scènes magazine photo LiriZONE fabrizio chiovetta au festival vernier classique ISSN 1016-9415 272 / mai 2015 CHF. 12.-- 12 € Rendez-vous le 3 juin Théâtre Forum Meyrin Rendez-vous le 3 juin Théâtre Forum Meyrin forum-meyrin.ch forum-meyrin.ch s o m m a i r e 66 cinéma 8 9 10 12 cine die / raymond scholer ciné-club universitaire : cycle alain cavalier cinémathèque suisse en mai / raymond scholer cinémas du grütli en mai / christian bernard, serge lachat les films du mois /e. beck, c. bernard, é. gür, s. lachat 20 22 24 24 25 26 27 27 28 30 31 31 32 33 33 opéra de lausanne : saison / éric pousaz berlin : la rondine & la fanciulla del west / éric pousaz beaune : festival / pierre-rené serna strasbourg : la clemenza di tito / éric pousaz bâle : daphné / éric pousaz mémento opéra moscou : le prince igor & boris godounov / martine duruz valence : norma / gabriele bucchi montpellier : a clemenza di tito / françois jestin new york : ernani & lucia di lammermoor / frank fredenrich lyon : festival jardins mystérieux / françois jestin avignon : simon boccanegra / françois jestin marseille : tosca / françois jestin monte-carlo : don giovanni / françois jestin nice : semiramide / françois jestin toulouse : castor et pollux / françois jestin 35 36 37 38 40 41 42 43 44 théâtre du grütli : comme il vous plaira / l. tièche-chavier théâtre des amis : la cerisaie / julie bauer entretien : brigitte rosset / laurence tièche-chavier le poche : dispersion / gilles costaz entretien : jacques probst / rosine schautz tournée : la visite de la vieille dame théâtre du crève-cœur : jean et béatrice / rosine schautz théâtre équilibre fribourg : big apple espace nuithonie : constellation*cendrillon / valérie vuille entretien : guy jutard / laurence tièche-chavier opéra 18 18 théâtre 34 34 ailleurs 45 45 danse 50 50 47 musique chronique lyonnaise / frank langlois bfm : salue pour moi le monde ! / emmanuèle rüegger 47 48 50 51 52 53 54 55 portrait : gleb skvortsov / martine duruz agenda romand / yves allaz agenda genevois / martina diaz portrait : ophélie gaillard / yves allaz portrait : per tengstrand / beata zakes portrait : daniel harding / pierre jaquet festival vernier classique : fabrizio chiovetta / chr. bernard carouge : bose-pastor duo / serene regard 272 / mai 2015 56 57 58 59 60 62 64 65 rencontres musicales : cédric pescia / yves allaz portrait : philippe jordan / david verdier le nouvel alhambra / martine duruz festival les athénéennes : felicity lott / françois lesueur entretien : véronique gens / françois lesueur cd’s suisses en vrac / éric pousaz festival de lucerne en été / emmanuèle rüegger festival de lucerne à pâques / emmanuèle rüegger 67 68 68 69 69 70 70 71 71 72 le locle : sandrine pelletier / nadia el-beblawi berne : henry moore / nadia el-beblawi mémento beaux-arts : france évian : jacques-émile blanche mémento beaux-arts : ailleurs milan : leonardo da vinci mémento beaux-arts : suisse romande fondation baur : alfred baur, pionnier et collectionneur mémento beaux-arts : suisse alémanique musée bellerive, zurich : cosi fragili aix-en-provence : hans berger / régine kopp expositions 66 66 paris 73 73 74 74 75 76 78 80 83 84 85 86 86 86 87 87 philharmonie II : pierre boulez / pierre-rené serna palais des congrès : le presbytère / stéphanie nègre opéra de paris : le lac des cygnes / stéphanie nègre petit palais : de carmen à mélisande / pierre-rené serna petit palais : les bas-fonds du baroque / régine kopp grand palais : vélasquez / régine kopp opéra : le cid en fanfare / pierre-rené serna chronique des concerts / david verdier encarts - comédie française : la maison de bernarda alba / odéon : les fausses confidences / colline : affabulazione / rond-point : murmures des murs sélection musicale de mai / françois lesueur mémento théâtre théâtre de l’odéon : henry VI théâtre du rond-point : semianyki express mémento expositions fondation custodia : raphaël, titien, michel-ange les mémentos 88 88 89 90 91 93 94 encarts : coup fatal à annecy / françois morel à thonon / nikolaï lugansky à évian / david krakauer à annemasse encarts - à la folie feydeau à sion / philippe jaroussky à l’abbaye de bonmont / ion à l’adc / le quatuor de genève encarts - l’osr et le bicentenaire / chœur et orchestre de l’université / l’âne et le ruisseau à saint-gervais / haute autriche à l’alchimir musicales de compesières opéra de lausanne : béjart ballet lausanne théâtre du crochetan : les bonnes ABONNEZ-VOUS! Découvrez chaque mois dans nos pages : L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs Cinéma Concerts Livres Opéra Critiques Danse Expositions Théâtre Entretien Avant-Premières Mémento Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. 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I l y a de cela quelques décennies, les programmes des théâtres pouvaient ressembler à des bibles concoctées avec un soin indéniable par de fringants universitaires prompts à dégainer les inévitables citations du « Petit Organon pour le théâtre » ou du « Journal » de Bertolt Brecht ou encore des extraits d'essais sur le théâtre de Roland Barthes. « Shakespeare notre contemporain » de Jan Kott servait de repère pour analyser les œuvres du dramaturge anglais, et quelques enseignants et spécialistes comme Anne Ubersfeld ou Bernard Dort étaient volontiers cités par les metteurs en scène ayant suivi un cursus universitaire. On connaît mal les effets secondaires de ces références sur le public mais toujours est-il que l'on constate de manière générale une diminution du volume des analyses dans les programmes et cela est d'autant plus facile à remarquer que ceux-ci ont considérablement diminué en volume au fil des années. On mettra cela sur le compte des problèmes économiques et de la nécessité de diminuer les coûts de production, d'autant que désormais il est habituel de faire passer des informations assez systématiquement sur le net, avec extraits de spectacles et contacts directs avec les spectateurs potentiels via les réseaux sociaux. Concrètement cela signifie que les programmes consistent bien souvent désormais en de simple feuilles volantes. Reste qu'hier comme aujourd'hui, on a pu constater et l'on constate encore très fréquemment que les principaux oubliés dans ces programmes sont tout simplement les comédiens. Inutile le plus souvent de chercher la moindre biographie, sans parler d'une photo, le terme trombinoscope – certes un peu barbare, mais dont la signification est fort claire – ne figurant pas dans le vocabulaire de l'univers du théâtre, contrairement à l'opéra. Mais il existe encore une habitude plus gênante, celle consistant à simplement énumérer le nom des comédiens par ordre alphabétique, sans que l'on puisse savoir quel est l'interprète de tel ou tel rôle. S'agit-il d'une démarche intentionnelle, histoire de démontrer que le hallebardier est bien l'alter ego du rôle-titre ou que la soubrette n'a rien à envier à la jeune première ? Ou peut-être veut-on faire travailler les méninges des quelques critiques en activité sensés pouvoir reconnaître au premier regard les interprètes ? Ceci étant, il est un personnage dont le nom figure toujours bien en évidence, c'est le metteur en scène, de même que ses collaborateurs ou collaboratrices. Est-il si compliqué de rendre à César ou à Ophélie le nom de son interprète ? FF/SCENES MAGAZINE scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é le cinéma au jour le jour Cine Die Berlinale : Panorama 6 Le film le plus romanesque du festival fut de JK Yoon (dont le film précédent, Haeundae, sur un tsunami géant, était un des plus gros succès du cinéma sud-coréen) : Ode to My Father / Gukje Shijang est une fresque qui suit les tribulations d’une famille du Nord sur 60 ans. Cela commence avec l’évacuation de la population civile par les navires de guerre américains dans le port de Hungnam, en 1951. Dans le chaos de l’embarquement, Deok-Su, un garçon de 12 ans, perd sa petite sœur : le père redescend à terre à sa recherche. On ne les reverra plus. La mère, Deok-Su et le reste de la famille sont recueillis par une tante qui tient une échoppe dans le bazar de Gukje à Busan. Ils survivront tant bien que mal aux privations de la guerre. Deok-Su prend à cœur son rôle de chef de famille et ne rechigne devant aucun travail pour subvenir aux besoins des siens. Dans les années cinquante, il s’expatrie en Allemagne pour œuvrer dans les mines de charbon de la Ruhr, un boulot décemment payé. Et en plus, il semble y avoir une grande colonie de compatriotes, des infirmières coréennes pas vilaines du tout, atout majeur lorsqu’on vous hospitalise amoché par un coup de grisou. Et c’est ainsi que Deok-Su rencontre la femme de sa vie. Entretemps, le miracle économique coréen a pris son essor et une nouvelle tranche de vie dans la mère patrie commence, interrompue par la guerre du Vietnam qui voit notre héros servir, derechef pour des raisons économiques, dans les auxiliaires de la logistique, alors que les femmes font fleurir le commerce à Busan. Les remous de la dictature de Park Chung Hee, puis de celle de Chun Doo-hwan sont un peu balayés sous le tapis, car le film se veut ode et non complainte. Mais cette production commerciale hautement maîtrisée prodigue plus d’émotion que maints films d’auteur. Côté documentaires, Censored Voices de l’Israélienne Mor Loushy nous replonge, au moyen d’actualités militaires de l’époque, dans la Guerre des Six Jours (1967), à la fin de laquelle Israël avait triplé son territoire. Contrairement aux idées reçues, la victoire foudroyante de Tsahal n’avait pas été fêtée dans la liesse et l’euphorie générales : bien des soldats n’étaient pas tellement fiers de leurs faits de guerre. Quelle gloire à massacrer des soldats égyptiens notamment se laissaient tuer avec une Jeong-min Hwang et Yunjin Kim dans «Ode to my Father» a c t m a curieuse léthargie, comme s’ils ne voyaient aucune échappatoire au rouleau compresseur des chars de Moshe Dayan ? Les jeunes gens de son kibboutz que l’écrivain Amos Oz avait réunis autour d’une table pour échanger leurs impressions racontaient les destructions inutiles et les actes de vengeance primaires dont ils avaient été acteurs ou témoins : beaucoup avaient honte de ce qu’Israël avait fait et peur pour l’avenir. Leurs propos furent enregistrés. Mais lorsqu’Oz voulut les publier, l’armée avait déjà confisqué les bandes magnétiques. La cinéaste a retrouvé les propriétaires - maintenant septuagénaires - de certaines de ces voix censurées et les confronte aux archives d'époque. Certains dénigrent leurs jugements de jadis en les mettant sur le compte du traumatisme subi, d’autres, dont Oz, pensent que leur validité est encore plus pertinente de nos jours. «Censored Voices» 29e Festival International de Films de Fribourg Les Roms, la Syrie, les indigènes nord-américains, voilà des sections parallèles qui sentent furieusement le festival bio qu’était Fribourg avant Edouard Waintrop, quand il fallait dénoncer la misère, notamment celle du Tiers-Monde. Il y a un petit retour aux préoccupations ethnographiques : The Journals of Knud Rasmussen, 2008, de Norman Cohn et Zacharias Kunuk, sur la visite de l’explorateur danois dans le grand Nord canadien en 1922, ressemble plus à un catalogue des mythes et coutumes chamaniques qu’à un récit proprement dit. Mais heureusement que deux autres sections, numériquement plus importantes, Pouvez-vous rire de tout ? et Terra Erotica étaient là pour dérider. La compétition internationale reprenait Taxi de Jafar Panahi, l’Ours d’Or de la Berlinale, mais le jury n’y trouva pas matière à prix. Le Regard d’Or fut donné à Gonzalez du Mexicain Christian Diaz Pardo, où un jeune chômeur croulant sous les dettes trouve un emploi de téléopérateur pour le compte d’un télévangéliste charismatique et commence à s’intéresser aux possibilités de s’enrichir sur le dos de crédules fidèles. Le film, sorti au festival de Morelia, dispose déjà d’un bon capital critique, mais je n’ai pas pu le voir. Le Jury a donné son prix spécial à Ata, réalisé par un moine bouddhiste tibétain, Chakme Rinpoche. L’histoire est émouvante et, combinée avec le statut et l’origine du réalisateur, explique peut-être cela. Quelque part en Mongolie Intérieure, une mère conductrice de camions élève seul son fils ado aveugle et s’est mis en tête de l’inscrire aux championnats de ping-pong. Pour lui faire plaisir, le jeune prend des leçons auprès d’un moniteur qui le fait souvent jouer contre un autre étudiant aveugle, orphelin de surcroît, mais le fait est qu’il n’aime pas ce sport. Un beau jour, il disparaît. La mère qui était tellement occupée jusque-là à travailler pour u a l i t é c i n é m a joindre les deux bouts, a soudain beaucoup de temps pour se mettre à la recherche de son fils, les yeux couverts d’un bandeau opaque pour se mettre en situation et sentir le monde comme son fils l’a senti. Elle finira par adopter l’orphelin, à défaut de retrouver son rejeton. C’est bien joué et photographié, mais trop de questions restent en suspens à la fin pour faire de Ata plus qu’un film émotionnel. Une mention spéciale fut accordée à Flapping in the Middle of Nowhere de la Vietnamienne Diep Hoang Nguyen, l’histoire d’une jeune étudiante enceinte dont les intentions d’avorter sont constamment contrecarrées par des complications financières et psychologiques. À des lieues de la détermination et du cartésianisme d’une Juno (Jason Reitman, 2007), le film soigne la description des valses-hésitations de sa protagoniste en l’habillant d’atours poétiques (sans doute l’influence de Tran Anh Hung, l’auteur de L’Odeur de la papaye verte (1992), crédité comme conseiller spécial) : le colocataire et conseiller de l’adolescente est une drag queen, le père du futur bébé est un employé municipal accro aux combats de coqs et couvert de dettes, mais il invite volontiers sa belle à s’envoyer en l’air dans la nacelle mécanique utilisée pour la maintenance de l’éclairage public. C’est ainsi qu’ils trouvent dans un globe de lampadaire un petit poisson nageant dans l’eau ! Jacques Prévert a dû frémir dans sa tombe. Une séquence onirique où un déluge de limaces est expulsé du vagin de la future maman pourrait même mettre Cronenberg mal à l’aise. Mais ni le Jury des Jeunes ni le Jury Œcuménique ne s’en sont offusqués : ils ont également donné leurs prix à ce film dévoilé à Venise. Sae-ron Kim dans «A Girl at my Door» Le deuxième grand film de la compétition était A Girl at my Door de la Sud-Coréenne July Jung, une disciple de Lee Chang-Dong, montré dans la section Un certain Regard à Cannes. Young-nam, une jeune policière, est transférée dans une bourgade au bord de la mer, à la suite d’un incident non spécifié. Elle rencontre Do-hee, une ado précoce qui se fait régulièrement tabasser par son beau-père alcoolique. Young-nam laisse la jeune se réfugier chez elle pour la protéger. Jusqu’au jour où le village se rend compte que Young-Nam est lesbienne. Le beau-père s’engouffre alors dans la brèche et prétend qu’il a vu la policière abuser de Do-Hee. Mais il est connu depuis l’affaire d’Outreau que les enfants ont des armes redoutables lorsqu’il s’agit de piéger les adultes. Rira donc bien qui rira le dernier. Autre titre méritoire: Theeb du Jordanien Naji Abu Nowar est l’histoire du passage, un peu brutal, à l’âge adulte d’un petit Bédouin du Hedjaz, pendant la Première Guerre mondiale, alors qu’il entreprend avec son frère aîné un voyage périlleux à travers le désert infesté de brigands pour amener un officier britannique vers une destination secrète à l’intérieur des lignes ottomanes. A Venise, Abu Nowar est parti avec le prix « Horizons » du meilleur réalisateur. Corn Island, A Girl at my Door et Theeb étaient pour moi les sommets de Fribourg. Mariam Buturishvili et Ilyas Salman dans «Corn Island» Personnellement, j’ai préféré le Prix du Public, Corn Island du Géorgien George Ovashvili. Le réalisateur de The Other Bank (2009) y livre un poème lyrique dans la tradition de Man of Aran (1934) de Robert Flaherty ou The Wind (1928) de Victor Sjöström sur le combat entre l’homme et la nature. Chaque année au printemps, les alluvions venues du Caucase créent au milieu de la rivière Enguri (qui forme la frontière entre la Géorgie et l’Abkhazie) de petites îles très fertiles. Le premier qui plante son mouchoir dessus en a la jouissance, mais il faut être conscient qu’à la crue des eaux, ces îles disparaissent. Pendant les quelques mois que met le blé ou le maïs à pousser et mûrir, on peut donc ensemencer, entretenir et récolter. A condition de vivre sur l’île, car il faut bien protéger son capital. C’est ce que fait un grand-père abkhaze avec sa petite-fille orpheline, à peine sortie de l’enfance. Des détachements des deux armées ennemies rôdent dans le coin, et la petite n’a pas encore connu le loup. Une certaine tension distingue donc ce récit du tout-venant bio. Le cinéaste enregistre par le menu les gestes quotidiens : le tournage a peu ou prou duré ce que dure la diégèse. La fin, quoique humainement logique et naturelle, vous brise le cœur. a c t u a l Jacir Eid Al-Hwietat dans «Theeb» Le nadir était le film de clôture : A Girl Walks Home Alone at Night de l’Irano-Britannique Ana Lily Amirpour, un film-(im)posture qui veut nous faire croire qu’il s’agit d’une histoire de vampires iraniens, alors qu’il a été tourné à Bakersfield en Californie, un film qui croit que le choix du noir/blanc est un manifeste esthétique, alors que c’est le lieu commun de la prétention, un film qui avance avec une lenteur de mélasse pour que les bobos puissent se repaître de ses soi-disant beautés. Ignominie à éviter ! Au mois prochain Raymond Scholer i t é 7 c i n é m a au ciné-club universitaire de genève Alain Cavalier, le cinéma en vie Tous les lundis jusqu’au 15 juin à 20h00 à l'Auditorium Arditi, sauf la séance au Grütli du 4 mai à 20h00, en la présence exceptionnelle d'Alain Cavalier pour la première suisse de son dernier film Le paradis. Cinéaste français commençant son œuvre cinématographique en 1962, il n'a cessé dès lors de renouveler ses formes filmiques. Depuis les films politiques des débuts, avec de grands acteurs, jusqu’aux films réalisés complètement seul, le parcours d'Alain Cavalier n’est qu’à lui. Un univers sensible et intelligent, s'approchant au plus près des êtres, plongeant le spectateur au coeur des préoccupations du cinéaste. Le programme (10 séances): 13 avril : Pater (2011) 20 avril: Le plein de super (1976) 27 avril: Le combat dans l'île (1962) 4 mai: Le paradis (2014) en sa présence 11 mai: Thérèse (1986) 18 mai: Soirée courts et moyens métrages. «Le paradis» © Pathé Distribution 25 mai: Libera me (1993) 01 juin: René (2002) 08 juin: Cavalier Express (2014) 15 juin: Le filmeur (2004) Rens.: http://a-c.ch/?p=102 a c t u a l i t é c i n é m a mai à la Cinémathèque suisse Jean-Pierre Melville Jean-Pierre Grumbach naît en 1917 à Paris dans une famille juive alsacienne. Alors qu’il n’a que six ans, ses parents lui offrent une caméra Pathé Baby : la graine du cinéma est semée. En 1940, il fait partie des soldats français évacués de Dunkerque pendant l’Opération Dynamo. Rejoignant la Résistance, il prend le pseudonyme de Melville en hommage à l’auteur de Moby Dick. Il décrira les pratiques de la Résistance par le menu dans son chef-d’œuvre l’Armée des Ombres (1969). Mais dès son premier long métrage, Le Silence de la Mer (1947), il aborde les relations entre les Français et l’occupant allemand. Le Syndicat des techniciens lui ayant refusé une carte d’assistant stagiaire, parce qu’il n’avait pas de formation idoine, Melville fonde sa propre maison de production et réalise l’adaptation du texte de Vercors en toute indépendance. Plus personne ne lui imposera ses volontés : tout comme Marcel Pagnol, il sera son propre producteur. Dès ses Roger Duchesne dans «Bob le flambeur» gie de la virilité et des sociétés d’hommes. Le Doulos (1962), Le Deuxième Souffle (1966), Le Samouraï (1967) sont, après Deux Hommes dans Manhattan (1959, où éclate la fascination du décor américain), les réussites essentielles d’un des auteurs les moins réalistes du cinéma français. » (Jean-Pierre Jeancolas) Ces polars sont toujours imprégnés de fatalisme : la lâcheté et la trahison deviennent les obsessions primordiales, à l’instar de certains films noirs américains. Ce n’est guère étonnant : le panthéon personnel de Melville était en effet composé de soixante-trois réalisateurs, tous américains, tous confirmés dès les années trente ! plans statiques, immobilité narrative, etc. Un parangon de modernité, en somme. Ce qui m’est arrivé avec Goodbye South, Goodbye (1996) n’aurait pas pu m’arriver avec Melville. J’ai vu ce film à sa présentation à la presse au cinéma Richemont. La fine fleur de la critique romande était réunie pour l’occasion, car la réputation du cinéaste était déjà bien assurée grâce à sa trilogie centrée sur la cellule familiale et le passage de l’enfance à l’âge adulte : Un été chez grand-père (1984), Un temps pour vivre, un temps pour mourir (1985), Poussières dans le vent (1986). Et ses deux films historiques, La Cité des douleurs (1989, sur les soubresauts de la grande Histoire à l’époque du Massacre 228 et de la Terreur Blanche du Kuomintang vus par 4 frères) et Le Maître de marionnettes (1993, où un illustre marionnettiste raconte en voix-off sa vie, de sa naissance en 1909 à la fin de l’occupation japonaise en 1945, confrontant la mémoire à l’Histoire, la parole à l’incarnation). Rien ne nous préparait à la langueur inouïe, à l’ennui monumental que provoqua la vision de Goodbye South, Goodbye : une interminable pérégrination de deux cuistres à travers l’île de Formose. À mi-film, je me retournai et constatai que la moitié des spectateurs s’étaient éclip- Hou Hsiao-Hsien Jean-Paul Belmondo et Serge Reggiani dans «Le Doulos» débuts, il se positionne donc comme outsider et, sans s’en douter, comme précurseur de la Nouvelle Vague. Cocteau, qui admire Le Silence de la Mer, lui confie l’adaptation de Les Enfants terribles (1950), ce « livre d’un certain désordre psychologique et sociologique propre aux êtres jeunes » (Jacques Siclier). Avec Bob le Flambeur (1956), un film de gangsters mâtiné d’une comédie de mœurs, « Melville inaugure une ligne qui lui est personnelle : des films de moraliste désabusé, qui exaltent une image qui serait désuète si elle ne composait une mytholo- a c t u Le premier film de ce réalisateur taïwanais, originaire du Guangdong, date de 1980. Melville est déjà mort depuis 7 ans. Quel rapport, demandez-vous ? C’est simple: ces deux cinéastes, c’est comme le jour et la nuit. Si le cinéma de Melville est truffé d’emprunts au polar américain et déroule des récits intensément structurés où loyauté et trahison, égoïsme et générosité, bien et mal sont en lutte perpétuelle selon des schémas quasi ataviques, celui de Hou prétend chroniquer la vie de tous les jours sans jugements, souvent de manière très contemplative, avec un style dégagé de toute recherche de séduction, ce qui implique a l i t Shu Qi dans «Millenium Mambo» sés. Après 90 minutes, nous n’étions plus que deux. Je ne me souviens plus si l’autre a tenu jusqu’au bout. Depuis ce jour-là, je n’ai plus vu de film de Hou. Il paraît que Les Fleurs de Shanghai (1998) se laisse voir. Sur Millenium Mambo (2001) je n’ai entendu que des horreurs. Sur les suivants, je ne sais plus rien du tout : Caveat emptor ! Raymond Scholer é 9 c i n é m a cinémas du grütli Journées du film historique, Jean-Pierre Melville La programmation « cinéma » des Rencontres de Genève Histoire et Cité propose une quarantaine de films sur le thème « Construire la paix ». Autre temps fort, le cycle Melville propose 11 des 13 longs-métrages du cinéaste, en présence de Rui Nogueira, auteur de « Le Cinéma selon Jean-Pierre Melville », livre de référence incontournable. Les Journées du film historique (14-16 mai) 10 C’est l’appellation donnée au volet “cinéma” des Rencontres de Genève Histoire et Cité, important événement culturel et scientifique organisé par La Maison de l’histoire de l’Université de Genève. La programmation est éclectique. Elle ambitionne de susciter la curiosité et d’approcher la question du lien entre cinéma, histoire et paix. Vaste programme! Son principal intérêt est d’offrir l’occasion de voir un ensemble de films importants relatifs au conflit israélo-palestinien. En ouverture (13 avril, Auditorium Arditi), Le juge et le Général (Chili, USA, 2008) un documentaire retraçant l'enquête sur les crimes du général Pinochet racontée par le juge chilien Juan Guzman, chargé en 1998 de son instruction. Au moment du coup d’État de 1973, le magistrat était lui-même un opposant à Salvador Allende. Issu d’une famille politiquement conservatrice, son enquête l’amène à changer de point de vue. Le film s’attache à retracer les épisodes marquants du régime Pinochet ainsi que les diverses tentatives - vaines - de le juger… Films sur le Proche-Orient L’ensemble des films sur le Proche-Orient comprend Dans un jardin je suis entré de l’Israélien Avi Mograbi (2012). Issu d’une famille juive ayant quitté Damas en 1920, Avi Mograbi propose à son professeur d’arabe Ali Al-Azhari de faire un film ensemble. Ali est un «Ana Arabia» d'Amos Gitaï © Cinémathèque suisse a c t u a Palestinien originaire d’un village près de Nazareth, c’est un réfugié dans sa propre patrie depuis 1948. Il a passé la majeure partie de sa vie d’adulte à Tel-Aviv où il s’est marié avec une femme juive qui lui a donné une fille. Le film est un retour fantasmé vers un MoyenOrient “d’avant” sans les frontières ethniques et religieuses d’aujourd’hui séparant les communautés. Ana Arabia d’Amos Gitaï (Israël, France, 2013) évoque en un plan-séquence d'une heure et vingt et une minutes (mais il y a quelques raccords bien dissimulés…) l’histoire d’amour entre un Arabe et une Juive déterminés à rester ensemble même si le prix à payer est de vivre en réprouvés. Dans Fix Me (2010), le Palestinien Raed Andoni se met en scène à la manière d’Avi Mograbi, alternant sur un mode tantôt burlesque tantôt grave un best of de ses séances de psychothérapie et son quotidien au milieu de sa famille. Comment rester libre face aux injonctions collectives, à l’occupation de la terre et des esprits ? Et maintenant on va où ? de et avec Nadine Labaki, (France, Liban, 2010) a été tourné aussi bien dans la Beeka, fief du Hezbollah, que dans la montagne chrétienne. Formellement baroque (comédie musicale, drame et comédie pure se côtoient), le film fait le tour des stratagèmes employés par les femmes pour empêcher les hommes de reprendre le sentier de la guerre. Suivi d’une table ronde avec J.-P. Gontard. Petit hommage au cinéaste israélien Eyal Sivan à la HEAD qui organise une table ronde (avec extraits) autour de son remarquable dernier film Dancing Arabs (Mon Fils) et une grande soirée (vendredi 19 mai de 19h à minuit) où sera projeté l’essentiel Route 181, Fragments d'un voyage en Palestine – Israël de Michel Khleifi et Eyal Sivan, road-movie documentaire où le Palestinien et l’Israélien suivent le tracé des frontières selon la résolution 181 de l’ONU du 29 novembre 1947 prévoyant le partage de la Palestine en deux Etats. Au hasard de leurs rencontres, ils donnent la parole aux hommes et aux femmes, israéliens et palestiniens, jeunes ou anciens, civils ou militaires, saisis dans l’ordinaire de leurs vies quotidiennes. A défaut d’aller sur place, la meilleure initiation aux complexités de la situation… Le même jour au Grütli, Au nom du temple (2014) de Charles Enderlin, correspondant de France 2 à Jérusalem ayant fait sa vie en Israël, donne largement la parole aux partisans de la cons- l i t é c i n é m a truction d’un « troisième temple » sur l’Esplanade des mosquées, projet explosif s’il en est. Et démontre la dérive historique d’un combat politique vers un affrontement entre “fous de Dieu”. On relèvera encore dans cette riche programmation 1919-1939 : la drôle de paix (2009) de David Korn-Brzoza, film coécrit par Jean-Noël Jeanneney, (présent à une table ronde à l’issue de la projection): une analyse d’une clarté exemplaire. Ainsi que la projection du J’accuse d’Abel Gance accompagné par JeanYves Poupin, pianiste compositeur de jazz, suivie d’un débat avec Antoine De Baecque. qui n’aime que le cinéma américain des années 30-40, avec sa liste de 63 réalisateurs qu’il accepte dans son Panthéon). Cette mythologie est complaisamment peaufinée par ses exégètes et ses thuriféraires. Mais elle ne dit rien de son cinéma et de son importance. Le parcours de l’œuvre permettra de mesurer l’évolution d’un style “bressonien” (voix off, quasi absence de dialogues) présent dès son premier film, Le Silence de la Mer, d’après Vercors, confirmé par la sobriété, voire l’ascétisme de Léon Morin, prêtre (1961) qui annonce le goût de l’épure à venir dont le sommet est atteint avec Le Samouraï (1967) dans une per- Alain Delon dans «Le Samouraï» © Cinémathèque suisse Cycle Jean-Pierre Melville Ce cycle s’étendra sur tout le mois de mai, proposant la quasi totalité de l’œuvre, chacun des 11 films programmés étant projeté à trois reprises. L’occasion de faire le point sur un ensemble allant de Le Silence de la mer (1949) à Un Flic (1972). Melville s’est très rapidement construit une image mythique - image physique d’abord (le Stetson et les Ray-Ban, le trench-coat, les grosses voitures américaines dans lesquelles il promène ses amis dans Paris la nuit), - image psychique ensuite (celle d’un prétentieux mythomane doublée de celle d’un caractériel qui ne cesse de se brouiller avec ceux qui travaillent avec lui rendant les tournages infernaux), image politique (celle d’un anarchiste de droite, ou d’un ancien résistant gaulliste inconditionnel), - image culturelle enfin (celle de quelqu’un a c t u fection artistique faite de minimalisme, d’ellipses et de lenteur (ses scènes comme “distendues” proches du temps réel)... Ce parcours permettra aussi de mesurer la constance des thèmes: l’amitié trahie, thème omniprésent à partir de Deux hommes dans Manhattan (1959); l’ironie du sort ; la réversibilité des rôles (les méthodes de gangsters de la police dans Le Cercle Rouge (1970) ; la vie comme immense solitude, comme navigation en eaux troubles pour un combat secret. Ce parcours devrait permettre, enfin, de mesurer l’importance de Melville pour la Nouvelle Vague. Deux films sont particulièrement éclairants à cet égard : Bob le flambeur (1956), sur un scénario original et des dialogues de Lebreton, tourné en décors naturels, est une déclaration d’amour à Paris (mais à un Paris disparu) et à la pègre d’avant-guerre. Tandis que Deux hommes dans a l i t Manhattan (1959), est surtout une déclaration d’amour à New-York, un vague thriller prétexte à se balader dans la ville, y faire des rencontres, s’arrêter. Deux films, réalisés avec très peu de moyens, en décors naturels et avec des acteurs très peu connus. Deux films empreints d’une légèreté et d’une mélancolie douce-amère… Comme ceux de la Nouvelle vague. Le polar comme tragédie Avec lui, le film policier devient une tragédie, avec ses codes et ses rituels spécifiques précisément décrits (cf. les mises à mort extrêmement stylisées). Les enjeux du polar chez Melville sont éclairés par ce qui est probablement son meilleur film L’Armée des Ombres (1969), film sur la Résistance (expérience cruciale pour Melville), où, comme dans les polars, il s’agit de préparer des « coups » (avec des armes, donc des risques de mort), de nouer des alliances, d’être victime de trahisons… Le regard pessimiste de Melville porté sur l’après-guerre trouverait-il là son explication? Les héros solitaires de ses polars seraient-ils les résistants des années 5060, et les flics et les mafieux les héritiers directs de ceux qui avaient travaillé avec la Gestapo : mêmes méthodes, mêmes tortures (suggérées toujours, jamais montrées), même aveuglement quant à leur rôle réel, concentrés qu’ils sont sur la pratique de leur métier? On se réjouit de revisiter un cinéma riche en paradoxes: un cinéma de l’épure, de l’esquisse, (mais pas un cinéma abstrait : toujours le monde pèse, les personnages sont souvent englués), mais aussi un cinéma du détail, de la précision des gestes de spécialistes. Il fait un cinéma dégraissé de toute psychologie (il n’indique jamais les motivations de ses personnages, ni leur intériorité), et pourtant ses personnages nous touchent… Cinéaste résolument moderne et pourtant si classique, référentiel et pourtant jamais vraiment maniériste, machiste dans sa façon de montrer les femmes dans ses polars, et pourtant presque féministe dans sa façon de les peindre dans ses films sur la Résistance… Christian Bernard, Serge Lachat é 11 c i n é m a dans la comptabilité de l’entreprise (hérédité des gènes mafieux ?) que l’affaire décisive pourra finalement se conclure ! Curieuse image du couple en Dr Jekyll et Mrs Hyde ! C’est là que le cinéaste reste flou dans son discours moral : nous dit-il que le monde des affaires est un monde d’une violence sans limite et qu’on ne peut y rester les mains pures ? Son héros arrive-t-il à cette prise de conscience à la fin du film ? A-t-il fait, malgré ses états d’âme le deuil de son idéalisme après avoir constaté que celui-ci a fait des victimes malgré tout (le suicide de son employé)? Chandor dénonce-t-il le rêve américain de réussite individuelle en montrant qu’il ne peut se réaliser sans dommages collatéraux ? Laisser le spectateur libre de conclure peut être une qualité. Mais aujourd’hui, le cinéaste ne «A Most Violent Year» avec Anna Morales (Jessica Chastain), Abel Morales (Oscar Isaac) © Elite Films peut pas ignorer qu’au tournant des années 80 le A MOST VIOLENT YEAR est dans les années Reagan, après le deuxième monde occidental a fait de deuil de tout idéalisun film de J.C. Chandor, avec Oscar Isaac, choc pétrolier de 1979, la violence urbaine explo- me et qu’on est à la veille d’expéditions guerrièJessica Chastain, Alessandro Nivola, Albert se. Le film la signale par d’abondantes nouvelles res pour le contrôle du pétrole justement ! A souBrooks, David Oyelowo,… (USA, 2015) radiophoniques ou télévisées plus que par des lever la question de la morale dans le business scènes violentes ; celles-ci restent relativement sans essayer de l’inscrire plus clairement dans Dans un premier temps, A Most Violent Year rares (un braquage de camion, un suicide…). son contexte historique, Chandor condamne son se donne comme un film de facture classique Mais on est aussi avant les jongleries financières film à rester une agréable distraction plus qu’une (soin des cadrages, de la photographie qui doit de Wall Street, les affaires se traitent encore dénonciation (ou un vrai questionnement) de l’irendre les couleurs hivernales de 1981, dialogues d’homme à homme, les yeux dans les yeux, déal américain de la réussite et de ses implicaloin de toute improvisation…) organisé autour même si ces pratiques ont déjà un air un peu tions. Serge Lachat d’une question éthique qui fait penser à Lumet. désuet… En effet, ce film raconte l’histoire d’un immigré Cette histoire d’un homme d’affaires qui se latino qui vend du pétrole et qui entend faire for- veut intègre dans un cadre de plus en plus délétètune en acquérant une friche industrielle en bor- re aurait pu prendre une dimension « historique » A GIRL WALKS HOME dure d’East River ou d’Hudson River qui lui per- si le cinéaste avait élargi son propos. Or à rester ALONE AT NIGHT mette de se faire livrer sa marchandise directe- constamment sur son protagoniste (qui est prati- de Ana Lily Amirpour, USA, 2014, 99'. Avec ment par bateau, mais se focalise sur sa volonté quement de tous les plans) et ses états d’âme, il Sheila Vand, Mozhan Marnò, Dominic Rains de réaliser son rêve américain sans recourir à des empêche son film de décoller vraiment. Tout est À Bad City, sinistre ville abandonnée au pratiques illégales et sans demander l’aide de la déjà dit dans la scène où le couple heurte un cerf milieu d'une plaine désertique, une jeune femme mafia. Pour cet achat, il verse un acompte impor- en rentrant en voiture : lui ne réussit pas à achevoilée erre seule dans la nuit. Il s'agit d'un vamtant qu’il risque de perdre s’il ne réussit pas à ras- ver la bête agonisante alors que sa femme la tue pire qui s'attaque aux hommes de pouvoir, lequel sembler le solde dans un délai bien défini. Or des à coups de révolver. Cette épouse, fille d’une s'incarne aussi bien dans le fructueux marché de ennuis avec le fisc et avec la police lui aliènent famille mafieuse (grâce à laquelle d’ailleurs la drogue que dans l'idéologie patriarcale qui l’appui de sa banque et des détournements de ses notre Monsieur Propre a pu se lancer dans les guide la conduite de la plupart des mâles qui peucamions de livraison mettent sa trésorerie en affaires), ne supporte pas le refus de la violence plent Bad City. Au cours de ses promenades à péril… Le lieu et l’époque sont clairement indi- de son mari qu’elle considère comme une faitravers la ville déserte, elle rencontre truands, qués en ouverture du film : New York, 1980. On blesse. C’est d’ailleurs grâce à ses malversations Les films du mois 12 a c t u a l i t é c i n é m a enfants égarés, prostituées, qu'elle menace ou pourfend. Les corps de ses victimes s'entassent dans un ravin situé aux abords de la ville. Après avoir mis à mort deux misogynes, la femme-vampire rencontre un jeune homme sensible et séduisant. Une romance s’esquisse entre ces deux personnages. Ensemble, ils finiront par quitter Bad City, ville corrompue à laquelle décidément rien ne les rattache. Film d'auteur s'appropriant les codes du cinéma de genre (plus précisément l'épouvante et le western), A Girl Walks Home Alone at Night prend à contre-pied les conventions narratives de ces « sous-genres ». Nul suspense dans cette œuvre à l'intrigue dédramatisée qui réserve bien peu de frissons. Le film