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LOI
DE
PÉRICLÈS
SUR LA CITOYENNETÉ
(451/450).
Sous Antidotos, à cause du grand nombre de citoyens, et sur la proposition de Périclès, les Athéniens
décidèrent que ne ferait pas partie de la cité celui qui ne serait pas né de parents l’un et l’autre citoyens.
Aristote, Constitution des Athéniens, 26, 4.
2. Le peuple s’étant excusé de son ingratitude
envers lui, Périclès accepta à nouveau de faire de
la politique et, élu stratège, il demanda d’abroger
la loi sur les bâtards, qu’il avait jadis lui-même
proposée, afin que le manque d’héritiers ne fît pas
disparaître complètement sa maison, son nom et
sa famille. 3. Voici quelles furent les circonstances
de cette loi. Alors que Périclès, bien des années
auparavant, était l’Athénien le plus influent dans la
vie politique et qu’il avait, comme je l’ai dit, des
enfants légitimes, il fit inscrire une loi selon
laquelle ne seraient Athéniens que les enfants nés
de père et de mère athéniens. 4. Lorsque le roi
d’Égypte envoya au peuple un présent de quarante
mille médimnes de blé, il fallut les distribuer aux
citoyens. De nombreux procès, en vertu de cette
loi, furent intentés aux bâtards qui jusqu’alors
passaient inaperçus ou étaient regardés d’un œil
indifférent. Beaucoup de gens même tombèrent
sous le coup d’accusations de sycophantes. Près
de cinq mille personnes condamnées furent ainsi
vendues. Celles qui gardèrent la citoyenneté et
furent reconnues pour athéniennes furent recensées au nombre de quatorze mille quarante.
5. Il semble étrange qu’une loi qui avait été appliquée au préjudice de tant de personnes pût être
abrogée par celui-là même qui l’avait proposée.
Mais le malheur qui s’abattait, au sujet de sa
maison, sur Périclès, comme si ce dernier recevait
quelque châtiment de sa hauteur et de sa fierté,
fléchit les Athéniens. Il leur sembla qu’il était
victime de la Némésis et que sa demande n’avait
rien que d’humain, et ils consentirent à ce que son
bâtard fût inscrit dans sa phratrie, avec son nom.
Plutarque, Vie de Périclès, 37, 2-5.
Comprendre les documents et leurs centres d’intérêt
– L’accès à la citoyenneté à Athènes, la loi de Périclès restreignant cet accès, la citoyenneté des femmes, le statut des « bâtards », l’inscription des citoyens;
– les avantages que l’on tire de la citoyenneté, les motivations de la loi de Périclès
(cf. Le monde grec, Paris, Bréal, 2010, p. 109) ;
– à partir de l’exemple de Périclès, la question de la diminution du nombre des citoyens.
Présenter les documents
– Deux documents de nature différente, Plutarque s’intéressant à la portée de la loi de
Périclès;
– circonstances de cette loi (?) et date de la demande de Périclès à la fin de sa vie (429).
Construire un plan à partir des centres d’intérêt suivants
– La loi de Périclès, sa portée, ses difficultés d’interprétation;
– ses motivations, les citoyens jaloux de la citoyenneté. La remise en cause de la loi;
– les modalités d’inscriptions de citoyens, ou d’octroi de la citoyenneté.
4. Les institutions et la vie politique athéniennes aux Ve et
IVe
siècles a. C.
1
L’ACTIVITÉ
DES ASSEMBLÉES DU PEUPLE.
L’ordre du jour
3. Les prytanes […] sont chargés de réunir le
Conseil et le peuple, le Conseil tous les jours à
l’exception des jours de vacance, le peuple quatre
fois par prytanie […]. 4. Ils rédigent l’ordre du jour
des assemblées.
