Professeur
Les recherches sur l'énergie de
salinité ont été décrites par Sidney
Loeb (Département de la Recherche
de
l'Université
Ben
Gourion
du
Ne-
guev, Israël). Si l'on place une mem¬
brane semi-perméable entre de l'eau
douce et de l'eau salée, l'eau douce
passe par osmose dans l'eau salée.
, L'énergie obtenue est liée à la pres¬
sion osmotique : c'est ce que Loeb
' appelle « une chute d'eau osmotique ».
Cette pression atteint 1 5 atmo¬
sphères. Cela n'est pas négligeable,
mais on pourrait obtenir dix fois plus
en combinant de l'eau de mer à de la
saumure; par exemple aux eaux de la
Mer Morte.
L'obstacle réside dans la
membrane dont le prix rend l'énergie
osmotique quatre fois plus chère que
lise un courant électrique pour désaliniser l'eau de mer mais fonctionnant
à
l'envers.
L'énergie de salinité est, selon les
termes d'isaacs, « une source d'éner¬
gie immense, cachée, presque invi¬
sible»... énergie équivalente à celle
qu'engendre la différence de tempé¬
rature
entre
surface
et
fond
des ,
océans tropicaux. Que le rendement
en soit bas, seulement 3 pour cent à
l'heure' actuelle, ne le chagrine pas :
« Si
nous fournissions
seulement
le
centième d'un pour cent à un petit
village de l'embouchure du Gange,
ce serait appréciable ! »
Et il conclut ainsi sur un tel sujet,
présenté pour la première fois lors
d'une réunion océanographique inter¬
nationale :
«Cela
donne
une
bonne
idée du monde de surprises que
l'océan tiendra toujours en réserve
pour ceux qui l'étudient. »
Dan Behrman
l'électricité aux États-Unis.
Il
existe
une
autre
méthode :
la
« batterie dialytique ». C'est la tech¬
nique de l'électrodialyse où l'on uti
33
Ol
U
ES
L3
lu
La vulgarisation
Conférence générale de T Unesco
POUR la première fois depuis vingt
ans, la Conférence générale de
l'Unesco s'est réunie hors du Siège
de l'Organisation à Paris. En effet, la
19e
a
lieu
du
26
octobre
au
30
no¬
vembre 1976 à Nairobi (Kenya).
' Menée
du
début
à
la
fin, avec
une',
volonté de coopération et de conciliation,
animée par ce qu'on a appelé « l'esprit
Nairobi »,
elle
a
abouti
à
une
série
d'importantes décisions sur les tâches
futures de l'Organisation. En approuvant
le programme proposé par le Directeur
général, en adoptant la déclaration sur le
rôle
de
l'Unesco
dans
le
domaine
des
sciences et de la technologie et en pre¬
nant conscience de l'explosion du phéno¬
mène
de
la
communication,
rence générale a indiqué
pour les années à venir.
la
des
Confé¬
priorités
vé,
définissant
ainsi
une
orientation
à
moyen terme, qui facilitera l'efficacité du
travail de l'Organisation dans les. do¬
maines de sa compétence, éducation,
sciences
exactes,
culture
et
communi¬
cation.
La
contribution
de
l'Unesco à' l'ins¬
santes sociales et culturelles, a été défi¬
nie ainsi que son rôle dans la deuxième
décennie pour le développement.
Grâce à un groupe de rédaction et de
négociation, un consensus a pu être
obtenu pour un certain nombre de pro¬
blèmes sujets â controverse. L'unanimité
promotion
des
droits
de
tence de ce nouveau secteur.
La
Conférence générale a également
approuvé les décisions de la première
réunion de plus de cent ministres et hauts
fonctionnaires responsables de l'éduca¬
tion physique et du sport en créant un
Comité intergouvernemental pour pré¬
parer les statuts d'une commission per¬
manente. Les États-Unis ont lancé à
l'Unesco une invitation à tenir dans leur
pays une conférence sur le sport et l'édu¬
cation physique.
L'éducation permanente, l'éducation
de masse, l'élimination de toute opposi¬
tion
entre
melle
l'éducation
et
la
formelle
nécessité
de
et
des
La
États
membres de
décentralisation
faveur
de
des
l'Unesco.
efforts
en
l'éducation a vivement retenu
l'attention des participants qui ont insisté
sur la priorité à accorder à la planification
et à la formation des maîtres, à la pro¬
duction « bon marché » d'équipements
ainsi qu'à l'emploi des langues natio¬
L'accent a
été mis sur l'éducation
en tant qu'instrument. de nature à proté¬
ger l'identité culturelle.
