Notes sur les technologies de la santé en émergence La thermographie infrarouge comme outil de dépistage et examen de diagnostic du cancer du sein dans la population Numéro 118 Mars 2012 Sommaire Contexte La thermographie est une technique d’imagerie diagnostique non effractive, qui repose sur la technologie thermique infrarouge et qui vise à détecter des différences de température à la surface de la peau, peut-être attribuables au cancer. Le cancer du sein est la forme de cancer la plus fréquente chez les femmes au Canada. D’après la Société canadienne du cancer, 1 femme sur 9 devrait être atteinte du cancer du sein au cours de sa vie et 1 femme sur 29 en mourra1. Aucun essai randomisé visant à comparer l’efficacité de la thermographie avec celle de la mammographie dans le dépistage du cancer du sein chez les femmes bien portantes n’a déjà été mené, et il n’existe pas de données probantes sur la rentabilité de la thermographie utilisée dans le dépistage. Les études de cohortes, prospectives, menées chez des femmes présentant des symptômes ou ayant des mammogrammes ou des échogrammes anormaux ne fournissent pas le type de données probantes nécessaires pour justifier le recours à la thermographie dans le dépistage du cancer du sein. D’après les résultats, le rendement de la thermographie est moins élevé que celui de la mammographie en ce qui concerne la sensibilité, la spécificité et les valeurs prédictives ; toutefois, certains auteurs d’études estiment que la thermographie pourrait jouer un rôle comme examen diagnostique complémentaire dans certains cas. Le dépistage du cancer du sein a pour but d’améliorer le pronostic par la détection précoce de lésions malignes ou de lésions précancéreuses lorsque les chances de succès du traitement sont meilleures. Depuis plus de 40 ans, la mammographie s’est imposée comme examen de référence dans la détection du cancer du sein2. Toutefois, des questions ont été soulevées dernièrement dans les médias et dans des revues médicales sur l’efficacité de la mammographie comme outil de dépistage3-5. L’une des préoccupations a trait au rôle de la mammographie dans la réduction de la mortalité liée au cancer du sein; avec des estimations variant de 15 %6 à 40 %5, l’ampleur de son effet est incertaine. La mammographie est associée à des taux élevés de diagnostic par excès et de traitement excessif3-5 ainsi qu’à des taux élevés de faux négatifs et de faux positifs7. En outre, la pertinence du recours à la mammographie chez les jeunes femmes2 et chez les femmes ayant des seins denses8 a été remise en question. Ces préoccupations ont donc suscité un nouvel intérêt à l’égard d’autres techniques de dépistage et de diagnostic du cancer du sein. La thermographie mammaire est une technique d’imagerie diagnostique non effractive conçue pour détecter le cancer du sein et des lésions précancéreuses. Si la thermographie a pu être présentée au départ comme une solution de rechange à la mammographie, aujourd’hui elle est surtout considérée comme un outil diagnostique complémentaire en raison de l’insuffisance de données probantes à l’appui de son efficacité4. La thermographie a été conçue initialement à des fins militaires dans les années 50. Dans les années 70, elle a fait l’objet de recherche comme outil de diagnostic dans la détection du cancer du sein9. Toutefois, l’intérêt à l’égard de cette technique comme outil de dépistage a diminué en 1977, après qu’un rapport eut L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est financée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux canadiens (www.acmts.ca) fait état d’une sensibilité inférieure à celle de l’échographie et de la mammographie2. Des améliorations apportées à la précision des caméras thermographiques infrarouges et l’utilisation de logiciels évolués ont renouvelé l’intérêt à l’égard de la thermographie comme outil de diagnostic potentiel dans la détection du cancer du sein8,9. La technologie La thermographie est une technique d’imagerie non effractive, conçue pour détecter et enregistrer les différences de température à la surface de la peau, et pour fournir une représentation visuelle des rayons