L’une d’elles, l’assemblée principale, doit confirmer par un vote à mains levées les magistrats, si
elle est d’avis qu’ils s’acquittent bien de leur
magistrature. Elle délibère sur l’approvisionnement et sur la défense du pays. C’est en ce jour
que ceux qui veulent présenter des eisangélies
doivent le faire. On lit les registres des biens
confisqués et les instances engagées pour l’attribution d’une succession ou d’une fille épiclère,
afin que nul n’ignore la vacance d’aucun bien. 5.
Lors de la sixième prytanie, outre les sujets ci-
dessus, les prytanes mettent à l’ordre du jour un
vote à mains levées sur l’ostracisme, pour décider
s’il y a lieu ou non d’y procéder, et les plaintes
contre les sycophantes, présentées jusqu’à trois
par des Athéniens et trois par des métèques, et
contre quiconque n’aurait pas tenu ses engagements envers le peuple.
6. Une autre assemblée est consacrée aux
suppliques, au cours de laquelle celui qui le désire
peut déposer un rameau de suppliant pour entretenir le peuple des affaires qu’il veut, publiques ou
privées.
Les deux autres concernent le reste des affaires.
Les lois ordonnent que dans chacune d’elles on
traite de trois affaires sacrées, de trois affaires de
hérauts ou d’ambassadeurs, de trois affaires
profanes. Il arrive parfois que la délibération se
fasse sans vote préalable à mains levées.
Aristote, Constitution des Athéniens, 43, 3-6.
Un décret athénien (403/402)
Décision du Conseil et du peuple : la tribu
Erechthéis exerçait la prytanie, Képhisophôn du
dème de Paiania était secrétaire, Euclide archonte,
Pythôn du dème de Kédoi épistate, Eu… a fait la
proposition d’accorder l’éloge à Posès de Samos
parce qu’il est un homme de bien à l’égard des
Athéniens. Qu’en échange du bien qu’il a fait au
peuple, le peuple lui donne 500 drachmes pour la
confection d’une couronne. Que les trésoriers
donnent l’argent. Qu’on l’introduise devant le
peuple et qu’il obtienne du peuple tout le bien
possible. Que le secrétaire du Conseil lui remette
immédiatement le rouleau du décret. Que les
Samiens venus à Athènes soient invités au
banquet donné au prytanée le lendemain.
J. Pouilloux, Choix d’inscriptions grecques, Paris, Les Belles Lettres, 1960, rééd. 2003, n° 24, l. 16-23.
Comprendre les documents et leurs centres d’intérêt
– L’essence et la variété des affaires politiques dans une cité grecque;
– les explications techniques, qu’il faut savoir pondérer et intégrer à un commentaire organisé
selon un plan dynamique, et non comme une suite d’articles de dictionnaire;
– le processus de vote d’un décret à l’Assemblée;
– l’organisation des séances de l’Assemblée (cf. Le monde grec, Paris, Bréal, 2010, p. 105106 et p. 126).
Présenter les documents
– Nature de chaque document: une enquête d’Aristote et de ses disciples sur le système politique athénien, un décret (se reporter à J. Pouilloux, ouvrage cité, p. 21-23 pour l’analyse
d’un décret);
– un Samien est récompensé en 403: attitude de Samos à la fin de la guerre du Péloponnèse.
Construire un plan à partir des centres d’intérêt suivants
– L’étendue et la variété des affaires politiques et des compétences de l’Assemblée;
– l’organisation des séances, le vote d’un décret.
2
4. Les institutions et la vie politique athéniennes aux Ve et
IVe
siècles a. C.
LA
TRIÉRARCHIE.