lorgne plutôt du côté du cinéma de la modernité de Wenders ou de Jarmusch, dont il évoque le dernier opus, Only Lovers Left Alive, figuration de l'errance de deux vampires dandys. La forme moderniste et esthétisante qu'emprunte le film tourne malheureusement à vide : la photographie noir et blanc, si elle impressionne par sa maîtrise, ne laisse nulle place à l'émotion : on est vite « las de cette beauté écœurante » pour citer (de mémoire) les premiers mots du personnage désabusé de Nostalghia de Tarkovski. «A Girl Walks Home Alone at Night» © Praesens Film Si l'hybridation des genres et des formes peine à convaincre, le discours critique tenu par le film est en revanche plus intéressant. A Girl Walks Home Alone at Night dépeint un Iran morbide, gangréné par les Pères (ceux-ci sont à la fois tyranniques et violents) et rendu amorphe par l'éternel ressassement du même discours politique et religieux (celui que l'on entend en boucle à la télévision). La jeunesse n'est pas présentée sous un jour des plus favorables : ayant trouvé en l'ecstasy le moyen de fuir son malaise, elle se désintéresse de toute problématique sociale. On ne peut toutefois manquer de reprocher au film son culte excessif de la beauté : tous les corps des jeunes sont sublimes, semblant sortis droit d'une publicité pour parfum. Cette représentation esthétisante des corps transforme la charge sociale et politique en Anaïs Demoustier et Emmanuel Mouret dans «Caprice» © Agora Films a c t u a l i t contemplation auto-suffisante d'une imagerie trop léchée. Emilien Gür CAPRICE d’Emmanuel Mouret, avec Emmanuel Mouret, Virginie Efira, Anaïs Demoustier, Laurent Stocker (France, 2014) Quand le film commence, le ton est d’emblée donné, il sera léger, tendance humour décalé. On voit Clément (Emmanuel Mouret), enseignant, la trentaine élégante, assis sur un banc public avec son fils. Celui-ci a le nez plongé dans un livre (!) et c’est en vain que Clément lui propose un film ou un jeu vidéo sur son portable…! Quand il le ramène chez son ex-femme, Clément avoue qu’il a perdu sa veste et a oublié de lui faire faire ses devoirs. On voit que Clément est aussi irresponsable qu’indécis mais cela fait partie de son charme. Générique: Paris au printemps, lumières chaudes, lilas en fleurs sur fond de Jazz cool années 50, April in Paris, ça pourrait être Paris when it sizzles, comédie romantique de Richard Quine de 1964… On se rend immédiatement compte qu’Emmanuel Mouret a le sens du rythme et beaucoup d’oreille, qualités indispensables quand on ambitionne d’offrir une comédie de charme et de sophistication en hommage à Tati, Chaplin et Blake Edwards. Car, la suite le montrera, il y a délibérément é 13 c i n é m a 14 du M. Hulot et du Charlot dans le personnage de Clément, et aussi du Hrundi V. Bakshi, l’acteur indien immortalisé par Peter Sellers dans The Party de Blake Edwards, chef-d’oeuvre du comique slowburn. Redevenu célibataire, donc, Clément est secrètement amoureux d’Alicia (Virginie Efira), une actrice arrivée qu’il va admirer presque chaque soir sur scène. Le hasard l’amène à donner des cours du soir au fils d’Alicia. Il entre ainsi dans le bel appartement de la dame de ses rêves puis très vite dans son coeur, séduite qu’elle est par l’honnêteté maladroite de Clément, alors qu’elle a été beaucoup trahie par les hommes. Leur Bonheur serait complet si Clément n’était poursuivi au gré de rencontres fortuites par une actrice débutante, Caprice (Anaïs Demoustier, Bird People, Une nouvelle amie), prompte à faire de ces rencontres des signes du destin, puisque, dit-elle, tout est écrit et qu’ils sont faits l’un pour l’autre… Même si Caprice ne se montre pas jalouse et ne voit pas de problème s’il en aime une autre, elle est convaincue que Clément l’aime et devient objectivement dangereuse comme l’héroïne de Liaison fatale (la vio- genre particulier se transforme en quatuor, Thomas (Laurent Stocker) le directeur - et ami de Clément n’étant pas insensible au charme d’Alicia… Inutile de chercher une morale de la fable trop précise dans cet élégant marivaudage sans drame véritable qui tourne résolument le dos à la déprime générale hexagonale. Sinon qu’au gré des jeux de l’amour et du hasard, où une fois encore les femmes se révèlent décidées et les hommes hésitants, les couples auraient pu être tout autres… Une agréable comédie champagne. Christian Bernard LE DERNIER COuP DE MARTEAu d’Alix Delaporte, avec Romain Paul, Clothilde Hesme, Grégory Gadebois (France, 2014) Une route interminable sépare Victor (Romain Paul, prix Marcello-Mastroianni) de la plage du Languedoc où se trouve son habitation, un bungalow précaire dans lequel il habite avec sa mère malade (Clothilde Hesme). Cette distance physique évolue en fonction du chemin mental du garçon de treize ans, qui s’éloigne de la loirs de l’école et les stades de football pour errer dans les limbes de l’opéra. Malgré l’aspect mélodramatique du scénario, Le dernier coup de Marteau refuse toute forme de sensiblerie. Le récit est irrigué par le volontarisme des personnages, qui refusent la victimisation et affrontent leurs situations avec dignité. C’est à travers le corps que s’incarne cette lutte. Alors que Victor, confronté aux changements de l’adolescence, découvre l’amour avec Luna, sa jeune voisine espagnole, la mère de Victor masque la dégradation de son cancer et semble abandonner le combat pour sa survie. Le père de Victor, qui guide ses instrumentistes par une série de gestes contradictoires, se trouve quant à lui en inadéquation avec son orchestre. Les mutations physiques parcourent le film au fur et à mesure que se tissent les rapports entre les personnages et qu’un langage s’instaure : l’enfant murit, renoue avec ses capacités sportives et refuse la capitulation de sa mère en se rasant la tête. Ce trio familial en décomposition, jamais réunis dans le même plan, parvient finalement à se rassembler à travers une communication nou- «Le dernier coup de marteau» © Cineworks lence en moins). Les efforts maladroits et bien sûr vains de Clément pour cacher l’existence de Caprice nous valent quelques scènes réussies dans le cadre d’un suspense très classique dont on ne dévoilera pas l’issue. Disons tout de même que cette histoire de triangle amoureux d’un a mer pour investir de nouveaux lieux. En quête d’identité, l’adolescent cherche à reprendre contact avec son père, Samuel Rovinski (Grégory Gadebois), célèbre chef d’Orchestre venu interpréter la sixième symphonie de Mahler à Montpellier. Victor va alors déserter les cou- c t u a velle. Ce langage est muet ; les ellipses, les nondits et la musique remplacent les mots et confèrent aux dialogues et à l’image une certaine pudeur. A travers les yeux et l’ouïe de l’adolescent introverti qu’est Victor, le spectateur parvient à atteindre son intériorité. Le film de l i t é c i n é m a Delaporte joue subtilement sur une stylisation de la lumière qui entoure progressivement le personnage d’une « aura », sublimée par la justesse du jeu d’acteur de Romain Paul. La première rencontre entre l’adolescent et son père dans l’auditorium est emblématique d’une intéressante variation de la profondeur de champ présente dans tout le film: l’arrière plan, particulièrement flou au départ, nous laisse apercevoir graduellement le chef d’orchestre, encore étranger pour Victor. La 6e symphonie de Mahler résonne brutalement en arrière fond de la même manière qu’elle investira progressivement l’entièreté de l’univers du film. La musique devient le pont entre les trois personnages : le dernier coup de marteau n’est pas donné. Eléonore Beck LE JOuRNAL D’uNE FEMME DE CHAMBRE de Benoît Jacquot avec Léa Seydoux, Vincent Lindon, Clotilde Mollet (France, 2015) Après un échange vif entre Célestine, jeune chambrière de Paris du début du siècle, et une Normandie. Le journal d’une femme de chambre, c’est le début d’une « épopée de la servitude humaine » (Camillle de Sainte-Croix) à travers laquelle le travail domestique dépasse de loin le simple engagement salarial. Au lieu de s’appesantir sur les caractères archétypaux des personnages, le film de Benoît Jacquot se focalise avant tout sur l’ambiguë Célestine. Un port de tête droit et fier, une moue boudeuse, Léa Seydoux incarne un personnage complexe qui a intégré les mœurs bourgeoises sans quitter le bas de l’échelle sociale. Serait-ce l’univers parisien qui lui a insufflé cette piquante insolence et ses revendications ultra-modernes? La chambrière choisit ses patrons et refuse sa condition. Elle ne peut toutefois quitter la servitude : lorsque le chômage plane, les voraces racoleuses des maisons de passe s’abattent sur elle. La femme de chambre n’a d’autre choix que de se soumettre aux exigences de la domesticité. Les exigences, ce sont celles de Mme Lanlaire, femme revêche et frustrée, obsédée par son argenterie, agitant sans arrêt sa petite cloche exaspérante. Ce sont également celles de M. Lanlaire, patron soumis et manipulable, engros- sa domestique Rose (qui devient vite interchangeable), rejetant le statut de servante-maîtresse qui conduit Marianne à l’expulsion du domaine, Célestine ne se trouve pas moins asservie par la passion qu’elle éprouve pour le mystérieux cocher Joseph, cruel antisémite et potentiel assassin. Après les adaptations de Martov (1916), Renoir (1946) et Buñuel (1964), Benoît Jacquot délivre une quatrième version du célèbre roman éponyme d’Octave Mirbeau paru en 1900. Le film de Jacquot cherche à se distancer des autres versions par une plus grande fidélité au texte original. Alors que le film de Buñuel déplaçait le récit dans les années trente et nous exposait une Jeanne Moreau silencieuse et mutine, le film de Jacquot choisit d’entreprendre un travail de reconstitution d’époque et de redonner le pouvoir de la narration à la femme de chambre. Si l’on ne visualise pas le processus d’écriture de la chambrière, on le devine par l’introduction d’une voixover à la première personne et par l’intervention ponctuelle de flash-backs, qui restituent au récit sa forme première. Les costumes d’époque et l’accès à l’intériorité du personnage incarné par «Le journal d’une femme de chambre» © Carole Béthuel / Pathé films « placeuse », qui suggère implicitement à la jeune domestique d’user « d’inconduite » pour parvenir à s’élever socialement, l’intrépide femme de chambre se retrouve propulsée à l’intérieur de la haute bourgeoisie provinciale de a c t u sant successivement toutes les domestiques de la pension. Cette condition d’esclave (potentiellement sexuelle), conduit Célestine à choisir une liberté teintée de crime. Refusant la condition du concubinage à la manière du capitaine fou et de a l i t Léa Seydoux n’empêchent pas une vision moderne de l’œuvre de Mirbeau. Loin de l’étude de mœurs particulièrement subversive propre au roman, le film de Jacquot choisit de s’attacher plutôt au portrait de la femme de chambre, de sa é 15 c i n é m a discrimination sexuelle et salariale, laissant en toile de fond le contexte social et politique du tournant du siècle. Eléonore Beck SPARTIATES documentaire de Nicolas Wadimoff (Suisse, 2015) 16 “Yvan Sorel porte à bout de bras un club de MMA (Mixed Martial Arts, un sport de combat) dans les « Quartiers Nord » de Marseille, une partie de la ville principalement connue dans les médias pour le trafic de drogue qui s'y déroule, les gangs et les kalashnikov... Seul, envers et contre tout, sans aucun soutien financier de l'Etat qui a délaissé ces quartiers depuis bien longtemps, Yvan Sorel tente de garder les enfants et les adolescents dans le « droit chemin ». Le synopsis du pressbook l’annonce bien: Spartiates est essentiellement le portrait de cet Yvan Sorel, sorte de “grand frère” porteur d’une mission à accomplir et de valeurs à transmettre. Doté d’une forte personnalité et d’un indéniable charisme, ce lutteur professionnel (on voit deux de ses combats) veut être en tant que coach un véritable éducateur et transmettre ses valeurs (respect, effort, discipline) aux jeunes du quartier souvent sans pères ni repères. Il veut en faire des combattants, car “il faut être fort pour affronter la vie, encore plus dure que le ring”. On découvre rapidement ses méthodes de sergent instructeur et que sa pédagogie, censée apprendre le respect, «Spartiates» © Filmcoopi est fondée sur la peur, la menace et l’humiliation… C’est que le personnage est limité, totalement aveugle à la contradiction entre son discours et ses méthodes. A aucun moment Wadimoff ne nous fait entrer dans l’intimité d’Yvan Sorel qui reste un personnage en perpétuelle représentation. Rien n’est montré de lui en dehors du rôle qu’il se donne. Rien n’est dit de son identité alors qu’il entre sur le ring enveloppé dans les drapeaux algérien et serbe, se signe à la manière orthodoxe et parle l’arabe… Et le détour par sa compagne, infirmière montrée sur son lieu de travail – le seul moment du film où Sorel n’est pas à l’écran – apparaît inutile. Peut-être aurait-il fallu décrire d’avantage le “contexte” ramené à quelques gamins terrorisés par Sorel et à la Maire d’arrondissement, voulant aider mais sans moyen finan- Le vendeur de DVD et Jafar Panahi dans «Taxi» © FilmCoopi a c t u a cier (elle remettra une médaille à Sorel très ému…) Le seul charisme du personnage ne suffit pas à faire tenir le long-métrage sur la durée. Ramené à 52 minutes, y gagnerait-il? Christian Bernard TAxI TEHERAN (TAxI) Faux documentaire écrit, réalisé et produit par Jafar Panahi (Iran, 2015) Interdire les films du plus grand cinéaste iranien (plus grand sans doute - et moins prudent que Kiarostami dont il fut l’assistant sur Au travers des oliviers) et, pour faire bon poids, lui interdire de tourner et de sortir du pays, est parmi les plus scandaleuses forfaitures commises par le gouvernement de la République islamique d’Iran, s’agissant de la liberté d’expression. Internationalement reconnu dès son premier film, le merveilleux Ballon blanc (1995), ses oeuvres ont toutes été primées dans les grands festivals, alors qu’en Iran elles ne sont accessibles qu’en DVD vendus sous le manteau. C’est que, contrairement à son aîné, Panahi traite de sujets politiques. La condition des femmes (et plus particulièrement la prostitution) pour Le Cercle (Lion d’or à Venise en 2000), alors que le puissant Sang et Or pointe les inégalités sociales à travers l’histoire d'un vétéran de la l i t é c i n é m a guerre avec l'Irak. Quant à Hors Jeu (Ours d'argent à Berlin en 2006) il raconte les stratagèmes déployés par des Iraniennes fans de foot, pour contourner l’interdiction qui leur est faite d’assister aux matchs opposant des équipes masculines. Ceci n'est pas un film, coréalisé en 2011 avec Mojtaba Mirtahmasb, décrit sa situation de cinéaste interdit de tournage, filmé chez lui avec une caméra numérique ou un iPhone, attendant le verdict d’une cour d’appel. A ce film d’intérieur succède donc ce Taxi (Ours d'or au Festival de Berlin 2015) avec lequel Panahi trouve le moyen de sortir, de décrire la rue à Téhéran et les gens… S’improvisant chauffeur de taxi, il installe derrière son pare brise une caméra numérique qu’il oriente à volonté, filmant selon les moments la rue, ses passagers ou lui-même. Un dispositif aussi astucieux que discret… Dans ce faux documentaire, les passagers de “son” taxi sont des acteurs nonprofessionnels (qui resteront anonymes pour des raisons de sécurité). Se succédant, ils introduisent dans le taxi des morceaux de vie dont l’addition offre un aperçu étonnamment riche de la société iranienne. On voit ainsi défiler l’homme qui veut qu’on exécute les voleurs de roues de voiture, évidemment pas d’accord avec la femme qui soutient qu’il vaut mieux chercher les causes de la délinquance (le taxi est occasionnellement collectif), elle se révélant enseignante, lui refusant de dire sa profession… (flic?). Il y aura la nièce de Panahi, sorte de Zazie filmant avec sa caméra numérique (d’où un changement de point de vue) pour réaliser un film “diffusable” selon les critères de son maître d’école (les gentils n’ont pas de cravates; les gentils ont de la barbe…!). Il y aura le pirate du web qui vend toutes sortes de films dont les censurés… Moment surréaliste avec les deux dames superstitieuses qui doivent relâcher avant midi des poissons rouges dans un certain bassin, comme chaque année à cette date sous peine de mort. Changement de ton avec l’accidenté qu’il faut transporter d’urgence à l’hôpital et qui dicte son testament, filmé par la nièce de Panahi, léguant tout à sa femme en pleurs (qui rappelera Panahi plus tard, son mari sauvé, pour avoir quand même une copie du testament…) On reste admiratif devant l’ingéniosité et la a c t u fécondité du dispositif permettant de tourner envers et contre tout ces portraits témoins aussi bien de l’Iran d’aujourd’hui que de l’intelligence, de l’humour et de l’humanité de Panahi. A la fin du film, la caméra ayant été tournée vers l’avant, on voit Panahi sortir de son taxi et s’éloigner. Surviennent deux motards dont l’un s’approche. Bruit d’effraction en son off, l’écran devient noir mais le son continue. La camera estelle volée? Par des voyous? Par des “agents des services”? Mais elle n’a pas disparu puisque le plan est dans le film… Admirable subtilité pour dire que le cinéma sera toujours vainqueur de la censure. Christian Bernard IRANIEN un documentaire de Mehran Tamadon (France, 2014) Iranien et athée, le réalisateur Mehran Tamadon réussit à convaincre quatre mollahs partisans de la République Islamique d’Iran de venir passer quelques jours dans la maison inhabitée de sa grand-mère pour y discuter de la possibilité de vivre ensemble en Iran lorsqu’on a des visions du monde complètement différentes. Ce projet d’une sorte de téléréalité à visée philosophique est intéressant en lui-même, quand sans souci de la canaliser ou lui donner vraiment une forme. Très rapidement, le spectateur se trouve confronté à un débat à deux, un des mollahs prenant très vite l’ascendant sur les autres, qui se contentent d’opiner ou de ricaner sans rien apporter au débat. Débat qui n’a jamais lieu : le discours et les questions de Mehran Tamadon se heurtent aux certitudes et aux réponses « inattaquables » du religieux puisqu’elles trouvent toutes leur origine dans le Coran. Quant à la possibilité de ne pas suivre le Coran (à défaut de pouvoir le discuter), elle se heurte systématiquement à l’ultima ratio : nous avons le pouvoir puisque nous sommes majoritaires depuis 30 ans et la ou les minorité(s) doivent se soumettre à la majorité ! Ce discours totalitaire se tient dans une sorte de bonhomie particulièrement détestable (plaisanteries sur les femmes qui se promènent sans culottes en Occident !) qui camoufle mal le côté franchement fasciste du propos quant il est question de l’homosexualité (un virus !), du divorce, des femmes comme figures sataniques parce qu’elles soumettent l’homme à la tentation… Enfin, et c’est là peut-être le pire, Mehran Tamadon est tellement amorphe, muet devant ce qu’il entend, nul dans son argumentation qu’il n’offre aucune contradiction réelle à ce mollah pétri de certitudes, habile rhéteur, cabotin et «Iranien» © First Hands films bien même il ne comporte pas d’aspect spécifiquement cinématographique. C’est d’ailleurs une des faiblesses graves du film que de ne jamais interroger son dispositif qui voit 5 personnes évoluer dans un huis-clos à préparer des repas, à les manger et à discuter de la liberté de penser dans un Etat islamique. L’autre défaut est de laisser la conversation se développer ou s’enliser a l i t d’une mauvaise foi consternante et jamais relevée par son « contradicteur ». On s’étonne d’apprendre que le cinéaste a été interdit de retour en Iran pendant quelque temps : il ne représente vraiment pas le moindre danger pour le pouvoir ! Serge Lachat é 17 o p é r saison lyrique lausannoise Des productions mixtes Du neuf et du non conventionnel.... Eric Vigié présentait, au début du mois d'avril, sa dixième saison lyrique lausannoise. Comme il a tenu à le préciser en préambule, il ne compte pas faire des effets de manches spectaculaires pour marquer cet anniversaire, mais entend bien plutôt tirer profit de la confiance que le public lui accorde pour inviter son public à parcourir des sentiers moins directement passants du répertoire international. Opéras 18 Sept ouvrages seront à l'affiche au cours de la saison 2015-2016, huit si l'on compte le spectacle bisannuel de la déjà traditionnelle Route lyrique. Dans presque tous les cas, il s'agit de titres qui ne font pas partie du grand répertoire, ou qui n'ont pas été présenté à Lausanne depuis de nombreuses années. L'amateur de (re)découvertes ne peut que s'en réjouir. La Cenerentola de Rossini, une version très rationaliste du conte de Cendrillon, ouvrira les feux en octobre. Il s'agit d'une nouvelle production de l'Opéra de Lausanne (qui d'ailleurs ne fera pratiquement jamais recours à l'emprunt de spectacles achetés clef en main à des théâtres étrangers pendant tout l'hiver prochain) dont les rôles principaux sont confiés à des spécialistes jeunes mais confirmés qui ont nom Serena Malfi, Edgardo Rocha, Giorgio Caoduro ou Kelly Markgraf, la direction de l'Orchestre de Chambre de Lausanne étant assurée par Pascal Meyer et la mise en scène par Adriano Sinivia, bien connu des Lausannois après ses passages en terre romande pour régler ses versions rafraîchissantes du Barbier de Séville, de Monsieur de Pourceaugnac et de La Périchole notamment.. Le spectacle pour enfants sera consacré à L'Enfant et les Sortilèges de Ravel, proposé également dans une production maison en novembre prochain avec le concours de jeunes chanteurs qui ont la lourde tâche de rester crédibles dans des emplois qu'il faudrait presque réserver à des enfants! Pour les fêtes de fin d'année, l'Opéra s'offre une nouvelle réalisation scénique de My Fair Lady, une comédie musicale de Frederic Loewe d'après George Bernard Shaw que le cinéma a rendue immortelle avec la complicité de l'improbable couple que formaient Audrey Hepburn et Rex Harrison. Pour la circonstance, la version proposée sera mixte car les lyrics seront chantés dans l'original anglais alors que les dialogues seront, eux, dits en français, ce qui devrait satisfaire tous les puristes du genre tout en assurant un maximum de complicité entre acteurs et spectateurs... François Leroux sera le Professeur Higgins, alors que son élève rusée aura les traits et la voix de Marie-Ève Munger. Le Sinfonietta de Lausanne sera dirigé par Arie van Beek et les intermèdes chorégraphiés se verront confiés au Ballet Centre Igokat. Une autre soirée composite au programme séduisant attend les fidèles de l'Opéra en janvier avec une soirée commençant par Les Mamelles de Tirésias, dans une production empruntée aux théâtres de Bilbao et de Barcelone. Ce court ouvrage, écrit sur un livret surréaliste par un Francis Poulenc à l'humour décapant, servira de hors-d'œuvre à La Gaieté parisienne un ballet dansé sur une musique d'Offenbach, dans la version qu'a promenée le Béjart Ballet aux quatre coins du monde sans l'avoir jamais présentée jusqu'ici à Lausanne!.. Trois titres absents depuis trop longtemps Retour vers des eaux plus fréquentées avec La fille du régiment, un opéra comique de Donizetti écrit sur un livret français suite à une commande d'un opéra parisien. L'œuvre n'a pas été jouée à Lausanne depuis des lustres (l'a-t-elle même jamais été ?) et est surtout connue pour son air de ténor qui enchaîne les notes suraiguës sur un rythme endiablé. Il s'agit du grand air du ténor qui vient de s'engager à l'armée pour plaire à sa dulcinée, une page rendue autrefois célèbre par un certain Luciano Pavarotti qui aimait à l'inscrire régulièrement à son répertoire lors de ses récitals de chant. A Lausanne, Frédéric Antoun aura le redoutable honneur de se mesurer à ces monstres sacrés qui ont nom Juan Diego Florez ou Nicolaï Gedda alors que la jeune Julie Fuchs se chargera du rôle de Marie dans lequel Nathalie Dessay a 4, 6, 7, 8 et 11 novembre 2015 : «L’enfant et les sortilèges» a c t a u a l i t é o p é r a 17, 20, 22 & 24 janvier 2016 : «Les Mamelles de Tiresias» souvent brillé sur toutes les scènes du monde. Il s'agit encore une fois d'une nouvelle production lausannoise placée sous la direction du bien connu Roberto Rizzi Brignoli (cinq représentations en mars)... Le baroque est à l'honneur avec une autre production étrennée en avril : Ariodante de Haendel offrira au public l'occasion de découvrir un jeune contre-ténor ukrainien au seuil d'une brillantissime carrière : Yuriy Mynenko. Il aura à ses côtés, dans le rôle du méchant Polinesso, un autre haute-contre plus célèbre, le Français Christophe Dumaux, alors que Robin Johannsen et Clara Meloni prendront en charge les deux autres rôles importants. La direction sera assurée par Diego Fasolis, fondateur du fameux ensemble baroque tessinois I barocchisti, qui est devenu entretemps un des orchestres favoris de Cecilia Bartoli qui l'accompagne jusqu'au Festival de Salzbourg Le spectacle sera mis en scène, décoré, costumé et éclairé par Stefano Poda qui reviendra deux mois plus tard pour prendre également en charge une nouvelle mouture du Faust de Gounod, lui aussi absent des affiches lausannoises depuis fort longtemps. L'OCL sera dirigé par Jean-Yves Ossonce alors que les quatre rôles principaux sont confiés à des voix qui n'ont pas encore eu l'occasion de briller souvent dans ce répertoire : Paolo Fanale sera Faust, Kenneth Kellog Méphisto (il sera l'Orateur et Sarastro dans la Flûte enchantée vaudoise qui sera donnée en juin 2015), Maria Katzavara a c t u Marguerite (elle fut Juliette au Théâtre de Beaulieu) et Régis Mengus Valentin (après avoir été Danilo dans la Veuve joyeuse et le Père dans Les Mamelles de Tiresias sur ce même plateau...) Ballets et Concerts Au plan des ballets, signalons en septembre la rare venue en Suisse du Mikhailovsky Ballet de Saint Petersbourg qui se produit sur la scène du Théâtre Michel; il s'agit en fait de la deuxième grande compagnie de danse de cette ville et plusieurs spécialiste n'hésitent pas à dire que ses spectacles valent ceux de la compagnie du Marinsky (anciennement le Kirov), beaucoup plus connue sous nos latitudes. Au pro- gramme, deux pièces contemporaines sur des musiques de Schubert et de Debussy présentées en première suisse. The Dance Factory interprétera ensuite en novembre et en première suisse également sa vision de Carmen sur des musiques de Bizet, Chédrine et Arvo Pärt. Trois concerts ajoutent encore une touche de variété bienvenue à l'affiche : l'Orfeo Barockorchester présentera des oeuvres de Bach, Muffat et Fischer en octobre, l'Irish Baroque orchestra apportera quant à lui le Messie de Haendel dans ses valises lors de sa première tournée suisse le 15 novembre. Enfin, au début février 2015, Isabelle Meyer présentera un programme original réunissant, sous le titre : le violon à l'opéra, diverses transcriptions pour cordes d'airs célèbres confiés d'habitude aux gosiers agiles des divos et divas un peu partout dans le monde. Elle sera accompagnée de l'Ensemble Arc-en-ciel et se prêtera aux divers jeux de mise en scène concoctés par Gérard Diggelmann. Pour finir sur une note plus détendue, signalons que les jeunes artistes en formation à l'Opéra de Lausanne se réuniront sous la houlette de Patrick Lapp pour présenter en divers endroits du canton, sous le label 'Route lyrique', leur version de la Belle de Cadix de Francis Lopez. Eric Pousaz Pour plus de précisions, contacter l'Opéra à : www.opera-lausanne.ch 30 septembre et 1er octobre 2015 : «Nunc Dimittis», photo Mikhailovsky Theatre a l i t é 19 o p é r a berlin : tour de piste pour un opéra de puccini rarement à l'affiche La rondine La rondine (ou L'hirondelle en français) est une de ces oeuvres dont on parle beaucoup dans les manuels d'histoire de l'art lyrique mais que l'on rencontre rarement à l'affiche d'un théâtre. 20 «La Rondine» © Bettina Stoess L'histoire semble faire référence à plusieurs titres célèbres autrement plus connus : la courtisane Magda attirée par la pureté de sentiments d'un jeune homme de bonne famille, naïf et sincère, fait immanquablement penser à la Traviata; une dame d'âge mûr qui renonce à un jeune jouvenceau rappelle la situation dans laquelle se démène la Maréchale du Chevalier à la rose de Richard Strauss, alors que la servante empruntant une toilette de soirée de sa maîtresse pour aller au bal se retrouve déjà dans le 2e acte de la Chauve-souris d'un autre Strauss! Puccini, très avisé en affaires, voyait d'un bon œil le profit qu'il pouvait tirer du succès remporté par ses ouvrages sur les scènes germaniques; il souhaitait donc écrire une fois une œuvre légère de ton, dans le style d'une opérette viennoise à la Lehár, pour partir à la conquête d'un public avide de savourer des musiques plus digestes. Aussi n'hésite-t-il pas longtemps lorsqu'un théâtre de la capitale autrichienne lui passe commande d'une opérette, même s'il n'entend pas se soumettre avec servilité aux lois du genre avec intermèdes parlés et dansés... L'éclatement de la Première Guerre mondiale anéantira ses projets, et c'est finalement à a Monaco en mars 1017 qu'aura lieu la création mondiale de cette Rondine... L'œuvre se présente comme une longue conversation en musique, parsemée de quelques airs plus consistants qui permettent aux solistes d'accaparer l'attention un instant. Mais l'époque des grands 'tubes' qui ont fait le succès de Bohème, Tosca ou Butterfly est révolue et il faut bien admettre que les plaisirs immédiats que procure ce nouvel opus sont bien moins intenses qu'auparavant. Ce changement radical dans le langage musical du compositeur explique sans le justifier le relatif mépris dont est victime cet opéra que beaucoup de théâtres prestigieux ne se sont pas encore souciés d'inscrire à leur répertoire. La mise en scène de la création berlinoise de cette œuvre à la Deutsche Oper a été confiée à Rolando Villazón; le ténor vedette semble en effet soucieux de varier ses activités après la crise vocale qui a ébranlé les fondements de sa carrière au cours des saisons passées et signe trois nouvelles productions d'ouvrages lyriques au cours de cette année (il sera encore à BadenBaden pour une nouvelle Traviata en mai prochain). c t u a Sa production ravit l'oeil et prend bien garde de ne pas froisser le public. Tout baigne dans un climat d'élégance raffinée, depuis les costumes seyants dessinés par Brigitte Reifenstuel jusqu'au splendide décor unique, regorgeant d'ors et de miroirs, dessiné par Johannes Leiacker. La mise en scène se veut d'abord illustrative et remplit pleinement son contrat, même s'il eût peut-être été souhaitable de scruter d'un peu plus près le livret pour en soutirer quelques prolongements qui auraient pu donner un brin de mordant à cette œuvrette; en l'état, la nouvelle Rondine berlinoise réglée par Rolando Villazón propose un pur divertissement sans conséquence et finalement un peu longuet sur lequel on n'est pas mécontent de voir tomber le rideau. Il faut dire que la distribution ne tient pas ses promesses : la Magda d'Aurelia Florian nous gratifie d'un chant bien trop dramatique et presque inconvenant chez cette coquette superficielle dont l'opéra est censé brosser le portrait; de même, avec son ténor déjà épais et compact, Charles Castronovo convainc difficilement dans son rôle de jeune premier timide dont on peine à croire qu'il tombe amoureux pour la première fois. Les personnages secondaires sont nettement mieux servis : Alvaro Zambrano est un Prunier délicieusement bavard, dont le baryton léger se marie idéalement au soprano aigu de la Lisette mutine d'Alexandra Hutton. Le chœur et l'orchestre de l'institution font bonne figure sous la direction enthousiasmante de vigueur et de subtilité de Roberto Rizzi Brignoli, un chef bien connu des Lausannois où il a déjà dirigé entre autres Tosca, Norma, Lucia di Lammermoor et Luisa Miller. Si une telle soirée se justifie amplement dans une capitale où les plaisirs lyriques sont légion, il est néanmoins compréhensible que l'on reste plus frileux en province devant une œuvre au charme aussi suranné, malgré l'habit chatoyant que le compositeur a greffé sur un livret d'une accablante banalité... (Représentation du 12 mars) La fille du Far-West Autre atmosphère le lendemain soir pour la reprise de La fanciulla del West, qui marquait le début d'un véritable festival dédié par la Deutsche Oper au compositeur italien dont pas moins de six titres étaient à l'affiche en mars et avril. La mise en scène de Vera Nemirova a déjà plus de dix ans; elle transplante avec succès l'univers du Far West dans un monde de containers où des ouvriers travaillant au noir ont trouvé refuge, constamment tiraillés entre la peur de se l i t é o p é r a «La Fanciulla del West» © Bettina Stoess faire éjecter et celle de se voir trompés par des spéculateurs capitalistes avides d'abuser de leur crédulité. La violence est partout; seule Minnie, la tenancière d'une minable boutique de fast food, parvient à faire régner un semblant d'ordre dans cet espace dénaturé. C'est pourquoi l'idylle qui s'ébauche entre elle et un bandit au grand cœur fait sourire dans un tel contexte actualisé, mais la musique de Puccini est si forte et si novatrice de ton que la magie opère comme au premier jour. L'orchestre, cravaché par Carlo Rizzi, rappelle à bon escient que le compositeur restait à l'écoute de son temps et ne se contentait pas d'appliquer de vieilles recettes italiennes en les rhabillant quelque peu, comme le faisaient un Mascagni ou un Giordano. La modernité de ce langage, souvent traversé de violentes zébrures qui mettent à mal les lois de l'harmonie traditionnelle, colle admirablement au sujet, en souligne la violence latente et sous-tend avec verdeur un chant à la fois exalté et sensuel. La voix éblouissante de la Minnie incendiaire qu'incarne une Emily Maggie survoltée survole la soirée avec une intensité dramatique d'une rare beauté alors que le ténor à l'étoffe mordorée mais aux aigus engorgés de Zoran Todorovich peine à se hisser sur les mêmes sommets dans le rôle du hors-la-loi bien-aimé. Plus inattendu, le Jack Rance belcantiste de Jon Lundgren, au baryton chaud et charnu, fait preuve d'un aplomb séduisant jusque dans ses accès de colère, au point de rendre presque incompréhensible le rejet dont il fait l'objet. Excellents, les nombreux chanteurs qui se partagent les petits rôles se fondent avec aplomb dans l'ensemble et réussissent à faire de cette soirée un moment d'un inoubliable dynamisme dramatique. (Représentation du 13 mars) Eric Pousaz LA VISITE DE LA VIEILLE DAME DE FRIEDRICH DÜRRENMATT MISE EN SCÈNE OMAR PORRAS THÉÂTRE | EQUILIBRE MA 12 ET ME 13 MAI 2015 À 20H Chef d’œuvre d’humour grotesque, cette comédie féroce est recréée pour la 3e fois par le Teatro Malandro à l’occasion de ses 25 ans. Son célèbre metteur en scène, récent récipiendaire de l’anneau Hans-Reinhart, y endosse à nouveau le rôle-titre avec une franche jubilation. WWW.EQUILIBRE-NUITHONIE.CH RÉSERVATIONS FRIBOURG TOURISME ET RÉGION 026 350 11 00 a c t u a l i t é 21 o p é r a entretien avec anne blanchard Beaune cru 2015 Anne Blanchard poursuit contre vents et marées la croisière glorieuse du Festival de Beaune, au cœur historique de la Bourgogne et au croisement des routes d’Europe. L’édition 2015 du « Festival international d’opéra baroque & romantique », 33e édition, s’annonce tout aussi fastueuse. L’entreprenante directrice de cette manifestation incontournable de l’été musical français, livre les grandes lignes de sa programmation. tion à Beaune. C’est un programme d’airs de cour – que je peux dévoiler par rapport à la brochure éditée – consacré à Lambert, Moulinié et Charpentier. Un spectacle qui se promet magnifique, interprété par des chanteurs éprouvés, essentiellement anciens du « Jardin des Voix ». La jeune garde de Christie ! Le lendemain, 11 juillet, nous recevons un orchestre qui n’avait jamais foulé le sol beaunois : les Siècles. Accompagné d’un ensemble vocal lui aussi inédit chez nous : les Cris de Paris. Et un chef également nouveau en ces lieux, Geoffroy Jourdain. Pour Israël en Égyp- « Nous poursuivons l’intégrale des opéras et oratorios des compositeurs emblématiques du festival, comme Haendel qui est présent à Beaune depuis plus de 25 ans ; et Lully bien sûr, initié en 2001 avec Persée et Christophe Rousset, qui donnera cette année son cinquième opéra de Lully. 