Corrigé - CHRD Lyon

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SPORT ET IDÉOLOGIE
L’Italie fasciste
1. Analyse de la photo de l’équipe de football italienne aux J.O. de Berlin
- Situez cette photographie dans son contexte (date, lieu,…).
Cette photo a été prise lors des J.O. de Berlin, à l’été 1936.
- Présentez les sportifs qui figurent sur la photo.
Les sportifs photographiés sont les joueurs de l’équipe de football italienne, la Squadra Azzurra,
dirigée par Vottorio Pozzo. Cette équipe a remporté la médaille d’or aux J.O. de Berlin, deux ans
après avoir gagné la coupe de monde.
- De quelle façon le pouvoir fasciste utilise-t-il cette victoire à des fins politiques ?
Cette victoire relayée dans toute la presse nationale et étrangère devient un outil de propagande
politique puissant pour l’Italie de Mussolini. Au-delà de la performance sportive, ce succès obtenu
contre l’Autriche et dans la capitale du Reich, contribue à exalter la supériorité fasciste face à son
nouvel allié allemand et sur le plan international.
2. En vous appuyant sur les documents de votre choix, expliquez de quelles manières Mussolini
utilise le sport à des fins idéologiques.
En reprenant l’idée de la formation militaire de la gymnastique, déjà largement répandue en
Europe au XIXe siècle, le fascisme utilise le sport comme un moyen de forger et d’embrigader les
masses et surtout la jeunesse italienne. Mussolini veut cette dernière dynamique, forte et fidèle à
son chef, selon la devise « croire, obéir, combattre » qui illustre le caractère violent du régime.
Grâce à une intense propagande, les victoires sportives constituent autant de succès politiques.
Utilisées à l’étranger pour glorifier le régime, elles ont pour dessein de renforcer la cohésion
sociale autour d’une conscience nationale et de transformer les sportifs en héros civils. Primo
Carnera illustre parfaitement cette instrumentalisation des exploits sportifs par le fascisme
italien. Champion du monde des poids lourds en 1933, il devient le symbole vivant de la force du
régime. Il pose devant la presse internationale en uniforme fasciste en faisant le salut romain. Le
Duce lui-même montre l’exemple. Il n’hésite pas à s’exhiber comme sportif (document 2 et 3) ou à
passer en revue ses troupes au pas de gymnastique (photo du défilé de 15 000 athlètes devant le
Duce au stade Circo Massimo, le 28 août 1934). La diffusion de l’image publique de Mussolini est
presque entièrement placée sous le signe de sa prestance physique. Les médias le désignent de
manière continue comme « le premier sportif d’Italie ». D’innombrables photos représentent le
Duce dans des attitudes et des poses athlétiques.
Par ailleurs, la volonté uniformisatrice du régime se traduit par une politique de fascisation qui
embrasse tous les domaines de la société, y compris les milieux sportifs. À partir de 1928, année de
1
la promulgation de la Charte du sport, les principales associations sportives socialistes et
catholiques sont progressivement dissoutes. En même temps, le régime encadre l’activité physique
des jeunes dès 8 ans et jusqu’à l’âge adulte.
Le sport allemand aryanisé
1. Selon Hitler, quelles sont les qualités principales d’un jeune allemand « idéal » ?
Selon Adolf Hitler, « le jeune Allemand doit être mince et élancé, agile comme un lévrier, résistant
comme le cuir et dur comme l’acier de Krupp ». De telles qualités ne peuvent être obtenues qu’en
soumettant le corps à un régime spécial.
2. Par quelles mesures le régime nazi impose-t-il sa conception du sport ?
Dès leur arrivée au pouvoir, les nazis ont mis en oeuvre la nazification de la culture physique et
des sportifs, mais également utilisé le sport à des fins racialistes. Le sport allemand est épuré et
placé sous le contrôle du chef SA de Dresde, Hans von Tschammer und Osten.
Les fédérations sportives ouvrières sont interdites, les clubs chrétiens sommés d’abandonner
toute orientation religieuse, et les Juifs exclus des clubs et des championnats allemands.
L’antisémitisme d’État s’applique aussi aux terrains de sport publics, aux piscines, aux lacs et
rivières utilisés pour nager. Les Juifs n’ont plus le droit de monter à cheval, au motif qu’un cheval
allemand ne saurait être en contact avec un Juif.
3. Comment le sport contribue-t-il à embrigader la jeunesse dans l’Allemagne nazie ?
Hans von Tschammer und Osten, devenu Reichssportführer en mai 1933 déclare que « l’âge de
l’individualisme sportif a pris fin » et que le sport est désormais « une obligation » pour chaque
Allemand. Le sport est tout particulièrement intégré à la vie collective de la jeunesse à raison de
dix heures d’éducation physique par semaine afin de contrebalancer une éducation scolaire jugée
« uniquement intellectuelle. »
4. Quelles sont les conséquences de ces mesures sur les athlètes ?
Ces mesures d’exclusion n’épargnent pas les sportifs professionnels comme en atteste le cas du
boxeur juif Erich Seelig à qui le Comité des sports (composé de membres du parti nazi) retire son
titre de champion d’Allemagne de boxe mi-lourds. Le cas du Bayern de Munich illustre également
le processus d’exclusion : pression de la presse et du public sur l’entraineur de Nuremberg Jenö
Konrad pour qu’il « parte pour Jérusalem » (mai 1932), internement à Dachau du président Kurt
Landauer après la Nuit de cristal, aryanisation des magasins qui prive le club du soutien financier
des commerçants Juifs.