infrarouges émis par les tissus corporels. La thermographie est aussi connue sous le nom d’imagerie thermique ou d’imagerie infrarouge. Le principe sous-jacent à la thermographie mammaire est que l’activité métabolique et la circulation sanguine dans les tissus anormaux du sein sont plus élevées que dans les tissus normaux du sein, et qu’elles pourraient être révélatrices d’une maladie ou d’une infection. La technique repose sur l’utilisation de caméras infrarouges à haute résolution, qui prennent des images de chacun des seins. Les données recueillies par les images sont ensuite analysées par des algorithmes informatisés qui comparent des configurations infrarouges. L’examen prend de 15 à 20 minutes. La thermographie mammaire ne comporte pas de compression du sein ni d’exposition à des rayonnements2. Bien que la thermographie permette de localiser une zone anormale, elle ne peut indiquer la profondeur, le siège et la grosseur réels d’une tumeur2. Stade de la réglementation La thermographie mammaire n’est pas autorisée au Canada et elle n’est pas recommandée par Santé Canada comme examen de dépistage du cancer du sein. Voici en quels mots Santé Canada exprime sa position : « De nouvelles technologies, comme le balayage thermique (thermographie), sont évaluées afin de déterminer si elles sont efficaces et sans danger. Les allégations selon lesquelles la thermographie permettrait de diagnostiquer le cancer du sein n'ont pas encore été prouvées, et l'équipement utilisé n'est pas autorisé au Canada pour le dépistage du cancer du sein. »10 La thermographie est utilisée à des fins d’imagerie dans différentes affections, y compris le cancer du sein, dans des centres médicaux privés, partout au Canada11. On annonce même dans certains de ces centres que la thermographie devrait compléter la mammographie. La Food and Drug Administration (FDA), aux États-Unis, a inscrit la thermographie comme examen complémentaire dans la détection du cancer du sein, dans la catégorie de matériel médical de classe II12. En juin 2011, la FDA a publié une mise en garde à l’intention du public selon laquelle la thermographie ne remplace pas la mammographie de dépistage et qu’elle ne devrait pas, à elle seule, servir au diagnostic du cancer du sein13. La mise en garde a été publiée en réaction au fait que certains praticiens présentaient la thermographie comme une solution de rechange à la mammographie plutôt que comme un examen complémentaire, et aux préoccupations que l’allégation a suscitées. Groupe cible Au Canada, 80 % des nouveaux cas de cancer du sein s’observent chez les femmes âgées de plus de 50 ans14. L’admissibilité aux programmes de dépistage du cancer du sein, en population générale, partout au Canada, dépend de l’âge et des facteurs de risque. Toutes les provinces et tous les territoires offrent actuellement la mammographie de dépistage aux femmes âgées de 50 à 69 ans. L’admissibilité au dépistage est portée jusqu’à l’âge de 79 ans, chez les femmes, en Colombie-Britannique. À l’Île-du-PrinceÉdouard et en Saskatchewan, le dépistage est proposé aux femmes jusqu’à l’âge de 75 ans. Le Manitoba et l’Ontario offrent le dépistage aux femmes jusqu’à l’âge de 74 ans. En ce qui concerne les femmes âgées de 40 à 49 ans, il existe des programmes de dépistage en ColombieBritannique, en Alberta, à l’Île-du-Prince-Édouard, en Nouvelle-Écosse, dans les Territoires du NordOuest et au Yukon. En Ontario et au Québec, les femmes âgées de 40 à 49 ans doivent obtenir une recommandation d’un fournisseur de soins. Quant aux femmes non visées par ces plages d’âge, elles doivent obtenir une recommandation d’un médecin ou se présenter spontanément, selon les gouvernements. Les provinces Maritimes, la Saskatchewan, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon acceptent actuellement les demandes d’examen sans recommandation15. L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est financée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux canadiens (www.acmts.ca) Pratique actuelle L’outil de détection recommandé le plus souvent dans le dépistage du cancer du sein est la mammographie16,17. Il existe d’autres outils de