22 Le festival commence donc en force avec Armide, le dernier opéra et chef-d’œuvre de Lully. Et je peux ajouter que nous prévoyons en 2016 certainement un autre opéra de Lully, toujours avec Rousset. Cela fait maintenant 14 ans que ce cycle Lully-Rousset se poursuit. Une anthologie des opéras de Lully ! Ici Armide, un opéra sublime, avec le magnifique personnage central. Qui a inspiré tant d’autres compositeurs, à commencer par Gluck. Le lendemain, le samedi 4 juillet, nous accueillons Damien Guillon, qui avait été déjà reçu chez nous comme contre-ténor. Pour un Orchestre les Siècles © Marie Nicolas programme Vivaldi, comme les contre-ténors savent parfaitement faire : Stabat Mater et Nisi Dominus. Il dirige cette fois son nouvel ensemble, qui fait son apparition à Beaune : le Banquet Céleste. C’est ainsi que d’autres ensembles vont également faire leur première à Beaune cet été. J’y reviendrai. Le dimanche se donne aux célèbres Vêpres de Monteverdi, par le plus grand spécialiste de Monteverdi, qui est Rinaldo Alessandrini. Lui aussi un ancien habitué du festival, où il a débuté il y a 24 ans. Week-end 2 Pour le week-end 2, nous retrouvons notre fidèle William Christie, chez nous depuis 1985. Ce sera la 31e année de sa participa- William Christie © Sylvain Mignot a c t u a te de Haendel. Cet oratorio qui multiplie les chœurs, dans une conception extrêmement dramaturgique, contant l’épopée biblique de la sortie des Juifs d’Égypte. Un thème immémorial. Avec beaucoup d’effets spectaculaires et une musique très descriptive, quasi picturale. Le dimanche qui suit, nous retrouvons Gaëlle Arquez pour un récital, et sa neuvième collaboration, avant sa dixième, en l’espace de quatre ans. C’est notre festival qui l’a lancée dans les grands rôles lyriques. Et l’on sait la carrière qu’elle accomplit actuellement. Week-end 3 Le troisième week-end s’ouvre par Jephtha, pour continuer dans la veine haendelienne – puisque Beaune doit en être à son quarantième ouvrage de Haendel ! C’est notre fidèle Ottavio Dantone qui mène la soirée, avec la présence de Gaëlle Arquez, Delphine Galou, Catherine Watson, une ancienne du « Jardin des Voix » forte maintenant d’une belle carrière. l i t é o p é r a ment fondateur, et qui justifie notre nouvelle appellation « Festival international d’opéra baroque & romantique ». Œuvre pharaonique, emblématique du génie de Beethoven. Le lendemain, retour de notre cher Paul McCreesh, qui avait débuté à Beaune dans Purcell et y revient, après 23 ans de bons et loyaux services ; pour King Arthur. La pièce anglaise fétiche, british, celtique… Avec une distribution uniquement de jeunes Britanniques. La nouvelle génération. Le dimanche marque le trentième anniversaire de René Jacobs à Beaune ; depuis ce premier jour, sous la direction de William Christie, où il chantait des airs de cour. Il sera à la tête d’un orchestre nouveau ici, le Helsinki Baroque Orchestra. Dans deux cantates profanes de Bach, Trauerode et Hercule à la croisée des chemins. Une belle soirée en perspective. Week-end 4 Le dernier week-end termine avec l’oratorio inédit de Porpora, Il Trionfo della Divina Giustizia, que dirige le jeune Thibault Noally à la tête des Accents. Une grande première ! La partition a été récemment découverte, et vient seulement d’être éditée. Thibault Noally, qui l’a examinée, s’en est René Jacobs © Marco Borggreve / Harmonia Mundi passionné. Je précise que ce sera notre nouveau chef invité, sur au moins trois ans. Après Christophe Rousset, il y a plus de vingt ans, puis Emmanuelle Haïm, puis Jérémie Rhorer, puis Raphaël Pichon… La clôture le samedi 25 juillet se fait en beauté, avec la Missa Solemnis, dirigée par JeanChristophe Spinosi. Un moment romantique particulière- Gaëlle Arquez © Gilles Brebant a c t u Et il y a une nouveauté pour cette édition : les dîners de Gala, destinés à des levées de fonds en quelque sorte. Chaque week-end, un dîner qui convie en compagnie des artistes, avec uniquement des vins des Hospices de Beaune. Si l’on fait ces dîners, c’est aussi pour tenter de trouver des fonds supplémentaires. Car nous avons perdu quelque 50 000 euros par rapport à l’an passé. Ce qui a obligé à supprimer une dernière pièce initialement prévue dans la programmation. C’est une situation générale, que l’on retrouve ailleurs. Le Conseil régional de Bourgogne, qui réunit les quatre départements, n’a pas de fond propre. Il dépend exclusivement des dotations de l’État. Il participe donc avec ses moyens, réduits cette année, sans possibilité de lever des fonds. Mais il nous soutient toujours. Et il reste notre premier partenaire. En compagnie de la Ville de Beaune, le Ministère de la culture, le Conseil général de la Côte-d’Or. Le mécène principal demeure la Fondation Orange, avec aussi les Hospices civils de Beaune, qui non seulement nous hébergent mais aussi nous subventionnent, et la Caisse des Dépôts. Ainsi que tous nos habituels partenaires, dont les partenaires médias. » Propos recueillis par Pierre-René Serna Du 3 au 25 juillet, en quatre week-ends. Tél. : 00 33 3 80 22 97 20. www.festivalbeaune.com Thibault Noally a l i t é 23 o p é r a opéra du rhin bâle L'ultime opéra seria de Mozart est avant tout un drame psychologique, et la metteuse en scène Katharina Thoma a eu raison de se concentrer sur l'interaction entre les personnages au lieu de chercher à épicer une action scénique relativement pauvre d'éléments dramatiques extérieurs afin de maintenir la tension. Daphné est l'une des dernières créations de Richard Strauss; créé en 1938 sous la direction de Karl Böhm à Dresde, l'opéra n'est jamais parvenu à s'imposer au répertoire et fait aujourd'hui encore figure de rareté lorsqu'il est programmé par un théâtre aventureux. Clemenza di Tito Daphné 24 Le décor élaboré de Julia Müer placé sur une scène tournante définit trois lieux : un jardin pour les rencontres informelles, une chambre pour les scènes plus intimistes et un lieu de réception aussi froid qu'impersonnel pour les moments où les impératifs de la vie publique passent avant ceux de la vie privée. En faisant sans cesse virevolter ce décor, le spectateur se sent transporté dans la tête des personnages où les sentiments contradictoires se mêlent, où les désirs inavoués et frustrés s'entrechoquent et où la raison finit par céder le pas face aux impératifs du coeur ou de l'ambition. Le procédé, efficace en soi, eût pourtant mérité d'être utilisé avec plus de parcimonie pour éviter la surcharge inutile, mais dans sa conception d'ensemble, cette traduction scénique convainc de bout en bout. L'orchestre symphonique de Mulhouse est dirigé par Andreas Spering, un chef qui s'est fait une spécialité des relectures 'à l'ancienne'. Les tempos sont vifs, les accompagnements des airs ont du relief et vibrent à l'unisson des passions chantées, - en un mot : le langage dramatique de Mozart n'a jamais paru aussi vivant et complexe au point que cette approche vivifiante rend peu compréhensible le relatif dédain des programmateurs de salles lyriques à l'encontre de cette partition. La distribution réunie pour l'occasion frappe d'abord par la magnifique complémentarité des timbres, «La Clemenza di Tito» © Alain Kaiser malgré une défection de dernière minute due à la maladie de Jacquelyn Wagner; cette dernière a pourtant tenu à incarner Vitellia scéniquement, tandis que le chant était confié à Elodie Hache, familière du rôle, qui se tenait sur le côté de la scène. La représentation n'a pas souffert de cette substitution de dernière minute tant les deux artistes semblaient aborder le rôle avec la même conception : vocalité ardente, vocalise portée sur le panache plutôt que sur l'intériorité et propension marquée à l'emphase... Stéphanie d'Oustrac aborde le personnage central de Sesto dans la même perspective avec un timbre chaleureux qu'entache parfois une émission qui devient brouillonne dans le haut de la tessiture. Malgré la beauté du grain de sa voix claire, Benjamin Bruns reste un bien pâle Titus: son ténor exigu peine à passer la rampe et l'interprétation manque de punch, de dignité, de vraie grandeur au point que son pardon final semble bien arbitrairement télescopé pour permettre le happy end d'usage. Chiara Skerath est une Servilia à la personnalité déjà affirmée dont le chant ravit à chaque instant, contrairement à l'Annius résevé au style plutôt hésitant d'Anna Radziejewska. Comme à leur habitude, les chœurs font excellente figure... (Représentation du 6 mars) Bâle a pris le risque de proposer une version scénique de cette pastorale tragique en en confiant la réalisation à Christof Loy, un des metteurs en scène les plus discutés du moment. Son approche est radicalement opposée à ce qu'on attend dans ce répertoire : on ne voit donc pas de bergers batifolant dans de verts pâturages, pas de reconstitution d'un monde idéalisé à l'antique, pas de transformation magique de Daphné en arbre mythique. L'action se déroule au contraire pendant une fête de la bière (à Munich?). Les hommes portent chemises blanches et culottes de cuir, les femmes s'accommodent d'un 'dirndl' seyant. Daphné n'est que la serveuse d'une cantine que possèdent son père Peneios et sa mère Gaea. Elle est sans cesse houspillée par une gent masculine prompte à tomber la chemise et se réfugie dans le rêve en caressant une misérable petite plante en pot qu'elle soigne comme la prunelle de ses yeux. Elle repousse les avances d'un adorateur timide Leukippos - car elle ne consent pas à perdre une once de sa pureté originelle. Même Apollon ne la fait pas fléchir. Quand elle tue son amoureux devenu trop entreprenant, elle est emmenée sans façon par la police tandis que le corps sans vie de l'amant malheureux reste abandonné sur la scène. La voix off de Daphné transformée en arbre résonne alors dans le lointain comme la réminiscence d'un bonheur passé, d'une occasion manquée. Evacuer ainsi toute dimension magique a un prix, certes, et les dix dernières minutes de l'opéra paraissent bien artificielles. Mais l'action y gagne en lisibilité et les enjeux dramatiques en véracité. Ainsi représentée, Daphne retrouve une vigueur et un impact scénique que les versions plus traditionnelles ont tendance à gommer outrageusement sous une élégance de convention. Agneta Eichenholz se révèle sublime de bout en bout dans le rôle écrasant de l'héroïne: l'aigu sonne clair et domine un orchestre pourtant puissant avec une aisance qui frise l'effronterie; et quelle fluidité dans le débit, quelle richesse de nuances dans les longs monologues qui lui sont dévolus!... On ne saurait imaginer mieux sur quelque plan que ce soit... Rolf Romei, dans le rôle difficile de Leukippos, se hisse sans peine à son niveau avec son ténor clair et délié qui lui permet de brosser de son admirateur transi un portrait délicatement coloré. La voix plus raide de Marco Jentsch convient bien au personnage d'Apollon malgré quelques notes élevées d'une facture plutôt malhabile. Hanna Schwarz en Gaea rappelle une fois de plus que les ans ne semblent pas avoir de prise sur son timbre velouté et charmeur alors que la basse sonore et virile d'accents de Thorsten Grümbel dote le personnage de Peneios du poids dramatique idéal. L'orchestre placés sous la direction de Hans Derwanz privilégie les effusions lyriques à la mise en exergue des innombrables raffinements d'instrumentation dont le compositeur a parsemé sa partition. Devant tant de beautés sonores alignées sans recherche de contrastes, l'oreille finit par ne plus s'y retrouver et s'abandonne à une sorte d'assoupissement bienheureux qui nuit finalement à l'intelligibilité du propos. (Représentation du 8 mars) Eric Pousaz Eric Pousaz a c t u a l i t é o p é r a zurich Opernhaus (044.268.66.66) s La Traviata (Armiliato-Hermann) – 1er, 3, 6, 8, 14, 17, 20, 23 mai s Fidelio (Poschner-Homoki) – 2, 5, 10 mai s Falle (Matheson-Essingen) – 8, 10, 12, 16, 19, 21 mai s La Verita in cimento (DantoneGloger) – 25, 27, 29, 31 mai paris Champs-Elysées (01.49.52.50.50) s Macbeth (Gatti-Martone) – 4, 7, 11, 13, 16 mai Opéra Comique (0.825.01.01.23) s Ciboulette (Equilbey-Fau) – 3, 5, 7 mai s Contes de la lune vague après la pluie (Wurtz-Huguet) – 18, 19 mai Opéra National (08.92.90.90) Bastille : s Die Zauberflöte (Trinks-Carsen) – 3, 6, 10, 14, 26, 29 mai avignon Opéra Grand Avignon (04.90.82.81.40) s Hamlet (Ossonce-Boussard) – 3, 6 mai dijon Opéra (03.80.48.82,82) s Wozzeck (Pomarico-Anglade) – 6, 8, 10 mai lyon Opéra (0826.30.53.25) s Carmen (Minasi-Py) – 2, 5, 7, 9, 11, 13, 15, 17 mai montpellier Opéra National (04.67.60.19.99) s Wesendonck Lieder/Château de Barbe-Bleue (BaleffScarpitta) – 5, 7, 10 mai Gilliam) – 9, 12, 15, 18, 25, 28, 31 mai Föttinger) – 8, 10, 12, 15, 17 mai s La Clemenza di Tito (Ehrhardt) – 11 mai s Les Mamelles de Tiresias/L'Heure espagnole (Rocco-Krenn) – 28, 30 mai bruxelles La Monnaie (32/70.23.39.39) s Un Ballo in maschera (RizziOllé) – 12, 13, 15, 16, 17, 19, 20, 21, 23, 24, 26, 27 mai berlin barcelone Liceu (34.934.85.99.13) s Cosi fan tutte (PonsMichieletto) – 20, 21, 22, 24, 26, 27, 28, 29, 30 mai s I due Foscari (Zanetti) – 3 mai madrid Teatro Real (34/90.224.48.48) s La Traviata (PalumboMcVicar) – 2, 3, 5, 6, 7, 8, 9 mai s Fidelio (Haenchen-Pier'Alli) – 27, 30 mai Etienne Dupuis chantera le rôle-titre dans «Eugène Onéguine» à Berlin milan londres ROH (0044/207.304.4000) s Le Roi Roger (Pappano-Holten) – 1er, 6, 9, 12, 16, 19 mai s La Traviata (Minkowski-Eyre) – 18, 22, 25, 28 mai s La Bohème (Ettinger-Copley) – 23, 27, 30 mai florence Teatro del Maggio Musicale (39/056.27.79.350) s Fidelio (Mehta-Pier'Alli) – 3, 5 mai s The Turn of the screw (Webb-Sicca) – 22, 24, 28, 30 mai s Candide (Axelrod-Micheli) – 23, 25, 31 mai Opéra National du Rhin (03.89.36.28.28) s Ariane et Barbe-Bleue (Calligari-Py) – 4, 6 mai, à Mulhouse les 15, 17 mai toulouse Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13) s Les Fiançailles au couvent (Sokhiev-Duncan) – 15, 17, 19, 22, 24 mai amsterdam a c t Anastasia Kalagina sera Louisa des «Fiançailles au couvent» à Toulouse © DR u rome Teatro dell’opera (39/06.48.16.02.55) s Le Nozze di Figaro (Böer-Strehler) strasbourg De nederlandse Opera (31.20.62.55.456) s Benvenuto Cellini (Elder- Teatro alla scala (39/02.720.03.744) s Turandot (Chailly-Lehnhoff) – 1er, 5, 8, 12, 15, 17, 20, 23 mai s Lucia di Lammermoor (RanzaniZimmermann) – 28, 31 mai a l – 21, 24, 26, 28, 30, 31 mai turin Teatro Regio (39/011.881.52.41) s Hänsel und Gretel (SteinbergBorrelli) – 6, 7, 8, 9, 10 mai vienne Staatsoper (43/1514447880) s Eugène Onéguine (LangréeRichter) – 1er mai s Don Pasquale (Lopez-CobosBrook) – 2, 5, 8, 11 mai s L'Elisir d'amore (Garcia Calvo-Schenk) – 6 mai s Il Barbiere di Siviglia (GüttlerRennert) – 7, 12 mai s Nabucco (Lopez CobosKrämer) – 10, 14, 18, 22 mai s Das Rheingold (RattleBechtolf) – 16, 30 mai s Die Walküre (Rattle-Bechtolf) – 17, 31 mai s Siegfried (Rattle-Bechtolf) – 20 mai s La Cenerantola (PidoBechtolf) – 21, 23, 26 mai s Götterdämmerung (RattleBechtolf) – 25 mai Theater an der Wien (43/15.88.85) s La Mère coupable (Hussain- i t é Deutsche Oper (49/30.343.84.343) s Eugène Onéguine (AltinogluFriedrich) – 7, 10, 14, 24 mai s La Damnation de Faust (Lacombe-Spuck) – 8, 13, 15 mai s Il Barbiere di Siviglia (GnannThalbach) – 20, 22 mai s L'Elisir d'amore (CarterBrook) – 23, 25 mai s L'Amour des trois oranges (Sloane-Carsen) – 28 mai Staatsoper (49/30.20.35.45.55) s Emma und Eginhard (JacobsHöckmayr) – 2, 8, 10 mai s Die Entführung aus dem Serail (Moulds-Thalheimer) – 3, 9, 17 mai s Die Zauberflöte (Soltesz-Everding) – 1er, 7, 16 mai s The Rake's progress (HindoyanWarlikowski) – 15, 21, 24, 29 mai s La Traviata (Rustioni) – 31 mai Komische Oper (49/30.47.99.74.00) s Cosi fan tutte (Sandner-Hermanis) – 1er, 7, 16, 25 mai s Moses und Aron (Jorowski-Kosky) – 2, 10 mai s Don Giovanni (Nanasi-Fritsch) – 3, 17 mai s Die Zauberflöte (Poska-Kosky) – 23 mai s Carmen (Tyla-Baumgarten) – 6, 14, 30 mai s Lucio Silla (Poska) – 9, 13 mai s Giulio Cesare (Junghänel-Steier) – 31 mai new york Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00) s The Rake's progress (Levine-Miller) – 1er, 4, 9 mai s Cavalleria Rusticana/Pagliacci (Luisi-McVicar) – 2, 5, 8 mai s Un Ballo in maschera (LevineAlden) – 2, 6, 9 mai s The Merry Widow (Luisi-Stroman) – 7 mai 25 o p é r a théâtre bolchoï de moscou Le Prince Igor & Boris Godounov La célèbre scène moscovite présentait en alternance les deux chefs-d’œuvre lyriques du xIxe siècle russe. 26 Migunov (Ivan), honnête mais manquant d’envergure, soutenait mal la comparaison avec Elchin Azizov, titulaire du rôle titre lors de la première. Une exception, Anna Nechaeva (Yaroslavna), nouvelle étoile montante, qui s’est montrée en tous points convaincante. Le chef Pavel Klinichev, particulièrement à l’aise dans les danses polovtsiennes, a eu parfois quelque difficulté à éviter les attaques imprécises du chœur et autres petits décalages. Pour terminer, saluons la superbe chorégraphie de Kasiyan Goleyzovski et ajoutons qu’une représentation au Bolchoï d’un opéra russe, par les Russes et pour les Russes, qui, soit dit en passant, chuchotent pendant les introductions de l’orchestre sans apparemment déranger personne ( !) - (on voit peu d’étrangers dans le public) - constitue une expérience unique. La treizième représentation du Prince Igor de Borodine, nouvelle C’est la version de Boris Godounov réorchestrée par Rimskiproduction dont la Première eut lieu le 8 juin 2013, était proposée dans une Korsakov, la plus populaire en Russie, qui était donnée le 14 mars. La mise en scène du légendaire Iouri Lioubimov. Figure mythique du théâtre 715ème représentation depuis la première au Bolchoï en 1888 et la russe, icône de la résistance au régime soviétique, il a quitté ce monde en 460ème de la plus récente production de 1948. Chiffres impressionnants octobre dernier, à l’âge de 97 ans. Lui seul sans doute pouvait se permet- qui méritent d’être relevés ! L’œuvre a retrouvé la scène rénovée du tre de donner une version aussi personnelle du Prince Igor, joué pour la Bolchoï en 2011, après six ans de travaux de restauration fastueuse, et a 1082ème fois depuis sa création au Bolchoï en 1898! La principale carac- fait l’objet d’un dépoussiérage efficace. Costumes somptueux, décors téristique de cette version est sa durée : deux heures trente au lieu des qua- grandioses qui nécessitent trois entractes pour les changer (!), c’est du tre heures de la version complète. Seule grand spectacle, en particulier la procession la musique servant une certaine vision des boyards et des gardes dans la cour du historique a été retenue, et tant pis pour Kremlin, entre la cathédrale de les airs et les scènes laissés de côté. Il l’Assomption et la cathédrale de est bon de rappeler ici que le travail de l’Archange, où l’or et le brocart rivalisent composition de Borodine s’était étendu d’éclat éblouissant. Difficile de savoir quels sur dix-huit ans, sans pouvoir être achechangements ont eu lieu dans la mise en vé avant sa mort. Rimsky-Korsakov et scène. Ce qui est sûr c’est que la scène metGlazounov se sont chargés de terminer tant en présence Marina et Dimitri aurait pu l’œuvre, finalement créée en 1890 au être « modernisée ». En l’état actuel elle Mariinski de Saint-Pétersbourg. présente de façon un peu trop évidente les On admire chez Lioubimov la défauts du « vieux théâtre ». Personne n’y direction d’acteurs autant que la maîtricroit, d’autant plus que les protagonistes se des masses chorales, dont la gestuelsont physiquement mal assortis : Eduard le est travaillée avec soin, et les déplaMartinyuk paraît trop jeune pour Irina cements organiquement réglés. Les Dolzhenko, par ailleurs peu sensuelle, dont lumières de Damir Ismagilov souliles aigus semblent fatigués. gnent subtilement les intentions et parDans la distribution, on pouvait appréticipent notamment à la beauté flamcier la noble basse d’Alexander Naumenko boyante, sensuelle ou barbare, des dandans le rôle de Pimen, le contralto moelleux ses polovtsiennes. Les costumes de d’Evgeniya Segenyuk (la nourrice), et l’éMaria Danilova parviennent à conjumouvant ténor Stanislas Mostovoy (l’idiot), guer avec succès tradition et modernité tout en soulignant que les autres chanteurs et les décors de Zinovi Margolin séduise situaient à un niveau parfaitement honoVladimir Matorin est le Prince of Galich. sent par la noblesse de leur simplicité : rable. Mikhail Kazakov, qui a incarné Boris Photo by Damir Yusupov/Bolshoi Theatre. sur fond de disque solaire d’abord – staà maintes reprises, doit convenir mieux au tues primitives, cheval de pierre -, puis un ensemble géométrique simple roi Philippe II de Don Carlos, par exemple : à notre avis il ne possède pas dont le principal élément est une frise traversant la scène de cour à jardin, ce fond de sauvagerie primitive et sous-jacente que l’on aime à sentir chez telle un pont sur lequel Igor et sa femme seront à la fin réunis. le tsar assassin ; sinon, en ce qui concerne sa conduite vocale ou son jeu, De la distribution originale dans les rôles principaux, il ne restait que il n’a rien à se reprocher. Vladimir Gilmanov (le Khan) et Vladimir Matorin (le Prince de Galich). Le chœur, plus précis que dans le Prince Igor, et l’orchestre du Ces derniers, tout comme les protagonistes de cette « deuxième distribu- Bolchoï sous la direction d’Alexander Polyanichko, ont contribué à dontion » (Bogdan Volkov (le fils d’Igor), Agunda Kulaeva (Koncharova) ner à cette soirée de répertoire une authenticité prenante. Martine Duruz sont de bons comédiens, dotés d’un organe puissant et de qualité, mais quelques faiblesses techniques ne passaient pas inaperçues. Pyotr a c t u a l i t é o p é r a opéra de valence Norma Au mois de mars, l'Opéra de Valence proposait une nouvelle production de «Norma» mise en scène par David Livermore, directeur artistique du même théâtre. Après avoir abordé une première fois le rôle en 2013 à Bologne (à 65 ans!), Mariella Devia retrouvait à nouveau la prêtresse des Gaules, dont elle a offert une lecture techniquement miraculeuse. Mis à part des tempi un peu plus circonspects par rapport aux agilités endiablées d'autrefois et quelques duretés dans les passages de registre, par ailleurs négligeaMariella Devia est «Norma» © Opéra de Valence bles, l'assurance et la maîtrise vocale de cette cantatrice face aux difficultés de l'écriture bellinienne nous ont encore une fois profondément impressionnés. Certes, Devia a été toujours plus à l'aise avec les personnages stylisés et angéliques (Gilda, Elvira, Konstanze et surtout Lucia) que dans le style dramatique et spinto, abordé prudemment seulement en fin de carrière. Aussi, elle a été bien plus convaincante dans les pages élégiaques et solennelles de l'œuvre –comme «Casta Diva», le duo avec Adalgisa, «Qual cor tradisti» – que dans les passages où la partition semblait exiger plus de participation émotionnelle et de mordant («In mia mano alfin tu sei», «Deh, non volerli vittime»). Grâce à un contrôle parfait de l'émission et à un sens superbe du phrasé, le soprano italien a été toujours à la hauteur d'un des rôles plus exigeants de tout le répertoire. A côté d'elle, le Pollione de Russell Thomas se faisait remarquer par une technique approximative ainsi que par un style vériste et hyper dramatique absolument incongru. Le ton larmoyant et affolé de ses interventions dans le sublime final, pendant qu'il monte au bûcher avec Norma, était plus proche des sanglots hystériques d'un Canio que du noble repentir seyant à un général romain. Le rôle d'Adagisa était assuré par Elisa Barbero. Formée à l'Académie de Valencia dirigée par Placido Domingo, la jeune mezzo a fait preuve d'une voix soyeuse et très bien timbrée, qui n'est pas sans rappeler celle d'une Cossotto; toutefois elle semble destinée à des rôles plus dramatiques et véristes que ceux du Belcanto. La distribution était complétée par la basse Serguéi Artamonov (un Oroveso à la belle ligne vocale, malgré un vibrato très serré), Cristina Alunno (Clotilde), David Fruci (Flavio). Le chef d'orchestre Gustavo Gimeno à la tête de l'Orchestre de la Communauté Valencienne a offert une lecture de l'œuvre vigoureuse, mais plus rhétorique que profonde. Sous sa baguette, la mélodie bellinienne, souvent noyée sous des effets assez épidermiques, n'a pas trouvé l’élan et l’abandon qu'elle exige. Le final, notamment, a manqué totalement de ce souffle cathartique et sublime qui suscitait l'admiration de Wagner. La mise en scène de Livermore restituait Norma à ce monde barbare et guerrier dont maints metteurs en scène l'ont dérobée pour transposer l’action tantôt dans la culture néoclassique qui inspire encore le drame de Soumet (1831), tantôt dans le monde des conflits armés contemporains. Brendan Tuohy, Kangmin Justin Kim, Christina Gansch et Antoinette Dennefeld © Ginot à montpellier Titus lapinus Signataire de cette nouvelle production, Jorinde Keesmaat semble nourrir une véritable passion pour les lapins, certes originale mais souvent incompréhensible et rapidement envahissante ! Mais c’est d’abord avec une heure de retard que démarre la représentation, à la suite d’un débrayage syndical de dernière minute, nouvelle preuve que la crise qui mijote depuis plusieurs années à l’Opéra National de Montpellier est toujours ouverte. Le lapin à l’honneur donc ce soir, et ce sont d’abord en cage deux spécimens vivants que Sesto emmène avec lui dans un plus petit clapier de voyage… le second ne se laissant d’ailleurs pas attraper facilement ! L’animal apparait aussi comme déguisement d’enfant sur plusieurs images projetées, ce même déguisement étant enfilé par les choristes dans la scène finale, avant qu’un enfant ne torde le cou à une pauvre bête comme image conclusive du spectacle, projetée sur le rideau. A côté de trop rares bonnes idées – comme Tito fou de rage qui tape du poing partout après avoir généreusement accordé Servilia à Annio –, on ne retient malheureusement que les nombreuses incongruités, par exemple lorsque Tito et Sesto soulèvent des haltères dans une scène qui voudrait jouer sur l’ambiguïté des sentiments, mais qui frise surtout le ridicule. Le plateau vocal est plus sérieux, à commencer par le ténor Brendan Tuohy dans le rôle-titre, toujours aussi robuste dans le grave et le medium et plus convaincant qu’en Idomeneo il y a 3 mois ici-même, les passages vocalisés étant sans doute moins exposés chez Tito. Le rôle de Vitellia n’est peut-être pas le plus idéal pour les moyens actuels de Marie-Adeline Henry, voix en excès de puissance qui se transforme en cri par moments, et en manque de fureur naturelle aux deux extrémités du registre. On se dit que le choix de confier le rôle de Sesto au contre-ténor Kangmin Justin Kim est excellent, tant la musicalité est sûre et le legato soigné, mais ceci est vrai jusqu’aux passages d’agilité à la fin de l’air « Parto, ma tu ben mio » qui sont assez catastrophiques ! L’autre soprano Christina Gansch (Servilia) n’appelle pas de reproches, mais ne possède pas non plus de séduction particulière dans l’instrument. La mezzo Antoinette Dennefeld (Annio) est quant à elle impeccable, d’une richesse de timbre et d’une maîtrise technique impressionnantes, tout comme la basse David Bizic (Publio), très solide et bien placé. Malgré le retard au démarrage, les musiciens en fosse gardent leur concentration et leur application, et il faut saluer la clarinette solo qui maîtrise ses quelques redoutables passages. La direction musicale de Julien Masmondet est à la fois classique et dynamique, souvent bien plus sonore que le rendu des chœurs, très discrets la plupart du temps… mais il est vrai que les lapins ne chantent habituellement pas très fort ! Gabriele Bucchi a c t u a l François Jestin i t é 27 o p é r a passéiste. En comparaison, la production de Lucia di Lammermoor présentait en fin de compte des atouts théâtraux correspondant mieux aux intentions du “general mana-ger“ du Met, Peter Gelb dont on sait qu'il veille à renouveler l'esprit d'un lieu connu très longtemps pour son conservatisme. La reprise d'Ernani signée par Peter McClintock (sous la direction musicale de Paul Nadler) ne faisait rien pour rendre plus Chanter ou ne pas chanter, telle est la question. Y a-t-il pour le chanteur plus intéressant ce retour aux traditions du passé, avec de noblesse à endurer les coups et les revers d'une voix incertaine , ou s'armer une mise en place des protagonistes frisant la carcontre elle pour mettre frein à une marée de douleurs ? C'est là le hic. icature, avec une gestuelle très typée. Cela n'était sans doute pas le plus important pour une partie prise en défaut de justesse, mais à nouveau on en du public venu apprécier un des derniers monEternel dilemme de l'artiste lyrique victime vient à s'interroger sur l'absence de sensibilité qui stres sacrés des scènes lyriques, à savoir Placido des outrages du (mauvais) temps : s'abstenir et ressort de cette interprétation marquée par une Domingo dont l'entrée en scène a été saluée par s'assurer ainsi du mécontentement d'une partie du scène de la folie dépourvue de toute émotion. une salve d'applaudissements ! On le sait, le public, voire craindre pour sa réputation selon les Restait donc à apprécier Luca Salsi (Enrico) à la ténor a franchi le Rubicon improbable des circonstances ou chanter envers et contre tout et voix homogène et aux belles nuances rendant une chanteurs en interprétant désormais non plus le risquer à peu près les mêmes désagréments. C'est vision plus ambivalente de son « mauvais » rôle rôle-titre, mais celui de Don Carlo du même ainsi que Joseph Calleja était incertain le mardi 7 avril puisqu'il avait préféré se faire porter pâle la ou encore Alastair Miles (Raimondo) et le opéra. Il résulte de cette volonté de poursuivre semaine précédente. On le trouvait pourtant prometteur Matthew Plenk. La production de une longue carrière entamée il y a 46 ans en ce fidèle au poste pour interpréter Edgardo un rôle Mary Zimmermann vieillit plutôt bien dans les qui concerne la scène du Met une impression très qu'il avait déjà bien rodé sur la scène new décors de Daniel Ostling et les costumes de Mara mitigée. Certes, la prestance ne fait pas défaut, yorkaise depuis plusieurs années (cf. Scènes Blumenfeld situant l'action au 19ème siècle, mais la prestation vocale déconcerte, trop uniMagazine no 232 mai 2011). Cette version de alors que la direction musicale de Maurizio forme, et l'on peine à saluer autre chose que la noblesse déclinante du personnage de Don Carlo. Lucia di Lammermoor méritera peut-être un jour Benini s'avérait précise à défaut d'être inspirée. Contrairement à certains stéréotypes, une jeune de faire l'objet d'un ouvrage critique puisque, basse interprète le rôle du vieux Silva face au depuis la création en 2008 qui avait été un des Ernani Comparaison n'est pas forcément raison, baryton... d'un certain âge. L'effet est original et grands succès de la carrière de Natalie Dessay, mais quelques remarques peuvent s'imposer dans permet de découvrir une voix digne d'un d'autres interprètes avaient fait les belles soirées ce sens si l'on s'en tient aux impressions entre Commandeur, de Boris ou de Philippe II, à savoir du Met, que ce soit Diana Damrau ou Anna deux productions dans le cadre de l'alternance l'Ukrainien Dmitry Belosselsky. Voix profonde, Netrebko, avec comme il se doit quelques ténors belle autorité , expressivité, il de même niveau. Le ténor maltais s'avère très convainquant face au a-t-il eu raison de revenir sur scène « bandit » Ernani qu'interprète avec alors qu'à l'évidence il n'était pas en brio Francesco Meli. Et si, dans pleine possession de ses moyens ? cette adaptation du célèbre drame Une partie du public aura approuvé hugolien, on sourit en songeant ce choix, il convient de le préciser. qu'un ténor, une basse et un baryton Présence scénique indé-niable, un s'affrontent pour l'amour d'une phrasé élégant, des aigus projetés soprano - cela faisant un protagoavec puissance, on sait que Joseph niste de plus qu'habituellement - le Calleja ne manque pas d'atouts. talent vocal d'Angela Meade justifiMais la voix dérape à plusieurs ait cette sombre hispanisante rivareprises ce qui rendait sa prestation lité. Si scéniquement elle renvoie très inégale. Cela est d'autant plus sans aucun doute à la tradition du domma-geable que sa partenaire «Ernani» avec Angela Meade (Elvira) et Francesco Meli (Ernani) milieu du siècle passé, la voix ne reste très en-deçà de ce que l'on Photo: Marty Sohl/Metropolitan Opera mérite que des éloges, l'émission attend de l'interprète du rôle-titre du chef-d'œuvre donizettien. Anna Shagimuratova quotidienne proposée par le Met. Ainsi, pour est irréprochable, la voix ample, ses aigus puisn'a guère modifié son style d'interprétation du Ernani, la mise en scène et les décors « pit- sants et projetés sans effort apparent et l'on ne rôle de Lucia depuis sa prestation à la Scala il y toresques » de Pier Luigi Samaritani, les cos- peut que déplorer que le rôle de Lucia qu'elle a a une année (cf. Scènes Magazine no 261, avril tumes « à l'ancienne » de Peter J. Hall semblaient déjà interprété ne lui soit pas proposé dans ce 2014). Les mêmes remarques ne peuvent que porter le poids des ans, cela était effectivement le même lieu. Frank Fredenrich s'imposer, la voix ne manque pas de puissance ce cas puisque datant de 1983, mais déjà à l'époque, qui est un avantage dans un tel lieu et n'est jamais elle méritait sans doute d'être cataloguée new york : lucia di lammermoor & ernani Bel canto comme ci, comme ça 28 a c t u a l i t é Saison 201 SICS toria Hall 4/2015 au Vic Samedi 30 mai 2015 à 20 h LONDON SYMPHONY ORCHESTRA Daniel Harding (direction) Janine Jansen (violon) Edward Rushton* «I nearly went, there» Felix Mendelssohn Bartholdy Concerto pour violon et orchestre, op. 64 Gustav Mahler Symphonie Nº 5 W. A. MOZART *Compositeur suisse 5 JUIN 7 10 12 14 Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11 Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe. www.culturel-migros-geneve.ch T 021 315 40 20 WWW.OPERA-LAUSANNE.CH Organisation: Service culturel Migros Genève www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch ZAUBERFLÖTE MIGROS- L-CLAS E R U T L U C T N E POUR-C DIE FESTIVAL VERNIER CLASSIQUE — PABLO OSORIO LUCIE KOHLER laFERME de laCHAPELLE BARBARA CARDINALE DU 3 AU 17 MAI 2015 SALLE DES FÊTES DU LIGNON Place du Lignon 16 — 1219 Le Lignon laFERME de laCHAPELLE 18 avril au 31 mai 2015 ZOOMORPHISMES FABRIZIO CHIOVETTA QUATUOR TAKÁCS GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE 39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH CAMILLE THOMAS AUDREY VIGOUREUX CONSERVATOIRE DE GENÈVE QUATUOR MODIGLIANI Service de la culture — 022 306 07 80 www.vernier.ch/billetterie o p é r a en scène, et passe bien mieux la rampe que dans son récent Holländer icimême. Magdalena Anna Hoffmann (Carlotta) projette sa voix avec véhémence et musicalité, mais dans un registre plutôt métallique et agressif. Dans les rôles secondaires, on relève surtout les deux basses Markus Marquardt (le Duc Adorno) et Michael Eder (Podestat). à lyon Festival Jardins mystérieux Rendez-vous annuel très attendu, le mini-festival lyonnais proposait trois spectacles très différenciés et, comme souvent à l’Opéra de Lyon, marqués du sceau de l’originalité. 