4. Aux termes de votre décret, quiconque n’aurait
pas amarré son navire avant la fin du mois devait
être mis en prison et traduit devant un tribunal, et
ce décret est devenu exécutoire. Moi, j’ai été le
premier à amarrer mon navire et c’est pourquoi
j’ai reçu de vous la couronne, alors qu’eux, ils
n’avaient même pas mis leur navire à flot. Ils sont
donc passibles d’emprisonnement. […] 5. De plus,
les agrès que la cité doit fournir aux triérarques,
moi, je les ai fournis à mes propres frais, sans rien
recevoir des finances publiques, alors qu’eux, ils
se servent des vôtres sans rien avancer de leur
côté. Et comment pourraient-ils prétendre avoir
procédé aux exercices avant moi ? Ils n’avaient
pas encore touché à leur trière que la mienne avait
son équipage au complet, et vous avez tous vu
mon navire aux exercices. 6. De plus j’ai recruté
les plus forts rameurs, en dépensant, de loin, le
plus d’argent. Eux, s’ils en avaient de moins bons,
ce ne serait pas étonnant ; mais ils n’ont pas
encore payé quiconque, alors qu’ils prétendent
avoir plus de rameurs. Comment diable est-il
juste, alors qu’ils ne compléteront leurs effectifs
que plus tard, que dès maintenant ils reçoivent la
couronne comme s’ils avaient été prêts les
premiers ? 7. […] Après avoir cherché qui voudrait
se charger de la triérarchie au moindre prix, ils ont
attribué la liturgie en payant un salaire.
Démosthène, Sur la Couronne triérarchique, 4-7.
37. Nous vous prions, juges, de nous secourir à
cause d’Apollodoros et à cause de son père, car
vous constaterez qu’ils n’ont pas été des citoyens
inutiles, mais, plus que quiconque, zélés à votre
égard. 38. Le père a rempli toutes les autres liturgies et, pour la triérarchie, il n’a cessé de la
remplir durant toute sa vie, en équipant le navire
non grâce à une symmorie comme on le fait
aujourd’hui, mais à ses propres frais, sans être le
second triérarque, mais en étant seul ; sans laisser
un intervalle de deux ans entre chaque triérarchie,
mais sans interruption ; non comme s’il s’acquittait d’une corvée, mais de son mieux. En récompense et en souvenir de ses services vous lui avez
accordé des honneurs, et quand son fils fut
dépouillé de ses biens, vous l’avez secouru ; vous
avez obligé ceux qui les détenaient à les rendre.
Isée, La Succession d’Apollodoros, 37-38.
Comprendre les documents et leurs centres d’intérêt
– Les renseignements qu’ils donnent sur la tâche du triérarque (cf. Le monde grec, Paris,
Bréal, 2010, p. 103);
– les explications à donner sur la désignation des triérarques, le coût d’une triérarchie;
– l’état d’esprit des triérarques: recherche des honneurs? civisme? avantages qu’ils
pensent en retirer ?
Présenter les documents
– Plaidoyers où l’accusé ou le défendeur plaide lui-même sa cause, mais dont le discours a
été écrit par un logographe. Inutile de présenter longuement les auteurs et, surtout, inutile
de parler de la carrière de Démosthène (qui, ici, parle vers 359. Il ne faut pas confondre
le plaidoyer d’où est issu l’extrait avec le Sur la Couronne, qui date de 330 environ);
– présenter le contexte de chaque procès.
Construire un plan à partir des centres d’intérêt suivants
– Renseignements ou explications sur la tâche du triérarque;
– le coût et les avantages que le triérarque peut espérer en tirer;
– l’esprit de compétition ou de civisme. Les réticences des riches et les aménagements
de la désignation des triérarques.
4. Les institutions et la vie politique athéniennes aux Ve et
IVe
siècles a. C.
3
Dissertation expliquée
La concorde à Athènes au
IVe
siècle
1 - Élaboration du devoir
A - Réflexions générales : définir le sujet
Ses termes
Concorde
Il s’agit de l’accord entre citoyens (l’homonoia en grec, c’est-à-dire la similitude d’état
d’esprit); définie négativement, c’est l’absence de guerre civile, positivement, c’est la
bonne entente. Elle peut avoir deux aspects: pratique, la concorde sociale entre des gens
de classes différentes, ou de partis différents ; idéologique, la concorde dans les esprits,
et les discours qui sont tenus pour la promouvoir. Le terme suppose un examen de ce que
pourrait être la discorde à Athènes.