2
5. Répondez à l’une des trois questions suivantes, en fonction du sportif qui vous intéresse : le
boxeur Johann Trollmann, l’athlète Gretel Bergmann et les tennismen Gottfried von Cramm et Daniel
Prenn et répondez aux questions les concernant.
- Pourquoi Johann Trollmann s’est vu retirer son titre de champion d’Allemagne ? Comment réagit-il
à cette décision ? Quelles ont été, pour lui, les conséquences de l’arrivée des nazis au pouvoir ?
Le 9 juin a lieu le combat pour le titre de champion d’Allemagne entre l’Allemand aryen, Adolf
Witt et Johann Trollmann, un Sinti d’Allemagne surnommé Zigeuner (le Tsigane). Ce dernier bât
Witt après 12 rounds durant lesquels il n’a cessé de sautiller autour de son adversaire, le
frappant à l’improviste, gagnant des points et finalement le match. Mais le comité déclare le
match nul, officiellement parce que le style du boxeur n’est pas conforme, officieusement parce
qu’il est tsigane.
Par provocation, pour son dernier combat, le boxeur se teint les cheveux en blond, blanchit son
torse et se fige au milieu du ring.
Johann Trollmann est envoyé dans un camp de travail en 1938, stérilisé en 1939 avant d’être
enrôlé de force dans la Wehrmacht et expédié sur le front de l’Est. De retour de permission en
1942, il est arrêté par la Gestapo et conduit au camp de Neuengamme où il est exécuté en février
1943.
- Quelles sont les raisons, officielles et officieuses, pour lesquelles Gretel Bergmann n’est pas
retenue, au sein de la délégation allemande, pour participer aux J.O. de Berlin ?
Quoique ayant battu le record d’Allemagne de saut en hauteur avec 1,60 m, Gretel Bergmann est
écartée de la sélection allemande sous prétexte de « performances insuffisantes ». La raison de
sa non-sélection est officiellement « pour cause de blessure ». En réalité, l’athlète juive subit la
politique antisémite des nazis. Au début des années 30, elle est une première fois exclue de son
club d’athlétisme peu après l’arrivée d’Hitler au pouvoir et émigre à Londres. Après sa nonsélection aux J.O. de Berlin, elle s’exile de nouveau, cette fois-ci aux États-Unis où elle devient
championne de saut en hauteur en 1937 et en 1938. Elle acceptera d’être réhabilitée par son
ancien club et par la fédération allemande d’athlétisme qui valide en 2009 son record de 1936.
- Pourquoi les carrières des finalistes allemands du tournoi de Roland Garros de 1932, Gottfried von
Cramm et Daniel Prenn, sont-elles brisées par l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933 ?
Battus seulement par 3 matchs à 2, ces deux grands champions allemands de tennis ont manqué
ravir la coupe Davis 1932. Quatre fois champion d’Allemagne, réputé pour sa combativité sur
terre battue et son passing shot de revers, Prenn est alors au sommet de sa carrière. D’un fairplay exemplaire, assimilé à un « Aryen » par les nazis, Von Cramm s’affirme bientôt comme l’un
des tout meilleurs joueurs du monde avec deux victoires à Roland Garros (1934,1936) et trois
finales perdues d’affilée à Wimbledon (1935-1937). Leurs carrières sont brisées par les
politiques nazies de persécution des Juifs et des homosexuels.
Exclu nommément de l’équipe allemande par sa propre fédération en avril 1933, Prenn ne
bénéficie d’aucun soutien de la part de la fédération internationale et émigre à Londres.
Fils d’un baron saxon, marié à la petite-fille d’un banquier juif, von Cramm est empêché de
défendre son titre à Roland-Garros en 1937, puis emprisonné durant 6 mois pour avoir
entretenu une relation avec un jeune acteur juif. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est
affecté sur le front oriental, décoré de la Croix de fer mais exclu de l’armée en 1942. Après la
guerre, il tente de poursuivre tant bien que mal sa carrière sportive.
6. Comparez les politiques du IIIe Reich et de l’Italie fasciste. Quels points communs et différences
observez-vous ?
L’exaltation du corps et le souci de la performance sportive sont des points forts des politiques
nazie et fasciste. Le « héros sportif » naissant est dorénavant glorifié par les régimes totalitaires et
autoritaires. Les moments forts des cérémonies sont confisqués par la référence nazie (le salut
hitlérien fièrement exhibé par des milliers de spectateurs) ou en Italie, par l’omniprésence du
Duce dans l’enceinte sportive. Dans les deux pays, le sport est placé sous l’autorité et le contrôle de
l’État. Il est également utilisé comme un moyen de forger la jeunesse et d’embrigader les masses.
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De façon plus radicale qu’en Italie, le sport allemand est épuré et placé sous le contrôle du chef SA
de Dresde, Hans von Tschammer und Osten. L’exclusion et la persécution des sportifs juifs en
Allemagne sont également appliquées de manière plus intense qu’en Italie.