30 En tête d’affiche, la création française en version scénique des Stigmatisés de Franz Schreker, œuvre composée en 1918 et classée en « musique dégénérée » (entartete Musik) par le régime nazi. La partition riche et luxuriante pouvant évoquer un Richard Strauss est somptueusement servie par le chef Alejo Perez, entendu régulièrement dans le répertoire du XXème siècle (cf SM 270, Death in Venice de Britten à Madrid en décembre dernier). Le discours orchestral prend beaucoup d'ampleur, de la puissance, et la réduction obligée des effectifs dans la fosse lyonnaise ne se fait pas sentir, et serait même bienvenue en considérant la taille de la salle. La production imaginée par David Bősch ne revêt pas exactement le même pouvoir de séduction, avec une relecture originale mais qui se laisse un peu piéger par ses choix. Pendant l'ouverture, des affiches "Missing" de jeunes filles disparues défilent en projection sur le rideau, «Orfeo ed Euridice» © Stofleth Un vieil homme tape, plutôt bruyamment, à la machine et les textes s'inscrivent sur l'écran en fond de plateau, au centre une maison s'enlise dans le sable, et à gauche une table est dressée pour un banquet. Deux chanteurs se partagent le rôle d'Orfeo ce soir, la basse assez caverneuse Victor van Halem et le contre-ténor Christopher Ainslie, avec heureusement une plus large partie de récitatifs confiés à la voix grave, et une majorité des arias conservée par l'instrument plus élégiaque du contreténor, y compris "Che farò senza Euridice". La longiligne soprano Elena Galitskaya (Euridice) fait valoir un timbre élégant et nourri, le personnage de l'Amour étant confié à un groupe de six enfants bien sonnants, tandis que les chœurs sont également harmonieux et vaillants. La direction musicale d'Enrico Onofri est particulièrement vivante et rebondie, avec des choix de tempi originaux mais aussi des silences très prolongés et quelques battues répétées en boucle à la demande du metteur en scène David Marton. L'avancée dans la partition est en effet souvent interrompue par des bruitages, comme ce train qui passe deux fois dans la salle et envahit totalement l'espace sonore. Au bilan le spectacle s'éloigne certes sensiblement de l'original Orfeo ed Euridice mais porte des images fortes et simples, à mi-chemin entre la poésie d'Orphée et quelques gestes de la vie courante comme lorsqu'Eurydice sert la soupe dans les assiettes et appelle les enfants "à table !". «Les Stigmatisés» © Stofleth puis vient une vidéo d'une fillette retenue en otage, menacée, maltraitée. La violence, mais aussi la vulgarité débarquent très tôt dans le spectacle, dans un décor qui peut intelligemment figurer des scènes d'intérieur ou d'extérieur en fonction des images projetées en fond de plateau : de la terre sur le sol, deux poteaux électriques, mais aussi une table de banquet au I, des éclairages suspendus aux cintres par la suite, et un entrepôt chez les caïds de la drogue dans la 1ère scène du II où l'on sniffe de la poudre à plein nez. Avec plus de mouvement et d'ampleur, le III semble plus en résonance avec la musique, un ciel étoilé pour l'île "paradisiaque" l'Elysium, puis dans l'espace même où sont enfermées les femmes, jetées sur des matelas à même le sol. Vocalement, l'ancien ténor rossinien Charles Workman (Alviano) réalise un sans-faute dans une partition extrêmement tendue. Le baryton Simon Neal (Tamare) est un vrai beau gosse a c t Après sa création au Barbican Center de Londres il y a deux ans, Le Jardin englouti est proposé au Théâtre National Populaire de Villeurbanne dans une version légèrement resserrée sur les récitatifs. Il s'agit d'une œuvre exprimée par plusieurs médias, mise en scène par Michel van der Aa qui a composé la musique et réalisé les séquences filmées en support du spectacle. Sur une intrigue de thriller agrémentée de mystère et d'humour, le spectateur chausse à mi-parcours une paire de lunettes 3D et passe dans un jardin luxuriant où domine une dimension fantastique. Certains personnages existent uniquement à l'écran, en interviews ou interprétant des chansons, et trois solistes évoluent sur scène, parfois intégrés à l'image en bordure d'écran. Ces trois protagonistes sont absolument formidables : le baryton robuste et expressif Roderick Williams (Toby Kramer), la soprano Katherine Manley (Zenna Briggs) dont le timbre ciselé rappelle irrésistiblement celui de Dawn Upshaw, et la superbe Claron McFadden (Iris Marinus) dont la courte joute vocale avec u a l i t é o p é r a «Le jardin englouti» © Michel Cavalca la précédente restera un moment d'anthologie. Dirigeant une petite trentaine de musiciens en fosse, le chef Étienne Siebens coordonne une partition à la fois accessible, moderne, séduisante, agrémentée d'une petite dose de musique électronique. François Jestin à avignon partition, l’une des plus géniales écrites par Verdi. Les chœurs chantent aussi en douceur, sans éclats de décibels mis à part pour la scène du Conseil en fin de premier acte. Le plateau avignonnais est d’excellente qualité et bénéficie d’abord de la présence de George Petean dans le rôle-titre, à coup sûr l’un des tout meilleurs barytons Verdi actuels. La voix est particulièrement séduisante, saine, homogène, et toute l’humanité de Simon est contenu dans la phrase « E vo gridando : pace ! E vo gridando : amor ! » chantée à plein volume. La soprano Barbara Haveman (Amelia) est moins constante, beaucoup plus à l’aise dans le chant corsé que lorsqu’il faut alléger où elle perd alors l’exactitude de l’intonation. A côté de très beaux moments, en particulier dans les ensembles, certains aigus sont plus difficiles, comme dans son air d’entrée ou en fin du I. Troisième rôle en ordre d‘importance, la basse Wojtek Smilek (Fiesco) soigne sa ligne de chant et atteint sans encombre les graves les plus abyssaux, tandis que le ténor Giuseppe Gipali (Gabriele Adorno) au joli legato est capable, après un début plutôt timide, de sons claironnants dans l’aigu. Lionel Lhote (Paolo) paraît quant à lui un deuxième baryton de luxe, tant l’instrument est posé et sonore. La production de Gilles Bouillon fait d’abord ressentir une évidente économie des moyens déployés, mais ceux-ci sont utilisés au mieux, dans une ambiance le plus souvent très sombre. Le voile agité assez prosaïquement en fond de scène n’est sans doute pas la manière idéale d’évoquer la présence de la mer et ses vagues, on lui préfère le joli coup d’œil proposé pour la salle du Conseil des Doges, pleine d’austérité sous la carte de Gènes suspendue aux cintres. François Jestin Simon Boccanegra à marseille Tosca La dernière représentation de Simon Boccanegra à l’Opéra d’Avignon remontait à 1983, avec – excusez du peu ! – Renato Bruson, Ghena Dimitrova, et Alain Guingal déjà placé au pupitre. Nouvelle production de Tosca à l’Opéra de Marseille avec la flamboyante soprano américaine Adina Aaron dans le rôle-titre. Les meilleurs sites spécialisés américains proposent même en variante le chef Alain « Guignal » pour vendre leurs enregistrements pirates… souvenirs, souvenirs ! Trente-deux ans plus tard le chef français privilégie l’efficacité et la prudence vis-à-vis du volume sonore qu’il maintient sous contrôle pour ne pas couvrir les chanteurs. L’Orchestre Régional AvignonProvence en fosse ne déploie pas de trésors de brillance ou de chatoyance, mais assure un bon niveau de concentration et de technique pour servir cette Le rideau se lève sur Angelotti ensanglanté qui court devant une façade toute noire, puis après un demi-tour du dispositif c’est l’envers du décor qui figure l’autel de Sant’Andrea della Valle délimité par deux portraits de Marie-Madeleine, l’une brune et l’autre blonde à l’état d’ébauche. Deux décors donc pour trois actes, le II du Palais Farnese se jouant en extérieur avec un balcon côté droit qui amène une certaine originalité aux déplace- Giuseppe Gipali, Barbara Haveman et George Petean © Delestrade Adina Aaron et Carlos Almaguer © Dresse a c t u a l i t é 31 o p é r a 32 ments et situations, par exemple le « Vissi d’arte » est chanté sur ce balcon. Au troisième acte, Cavaradossi est enfermé derrière les barreaux d’une cellule sur le flanc du décor, puis le plateau tournant se remet à fonctionner et l’église réapparait deux fois : c’est d’abord Tosca qui la traverse en courant, puis nouveau passage pour l’exécution de Cavaradossi. La proposition la plus marquante du metteur en scène Louis Désiré est cependant l’image finale, avec en lieu et place du suicide de Tosca, le retrait de l’artiste entre les deux rideaux rouges tirés, disparaissant à mesure que le faisceau de lumière s’amenuise. Après un démarrage où Adina Aaron (Tosca) joue un peu trop à fond l’amoureuse espiègle, on se laisse très rapidement gagner tant par la beauté en scène que par l’incarnation puissante de la femme blessée, vengeresse, désespérée. La palette vocale est à cette image, même avec une rupture sensible entre ses registres, du grave assombri et souvent très excitant jusqu’à l’aigu puissant. Le ténor Giorgio Berrugi est un bon titulaire du rôle de Mario Cavaradossi mais ne brille pas autant, une voix surtout robuste mais en manque de séduction pour le phrasé, qui s’encombre de vibrato et de fragilité sur l’extrême aigu (« La vita mi costasse » et « Vittoria ! Vittoria ! » sont plutôt douloureux !). Le baryton mexicain Carlos Almaguer (Scarpia) est une valeur sûre et développe une spectaculaire projection du son qui confère une méchante autorité au personnage, l’intonation amenant le cynisme qu’on attend également. Le reste de la distribution manque d’homogénéité, Loïc Félix (Spoletta) se montrant par exemple bien plus convaincant qu’Antoine Garcin (Angelotti) ou Jacques Calatayud (le Sacristain). La direction musicale de Fabrizio Maria Carminati se situe dans la tradition en ayant le mérite de l’efficacité, en particulier sur les moments les plus démonstratifs de la partition. François Jestin à monte-carlo Don Giovanni L’Opéra de Monte-Carlo reprend la production montée en 2008 par son directeur Jean-Louis Grinda, en réunissant une distribution vocale proche de l’idéal. C’est d’abord la basse uruguayenne Erwin Schrott qui marque son passage en Don Giovanni, et ne peut laisser indifférent. Le chanteur dispose de très gros moyens et se sent visiblement comme un poisson dans l’eau dans ce rôle. Les graves sont magnifiques, la projection spectaculaire – surtout dans la petite salle Garnier ! –, et l’aisance et le charme du séducteur sont indéniables. Le problème est qu’il s’éloigne de la partition de manière récurrente, surtout dans les récitatifs chantés où il adopte un style parlando en surjouant le personnage. Difficile d’être un Leporello à côté d’un tel tourbillon, et Adrian Sampetrean s’en tire mieux que dans des rôles purement buffo, comme dans l’Elisir d’amore ici-même ou Il Turco in Italia à Aix-en-Provence l’été dernier. La voix n’est cependant pas toujours homogène et il faut tendre l’oreille à certains moments. Annoncée malade avant le lever de rideau, Patrizia Ciofi (Donna Anna) ne semble pas diminuée de manière flagrante dans son chant et son engagement interprétatif, les graves étant simplement fragilisés mais la musicalité intacte. Sonya Yoncheva (Donna Elvira) est quant à elle aujourd’hui au sommet de son art : clarté de la diction, réserve assez considérable de puis- a c t Sonya Yoncheva et Erwin Schrott © Hanel – OMC sance, et capacité d’allègement pour les passages les plus doux. Le ténor Maxim Mironov (Don Ottavio) a gagné en largeur vocale ces dernières années, et sa ligne de chant toujours soignée en fait l’un des meilleurs titulaires actuels, alors que Giacomo Prestia est un Commandeur à la voix autoritaire et bien stable. Le couple de paysans se situe un peu en-deça, surtout le baryton très discret Fernando Javier Rado (Masetto) alors que Loriana Castellano aux aigus souvent tendus et parfois à bout de souffle ne possède pas exactement le timbre enchanteur d’une Zerlina. La direction musicale de Paolo Arrivabeni, aux commandes de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo qui tourne comme une Formule 1, est sérieuse et classique, avec de petites initiatives personnelles, comme les prises d’un tempo très lent sur « Là ci darem la mano » ou « Deh vieni alla finestra ». La production est avant tout élégante et simple, dans un décor de place de village en clair-obscur qui évoque irrésistiblement les tableaux en perspective de Giorgio de Chirico. Un lustre descend des cintres pour passer à une ambiance plus intérieure, puis une passerelle transversale à la fin de chaque acte permet un jeu plus développé. Entre deux représentations de Don Giovanni, le Voyage d’hiver schubertien prenait l’allure d’un concert de salon, tant la Salle Garnier monégasque permet une proximité visuelle et une acoustique d’exception. Pour interpréter le cycle de Lieder, la basse coréenne Kwangchul Youn est beaucoup plus à l’aise dans les déploiements de notes forte – conséquence de sa grande fréquentation d’emplois lourds wagnériens – que pour amener des nuances plus délicates, plus fragiles techniquement en particulier lorsqu'elles arrivent en fin de phrase. Le timbre du chanteur est d'une couleur sombre, et celui-ci se montre à son meilleur lorsqu’il doit conduire un legato à peu près homogène, comme sur Der Lindenbaum accompagné par le piano très inspiré de Burkhard Kehring. François Jestin à toulouse Castor et Pollux Créée au Theater an der Wien il y a 4 ans, la production de Marianne Clément est proposée au Capitole de Toulouse, avec à nouveau Christophe Rousset et ses Talens lyriques qui assurent la partie musicale. u a l i t é o p é r a Déjà à la baguette avec sa formation à l’Opéra d’Amsterdam en janvier 2008 (voir SM 203, production de Pierre Audi), le chef aixois insuffle une énergie considérable à la partition, dans sa version révisée de 1754. L’urgence qu’il donne au propos musical, y compris sur les récitatifs où il tient sans faiblir la partie de clavecin, est évidente et procure un enchantement pour l’oreille de bout en bout. Les chœurs du Capitole semblent quant à eux plus habitués au grand répertoire lyrique qu’à la délicatesse attendue dans les ouvrages purement baroques. Annoncé dans le programme de saison, le ténor Bernard Richter est remplacé par Antonio Figueroa (Castor), élégiaque, musical et suffisamment souple, qui a bien développé son volume depuis ses débuts à Avignon en 2007 où l’on gardait le souvenir d’un filet de voix (voir SM 194, Les Pêcheurs de Perles). Sans démériter sur l’ensemble de sa prestation, le baryton Aimery Lefèvre (Pollux) ne possède pas naturellement la partie grave du rôle et l’assombrit en l’accompagnant d’une prononciation pâteuse, voire à nice Semiramide Dernier ouvrage conçu par Rossini pour la scène italienne, le grand opera seria Semiramide est particulièrement difficile à monter, et l’Opéra de Nice vient d’en faire une nouvelle démonstration. éteinte. Hélène Guilmette (Télaïre) est claire d’intonation, élégante, et tout à fait satisfaisante dans ce type d’ouvrage. Les moyens actuels de Gaëlle Arquez (Phébé) semblent au contraire surpuissants pour le baroque, mais son timbre de bronze doit faire merveille dans des œuvres désormais un peu plus lyriques. La troisième chanteuse de la distribution Hasnaa Bennani (Cléone, une suivante, une ombre heureuse) est sans doute la plus « baroqueuse » de l’équipe, équilibre entre incisivité et douceur dans le timbre. Dashon Burton (Jupiter) remplit correctement son office, Konstantin Wolff (Grand prêtre de Jupiter) est handicapé par une diction impossible, et on retient surtout le second ténor Sergey Romanovsky (Athlète, Mercure, Spartiate) très brillant sur le passage « Eclatez, fières trompettes ». Loin des fastes du genre avec une absence complète de danse, Marianne Clément transpose l’action dans le vaste hall noir et austère d’une grande maison bourgeoise desservie par un escalier central et son tapis rouge. La chorégraphie habituelle sur les musiques de ballet est remplacée par des saynètes en flash-back – Castor et Pollux enfants qui jouent, puis deviennent adolescents et ensuite jeunes adultes, leurs relations avec Phébé et Télaïre – mais cette option montre tout de même ses limites. Les parties répétées de chat, colin-maillard ou cache-cache donnent le sentiment d’une certaine saturation du procédé et d’assister à une pièce de théâtre, au jeu très bien réglé il faut en convenir. On replonge dans une dimension opératique à l’acte III lorsque l’escalier avance vers les spectateurs et que Jupiter apparait sur le palier assis derrière son bureau. Au IV c’est dans un espace en boîte blanche ouverte et suspendue aux cintres que Castor, comme allongé sur un lit d’hôpital, passe ses jours aux Champs-Elysées. Puis jusqu’au final une cérémonie funèbre se déroule autour d’un cercueil, parfois Castor est à l’intérieur… mais surprise d’autres fois la caisse est vide. Pour honorer à sa juste valeur cette fête vocale, pleine de pyrotechnies redoutables, il faut en premier lieu réunir des chanteurs dotés d’une technique quasiment exceptionnelle et de moyens conséquents. Ce n’est pas exactement le cas ce soir, où nous est proposée une distribution assez disparate. Dans le rôle-titre, la soprano américaine Joanna Mongiardo maîtrise la vocalise mais ses aigus sont tirés et parfois aventureux, tandis qu’à l’autre extrémité les notes les plus graves sont sourdes. La voix manque surtout d’ampleur et ne peut rendre crédible le personnage de la reine de Babylone. La mezzo Kristina Hammarström séduit d’entrée avec un timbre et un instrument qui correspond à l’ambitus du rôle d’Arsace. C’est elle qui ce soir, par son incarnation, sa projection vocale, son abattage, fait passer le frisson rossinien. Grosse déception en revanche pour la basse Paolo Pecchioli (Assur), complètement égaré dans ce répertoire. En grossissant quelques aigus de manière vériste et en perte de justesse d’intonation, en exécutant ensuite dans un style de mitraillette ses passages d’agilité, c’est clairement le maillon faible de l’équipe. Daniele Zanfardino (Idreno) est un modeste tenorino aux aigus serrés par moments, mais la virtuosité et la souplesse sont certaines pendant l’air « La speranza più soave ». Son autre air « Ah dov’è », ainsi que celui d’Azema n’ont pas été retenus dans la version niçoise, de 3h30 de musique tout de même. Sous la direction de George Petrou, l’orchestre philharmonique de Nice sonne, cordes, cuivres et percussions en tête, avec des tempi plutôt dynamiques. Les bois ne paraissent pas toujours très confortables sur les nuances plus piano, mais dans l’enJoanna Mongiardo © Jaussein semble le rendu orchestral est de qualité, ce qui est curieusement beaucoup moins le cas des chœurs, où chaque pupitre manque d’homogénéité. Signataire la saison dernière d’une très belle Semele de Haendel, le metteur en scène Jacob Peters-Messer déçoit ce coup-ci en montrant une production qui sent à plein nez le Regietheater déjà bien rabâché. La scénographie de Markus Meyer pourrait constituer un bel écrin à ce « melodramma tragico » – un immense scorpion noir au-dessus d’un cadre de scène sur un sol noir brillant –, mais quelques procédés sont soit répétitifs (la cloison qui se lève et se baisse devant le décor en fond de plateau), soit quelques-uns frisent le ridicule. A ce titre, deux sbires aux lunettes noires et pistolet en main qui escortent Assur – ils rampent un peu parfois ! –, Semiramide bien installée dans son fauteuil avec son nounours au début du II, ou encore le fantôme ensanglanté omniprésent du roi assassiné Nino, pris par moments de tremblements qui peuvent évoquer le Grand-Guignol. François Jestin François Jestin Antonio Figueroa (Castor) © Nin a c t u a l i t é 33 t h é â t r e théâtre du grütli Comme il vous plaira ges y sont plus matures que dans Roméo bien qu'il y ait plus de légèreté et de ludisme. Par ailleurs la forêt est une thématique géniale: le conscient, l'inconscient, la transgression, etc. Je travaille par improvisation, nous en sommes pour l'instant au filage avant de commencer à travailler réellement ; cette forme d'approche frontale permet d'évacuer tout de suite la peur, de prendre d'emblée une baffe. survie d'abord, puis qui cherche à séduire sous cette apparence l'homme qui l'aime. Le travestissement lui permet d'accéder à la liberté et de vivre ses désirs, ses craintes, ses angoisses, en somme de découvrir le monde et l'autre - en l'occurrence l'homme. Rosalinde a pour elle de maîtriser parfaitement la joute verbale puisqu’elle a grandi avec le fou Pierre de Touche, elle est donc à la fois toute ignorance et toutes connaissances. La mise en scène doit elle aussi oser toutes les libertés, inventer, créer de la fantaisie, de l'imaginaire, surtout dans l'univers shakespearien où l'énergie et l'intention priment sur la vraisemblance, où le chemin compte plus que la résolution des conflits. Par bonheur, la machine à jeu qu’est le théâtre de Shakespeare est si inventive et compliquée dans l’intrigue qu’elle permet toutes les libertés de mise en scène. Le théâtre de Shakespeare est très incarné. Quelles sont vos options de mise en scène ? Oui, le corps y est très parlant, tantôt puissant, tantôt fragile, naïf ou roublard. Il montre le trouble, la gêne, il est un écrin à l'amour. C'est un univers corporel saturé d'émotions, loin de tout contrôle, un univers non mental. Aborder le monde ainsi rejoint ma sensibilité féminine et rend plus évident le travail avec les comédiennes. Je trouve fascinant d'entrer dans le corps joué dans l'espace. Shakespeare ne veut pas faire penser, son théâtre n'est pas désignatif. Comme il vous plaira laisse les comédiens et les spectateurs libres: aimez, jouez, pensez "comme il vous plaira"... Je laisse donc faire Camille Figuereo qui joue Rosalinde. C'est une comédienne qui allie à merveille le masculin et le féminin par son aspect de garçon manqué, ce qui me permet de travailler sur le trouble. J'avais monté en 2012 Héloïse d'après Marcel Aymé, où le travestissement s'inversait: un homme se déguisait en femme. Ici c'est une jeune fille qui se déguise en homme pour sa À part quelques coupures, le texte est quasiment intégral et je laisse les comédiens se l'approprier. C'est la pièce la plus chantée de Shakespeare et il se trouve que huit comédiens sur neuf jouent d'un instrument ou chantent. Nous sommes donc partis d'un groupe anglais de rock celtique et en avons réécrit la musique pour l'adapter à la scène et à la langue de la pièce. L’espace sera ouvert et tentera de recréer le labyrinthe de la forêt. Le scénographe Pietro Musillo a l’habitude d’ajuster au fur et à mesure des répétitions. Ce sera fantaisiste et poétique, avec des faisceaux lumineux pour recréer les rayons de soleil à travers les arbres. J’aurais voulu de la terre sur le plateau mais ce n’est pas possible. Nous jouerons néanmoins au milieu de ruines envahies par la nature. Camille Giacobino impressionne par la richesse de ses activités de comédienne et de metteure en scène. Généreuse de son temps et de sa parole, elle parle avec enthousiasme de la comédie pastorale de Shakespeare qu'elle mettra en scène au Grütli en mai. Comme il vous plaira, écrit après Roméo et Juliette, baigne dans l'ambiguïté, l'originalité et l'invraisemblance. Shakespeare invite le spectateur à entrer dans un univers fantasque et poétique où les genres se confondent pour mieux atteindre à la vérité et à la connaissance de soi. Camille Giacobino, c'est votre première mise en scène d'un texte classique. 34 Je voulais monter Roméo et Juliette mais on m'en a dissuadée en me disant que c'était trop difficile. Comme il vous plaira répondait à mon goût pour les rôles de travestis et les personna- Camille Giacobino, photo CL Hirsig e n t r e Propos recueillis par Laurence Tièche-Chavier Comme il vous plaira du 26 mai au 14 juin, réservations au 022 888 44 88 et [email protected] t i e n t h é â t r e transparente et déconstruite. Un lieu du temps qui passe. Une maison qui est en train de se déstructurer avec des gens en son sein qui sont aussi en plein processus de mutation. théâtre des amis La Cerisaie un mot sur la distribution ? Du 5 mai au 7 juin, le Théâtre des Amis terminera en beauté sa vingtième saison avec la dernière œuvre écrite par Anton Tchékhov, La Cerisaie. Cette pièce, qui parle d’un monde sur le point de changer, invite à la réflexion, tant elle interpelle tout un chacun. Raoul Pastor, le directeur des lieux, mais aussi acteur et metteur en scène de la pièce, nous présente sa création. Je suis ravi de cette équipe nombreuse, composée de treize comédiens. Il s’agit d’un groupe sublime, avec lequel je travaille avec beaucoup de bonheur. L’équipe est studieuse, inventive et dégage de vraies qualités humaines et de travail. Elle fait preuve, en quelques sortes, d’un mélange de rigueur et de liberté. Comment vous est-il venu l’idée de monter La Cerisaie ? Vous êtes à la fois metteur en scène et incarnez Lopakhine, comComment ne pas monter La Cerisaie ment conciliez-vous ce double dans une vie théâtrale ? Il s’agit d’une emploi ? rencontre inéluctable. Il serait curieux Je travaille avec un assistant pour la de ne pas le faire, une fois dans sa vie. mise en scène. La difficulté est de s’insCette pièce est essentielle. Tchékhov crire dans une orientation générale du est encore plus présent dans La travail, de suivre en tant qu’acteur les Cerisaie que dans ses précédentes pièdirectives qu’on a indiquées en tant que ces. Il apporte une mise en perspective metteur en scène. Cela fait quarante ans de l’humain d’une redoutable efficacique j’exerce les deux métiers. S’il est té. Pourquoi ai-je choisi de m’attaquer à vrai que je me sens davantage metteur cette œuvre maintenant ? Je sens que en scène, pour La Cerisaie, ce sont les nous vivons une fin de cycle et que circonstances qui ont fait que je me suis nous nous trouvons dans une société retrouvé avec cette double casquette. qui s’achemine, avec une joyeuse J’en suis d’ailleurs très heureux, car le insouciance, vers l’effondrement total. rôle de Lopahkine est magnifique. Nous sommes sur le Titanic, les gens font la fête, alors que le monde est en Le programme de la vingt-ettrain de changer d’axe. La société est unième saison vient de sortir, un cominsouciante et n’a pas la perception du mentaire sur la programmation ? changement qui pourra se révéler terriCette saison 2015-2016 me plaît bien. ble ou salutaire. La pièce a donc une Elle représente un mélange de désirs et résonance particulière par rapport à de réalité. Je me sens très en adéquation cela, puisque La Cerisaie c’est l’histoi«La Cerisaie» avec Raoul Pastor durant une répétition de la pièce avec le programme. Nous allons re de tous les changements d’ordre © Pierre Emmanuel Fehr accueillir beaucoup d’acteurs et de metpolitique et sociaux. Les personnages teurs en scène différents. Je suis content de cette se trouvent dans un moment d’effondrement de leur a donnée la vie à travers ses accidents, ses diversité dans les regards théâtraux et dans le civilisation, mais ils persistent à vivre sur le changements et ses ruptures. C’est un auteur du choix des spectacles. Je qualifierais cette propassé avec une insouciance extraordinaire. kaléidoscope humain. Il ne condamne jamais et grammation comme étant la plus proche d’un Tchékhov ressent le changement de régime et de n’encense jamais. De même, il ne donne jamais la structure sociétale, Il a conscience que de réponse, mais questionne. J’aime beaucoup idéal. J’ai beaucoup d’attente et aussi de plaisir quelque chose va être définitivement différent. le théâtre qui incite et qui stimule. J’ai envie de dans cette attente. Je me réjouis d’assister à ces le suivre dans cette chose qui consiste à évoquer spectacles qui promettent des coqs à l’âne culLa Cerisaie est votre seconde mise en plutôt qu’affirmer « c’est comme ça ». turels. scène d’une pièce d’Anton Tchékhov; que vous attire-t-il dans cet auteur ? Ce que j’apprécie de Tchékhov c’est sa mise en perspective de l’être humain, son regard amusé mais pas distant, sa lucidité rare. Il donne toutes les facettes de l’être humain, trouve aussi bien les failles que les qualités de chaque personnage. Ces derniers possèdent tous une dualité que e n t r Quelle mise en scène avez-vous choisi de privilégier ? Propos recueillis par Julie Bauer Au niveau de la mise en scène et du décor, ce n’est pas le réalisme qui me fascine le plus. Nous avons essayé de trouver un lieu de jeu qui soit le plus éthéré et le plus transparent possible. Nous sommes partis d’une chambre d’enfant Du 5 mai au 7 juin 2015 : La Cerisaie d’Anton Tchékhov, m.e.s. Raoul Pastor, Théâtre des Amis, réservations : 022/342 28 74 e t i e n 35 t h é â t r e tiguidou – tout le mal que l’on se donne pour se faire du bien Brigitte Rosset Brigitte Rosset a la quarantaine rieuse, insolente et vive. Passer un moment avec elle est la garantie de fous rires et d’anecdotes savoureuses. Qu’elle parle de sa maman - qui ne sera plus dans ses spectacles, juré-craché ! – de ses années de collège, de ses tournées, de ses rencontres, on est sous le charme de ce feu d’artifice verbal. 36 La comédienne, fraîchement récompensée d’un Prix suisse de théâtre, celui d’actrice exceptionnelle qu’elle ira recevoir à Winterthur en mai des mains du conseiller fédéral Alain Berset, avoue avoir cru à une blague quand on lui a annoncé par téléphone qu’elle venait d’être distinguée. Elle ignorait jusqu’à l’existence d’un tel prix ! Mais elle reconnaît que cela fera chic sur son CV, surtout à l’étranger. La Société suisse des auteurs l’avait déjà récompensée en 2012 dans la catégorie humour, mais cette fois-ci, il semble que ses talents de comédienne autant que d’auteure-interprète de seule-en-scène aient été récompensés. çon et deux filles, celles-ci très sages. Pour exister j’ai décidé de faire le clown… Ce nouvel épisode des aventures de Brigitte la montre lors d’une fête qu’elle organise pour ses trente-neuf ans, alors qu’elle sort de clinique psychiatrique (Smarties, Kleenex et Canada Dry). Elle le fait pour se bouger et pour montrer que tout va bien, entre l’autosuggestion et le désir de renouer avec ses amis. Or, au lieu de dresser une liste d’invités, elle envoie un sms à tout son carnet d’adresses, c’est-à-dire à des commerçants, des médecins, des fournisseurs, des mères des copains de ses enfants, des amis pas vus depuis belle lurette, etc. Une cinquantaine de personnes répondent à l’invitation et l’on s’aperçoit que personne ne va vraiment bien. Malgré cela, chacun fait avancer l’autre, à son insu parfois, chacun joue un jeu. J’aime beaucoup l’humour de Bacri-Jaoui, notamment dans le film Le goût des autres que je tiens pour un chef-d’œuvre, ou celui de Benno Besson dans Qui sait tout et gros bêta. On n’y montre pas quoi ni comment penser, on laisse la liberté de réfléchir. Vous jouez dans la grande salle de La Comédie : est-ce impressionnant ? Non, je suis confiante. La salle n’est pas si impressionnante que cela depuis la scène, et depuis que j’ai intégré le collectif de La Comédie en 2012, Hervé Loichemol a eu l’occasion de me voir jouer à plusieurs reprises, c’est pourquoi la proposition de me produire dans cette vénérable institution est venue tout naturellement. Vous présentez à La Comédie en avril votre dernier opus inspiré de votre propre vie. Que signifie Tiguidou ? Quand j’effectuais une tournée au Québec avec mon précédent spectacle, j’interpellais comme je le fais ici des personnes dans la salle en leur demandant si tout allait bien. L’un d’eux m’a répondu Tiguidou et j’ai cru comprendre qu’il se présentait. Le quiproquo a duré tout le spectacle et je ne comprenais pas que la salle s’esclaffe quand je m’adressais à Monsieur Tiguidou. J’ai appris plus tard que cela signifiait Tout va bien. e Brigitte Rosset. Photo Pierre Vogel Tout vous inspire, semble-t-il, rien n’échappe à votre sens aigu de l’observation. Tout m’inspire en effet, le spectacle de la rue, les autres, ce que j’entends dans le train sans voir les personnes, ce que l’on me raconte. De ces bribes et de ma propre vie, je tire un spectacle car monter en scène c’est être proche de soi. J’étais la quatrième d’une fratrie, après un gar- n t r e Propos recueillis par Laurence Tièche-Chavier Tiguidou – Tout le mal que l’on se donne pour se faire du bien jusqu’au 3 mai 2015 à La Comédie de Genève, www.comedie.ch et 022 310 50 01 Toutes les dates de tournée sur www.brigitterosset.ch t i e n t h é â t r e Mais c'est la particularité, la force, la puissance de ce texte d'ouvrir des fenêtres dans la nuit et de ne pas livrer une lumière totale. Dans une maison de campagne, un homme questionne une femme sur sa relation avec un autre homme – une relation étrange d'amour et de perversion. La femme résiste aux interrogations. « Tu es un sale fouille-merde », dit-elle. La recherche du passé n'en continue pas moins. Mais où est la réalité ? L'histoire récente, les persécutions, l'idée de Dieu tournoient dans cette conversation en parallèle, où les deux personnages se parlent autant à eux-mêmes qu'à l'autre personne. Cet amant d'autrefois se profile comme un bourreau. Mais où ? Mais quand ? « J'ai toujours su que tu m'aimais », dit l'homme. « Pourquoi ? », répond-elle. « Parce qu'on aime les mêmes chansons », précise-t-il. Elle poursuit sa quête des souvenirs qui n'est plus la sienne, mais celle d'une femme qu'elle croit être... le poche genève : dispersion d'harold pinter Conversation en parallèle C'est l'un des derniers textes de Pinter. L'auteur était venu lui-même le mettre en scène au Rond-Point, sous son titre anglais (Ashes to Ashes, Cendre après cendre). C'était avec Christine Boisson et Lambert Wilson. La soirée était énigmatique. La pièce le reste, une fois prise en main par Gérard Desarthe. Fascination Le spectacle n'est pas d'un abord facile, et l'on pourra rester à l'extérieur si l'on n'en accepte pas l'étrangeté. Gérard Desarthe, en compagnie de Jacques Connort, n'en a pas moins orchestré un très beau moment, très étonnant. Il y a des silences, une tension, un climat fort prenants, relayés par un miroitement délicat des lumières et des couleurs. Carole Bouquet sait être à la fois présente et absente, s'enfermer avec grâce dans un errement mental. Gérard Desarthe construit un être brisé qui lutte contre l'obscurité d'une vie et d'une parole. C'est d'une grande fascination. Gilles Costaz Du 27 mai au 7 juin. Dispersion (Ashes to Ashes) d'Harold Pinter, traduction de Mona Thomas, mise en scène de Gérard Desarthe, assitant de Jacques connort, dramaturgie de Jean Badin, décor et costumes de Delphine Brouard, lumière de Rémi Claude, son de Jean-Luc Ristord. Avec Carole Bouquet et Gérard Desarthe. Le PocheGenève, lun et ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi relâche (location +41 (0)22 310 37 59, [email protected]) Carole Bouquet dans «Dispersion» - photo Dunnara Meas a c t u a l i t é 37 t h é â t r e Ramuz est une référence pour vous, a été une référence pour écrire ce texte ? théâtre de poche : festival les singulières La septième vallée Nuit. Cercle de lumière au centre de la scène. Corbeau y bondit. On voit dans ses yeux, son cœur, son ventre, ses mains, notre planète entière qu’il a avalée, un jour. Corbeau : Immense. Immense. Immense. Mais c’est l’enfer. L’enfer. C’est l’enfer (…) Voix de Malvia : Je t’aime. Je t’aime. Sais-tu que je t’aime ? En ce temps-là où tu es en moi, je t’appartiens, sais-tu cela ? M’aimes-tu ? M’aimes-tu ? Prouve que tu m’aimes. En ce temps-là où je suis en toi, m’appartiens-tu ? 38 Ainsi commence la pièce de Jacques Probst qui sera présentée au Poche deux soirs seulement. A agender fissa ! Pour plusieurs raisons : le spectacle réunit une kyrielle de comédiens, véritable tour de force sur la scène de poche du théâtre éponyme, le texte mêle poésie et politique, l’écriture est vive, scandée, rythmée comme le sont parfois les joutes oratoires ou les matches, et le thème touchera là où ça fait mal, et aussi là où ça fait du bien. Entretien avec Jacques Probst Comment est née cette pièce, l’idée de cette pièce ? Pro Helvetia m’avait promis 12'000 francs, en 76, pour écrire une pièce. Ils attendaient de moi que je leur envoie un synopsis. J’ai mis trois mois à le préparer. A l’époque j’habitais dans une étable à chèvre dans les montagnes, et je dormais dans le foin avec mon chien. Lovay* m’avait prêté une étable à chèvre dans le Val d’Anniviers. Un jour, il est venu me trouver, on a bu un café, et tout à coup il m’a dit : « Imagine qu’on entende un haut-parleur qui annonce que tous les hommes de 18 à 50 ans doivent se présenter sur la Grand’Place avec leurs fusils. Tout le monde mobilisé. Qu’est-ce qu’on ferait ? On prendrait deux meules de fromages dans notre sac, on foncerait à la maison, on emmènerait de la viande séchée, on prendrait nos chiens, et on se tirerait tout de suite je pense. » L’idée, l’impulsion de ce récit, est née de ça. Le haut-parleur, Lovay. Puis j’ai imaginé une révolution anarchiste dans ce décor de montagnes et de vallées. Mais comme je tuais le Président d’emblée, j’avais mauvaise conscience d’accepter l’argent de la Confédération et de dégommer la Suisse. Mes copains de l’époque m’ont dit, bah, prends l’argent, écris, et si t’as vraiment mauvaise conscience, tu fais échouer ta révolution anarchiste. Alors c’est ce que j’ai fait. J’ai envoyé mon synopsis à Pro Helvetia, j’ai raconté la prise de pouvoir dans les montagnes. Pro Helvetia a accepté, et j’ai raconté l’histoire par écrit. J’ai aussi pu par la suite choisir le metteur en scène, j’avais pris Mentha. D’où viennent les noms des gens, des lieux? Vous les inventez, vous les transcrivez ? J’aime inventer des noms. J’en ai imaginé quelques-uns, et aussi j’en ai repris qui existaient dans les montagnes. Gé, c’était un certain Gérard, Clovis, un cantonnier que je connaissais par exemple. J’aime inventer des sonorités, des noms, qui sonnent parfois comme une autre langue. Jacques Probst e n t r e Pas spécialement. Mes influences, c’est surtout les discussions que j’avais avec Lovay. Je ne l’ai pas revu depuis une dizaine d’années, mais ça ne fait rien, si on se revoit, on rediscutera comme avant. Non, mes influences littéraires, en fait c’est Thelonious Monk. Les solos. C’est ce qui me donne la littérature, le littéraire. Avec Bach aussi peut-être. Mais j’aime bien Ramuz aussi…. A un moment Corbeau, le poète, dit en parlant de ses poèmes : « seuls en sont écrits les deux derniers vers ». Vous commencez aussi vos textes par les deux dernières phrases ? Oui, ça m’arrive parfois. Je sais comment ça finit, et je retrouve le début… Malvia crie en leitmotiv, presqu’en récitatif, ses « je t’aime » à Corbeau : comment l’entendre ? Souvent, dire « je t’aime » veut dire « aimemoi !». C’est plus une demande qu’une déclaration. Sauf pour Corbeau, qui après 80 pages, arrive enfin à dire « je t’aime » à Malvia. Là il me semble que ce n’est plus une demande, mais bien un aveu, une déclaration… Oui, là il admet qu’il l’aime, et il le lui dit. Les monologues du poète sont écrits sous forme de poème dans le texte : est-ce ainsi que vivent les auteurs de poèmes? Ils parlent en poète dans la vraie vie quand ils dialoguent ? C’est en tout cas sa manière à lui de vivre. Je ne sais plus bien pourquoi, la pièce date d’il y a 40 ans, je la relis, la redécouvre avec Françoise Courvoisier et ses acteurs. Je ferai, je dirai les didascalies, car ce ne sont pas que des indications de mise en scène, mais déjà du texte théâtral pour moi. Donc oui, les poètes vivent en poésie, comme les auteurs vivent avec leurs textes intérieurs. Propos recueillis par Rosine Schautz Le Poche. Mercredi 6 et jeudi 7 mai à 19h * Jean-Marc Lovay, écrivain valaisan, voyageur, libre d’esprit, toujours un peu à l’écart d’une certaine société, d’une certaine civilisation. t i e n t h é â t r e 39 a Samedi 2 mai à 19h : «Paradise Now !» avec Vincent Bonillo et Fanny Pelichet Mardi 5 mai à 20h30 : «Six Sonates» d’Ysaÿe avec Martin Reinmann Mercredi 6 et jeudi 7 mai à 19h : «La septième vallée» avec Raoul Teuscher © Dorothee Thebert Vendredi 8 à 20h30 et samedi 9 mai à 19h : «Toi, l’imbécile, sors !» avec Julie Allainmat et Renald Laban c t u a l i t é « La visite de la vieille dame » de Friedrich Dürrenmatt mis en scène par Omar Porras Théâtre de Carouge, jusqu’au 9 mai 2015 Billetterie : 022/343.43.43, [email protected] Théâtre Equilibre, Fribourg, les 12 et 13 mai 2015 Billetterie : 026/350.11.00, [email protected] Théâtre du Jorat, Mézières, les 21, 22 et 24 mai 2015 Billetterie : 021/903.07.55, [email protected] photos © Vanappelghem t h é â t r e théâtre du crève-cœur, cologny Jean et Béatrice Au théâtre du Crève-Cœur, Mariama Sylla met en scène le texte de Carole Fréchette, un texte qui, selon ses propres mots, l’accompagne depuis longtemps et invite à réfléchir sur plusieurs thèmes, dont la vérité, le jeu ou l’amour. Entretien. Le texte commence comme un conte : une jeune femme qui joue les princesses fait passer des épreuves à des hommes en espérant rencontrer celui qui saura « l’intéresser, l’émouvoir et la séduire ». Elle vit en haut d’une tour, mange des pommes, boit de l’eau et se raconte des histoires. Jean arrive avec son désir de posséder des « billets de vingt » dans ses poches. Finalement, on comprend que Béatrice ne cherchait pas vraiment à tomber amoureuse, mais escomptait combler le vide intérieur qu’elle ressent. Entretien avec Mariama Sylla A la première lecture de cette pièce avez-vous su d’emblée que vous la mettriez en scène un jour ? Ce texte m’accompagne depuis longtemps et je crois que je savais que je l’aborderais d’une manière ou d’une autre. Quand je l’ai découvert, je me suis projetée dans le rôle de Béatrice ! J’ai tout de suite aimé la langue de Carole Fréchette, j’avais envie de la dire. J’ai commencé à travailler sur le texte en imaginant proposer le