à Athènes
À cause de la spécificité de l’histoire d’Athènes au IVe siècle, par rapport à celle d’autres
parties du monde grec, le sujet n’intéresse guère que l’ensemble des citoyens. On peut
laisser de côté la concorde entre maîtres et esclaves, même si les théoriciens, comme
Platon, s’y intéressent beaucoup, car ce n’est pas un sujet spécifiquement athénien, et la
concorde entre citoyens et métèques, sur laquelle il n’y a pas beaucoup à dire, sauf
qu’elle est peut-être favorisée par la démocratie, si l’on pense à l’attitude d’un Lysias
pendant l’oligarchie des Trente.
IVe
siècle
Les limites chronologiques sont celles de la constitution démocratique, de 403 à 322. Le
sujet est en effet un sujet d’histoire politique, de réflexion sur les rapports entre l’histoire
sociale et l’histoire politique. C’est pourquoi il convient de lui conserver une unité,
autour de la constitution démocratique.
Les lectures (outre Le monde grec, Paris, Bréal, 2010, chapitre 4)
AUSTIN, M. et VIDAL-NAQUET, M., Économies et sociétés en Grèce ancienne, Paris, Colin, coll. U2,
1972, rééd. 2007, p. 150-177 ; 360-406 (ensemble de textes).
FOUCHARD, A., Aristocratie et démocratie. Idéologies et sociétés en Grèce ancienne, Annales littéraires
de l’université de Franche-Comté, n° 656, Besançon et Paris, 1997.
SCHMITT PANTEL, P. et de POLIGNAC, F. (dir.), Athènes et le politique. Dans le sillage de Claude Mossé,
Paris, Albin Michel, 2007.
THÉRIAULT, G., Le Culte d’Homonoia dans les cités grecques, Lyon, 1996.
Les événements qui jalonnent le sujet
– Le rétablissement de la démocratie et l’amnistie de 403;
– l’opposition entre citoyens riches et citoyens pauvres;
– la politique guerrière, et les accords ou désaccords qu’elle suscite à Athènes, en fonction des intérêts de chacun;
– les ressources financières d’Athènes: leur provenance et leur utilisation;
– le théorikon;
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4. Les institutions et la vie politique athéniennes aux Ve et
IVe
siècles a. C.
– les débats, à Athènes, sur la concorde dans la cité, discours publics ou débats dans des
écoles philosophiques.
Les écueils à éviter
– Développer de vagues généralités, valables pour tous les temps et tous les pays;
– ne pas voir que le sujet est surtout un sujet politique, sur les rapports entre les riches
et les pauvres à travers le fonctionnement des institutions;
– revue des institutions athéniennes (citoyenneté, organes de pouvoir) pour elles-mêmes.
B - Construire un plan
Définir une problématique
Si un tel sujet, de prime abord assez abstrait, est donné, c’est pour comparer la relative
concorde sociale qui règne à Athènes aux troubles multiples que connaissent la plupart
des autres régions du monde grec, comme le Péloponnèse (voir le traité de Poliorcétique
d’Énée le Tacticien, édité par A. Dain et A.-M. Bon, Paris, Les Belles Lettres, CUF,
1967). C’est aussi pour s’interroger sur ce qui paraît être au centre de la discorde entre
riches et pauvres à Athènes: la question de la guerre et, surtout, des finances et du théorikon. À cause de l’importance du thème de la concorde dans les discours politiques et
dans les cercles philosophiques, il convient aussi de parler des propositions et des idées:
chez Xénophon pour augmenter les revenus d’Athènes (les Revenus); chez Isocrate et
d’autres « modérés » pour revenir à une démocratie « des ancêtres », où chacun, riche
ou pauvre, avait la place qui lui revenait (Aréopagitique); chez Platon, qui imagine deux
cités idéales, dans la République et dans les Lois, cités aristocratiques (à l’opposé de
l’exemple athénien) mais où doit régner la concorde.