dépistage, comme l’imagerie par résonance magnétique (IRM), l’échographie et la tomographie par émission de positons (TEP), qui jouent un rôle complémentaire. Le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs, dans ses nouvelles recommandations de 2011, fondées sur des données probantes, conseille aux femmes présentant un risque moyen de cancer du sein de commencer le dépistage par mammographie, à l’âge de 50 ans, et de le poursuivre aux deux ou trois ans jusqu’à l’âge de 74 ans. Quant aux femmes âgées de 40 à 49 ans, qui connaissent un risque moyen de maladie, il est recommandé de ne pas entreprendre le dépistage systématique par mammographie, et le Groupe d’étude incite les femmes à discuter avec leur médecin des bienfaits et des risques du dépistage14. Les recommandations ont reçu l’appui du Collège des médecins de famille du Canada et de la Société canadienne du cancer18, et elles vont dans le même sens que celles formulées par l’United States Preventive Task Force, qui se prononce contre le dépistage systématique chez les femmes avant l’âge de 50 ans14. Méthode Stratégie de recherche documentaire Une recherche de documents évalués par les pairs a été entreprise dans les bases de données bibliographiques suivantes : MEDLINE, PubMed, la Bibliothèque Cochrane (numéro 11, 2011) ainsi que dans les bases de données du Center of Reviews and Dissemination (CRD) de l'Université de York. La documentation parallèle (« grise ») a été recensée à partir de recherches effectuées dans des sections pertinentes de la liste de vérification Grey Matters19. Aucun filtre méthodologique n’a été appliqué. La recherche a été limitée aux documents de langue anglaise, publiés entre le 1er janvier 2007 et le 3 novembre 2011. Des signalements périodiques ont été établis dans MEDLINE et PubMed, et l'information ainsi recueillie était à jour au 3 janvier 2012. Critères de sélection Les études susceptibles d’être retenues dans la partie « Données probantes » du présent rapport comprenaient tous les plans d’étude qui visaient à comparer l’efficacité de la thermographie infrarouge avec celle de la mammographie en ce qui concerne la sensibilité et la spécificité. Par contre, les résumés, les éditoriaux, les lettres et les analyses documentaires ont été écartés. Données probantes Quatre études : Wishart8, Kontos9, Arora12 et Wang20, portant sur l’évaluation des caractéristiques de rendement de la thermographie infrarouge avec celles de la mammographie et/ou de l’échographie chez des femmes présentant des masses douteuses au sein ont été relevées dans la documentation. Les études Wishart et Kontos ont été menées au RoyaumeUni8,9; l’étude Arora, aux États-Unis12 et l’étude Wang, à Taïwan20. Nous n’avons pas relevé d’essai comparatif, randomisé, portant sur la sensibilité et la spécificité de la thermographie. Aucune des études retenues n’a fait état d’effets indésirables. L’étude Wang a été financée par le secteur de l’industrie20. Un des coauteurs de l’étude Wishart était également un cofondateur de l’entreprise ayant fourni le dispositif thermographique vérifié dans la recherche8. Les résultats des études sélectionnées se prêtaient peu à la généralisation, étant donné que la population de chaque étude se composait de femmes présentant des symptômes. En effet, ce type de résultats ne fournit pas d’information sur l’utilité potentielle de la thermographie dans des populations en bonne santé ou dans des populations dans lesquelles la mammographie a une faible sensibilité. Aucune étude de rentabilité n’a été relevée ne comparant la thermographie avec d’autres examens de dépistage. Dans l’étude prospective de Konto, formée d’une cohorte de 63 patientes, les auteurs ont évalué la thermographie numérique dans le contexte de la détection du cancer du sein9. La sélection des sujets en vue de l’étude reposait sur la présence de symptômes unilatéraux et suivait la consultation d’un chirurgien du sein. Les masses ont été examinées par thermographie numérique avant la biopsie, puis comparées avec les images obtenues par échographie et mammographie. L’étude a fait état d’une sensibilité, d’une spécificité, d’une valeur prédictive