projet à un metteur en scène qui me le ferait jouer. Puis d’autres spectacles m’ont occupée en tant que comédienne. Lorsqu’Aline Gampert m’a invitée à faire une mise en scène, ce texte s’est imposé. J’avais déjà un peu rêvé le projet, j’avais quelques idées et fait une ébauche d’analyse dramaturgique de la pièce. Je me suis alors mise au travail plus en profondeur, car il fallait que j’en tire un projet clair, qui puisse être transmis à une équipe. J’ai réalisé d’ailleurs que le projet avait mûri avec moi, qu’il s’était nourri par mon parcours de comédienne. Quel thème vous plaît le plus dans cette pièce ? La place de la femme ? L’homme « acheté » ? L’argent qui donne du pouvoir sur les êtres ? Les jeux de séduction ? Dans cette pièce en effet on parle du pouvoir de l’argent, de séduction, des rapports hommefemme, dont Jean et Béatrice sont les prototypes. Ce texte aborde en fait une quantité de thèmes. Chacun retiendra probablement autre chose en e n t r «Jean & Beatrice», photo de repetition Ariane Catton voyant le spectacle. On y parle d’enfance aussi, mais surtout on y parle beaucoup de jeu. Jean avec sa valise d’accessoires est un peu acteur, Béatrice est un peu conteuse et metteure en scène lorsqu’elle donne ses consignes à Jean. La pièce parle donc de théâtre. Est-ce l’histoire de deux personnes qui se rencontrent et n’arrivent pas à s’aimer ou de deux acteurs qui racontent des histoires devant un public? Cet aspect-là du jeu dans le jeu scénique m’a particulièrement interpellée. Le texte invite également à réfléchir sur différents thèmes, par exemple sur la vérité : « Qu’estce qui est vrai au théâtre et dans la vie ? » ou sur l’amour : « Comment s’aimer, qu’est-ce que s’aimer, se séduire, et pourquoi ? » J’ai tenté dans ma mise en scène d’accentuer cet aspect théâtre dans le théâtre, très présent déjà dans le vocabulaire employé, en travaillant sur les différents niveaux de narration, jusqu’à faire dire aux comédiens les dernières didascalies. Dans la seconde partie du texte, il y a aussi des moments où le ‘quatrième mur’ * disparaît… Comment définiriez-vous l’écriture de Carole Fréchette ? C’est une écriture empreinte d’humour, d’un humour fin qui grince tout de même un peu... On rit des clichés auxquels chaque individu est un jour confronté. On rit des croyances de Béatrice, de l’entêtement de Jean, on rit parce que l’on se reconnaît lorsqu’ils tentent de rejouer les scènes du quotidien d’un couple. On peut aborder ce texte sous plusieurs angles. Ici, nous n’avons pas cherché à forcer le trait de l’humour car il apparaît spontanément entremêlé à des moments de poésie. Deux personnages sur un plateau, c’est plus difficile à mettre en scène, en rythme, en espace qu’un groupe de comédiens ? J’ai eu en effet cette crainte pour ma première mise en scène. L’énergie qui se dégage d’un groupe est motivante, les multiples entrées et sorties, les apparitions de nouveaux personnages, les relations qui se croisent sont autant de nouveaux souffles sur un plateau. Ici, il y a une entrée au début, une sortie à la fin, pas de scènes, d’actes e t i e ou de tableaux déterminés. J’avais très peur de ne pas trouver les ressources qui dynamiseraient cette relation unique, en huis clos, entre Jean et Béatrice. Puis, en y regardant de plus près, j’ai vu que le texte était tout de même composé de microséquences. Je me suis alors attachée à trouver des enjeux pour chacune d’elle et ai étudié les « virages » qui les séparent pour insuffler de nouvelles dynamiques. Nous avons aussi beaucoup travaillé sur les rythmiques induites par le texte. Par ailleurs, l’exiguïté du plateau du Crève-Cœur me faisait un peu souci. Comment créer des diagonales, des gros plans et des plans plus serrés dans un espace si petit ? Finalement, je pense que c’est une aubaine. La particularité de ce plateau, ses angles bizarres, que nous avons accentués dans la scénographie, ont permis beaucoup plus que je n’imaginais. Et la scénographie ... J’ai désiré renforcer la sensation d’intimité qui lie acteurs et spectateurs, créer une boîte noire de théâtre dans cet ancien pressoir. Nous avons recouvert les murs de noir, placé une porte à l’entrée des spectateurs qui habituellement passent par un rideau. Pour le reste, la sobriété a été de mise. Une fenêtre, un fauteuil, la vis du pressoir transformée en étagère, et quelques accessoires indispensables. C’est sur ce fond noir que se dessinent les silhouettes des acteurs. L’éclairage aide aussi à renforcer l’impression que l’on passe d’une fiction à un théâtre plus « vrai ». Enfin, la musique qui accompagne les endormissements soudain de Béatrice contribue à faire entrer le spectateur dans l’écrin du théâtre. Cette mise en scène a été un travail d’équipe dont chaque membre m’a été essentiel pour donner à entendre ce texte certainement moderne et contemporain. Voire philosophique. Propos recueillis par Rosine Schautz * Au théâtre, le quatrième mur désigne un « mur » imaginaire situé sur le devant de la scène, séparant la scène des spectateurs et « au travers » duquel ceux-ci voient les acteurs jouer. Jusqu’au 24 mai. Théâtre du Crève-Cœur, ch. de Ruth, Cologny, mar au sam à 20h00, dim à 18h00 (rés. 022/786.86.00) n 41 « Big Apple » d’Isabelle Le Nouvel dans la mise en scène de Niels Arestrup avec Christophe Malavoy Le Reflet-Théâtre de Vevey, le 5 mai 2015 Billetterie sur : www.lereflet.ch Théâtre Equilibre, Fribourg, le 7 mai 2015 Billetterie : 026/350.11.00, [email protected] et Marianne Basler Production Théâtre de l’Ouest Parisien Boulogne Billancourt t h é â t r e espace nuithonie, villars-sur-glâne Constellation*Cendrillon Avec Constellation*Cendrillon, la compagnie de l’Oranger propose de revisiter le célèbre conte dans une mise en scène contemporaine qui déstructure et questionne. Rencontre avec Laurent Gachoud. Vous avez commencé dans le registre comique puis vous êtes dirigé vers le théâtre contemporain, qui met en avant l’image. Pourquoi travailler le conte aujourd’hui ? Je dirai que Cendrillon est un projet carrefour qui m’a longtemps suivi. Je me suis tout d’abord intéressé à la figure du prince sauveur. Je voulais faire un spectacle solo. Le projet a ensuite beaucoup évolué et j’ai eu l’idée de travailler sur les constellations familiales. Vous pouvez nous en dire un peu plus sur cette méthode ? C’est une méthode de thérapie familiale qui propose un travail sur soi par le biais de jeux de rôle. Il y a donc énormément de liens avec le théâtre. On réfléchit sur les conflits et la famille, ce qui correspondait tout à fait à Cendrillon. Elle vit dans une famille recomposée, de laquelle elle est rejetée. Avec cette pièce, on essaie en quelque sorte de résoudre son conflit. Et comment cela se traduit sur scènes ? Au fur et à mesure des répétitions, le spectacle est devenu très abstrait. On est arrivé à une pièce très imaginée et poétique avec différents tableaux qui représentent des moments. Il n’y a pas d’histoire ou de liens de causes à effets. On est parti du principe que tout le monde connaissait le conte de Cendrillon. On avait alors envie de montrer autre chose. Mon personnage est une sorte de prince-metteur en scène-thérapeute. Il dirige, mais voit vite que cela coince. Cendrillon vit dans le rejet. Son prénom même signifie son état, puisqu’il vient de la cendre. Cette jeune fille est en réalité complètement brûlée et a disparu. À force de vouloir faire cette thérapie, mon personnage découvre qu’il est impossible de la sauver. Cendrillon n’existe pas en dehors de l’échec. Avec cette pièce vous restez ainsi dans le registre de l’invisible et du poétique... ? Exactement. Les constellations permettent de travailler sur le sentiment, tout se passe à l’intérieur des personnages. Cette pièce raconte le passage, la transformation. Je vois Cendrillon comme un personnage qui est parvenu à un autre état et elle s’est détachée de son corps. Tout part du deuil de sa maman, petit à petit elle parvient avec humilité à lâcher prise et à aller vers la lumière. C’est quelque chose qui peut parler à tout le monde. Chaque personne doit vivre des deuils dans sa vie, que cela soit le deuil d’une personne ou simplement d’un instant. Au fond, ce spectacle parle au spectateur à travers son vécu, mais aussi à travers des sensations et des images. Ce que j’apprécie dans cette pièce, c’est qu’il y a plusieurs niveaux de lecture. On peut y voir beaucoup de métathéâtre et de métaphore sur la vie. Vous avez choisi de travailler avec des personnes qui ne sont pas comédiens professionnels. Pourquoi ce choix ? Je les appelle des constellants amateurs. Tout a commencé par un atelier où je proposais de travailler sur les constellations de Cendrillon. Ces personnes ont suivi ces ateliers jusqu’à ce que l’on décide d’en faire une pièce. Sur scène, il y a un véritable contraste entre les constellants - qui ne jouent pas, ils sont eux-mêmes - et les personnages, Cendrillon et le metteur en scène. Mon personnage est très théâtral, toujours dans le contrôle. Cendrillon, quant à elle, cherche tellement à être Cendrillon qu’elle en devient ridicule. C’est une manière de montrer que l’on porte des masques dans la vie quotidienne et que le théâtre n’est jamais loin. Propos recueillis par Valérie Vuille Les 7 et 8 mai. Espace Nuithonie (loc. 026/350.11.00) WWW.BONLIEU-ANNECY.COM T. 04 50 33 44 11 LES LE S PARTICULES P RT ICULE S ÉLÉMENTAIRES PART É ÉLÉMEN MEN TAI T AI RE S MICHEL HOUELLEBECQ JULIEN GOSSELIN MAR.12 MA R.12 | ME MER.13 R.13 MAI ©Simon Gosselin 14 • 15 43 t h é â t r e marionnettes de genève Rififi rue Rodo Il y aura du rififi rue Rodo, qu'on se le dise ! Guy Jutard, qui dirige le Théâtre des Marionnettes de Genève depuis douze ans, a décidé de faire du grabuge pour marquer son départ! Avec la collaboration de Claude-Inga Barbey pour l'écriture et d'une belle brochette d'acteurs genevois, il se fera complice d'un mystérieux tueur en série venu s'acharner sur les marionnettes et mettre à sac le théâtre avant une représentation. 44 Une enquête s'impose, menée par quelques limiers secondés par les spectateurs dans les méandres du théâtre, qui sera radicalement transformé à cette occasion. Qui en veut donc autant aux marionnettes, à moins que ce ne soit aux personnages qu'elles incarnent ? Qui a peur des marionnettes au point de vouloir les détruire ? S'agit-il d'un vengeur au grand cœur ou d'un envoyé d'autres théâtres craignant la concurrence déloyale ? Le public le saura en allant prendre part à cette déambulation théâtralo-policière qui convoque les grandes figures emblématiques de la littérature policière. Hommage Le dernier spectacle imaginé par Guy Jutard dans lequel il jouera son propre rôle, se veut un hommage aux marionnettes et à celles et ceux qui les créent et les manipulent. « Chaque scène est à la fois un exercice de style qui s'allie à une technique (virtuosité des marionnettes à fils, efficacité gestuelle de la marionnette à gaine, vie anémique des objets...), et une façon d'évoquer la fonction e Guy Jutard esthétique de la marionnette, sa transcendance comme son immanence », écrit Guy Jutard. Interrogation Le spectacle entend également interroger le spectateur-enquêteur sur le processus de la manipulation et sur le principe du dédoublement : qui manipule qui ? la marionnette a-t-elle une âme ? s'efface-t-elle derrière le personnage qu'elle incarne ? la main du marionnettiste n'estelle qu'un instrument ? Les fidèles spectateurs du TMG trouveront là une somme des plaisirs qui les ont attirés depuis douze ans vers des spectacles où, des tout-petits aux adultes, chacun a trouvé matière n t r e à émerveillement ou à réflexion, où la peur l'a disputé aux rires, et les autres découvriront que les spectacles de marionnettes sont une manière de transcender le monde ou d'en révéler l'état brut pour ne pas dire brutal, sans jamais pour autant en oublier l'immanente poésie. Propos recueillis par Laurence Tièche-Chavier Rififi rue Rodo du 19 mai au 7 juin, Thèâtre des Marionnettes de Genève, réservations au 022 807 31 07 ou sur www.marionnettes.ch t i e n a i l l e chronique lyonnaise Diversité Dans ce mois d’avril à Lyon, le théâtre s’est enrichi de maintes sources : son alter ego italien, le cinéma, le roman et la danse. Au point de sembler bien rétréci lorsqu’il se contemple lui-même… ! Théâtre des Célestins Après que, le mois dernier, le Théâtre des Célestins ait accueilli un grand metteur en scène étranger (Armin Petras), il a récidivé avec Le voci di dentro [Les voix intérieures] d’Eduardo De Filippo que Toni Servillo et ses Teatri uniti di Napoli (avec l’aide du Piccolo Teatro di Milano et du Teatro di Roma). Cette pièce, où l’onirisme et l’utopie fabriquent du réel, se passe dans un immeuble populaire de Naples, alors que la gêne sociale et la grisaille humaine ravagent les esprits et les cœurs. Un matin, un homme accuse une famille voisine d’avoir commis un meurtre, alors qu’aucun corps n’est trouvable. Méfiances, accusations et inconstances humaines sont le sel d’un théâtre – tantôt en italien, tantôt en napolitain, mais toujours tendrement ironique – où chaque caractère est tracé au cordeau et où le spectateur croit assister à un réel intégral, c’est-à-dire : vrai. Interprétant les deux frères (l’un volubile, l’autre taiseux), Toni et Peppe Servillo sont confondants de naturel et d’intelligence : chacun d’eux poursuit l’art d’un Marcello Mastroiani, tandis que les douze autres comédiens sont à l’unisson. Par-delà l’immédiateté de ce travail théâtral où art et peuple appartiennent au même territoire, le spectateur sort de la salle ébahi, il a, simultanément, ri en toute humanité et repris langue avec ses propres voix intérieures. Dans ces mêmes colonnes (en mai 2014), Marc Lesage, codirecteur du Théâtre des Célestins, présentait Territoires en écriture, qui associe le genevois “Poche” et le lyonnais “Célestins”. Recentré sur l’aujourd’hui et le demain, ce projet triennal et transfrontalier (2013-2015) cherche « une expression ludique et non rébarbative du théâtre qui s’adresse à des spectateurs dont la téléphagie a affaibli le discernement ». La dernière étape en est Nos serments, que l’expérimenté scénariste Guy-Patrick Sainderichin et la jeune metteuse en scène Julie Duclos ont très librement adapté de La maman et la putain de Jean Eustache et de propositions formulées par les cinq acteurs. Ce texte révèle une singulière écriture scénique où le théâtre s’hybride, intelligemment, avec le cinéma : certes des séquences cinématographiques s’insèrent dans le spectacle ; mais surtout l’art de l’interprète ici construit mâtine l’art du comédien (de théâtre) à celui de l’acteur (de cinéma). Travaillé dans la profondeur des sentiments, ce projet réussit. Et, de la talentueuse équipe d’acteurs, Alix Riemer se dégage, qui compose une fascinante Esther. Scènes lyonnaises La richesse théâtrale de la métropole lyonnaise invite à regarder le Théâtre de la Renaissance, sis à Oullins, qui jouxte Lyon. Cette scène, qui s’attache essentiellement au théâtre musical, a invité le jeune et prometteur Thomas Jolly (et sa compagnie : La piccola familia), qui fut la coqueluche du Festival d’Avignon 2014, avec son intégrale d’Henry VI de Shakespeare, en dix-huit heures. Voici Arlequin poli par l’amour (1720) où Marivaux entrelace les comédiens italiens de son temps au registre du merveilleux et au conte magique. Entre sortilèges (une fée et sa baguette magique) et initiation adolescente au sentiment amoureux, cette pièce n’est pas aisée à saisir. a c t u a l u r s Créée en 2007 et jouée jusqu’en 2010, cette production tourne de nouveau. (À signaler que, en octobre 2014, Thomas Jolly a mis en scène cette même pièce, en langue russe, avec les acteurs du Centre Gogol, à Moscou.) La commedia dell’arte est ici remplacée par un style burlesque alla Chaplin, qui ne convainc pas véritablement. Si Thomas Jolly maîtrise le métier théâtral, son permanent second degré, qui d’abord séduit, finit par lasser, tant il empêche le premier degré, initiatique et bouleversant, du sentiment amoureux de s’épanouir et tant les comédiens sont de talents inégaux. Après avoir vu Henry VI et cet Arlequin, il est permis de se demander si, au-delà de sa séduisante vivacité, Thomas Jolly ne reprend pas les habiles ficelles d’un “vieux-théâtre” replié sur lui-même, tant il évacue totalement la question politique, sociale et culturelle. Sa prochaine production, Richard III, dissipera probablement ces ambiguïtés. À chaque printemps, la Maison de la danse de Lyon organise son propre festival : La maison sens dessus dessous, sorte de relais gorgé de recherches chorégraphiques, entre deux Biennales de la danse, deux institutions dont Dominique Hervieu assure la direction artistique. Un fil a traversé ce festival : le texte, réel ou sous-jacent. Trois spectacles ont particulièrement frappé. Dans Chalet 1, Denis Plassard et sa compagnie Propos se saisissent du livre homonyme où l’écrivain belge, d’expression francophone, André Baillon se tint à l’écart des normes (sociales, familiales, politiques, culturelles) de son temps. En 1923, cet auteur séjourna à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, pour soigner une fragilité psychique ; Chalet 1 en est le prodigieux et bouleversant écho. Dans ce spectacle qu’il qualifie de “chœur chorégraphié” et où il s’associe à deux comédiens pour dire ce texte (souvent un unisson à trois voix) tout en dansant, Denis Plassard magnifie Baillon. D’abord étrange et drôle, la représentation se poursuit dans une poignante atmosphère où l’entrelacs de l’écrit textuel et l’écrit vocalo-chorégraphique ouvre à de troublantes abysses. Avec son spectacle Exit/Exist, le danseur et chorégraphe sud-africain Gregory Maqoma mêle un récit mythique qui, ancien d’un siècle, est un pilier historique de la lutte contre l’apartheid, à une écriture chorégraphique tracée au millimètre. Un battement de cil ou un infime déhanchement y prennent une ampleur épique, tel Israel Galvan lorsqu’il fouaille la tradition flamenca. Avec ses quatre acolytes (des chanteurs aux moyens vocaux dignes des grandes scènes d’opéra), Gregory Maqoma touche à l’humain universel, «D'après une histoire vraie» © Marc Domage à l’anthropologique. Notamment, il trace et repense la structure même de la notion de représentation (dans son opposition avec la présentation). Enfin, après quatre-vingt représentations par toute la planète, D’après une histoire vraie de Christian Rizzo a fait halte à Lyon. L’attente était justifiée. Brassant des souvenirs et des archétypes de danses ethniques et de comportements sociaux qui questionnent la source de l’humanité, les huit danseurs et les deux percussionnistes entament un crescendo de soixante-dix minutes : d’abord fait de gestes isolés et ordinaires, l’écriture s’agrège en un bouillonnement de rituels et d’assemblements humains qui réalisent le prodige de faire société et de créer une bouleversante poésie. La fin, ubris irrépressible, soulève l’enthousiasme. Depuis le début de cette année, Christian Rizzo dirige le Centre chorégraphique de Montpellier. Heureux Montpelliérains ! Frank Langlois i t é 45 d a n s e Avec son partenaire Régis Obadia, elle fonde la compagnie l’Esquisse. Ils créeront ensemble pas moins de dix-sept pièces, au Havre puis à Angers. Ces pièces caractérisées par leur fougue marquent le paysage chorégraphique français. Après leur séparation, Joëlle continue seule de diriger le CNDC d’Angers puis elle est invitée à Sceaux. Dans la dernière décennie, elle aborde de vastes sujets comme le destin de Jeanne d’Arc ou l’œuvre de Dante, la Divine comédie. Forte du succès de son adaptation de Roméo et Juliette pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève (2010) elle revient et propose sa version de Tristan et Isolde sur la musique de Richard Wagner. Le Tristan de Wagner a une dimension mystique. Tout commence sur un bateau : Tristan rentre en Cornouailles avec Isolde, une princesse irlandaise qui doit épouser le roi Marke. Isolde demande à sa servante Brangäne de préparer un poison mortel pour Tristan, car ce dernier a tué son fiancé. Mais la servante prépare à la place un philtre d’amour. Après qu’ils l’ont bu, ils se déclarent un amour éternel. Isolde et Marke se marient mais ils ne consomment pas leur mariage. Tristan va voir Isolde une nuit, pendant que Marke est à la chasse. Ils s’embrassent et chantent un hymne à la nuit, désirant mourir d’amour. Mais ils sont surpris par Marke. Tristan et Isolde se séparent. Tristan se retire en Bretagne, il veut mourir. Finalement Isolde le rejoint et Tristan meurt dans ses bras. Isolde se noie dans l’âme de la terre, elle est transfigurée. Nous sommes impatients de voir l’adaptation par Joëlle Bouvier de cet amour mythique pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève ! bâtiment des forces motrices, genève Joëlle Bouvier adapte Tristan et Isolde Joëlle Bouvier, née en 1957 à Neuchâtel est devenue dans les années 80 une figure de proue de la nouvelle danse française. Son parcours est exemplaire. En 1980 elle est Lauréate du Prix de Nyon, un an plus tard sa pièce obtient le 1er Prix du prestigieux concours de Bagnolet. 46 Emmanuèle Rüegger Les 21, 22, 26, 27, 28, 29, 30, 31 mai. Salue pour moi le monde ! d’après Richard Wagner, chor. Joëlle Bouvier, dir. Philippe Cohen, Ballet du Grand Théâtre, création. BFM à 19h30, le 31 à 15h (billetterie en ligne sur le site du GrandThéâtre) «Salue pour moi le monde !» avec Sarawanee Tanatanit et Geoffrey Van Dyck, photo de répétition © GTG / Gregory Batardon a c t u a l i t é m u s i q Gleb Skvortsov Martine Duruz Dans la série des concerts organisés le dimanche au Victoria Hall à 17h, l’Orchestre Symphonique Genevois dirigé par son chef titulaire Gleb Skvortsov partagera l’affiche avec l’organiste Diego Innocenzi le 10 mai. Entretien avec le chef. Gleb Skvortsov la comédie musicale Moskva Tcheriomouchki de Chostakovitch, du Conte du Pope et de son serviteur Balda du même compositeur et de la version française d’Il Cappello di paglia di Firenze de Nino Rota. En 2009 il a créé la Camerata Venia, un ensemble orchestral de haut niveau, dont le nom est le même que celui du chœur d’hommes que Gleb dirigeait à Saint-Petersbourg. L’une des traductions du latin venia est bienveillance. Tous les deux ans, l’Orchestre Symphonique Genevois participe à un concert du dimanche. a c t u C’est un orchestre amateur de bon niveau, qui a son public et que la Ville de Genève soutient. L’an passé, la nomination tardive de son chef a eu pour conséquence de reporter le concert à 2015. Le programme résulte d’une demande de Jacques Ménétrey, conseiller culturel de la Ville, de concocter un programme dans lequel l’orgue et l’orchestre seraient mis aussi en valeur l’un que l’autre. Deux fois par année en effet l’instrument magnifique du Victoria Hall doit obtenir une place de choix dans la série des concerts du dimanche. Gleb Skvortsov et Diego Innocenzi ont donc jeté leur dévolu sur la Symphonie No 1 pour orgue et orchestre d’Alexandre Guilmant, organiste et compositeur français mort en 1911, qui a orchestré sa propre Sonate No 1 pour orgue. Cette œuvre présente pour l’orchestre un intérêt symphonique indéniable, bien que certains passages soient un peu pompeux. C’est une œuvre intéressante, ni trop facile, ni trop difficile pour un orchestre d’amateurs qui a quand même des limites techniques excluant certains choix, le Sacre du Printemps par exemple ! La symphonie sera encadrée par deux pièces de J.-S. Bach, transcrites par des compositeurs plus tardifs. La Fantaisie et Fugue et la Passacaille et Fugue, toutes deux en do mineur, étaient à l’origine destinées à l’orgue. Nous en découvrirons les transcriptions pour orchestre d’Edward Elgar pour la Fantaisie, et d’Ottorino Respighi pour la Passacaille. Le répertoire de l’OSG est dépendant de certaines contraintes. Il ne s’agit pas d’un orchestre de chambre mais d’un orchestre symphonique : tout le monde doit pouvoir participer, ce qui implique d’éliminer les compositeurs antérieurs à Beethoven. Le travail de préparation est évidemment plus ardu avec les amateurs : le début des répétitions est un vrai défi. La période de déchiffrage dure un mois à un mois et demi, à raison d’une ou deux répétitions par semaine. Il faut maintenir la motivation, soigner les rapports humains, faire preuve de patience. Le but est d’arriver en forme a l i e au concert ! Régulièrement il s’avère nécessaire d’ajouter des partielles, en fonction des difficultés. Par exemple dans la musique de Bach il est nécessaire d’insister sur les dialogues à l’intérieur des fugues et de garder certains phrasés polyphoniques même s’il s’agit de transcriptions. l’orchestre symphonique genevois aux concerts du dimanche Prenant la succession d’Hervé Klopfenstein, Gleb Skvortsov est à la tête de l’orchestre depuis janvier 2014. Né à Saint-Petersbourg, où il a obtenu son diplôme de direction chorale avec distinction, il arrive en Suisse en 1994 avec l’intention de se perfectionner auprès de Michel Corboz, dont il deviendra l’assistant. Il suit également la classe de direction d’orchestre au Conservatoire. Ses expériences se multiplient à la tête de diverses formations : l’Orchestre Symphonique de Saint-Petersbourg, l’Israël Chamber Orchestra, l’Orchestre National de Lyon, l’OSR, l’OCL, l’OCG entre autres. De 1998 à 2008 il a la charge du chœur universitaire de Genève, et de l’Orchestre de l’Université qu’il a fondé. Il a aussi été le directeur artistique et musical de la première suisse de u t Le 10 mai. Concert du dimanche de la ville de Genève. Orchestre Symphonique Genevois, dir. Gleb Skvortsov, Diego Innocenzi, orgues (Bach, Guilmant). Victoria Hall à 11h (Billetterie en ligne http://billetterie-culture.villege.ch / Location Espace Ville de Genève) Deux orchestres différents Gleb Skvortsov dirige également la Camerata Venia, un ensemble d’instrumentistes professionnels dont le premier concert a eu lieu en 2009.Le terme « camerata » suggère une formation à géométrie variable, de 11 à 30 musiciens. Il existe aujourd’hui plusieurs autres « cameratas » dans notre pays, ce qui n’était pas le cas en 2009. Les musiciens viennent de Suisse ou de France voisine, ou ont un rapport avec la Suisse. Certains premiers pupitres de l’OSR et de l’OCL apportent parfois leur contribution. Avec eux la manière de procéder diffère : le travail se fait pendant les trois jours qui précèdent le concert, et le programme est exigeant. Un noyau de vingt musiciens environ revient régulièrement, d’autres sont convoqués selon les projets ponctuels. Les concerts ont lieu le plus souvent au même endroit : la Salle Frank Martin. Le répertoire comprend principalement la musique du XXème siècle et des arrangements de grandes œuvres symphoniques (Stravinski, Gulda, Gerschwin, Poulenc…), mais pas de musique contemporaine, que Contrechamps défend très bien. L’ensemble estil soutenu par la communauté russe ? Oui, mais plus par sa présence aux événements que par un apport financier. En 2009-2010, la Fondation Neva a accordé une aide, mais plus depuis. Gleb Skvortsov dit avoir mis plusieurs années pour acquérir une crédibilité ; d’autres sont soutenus dans leurs projets avant même d’avoir commencé. Pour lui le fait de diriger deux ensembles est un avantage puisqu’il peut ainsi aborder des répertoires différents. La Camerata Venia lui offre un ancrage dans le milieu professionnel, ce qui est enrichissant aussi pour son activité à la tête de l’Orchestre Symphonique Genevois. D’après des propos recueillis par Martine Duruz é 47 m u s i q u e scènes de mai Agenda romand Le festival de musique actuelle « Les Amplitudes » à la Chaux-de-Fonds et les Rencontres avec Cédric Pescia « Ensemble enScène » au Théâtre Kléber-Méleau de Malley-Renens constituent les manifestations les plus marquantes du mois en Suisse romande. 48 A Lausanne, à l’Opéra, l’Orchestre de Chambre de Lausanne donnera son 9e concert d’abonnement, sous la conduite de Kazuki Yamada, avec le violoniste Augustin Hadelich, soliste du Concerto en la mineur de Dvorak. La Suite de Pelléas et Mélisande de Fauré et la Symphonie en do majeur de Bizet, chef-d’œuvre précoce d’un compositeur de dix-sept ans, complètent le programme. (lu18 et ma 19) A l’Opéra également, Alondra de la Parra, directrice artistique de l’Orchestre philharmonique de Jalisco (Mexique), sera à la tête de l’OCL pour le 7e Concert du Dimanche. Au programme figurent un Concerto pour basson de Johann Baptist Vanhal (1739-1813) – soliste François Dinkel - et la Symphonie No 7 de Beethoven. (di 27) Au BCV Concert Hall, Le Prince Heureux, un conte d’Oscar Wilde, a inspiré au compositeur américain Jan Bach une musique d’accom- Jamie Phillips. Crédit Russell Duncan a pagnement qui sera interprétée par l’OCL lors du 4e concert Découvertes, sous la direction de Jamie Phillips, jeune chef assistant du Hallé Orchestra. (me 27) Au Salon Alice Bailly, pour un Entracte du Mardi, un groupe de musiciens présenteront un portrait d’Henry Purcell. (ma19) A la Salle Paderewski, les Concerts de Montbenon accueillent le Quatuor Terpsycordes et la pianiste parisienne Juliette Granier, ancienne élève de Dominique Weber à Genève, dans trois chefsd’œuvre du répertoire chambriste : le Quatuor en sol Op. 76 No 1 de Haydn, le Quintette en sol Op. 57 de Chostakovitch, ainsi que le Quintette en mi bémol Op. 44 de Robert Schumann. (ve 29) Au Théâtre de Beaulieu, un grand concert choral et un concert de l’Orchestre de la Suisse Romande sont annoncés. La Messa di Gloria de Puccini et l’oratorio Sancta Civitas de Vaughan Williams, œuvre composée entre 1923 et 1925, réuniront les forces des Chœurs Faller et des Gymnases lausannois, de la Maîtrise Saint-Pierre aux Liens de Bulle, de l’Orchestre romand de Jeunes professionnels, sous la conduite des chefs Olivier Piguet et Gonzague Monney, avec la participation du pianiste François Margot, du ténor Valério Contaldo et de la basse Michel Brodard. (di 10) L’OSR, sous la conduite de Neeme Järvi, jouera des œuvres de Rossini, de c t u a Stravinsky, de Ravel (le Boléro) et, avec des solistes issus de ses rangs, le Concerto pour sept instruments à vent et timbales de Frank Martin. (je 21) A Renens-Malley, au Théâtre KléberMéleau, les Rencontres Musicales « Ensemble enScène » avec Cédric Pescia accueilleront divers artistes, dont le jeune Kristian Bezuidenhout au pianoforte et la soprano Caroline Melzer dans le Pierrot Lunaire de Schœnberg. (du me 27 au di 31) A Morges, au Casino, Carine Séchaye, mezzo-soprano et comédienne, et Marie-Cécile Bertheau au piano, présenteront, avec leur verve coutumière, des pages de Poulenc, de Chabrier, ainsi que des airs d’opéras et d’opérettes. Hélène Grimaud A Rolle, au Rosey Concert Hall, le récital d’Hélène Grimaud s’annonce aussi coloré que captivant, avec Wasserklavier de Berio et Rain Tree de Takemitsu précédant une Barcarolle de Fauré et Jeux d’eau de Ravel, que suivront des pages d’Albeniz, de Liszt, de Janacek et de Debussy. La Sonate No 2 de Brahms, compositeur de prédilection de la pianiste française, mettra un terme à ce récital substantiel. A Chéserex, à l’Abbaye de Bonmont, deux concerts sont à l’affiche. L’un, confié au violoniste Fabrizio von Arx et au pianiste Bruno Canino, sera consacré à la Sonate No 5 du « Printemps » de Beethoven, à la Sonate en la majeur de César Franck, ainsi qu’à l’Introduction et Rondo capriccioso de SaintSaëns. L’autre, à l’enseigne de « Mélodies françaises sur des poèmes de Verlaine », séduira tous les amateurs de la voix de contre-ténor de Philippe Jaroussky, qui sera accomnpagné au piano par Jérôme Duclos. (Concert & Brunch di 3 et Concert & Gala Dîner ma 5) A Romainmôtier, à l’Abbatiale, l’Ensemble Amarcord - 2 ténors, 1 baryton et 2 basses, tous anciens membres du célèbre l i t é m u s i q u e Thomanerchor de Leipzig,- interprétera des œuvres allant du Moyen-Age à Heinrich Schütz faisant partie des « Trésors de la bibliothèque de Saint-Thomas ». (di 3) La Création de Haydn, par les mêmes interprètes qu’à Yverdon, est aussi à l’affiche. (di 10) A Yverdon, au Temple, le grand oratorio de Haydn La Création aura pour interprètes, sous la conduite de Christian Delafontaine, l’Orchestre d’Yverdon-les-Bains, l’Ensemble vocal Horizons et les solistes Charlotte Müller Perrier, soprano, Christoph Einhorn, ténor, et Stephan Imboden, baryton-basse. (je 7 et ve 8) A Vevey, à la Salle del Castillo, les Quintettes pour clarinette et cordes de Mozart et de Brahms sont au programme du dernier concert de la saison d’Arts et Lettres. Les interprètes en seront le clarinettiste Lorenzo Coppola, les violonistes Isabelle Faust et AnneKatharina Schreiber, l’altiste Yoshiko Morita et le violoncelliste Emmanuel Balssa. (ma 27) A Villeneuve, au Temple Saint-Paul, le Belenus Quartett de Bâle, formé d’anciennes étudiantes de la Haute Ecole des Arts de Zurich, a choisi de présenter trois Quatuors à cordes : l’Opus 74 No 3 dit « Le Cavalier » de Haydn, le Quatuor No 3 de Schnittke, ainsi que l’Op. 96 « Américain » de Dvorak. (di 31) A Monthey, au Château, carte blanche est donnée à l’accordéoniste Stéphane Chapuis. (di 10) A Sion, à la Fondation de Wolff, le baryton Siwoung Song, accompagné par la pianiste Lauriane Follonier, a jeté son dévolu sur des Lauriane Follonier et Siwoung Song Lieder de Schumann et des Mélodies de Reynaldo Hahn et de Fauré. (ve 1) A Neuchâtel, au Temple du Bas, l’orchestre, les solistes et le chœur de l’Avant-ScèneOpéra, sous la baguette d’Yves Senn, se produiront à l’enseigne des « plus belles pages du répertoire lyrique ». (ve 8 et di 10) a c t u Au même endroit, l’Orchestre Symphonique Suisse des Jeunes, conduit par Kai Bumann, accompagnera le clarinettiste Pavlos Serassis dans le Concerto en la K. 622 de Mozart, avant d’affronter une partition monumentale, la Symphonie alpestre de Richard Strauss. (di 17) A La Chaux-de-Fonds, différents lieux seront investis par le festival biennal de musique contemporaine « Les Amplitudes », qui consacre sa 7e édition au compositeur toulousain Pierre Jodlowski, dont notamment une nouvelle version de Passage, couloir sonore dynamique dédié au monde des souvenirs, sera installée au Musée de l’Horlogerie. (du di 3 au di 10 ) Au Temple Farel, l’OCL, sous la direction de Marc Kissoczy, dans le cadre du festival « Les Amplitudes », jouera les Interludes I-II et III, plus Drones (2007) de Jodlowski, ainsi que Chukrum (1963) de Giacinto Scelsi et Zipangu (1980) de Claude Vivier. (ve 8) A L’Heure Bleue, trois représentations des Noces de Figaro de Mozart, confiées à l’AvantScène-Opéra de Neuchâtel et à la direction musicale d’Yves Senn, sont annoncées hors abonnement pour la fin de la saison. (me 27, ve 29 et di 31) A Bienne, au Palais des Congrès, pour son 9e concert d’abonnemnent, l’Orchestre Symphonique Bienne Soleure sera dirigé par Lawrence Foster. Au programme figurent l’Ouverture de l’Italienne à Alger de Rossini, le Concerto pour violon No 1 de Paganini, avec Feng Ning en soliste, et la Symphonie No 7 de Beethoven. Au Stadttheater, suite des représentations de King Arthur de Purcell, mis en scène par Katharina Rupp (ve 1, ma 19, ve 22 et je 28) et de celles de La Tragédie de Carmen d’après Bizet, avec Carine Séchaye et Roger Padullés, sous la conduiote de Harald Siegel (ve 8, me 13, ma 26). A Saint-ursanne, à la Collégiale, la violoniste Plamena Nikitassova et l’organiste Jörg- a l i t Christian Poltéra Andreas Bötticher feront entendre des pages de J.Jakob Walther, J.Caspar Kerll, Georg Muffat et Hieronymus Kradenthaler, compositeurs allemands du 17e siècle. (di 3) A Saignelégier, l’Orchestre de Chambre fribourgeois, avec le comédien Laurent Sandoz comme narrateur, présentera une version instrumentale de l’Histoire du Soldat de Stravinsky et Ramuz. (di 17) A Fribourg, au Théâtre L’Equilibre, le Tombeau de Couperin de Ravel, le Concerto pour violoncelle No 1 de Chostakovitch, avec Christian Poltéra en soliste, et la Symphonie No 101 « L’horloge » de Haydn figurent au programme d’un concert de l’Orchestre de Chambre fribourgeois, conduit par son chef fondateur Laurent Gendre. (me 20) A l’Aula Magna de l’Université, l’Ensemble igma présentera des œuvres de Debussy, Franz Deppler (1821-1883), Jolivet et Reinecke, dans divers arrangements pour instruments à vent, avec ou sans piano, ainsi que le brillant Sextuor pour flûte, hautbois, clarinette, basson, cor et piano de Francis Poulenc. (me 27) Au même endroit, le duo violon et piano d’Alena Baeva et Vadym Kholodenko jouera la Sonate D. 385 et la Fantaisie D. 934 de Schubert, ainsi que la Sonate No 3 « Epica » de Nicolas Medtner. (di 10) Yves Allaz é 49 m u s i q u e Le concert du dimanche de la ville accueille, le 10 mai, l’Orchestre Symphonique Genevois et son chef Gleb Skvortsov, ainsi que l’organiste Diego Innoncenzi, qui interpréteront des pièces de Bach et Guilmant. Le pianiste Monty Alexander sera accompagné du Harlem Kingston Express lors de son concert du 12 mai au Victoria Hall. Le Geneva Camerata propose une soirée le 21 mai, également au VH, avec comme invitée la soprano Véronique Gens, qui interprétera un florilège d’airs d’opéras de genre et d’époque variées. en mai Agenda genevois La soprano Angela Gheorghiu sera au Grand Théâtre de Genève, le 13 mai ! Accompagnée par l’Orchestre de la Suisse Romande, elle propose un programme éclectique, allant de Haendel à Catalani. Les amateurs de ballet se retrouveront sinon au Bâtiment des Forces Motrices du 21 au 31 mai, pour découvrir une chorégraphie de Joëlle Bouvier inspirée de Tristan und Isolde de Wagner. 