Repérer les articulations possibles du plan
On peut hésiter entre un plan chronologique (restauration démocratique, années de
guerre et d’impérialisme, années du théorikon) et un plan thématique considérant
d’abord les affrontements qui peuvent se produire, puis les institutions qui favorisent la
concorde, et enfin les discours sur la concorde, ou les propositions qui la favorisent.
2 - Rédaction du devoir
Introduction
L’importance des guerres civiles dans le monde grec au IVe siècle, surtout suscitées par
des revendications de terres ou d’abolition des dettes: voir le texte de fondation de la
Ligue de Corinthe, dirigée par Philippe II de Macédoine, en 337. Athènes apparaît à
l’abri de ces troubles: il y règne une relative concorde sociale, sur laquelle on peut s’interroger. Indiquer les limites du sujet, comment on le comprend, et la façon dont on
entend le traiter.
1 - Les affrontements entre citoyens
a) Entre oligarques et démocrates
Après le régime des Trente, dont le caractère violent lui a valu d’être appelé tyrannie des
Trente, personne n’ose plus, publiquement, se montrer favorable à l’oligarchie. Socrate,
tenu moralement responsable de certains de ses auditeurs oligarques, et que l’on retrouve
dans les dialogues platoniciens, comme Charmide ou Critias, est condamné au nom
d’une certaine idée de la concorde: ne pas bouleverser les idées reçues. Ceux qui contestent le bien-fondé de la démocratie ne le font que dans des cercles philosophiques d’initiés, en particulier à l’Académie, autour de Platon.
4. Les institutions et la vie politique athéniennes aux Ve et
IVe
siècles a. C.
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b) Entre pauvres et riches
– L’affrontement ne porte pas sur la propriété foncière ni sur l’endettement. On peut
discuter de la répartition des terres après la guerre du Péloponnèse : ventes plus
fréquentes de terres en friche ? Appauvrissement d’une petite paysannerie ? Il semble
que les différences de fortune s’accroissent, mais les quatre cinquièmes des
Athéniens sont des propriétaires fonciers en 403 (proposition de Phormisios). Les
pauvres, c’est-à-dire simplement, le plus souvent, ceux qui travaillent, ne se révoltent pas contre les riches.
– Mais ils peuvent influencer la vie politique, en favorisant une politique guerrière et, plus
tard, impérialiste, s’ils pensent trouver, par l’engagement, un salaire. Utiliser les témoignages des comédies d’Aristophane: l’Assemblée des femmes en 392, Ploutos en 388.
Les riches, qui supportent les frais des triérarchies et de l’eisphora, sont défavorables à
une politique guerrière qui ne se nourrit pas elle-même, par le butin ou l’impérialisme.
Si cette politique a pu trouver un certain équilibre, donc bénéficier d’un accord, au temps
de la seconde Ligue athénienne, elle est ruinée par la défaite dans la guerre des Alliés
(357-355).
– La répartition de l’effort de guerre a été l’objet, de la part des riches, de luttes politiques, afin de le reporter le plus possible sur les classes aisées, voire moyennes. Ainsi
s’expliquent les lois concernant la création des symmories, d’abord de l’eisphora en
378, puis triérarchiques en 357. Démosthène a dénoncé, assez tardivement, les effets
pervers de cette dilution des responsabilités triérarchiques.
– Le théorikon apparaît aussi être un enjeu dans un affrontement entre riches et pauvres.
Il est constitué des surplus des différentes caisses de l’État, lorsque les dépenses relevant de chaque caisse ont été réglées. Les riches peuvent contester cette destination,
fonds des spectacles, qui sert aussi à sustenter les pauvres. Dans la démocratie athénienne, au Ve comme au IVe siècle, un des aspects de la vie politique est la répartition
des avantages que l’on tire des biens collectifs, alors que l’on ne constate pas
d’affrontement direct entre riches et pauvres à propos des conditions de la production.
– Le fonctionnement de la justice peut aussi être un aspect de cet affrontement (cf. le
texte des Guêpes d’Aristophane, de 422 [cf. Le monde grec, Paris, Bréal, 2010,
p. 118-121], car Démosthène fait encore allusion à cette question en 340/339 dans la
Quatrième Philippique, 35-45, où il dénonce les sycophantes).