positive (VPP) et d’une valeur prédictive négative (VPN) de 25 %, 85 %, 24 % et 86 %, respectivement, en ce qui concerne la thermographie. Pour ce qui est de l’échographie, la sensibilité, la spécificité, la VPP L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est financée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux canadiens (www.acmts.ca) et la VPN se sont établies respectivement à 88 %, 91 %, 79 % et 95 %. Quant à la mammographie, les valeurs étaient de 84 %, 97 %, 89 % et 96 %, respectivement. Wang a eu recours à la thermographie pour évaluer 276 femmes en vue d’un diagnostic de cancer du sein après que la mammographie ou l’échographie eurent donné des résultats douteux20. La thermographie a été pratiquée avant la biopsie. Un technicien en radiologie et un radiologiste ont indiqué le siège et la grosseur des masses douteuses à partir des images obtenues par mammographie et/ou échographie. Deux autres radiologistes ont interprété les images thermographiques d’après les renseignements fournis par les techniques classiques d’imagerie. La grosseur des masses a été appréciée à l’aide de l’échelle d’évaluation infrarouge de Ville-Marie. Les auteurs ont examiné le lien entre les signes infrarouges diagnostiques et le degré d’évolution de la maladie confirmé en cours de chirurgie, à l’aide de modèles de régression logistique, unidimensionnels ou multidimensionnels. D’après l’analyse des auteurs, les résultats élevés sur l’échelle infrarouge étaient associés positivement à la présence du cancer du sein. La sensibilité et la spécificité variaient selon les nombreuses valeurs seuils utilisées par l’auteur. Ainsi, à une valeur seuil de 0,3, la sensibilité, la spécificité, la VPP et la VPN se sont établies respectivement à 72,4 %, 76,6 %, 81,3 % et 66,4 %, dans l’ensemble de la population à l’étude. Dans l’étude prospective de Wishart, les chercheurs ont eu recours à la thermographie numérique pour évaluer la présence du cancer du sein chez 100 patientes présentant des symptômes8. Les femmes devant subir une biopsie à la suite de résultats douteux à la mammographie, à l’échographie ou à l’IRM étaient admissibles à l’étude. Étaient exclues de l’étude les patientes qui avaient déjà été traitées pour un cancer du sein, qui avaient subi l’ablation d’un mamelon ou des deux, qui pesaient plus de 113 kg ou qui présentaient une inflammation aiguë du sein. Les résultats des examens par thermographie ont été analysés à l’aide de quatre instruments : les rapports de dépistage après la thermographie numérique, l’analyse du réseau neuronal (outil d’aide à la décision clinique, qui analyse un grand nombre de données), l’examen du manuel de l’expert et un logiciel d’intelligence artificielle (utilisé pour analyser de petits changements observés dans la configuration de la chaleur des seins). Sur 106 biopsies, 65 ont révélé la présence de tumeurs malignes; et 41, de tumeurs bénignes. La sensibilité des instruments utilisés s’est établie comme suit : 55 % pour les rapports de dépistage; 48 % pour l’analyse du réseau neuronal; 78 % pour l’examen du manuel de l’expert; et 70 % pour le logiciel d’intelligence artificielle. Chez les femmes âgées de moins de 50 ans, la valeur de la sensibilité obtenue avec le logiciel d’intelligence artificielle était de 78 %; et celle de la spécificité, de 75 %. Il se peut que l’examen du manuel de l’expert se soit montré plus sensible que les autres instruments du fait que l’expert en thermographie connaissait le siège de la biopsie et avait analysé la région touchée. Dans l’étude prospective, avec cohortes, d’Arora, 92 patientes ont été soumises à la thermographie numérique en vue de la détection du cancer du sein12. Des biopsies du sein avaient déjà été recommandées chez ces femmes, à la suite de résultats douteux de la mammographie ou de l’échographie. En raison de contraintes techniques, les personnes présentant une obésité morbide, portant des soutiens-gorge plus grands que DD ou ayant déjà subi une mastectomie controlatérale ont été écartées de l’étude. Trois types de résultats ont été produits : le risque global, l’état clinique et une évaluation du réseau neuronal