50 L’Orchestre de la Suisse Romande réserve un programme symphonique dense en ce mois de mai. Neeme Järvi sera à la tête de la formation le 6 mai, accompagnant au piano Per Tengstrand. Au programme : Rosamunde, Ouverture de Schubert, Concerto pour piano No 2 de Stenhammar et la Symphonie No 5 de Beethoven. L’on retrouvera le même chef le vendredi 22 mai, toujours au VH, pour écouter le Boléro de Ravel, le Concerto pour sept instruments à vent, timbyles, batterie et orchestre à cordes de Frank Martin et la Symphonie No 8 de Beethoven. Enfin, le 28 mai, ce sera au tour de Kazuki Yamada de tenir la baguette pour soutenir la soprano Laura Aikin dans le Concerto pour soprano colorature et orchestre de Reinhold Laura Aikin © Gerard Amsellem a Glière ; la Symphonie No 7 de Dvorak sera aussi au programme. Une délégation de musiciens de l’OSR se produira par ailleurs en formation réduite le dimanche 10 mai au BFM, pour interpréter des œuvres de Frank Martin et Rossini. L’Orchestre de Chambre de Genève donne rendez-vous le 27 mai à midi et à 18h au pavillon Sicli ; Arie van Beek promet alors des « musiques en bouches », parmi lesquelles on peut relever le Konzertstück N° 2 op. 114 pour deux clarinettes & orchestre, le Chant des oiseaux de Casals ou encore les Danses roumaines de Bartók. La formation sera aussi le 9 mai à la Cathédrale de Genève pour accompagner les chœurs des collèges dans l’exécution notamment du Requiem de Haydn. Le 11 mai, l’Orchestre du Chœur de l’Université, dirigé par Sébastien Brugière, jouera au Victoria Hall la 9e symphonie de Dvorak, dite « Symphonie du Nouveau Monde », renforcé par les Chœurs de l’Université et ceux de la Maîtrise du Conservatoire populaire de Musique. L’Orchestre de la Haute École de Musique, dirigé par Laurent Gay, offrira quant à lui le 3 mai un concert toujours au VH; Ophélie Gaillard sera la soliste du Concerto pour violoncelle de Schumann, tandis que la 4e symphonie de Brahms sera interprétée en deuxième partie. c t u a Monty Alexander Notons enfin la venue de l’Orchestre National de Paris, dirigé par Philippe Jordan, le mercredi 20 mai, au Victoria Hall également, pour un programme consacré à Beethoven ; le London Symphony Orchestra, dirigé par Daniel Harding, sera aussi de passage le 30 mai dans la cité du bout du lac. Janine Jansen au violon jouera alors le Concerto pour violon de Mendelssohn ; une création mondiale de Rushton sera aussi à l’honneur, ainsi que la Symphonie No 5 de Mahler. Martina Diaz l i t é m u s i q u e gestuelle contemporaine et hip-hop. portrait Ophélie Gaillard La discographie Le dimanche 3 mai, la violoncelliste Ophélie Gaillard sera la soliste du Concerto en la mineur de Robert Schumann lors du concert que donnera au Victoria Hall l’Orchestre de la Haute Ecole de Musique de Genève, sous la conduite de Laurent Gay. Au même programme figurent le Prélude du 3e acte des Maîtres chanteurs de Wagner et la Symphonie No 4 de Brahms. Née à Paris, Ophélie Gaillard a reçu sa formation musicale au CNSMD dans la classe de Maurice Bourgue pour la musique de chambre, dans celle de Philippe Muller pour le violoncelle et celle de Christophe Coin pour le violoncelle baroque. Une formation qu’elle complète ensuite par une licence en musicologie à la Sorbonne. Elle obtient en 2008 un 3e prix au Concours International de violoncelle de Munich et grave à 26 ans pour le label Ambroisie une intégrale des six Suites pour violoncelle de Bach, qu’elle réenregistrera avec un égal bonheur en 2011 pour Aparté. Une nouvelle version qui met particulièrement en valeur les fines sonorités de son violoncelle piccolo à cinq cordes. Attirée par la pédagogie, Ophélie Gaillard enseigne à partir de 2001 à l’Ecole de musique d’Aulnay-sous-Bois. En 2003, elle est élue « révélation soliste instumentale » aux Victoires de la musique. Elle joue des concertos classiques et romantiques, enchaîne récitals, concerts de musique de chambre et master classes à travers le monde. Cette année, elle s’est notamment produite à la Folle Journée de Nantes. Passionnée de musique ancienne, Ophélie Gaillard travaille avec Christophe Rousset, avec Emmanuelle Haïm, avec l’Ensemble Amarillis, avant de fonder Pulcinella en 2005, un collectif à géométrie variable réunissant des musiciens intéressés par l’interprétation sur instruments historiques. Elle aime aussi collaborer avec des compositeurs vivants, comme Pierre Bartholomée, dont elle a enregistré Oraisons en 2007. Elle a aussi formé un duo avec l’accordéoniste Pascal Contet. La scène et la danse Ophélie Gaillard aime tisser des liens avec les arts de la scène, en particulier avec la danse contemporaine. Pierrot fâché avec la lune, un spectacle autour de Debussy et de Janacek, l’unit aux mimes et comédiens Cécile Roussat et Julien Beck, ainsi qu’à la pianiste Delphine Bardin. Elle collabore avec des chorégraphes comme Daniel Larrieu, Sidi Larbi Cherkaoui, Damien Jalet ou encore Sasha Waltz, en Allemagne et en Inde en 2013. Tout récemment, au Théâtre parisien du Ranelagh, elle formait avec le danseur Ibrahim Sissoko un surprenant duo dans En Filigrane, spectacle mêlant avec poésie et humour Ophélie Gaillard © Caroline Doutre a c t u a l i t A ce jour, la discographie d’Ophélie Gaillard compte une quinzaine d’albums. Le dernier en date, Alvorada, constitue une invitation au voyage musical de l’Espagne à l’Amérique du Sud, de Manuel de Falla et Enrique Granados au tango argentin. La Suite pour violoncelle seul de Gaspar Cassado, contrastant avec la féerie sonore créée par les vingt-six musiciens entourant la violoncelliste franco-suisse, apporte une lumineuse conclusion à ce double album. Outre les Suites de Bach déjà citées, Ophélie Gaillard a gravé avec Pulcinella pour Naïve/Ambroisie une intégrale des Sonates pour violoncelle et basse continue de Vivaldi, ainsi que des Concertos, un Fandango et une Aria pour soprano et violoncelle de Luigi Boccherini avec Sandrine Piau. Pour le même label, elle a enregistré les Phantasiestücke de Schumann, l’intégralité de l’Oeuvre pour violoncelle et piano de Gabriel Fauré avec Bruno Fontaine, et avec Vanessa Wagner un album consacré à Benjamin Britten. En 2009, elle publiait Dreams, des pages de Satie, Fauré et Chopin, accompagnée par le Royal Philharmonic Orchestra de Londres et en 2010, avec Edna Stern, l’Oeuvre pour violoncelle et piano de Chopin chez Aparté. En 2012, avec Pulcinella, Sandrine Piau, le contre-ténor Christophe Dumaux et le ténor Emilio Gonzalez Toro, Ophélie Gaillard gravait Arias, des extraits de Cantates de Bach comportant un violoncelle piccolo, ainsi qu’un air d’une Cantate de Hoffman, longtemps attribuée à Bach. En 2014, un « Diapason d’Or de l’année » était attribué à Pulcinella et Ophélie Gaillard pour leur remarquable enregistrement d’œuvres de Carl Philipp Emanuel Bach, à l’occasion du tricentenaire de sa naissance. Notons enfin que depuis septembre 2014 Ophélie Gaillard enseigne le violoncelle à la Haute Ecole de Musique de Genève, qui accueillera le 10 mai son ensemble Pulcinella dans le Stabat Mater de Pergolèse et le Kammerkonzert de Ligeti. Yves Allaz Le 3 mai. Orchestre de la HEM, dir. Laurent Gay. Ophélie Gaillard, violoncelle (Wagner, Schumann, Brahms). Victoria Hall de Genève à 20h Billetterie de la Ville de Genève, T. +41(0)22 418 62 45, http://billetterie-culture.ville-ge.ch é 51 m u s i q u e concerts d’abonnement osr Perfection à la nordique En fin de saison, Neeme Järvi continue à tisser sa programmation en e ntremêlant les classiques et la musique du Nord. En mai, Per Tengstrand, pianiste suédois de renom, lui viendra en renfort. 52 Né en Suède en 1968, Per Tengstrand s’est forgé au fil des années une réputation solide, tant dans son pays que sur les scènes internationales. Forgé, car si le talent lui est indéniable, c’est surtout un titan de travail - qui a certes eu ses moments de doute - mais à qui la musique et l’expérience de vie ont apporté équilibre et sérénité. S’il est rare qu’un artiste classique se dévoile - encore moins un nordique peut-être - le Suédois a accepté il y a quelques années de jouer son propre rôle dans un documentaire depuis acclamé: Dans Solisten (The Soloist), la caméra devient la confidente du musicien dans ses tournées et révèle une personnalité perfectionniste, qui prend la moindre critique - mais aussi la plus minime suggestion ou conseil d’un confrère ou d’un aîné - très à cœur. Celui qui va jusqu’à se reprocher le moindre relâchement de forme ou une faille de concentration, donne facilement raison aux critiques… « Si seulement l’on pouvait toujours brandir la pancarte : Je suis le meilleur en tout ! » soupire-t-il. Dans ses plus jeunes années, il concevait la carrière musicale comme un circuit automobile: « Ce n’est pas le moment de lâcher, il faut que je continue à 200 km/h, je ne peux pas encore m’arrêter, j’ai trop à apprendre, à découvrir »… Jusqu’à ce qu’un accident de voiture grave lui ait fait passer des jours aux soins intensifs, il y a quelques années. Le repos du guerrier Ce film - impressionnant et touchant à la fois - nous fait découvrir un artiste pour qui la carrière de pianiste soliste se rapproche d’un sacerdoce… ou d’un pèlerinage dans lequel le chemin est long, car il faut apprendre à durer. Il ne cache pas non plus sa grande difficulté à équilibrer sa vie professionnelle - qui le fait voyager énormément - et sa vie privée, qu’il a partage… avec la pianiste chinoise Shan-Shan Sun. Elle est la seule à comprendre le besoin de solitude de l’artiste et à partager son monde intérieur. A l’austérité nordique, elle apporte le calme zen, le sourire d’Asie. Elle est également sa partenaire de scène : ils forment un véritable Per Tengstrand mêmes intérêts. Il travaille fréquemment avec Neeme et Kristjan Järvi (père et fils), Esa-Pekka Salonen, les orchestres de Göteborg, Malmö, Helsingborg, Stockholm, Tapiola, ou encore de la Radio Suédoise, sans mentionner de nombreuses phalanges prestigieuses aux quatre coins du monde. Il a été nommé récemment artiste-en-résidence de la nouvelle Spira Concert House in Jönköping (Suède). Sa saison 2014-2015 - à l’agenda débordant - comprend une série de concerts et récitals des deux côtés de l’Atlantique. En Suède, il interprète le Deuxième Concerto de Rachmaninov, le second de Brahms et celui de Stravinsky. Lors de son apparition genevoise, Per Tengstrand présentera aux mélomanes le 2e Concerto de son compatriote Wilhelm Stenhammar. Cette pièce du début du XXe siècle, aux échos jazzy et chopiniens, ferait une excellente piste sonore de film, tant elle semble raconter une histoire. Selon quelques aficionados, elle a tout (y compris un finale très virtuose) pour faire pâlir Grieg. Il y a une dizaine d’années, le pianiste avait choisi le Premier concerto du même compositeur pour inaugurer un nouveau Festival de Musique Nordique à StPétersbourg. D’autres festivals consacrées au répertoire cher au pianiste ont vu le jour depuis: établi à Princeton (New Jersey), Per Tengstrand vient de créer the «New Nordic Music Festival» à New York ! Tout ceci fait que vouloir suivre à la trace ce musicien ambassadeur de sa culture à travers le monde peut tenir de la mission impossible... Mais rien n'empêche de passer une soirée envoûtante en sa compagnie. Beata Zakes duo ying et yang, prêt à relever tout défi : cette saison, par exemple, ils interprètent ensemble une adaptation du Sacre du Printemps de Stravinsky. Ils ont à leur compte trois CDs. Au service du roi Défenseur et promoteur fervent de la musique de son pays - au point de se voir attribuer la médaille royale Litteris et Artibus par le roi Carl XVI Gustave de Suède à un très jeune âge - Per Tengstrand s’est construit un répertoire international aux fortes touches patriotiques et un réseau de collaborations dédiées aux c t u a Abonnement OSR Grands classiques 4, le 6 mai 2015 Victoria Hall Genève Direction Neeme Järvi Franz Schubert, Rosamunde, ouverture D. 644 Wilhelm Stenhammar, Concerto pour piano n°2 en ré mineur op. 23 Ludwig van Beethoven, Symphonie N°5 en ut mineur op. 67 Tél. +41 (0)22 418 35 00 ou +41 (0)22 418 35 13 * (*une heure avant le concert) l i t é m u s i q u e daniel harding de passage à genève La fougue d’un fort en thèmes Le 30 mai Genève accueille un encore jeune chef - mais à l'expérience déjà longue - à la tête de l'Orchestre symphonique de Londres. Energie, panache, bondissement, trépidance, sont des qualificatifs qui reviennent souvent dans les comptes-rendus de ses concerts. Ce fort en thème, bouillant, plein d'énergie, au sourire ravageur, s'est toujours engagé à fond dans sa passion. Si cela lui a permis de se faire rapidement un nom sur les scènes, l'Anglais porte sur son parcours un regard parfois amusé, parfois doucement moqueur... très British en somme ! Né durant un bel été en 1975 à Oxford, Daniel Harding conduit une carrière placée sous le signe de l'excellence et de la maturité précoce. A 13 ans déjà, celui qui est un trompettiste encore un peu débutant, dirige un ensemble instrumental, et à 18 à peine il devient assistant de Simon Rattle à Birmingham. Il se rend ensuite à Berlin, où c'est avec Claudio Abbado qu'il apprend son métier ! un impétueux ? Le musicien porte sur son attitude à ses débuts un regard acidulé. « Pour un jeune chef, il est difficile de se faire une place sans parfois s'affirmer trop. J'étais un peu arrogant, trop sûr de moi à l'époque. Ça m'a été reproché, peutêtre pas sans raisons. Les hautes écoles, la formation exigeante, l'université, devraient se faire à 30 ans, quand on est capable d'en tirer vraiment parti. Dans le travail de direction, quand les années ont passé, comme on a un plus grand bagage, une plus grand maturité, on devient plus ouvert aux autres, détendu, serein. » En 1995, le jeune Harding est remarqué à l'occasion d'un concert à Paris qu'il dirige au pied levé en remplacement de Simon Rattle. A partir de ce moment-là, il enchaîne les spectacles prestigieux. « J'ai fait beaucoup de choses... et pas mal de folies, ce qui est normal. Il faut du temps pour échapper à ses délires ! » Dans les années qui ont suivi, des phalanges aussi renommées que le Mahler Chamber Orchestra, l'Orchestre national de France, l'Orchestre philharmonique de Vienne, de a c t u Covent Garden, de Chicago, de la Bayerische Staatsoper, de la Staatskapelle de Dresde l'appellent... Il est Premier chef invité de l'Orchestre symphonique de Londres depuis 2007, ensemble avec lequel il se produira à Genève. Outre ses productions symphoniques, comme celle qui sera offerte à Genève, le maestro effectue depuis longtemps un travail en profondeur dans l'univers opératique. Il s'est ainsi produit à plusieurs reprises à la Scala de Milan. Une collaboration marquante aura été le Don Giovanni avec Peter Brook, en 2002 à Aix-enProvence. un ado de 40 ans ? Bientôt quadragénaire, le Britannique garde intact son enthousiasme de débutant : « Je dirige, parce que j'adore la musique. Cela me rend heureux, accompli. C'est comme une expérience humaine vécue et qu'on a envie de partager, quand il est possible de dire à d'autres: entendezvous aussi ces sonorités ? Cela me fait vivre ! » Mais la gravité n'est jamais loin : « Oui, il y a un plaisir, se sentir saisi physiquement par la musique est un bien-être. Mais tout ce bonheur est aussi lié à de la souffrance, de la douleur, qui ne sont jamais loin. Et dans le fond, nous aimons tous autant l'angoisse que le plaisir. » Ce sens de la dramatisation et de la célébration lui paraît indispensable dans le contexte de crise de la musique classique. « Les concerts classiques ont trop souvent une image si ennuyeuse. Il faut les rendre vivants et humains ! » C'est ainsi sans doute qu'il faut comprendre une remarque adressée un jour à des contrebassistes : « Ne faites pas sonner tout cela aussi bourgeois ! » Pierre Jaquet Disques chez DGG. un «coup de cœur»: Symphonie n° 10 de Maher, avec le Philharmonique de Vienne. Genève / Victoria Hall / Samedi 30 mai 2015 à 20 h Avec Janine Jansen (violon) Edward Rushton (Compositeur suisse) : Being Mahler’s Fifth symphony (Création mondiale) Commande MigrosPour-cent-culturel-Classics / Felix Mendelssohn Bartholdy : Concerto pour violon et orchestre en mi mineur, op. 64 / Gustav Mahler : Symphonie Nº 5 en ut dièse mineur Billetterie : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe Daniel Harding a l i t é 53 m u s i q u e festival vernier classique Fabrizio Chiovetta & Friends Le pianiste genevois ouvre et ferme la Festival Vernier classique qui se déroule en cinq concerts du 3 au 19 mai. Rencontre. Vous donnez deux concerts en ouverture et en clôture du Festival. Avec comme partenaires la jeune violoncelliste franco-belge Camille Thomas pour l’un, la pianiste Audrey Vigoureux pour l’autre. Comment avez-vous été amené à ces choix ? Comme l'an dernier, le festival m'a fait confiance et m'a permis de proposer deux concerts avec des artistes de mon choix. Camille Thomas est une merveilleuse violoncelliste, l'une des plus prometteuses de la jeune géné- 54 Camille Thomas © Aline fournier ration. Elle et moi avons depuis longtemps exprimé le désir de travailler ensemble et c'est avec un immense bonheur que nous nous produirons pour la première fois en duo pour l'ouverture du festival. La pianiste Audrey Vigoureux est une amie de longue date. C'est une musicienne exceptionnelle pour qui j'ai une profonde estime. Elle vient d'ailleurs de sortir un disque Bach/Beethoven qui est d'une beauté bouleversante. Nous avons joué à plusieurs reprises à quatre mains, et nous explorerons également à Vernier le répertoire pour deux pianos. Justement, parlez-nous du programme et des œuvres choisies. Avec Camille, nous présenterons un programme germanique avec les Fantasiestücke op.73 de Schumann, la sonate "Arpeggione" de Schubert et la sonate en mi mineur de Brahms. Lors du concert de clôture avec Audrey Vigoureux, nous alternerons entre quatre mains et deux pianos. Nous jouerons la célèbre Fantaisie en fa mineur de Schubert, des chorals de Bach transcrits par Kurtag, ainsi que quelques surprises qui permettront terminer cette édition de manière festive... Fabrizio Chiovetta, photo Romain Tornay Festival Vernier Classique Salle des Fêtes du Lignon 3 mai 2015 à 17:00 heures Récital Violoncelle-Piano Camille Thomas (violoncelle) & Fabrizio Chiovetta (piano) Schumann, Schubert, Brahms Juliette Galstian, Philippe Talec, Thomas Hernandez, Noémie Bialobroda, Francesco Bartoletti, Eva Aroutunian Scriabine, Chostakovitch 9 mai 2015 à 20:00 heures Quatuor Takács Edward Dusinberre (violon), Károly Schranz (violon), Geraldine Walther (alto), András Fejér (violoncelle) Haydn, Debussy, Beethoven 7 mai 2015 à 20:00 heures Mosaïque Russe e n t r e 15 mai 2015 à 20:00 heures Quatuor Modigliani Philippe Bernhard, Loïc Rio (violons), Laurent Marfaing (alto), François Kieffer (violoncelle) Beethoven, Ravel, Dohnanyi 17 mai 2015 à 17:00 heures Récital à 2 Pianos & 4 Mains Audrey Vigoureux (piano) & Fabrizio Chiovetta (piano) Bach, Mozart, Schubert t i e n m u s i q u e Vous venez d'enregistrer et vous avez toujours pleins de projets... Je viens en effet d'enregistrer un disque Bach qui paraîtra dans quelques mois. L'été sera très dense : je me produirai en Suisse à plusieurs festivals (Cully Classique, Rencontres Musicales de Champéry, Zermatt, Amadeus) en solo, ou avec des partenaires tels que le violoncelliste Henri Demarquette, le baryton Benjamin Appl ou le ténor Werner Güra. Je jouerai également en récital en Allemagne, en trio au Canada, et donnerai un concert de jazz avec Levon et Grégoire Maret. Mais avant cela, je me réjouis de participer au Festival “Les Athénéennes“ qui aura lieu à Genève du 8 au 16 mai et qui est organisé par les pianistes Audrey Vigoureux, Marc Perrenoud et Valentin Peiry. C'est un événement que j'affectionne particulièrement. L'atmosphère est unique et le programme varié et passionnant, oscillant entre classique, jazz et créations. L'édition 2015 permettra d'entendre Audrey Vigoureux entre autres des artistes prestigieux tels que Felicity Lott, David Fray, Stefano Bollani, Grégoire Maret, Audrey Vigoureux, Sarah Nemtanu, Marc Perrenoud, Valentin Peiry. J'aurai quant à moi le plaisir d'y jouer le 12 mai avec le clarinettiste Patrick Messina et l'altiste Nicolò Eugelmi. Propos recueillis par Christian Bernard a c t u centre musical robert dunand, carouge Bose-Pastor Duo La jeune Association « Amigos de España » se consacre à la diffusion des arts ibériques. Pour son inauguration officielle, elle propose un récital de piano à quatre mains au Centre Musical Robert Dunand, à Carouge, le 3 mai prochain à 17h. Au plaisir de l’écoute s’ajoute celui de la table : tapas et vins espagnols seront à déguster après le concert. N’hésitez pas, l’entrée est libre ! C’est le Bose-Pastor Duo qui est à l’honneur pour ce récital de piano à quatre mains. L’occasion est belle de découvrir un répertoire trop souvent absent des scènes musicales avec des œuvres atypiques des grands représentants de la musique espagnole. Pia Bose et Antonio Pastor interprètent les partitions de Granados, de Falla, Albéniz ou encore du compositeur catalan Federico Mompou. Mais le rayonnement artistique de la péninsule a depuis longtemps franchi les Pyrénées et Maurice Ravel est l’un des principaux compositeurs français à s’en être inspiré; voilà pourquoi les deux pianistes proposent également une version de sa magnifique Rhapsodie espagnole. Le Bose-Pastor Duo jouit d’une belle réputation dans le monde du piano à quatre mains. Il a notamment remporté le 2ème Prix lors de l’International Piano Duo Competition en 2013, à Tokyo. Le duo se produit dans de prestigieuses salles européennes et américaines telles que le Carnegie Hall’s Weill Recital Hall à New York, The American Church à Paris, le Palais de l’Athénée à Genève ainsi qu’à St. Martin-in-theFields à Londres. Les deux musiciens sont riches d’un parcours musical reliant la tradition pianistique du Vieux Continent au Nouveau Monde. Du Real Conservatorio Superior de Música de Madrid pour Antonio Pastor à l’University of Colorado à Boulder pour Pia Bose, le duo s’est retrouvé en terre helvétique à l’Académie de Musique Tibor Varga, à Sion, où il a obtenu un diplôme de soliste dans la classe de Dominique Weber. Festival Goyescas L’Association « Amigos de España » a pour but de promouvoir et de partager la culture espagnole sous ses différentes facettes. Elle propose ainsi un large spectre artistique à travers la musique, la danse, les arts plastiques, la littérature ou la gastronomie, réunis dans un festival annuel à Genève, intitulé Goyescas. Cette manifestation culturelle bénéficie du soutien privilégié de la banque Mirabaud et est placée sous le a l i t haut patronage de l’Ambassade d’Espagne à Berne et du Maestro Jesús López Cobos. La première édition du Festival Goyescas se tiendra à Genève le 11 et 12 décembre 2015 avec un programme d’une grande qualité décliné à travers trois événements culturels. C’est la danse flamenca de la troupe d’Ana la China qui ouvrira le festival dans la Grande Salle du Conservatoire de Musique de Genève. Puis dans un souci permanent d’unir les arts entre eux, le Festival Goyescas propose une discussion des professeurs Jenaro Talens (Université de Genève) et Andrés Soria (Université de Grenade) avec Diego Bose-Pastor Duo Martínez (directeur du Festival International de Musique et Danse de Grenade) lors d’une soiréeconférence sur le Cante Jondo de Grenade et son influence sur les œuvres de Federico García Lorca et Manuel de Falla. Le concert de clôture du festival mettra en scène deux stars actuelles du monde artistique espagnol : la chanteuse de flamenco Estrella Morente accompagnée par le pianiste Javier Perianes ; le public sera invité à découvrir alors des œuvres de Manuel de Falla ainsi que la musique composée par le poète Federico García Lorca. Serene Regard 3 mai. Association « Amigos de España ». Bose-Pastor Duo (Granados, de Falla, Albéniz, Mompou, Ravel) Centre Musical Robert Dunand à 17h. Entrée libre Plus d’information sur le site www.aade-geneve.com Contact : [email protected] é 55 m u s i q u e té à l’Eastman School of Music de Rochester et à la Schola Cantorum de Bâle. théâtre kléber-méleau Rencontres musicales avec Cédric Pescia Cédric Pescia à l’œuvre Les Rencontres musicales « Ensemble enScène » que Cédric Pescia organise chaque printemps au Théâtre Kléber-Méleau, dans la banlieue lausannoise, auront lieu du 27 au 31 mai à Malley-Renens. Deux récitals de piano par Cédric Pescia et un récital de Kristian Bezuidenhout au pianoforte sont à l’affiche des trois premières soirées, la quatrième étant consacrée à des Lieder de Kurt Weill, ainsi qu’au Pierrot Lunaire d’Arnold Schoenberg interprété par la soprano Caroline Melzer et cinq instrumentistes. 56 Les Rencontres Musicales de Cédric Pescia ont vu le jour en 2007. Elles rassemblent des amis musiciens unis par le plaisir communicatif de jouer ensemble. Cette année, le dernier concert, celui du 31 mai, en sera la parfaite illustration, avec la rencontre, autour de Cédric Pescia, de la soprano allemande Caroline Melzer, de la violoniste Nurit Stark, du clarinet- Cédric Pescia © Uwe Neumann tiste Benjamin Benda et de deux jeunes musiciens pulliérans, Héléna et Constantin Macherel, elle flûtiste, lui violoncelliste. Caroline Melzer a fait partie de l’ensemble du Komische Oper de Berlin, avant de rejoindre celui de la Volksbühne de Vienne en 2010. Passionnée de musique contemporaine, elle a forme avec Nurit Stark un duo devenu en particulier l’interprète privilégié des KafkaFragmente de György Kurtag, œuvre du compositeur hongrois que ces deux artistes présenteront notamment aux Jardins Musicaux de Cernier, le 20 août prochain. Caroline Melzer s’est déjà produite aux Rencontres de Pescia en 2008, dans des Lieder de Schubert. Violoniste et altiste, Nurit Stark maîtrise un vaste répertoire, du baroque à la musique du XXIe siècle. Liée à Cédric Pescia par une complicité musicale et affective de longue date, elle a fondé avec lui et la violoncelliste Monika Leskovar un trio de musique de chambre qui porte son nom, le Trio Stark. Elle est une fidèle de l’Ensemble enScène. Le clarinettiste Benjamin Benda, professeur à l’Universität der Künste de Berlin et à la Musik Akademie de Bâle, participe pour la troisième fois aux Rencontres de Pescia. La flûtiste Héléna Macherel est actuellement élève de la Hochschule für Musik Hanns Eisler de Berlin. Violoncelliste et compositeur, Constantin Macherel a été quant à lui élève de la Musik Akademie de Bâle. Entièrement consacré à Mozart, le récital de Kristian Bezuidenhout est des plus prometteurs. Cet artiste y jouera du pianoforte, « un instrument tendre et introspectif » selon ses propres termes. C’est au pianoforte qu’il est en train d’enregistrer pour Harmonia Mundi l’Oeuvre pour clavier de Mozart. Le 7e et avant-dernier volume du cycle vient de sortir, salué comme tous les précédents par la presse spécialisée (Diapason d’Or en mars 2015). Né en Afrique du Sud en 1979, Kristian Bezuidenhout enseigne comme professeur invi- c t u a Cédric Pescia a choisi quant à lui de présenter deux programmes contrastés. Le premier, le mercredi 27, comportera une page de Frescobaldi, les Variations pour piano op. 27 de Webern, ainsi que les Variations Goldberg BWV 988 de J.S. Bach. Le deuxième, le jeudi 28, verra le pianiste franco-suisse interpréter les trois ultimes sonates de Beethoven, les Opus 109, 110 et 111, celles-là mêmes qu’il a enregistrées en janvier 2009 pour Claves. Un album qui a valu à Cédric Pescia d’être considéré comme un des meilleurs traducteurs actuels de ces immenses chefs-d’œuvre. La liste des albums de Pescia plébiscités par la critique internationale ne cesse d’ailleurs de s’allonger. Entre les Variations Goldberg parues chez Claves en 2004 et l’Art de la Fugue de Bach chez Aeon en 2014, cette liste est révélatrice de l’étendue des intérêts musicaux et de l’insatiable curiosité du pianiste lausannois. Elle comporte des œuvres de Bach et de Schumann principalement, mais aussi de Couperin, de Schubert, de Debussy, de Busoni, d’Enescu, de Cage, de Messiaen, de Suslin, de Gubaidulina, en solo, en duo avec Nurit Stark ou Philippe Cassard ou encore en quatuor. Notons enfin qu’avant de retrouver ses amis musiciens et son public de Kléber-Méleau, Cédric Pescia aura achevé une longue série de concerts à travers l’Allemagne, avec un détour par la Suisse, à Schaffhouse et à La Chaux-deFonds, en compagnie du Göttinger Symphonie Orchester et de son chef Christoph-Mathias Mueller, avec, dans ses bagages, une grande œuvre romantique : le Concerto No 2 en si bémol majeur op. 83 de Johannes Brahms. Yves Allaz Les rencontres musicales. Théâtre Kléber-Méleau, (loc. au 021 625 84 29 ou Achat en ligne sur vidy.ch) - le 27 mai à 20h: . Cédric Pescia, piano (J.-S. Bach). - le 29 mai à 20h: Cédric Pescia, piano (Beethoven). - le 30 mai à 20h: Kristian Bezuidenhout, pianoforte (Mozart). - le 31 mai à 17h30 : Caroline Melzer, chant, Nurit Stark, violon, Cédric Pescia, piano (Weill). www.ensemble-enscene.ch www.kleber-meleau.ch l i t é m u s i q u e portrait Philippe Jordan Le 20 mai prochain, le Victoria Hall accueille l’Orchestre de l’Opéra National de Paris avec, à sa tête, le maestro Philppe Jordan et au programme des œuvres de Beethoven. En soliste, le pianiste Nelson Freire. De son enfance zurichoise au poste de directeur musical de l'Opéra National de Paris et des Wiener Symphoniker, le beau parcours de Philippe Jordan a de quoi impressionner. Avec une mère danseuse et un père chef d'orchestre, rien d'étonnant à le retrouver dès l'âge de 6 ans en train de pianoter ses premières gammes puis intégrer, deux ans plus tard, les Zürcher Sängerknaben. Le futur chef s'essaiera au violon avant de se laisser rattraper par le piano et décrocher un diplôme de professeur à l'âge où d'autres entrent au lycée. Formé auprès du compositeur suisse Hans Ulrich Lehmann, il continue ses études de piano auprès de Karl Engel. On le retrouve à Paris comme assistant de Jeffrey Tate sur le Ring de Wagner présenté au Théâtre du Châtelet. Le jeune rebelle n'hésite pas à déclarer à cette époque : « Mon père ne m'a jamais donné de cours, mais il a influencé toute mon enfance… J'ai commencé sous son autorité, puis il a fallu que je m'éloigne. » Son parcours passe par l'Allemagne : D'abord Kapellmeister au Stadttheater d'Ulm (de 1994 à 1998), la petite ville où débuta Karajan, puis chez Daniel Barenboïm (son mentor) à la Deutsche Staatsoper de Berlin, avant de devenir chef principal à l'Opéra de Graz en 2001. Il n'a pas trente ans et pourtant, il a déjà fait des débuts remarqués à Glyndebourne, au Metropolitan Opera de New York, à Salzbourg, sans compter les concerts à la tête de nombreux orchestres internationaux. Cette alternance entre fosse d'opéra et pupitre symphonique caractérise un style résolument moderne, un modèle artistique qui place le chef comme acteur d'une vie musicale sans frontières. Alors qu'il dirige à Berlin en tant que principal chef invité à la Staatsoper Unter den Linden, Nicolas Joël, nouvellement nommé à la tête de l'Opéra National de Paris, lui propose le poste de directeur musical. A 33 ans, il devient ainsi le plus jeune titulaire de ce poste prestigieux. Sous sa direction, la “Grande boutique“ se tourne vers de nouveaux projets, parmi lesquels une retentissante Tétralogie de Wagner. a c t u Le jeune chef sortira avec les lauriers de cette épreuve du feu, faisant taire les critiques concentrées alors sur la mise en scène de Günter Kramer. Symbole éloquent de cette réussite : les musiciens, pourtant réputés pour être peu conciliants, lui offrirent un anneau d'or pour les remercier de les avoir menés à un tel niveau d'interprétation. Avec doigté et savoir faire, Philippe Jordan est un chef qui sait imposer ses choix mais sans verser dans un autoritarisme inutile. Dirigeant souvent par cœur, il privilégie chez ses musiciens une adéquation totale avec le sens musical de l'œuvre et la fidélité aux intentions du compositeur. Ses Mozart sont vifargent, ses Strauss énergiques et colorés… Le répertoire français trouve en lui un interprète d'exception, il suffit pour s'en convaincre de visionner le DVD de la production Bob Wilson de Pelléas et Mélisande – une référence moderne de l'ouvrage. Défi En acceptant la direction des Wiener Symphoniker, Philippe Jordan relève le défi de redonner toute sa place à un orchestre souvent dans l'ombre des Philharmoniker, son illustre concurrent. Après un cycle intégral des symphonies de Schubert, suivront des compositions contemporaines et plusieurs grands oratorios de Bach. Au Bayerische Staatsoper de Munich, il dirige cette saison une nouvelle production d’Arabella et une reprise de Tristan et Isolde, tandis que Paris aura l'occasion de l'entendre dans plusieurs nouvelles productions : L’Enlèvement au sérail, la reprise de Pelléas et Mélisande et le très rare Roi Arthus d'Ernest Chausson (dont le premier enregistrement intégral était signé en 1986 par un certain… Armin Jordan). Pour sa première vraie saison aux commandes de l'Opéra de Paris, Stéphane Lissner lui confiera les rênes des gigantesques Gurrelieder et d'un prometteur Moses und Aron d'Arnold Schœnberg, mis en scène par Romeo Castellucci (le projet initial aurait dû être réalisé par Patrice Chéreau mais la mort en aura décidé autrement…). Autres grands rendezvous de cette nouvelle saison parisienne : La reprise des Meistersinger dans la production de Stefan Herheim et une Damnation de Faust avec une pluie de star (Jonas Kaufmann, Bryn Terfel et Sophie Koch). Désormais invité à Vienne ou au festival de Lucerne, l'Orchestre de l'Opéra National de Paris sort de sa fosse parisienne pour faire entendre des qualités étonnantes pour une formation rodée au répertoire lyrique. Philippe Jordan tient tout particulièrement à ce que les musiciens puissent donner régulièrement des concerts symphoniques et ce, afin de peaufiner une sonorité idéale tant en fosse que sur scène. Après plusieurs concerts à l'affiche desquels se croisent les noms de Mahler ou Bruckner, c'est une intégrale Beethoven qui est programmée cette saison. Les neuf symphonies sont réparties de septembre à juillet, avec comme apothéose l'Ode à la joie sur la scène de Bastille, la veille de la fête nationale. Ce mois-ci, l'Orchestre de l'Opéra National de Paris et son directeur musical poseront leurs valises au Victoria Hall de Genève dans un programme Beethoven. Le pianiste Nelson Freire interprètera le Concerto n°4, suivi par la célébrissime 6e Symphonie dite “Pastorale“. Un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte. David Verdier Le 20 mai. Orchestre de l’Opéra National de Paris, dir. Philippe Jordan (Beethoven). Victoria Hall à 20h (loc. Service culturel Migros Genève) Philippe Jordan a l i t é 57 m u s i q u e Un ascenseur dessert maintenant tous les étages. Le hall accueille la billetterie et une buvette, le sous-sol des vestiaires et des sanitaires. Un deuxième foyer se trouve au deuxième étage, au-dessus de l’espace conservé pour le café restaurant et ses deux bars qui seront ouverts dès le mois de septembre sept jours sur sept. Le tout entièrement rénové bien sûr. Dans l’espace d’accueil, les faux plafonds ont été retirés, mettant au jour de magnifiques moulures. genève Le nouvel Alhambra L’Alhambra fait partie du patrimoine architectural genevois. Construit entre 1918 et 1920, il fut à l’origine appelé Théâtre cinématographique Omnia, dédié à l’art et à la culture. Reconnu comme « la plus belle salle de l’image animée de Suisse », il fut doté dès 1928 de la première installation de cinéma sonore du pays. 58 Sauvé de la démolition qui le menaçait au profit d’un parking ( !) en votation populaire (1995), classé monument historique en 1996, l’Alhambra renaît aujourd’hui grâce à trois ans d’importants travaux de rénovation et après un long processus de maturation mené en concertation avec les milieux culturels. Le choix de l’architecte s’et porté sur Jean-Daniel Pasquettaz et le budget initial n’a pas été dépassé (25'264'940 francs). La salle de spectacles de cette nouvelle « maison de la musique » offre 750 places assises. Les balcons ont été sécurisés, les loges latérales du parterre réaménagées. Le gradin central du premier balcon a été reconstruit pour augmenter la pente et améliorer la visibilité. Des décors peints de différentes périodes ont été découverts et conservés en partie. Un plancher mobile assure la modularité du lieu, qui pourra prendre trois configurations : une salle où le public assis se répartira entre le parterre et les deux balcons, une salle où une partie du parterre accueillera un public debout, une fois les fauteuils montés sur rails glissés sous la scène et une salle où le sol, monté au niveau de la scène, permettra de disposer de tout l’espace, plateau compris. L’ensemble des installations scéniques a été entièrement refait et adapté aux techniques les plus modernes. La cabine de projection, elle, a été maintenue avec les projecteurs existants, préservant ainsi la fonction de salle de cinéma. Elle a été équipée en vue de recevoir d’éventuelles installations pour la diffusion numérique. a c t L’enveloppe du bâtiment a été restaurée et la toiture isolée. Accolée à l’arrière de l’édifice, une annexe comprenant des dépôts, des ateliers, les loges et les bureaux administratifs a été construite. La façade est recouverte d’une peau métallique constituée de tôles perforées dont les motifs rappellent les moucharabiehs des oculi du plafond de la salle. L’annexe est un bâtiment à haute performance énergétique. Grâce à la plasticienne Carmen Perrin, le plafond incurvé à caissons en stuc et les murs de la salle ont bénéficié d’un balayage métallique très Alhambra, extérieur, photo P. Jordan réussi, allant de l’or à l’anthracite en passant par l’aluminium et l’argent, particulièrement favorable à la captation de la lumière. Le rideau rouge est assorti aux fauteuils, dont le dossier est noir. L’ouverture est prévue le 19 juin pour la Fête de la Musique. Nul doute que les Genevois seront curieux de découvrir dès que possible leur nouvel Alhambra : il vaut le déplacement ! Martine Duruz, d’après