Sport et monde juif en Europe
1. Comment peut-on expliquer le développement des clubs sportifs juifs à la fin du XIXe siècle ?
La pratique de la gymnastique et du sport ont accompagné le double processus d’émancipation et
d’assimilation des Juifs d’Europe à l’œuvre tout au long du XVIIIe et du XIXe siècles. C’est
l’antisémitisme qui provoque, dès la fin du XIXe siècle, la création de clubs.
2. Dans quels pays apparaissent-ils-ils en particulier ? Pourquoi ?
Ils apparaissent à la fin du XIXe siècle en Europe centrale et orientale. En France, en Belgique et au
Royaume-Uni, il faut attendre l’arrivée des réfugiés politiques à la fin des années 1920 pour que
soient constitués les premiers et rares clubs sportifs explicitement juifs.
Travail, famille, patrie… et sport dans la France de Vichy
1. Pour quelles raisons le gouvernement de Vichy accorde-t-il une telle importance à l’éducation
physique de la jeunesse ? Citez deux mesures qui illustrent cette politique sportive.
L’éducation physique de la jeunesse est une obsession pour le régime du maréchal Pétain.
Politiquement, comme d’un point de vue esthétique, la propagande de Vichy ne pouvait pas
manquer sa rencontre avec le corps sportif. Pour un régime né de la défaite militaire et dirigé par
un vieil homme, il n’existe pas meilleur support pour exprimer la régénération et la re-vitalisation
de la nation, la vitalité de la jeunesse, l’esprit de sacrifice de « l’homme nouveau »et de son
obéissance au chef. Le sport fait l’objet de nombreuses décisions : avec la création, le 20 décembre
1941, de la Charte des sports, le commissariat général de l’Éducation générale et aux Sports prend
le contrôle des fédérations sportives. Dès 1941, Jean Borotra, commissaire général de l’Éducation
générale et aux Sports, impose dans les compétitions sportives le Serment de l’athlète et neuf
heures hebdomadaires d’éducation physique dans l’emploi du temps des élèves du primaire et du
secondaire.
2. À compter de 1941, lors des principales manifestations sportives, le salut olympique et le Serment
de l’athlète sont imposés. « Je promets, sur l’honneur, de pratiquer le sport avec
désintéressement, discipline et loyauté pour devenir meilleur et mieux servir ma patrie ».
Expliquez en quoi ce serment illustre la politique de Vichy.
Pour le gouvernement de Vichy, le sport participe à la diffusion et à l’intégration des valeurs de la
Révolution Nationale : discipline, ordre, esprit d’équipe et goût de l’effort.
Ce serment symbolise exactement ce qu’attend Vichy du sport : ordre, discipline, loyauté, esprit
d’équipe, désintéressement, effort, endurance, force. Nous sommes là en totale opposition avec les
valeurs hédonistes d’amusement, de détente, de plaisir jusque là véhiculées par le sport. L’heure
n’est plus à l’esprit de jouissance mais à l’austérité, à la sobriété et à la rigueur.
Le sport dans les camps d’internement
1. Que sont les « baraques sportives » ? Expliquez leur origine.
Dans les camps d’internement, les prisonniers sont installés dans des baraques, ils se rassemblent
souvent par nationalités ou par engagements politiques. Dans certains camps, ils se regroupent
par affinités sportives : c’est ainsi que sont apparues les « baraques sportives ». L’existence de ces
baraques sportives est attestée dans de nombreux camps comme à Chateaubriand, à Voves (près
de Chartres), à Pithiviers dans le Loiret, ou encore au camp de Milles en Provence. Des
compétitions sportives entre équipes des différentes baraques rassemblent toute l’assistance sur
le terrain de sport et donnent lieu à des affrontements très disputés en cross, athlétisme,
gymnastique, football, handball, escrime ou boxe.
2. Quels sont leurs objectifs ?
L’internement des militants du sport ouvrier, notamment des communistes, impliqués dans la
Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) est pour beaucoup dans la constitution de ces
baraques sportives. Elles ont un double objectif : il s’agit dans un premier temps, de faire de
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l’exercice physique afin de conserver une bonne forme corporelle et mentale et de surmonter les
angoisses dues à l’enfermement ; dans un second temps, il est question d’entraînement physique
dans le cas de tentatives d’évasion dans la mesure où les organismes sont préparés à la marche
forcée pendant plusieurs heures et aux combats lorsque les internés rejoignent le maquis.
Sport dans les ghettos et l’univers concentrationnaire
1. À l’aide des documents 1, 2 et 5, montrez dans comment le sport peut être utilisé à des fins de
propagande dans les ghettos et au sein de l’univers concentrationnaire.
Le sport et sa pratique dans les ghettos et au sein de l’univers concentrationnaire font l’objet de
nombreux films de propagande qui sont tournés pour témoigner des bons traitements réservés
aux internés. Un film de propagande est réalisé dans le ghetto de Terezin par Kurt Gerron,
réalisateur et acteur juif, à la demande du commandant du camp. Réalisé en 1944, au moment de la
visite de la Croix-Rouge, il est a pour objectif de montrer une image « idyllique » du camp, où pour
l’occasion ont été organisés un match de football et une course d’athlétisme.
2. Présentez le parcours d’un athlète qui a été déporté et montrez de quelle manière la déportation a
bouleversé sa vie et sa carrière.
- Alfred Nakache.