artificiel. Sur 94 biopsies, 60 se sont révélées malignes; et 34, bénignes. La thermographie numérique a permis de repérer 58 tumeurs malignes sur 60. L’étude a fait état d’une sensibilité, d’une spécificité et d’une VPN de 97 %, 44 % et 82 %, respectivement, selon le mode utilisé. Figurent au tableau 1 la sensibilité, la spécificité, la VPP et la VPN indiquées dans les études de Kontos, Wishart, Arora et Wang. L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est financée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux canadiens (www.acmts.ca) Tableau 1. Sensibilité, spécificité, VPP et VPN enregistrées dans les études sur la thermographie infrarouge en vue de la détection du cancer du sein chez des femmes ayant obtenu des résultats anormaux à la mammographie ou à l’échographie, ou présentant des masses douteuses Étude Sensibilité Spécificité VPP VPN Kontos et coll., 20119 Wishart et coll., 20108 25 % 85 % 24 % 86 % Arora et coll., 200812 Wang* et coll., 201020 DS : RNS : EME : SC : 97 % 53 % 48 % 78 % 70 % 72,4 % DS : RNS : EME : SC : 44 % 76,6 % 41 % 74 % 48 % 48 % DS : RNS : EME : SC : NP 81,3 % 59 % 73 % 69 % 67 % DS : RNS : EME : SC : 82 % 36 % 48 % 59 % 51 % 66,4 % *Résultat obtenu dans l’ensemble de la population à l’étude, à une valeur seuil de 0,3. DS : dépistage sentinelle; EME : examen du manuel de l’expert; NP : non précisé; RNS : réseau neuronal sentinelle; SC : sans contact; VPN : valeur prédictive négative; VPP : valeur prédictive positive. Effets indésirables La thermographie est une technique d’imagerie non effractive, dépourvue de contact. Aucune donnée n’a été trouvée sur les risques associés à cette technique. Les dangers possibles de la thermographie utilisée à des fins de détection du cancer du sein découlent du nombre de diagnostics faussement positifs ou faussement négatifs. Coût D’après Meditherm, le coût d’achat d’une installation complète de thermographie s’élève à environ 30 000 $US. Le coût moyen d’un examen est de 150 $US pour un balayage d’une partie du corps; de 250 $US pour un balayage de la moitié du corps; et de 350 $US pour un balayage du corps entier. D’après le fabricant, la thermographie ne comporte ni coût de fonctionnement ni matières consommables. Le coût affiché d’un examen par thermographie mammaire, dans un centre médical privé, au Canada, est de 250 $21. Le coût moyen d’un examen par mammographie est de 80 $22. Les installations commerciales de thermographie comprennent le CRT 2000 Thermographic System (Eidam Diagnostics Corporation, Richmond [Colombie-Britannique]), le BSC 2100 (Computerized Thermal Imaging, Ogden [Utah]), le Sentinel BreastScan (Stony Brook, New York) et le med2000 (Meditherm, Summerland Key [Floride]). Nouvelles techniques concurrentielles La mammographie est l’examen pratiqué le plus souvent pour le dépistage et le diagnostic du cancer du sein23. Il existe d’autres techniques courantes de détection des lésions, dans le dépistage du cancer, utilisées en complément de la mammographie au Canada, notamment l’auto-examen des seins, l’examen clinique des seins, l’échographie et l’IRM24. Toutefois, d’après les nouvelles recommandations du Groupe d’étude, le dépistage de la maladie par l’autoexamen des seins, l’examen clinique des seins ou l’IRM, chez les femmes présentant un risque moyen ne réduirait pas la mortalité attribuable au cancer du sein14. La tomographie plane et la tomographie par émission de photon unique (TEPU) ainsi que la TEP sont d’autres techniques utilisées aux fins de détection du cancer du sein, mais pas expressément aux fins de dépistage23. De nouvelles techniques expérimentales d’imagerie mammaire sont en voie d’élaboration, par exemple l’imagerie moléculaire du sein, le balayage par impédance électrique, l’imagerie optique, la tomodensitométrie du sein, la tomosynthèse numérique du sein et l’imagerie par biomarqueurs23-25. L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est financée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux canadiens (www.acmts.ca) Taux d’utilisation Références L’adoption de la thermographie en médecine traditionnelle dépendra sans doute de l’existence de données probantes tirées d’études bien conçues sur la fiabilité diagnostique et l’efficacité clinique des techniques de dépistage, et d’études sur la rentabilité. La présence de personnel agréé, compétent dans la réalisation de l’examen et l’interprétation des images, la réglementation et les normes visant à assurer des résultats précis et convergents ainsi que l’intérêt des fournisseurs de soins à l’égard de cet examen de diagnostic sont d’autres facteurs susceptibles d’influer sur le rythme de diffusion de la technique. 