La Conférence générale s'est déclarée
solidaire de l'action du gouvernement
grec qui a lancé une campagne mon¬
diale pour la préservation de l'Acropole;
elle a aussi autorisé le Directeur général
à
entreprendre
cinq
nouvelles cam¬
pagnes
internationales :
réanimation
de la Médina de Fès (Maroc), préserva¬
tion de Hérat (Afghanistan), mise en
valeur de Sukhothai (ancienne capitale
de la Thaïlande) et du patrimoine culturel
de l'Ethiopie, du Kenya, de la Tanzanie
Le projet de déclaration concernant les
et de l'Ouganda, et restauration du patri¬
principes de l'emploi des moyens de
grande information en vue du renforce¬
ment de la paix et de la compréhension
moine architectural du Guatemala endom¬
propagande
l'apartheid a
sion (1978).
et
de
la
lutte
contre
magé par les séismes de 1976.
Le
la
belliciste,
le
racisme
et
été renvoyé à la 20e ses¬
Sur le plan pratique, tous les États qui
vaste
nales
de
programme
culture
amorcé
au
cours
des
années précédentes se poursuivra et
concernera les cultures asiatiques traditionnelles et contemporaines, la culture
arabe,
les
cultures
africaines,
les
cul¬
tures
contemporaines
de
l'Amérique
Latine, les cultures européennes et les
majorité des États concernés a été cen¬
D'autre part,
mise en ouvre
études trans-culturelles.
l'Unesco poursuivra la
d'un large programme
de promotion du livre et de la lecture axé
sur la production et la distribution d'ou¬
vrages notamment dans les pays en voie
de développement.
Le nouveau budget de 224 413 000 $
pour
le
biennium
1977-1978 a été
Sur le plan administratif, la Conférence ' générale s'est prononcée pour
l'emploi d'un nombre plus important de
femmes par le Secrétariat.
voté sans une seule voix contre et avec
Il faut noter, d'autre part, que la par¬
la volonté de conciliation a été évidente.
seulement 12 abstentions tandis que le
Fonds de roulement de l'Organisation a
été doublé passant de 8 millions à
faite
16 800 000 dollars.
rablement facilitée par le système de
télécommunication expérimental francoallemand « Symphonie » utilisant deux
satellites géostationnaires.
La
Conférence
générale
a
approuvé
la création, dans le cadre de la restruc¬
turation du
Secrétariat, du nouveau sec¬
teur des Sciences Sociales, pour répondre
au besoin d'appliquer les connaissances
au développement intégral. Des activités,
telles que les politiques nationales rela¬
tives à la population et à la jeunesse
34
scientifiques : le Prix scientifique Unesco
a été attribué à un ingénieur français,
Alfred Champagnat, pour ses recherches
sur la biosynthèse des protéines à partir
du pétrole. Le Prix Kalinga de vulgarisa1
tion scientifique a été partagé entre deux
lauréats,
le biologiste
brésilien José
Reis et le physicien mexicain Luis Estrada
Martinez, qui l'un et l'autre ont écrit de
nombreux ouvrages de vulgarisation et
fondé des clubs scientifiques pour le
grand public et la jeunesse.
Borobudur
la
coordination
Conférence à
entre
les
en exposition itinérante
Le Ministre de la culture du gouverne¬
ment belge et le gouvernement indoné¬
sien ont coopéré à l'organisation d'une
importante exposition consacrée à Boro¬
budur, le fameux sanctuaire bouddhique
de Java, datant du 8e siècle de notre ère,
et à l'art javanais. A l'appui de cette ex¬
position, l'Unesco prépare des docu¬
ments photographiques et des diagram¬
mes qui permettront de comprendre dans
tous
travaux de
Nairobi et le Secrétariat
de l'Organisation à Paris a été considé¬
ses
temple
détails
de
la
reconstruction
Borobudur,
mise
du
en
grâce à la Campagne internationale de
sauvegarde lancée par l'Unesco. L'ex¬
position qui s'ouvrira à Bruxelles en jan¬
vier
1977
circulera
ultérieurement dans
les grandes villes d'Europe.