L’expérience concentrationnaire vécue par Alfred Nakache est marquée par le sceau de son
statut de champion de natation. Elle a largement contribué à construire l’image du « nageur
d’Auschwitz ». Né en Constantine en 1915, il devient dans les années 1930, une des figures
emblématique de la natation française. À plusieurs reprises champion de France, il poursuite
cette ascension sportive jusqu’à l’été 1942. Le régime de Vichy, tout en adoptant une législation
antisémite qui des Juifs des citoyens de seconde zone, l’autorise à nager pour défendre les
couleurs nationales. Mais le paradoxe ne dure pas : le champion est la cible des attaques des
journaux antisémites tandis que le Commissariat à l’Éducation générale et aux Sports lui interdit
de participer aux championnats de France en 1943. Il est déporté à Auschwitz en janvier 1944
avec sa femme et sa fille, assassinées dès leur arrivée. Si le surnom du « nageur d’Auschwitz »
témoigne d’un épisode tragique de la vie du nageur, il ne saurait éluder les records, la
participation aux J.O. de Berlin en 1936 et à ceux de Londres en 1948 qui font de lui un champion
français d’exception.
- Victor « Young » Perez
Né le 18 mai 1911 dans le quartier pauvre et juif de la Hara à Tunis, Younki Perez s’installe à
Paris pour mener à bien sa carrière de boxeur professionnel. Il devient champion du monde
poids mouches, en 1931, à l’âge de 20 ans seulement. Menant grand train de vie, il en vient à
livrer des combats de seconde zone. Ses 135 combats dont 91 victoires affectent durablement sa
santé. Arrêté à son hôtel le 18 juin 1943, pour défaut de port d’étoile, il est interné à Drancy puis
déporté à Auschwitz en octobre. Sélectionné pour le travail, il est affecté au camp Monowitz III,
où il se fait connaître comme ancien champion. Ses gardiens organisent alors un combat contre
un poids lourds allemand qui vise à démontrer la supériorité du combattant aryen. Le match est
finalement interrompu par les gardes SS pour éviter la victoire de Perez qui est envoyé dans les
kommandos en représailles. Il tente alors de s’évader, ce qui lui vaut d’être battu pendant
plusieurs jours. Employé aux cuisines du camp, il est inclus à l’équipe de boxe constitué par le
commandant du camp de l’automne 1943 à mai 1944. Quatre jours plus tard, il est abattu par un
garde allemand d’une rafale de mitraillette.
3. Quel sens prend le terme « sport » dans l’univers concentrationnaire ?
De pratique autorisée dans les premiers camps de concentration et les ghettos, le sport est
métamorphosé dans son essence même par les nazis pour devenir un supplice dans les centres de
mise à mort. Dans la phraséologie nazie, le sport a en effet recouvert différentes significations
mortifères comme la chasse aux Juifs sans défense, l’humiliation physique, ou la mise à mort. Pour
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les habitants des ghettos, les exercices physiques peuvent aussi être transformés par les nazis en
brimades et humiliations.
Dans les centres de mise à mort, le sport se présente sous des formes extrêmes comme ces
quelques matches de football attestés entre SS et Token Juden à Belzec ou bien entre SS et
Sonderkommandos à Auschwitz. Les champions juifs, lorsqu’ils sont reconnus, sont très souvent
humiliés et victimes de tortures « sportives ». Le champion du monde natation, Alfred Nakache
doit, ainsi, à son extraordinaire résistance physique de survivre aux amusements des SS
d’Auschwitz : aller chercher les clés et les cailloux qui lui sont lancés au fond d’une citerne d’eau
croupie et glacée.
Résister dans et par le sport
1. Dans quelle mesure les clubs sportifs ont-ils pu servir de lieux favorables au développement
d’activités de résistance ?
Que des activités sportives, souvent parmi les seules autorisées, aient pu servir de couverture à
des formes d’organisation résistantes, mériterait d’être mieux étudié. Ainsi le préfet Bousquet
dissout plusieurs clubs de ping-pong parisiens au motif qu’ils masquent d’anciennes cellules
communistes. La section socialiste de Toulouse, qui refuse de se rallier au nouveau conseil
municipal, se reconstitue sous la forme d’une association sportive. À Orléans, les dirigeants locaux
de la Résistance s’activent au sein des clubs qu’ils patronnaient déjà avant guerre. Les
déplacements sportifs peuvent également couvrir des activités de résistance et les foules des
stades servir de refuge aux combattants.
2. À partir du document ci-contre :
- Présentez ce document.
Ce document est une édition spéciale du journal clandestin Sport Libre, publié en France en juin
1944.
- Qu’est-ce que Sport libre ?
Fondé en 1941 par Robert Mension et Auguste Delaune, Sport Libre offre le seul exemple de
mouvement sportif clandestin français. Il est une illustration de la participation du sport ouvrier
aux combats de la Résistance et, plus précisément, un prolongement dans le stade de l’action
résistante communiste. Tandis qu’Auguste Delaune est arrêté par la police de Vichy et torturé à
mort en 1943, son camarade Robert Mension devient le principal dirigeant des jeunesses
communistes. Malgré ses dénonciations réitérées du Commissariat général et des fédérations
complices, Sport Libre ne parvient guère à rallier les sportifs, même parmi les adhérents de la
fédération unitaire de gauche d’avant-guerre.