1. Société canadienne du cancer [Internet]. Toronto: Canadian Cancer Society. Breast cancer statistics at a glance; 2011 May 18 [recensé le 3 janv.2012]. Disponible à : http://www.cancer.ca/canadawide/about%20cancer/cancer%20statistics/ stats%20at%20a%20glance/breast%20canc er.aspx 2. Kennedy DA, Lee T, Seely D. A comparative review of thermography as a breast cancer screening technique. Integ Cancer Ther. 2009 Mar;8(1):9-16. Questions d’implantation 3. Brodersen J, Jorgensen KJ, Gotzsche PC. The benefits and harms of screening for cancer with a focus on breast screening. Pol Arch Med Wewn. 2010 Mar;120(3):89-94. Comme la fiabilité diagnostique de la thermographie dépend de la température à la surface de la peau, de nombreux protocoles doivent être mis en place afin de maintenir la précision des résultats. Par ailleurs, il faudrait informer les personnes de ne pas faire d’activités susceptibles d’élever la température à la surface de la peau, avant l’examen, par exemple les bains de soleil; l’application de lotion, de crème, de maquillage, de désodorisant ou d’antitranspirant près de la région à visualiser; l’activité physique; la physiothérapie ou la stimulation des seins; fumer ou encore boire de l’alcool. Les menstruations, la grossesse et le traitement hormonal substitutif peuvent également modifier la température à la surface des seins26. Les conditions du milieu influent aussi sur la température à la surface de la peau et peuvent altérer la qualité des images. Les appareils d’imagerie thermique devraient être utilisés dans des lieux où il est possible de régler la température ambiante, l’humidité et les sources de courant26. Enfin, la fiabilité diagnostique des appareils d’imagerie thermique dépend de l’habileté et de la compétence de l’opérateur et du respect rigoureux des protocoles normalisés d’intervention26. 4. Plotnikoff G, Carolyn T. Emerging controversies in breast imaging: is there a place for thermography? Minn Med. 2009 Dec;92(12):37-9. 5. Skaane P. Controversies in mammography screening: let us not ignore science in this never-ending debate [editorial]. Acta Radiol. 2011 Dec 1;52(10):1061-3. 6. Gotzsche PC, Nielsen M. Screening for breast cancer with mammography. Cochrane Database Syst Rev [Internet]. 2011 [recensé le 3 janv.2012];(1):CD001877. Disponible à : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ 14651858.CD001877.pub4/abstract 7. National Cancer Institute [Internet]. Bethesda (MD): U.S. National Institute of Health. Mammograms; 2010 Sep 22 [recensé le 3 janv.2012]. Disponible à : http://www.cancer.gov/cancertopics/factshe et/detection/mammograms 8. Wishart GC, Campisi M, Boswell M, Chapman D, Shackleton V, Iddles S, et al. The accuracy of digital infrared imaging for breast cancer detection in women L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est financée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux canadiens (www.acmts.ca) undergoing breast biopsy. Eur J Surg Oncol. 2010 Jun;36(6):535-40. 9. Kontos M, Wilson R, Fentiman I. Digital infrared thermal imaging (DITI) of breast lesions: sensitivity and specificity of detection of primary breast cancers. Clin Radiol. 2011 Jun;66(6):536-9. 10. Santé Canada [Internet]. Ottawa: Santé Canada; 2011. Mammographie; 30 janvier 2007 [recensé le 4 janv.2012]. Disponible à : http://www.hc-sc.gc.ca/hlvs/iyh-vsv/med/mammog-fra.php 11. International Academy of Clinical Thermology [Internet]. Redwood City (CA): International Academy of Clinical Thermology; c2003. Links to qualified thermography centers; 2003 [recensé le 11 janv.2012]. Disponible à : http://www.iact-org.org/links.html 12. Arora N, Martins D, Ruggerio D, Tousimis E, Swistel AJ, Osborne MP, et al. Effectiveness of a noninvasive digital infrared thermal imaging system in the detection of breast cancer. Am J Surg. 2008 Oct;196(4):523-6. 