2 - Les institutions démocratiques et la concorde
a) La loi d’amnistie de 403
Son contenu et le prestige que la démocratie en tire. L’idéologie démocratique accapare
l’idée de concorde. Importance des serments de fidélité à la démocratie. La démocratie
conçue comme la véritable « constitution des ancêtres », et fondée sur l’obéissance aux lois.
b) Le serment des héliastes
Démosthène, XXIV, Contre Timocrate, 149-151. Loin d’être révolutionnaire, il garantit
les propriétés contre des revendications de partage des terres.
c) Les institutions aristocratiques de répartition des richesses
entre les Athéniens
Les liturgies, coûteuses pour les riches, mais qui leur valent du prestige et, parfois, la
reconnaissance de leurs concitoyens, sont une sorte de redistribution de la richesse, non
seulement sous forme de nourriture ou de salaires, mais aussi sous forme de fêtes.
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4. Les institutions et la vie politique athéniennes aux Ve et
IVe
siècles a. C.
d) Les misthoi
Ils concernent l’Héliée, l’Assemblée, le Conseil, les soldats. Aristote, dans la
Constitution des Athéniens, estime qu’au Ve siècle, un grand nombre d’Athéniens en
vivaient, grâce aux revenus et à l’administration de l’Empire. On peut douter qu’il en
soit encore ainsi au IVe siècle, car l’indemnité n’est que ponctuelle, et d’un montant peu
élevé. Mais le misthos reste le « ciment de la démocratie ».
e) Le théorikon
Il peut être décrié par certains riches, mais il fait partie de la politique mise en œuvre par
Eubule. Ce dernier peut être considéré comme un modéré qui tenait surtout à écarter une
politique guerrière et impérialiste, défavorable aux riches. On peut donc dire que cette
institution est le symbole, non pas de la discorde entre Athéniens, mais de la concorde:
il est le prix à payer pour la paix sociale, et aussi, dans une certaine mesure, pour la paix
extérieure, puisque les fonds ainsi distribués aux pauvres ne sont pas investis pour l’armement. Étudier les divergences et les convergences entre Démosthène et Eubule sur
cette question du théorikon, en fonction des principes, ou des circonstances.
3 - Les discours sur la concorde à Athènes
On peut considérer tout discours ou projet qui concerne la concorde entre riches et
pauvres, entre ceux qui se considèrent comme l’élite et les gens ordinaires, ou qui
concerne l’accroissement des revenus de la cité pour la satisfaction de tous.
a) Les Revenus de Xénophon
Xénophon n’est pas un homme politique athénien, mais l’on note une coïncidence de
date entre la publication des Revenus (355) et la mise en œuvre de la politique
d’Eubule visant à augmenter, par la paix et la prospérité des affaires, les revenus, indirects, de la collectivité athénienne. Xénophon, connu par ailleurs pour ses idées aristocratiques, imagine diverses mesures pour donner à la cité les moyens de nourrir tous
les Athéniens pauvres. Mais il ne s’agit pas de misthoi qui les encourageraient à participer à la vie politique.
b) Isocrate
Isocrate apparaît comme le maître à penser des « modérés » athéniens. Dans ses
discours, il prône souvent la concorde (homonoia), qu’il conçoit comme une concorde
sociale entre riches et pauvres, mais aussi comme une concorde de mentalités, formée
par l’éducation. Son discours intitulé l’Aréopagitique (de 354 sans doute) est un appel à
cette concorde, par l’imitation d’une constitution ancestrale idéalisée, où l’Aréopage,
conçu comme un conseil des sages, reprendrait un rôle de premier plan.