3. Citez un sportif lyonnais engagé dans ce mouvement. Présentez son parcours et son action dans
la Résistance.
Tony Bertrand et Tola Vologe.
- Antonin Bertrand, dit « Tony », naît en 1912 à Lyon. De 1937 à 1939, il est champion de
France d’un concours réunissant neuf épreuves appelé « championnat olympique ». Sportif
complet, il excelle dans différentes disciplines de la gymnastique et de l’athlétisme, le basketball, le ski etc. Il intègre en janvier 1941 le Collège national de moniteurs et d’athlètes, qui lui
permet d’épouser une carrière entièrement dédiée au sport. Pendant la guerre, il agit au sein du
réseau « Sport Libre » et se lie d’amitié avec Tola Vologe. Tony Bertrand a été Adjoint aux sports
du Maire de Lyon et vice-président du Conseil général du Rhône. En 2015, la Ville a donné son
nom à la piscine du Rhône, située au cœur de la Cité.
- Tola Vologe naît à Vilnius (Lituanie) le 25 mai 1909. Enfant, il émigre à Paris avec sa
mère et deviendra plus tard un sportif de haut niveau. En témoigne sa participation aux Jeux
olympiques de 1936 à Berlin où il obtient la quatrième place dans la discipline de hockey sur
gazon. Profil singulier dans l’histoire du sport, Tola Vologe accède à une stature d’athlète
international dans trois disciplines : hockey sur gazon, athlétisme et tennis de table. Officier de
l’armée française pendant la campagne de 1939-1940, il se réfugie à Lyon avec sa mère à l’été
1940. Il devient alors l’un des animateurs du club sportif LOU.
Arrêté le 24 mai 1944, il est remis à la Gestapo puis interné à la prison de Montluc. Le 3 juin,
désigné avec d’autres détenus pour travailler au déblaiement des ruines de la Gestapo
bombardée la veille, il est abattu sur place.
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4. Expliquez en quoi les comportements d’Alfred Richter, de Luz Long ou de Matthias Sindelar
peuvent être considérés comme des actes de résistance ? Quelles sont les conséquences de leur
attitude ?
Fils d’émigrés tchécoslovaques d’origine juive, Matthias Sindelar est considéré comme l’un des
plus grands joueurs du football de l’histoire. Joueur de l’équipe de Vienne (Autriche) il refuse de
jouer sous les couleurs nazies lors de la dissolution de son équipe en 1938, prétextant de vieilles
blessures à son genou. Dans le dernier match organisé pour fêter l’Anchluss, il marque l’un des
deux buts victorieux et danse de joie devant la tribune des dignitaires nazis. Au terme de la
rencontre, il est le seul joueur, avec Karl Sesta, à ne pas faire le salut nazi. Sa désobéissance civile
fera de lui un symbole de la Résistance sportive au nazisme.
Alfred Richter et Luz Long sont des sportifs aryens. Si d’un coté, ils sont choyés par le Reich,
entièrement pris en charge par l’État qui leur offre les meilleures conditions, ils sont aussi
totalement encadrés par le parti, soumis à un entraînement et un conditionnement
psychologique extrêmement durs puisqu’ils n’ont pas le droit de perdre une compétition.
Cependant, ces athlètes et d’autres champions, souvent isolés, ont su résister à la tentative
totalitaire du régime. On parle de « dissidence civile », de non adhésion, sans ambition politique,
mais exprimant une certaine réticence envers l’embrigadement et l’idéologie officiels. Ni
politiquement antinazis ni intellectuellement engagés, Alfred Richter et Luz Long aiment la
gloire et le succès mais refusent d’incarner le modèle aryen et de se laisser utiliser par la
propagande nazie. Alfred Richter refuse de renvoyer son entraîneur juif malgré les mesures
antisémites prises par le régime nazi. Lors des jeux olympiques de 1936, Luz Long est le premier
à féliciter Jesse Owens pour sa médaille d’or au saut en longueur, lui prenant le bras et le levant
très haut devant les dignitaires nazis, pour déclarer publiquement son admiration pour son
rival, bravant ainsi l’autorité du parti nazi.
5. Dans quelles conditions Alfred Nakache nage-t-il dans les réservoirs d’Auschwitz III ? Pourquoi
nage-t-il malgré les risques encourus ?
Dans le bassin de rétention d’eau, le champion du monde de natation, Alfred Nakache, nage dans
des conditions extrêmes. Des SS lui imposent, par amusement et pour le soumettre, d’aller
chercher les clès et les cailloux qui lui sont au fond d’une citerne d’eau croupie et glacée. Le
nageur d’Auschwitz doit sa survie à son exceptionnelle résistance physique.
Parfois, il nage sans autorisation et nager devient alors un acte de résistance et de dignité
humaine face à l’indicible.
LES J.O. À L’ÉPREUVE DU NAZISME
Avant de découvrir cette seconde partie de l’exposition, testez vos connaissances sur l’histoire des J.O. en
répondant à ce quizz.
Qui a inventé les Jeux olympiques ?
Aphrodite
Lance Amstrong
x Pierre de Coubertin
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À quelle date se sont déroulés les premiers Jeux olympiques modernes ?