Élection du nouveau
président du Conseil
exécutif de l'Unesco
Le
d'études régio¬
ne faisaient pas encore partie d'une
région ont été inclus dans les activités
régionales. Israël, dont l'entrée dans la
région européenne a été acceptée par la
suré pour ses fouilles à Jérusalem par
référence à la résolution de la précédente
session de la Conférence générale et pour5
son retard à répondre à la demande d'en¬
voyer une mission dans les territoires
occupés. Dans l'ensemble de ces débats,
M. Amadou-Mahtar M'Bow, Directeur
général de l'Unesco, a décerné le 9 dé¬
cembre, au Siège de l'Unesco, deux prix
infor¬
promouvoir
s'est manifestée par exemple sur la
nécessité d'suvrer en vue d'équilibrer les
échanges d'informations et sur la priorité
à donner aux pays les moins favorisés.
internationale
scientifique à l'honneur
l'éducation des adultes ont obtenu l'adhé¬
nales.
tauration d'un nouvel ordre économique
international, avec toutes ses compo¬
la
tion de ces droits, seront de la compé¬
sion
Pour la première fois, un plan de six
ans a été longuement discuté et approu¬
que
l'Homme et l'étude des causes de viola¬
session de la Conférence générale
eu
de
ainsi
rrp
C. J.
1er
décembre
Martin
dernier
M. Leonard
(Royaume-Uni)
a
été élu
Président du Conseil exécutif de l'Unes¬
co. M. Martin, qui participe depuis long¬
temps aux travaux de l'Unesco, a été
Secrétaire
de
la
Commission
nationale
du Royaume-Uni pour l'Unesco de 1962
à 1965, et délégué permanent de son
pays de 1965 à 1968. Le Conseil exécu¬
tif est chargé de superviser la mise en
du programme de l'Unesco entre
les sessions de la Conférence générale
de l'Unesco.
Scolarisation en
milieu multilingue
Perspectives, 'revue trimestrielle de
l'Unesco, analyse dans son dernier nu¬
méro (vol. VI. n° 3, 1976) les problèmes
de la scolarisation en langue maternelle;
en milieu multilingue. Des spécialistes de
divers pays (Inde, URSS, France, Nige¬
ria, Sri Lanka, Pérou, Yougoslavie, Ca¬
nada),
examinent
maintes
questions
l'éducation.
Ainsi:
«Pour
une meilleure
transmission des savoirs et des valeurs»,.
« Le choix des langues en Afrique », « L'en¬
seignement des sciences dans les langues ,
chaine
de l'éducation franco-ontarienne »
ne citer que quelques titres.
session
à
l'automne
1978,
au
o
soulevées dans ce domaine particulier de
La Conférence générale de l'Organisa¬
tion des Nations Unies pour l'éducation,
la science et la culture tiendra sa pro¬
siège de l'Organisation à Paris.
5
5
nationales à Sri Lanka », « La renaissance
pour
<
a
o
Vient de paraître
La nouvelle édition du
guide international de l'Unesco
pour les études à l'étranger
o
tf
années universitaires 1977-1978 et 1978-1979
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l'Unesco
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pour
l'édition française du « Courrier » :
cutta
Maison
Jean De Lannoy,, 112, rue du Trône, Bruxelles 5.
CCP. 708-23. Édition néerlandaise seulement: N.V.
Keesinglaan 2-18, 21000
The Educational Co. of Ir. Ltd., Ballymont Road Walkmstown, Dublin 12.
ISRAEL. Emanuel Brown, formerly
Blumstem's
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35,
Allenby
Road
et 48,
RÉP. POP. DU BÉNIN. Librai¬
Nachlat Benjamin Street, Tel-Aviv; 9 Shlomzion Hamalka
7000
mentation,
71
Possenbacher
(Prinz
Strasse
Ludwigshohe).
Handelmaatschappij
Keesing,
Deurne-Antwerpen.
rie nationale,
-
B.P. 294.
2,
RÉP.
8000
München
DÉM.
Porto Novo. -
ALLE¬
BRÉSIL.
Fun-
3-5-820
12,
Section,
700016; Scmdia House, Nouvelle-Delhi
110001.
IRAN. Commission nationale iranienne pour l'Unesco, av.
Iranchahr Chomah N° 300, B P. 1 533, Téhéran, Kharazmie
Publishing
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and
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Box 14/486, Téhéran. -IRLANDE.
Jérusalem.
ITALIE.
Licosa
(Librería
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daçao Getúlio Vargas, Serviço de Pubhcaçôes, Caixa
postal 21120, Praia de Botafogo, 188 Rio de Janeiro,
G.B.