c) Platon
Ne pouvant ou ne voulant faire de la politique sur le terrain, sauf auprès des tyrans de
Syracuse, après l’échec de son oncle Critias et la condamnation de Socrate, Platon n’a
cessé de critiquer fondamentalement la démocratie, sans pour autant admettre les thèses
oligarchiques révolutionnaires violentes. La République (vers 385-370) est un essai de
cité idéale où les producteurs et les travailleurs, exclus de tout pouvoir guerrier et politique, doivent cependant vivre en concorde avec leurs gardes, qui eux-mêmes doivent
vivre dans une harmonie parfaite, condition essentielle de leur pouvoir. Dans les Lois
(vers 370-348), Platon propose une société figée par des lois, de sorte qu’aucune évolution ne puisse remettre en cause la valeur de celles-ci et leur autorité, car c’est, pour lui,
la cause des troubles dans les cités.
4. Les institutions et la vie politique athéniennes aux Ve et
IVe
siècles a. C.
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Conclusion
Athènes est une cité dont on connaît assez bien la vie politique et sociale, mais surtout
par des plaidoyers qui, naturellement, dépeignent l’adversaire sous les traits les plus
noirs. Dans n’importe quel procès, on a l’impression que l’autorité des lois et la
concorde de la cité sont en jeu. En réalité, Athènes connaît une remarquable paix sociale
au IVe siècle, grâce à la démocratie, que certains considèrent comme une démagogie.
Mais l’on s’aperçoit que même des « modérés », comme Eubule, représentant plutôt les
intérêts des riches, ont été les promoteurs de cette politique.
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4. Les institutions et la vie politique athéniennes aux Ve et
IVe
siècles a. C.
Dissertations proposées
Alcibiade
Réfléchir aux termes et intentions du sujet
– Alcibiade (451/450-404/403) est un personnage fascinant et controversé. Il incarne
une certaine façon d’être d’Athènes pendant une période troublée;
– il représente un type d’aristocrate, l’un des derniers dirigeants issus des grandes
familles athéniennes, voulant briller à la tête d’une puissante cité démocratique, mais
cachant mal son mépris de la démocratie.
Recenser les aspects à étudier
Lire Thucydide (Guerre du Péloponnèse) et Xénophon (Helléniques) en ayant recours à
un index de chaque œuvre pour trouver les passages pertinents; lire la Vie d’Alcibiade,
de Plutarque;
– le personnage, son milieu, sa formation, ses rapports avec Socrate, sa richesse, la gloire
qu’il obtient aux concours olympiques;
– ses tribulations en politique intérieure et extérieure;
– en quoi il est le représentant d’une tradition aristocratique.
Définir les articulations possibles du plan.
Associer le plus possible la chronologie et les thèmes
– La formation d’un jeune aristocrate;
– l’ambition d’un aristocrate dans une démocratie;
– Alcibiade et le salut d’Athènes.
4. Les institutions et la vie politique athéniennes aux Ve et
IVe
siècles a. C.
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Les non-citoyens et la cité aux
Ve
et
IVe
siècles
Réfléchir aux termes et intentions du sujet
– Sujet classique, dont la problématique repose sur la relative intégration ou la stricte
séparation des femmes, des enfants de citoyens, comme des esclaves ou des étrangers
par rapport aux citoyens, en termes de droits, d’obligations;
– le terme « cité » doit être entendu dans un sens politique. Il ne s’agit pas de décrire la
vie ou les occupations des non-citoyens sur le territoire de l’Attique, ni de dire en quoi
ils sont indispensables à la vie économique.
Recenser les aspects à étudier
Les statuts juridiques, les non-citoyens et la propriété, la justice, l’armée, l’impôt, les fêtes
religieuses, les possibilités et les modalités d’accès au corps civique. En quoi la cité montre
son pouvoir à l’égard des non-citoyens (cf. Le monde grec, Paris, Bréal, 2010, p.101-104
sur Athènes et, pour un sujet comparable sur Sparte, ibidem, p. 77-79 et 84-89).
Définir les articulations possibles du plan
– Les femmes et les enfants;
– les esclaves et la cité;
– les étrangers et la cité.
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4. Les institutions et la vie politique athéniennes aux Ve et
IVe
siècles a. C.
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