450 après J.C.
x 1896
2002
Que représentent les anneaux du drapeau olympique ?
les 5 disciplines sportives
les 5 couleurs primaires
x les 5 continents
À quelle fréquence sont organisés les Jeux olympiques ?
tous les 2 ans
x tous les 4 ans
tous les 5 ans
Que signifie la devise « Citius, Altius, Fortius » des Jeux olympiques ?
plus rapide, plus lourd, plus grand
x plus vite, plus haut, plus fort
respect, courage, victoire
1er–16 août, les jeux du Reich : propagande, boycott et performances
1. Comment sont préparés les J.O. par le pouvoir nazi ? Pourquoi ?
Des travaux considérables sont engagés, sous l’ordre d’Hitler, pour faire la démonstration de la
puissance technologique et industrielle allemande : un stade de 100 000 places et des
équipements extérieurs pouvant accueillir jusqu’à 250 000 spectateurs, une tour géante équipée
d’une cloche olympique en bronze, deux nouvelles stations de métro, une voie triomphale pour le
défile motorisé du Führer, un village olympique ultramoderne pour héberger les 4 400 sportifs et
les 360 délégations. Dernière innovation : l’embrasement de la vasque du stade de Berlin avec une
flamme allumée dans le sanctuaire de Zeus à Olympie.
2. Quels éléments permettent de dire que les J.O. de Berlin constituent le plus grand événement
médiatique des années 1930 et la plus grande démonstration de force nazie ?
L’organisation des J.O. de Berlin est confiée au ministère nazi de la propagande. Il recouvre
l’ensemble de la planète de cartes postales, badges, bulletins d’information édités en 14 langues,
sans oublier les 200 000 posters traduits en 19 langues et les 4 millions de brochures diffusées. Un
véritable tourisme sportif est développé avec 75 000 visiteurs dont 15 000 Américains.
Des km de lignes téléphoniques autorisent plus d’un millier de connexions en simultanées tandis
que des télétypes Siemens acheminent l’information vers les rotatives en moins de 15 min La
tribune de presse de 1 100 places se révèle insuffisante pour les 2 800 journalistes présents. Pour
la première fois, un direct radiophonique est offert aux 105 radios étrangères en direction de 300
millions d’auditeurs dans le monde. Un circuit télévisé fermé, totalement inédit, adresse son et
image à 160 000 spectateurs répartis dans 25 salles autour de Berlin.
Quelles raisons poussent les nazis à intégrer Hélène Mayer dans la délégation allemande ? Quelles sont
celles qui incitent l’escrimeuse à accepter de participer à ces Jeux ?
D’origine juive par son père, un médecin réputé et patriote, Hélène Mayer bénéficie d’une
grande popularité en Allemagne depuis sa victoire au fleuret aux J.O. d’Amsterdam en 1928, à
l’âge de 17 ans. C’est en Californie, où elle est restée étudier le droit après les Jeux de Los en
Angeles, qu’elle apprend n 1933 sa radiation de son club d’escrime. Pourtant, incarnation de la
parfaite aryenne, Hitler l’invite à participer au J.O. de Berlin au sein de la délégation allemande.
Elle devient une caution du régime nazi et de tous les adversaires du boycott.
Son ambition sportive, sa naïveté politique et se considérant elle-même comme Allemande,
Hélène Mayer répond favorablement à l’invitation d’Hitler.
4. Étude du tract ci-contre :
-
À quelle date les J.O. de 1936 ont-ils été attribués à Berlin ? En 1931.
8
-
Quel est à cette date le régime en place en Allemagne ? La république de Weimar.
-
Quel régime lui a succédé lors de la tenue des J.O. de Berlin ? Le régime nazi.
-
Pour quelles raisons des mouvements de boycott s’opposent-ils à la tenue des J.O. à Berlin ?
Trois avant la tenue des J.O. de Berlin, le New York Times donne le ton : « Les Jeux Olympiques de 1936
pourraient être annulés à cause de la campagne allemande contre les Juifs ». Non seulement les nazis
refusent « aux noirs esclaves, aux nègres, de disputer la palme de la victoire aux hommes libres », mais ils
font également barrage à la sélection de Juifs dans leurs propres équipes nationales. Sous la pression
internationale, ils autorisent finalement les athlètes juifs d’Allemagne à se préparer aux épreuves
qualificatives, mais ils leur offrent des conditions d’entraînement misérables. L’adoption des lois raciales
de Nuremberg relance le mouvement de boycott aux Etats-Unis. Mais l’accord donné à la participation des
athlètes américains aux J.O. marque la fin du boycott.
L’Olympiade populaire de Barcelone
1. Quels sont les objectifs des organisateurs de l’Olympiade populaire de Barcelone ?
Pourquoi n’ont-ils pas été atteints ?
Les organisateurs de l’Olympiade populaire de Barcelone souhaitent rassembler les sportifs
bourgeois et les sportifs ouvriers au moment même où se tiennent les J.O. de Berlin. Leur
olympiade populaire promeut un sport sain et non mercantile, pacifiste et antifasciste,
anticolonialiste et ouvert aux expressions culturelles. En prévoyant des compétitions pour l’élite,
entre les équipes des villes moyennes, entre équipes de clubs amateurs, entre femmes, elle veille à
préserver les chances de chacun.