BULGARIE.
Hemus,
Kantora
Literatura,
bd Rousky 6, Sofia. - CAMEROUN. Le Secrétaire
général de la Commission nationale de la République unie
missionana
du
Cameroun pour l'Unesco, B.P. N° 1600, Yaounde.
CANADA. Publishing Centre, Supply and ServicesCanada,
22,
Grand-Rue,
Luxembourg.
MADAGASCAR.
Toutes les publications : Commission nationale de la
Ottawa KIA 0S9. - CHILI. Editorial Universitaria S.A.,
casilla 10220, Santiago. - RÉP. POP. DU CONGO.
Librairie populaire. B P. 577, Brazzaville.
CÔTE-
populaire
D'IVOIRE.
Centre
d'édition
et
de diffusion africaines,
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4541, Abidjan-Plateau. - DANEMARK. Ejnar
Munksgaard Ltd., 6, Norregade, 1165 Copenhague K.
EGYPTE
(RÉP. ARABE
D'). National
Centre for
Unesco
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1
Talaat
Harb
Street,
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ESPAGNE. Toutes les publications
y compris le «Courrier»: DEISA - Distribuidora de
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Madrid 20; DEISA - Distribuidora de Publicaciones Ibero¬
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Beyrouth.
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Rép. dém,
l'Éducation
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LUXEMBOURG.
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Paul
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Brück,
de Madagascar pour l'Unesco, Ministère de
nationale, Tananarive.
MALI. Librairie
du
Mali,
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28,
Bamako.
-
MAROC.
Librairie « Aux belles images », 282, avenue Mohammed-V,
Rabat, C.C.P. 68-74. «Courrier de l'Unesco»: pour les
membres du corps enseignant : Commission nationale
marocaine
pour
l'Unesco
20,
Zenkat
Mourabitine,
Rabat
(C.C.P.
324-45}. - MARTINIQUE. Librairie
«Au Boul'Mich», 1, rue Perrinon, et 66, av. du Parquet,
972, Fort-de-France. - MAURICE. Nalanda Co., Ltd.,
30, Bourbon Street, Port-Louis. - MEXIQUE. CILA,
Sullivan 31
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bis, México 4, D.F. SABSA,
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Roume,
2005,
Sénégal» B P. 1954, Dakar.
- SÉNÉGAL. La
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Dakar,
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SUÈDE. Toutes les pu¬
blications :
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C E.
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SLOVAQUIE. S NTL. Spalena 51, Prague 1 (Exposi¬
tion permanente); Zahramcni Literatura, 1 1 Soukenicka,
Prague 1 .
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TOGO. Librairie Évangélique, B P. 378. Lomé; Librairie
du
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Bon
Pasteur,
777,
diffusion,
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Istanbul.
Lomé.
BP
-
1164,
Lomé;
TUNISIE.
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Moderne,
tunisienne
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Hachette.
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Istiklal
Caddesi;
Beyoglu,
U.R. S. S. Mejdunarodnaya Kniga, Moscou,
G-200. - URUGUAY. Editorial Losada Uruguaya, S.A.
Librería Losada, Maldonado, 1092, Colonia 1340, Monte¬
video.
YOUGOSLAVIE.
Jugoslovenska
Knjiga,
Terazije 27, Belgrade. Drzavna Zalozba Slovénie, Titova
C 25,
P.O.B.
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Kinshasa.
50,
Ljubljana.
-
RÉP. DU ZAIRE. La
Institut national d'études politiques, B.P. 2307,
Commission
nationale
de
la
Rép.
du
Zaïre
pour ('Unesco, Ministère de l'Éducation nationale, Kinshasa.
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PLONGÉE A
DEUX
Ce sous marin de poche (4 mètres de long, 3 moteurs électriques,
1 500 kilos, 5 heures d'autonomie, 2 passagers) est une véritable « jeep »
des chantiers de la mer à la disposition des ingénieurs pour l'examen
des pipelines immergés au large de la Louisiane (États-Unis).
Transportable par avion, ce modèle de véhicule utilitaire est fabriqué
en série. Il équipe aussi, par exemple, des services d'étude de pêcherie,
de prospection, etc. Toutes sortes de véhicules sous-marins sont utilisés
aujourd'hui par les chercheurs et les exploitants dans divers pays
du monde (voir photos pages 16, 24, 28).
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