13. U.S. Food and Drug Administration [Internet]. Silver Spring (MD): The Administration. FDA safety communication: breast cancer screening thermography is not an alternative to mammography; 2011 Jun 2 [recensé le 4 janv.2012]. Disponible à : http://www.fda.gov/MedicalDevices/Safet y/AlertsandNotices/ucm257259.htm 14. Canadian Task Force on Preventive Health Care, Tonelli M, Gorber SC, Joffres M, Dickinson J, Singh H, et al. Recommendations on screening for breast cancer in average-risk women aged 40-74 years. CMAJ [Internet]. 2011 Nov 22 [recensé le 4 janv.2012];183(17):19912001. Disponible à : http://www.cmaj.ca/content/183/17/1991. full.pdf+html 15. Breast Cancer Society of Canada [Internet]. Sarnia (ON): Breast Cancer Society of Canada. Breast screening information for all provinces and territories; 2012 [recensé le 11 janv.2012]. Disponible à : http://www.bcsc.ca/p/48/l/102/t/BreastCancer-Society-of-Canada---RegionalBreast-Cancer-Screening 16. Acharya UR, Ng EY, Tan JH, Sree SV. Thermography based breast cancer detection using texture features and support vector machine. J Med Syst. 2010 Oct 19. 17. Boquete L, Ortega S, Miguel-Jimenez JM, Rodriguez-Ascariz JM, Blanco R. Automated detection of breast cancer in thermal infrared images, based on independent component analysis. J Med Syst. 2010 Mar 10. 18. Global News [Internet]. Toronto: Global News; 2011. New breast cancer screening guidelines advise against mammograms for women in 40s; 2011 Nov 21 [recensé le 4 janv.2012]. Disponible à : http://www.globalnews.ca/canada/canada/n ew+breast+cancer+screening+guidelines+a dvise+against+mammograms+for+women +in+40s/6442526153/story.html 19. Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé. Grey matters: a practical search tool for evidence-based medicine [Internet]. Ottawa: L'Agence; avril 2008. [recensé le 4 janv.2012]. Disponible à : http://www.cadth.ca/media/pdf/GreyMatters_A-Practical-Search-Tool-forEvidence-Based-Medicine.doc Mise à jour en janvier 2011. 20. Wang J, Chang KJ, Chen CY, Chien KL, Tsai YS, Wu YM, et al. Evaluation of the diagnostic performance of infrared imaging of the breast: a preliminary study. Biomed Eng Online. 2010 [recensé le 4 janv.2012];9:3. Disponible à : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/ PMC2818658 L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est financée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux canadiens (www.acmts.ca) 21. Wales PJ, Bunzenmeyer J. ND Clinic [Internet]. Calgary: ND Clinic; c2004. Breast health; 2011 [recensé le 3 janv.2012]. Disponible à : http://patriciajwalesdr.supersites.ca/health ybreasts/ 22. MacLean's [Internet]. Toronto: MacLean's Magazine; c2001. Screening savers: how much is too much for the best in breast cancer detection?; 2007 Feb 5 [recensé le 4 janv.2012]. Disponible à : http://www.macleans.ca/article.jsp?conte nt=20070205_140448_140448 23. Sree SV, Ng EY, Acharya RU, Faust O. Breast imaging: A survey. World J Clin Oncol [Internet]. 2011 Apr 10 [recensé le 4 janv.2012];2(4):171-8. Disponible à : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles /PMC3100484 24. Canadian Breast Cancer Foundation [Internet]. Toronto: Canadian Breast Cancer Foundation. Breast screening technology; 2011 [recensé le 4 janv.2012]. Disponible à : http://www.cbcf.org/central/AboutBreast Health/EarlyDetection/Pages/BreastScreening-Technology.aspx#} 25. Nover AB, Jagtap S, Anjum W, Yegingil H, Shih WY, Shih WH, et al. Modern breast cancer detection: a technological review. Int J Biomed Imaging [Internet]. 2009 [recensé le 4 janv.2012];2009:902326. Disponible à : http://www.hindawi.com/journals/ijbi/200 9/902326/ 26. Ng EYK. A review of thermography as promising non-invasive detection modality for breast tumor. International Journal of Thermal Sciences [Internet]. 