La droite espagnole et catalane manifeste son hostilité contre ce qu’elle appelle « l’olympiade juive
er bolcheviste » et certaines fédérations internationales sportives menacent d’exclusion les
athlètes qui feraient le déplacement outre-Pyrénées. Au final, l’olympiade populaire n’a pu avoir
lieu à cause du déclenchement de la guerre d’Espagne.
2. Expliquez le choix des nageuses de l’Hakoah de Vienne de ne pas participer aux J.O. de Berlin.
Quelles ont été, pour elles, les conséquences de cette décision ?
Judith Deutsch et Ruth Langer refusent, en 1936, de participer aux J.O. de Berlin par solidarité
avec les Juifs allemands persécutés.
Cette décision leur vaut d’être déchues de leurs titres et rayées des tableaux d’honneur des
records ; elles sont toutes les deux interdites de compétition.
Grâce aux réseaux de solidarité mis en place par l’Hakoah à travers le monde, elles parviennent
à fuir Vienne peu avant la guerre. Judith Deutsch émigre en Palestine mandataire où elle
reconstruit sa vie. Ruth Langer gagne l’Italie pour ensuite émigrer au Royaume-Uni. Toutes les
deux seront réhabilitées dans leurs titres et records en 1995.
L’Olympiade sacrifiée de 1940
1. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, pourquoi peut-on dire que le monde du sport est à
l’image des relations internationales ? Illustrez votre réponse par des exemples.
La guerre par le sport, et non plus la paix par le sport. Voilà quel sens nouveau les régimes fasciste
et national socialiste veulent imposer à l’internationalisme sportif. Depuis les Jeux de Berlin, les
compétitions sportives sont, pour Mussolini et Hitler, des démonstrations de force de moins en
moins symboliques. Mais Hitler et Mussolini ne lancent pas seulement un défi sportif aux
démocraties. En jouant de la neutralité du sport, ils piègent les diplomaties anglaise et française.
Comment interpréter le salut nazi effectué par les footballeurs anglais en direction de Goebbels et
Ribbentrop, dans le stade olympique de Berlin, le 14 mai 1938 ? Poussés à faire ce geste par leurs
dirigeants et leur ambassadeur, néanmoins victorieux par 6 buts à 3, les joueurs anglais, avaientils pour mission, dans le cadre de la politique d’appesament, de préparer le terrain pour les
accords de Munich à venir le 30 septembre ? Le Quai d’Orsay participe, lui aussi, à ce jeu de dupes
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en veillant, par exemple, au bon déroulement des matchs de football contre les équipes
allemandes à Berlin en mars 1933, à Paris en 1935, à Stuttgart en 1937.
La grande majorité des dirigeants du sport international ont entretenu des rapports ambivalents
avec les régimes d’autorité.
2. Où devaient avoir lieu les J.O. de 1940 (citez les deux villes) ? Que révèle ce choix sur l’attitude du
Comité international olympique ?
Au seuil de la guerre, le CIO confient les XIIe Jeux d’été à Tokyo pour 1940 (ces jeux sont
finalement attribués à Helsinki en 1938 pour être définitivement annulés en avril 1940) et
opèrent le transfert des Jeux d’hiver de Saint Moritz (Suisse) à Garmisch-Partenkirchen
(Allemagne).
Les membres du CIO ont bien des difficultés à conserver une ligne politiquement neutre. Effrayés
par les progrès du bolchévisme et du sport prolétaire et parfois antisémites, ils sont souvent
proches des milieux conservateurs été nationalistes.
3. À partir du document ci-contre :
- Où et à quelle date ont lieu les premiers J.O. organisés après la Seconde Guerre mondiale ?
A Londres en 1948.
- Pourquoi le CIO confie-t-il les J.O. à cette ville ?
Le CIO tente de se racheter en confiant à la cité martyre de Londres le soin de faire revivre en 1948
le cycle olympique interrompu à Berlin.
- Quelles nations sont exclues de ces J.O. ? Pourquoi ?
L’Allemagne, le Japon et l’URSS sont exclues des J.O. de Londres. Les puissances américaine et
britannique de veulent pas inviter les pays fauteurs de guerre. Aucun athlète soviétique non plus,
car l’URSS ne sera admise au sein du CIO qu’en 1951.
4. Pourquoi les performances réalisées lors des J.O. de Londres sont bien souvent inférieures à celles
de 1936 ?
Les performances réalisées lors des Jeux olympiques de Londres sont bien souvent inférieures à
celles de 1936, preuve s’il en est que les organismes sont affaiblis. Douze années se sont écoulées
et nombre de champions sont morts au front ou en déportation. Pour ceux qui restent, très rares
sont ceux qi ont pu participer voire obtenir des médailles aux J.O. de 1936 et de 1948.
5. Que symbolisent les J.O. de Londres ? Dans tous les esprits, les Jeux de Londres de l’année
1948 demeurent le symbole du monde libre et de la résistance au nazisme.
Le miroir des sports et des jeux olympiques
1. Pour quelles raisons de nombreux dirigeants sportifs et athlètes compromis avec les régimes
totalitaires ou autoritaires ont échappé à l’épuration ?