le dossier de presse et la présentation de Rémy Pagani et Sami Kanaan u a l i t é m u s i q u e portrait Felicity Lott La 5ème édition du Festival de Musique classique, jazz, créations contemporaines, Les Athénéennes, aura lieu du 8 au 16 mai, Salle de l'Athénée à Genève. Parmi les 80 artistes attendus, la présence de Felicity Lott est à souligner : la célèbre cantatrice britannique interprétera le 14 mai des mélodies françaises ainsi que la 4ème de Mahler, pour soprano et orchestre de chambre, dirigée par Gauthier Hermann et l'Ensemble Arties. Faut-il aujourd'hui encore présenter Dame Felicity Lott, l'une des plus admirables chanteuses de notre temps, dont la longévité vocale n'a d'égal que l'amour pour la musique qui ne l'a jamais abandonnée. Charme, musicalité, style et distinction sont les maîtres-mots qui caractérisent cette artiste. Si elle se fait désormais rare à l'opéra, pour lequel elle ne réserve que de brèves apparitions pour le metteur en scène Laurent Pelly (on l'a vue en Duchesse de Crackentorp dans La Fille du régiment à la Bastille en 2012 et elle sera dans le Roi Carotte à Lyon, Sorcière Coloquinte, en décembre prochain), la soprano continue de donner concerts et récitals à travers le monde, ainsi que de nombreuses master classes. Née à Cheltenham en 1947, venue très tôt à la musique, la jeune musicienne qui veut un temps devenire traductrice, vient en France parfaire la langue du pays - qu'elle parle et chante, comme l’allemand et l'italien, de façon exemplaire – après ses études de chant à la Royal Academy of music. D’un succès à l’autre Son timbre fuselé à l'aigu rayonnant, ce ton distingué et ce chic naturel qui ne l'a quitteront plus, la conduisent sans tarder vers Mozart, compositeur idéal pour révéler toutes les facettes de son talent : Pamina, La Comtesse, Fiordiligi, Elvira lui ou-vrent les portes des plus grands théâtres, tandis que Strauss lui permet d'accéder bientôt à la notoriété. Glyndebourne lui offre tout d'abord Octavian, mais le Chevalier laisse vite la place à la Maréchale qui devient son rôle fétiche et incontestablement son incarnation la plus aboutie, avec la Comtesse Madeleine (Capriccio), Arabella et Christine dans Intermezzzo. Très appréciée chez Britten dont les héroïnes douloureuses lui vont comme un gant (Ellen Orford dans Peter Grimes, La Gouvernante du Tour d'écrou), elle triomphe également dans The Rake's progress (Ann Trulove) de Stravinsky, avant de faire revivre la Louise de a c t u Charpentier qu'elle chante en 1983 à Bruxelles sous la houlette de Sylvain Cambreling (Erato). Autre succès, celui qu'elle remporte en interprétant Blanche de la Force dans Dialogues des Carmélites de Poulenc, dont l'enregistrement parisien d'avril 1980 (TCE) demeure une référence absolue, se mesurant également à la virtuosité haendelienne avec une étonnante Cleopatra dans Giulio Cesare, chantant également à Londres, Eva des Maîtres chanteurs de Wagner. Fidèle cependant à ces deux auteurs de prédilection, Mozart et Strauss, Lott devient rapidement une récitaliste hors norme, prêtant sa science vocale, ses connaissances stylistiques, son expressivité et son humour ravageur à cet exercice délicat, apanage des grands. Toujours heureuse de partager avec le public son goût pour les mélodies les plus variées et d'établir un contact privilégié avec son auditoire, la cantatrice n'a jamais éprouvé la moindre lassitude à voyager avec ces miniatures signées Chausson, Fauré, Canteloube, Strauss, Schumann, Schubert, ou Chabrier... Dotée d'un solide sens de l'humour, Felicity Lott aura très intelligemment mis à son répertoire Offenbach, après s'être essayée à l'opérette viennoise avec Die lustige Witwe de Lehar, renouvelant les interprétations de La belle Hélène et de La grande Duchesse de Gerolstein (cd et dvd Virgin Classics) jouées au Châtelet en 2001, 2003 et 2004, sous l'oeil attentif de Laurent Pelley et du maestro Marc Minkowski, avant de tirer sa révérence scénique avec La voix humaine de Poulenc, toujours avec Pelly à Lyon en 2007 (monologue qu'elle avait gravé en 2001 avec Armin Jordan/HM et qu'elle a enregistré pour la télévision anglaise récemment, avec accompagnement au piano). Toujours active, on a pu l’entendre ces dernières années chanter de mémorables Nuits d'été de Berlioz à Paris au Musée d'Orsay, mais surtout les Wesendonck-Lieder et une extraordinaire Mort d'Isolde de Wagner, accompagnés par le Quatuor Schumann (AEON 2007). Ne vous a l i t Felcity Lott privez pas de ce concert qui s'annonce déjà comme le point culminant de ces Athénéennes. François Lesueur VENDREDI 8 MAI : Quartet ! - 20h00 : Sarah Nemtanu, violon. Miguel Da Silva, alto. Edgar Moreau, violoncelle. Audrey Vigoureux, piano (Chostakovitch: 2ème Trio / Fauré : Quatuor op.15) - 22h00 : Jazz. Michel Benita 4tet. SAMEDI 9 MAI : Transgression! - 20h00 : Ciné-concert : Quatuor Bela (Janacek: 1er Quatuor Sonate à Kreutzer / Chostakovitch: 7ème Quatuor / Nicolas Bolens: La Ville Oblique, création sur projection du film “un Chien Andalous”, Luis Buñuel. - 22h00 : Jazz. Amazing Keystone Big Band. David Enhco et John Boutellier, direction. DIMANCHE 10 MAI : Confrontation ! - 19h00 : Clémentine Margaine et Céline Laly, voix, Ensemble Pulcinella, Ophélie Gaillard, violoncelle, Pierre Bleuse, direction (Ligeti: Kammerkonzert / Pergolèse: Stabat Mater) - 21h00 : Jazz. Grégoire Maret 4tet. MARDI 12 MAI : Trio ! - 20h00 : Patrick Messina, clarinette, Nicolò Eugelmi, alto, Fabrizio Chiovetta, piano (Mozart: Trio des Quilles / Schumann: Fantasiestuck / Kurtag: Trio) - 22h00 : Jazz. Rusconi. MERCREDI 13 MAI : Cantare ! - 20h00 : Création. Sur La Dune, recueil de chansons de Valentin Peiry. Avec Mallika Hermand, voix, David Brito, contrebasse, David Scrufari, électronique, Valentin Peiry, piano, textes et compositions. - 22h00 : Jazz. Stefano Bollani, piano solo JEuDI 14 MAI : Extase ! - 20h00 : CARTE BLANCHE à DAME FELICITY LOTT. Ensemble Arties. Gauthier Hermann, cello et direction (Offenbach, Berlioz, Chausson: Mélodies Françaises / Mahler: 4ème Symphonie) VENDREDI 15 MAI : Sonare ! - 20h00 : Récital Schubert. David Fray, piano. - 22h00 : Jazz. Marc Perrenoud Trio. SAMEDI 16 MAI : Final Party ! - 20h00 : Concert Surprise. - 22h00 : Léo Tardin, claviers. Black Cracker, slam, Dominik Burkhalter, batterie &Garance & Lagardère DJ-Set é 59 m u s i q u e mettre en place un récital comme celui d’Orsay ? entretien Véronique Gens Loin de ces personnages fiévreux, malheureux, amoureux ou fièrement drapés dans leur dignité, Véronique Gens est dans la vie quelqu'un de franc et de directe qui aime de plus en plus aller là où on ne l'attend pas. Si sa carrière lui a permis d'interpréter les grandes héroïnes baroques, puis celles de Mozart, Gluck et Haendel, cette fervente mélodiste s'adonne aujourd'hui à Verdi, à Poulenc et se prépare à prendre les traits d'une certaine Duchesse de G.... Avant de la retrouver au Grand Théâtre à la rentrée, elle sera au Victoria Hall le 21 mai, pour une surprenante Carte Blanche proposée par Geneva Camerata. Retrouvons-là. 60 Il y a quelques mois vous êtes sortie de votre habituelle réserve en déclarant je cite que : « Les Français n’aimaient pas la musique française, ou alors seulement chantée par des Australiens ou des Coréens ! » et d’ajouter que : « Vous n’étiez pas agressive par nature, mais qu’il y avait des choses qui vous énervaient ». Peut-on savoir quelles ont été les réactions suite à ce cri du cœur, qui n’est pas sans évoquer la position de Mireille Delunsch qui a lancé sur sa page Face book un vibrant appel à la mobilisation, pour sauver la musique classique en proposant un « Classic Pride » ? Véronique Gens : Ce n'est un secret pour personne et j'en ai assez de la langue de bois. Oui il y a un problème avec les chanteurs français et nous pouvons le constater tous les jours ! Tout est parti de Munich où j'ai passé plusieurs mois, lorsque j'ai appris qu'une nouvelle production de Pelléas et Mélisande allait se faire sans un seul chanteur français. Cela m'a vraiment agacée. Cet état de fait est vraiment dur à supporter, car en France on ne cesse de répéter combien la langue est difficile à chanter et nos voisins n'ont même pas l'idée de faire appel à des chanteurs pour qui cela ne pose pas de problème. Ce n'est pas nouveau, tout le monde le sait, cela ne m'a pas empêchée de faire carrière mais je trouve vraiment regrettable que les Allemands nous dédaignent pour interpréter notre répertoire. Bon n'en parlons plus ! Vous savez lorsque j'ai dit cela j'avais la tête sous l'eau, enchaînant trois opéras en quelques semaines et je n'ai absolument pas su ce qu'avaient pu susciter mes propos. J'aurais pu aussi évoquer le fait que je ne chante pour ainsi dire jamais à La Bastille où l'on engage des artistes qui viennent souvent de e loin – sans doute pour des raisons économiques. Passons à autre chose. La perspective de chanter un plein programme de mélodies à l’Auditorium du musée d'Orsay le 26 mars, puis à Bordeaux le 28 vous a-t-elle apaisée ? Cela me fait bizarre de chanter à Paris, je n'y suis pas habituée. Je suis également ravie de me rendre à Bordeaux, car nous y donnerons un programme différent et il est très agréable de changer nos habitudes et de proposer des choses amusantes, pour que le public réagisse. A Orsay nous avons dû respecter un programme assez strict et peu habituel puisqu'il débute avec des œuvres du XVIIIème siècle et se poursuit par des mélodies françaises. Susan Manoff et moi venons d’ailleurs d'enregistrer un disque, enfin, chez Outhere, un label belge et nous sommes heureuses de nous sentir soutenues, c'est tout à fait réconfortant. Il sortira à la rentrée et nous donnerons un concert de promotion à la Salle Gaveau. Voilà quelque chose d'enthousiasmant. Hahn, Chausson et Duparc sont évidemment présents puisqu'ils nous accompagnent depuis longtemps. J'ai hâte d'entendre le premier montage, même si je tremble par avance car je remarque tout et je sais que ces instants sont épouvantables car tous les défauts, les aspérités, les moindres scories sautent à mon oreille. Susan Manoff est votre pianiste attitrée depuis plus de quinze ans, ce qui nous autorise à parler d’un vrai duo. Il est toujours mystérieux de voir comment fonctionnent un chanteur et son accompagnateur et d’imaginer ce qu’ils ressentent tout au long d'un récital, quelle est la dose de préparation, d’improvisation. Pouvez-vous nous dévoiler une part du travail effectué pour n t r e En l'occurrence c'est assez compliqué car nous avons dû revoir nos programmes pour répondre à la demande du musée et il a nous a fallu retrouver un équilibre. Un récital doit être harmonieux, cohérent, éviter les ruptures trop vives, respecter les univers. Celui-ci sera donc en deux parties, l'une consacrée au XVIIIème, la seconde au XIXème. Comme toujours nous travaillons, nous discutons, nous cherchons mais en nous amusant, car avec Susan la notion de jeu n'est jamais loin ; après tant d'années, il nous suffit de nous regarder et nous devinons immédiatement ce que désire, ou attend l'autre. Un seul regard et tout est compris, c'est une vraie complicité. Si nous devons aborder de nouveaux morceaux, nous faisons plus attention, mais pour le reste, tout est évident. Nous savons où nous devons aller : c'est un grand luxe. Lorsque je collabore avec d'autres pianistes, les choses sont un peu plus compliquées, je dois faire des efforts particuliers, mettre plus d'énergie pour être claire dans mes respirations, mes intentions. Mais je ne me sens jamais seule, surtout en compagnie de Susan, à aucun moment je ne m’évade ou ne m'absente, car je sais qu'elle est là et qu'elle me rattrapera ; je la sens tout le temps, elle me sourit, elle est formidable. Pour quelqu'un qui comme vous aime depuis toujours le travail de troupe, à l’image de celui pratiqué pendant vos premières années avec les Arts Flo, comment abordezvous celui vital pour vous, mais bien plus solitaire, du récital. Considérez-vous cet exercice comme un moment de pause entre deux productions, et vous pèse-t-il ? Mais non pas du tout, car lorsque je suis en récital, Susan est là à mes côtés toute la journée et cela est très agréable. Je suis bien plus seule lorsque je chante plusieurs opéras dans le même théâtre comme cela a été le cas à Munich entre novembre et janvier derniers. J'y ai chanté Les Noces de Figaro, Don Giovanni et Falstaff et me suis sentie bien seule car les chanteurs changeaient à chaque production et je ne me sentais pas entourée : Munich est une maison fantastique, mais je me suis beaucoup ennuyée. Vous avez la chance de participer à de fréquentes résurrections comme à Versailles, avec Herculanum de Félicien David et tout récemment Cinq-Mars de Gounod. Comment accueillez-vous ces propositions et quelles satisfactions vous procure ce travail de défricheur ? A ce titre avez-vous des projets en cours ? t i e n m u s i q u e J'adore l'équipe du Palazetto Bru Zane, leur travail est considérable et ce qu'ils font est devenu indispensable. Vous évoquez Cinq-Mars, quel bel opéra, j’aime cette musique qui correspond exactement à ce que j'ai envie de faire en ce moment. Je peux vous avouer que nous avons cinq projets en commun. Ils n'arrêtent pas. Il est passionnant de faire revivre cette musique non jouée depuis si longtemps, c'est un peu comme avec le baroque, la démarche est similaire. En juillet prochain je ferai partie d'une nouvelle résurrection qui sera donnée à Montpellier avec Radio France, La Jacquerie de Lalo : c'est une œuvre magnifique. Il y aura Dante de Milhaud, puis une Semele en 2018. J'aime ce répertoire et ma voix centrale, proche du falcon correspond parfaitement à ce répertoire oublié. Si Mozart et Gluck tiennent toujours une place de choix dans votre carrière, à côté du grand répertoire romantique français, interprété, je pourrai dire que la boucle est bouclée car lorsque j'ai passé mon bac musique, j'ai travaillé l' « Air du Saule » qui m'avait bouleversé. Je ne connaissais pas l'ouvrage, mais je m'étais dit que si je devenais un jour chanteuse, j'aimerais chanter cet air. Je suis ravie et morte de trouille bien entendu; car ce sera à l'Opéra de Vienne en 2017. J'ai vraiment envie d'essayer, car je sens qu'après il sera trop tard. J'aurais peut-être dû accepter de le faire en Amérique du sud, mais il est trop tard, je dois me lancer. J'ai confiance en ce personnage qui donne l'impression de subir plus que d'agir et suis contente de toute façon d'aborder cet opéra, car il va m'obliger à sortir de mon cadre habituel. composer un personnage qui lui ressemble et je ferai de même avec ma personnalité ; je suis certaine qu'Olivier Py ne va pas me demander de reproduire ce qu'il a construit avec Sophie, que j'aurai des choses nouvelles à faire et qu'il ne me dira pas comme cela m'est déjà arrivé de regarder une vidéo et de me contenter de faire le singe savant. Le fait que la distribution ait été en grande partie renouvelée est également une chance. Après vos débuts à la Bastille en 2013, dans le Don Giovanni mis en scène par Haneke, vous serez bientôt Alceste à Garnier, une partition que vous côtoyez depuis plusieurs années. Qu'est-ce qui vous rapproche de ce rôle et que vous permet-il de mettre en valeur que vous ne pouvez pas avec d'autres ? Oui il m'a déjà fait des propositions qui n'ont pu se concrétiser pour le moment. Je sais qu'à Madrid les problèmes d'argent l'ont contraint à programmer plusieurs reprises, mais nos chemins vont à nouveau se croiser. Madrid est un très beau lieu où j'ai souvent chanté à une époque, un théâtre qui possède les loges les plus confortables du monde. Et vous savez, il nous arrive d'y passer parfois énormément de temps (rires). Vous savez que ce seront mes débuts au Palais Garnier, même si j'y ai chanté dans la fosse il y a longtemps pour un ballet... Il y a tout dans cet opéra, où l’héroïne est contrainte de passer par tous les stades, de la joie au désespoir, de la culpabilité à l'espoir, c'est absolument incroyable, difficile car Alceste est tout le temps sur scène, mais je l’adore, j’aime son courage, le fait qu'elle ne craigne rien et qu'elle accepte de mourir pour sauver celui qu’elle aime. Par les temps qui courent cette attitude fait réfléchir. Véronique Gens © MRibes and AVo Van Tao / VirginClassics Verdi semblerait se développer puisque vous devez aborder Otello, après Falstaff. une chose est certaine, votre Desdemona n'aura pas la voix de certains sopranos plus clairs et plus légers qui ont peuplé les scènes. Comment voyez-vous ce personnage et qu'avez-vous l'intention de faire passer de votre personnalité ? Cette production va vous permettre de vous glisser à nouveau dans l'univers d'Olivier Py, avec lequel vous avez déjà travaillé sur Dialogues des Carmélites au TCE et de succéder à Sophie Koch. En général dans quel état d'esprit êtes-vous lorsque vous devez vous mettre dans les pas d'une artiste qui vous a précédée et qui plus est lorsqu'il s'agit d'une collègue ? Otello arrive en effet, le contrat est même signé. Le rôle n'est pas très aigu, sauf le premier duo qui me fait un peu peur, mais pas le reste, non ; j'adore ce personnage et quand je l'aurai enfin Nous sommes très différentes et le portrait que je vais proposer ne sera pas celui de Sophie. Je n'ai pas vu le spectacle, seulement quelques images. Je sais par expérience que Sophie a dû e n t r e t i e Joan Matabosch a beaucoup fait appel à vous lorsqu'il était aux commandes du Liceu à Barcelone (Eva, Elvira, Burbero di buon cuore, Clemenza...) ; aujourd’hui qu'il est à Madrid vous a-t-il fait signe ? un mot sur le concert Carte Blanche que vous donnerez au Victoria Hall de Genève en mai. Sur quels critères avez-vous retenu Purcell, Gluck, Rameau, Gershwin et Mozart ? J’avais envie de proposer des airs dans lesquels je ne suis pas totalement attendue ; pour aller encore plus loin, le chef David Greilsammer m'a proposé de chanter « The man I love » de Gershwin et je dois vous avouer que je n'y aurais jamais pensé. Comme la chose est amusante, j'ai accepté de jouer le jeu et de marier Purcell à Gershwin. Il paraît que le public adore. Nous verrons bien. A la rentrée prochaine je ferai partie de la nouvelle production de La Belle Hélène d'Offenbach au Grand Théâtre, ce qui me réjouit également. J'en parle depuis longtemps et cela va enfin se produire. Propos recueillis par François Lesueur Le 21 mai. CONCERT PRESTIGE N°5. CARTE BLANCHE à VéRONIQuE GENS, Geneva Camerata, dir. David Greilsammer, Véronique Gens, soprano (Beethoven, Purcell, Gluck, Rameau, Gershwin, Mozart). Victoria Hall à 20h (billetterie : Fnac) n 61 d i s c o g r a p h i e CDs suisses en vrac La crise ? ... Quelle crise ?... Depuis quelques années, des voix alarmistes s'élèvent pour annoncer la fin programmée du CD. Le streaming ainsi que d'autres méthodes moins honnêtes de se procurer de la musique sans payer quoi que ce soit abondent aujourd'hui et saturent un marché où artistes et producteurs ne trouvent plus leur compte. Pourtant, le rythme des nouvelles productions ne baisse pas. Au contraire, aurait-on envie d'écrire en voyant ce qu'annoncent diverses petites maisons suisses qui restent fidèles à leur politique de découverte de nouveaux talents... Beatrice Berrut : Lux aeterna 62 Bach et Escaich figurent au programme de ce disque superbe gravé par la pianiste suisse Beatrice Berrut, née à Genève en 1985; exigeant pour la pianiste autant que pour l'auditeur, ce document sonore mérite une place à part dans la discothèque de tout amateur. Aucune facilité ici : le programme est constitué de quelques transcriptions de pièces de Jean-Sébastien Bach par Wilhelm Kempff, Alexander Siloti et Ferruccio Busoni, ainsi que de trois études sur le mode baroque de Thierry Escaich, un compositeur né en 1965. La jeune pianiste suisse approche ces ouvrages austères en aquarelliste sensible : si les couleurs restent vives et les sonorités pleines autant que vibrantes, le ton est résolument à la réflexion, à la concentration, - à l'ascèse serait-on tenté d'écrire tant la musique semble parfois se réfugier entre les notes, notamment dans les pièces contemporaines. On fera peut-être le reproche à ce programme de ne pas laisser couler les motifs mélodiques avec ce rien d'abandon qui incite à la rêverie; tout paraît en effet construit avec un souci constant de dominer le matériau sonore pour éviter tout relâchement. Au terme de ces septante-cinq minutes de musique, la relative froideur du message musical laisse pourtant une empreinte indélébile dans l'esprit de l'auditeur. S'il y a peu de chances de voir tourner en boucle ce CD sur votre platine, il y a également peu de chances qu'il reste longtemps dans son emballage, car l'envie d'y revenir devient vite entêtante (harmonia mundi) Rafael Aguirre à la guitare. Les mélodies ici réunies sont signées entre autres d'Enrique Granados, Manuel de Falla (avec ses Sept Chansons populaires espagnoles en plus d'un thème tiré de l'opéra La vie brève) Gaspar Cassadó, Egberto Gismonti, Astor Piazzolla,... L'âpreté rythmique du guitariste sous-tend le jeu fluide et virtuose de la violoncelliste dont les notes aiguës évoquent à plusieurs endroits le monde sonore du tango tel que le jouent les accordéonistes dans les bals populaires. Une chaleur communicative se dégage de ces airs où les frontières entre musique classique et mélopées que l'on pourrait qualifier d'"ethniques" ont tendance à s'effacer. La virtuosité du guitariste est par ailleurs tellement prenante et enveloppante qu'elle fait oublier le rôle premier de cet instrument censé parfois remplacer un orchestre tout entier, comme dans les pages de Granados par exemple... (Ars production) Joachim Carr joue Schumann, Brahms et Berg Lauréat du Concours international de piano Edvard Grieg, ce jeune pianiste norvégien propose ici les Davidssbündlertänze de Schumann, les Variations sur un thème original de Brahms Op. 2 No 1, la Sonate no 1 d'Alban Berg et le Liebeslied de Schumann dans sa transcription par Liszt. Dans ce programme exigeant, alternant les pages de Berg aux sonorités âpres avec les mélodies aux rythmes fantasques et parfois primesautiers de Schumann, Joachim Carr fait montre d'une virtuosité qui ne dégénère jamais en pur exercice de style. A la fois flamboyant et super- Nurit Stark & Cedric Pescia jouent Schumann La 2e Sonate pour violon et piano de Schumann ouvre avec panache ce récital proposé par Nurit Stark et Cedric Pescia. La violoniste ne craint pas de solliciter son instrument à l'extrême avec une recherche de sons tendus, extirpés des cordes avec violence, donnant parfois l'impression d'ajouter encore de l'emphase à une musique qui n'en manque pourtant pas : le jeu se veut extraverti, puissant, rugueux parfois, comme s'il fallait un contrepoint affirmé au jeu plus fluide et souple du pianiste, très en retrait dans cette page. L'œuvre gagne ainsi certainement en relief, mais sa robustesse et son dynamisme se trouvent souvent mis en avant au détriment, par exemple, de la linéarité limpide du 3e mouvement, qui paraît moins simple que ne le suggère son appellation sur la partition ('leise, einfach'). Les trois romances de Clara Schumann semblent bien légères de ton et séduisent avant tout par leur charme mélodique alors que les Märchenbilder pour alto et piano donnent à découvrir un aspect moins tendu et moins grandiose du génie de Robert Schuman dans une interprétation nettement plus équilibrée. (Claves) Louis Schwitzgebel : concertos de piano no 1 & 2 de Beethoven Le pianiste genevois avait déjà eu l'occasion de présenter sa version brillantissime du langage de Beethoven dans le cadre du Festival de Verbier où il participait à une intégrale en direct des concertos de piano du grand compositeur allemand. Ici, dans les Concertos no 1 et 2, il renouvelle son exploit: jouer vite et avec panache deux pages qu'il sait pourtant ne pas rendre précipitées tant son interprétation respire. De plus, le toucher reste d'une incroyable sensibilité, comme le démontre puissamment l'entrée du piano après l'introduction orchestrale du 1er mouvement du Nadège Rochat & Rafael Aguirre : La vida breve Sous se titre évoquant une partition célébrissime de Manuel de Falla se cache un bouquet de transcriptions qu'exécute avec panache le duo que forment Nadège Rochat au violoncelle et a be de différenciation, son toucher fait vibrer d'un énergie nouvelles ces pages presque galvaudées que sont le 'zart und singend' (no 14) ou le 'ungeduldig' (No 4) des danses schumaniennes, dotées ici d'une vitalité comme régénérée sous les doigts de ce pianiste exigeant. Dans les Variations de Brahms, le thème sous-jacent irrigue chaque séquence avec un naturel et une variété de tons rendant ses apparitions à la fois toujours plus séduisantes et distantes, tandis que la courte pièce de Liszt met un point final idéalement plus léger après les tensions générées par l'âpreté du langage qu'adopte Berg dans sa première sonate. (Claves) Louis Schwizgebel © Caroline Doutre c t u a l i t é d i s c o g r a p h i e Dialogue : William Byrd vs Arvo Pärt Concerto no 2. Le pianiste ne craint pas par endroit de souligner l'espèce d'hommage indirect que Beethoven rend à Mozart avec ses notes perlées qui entrent avec subtilité en dialogue avec le jeu limpide des instrumentistes hors pair du London Philharmonic Orchestra, que dirige ici un Thierry Fischer toujours soucieux de ménager assez d'espace au soliste pour que respirent les échanges entre soliste et masse orchestrale. S'il paraît difficile aujourd'hui de marquer d'une empreinte durable l'interprétation de ces deux pièces si souvent enregistrées, il ne fait pourtant aucun doute que ce disque entre dans la catégorie des meilleures gravures récentes... (Claves) Excellente idée que celle de faire se répondre les entrelacs complexes de la polyphonie chère au madrigaliste anglais William Byrd avec les entrelacs plus éthérées, presque désincarnées des courtes pièces d'Arvo Pärt! L'ensemble vocal de poche de Genève se montre très à l'aise dans ce répertoire qui demande de chaque voix une précision d'intonation parfaite autant qu'un sens de la respiration et des rythmes permettant à l'interprétation de vivre intensément sans sombrer dans le formalisme. De curieux intermèdes réservés à des cloches médiévales sonnées par Margaret Harmer sont censées permettre à la musique et à l'auditeur de respirer; mais elle peuvent aussi agacer car la longueur de leurs interventions (plus de rois minutes chaque fois) paraît, à écoutes répétées, bien artificielle. (Claves) Mozart et Stravinsky N'était le programme plutôt malvenu de ce CD (qui a envie d'entendre deux sonates de Mozart entrecoupée d'un Divertissement de Stravinsky ?), l'acheteur potentiel de ce CD n'a que des motifs de se réjouir tant la qualité de ces interprétations justifie amplement l'investissement consenti. Le jeu de la violoniste Esther Hoppe dans les Sonates pour violon et piano K 296 et 545 de Mozart est à la fois racé, élégant, précis et superbement tonique. Pas de préciosité ni d'alanguissements inutiles, pas de fioritures aux formes gracieuses et graciles mais une ligne mélodique d'une précision et d'une éloquence admirables. Même si le jeu de la soliste paraît quelque fois en retrait par rapport à la formidable faconde du jeu du pianiste, l'on est rapidement conquis par une telle vitalité et une absence réjouissante de recherche d'effets. La spontanéité semble d'ailleurs le maître mot de cette approche et Mozart gagne beaucoup à perdre cette gracilité dont on l'affuble trop souvent dans ces œuvres, notamment dans la première des deux. Le Divertimento de Stravinsky, construit sur des thèmes de son ballet Le baiser et la fée, écrit en hommage à Tchaïkovski, montre une soliste légèrement moins à l'aise: dans les deux mouvements extrêmes, les traits de l'instrumentiste ne sont pas aussi incisifs qu'il le faudrait, le jeu reste en retrait au point que l'expression paraît retenue. Le caractère dansant du Scherzo ou les rythmes soutenus des danses suisses du 2e mouvement sont par contre nettement plus convaincants. Dans toutes ces pièces, le pianiste Alasdair Beatson se profile comme un accompagnateur soucieux de maintenir l'urgence du discours sans capter indûment l'attention de l'auditeur. (Claves) un album russe Esther Hoppe leurs études de perfectionnement à la Julliard School de New York et forment depuis leur premier concert américain en 1995 un duo qui se produit régulièrement dans le monde entier. Dans ce programme russe se côtoient des sonates de Prokofiev (l'op.119), de Chostakovitch (l'op.40) et de Schnittke (la sonate no 1, de 1978). L'unité interprétative est impressionnante : le violoncelle, enregistré de très près, possède une volubilité qui rend immédiatement sensible les dessins complexes de ces trois oeuvres. Même si ces trois partitions sont écrites dans une tonalité expressive fort différente, elles s'apparentent pourtant dans leur désir de tester jusqu'à leurs limites les possibilités de l'expérimentation harmonique. C'est ici Prokofiev qui s'avère le plus facile d'accès tant le chant ample de l'instrument soliste donne du corps à ces courts motifs dont la facture torturée porte les traces des événements qui ont ébranlé l'Europe au milieu du siècle passé (l'oeuvre date de 1949). L'ouvrage de Chostakovitch, pourtant antérieur (il date de 1934) paraît plus aride, comme distancié alors que les trois mouvements signés d'Alfred Schnittke se caractérisent par une rhétorique sans concession où les deux voix semblent cheminer de concert plutôt que de former un véritable duo. Le piano de Massimiano Mainolfi, toujours très présent sans s'imposer excessivement, trouve dans cette dernière pièce l'occasion de commenter avec une fourchette de nuances d'une ampleur sonore inattendue le chant plus ouvertement intériorisé du violoncelle. (Claves) Le violoncelliste Mattia Zappa et le pianiste Massimiliano Mainolfi se sont connus pendant a c t u Berlioz par le Philharmonia Zurich Ce disque réussit l'exploit d'être à la fois passionnant et ... inutile. Les grandes versions de la Symphonie fantastique ne manquent pas et il faut avoir quelque chose d'original à proposer pour justifier une nouvelle gravure de ces pages rabâchées. Ce CD enthousiasmera d'abord les abonnés de l'orchestre de l'Opéra zurichois, car cet ensemble se montre d'une virtuosité éblouissante dans ces cinq mouvements et rappelle qu'en quelques années, ce deuxième ensemble symphonique de la métropole suisse-allemande est devenu l'égal, pour le moins, du plus fameux ensemble de la Tonhalle. Chef attitré de cette formation, le chef italien Fabio Luisi prouve une fois de plus qu'il sait animer un discours symphonique sans en bouleverser les données essentielles, sans chercher à 'faire autrement' que ses confrères pour le plaisir de surprendre l'auditeur. Mais une fois admis que cette version est parfaitement digne de figurer dans toute discothèque, rien ne justifie qu'on se la procure sans tarder : il en existe de plus brillantes, de plus structurées, de plus explosives, de plus ouvertement romantiques dans la démesure, - bref : il n'est pas une conception qui n'ait déjà été documentée à satiété dans le vaste catalogue de CDs disponibles. Une nouvelle gravure de Lelio, voire de l'intégrale de Roméo et Juliette eût été préférable si les commanditaires de ce disque voulaient avant tout prouver que cet orchestre peut légitimement prétendre se confronter aux plus brillants de ses concurrents. (philharmonia records) Eric Pousaz a l i t é 63 m u s i q u e lucerne Festival en été Du 14 août au 15 septembre 2015 aura lieu à Lucerne un des plus grands festivals de musique d’Europe qui unit qualité et éclectisme. Effectivement il propose ce qui se fait de mieux dans tous les domaines que ce soit de la musique d’aujourd’hui, d’hier ou d’avant-hier… Grands orchestres 64 Les quatre plus grands orchestres d’Europe seront au rendez-vous : le Lucerne Festival Orchestra ouvrira les festivités avec Haydn et Mahler, à la baguette Bernard Haitink et Andris Nelsons ; comme de coutume c’est l’Orchestre philharmonique de Vienne qui clôturera le festival avec Haydn, Wagner, Brahms et Elgar, à la baguette Semyon Bychkof et Simon Rattle. Ce dernier dirigera également son orchestre, le Philharmonique de Berlin le 1er septembre, avec Britten et Chostakovitch. Christian Thielemann dirigera quant à lui la Staatskapelle de Dresde les 7 et 8 septembre, avec Strauss, Beethoven et Bruckner. Au piano, Yefim Bronfman. symphonique de Boston et l’Orchestre symphonique de San Francisco. Le premier, dirigé par Andris Nelsons, interprétera fin août Haydn, Dean et Strauss lors d’un premier concert et Strauss et Chostakovitch le lendemain. Au violoncelle, Yo-yo Ma. Le deuxième, dirigé par Michael Tilson Thomas interprétera Schönberg, Adams et Beethoven le 9 et Ives Bartók et Mahler le 11 septembre. Au piano, Yuja Wang. Yuri Temirkanov dirigera l’Orchestre symphonique de Saint-Pétersbourg avec deux programmes entièrement russes les 3 et 4 septembre (Tchaïkovski, Rachmaninov, Chostakovitch, Rymski-Korsakov et Stavinski). Au piano : Nikolai Lugansky. Parmi les autres orchestres invités, notons l’Orchestre des jeunes Gustav Mahler, l’Orchestre symphonique de la SWR BadenBaden et Fribourg en Br. et le Mahler Chamber Orchestra. Maria Joao Pires jouera le sublime concerto Köchel 488 accompagnée par l’Orchestre de chambre d’Europe. La violoniste Isabelle Faust, l’artiste étoile, participera à six concerts et jouera entre autre L’Histoire du Soldat (le 15 août), Kurtág (le 12 septembre) ainsi que les concertos de Mozart (le 25 août), de Mendelssohn (le 28 août) et de Szymanowsky (le 6 septembre). Musique d’aujourd’hui Yefim Bronfman © Dario Acosta Certains orchestres viendront de loin comme l’Orchestre Divan de Daniel Barenboïm qui interprétera Debussy, Boulez et Tchaïkovski le 16 août et Wagner, Beethoven et Schönberg le lendemain. L’Orchestre philharmonique d’Israël dirigé par Zubin Mehta jouera Strauss, Schönberg et Tchaïkovski le 29 août. Deux phalanges viendront des Etats-Unis : l’Orchestre a Le Festival d’été abritera comme chaque année une académie de musique contemporaine. 130 jeunes musiciens du monde entier seront réunis pour étudier et pratiquer la musique des XXe et XXIe siècles sous l’égide de l’Ensemble intercontemporain. Toute la journée du 23 août sera consacrée à Pierre Boulez, le fondateur et directeur artistique de l’académie, qui fête ses quatre-vingt-dix ans cette année. Pas moins de sept concerts se suivront de 13h30 à tard le soir, avec des œuvres du célèbre compositeur français comme Notations, des œuvres de Berg et de nombreuses créations comme celles de Kurtág, Holliger et Rihm. À la baguette Matthias Pintscher et Julien Leroy. c t u a Les cours et les concerts de l’académie continueront et culmineront dans deux concerts de l’Orchestre de l’académie du Lucerne Festival les 5 et 6 septembre avec une création du compositeur américain Tod Machover, « compositeur en résidence » et une belle soirée consacrée à Bartok, Szymanowsky et Varèse dirigée par Pablo Heras-Casado. Autre invité, le Suisse Jürg Wyttenbach, compositeur atypique, fera l’objet de quatre concerts. Isabelle Faust © Detlev Schneider Musique ancienne Les programmes de musique ancienne sont toujours des perles au sein du Festival : le 16 août, Isabelle Faust et Kristian Bezuidenhout (clavecin) interpréteront Bach, Froberger et Biber ; le 30 août, Meret Lüthi et l’ensemble Les passions de l’âme se livreront à des farces joyeuses baroques ; le 5 septembre, le festival accueillera William Christie et Les Arts florissants qui présenteront divers œuvres de compositeurs baroques et classiques ; le 6 septembre, Rinaldo Alessandrini et le Concerto italiano interpréteront une comédie de Banchieri et des œuvres de Monteverdi. Le thème du Lucerne Festival de 2015 est l’humour, ce qui ne peut être mieux représenté que par le Falstaff de Verdi. Il sera donné en version de concert par l’Orchestre symphonique de Bamberg avec Jonathan Nott à la direction et Ambrogio Maestri dans le rôle-titre. Emmanuèle Rüegger l i t é m u s i q u e Lucerne Festival à Pâques Un concert a fait fureur lors du Festival avant Pâques, celui de Rameau dirigé par un chef charismatique, Teodor Currentzis. Commençant dans l’obscurité totale, il était libéré du carcan habituel des concerts classiques. Les musiciens étaient debout et jouaient avec tout leur corps, frappant des pieds et sautillant même quand la musique s’y prêtait, ce qui est fréquent avec Rameau. Teodor Currentzis, la quarantaine, élancé, dirige de façon expressive, bondissant ou s’accroupissant à volonté. Quand les musiciens n’avaient pas besoin de lui, il s’asseyait sur une marche de la scène pour les écouter. La musique de Rameau, un patchwork formé des ouvertures et autres extraits des opéras du compositeur français, gagnait au change, vivante, dansante, légère. L’Entrée des Sauvages n’a pas manqué, lors de laquelle Currentzis s’est faufilé dans l’orchestre en jouant de la timbale.Ce chef atypique, grec mais formé à SaintPétersbourg, dirigeait son propre orchestre, le Musica Aeterna, installé à l’Opéra national de Perm. Changement radical le lendemain avec la Messe en si mineur de Bach. Cette œuvre dont la genèse s’étend sur de longues années et achevée peu avant la mort de Bach reste un mystère. Composée en latin, alors que Luther prônait l’usage de l’Allemand, et comprenant des parties absentes de la messe Teodor Currentzis à la tête de l’Ensemble Musica Aeterna protestante, elle fut © P. Ketterer / Lucerne Festival longtemps appelée « grosse catholische Messe » (sic) et c’est l’œuv- lière pour le Credo qui déployait une palette d’ére la plus jouée du Kantor de Leipzig. motions : joie pudique (Et incarnatus est), saisisL’interprétation qu’en ont donné les English sement (Crucifixus) et liesse (Et resurrexit). Baroque Soloists, le Monteverdi Choir et les Emmanuèle Rüegger solistes dirigés par John Eliot Gardiner ont subjugué l’auditoire. Autant on avait dansé avec Rameau, autant on a plongé dans les profondeurs bibliques avec Bach. Avec une mention particu- 65 Théâtre des Marionnettes de Genève MAI JE 7 – LE MENTEUR de Goldoni Comédie ME 13 – A LA FOLIE FEYDEAU d’après Feydeau Comédie RIFIFI RUE RODO Adultes, ados 19 mai au 7 juin 2015 Petits crimes entre amis au fil d’une déambulation marionnettique et policière. tm g es nnett mario Rue Rodo 3 – Genève • 022 807 31 07 • www.marionnettes.ch e x p o s i t i o n s ment est bien sûr évident. Dans chacune de ses installations se retrouve une élaboration manuelle lentement amenée à instaurer une balance entre sa conception et son geste artistique. musée des beaux-arts, le locle : sandrine pelletier Tout sauf pacifique… Avec Only the Ocean is Pacific, Sandrine Pelletier présente une première exposition monographique au Locle. La plasticienne joue le paradoxe et donne libre cours à son univers empreint d'angoisse dans une immense fresque réalisée au fusain. A cette vision sous-marine, elle confronte deux installations où se mêlent le verre et le bois calciné. On y découvre sa maîtrise de l'espace et une sensibilité sans détour intellectuel. Plusieurs fois récompensée, notamment l'an dernier par les prix Irène Reymond et la section Arts plastique du Canton de Vaud, Sandrine Pelletier a été invitée par le Musée des beaux-arts du Locle à investir le rez-de-chaussée et le haut de l'institution. Les deux autres niveaux étant réservés à une exposition hommage consacrée aux premières photographies de Henri Cartier-Bresson du début des années 30. 