2009 [recensé le 4 janv.2012];48:849-59. Disponible à : http://www.clinicalthermography.co.nz/C ache/Pictures/809464/Singapore_Researc h_2008.pdf Citer comme suit : Morrison, A. La thermographie infrarouge comme outil de dépistage et examen de diagnostic du cancer du sein dans la population [Notes sur les technologies de la santé en émergence numéro 118]. Ottawa : Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé; 2012. L’ACMTS tient à remercier la réviseure externe qui a fourni ses commentaires sur une version préliminaire précédente de ce bulletin. Réviseure : Dre Verna Mai, présidente du groupe consultatif sur le dépistage du Partenariat canadien contre le cancer, et responsable de la santé publique pour Action Cancer Ontario. ****************************** Les Notes sur les technologies de la santé en émergence est une série de bulletins précis qui met en relief des médicaments et des technologies non médicamenteuses qui ne sont pas encore utilisées (ou bien répandues) au Canada. Le contenu reflète l'expérience préliminaire concernant la technologie en question ; toutefois d'autres données probantes à son sujet pourraient s'ajouter à l'avenir. Ces sommaires ne sont pas conçus pour tenir lieu d'expertise médicale professionnelle. Les renseignements techniques sont rassemblés à titre de service d'information offert aux personnes participant à la planification et à la prestation des soins au Canada. Bien que l’ACMTS ait tout mis en œuvre pour veiller à l’exactitude, à l’exhaustivité et à l’actualité du contenu en date de décembre 2011, elle décline toute responsabilité à cet égard. Elle ne saurait être tenue responsable des erreurs ou omissions, des blessures, des pertes, des dommages ou des préjudices découlant de l’usage ou du mésusage de l’information contenue ou sous-entendue dans le présent document ou dans la documentation de source. Ce document et l’information y fournie sont préparés et destinés à être utilisés dans le cadre du système de soins de santé canadien. D’autres systèmes de soins de santé sont différents et les problèmes ou les informations relatifs au sujet faisant l’objet de ce document peuvent varier dans d’autres secteurs de compétence ; tout usage (ou mésusage) de ce document en dehors du Canada se fait au propre risque de l’utilisateur. Les modalités d’utilisation et toute question ou cas de toute nature résultant du contenu ou de l’utilisation (malveillante ou non) de ce document seront régies par et interprétées selon les lois de la province de l’Ontario et les lois canadiennes applicables. Tout litige découlant des présentes modalités sera tranché exclusivement par une cour relevant de la compétente de la province de l’Ontario. La production de ce document a été rendue possible grâce à l’apport financier de Santé Canada et des gouvernements d’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Manitoba, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve-et-Labrador, des Territoires du Nord-Ouest, de la Nouvelle-Écosse, du Nunavut, de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Saskatchewan et du Yukon. L’ACMTS assume l’entière responsabilité de la forme et du contenu définitifs du présent document. Les énoncés, conclusions et points de vue qui y paraissent ne représentent pas forcément l’opinion de Santé Canada ou d’un gouvernement provincial ou territorial. © 2011, ACMTS. Vous pouvez utiliser, télécharger ou imprimer ce document à des fins personnelles non commerciales ou à des fins de recherche et d’étude privées uniquement, pourvu qu’il ne soit pas modifié et que l’ACMTS soit dûment mentionnée. Il vous est autrement interdit de copier, de reproduire, de modifier, de traduire, de télécharger, d’enregistrer électroniquement, de publier à nouveau ou de redistribuer tout contenu de ce document de quelque façon ou par quelque moyen que ce soit, sans avoir obtenu le consentement écrit exprès de l’ACMTS. Veuillez contacter la vice-présidente des Services généraux de l’ACMTS à [email protected] pour toute demande au sujet de cet avertissement ou toute autre question juridique relative aux services de l’ACMTS. ISSN: 1488-6324 (en ligne) L’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) est financée par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux canadiens (www.acmts.ca)