Le fait que de nombreux dirigeants sportifs e d’athlètes compromis avec les régimes totalitaires ou
autoritaires aient échappé à l’épuration s’explique en premier lieu par la neutralité proclamée du
sport et l’autonomie du mouvement sportif : le CIO, par exemple, ne prononce que deux exclusions
dans ses rangs. Une deuxième explication réside dans la nécessité de consolider les régimes
occidentaux aux débuts de la guerre froide. Ainsi, Leni Riefenstahl, Peco Bauwens ou Carl Diem ne
sont guère inquiétés pour permettre à la future RFA de naître sans discorde en son sein. Secrétaire
général du Comité d’organisation des Jeux de Berlin, inventeur du parcours de la flamme
olympique, Carl Diem est même le seul Allemand invité aux Jeux de Londres en 1948. Son parcours
professionnel sous le Reich puis en RFA suscite la controverse à plusieurs reprises : lorsqu’il tente
de reconstituer le comité olympique allemand en 1947, quand il est promu responsable du sport
en RFA en 1950, à la veille de l’ouverture des Jeux de Munich, enfin dans les années 1990. On peut
alors parler d’une crise allemande de l’histoire du sport. C’est d’ailleurs le moment où les
fédérations sportives allemandes et autrichiennes font amende honorable et rendent à plusieurs
athlètes déchus et martyrisés leurs titres et leurs records.
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2. Pourquoi en France peut-on parler d’une « amnésie collective » (J-P. Azéma) concernant la
politique du sport et l’éducation physique pendant l’Occupation ?
Le France n’a pas connu un débat public dans le domaine du sport, comme en Allemagne.
L’historien ne saurait s’abstenir de rappeler que la question de l’épuration et plus généralement
de la responsabilité de l’administration française au cours des « années noires » est restée pendant
plusieurs décennies une question sensible, que seuls de nombreux débats, de travaux historiques
et de militantisme ont mis en lumière. Jusqu’à la déclaration du président de la République
Jacques Chirac (en 1995) qui reconnaissait la responsabilité de l’État français dans la persécution
des Juifs de France. Pour le sport, il faut attendre le rapport remis à la ministre des sports MarieGeorges Buffet en mars 202 sur « la politique du sport et de l’éducation physique en France
pendant l’Occupation ». Mais le document n’a jamais était publié, ni vraiment débattu dans la
presse spécialisée et au sein du mouvement sportif français. Coordinateur de ce rapport,
l’historien Jean-Pierre Azéma précise que le sport est « un des secteurs de l’administration qui a
été le moins épuré ». Et d’ajouter que le parcours après-guerre de Jean Borota, qui bénéficiera
d’une carte de résistant-déporté, et sera officiellement consulté par le haut commissaire Maurice
Herzog, « symbolise à lui seul cette amnésie collective ». Une amnésie qui concerne les membres
français du CIO, comme Melchior de Polignac, membre du comité d’honneur de groupe parisien
« Collaboration », condamné à la dégradation nationale à la Libération, et le député de Corse
François Piétri condamné à 5 ans d’indignité nationale. Ou bien les présidents des fédérations
sportives sous Vichy : René Lacoste ou Raymond Rodel pour le tennis, le député PSF Jean
Ybarnégaray pour la pelote basque. Ou bien encore les dirigeants de L’Auto, journal interdit à la
Libération et refondé sous le nom de L’Équipe.
3.
En quelle année les J.O. ont-ils été de nouveau organisés en Allemagne ? En 1972, à Munich.
4. Depuis les Jeux de Berlin, d’autres pays non démocratiques ont été choisis pour accueillir les J.O.
(Séoul en 1988, Pékin en 2008).
- Quels sont les arguments des défenseurs des droits de l’homme pour contester ces choix ?
Ils considèrent que c’est donner une vitrine médiatiques à des régimes policiers et liberticides.
-
Quels sont les arguments du CIO pour expliquer ses choix ? Le CIO affirme exercer une influence
progressiste sur les États concernés.
5. En 1961, le nom de Tola Vologe est donné au stade d’entrainement de l’Olympique lyonnais.
- Qui est Tola Vologe ?
Tola Vologe est né à Vilnius (Lituanie) le 25 mai 1909. Enfant, il émigre à Paris avec sa mère qui est juive
et devient un sportif de haut niveau en athlétisme, tennis de table et hockey sur gazon. Il participe aux
Jeux olympiques de 1936 à Berlin et obtient la quatrième place dans cette dernière discipline.
- Présentez son parcours.
Officier de l’armée française pendant la campagne de 1939-1940, il se réfugie à Lyon avec sa mère à l’été 1940.
Il devient alors l’un des animateurs du club sportif Lyon olympique universitaire (LOU), auquel il fait
prendre un essor considérable. Dans le cadre de ses activités sportives, il s’engage dans le réseau « Sport libre »
et cache des réfractaires au STO, qu’il aide ensuite à gagner le maquis.
Il est arrêté le 24 mai 1944 par la Milice qui le remet à la Gestapo. Interné à la prison de Montluc,
le 27 mai il est désigné avec d’autres détenus pour travailler au déblaiement des ruines de l’École de santé
militaire, bombardée la veille.
- Pourquoi a-t-on donné son nom au stade ?
C’est sous l’impulsion de son ami Tony Bertrand, adjoint aux sports de 1959 à 1977 sous le mandat de Louis
Pradel, que le nom de Tola Vologe est attribué au stade d’entraînement des footballeurs de l’Olympique
lyonnais. Grand champion et athlète international Tola Vologe a, grâce à son action et à son aura, largement
contribué au développement du sport à Lyon.
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