66 Inspiration C'est une peur, une angoisse face à l'eau et aux profondeurs abyssales, qui a inspiré les trois installations de l'artiste vaudoise. La démesure de ses craintes s'exprime d'abord avec éclat sur une impressionnante fresque murale d'une vingtaine de mètres. Dessiné au fusain et couvrant l'entière hauteur, un paysage marin, à fleur de ciel, déploie ses reliefs noirs dans une eau insondable modulée par les stries du soleil. Éclairé depuis l'extérieur par les grandes baies vitrées du musée, la vision se transforme en fonction des lumières du jour et de la nuit. Dans cette immensité oppressante, les détails se devinent plus qu'ils ne se voient. On repère de mystérieux récifs, une raie manta, des modulations abstraites et fantomatiques, étonnamment une main d'enfant… c'est un monde à la fois irréel, fascinant et cauchemardesque que nous livre l'artiste. Sandrine Pelletier ne s'est pas appuyée sur une projection pour réaliser l'ensemble, elle a travaillé directement sur le mur à partir d'une photographie et a improvisé en assimilant autant les imperfections du mur que ses propres repentirs. Une invention originale pour une œuvre éphémère, puisque celle-ci sera effacée à la fin de l'exposition. Mais le processus de l'œuvre répond à son goût du souvenir, ou plutôt du commentaire qui accompagne le souvenir, un peu comme une histoire fabuleuse qu'on se raconterait. Le besoin de s'investir physique- Paradoxe L'apprentissage des techniques tient donc une place toute particulière dans la démarche de cette jeune femme de 38 ans formée à la scénographie et au design. Dès qu'elle le peut, elle adapte un nouveau savoir à ses œuvres. C'est le cas de l'installation qui fait face au mural. Constituée de verre et de bois calciné, elle évoque des flaques d'eau et des déchets charriés par l'océan. Paradoxe subtil du feu et de l'eau, de la noirceur et la transparence. C'est dans un atelier verrier de Nantes qu'elle expérimente la pâte de verre qui est utilisée ici comme des coulures dont les surfaces plissées laisse supposer un corps à corps avec la masse en fusion. Le bois se retrouve dans la pièce installée en haut du musée, sous la toiture. La construction est un enchevêtrement de poutres calcinées. Entre architecture et sculpture, l'occupation de l'espace est particulièrement réussie. Il y a l'odeur, les variations de l'énorme structure qui s'appréhende uniquement en se déplaçant. Placée entre deux chaudières, l'évocation de la chaleur ou du feu est très présente. Les surfaces charbonnées et brillantes se jouent du halo des spot lumineux placés en contrebas. L'assemblage est dynamique, des pieux s'élèvent verticalement à différentes hauteurs, leurs pointes déchirées rappellent les souffrances subies durant un incendie, comme les traces d'une lutte. A cet élan vertical répondent des tasseaux obliques qui nous ferment toute traversée de l'ensemble. Seuls les appuis horizontaux placés au sol affirme la stabilité de l'ensemble. Transposé dans le thème de l'exposition, nous pourrions aussi imaginer une métaphore du mouvement des vagues, les hauteurs différentes ne seraient-elles pas les marques d'un Océan déchaîné? Nadia El Beblawi Musée des beaux-arts du Locle. Jusqu’au 31 mai. Dans le même musée, et jusqu’au 31 mai également, le “Perspectives jurasiennes“ de Lermite, et les “Premières photographies“ de Henri CartierBresson. Sandrine Pelletier, «Composition n3» 2015. Credit photo Pierre Bohrer a c t u a l i t é expos itions Surréalistes et les Constructivistes, même s'il connaissait parfaitement les créations de ses contemporains – Figure à corde et Trois pointes, de la fin des années trente, sont à cet égard parlantes. Mais Moore était surtout persuadé que la création était d'abord un exercice libre. zentrum paul klee, berne Henry Moore Il aura fallu 25 ans pour que la Suisse organise enfin une rétrospective consacrée à l'un des plus importants sculpteurs anglais du 20ème siècle. Issue d'une collaboration avec la Tate Britain et le British Council de Londres, le Zentrum Paul Klee de Berne a réuni 28 sculptures et 42 dessins. L'immense popularité du Britannique, ravivée par la fameuse rétrospective de la Tate Britain en 2010, ne se dément pas. Et ce malgré des critiques, soulevées déjà de son vivant, mettant en cause sa grande productivité et la surabondance de sa présence artistique. Il faut dire qu'en 60 ans de carrière, Henry Moore (1898-1986) a su assoir sa notoriété. Une renommée due aussi à l'originalité et à la modernité radicale de son œuvre qui porte indéniablement une signature. La présentation thématique et chronologique du ZPK n'est pas rigoureusement linéaire et offre par les qualités de son lieu une visite totalement ouverte. L'ensemble ne met pas en avant le mythe, mais rend hommage à un travail qui s'est cherché dans les affres de la première moitié du 20ème siècle. Loin des clichés, l'exposition montre une démarche forgée à l'écoute de la nature, dans la fascination des arts primitifs et sous le choc de deux guerres mondiales. tions en dehors de toute ressemblance extérieure et cherchera ainsi obstinément une analogie aux formes naturelles. C'est donc dans les années trente que Moore commence une collection d’ossements, de coquillages et de galets pour observer des principes formels et ryth- Figure allongée Cette liberté va nourrir en particulier son thème de prédilection, la figure allongée. Inspiré par la statuaire de l'ancien Mexique, il sera attiré par la singulière posture du corps couché, non pas sur le côté, mais sur le dos avec la tête droite. A cette gestuelle quelque peu tendue, Moore associe ses inventions biomorphes et découvre de nouvelles façons de penser une sculpture. D'un seul tenant ou fragmentée, ces figures allongées offrent une grande variété plastique et seront progressivement associées au paysage. Car trouver un équilibre avec l'alentour sera essentiel pour l'artiste anglais. Du reste ses nombreux mandats pour des sculptures en extérieur susciteront un réel engouement auprès du public. Genève en possède un très bel exemple sur la Promenade de l'observatoire, face au Musée d'art et d'histoire. L'étonnement de cette exposition est probablement de constater que le sculpteur est un inlassable dessinateur. Toujours dans la problématique de la sculpture, il trace les contours de ses projets, les colore. Ce ne sont pas des esquisses, mais des lithogravures dont la plupart ne seront jamais réalisées en trois dimensions. Quand il souhaitait réaliser la sculpture, dès Au bord de l’abstraction Dès ses premières œuvres, 1960, il passe par une maquette. Les Moore cherche “la vérité du matégravures constituent en fait des œuvres autonomes et on en compte plus riau“ et rejette le modelage acadéde 700 dans son Corpus. C'est du mique en faveur de la taille directe. Henry Moore (1898 - 1986) «Mère et enfant», 1953 bronze sur base en bois 53 x 27 x 34,5 cm. Tate: Presented by the Friends of the Tate Gallery 1960 reste en réalisant une série de dessins Il sculpte indifféremment la pierre, © Tate, London 2015 sur l'enfermement dans une station de le granit, l'ardoise ou l'albâtre, qu'il estimera pourtant trop plaisant pour mettre véri- miques de la nature qui l'inspireront ensuite métro où il se trouvait, lors du bombardement tablement en valeur les formes. Avec d'autres dans sa sculpture. L'étude du paysage, des pro- de Londres en 1940, que sa popularité grimpa. artistes de son époque, il revisite certains motifs cessus naturels de métamorphose, érosion et Mais la lithogravure sera surtout l'expression de classiques à travers la découverte de l'art non transformation, se traduisent magnifiquement l'artiste vieillissant qui rêve sur papier toutes les européen. Au British Museum, il admire en par- dans ses bronzes par des stries, des griffures, sculptures qu'il aurait pu encore réaliser. ticulier l'art précolombien et s'en inspirera dans des arrondis, des nuances de tons et bien sûr des Nadia El Beblawi les années vingt pour inventer des figures, des trouées. L'inspiration de la nature le mènera au bord masques et des têtes aux formes simplifiées et claires dont quelques exemplaires sont exposés. de l'abstraction. Des audaces formelles qu'il a Centre Paul Klee (Monument im Fruchtland 3). Toute sa vie, la figure humaine sera son toujours refusé de cataloguer. Il ne participera à Jusqu’au 25 mai. centre d'intérêt. Il veut inventer des représenta- aucun débat artistique, notamment entre les a c t u a l i t é 67 expos itions en FRANCE Giverny Annemasse Villa du Parc : Le monde entier l jusqu'à aujourd'hui. Jusqu’au 30 mai. Beauvais Galerie nationale de la tapisserie: l Amour. Tours & Détours. Du 30 mai au 16 août. Calais Cité internationale de la denl telle et de la mode : Balenciaga, magicien de la dentelle. Jusqu’au 31 août. Cassel Musée de Flandre : La Flandre l et la mer - de Pieter l’Ancien à Jan Brueghel de Velours. Jusqu’au 12 juillet Enghien Centre des Arts : Rouge, vert, l 68 bleu, blanc - Rencontre entre l’espace, la lumière et le mouvement. Jusqu’au 28 juin Evian Palais Lumière : Jacques-Emile l Blanche. Peintre, ecrivain, homme du monde. Du 7 mai au 6 sept. Musée des impressionnismes : Degas, un peintre impressionniste? Jusqu’au 19 juillet. l Grenoble Musée de Grenoble : De l Picasso à Warhol - Une décennie d'enrichissement des collections. Du 7 mai au 30 août 2015. Le CateauCambrésis Musée Matisse : Geneviève l Claisse. Jusqu’au 20 septembre Lens Le Louvre : D’Or et d’ivoire l relations artistiques entre Paris et la Toscane, 2e moitié du 13e s. Du 27 mai au 28 septembre. Lille LaM : Aloïse Corbaz en constell lation. Jusqu’au 10 mai Lyon Musée d'Art Contemporain : l Antoine Catala. Jusqu’au 12 juillet Musée des confluences : Les résors d’Emile Guimet & Dans la chambre des merveilles. Jusqu’au 26 juillet A la Conquête du pôle Sud. Jusqu’au 28 juin. l franc e Marseille St-Tropez MuCEM : Lieux saints partagés. L’Annonciade : Les 60 ans du l l Jusqu‘au 31 août. Martigues Musée Ziem : Vlaminck, Lalique, l Picasso... dix années de donations et d’acquisitions. Jusqu’au 4 mai Metz Centre Pompidou-Metz musée. Hommage aux donateurs. Jusqu’au 1er juin. Strasbourg Musée d'Art Moderne et l Contemporain : Jusepe de Ribera à Rome, le premier Apostolado. Jusqu’au 31 mai. : l Rétrospective Tania Mouraud. Jusqu’au 5 octobre Toulon Hôtel des Arts : Expressions l Wingen Musée Lalique : 1715 - 2015 : les Meudon Musée Rodin : Robert Doisneau (1912-1994). Sculpteurs et sculptures. Jusqu’au 19 novembre Nice Musée national Marc Chagall : l méditerranéennes - de la poésieà l’engagement. Du 23 mai au 14 juin l 300 ans du Hochberg. Jusqu’au 1er novembre AILLEuRS l Marc Chagall, œuvres tissées. Jusqu’au 22 juin Amsterdam Rodez Rijksmuseum : Rembrandt - les Espace d’exposition tempol l raire du Musée Soulages : Claude Leveque, Le Bleu de l’œil. Jusqu’au 28 septembre Rouen Musée dest beaux-arts : Trésors l de Sienne. Aux origines de la Renaissance. Jusqu’au 17 août. années de plénitude. Jusqu’au 17 mai. Bilbao Musée Guggenheim : Niki de l Saint Phalle. Jusqu’au 11 juin. Brescia Musée de Sainte Julie : Brixia l Palais Lumière, Evian Jacques-Émile Blanche (1861-1942) Peintre, écrivain, homme du monde Dans le cadre d’un projet hors-les-murs, le musée des Beaux-Arts de Rouen redonne vie à son fonds d’œuvres du peintre Jacques-émile Blanche (1861-1942), en présentant au Palais Lumière une exposition monographique de cet artiste qui fut « peintre, écrivain, homme du monde ». Reposant principalement sur le fonds riche de plus de cent quarante œuvres provenant de la donation de l’artiste dans les années 1920-1930, l’exposition compte aussi des œuvres majeures provenant principalement de collections publiques françaises. Des prêts exceptionnels du musée d’Orsay (Portrait de Marcel Proust), du musée de Grenoble (Portrait en pied de Jean Cocteau), de la BNF, du musée du Petit Palais et du musée de la Vie romantique ont été accordés pour cet événement. Des œuvres inédites de Blanche seront également visibles grâce aux prêts de collectionneurs privés. Cette première grande rétrospective consacrée à l’artiste depuis l’exposition de 19971998 au musée des Beaux-Arts de Rouen vient enrichir les thématiques abordées par les expositions récentes de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent et du Château-musée de Dieppe en 2012- 2013. L’exposition du Palais Lumière propose d’évoquer la carrière de Jacques-émile Blanche dans sa diversité, les moments forts de sa vie de peintre et d’écrivain : depuis son enfance parisienne aisée à ses séjours londoniens, en passant par sa vie mondaine, pour s’achever dans la retraite normande d’Offranville. Jacques-Emile Blanche, «Le Cherubin de Mozart» (portrait de Desiree Manfred), vers 1903 Huile sur toile, 157 x 118 cm. Musee des Beaux-arts de la Ville de Reims © Christian Devleeschauwer a . du 7 mai au 6 septembre 2015 g e n d a expos itions en europe Palazzo Reale, Milan Léonard de Vinci L’année de l’Expo 2015 offre l’occasion au Palazzo Reale de célébrer le génie de Léonard de Vinci au moyen de la plus grande exposition jamais organisée en Italie. Cette exposition met en évidence la capacité de cet artiste à combiner la pensée scientifique avec le talent créatif, l’art et la technologie. Elle inclut des peintures, des dessins, des sculptures et des manuscrits, réunis grâce aux prêts des plus grands musées mondiaux, parmi lesquels le British Museum de Londres, les Offices de Florence, et le Metropolitan Museum de New York. La Bibliothèque Ambrosiana de Milan contribue à l’exposition avec plus de 30 dessins du Codex Atlantic. Quant au Musée du Louvre de Paris, il a autorisé le transfert à Milan de trois peintures de Léonard de Vinci, qui toutes sont des chefs-d’œuvre : St John le Baptiste, L’Annonciation, et La Belle Ferronnière, qui vient d’être restaurée. Signalons que l’Homme de Vitruve, un des plus fameux dessins au monde, fera également partie de l’exposition, un chef-d’œuvre que De Vinci a réalisé vers 1490. Il montre les corrélations de dimensions humaines idéales avec la géométrie, telles que décrites par l’architecte romain Vitruve (Ier siècle av. J.-C.). Ce dessin est conservé à la Galerie de l’Académie de Venise, et n’est montré qu’occasionnellement au public. A l’exposition de Milan, il ne sera visible que durant un mois, ce qui est le temps de prêt maximum autorisé par les règles de conservation. . Jusqu’au 19 juillet 2015 Léonard de Vinci «La Belle Ferronière» Huile sur panneau de noyer; 63 x 45 cm. Paris, Louvre, Département des Peintures © 2014. The Trustees of the British Museum c/o Scala, Firenze - Rome et les gens du Po. Une rencontre de la culture - 3e au Ier s. av JC. Du 8 mai 2015 au 17 janvier 2016. Bruxelles Bozar : F . Portraits de l ACES THEN la Renaissance aux Pays-Bas & FACES NOW. Portraits photographiques europeens depuis 1990. Jusqu’au 17 mai. L’Empire du Sultan. Le monde ottoman dans l’art de la Renaissance. Jusqu’au 31 mai. l Hangar H18, Ixelles : Wabi Sabi Shima - de l’esthétique de la perfection et du chaos dans l’archipel nippon. Jusqu’au 24 mai. Dresde Staatliche Kunstsammlungen : l L’héritage de Jérôme Bosch. Jusqu’au 15 juin Ferrare Palazzo dei Diamanti : La rose de l feu. La Barcelone de Piccaso et Gaudi. Jusqu’au 19 juillet. Florence Galleria degli Uffizi : Gherardo l delle Notti, peintures étranges et scènes joyeuses. Jusqu’au 25 mai. a g La Barcelone de Picasso et Gaudi. Jusqu’au 19 juillet. l Domenico : Boldini. Le spectacle de la modernité. Jusqu’au 14 juin. Madrid Musée du Prado : Les cartons de Forli Musée San l Francfort Schirn Kunsthalle : Les Affichistes. Jusqu’au 25 mai. l Städelmuseum : Monet et la naissance de l’Impressionnisme. Jusqu’au 21 juin. l La Haye Mauritshuis : Une maison de caml pagne à New York : chefs-d’œuvre de la Frick Coll. Jusqu’au 10 mai. Londres British Museum : Définir la beaul té - le corps dans l’art de la Grèce antique. Jusqu’au 5 juillet. Histoire des Indigères australiens. Jusqu’au 2 août l Courtauld Gallery : Goya - l’album des sorcières et des femmes âgées. Jusqu’au 25 mai. l National Gallery : Inventing Impressionism. Jusqu’au 31 mai l National Portrait Gallery : Sargent - Portraits d’artistes et d’a- e n mis. Jusqu’au 25 mai. Wallace Collection : Joshua Reynolds, expériences en peinture. Jusqu’au 7 juin. l tapisserie de Goya dans le contexte de la peinture de cours. Jusqu‘au 25 mai l Musée Thyssen-Bornemisza : Raoul Dufy. Jusqu’au 17 mai. Paul Delvaux, une promenade avec l’amour et la mort. Jusqu’au 7 juin. Milan Palazzo Reale : Art lombard des l Visconti aux Sforza. Jusqu’au 28 juin. Léonard de Vinci 1452-1519. Jusqu’au 19 juillet. l Pinacoteca di Brera : Pérugin et Raphaël. Le mariage de la Vierge. Dialogue entre maître et élève. Jusqu’au 12 juillet Padoue Palais du Mont de Piété : C’est la l guerre ! 100 ans de conflits au feu de la photographie. Jusqu’au 31 mai. na : Artistes du XIXe s. Thèmes et redécouvertes. Jusqu’au 14 juin. l Musée Capitolin : L’âge de l’angoisse. De Commode à Dioclétien. Jusqu’au 4 octobre. l Palazzo Cipolla : Le Baroque à Rome. La merveille des arts. Jusqu’au 26 juin l Scuderie del Quirinale : Matisse arabesque. Jusqu’au 21 juin Rovigo Palazzo Roverella : Le démon de l la modernité - Peintres visionnaires. Jusqu’au 14 juin. Venise Peggy Guggenheim Collection: l Charles Pollock - une rétrospective. Jusqu’au 14 septembre Vienne Albertina l (Albertinapl.) Sturtevant - Drawing Double Reversal. Jusqu’au 10 mai. La beauté de la nature - Aquarelles du XIXe siècle. Jusqu’au 31 mai. Vincenza Rome Basilica Palladiana : Chiostro del Bramante : Chagall. Toutankhamon, Caravage & Van l l Amour et vie. Jusqu’au 27 juillet l Galleria nazionale d’arte moder- d a Gogh - Le soir et les nocturnes, des Egyptiens au XXe s. Jusqu’au 2 juin. 69 expos itions Genève Art Bärtschi & Cie : Rafael Lozanol 70 Hemmer. Jusqu’au 23 mai. Khaled Jarrar. Du 28 mai au 11 juillet. l Art en île - Halle Nord (pl. de l’île 1) Slaughter Box - Jonathan Delachaux. Jusqu’au 23 mai. l Art & Public (Bains 37) Zhang Wei. Jusqu’au 8 mai. l Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Les livres de jeux. Quand les artistes entrent dans la partie. Jusqu’au 30 mai. l Bibliothèque de Genève (Promenade des Bastions) De l’argile aux nuages. Du 6 mai au 19 juin. l Blondeau & Cie (Muse 5) David Maljkovic. Jusqu’au 9 mai. Mai-Thu Perret. Du 28 mai au 18 juillet. l Cabinet d’arts graphiques : “Pardonnez-leur“. Jusqu’au 14 juin. l Centre d'art Contemporain (VieuxGrenadiers 10) Giorgio Griffa & Reto Pulfer. Du 28 mai au 23 août. l Centre de la Photographie (Bains 28) Collectif Interfoto – Genève interdite. Jusqu’au 31 juin. l Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle) Barbara Cardinale, Lucie Kohler, Oablo osorio / D’ânes à zèbre. Jusqu’au 31 mai. l Fondation Auer pour la photographie (Hermance) Tevfik Ataman. L’homme aux histoires en 1984-2014. Jusqu’au 24 mai. Fondation Baur (Munier-Romilly 8) Alfred Baur, pionnier et collectionneur. Jusqu’au 28 juin. l Fondation Bodmer (Cologny) Les livres de la liberté. Du 16 mai au 13 septembre. l Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Hommage à Lucien Clergue, photographies. Du 7 mai au 31 juillet. l Galerie Bernard Ceysson (7, Vieux-Billard) Nicolas Momein. Jusqu’au 23 mai. l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Fifo Stricker. Jusqu’au 26 mai. André du Besset. Du 28 mai au 18 juillet l Galerie Anton Meier (Athénée 2) Annelies Štrba. Du 7 mai au 27 juin. l Galerie Mezzanin (63, Maraîchers) Maureen Kaegi, Christina Zurfluh. Jusqu’au 23 mai. l Galerie Mitterand + Cramer (Bains 52) These basic forms of beauty. Jusqu’au 16 mai. l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Jean-Luc Manz. Jusqu’au 16 mai. Claudio Moser. 28 mai au 11 juillet. l Galerie Turetsky (25, Grand-Rue) Laurent de Pury. Du 7 mai au 13 juin l Interart (25, Grand-Rue) Pierre Dmitrienko. Du 7 mai au 3 juillet. l Maison Tavel (Puits-St-Pierre 6) Devenir Suisse – GE 200. Du 17 mai 2015 au 10 janvier 2016. l s uis s e l Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle Des histoires sans fin, printemps 2015 - avec Antoine Bernhart, François Dilasser, Émilie Ding, .... & La Collection du Frac Île-de-France. Jusqu’au 10 mai l Médiathèque du Fonds d'Art Contemporain (Bains 34) Limes Voyages de frontière. Jusqu’au 23 mai. Histoires en devenir. Jusqu’au 29 août. l Musée Ariana (Av. Paix 10) Le verre artistique de Saint-Prex. Jusqu’en octobre. Luxe, calme et volupté - Concours swissceramics. Du 31 mai au 1er novembre. l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Christiane Baumgartner White Noise. Jusqu’au 28 juin. Aimer la matière. Un regard mis à l'honneur. Du 28 mai au 31 déc. l Musée de Carouge (pl. Sardaigne) Collectif Le Gac – Jean Pleinemer L’atelier parallèle. Jusqu’au 30 août. l Musée international de la CroixRouge (Paix 17) Expériences de vérité -Gandhi et l’art de la nonviolence. Jusqu’au 3 jnvier 2016 l Musée d’ethnographie (Bd CarlVogt 65-67) Les rois mochica. Divinité et pouvoir dans le Pérou ancien. Jusqu’au 3 mai. l Musée de la Réforme (Maison Mallet) Le ciel devant soi. Jusqu’au 30 octobre. l Red Zone Arts (r. Bains 40) Olivier Morel. Jusqu’au 16 mai. l Xippas Art Contemporain (Sablons 6) Faillir Pouvoir Prévoir. Jusqu’au 16 mai. Lausanne Collection de l’Art brut (Bergières l 11) Pascal Tassini & Eric Derkenne. Jusqu’au 10 mai l Fondation de l’Hermitage (2, rte Signal) De Raphaël à Gauguin. Trésors de la collection Jean Bonna. Jusqu’au 25 mai l Mudac (pl. Cathédrale 6) Le verre vivant II. Jusqu’au 1er novembre. L'Eloge de l'heure. Du 27 mai au 27 septembre. l Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Kader Attia. Les blessures sont là. Du 22 mai au 30 août. l Musée de l’Elysée (Elysée 18) William Eggleston, from Black and White to Colour & PhotoBooks Elysée. Coll. Schifferli. Jusqu’au 3 mai. reGeneration 3. Du 29 mai au 23 août. l Musée Historique (pl. Cathédrale 4) Christian Coigny, photographies. Jusqu’au 15 juin. Fribourg Espace Tinguely - Saint-Phalle : l Sculpture et architecture dans l’oeuvre de Niki de Saint Phalle. Jusqu’au 31 décembre Fondation Baur, Genève Alfred Baur (1865-1951) Pionnier et collectionneur à l’occasion des 150 ans de la naissance d’Alfred Baur (1865-1951), la Fondation Baur rend hommage à son fondateur, en présentant une exposition qui évoque l’œuvre du pionnier à Ceylan et du collectionneur d’art asiatique à Genève. Pot à eau et vase « peau-de-peche ». Porcelaine Dynastie Qing (1644-1911), marque et regne de Kangxi (1662-1722) H. 9 et 15.2 cm. Acquis aupres de Tomita Kumasaku © Fondation Baur, musee des arts d’ExtremeOrient. Photo Hughes Dubois à travers une sélection des meubles de sa résidence, des livres de sa bibliothèque, des objets de sa collection sortis spécialement des réserves du musée ainsi que d’archives, l’exposition invite le visiteur à un voyage dans le temps et à entrer dans l’intimiteé de cet homme d’exception et de son épouse Eugénie. En écho à l’exposition, de nombreuses photographies anciennes, présentées au premier étage, deévoilent Ceylan, la plantation de cocotiers de Palugaswewa ainsi que l’usine et les bureaux d’A. Baur & Co. Ltd. à Colombo. . jusqu’au 28 juin 2015 a g e Le port de Colombo © Fondation Baur, musee des arts d’Extreme-Orient n d a expos itions en s uis s e Musée Bellerive, Zurich Cose fragili Verre de Murano L'exposition se concentre sur des œuvres modernes de verre en provenance des environs de Murano, où l'architecte italien Carlo Scarpa a créé un nouveau style révolutionnaire dans les années 1930. Pour ses vases et bols, il a remis en vigueur des techniques oubliées depuis longtemps, comme les techniques de coupe appelées“battuto“ et “inciso“. Il a aussi utilisé des matières comme le verre “pulegoso“ opaque ainsi que le “murrine“ fait de tiges en verre teinté. Après la Seconde guerre mondiale, Fulvio Bianconi, Ercole Barovier, Flavio Poli et beaucoup d'autres ont suscité une reprise d'intérêt pour le verre et attiré à Murano des artistes internationaux. à ce jour, des objets magistraux en verre dans le style d'art de Murano continuent à être créés par des artistes comme Monica Guggisberg et Philip Baldwin (Suisse, USA), Yoichi Ohira (Japon), Mary Ann Toots Zynsky (USA) et Thomas Blank (Suisse). Le Musée Bellerive expose environ 300 œuvres en verre rares et inhabituelles qui ont été créées dans les usines renommées de verre de Murano et dans les studios des artistes. . Du 8 mai au 13 septembre 2015 Dino Martens pour vitrerie Rag. Aureliano Toso. Vase Oriente osselaria Congo, 1952. Sammlung Holz, Berlin; photo Martin Adam © Sammlung Holz Fri-Art (Petites Rames 22) Robert Heinecken. Lessons in Posing Subjects. Jusqu’au 3 mai. - œuvres en verre contemporaines. Jusqu’au 3 novembre. Vis-à-vis / Visarte. Jusqu’au 31 mai. DETOX. Croyances autour de la nutrition. Jusqu’au 23 août l Cabinet des estampes : Printmaking by. Jusqu’au 31 mai. l Musée Jenisch : Fred Deux - Le For intérieur. Jusqu’au 24 mai. Wallpaper Liberation - les carnets de Jean-Luc Manz. Jusqu’au 16 août. l l l Mézières Musée du papier peint : Fusions l Martigny Yverdon Fondation Pierre Gianadda : Maison d’Ailleurs (Pl. Pestalozzi 14) Anker, Hodler, Vallotton... Coll. Bruno Stefanini. Jusqu’au 14 juin l Fondation Louis Moret (Barrières 33) Alexandra Roussopoulos. enne. Jusqu’au 24 mai. l Manoir de la Ville : Céline Peruzzo, Gaël Epiney, Cécile Giovannini, Dexter Maurer. Jusqu’au 24 mai. Neuchâtel Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut l 74) Dürrenmatt à Neuchâtel. Jusqu’au 6 septembre l Laténium (Hauterive) Aux origines des pharaons noirs - 10’000 ans d’archéologie nubienne. Jusqu’au 18 mai l Musée d'art et d'histoire (espl. Léopold-Robert 1) 14/18 La Suisse et la Grande Guerre. Du 14 mai au 18 octobre. l Musée d'ethnographie (St Nicolas 4 ) Secrets. Du 17 mai au 18 octobre. Vevey Alimentarium (quai Perdonnet) l a g Alphabrick. Jusqu’au 31 mai OuTRE SARINE Bâle Cartoon Museum (St. Albanl Vorstadt 28) Peter Gut. Jusqu’au 21 juin. l Fondation Beyeler (Riehen) Alexander Calder Gallery III. Jusqu’au 6 sept. Paul Gauguin. Jusqu’au 28 juin. l Kunsthalle : Vincent Meessen & Thela Tendu. Jusqu’au 24 mai. Mark Leckey. Jusqu’au 31 mai l Dreiländermuseum (Lörrach) Audelà de la splendeur - Facettes de St-Pétersbourg. Jusqu’au 21 juin. l Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) De Cézanne à Richter. Jusqu’au 14 février 2016. e n Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Belle Haleine – L'odeur de l'art. Jusqu’au 17 mai. l Afrikanische Moderne. Jusqu’au 22 mai. Making Africa. A Continent of Contemporary Design. Jusqu’au 13 septembre. Berne Centre Paul Klee (Monument im Winterthur Fruchtland 3) Henry Moore. l Short Cuts. Jusqu’au 14 juin l PhotoforumPasqu’Art : Regine Petersen, Aleix Plademunt, Jonathan Roessel, Yann Laubscher. Jusqu’au 14 juin. l Fotomuseum (Grüzenstr. 44) Paul Strand. Jusqu’au 17 mai l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Meinrad Schade – La guerre sans la guerre. Jusqu’au 17 mai l Museum Oskar Reinhart (Stadthausstr. 6) The English Face Portraits miniatures. Jusqu’au 15 juillet. l Museum Oskar Reinhart «Am Römerholz» (Haldenstr. 95) Victor Chocquet, collectionneur des impressionnistes Renoir, Cézanne, Monet, Manet. Jusqu’au 7 juin. l l Jusqu’au 25 mai. Klee à Berne. Jusqu’au 17 janvier 2016 l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. 8-12) Max Gubler - Toute une vie. Jusqu’au 2 août. Bienne CentrePasqu’Art (fbg Lac 71-75) l Riggisberg Zurich Abegg-Stiftung : Le triomphe Kunsthaus (Heimpl.1) Monet, des ornements. Tissus de soie du XVe siècle italien. Jusqu’au 8 nov. Saint-Gall Kunstmuseum : Isabelle Lartault l Michel Verjux. Jusqu’au 26 juillet. Soleure Kunstmuseum : Turo Pedretti. l Jusqu’au 25 mai. Peter Stoffel. Jusqu’au 14 juin. Weil / Rhein Vitra Design Museum : l d a Gauguin, Van Gogh... Inspiration japonaise. Jusqu’au 10 mai l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Cose fragili - Verre de Murano. Du 8 mai au 13 septembre. l Museum für Gestaltung (Austellungsstr. 60) Do It Yourself Design. Jusqu’au 31 mai l Museum Rietberg (Gablerstr. 15) À cordes et à corps - Instruments de musique de l'Inde. Jusqu’au 9 août. 71 expos itions « Ce ne sont pas moins d’une centaine de toiles qui, de la sourde Bretagne au feu de la Provence, témoignent d’une création explosive, unique » précise le conservateur. Si des traces du cloisonnement des formes se laissent entrevoir dans Pommiers, paysage à Pont-Aven (1911) Le Train (1909), ou même dans Paysage, la route blanche (1909), c’est le rugissement matissien que l’on retient dans Provence, pins et collines (1910). La Que les Vaudois, qui ont vu partir la collection Planque, déposée pour quinze solidité des paysans bien enracinés dans leur ans dans la chapelle des Pénitents blancs restaurée à cet effet par le Musée terre se lit dans son Paysan (1922) ou les Granet, se rassurent. Elle y a non seulement trouvé un écrin qui rend hommage Paysans le soir (1935). Quant au visage si à l’exigence du collectionneur vaudois et à la qualité des œuvres mais, aussi, expressif du Facteur (1934), le rapprochement qui vivifie et dynamise la collection. avec Van Gogh est tout à fait légitime, tant on y trouve la même vérité expressive. Depuis son inauguration en 2011, comme le vaillée avec un goût du mouvement, de l’épaisC’est bien cette force et puissance d’évocastipulait aussi le contrat, la mise en valeur de la seur, se souciant peu de vraisemblance figurative, tion, cette grandeur dans l’expression qu’admicollection passait par l’organisation d’exposi- les couleurs souvent posées pures magnifient la rait avant tout Planque chez Hans Berger. Le coltions temporaires, qui pourraient aussi s’appeler lumière. « Il y a des tableaux de vous qui sont lectionneur regrettera d’ailleurs de n’avoir pu « les amours de Planque ». Les idées ne manque- aussi beaux, aussi denses que ceux que Van Gogh collectionner des œuvres de la première période ront pas au conservateur de la collection Florian a peints » notera Jean Planque. Il puise ses sujets du peintre, ne l’ayant connu qu’en 1957 à l’occaRodari, puisque de Jean Dubuffet à Picasso, Jean dans la vie simple : la terre, le paysage, les habi- sion d’une exposition à la galerie Beyeler à Bâle, Planque était l’ami de beaucoup pour laquelle travaillait Planque. d’artistes et ces coups de projecNéanmoins en jetant son dévolu teurs peuvent se décliner sous diffésur la très belle toile intitulée Du rents éclairages. vert (1965), véritable explosion de Pour cette première exposition, vert et l’aquarelle Rivière et colliriche d’une trentaine d’œuvres, le nes (1960), plus abstraite que figuchoix du conservateur s’est porté rative, le collectionneur ne s’est en sur un artiste suisse que l’œil de aucun cas trompé. Point d’orgue Planque jugeait très important, de cette exposition, Le Baigneur Hans Berger. Un nom oublié voire (1940), une toile provenant d’une méconnu, aujourd’hui, mais cela collection privée, en dépôt dans la n’a pas toujours été le cas. Pour collection, admirable par l’équilibpreuve : ses œuvres se trouvent re de sa composition et la magie de dans d’importantes collections suissa palette. Si les débuts de l’artisses mais aussi les grands musées te sont marqués par « une sorte de suisses. Peintre atypique, autodivéhémence presque aveugle, de dacte, né à Bienne en 1882, il se ferveur et de justesse miraculeumet à peindre après une formation se », la peinture s’assagira. Ce d’architecture, en 1907. Sa premièsont aussi les événements liés à la deuxième guerre qui rendent sa re exposition au Musée Rath à production d’œuvres plus rare. Genève en 1911 ne fait pas l’unaniHans Berger (1882-1977) «Les pins, Bretagne», Pastel, 50 x 64 cm. Collection privée, Genève. Photo Maurice Aeschimann, Onex « Une seule condition majeure mité mais Hodler reconnaît dans le pour les artistes : la patience. On travail puissant et coloré le talent de l’artiste et le recommande entre autres au collec- tants. Après un court séjour en Bretagne, au devrait leur accorder deux vies d’hommes », écrit tionneur Joseph Müller et sa famille de Soleure. contact de l’Ecole de Pont-Aven, orientant sa Hans Berger. A l’occasion du centenaire de sa Dans les années 1920-1930, Hans Berger appar- peinture vers des figures massives se détachant naissance en 1982, le musée d’Art et d’Histoire tient à tous ces artistes suisses jouant un rôle sur des fonds monochromes, il va découvrir, à de Genève conjointement avec le musée des Beaux-Arts de Soleure avaient présenté un panartistique de premier plan et participant à des partir de 1909, la Provence. orama de ses œuvres. L’exposition d’Aix-enexpositions à Bâle, Zurich et Berne mais aussi à Provence vient à point nommé pour sortir l’artisl’étranger. Création explosive Au contact de la lumière de ce pays, sa te de son purgatoire ! L’artiste avait tout pour plaire à Jean Régine Kopp Planque avec sa personnalité discrète, humble, palette s’éclaircit et le peintre va se laisser guihomme travailleur et méditatif et une œuvre der par la couleur, travaillant la pâte sans ménaexaltant les valeurs terriennes. La pâte y est tra- gement et utilisant le couteau ou d’épais pinceau. Jusqu’au 6 septembre 2015 musée granet, aix-en-provence Hans Berger ou la passion de peindre 72 a c t u a l i t é p a r i philharmonie II Pierre Boulez Compositeur français, Pierre Boulez n’a cependant jamais fait état d’un goût immodéré pour le genre de l’opéra-comique. Qu’il semble avoir royalement ignoré, voire méprisé (à l’exception de Pelléas). Autre époque ! Il est vrai aussi que très longtemps, Boulez s’était pareillement défié de l’opéra. Avant de changer d’avis. Bien que l’on attende toujours l’opéra qu’il avait, un temps, promis d’écrire… Le Musée de la Cité de la Musique, ou Philharmonie II, consacre donc une exposition à Pierre Boulez, dans le cadre des manifestations qui viennent célébrer son quatre-vingt-dixième anniversaire. De 20 ans à 90 ans L’exposition suit le parcours d’un compositeur, appelé à vite devenir également chef d’orchestre. Elle part ainsi des premières années qui suivent la guerre, sur les pas du musicien frais émoulu du Conservatoire de Paris (classe d’Oliver Messiaen). Il a vingt ans, et ses premières œuvres voient le jour. Puis le chemin conduit à la compagnie Renaud-Barrault, dont il est le musicien de scène et où il se forme en autodidacte à la direction d’orchestre (auprès de Darius Milhaud et d’Arthur Honegger) ; aux concerts du fameux Domaine Musical, dont il est le mentor ; puis peu après à la tête d’orchestre de renom, comme du BBC et de New York. s qu’il en soit, chez un compositeur. L’exposition s’attarde donc sur ces personnages rodant autour du maître, avec force documents d’époque, photographies, films, vidéos, enregistrements audio (la pose d’un casque est vivement conseillée), peintures et dessins, dans une pénombre propice à la focalisation éclairée et éclairante. On remarque toutefois certaine absence, sur les photos présentées, parmi ces personnes qui ont compté dans sa vie. On regrette aussi que ce parcours s’arrête à mi-chemin, en suspens, dans les années 1980. Comme si la carrière du grand homme de la musique Et son parcours prestigieux se poursuit, que chacun connaît et qui ponctue les phases de l’exposition. C’est ainsi que l’on voit Boulez en compagnie de musiciens comme Stravinsky ou Varèse, Berio ou Stockhausen bien évidemment, d’écrivains comme Claudel ou René Char, d’artistes plasticiens comme De Kooning, Staël, Giacometti, Miró… C’est curieux, au reste, cette fréquentation des plasticiens chez un musicien. Témoignage d’une curiosité ouverte ? ou aveu d’une musique qui cherche ses justifications dans les autres arts ? Un phénomène nouveau, quoi 73 Pierre Boulez «Troisieme sonate. Formant 3. Constellation miroir» Partition manuscrite autographe polychrome. Collection Pierre Boulez Fondation Paul Sacher, Bale © Avec l’aimable autorisation de Universal Edition A.G., Vienne française de la seconde moitié du XXe siècle prenait fin. Ou qu’il avait tout dit. Autre forme de non-dit ?... Mais trêve de réserves : l’exposition mérite tous les détours, dans sa mise en regard de documents parlants : graphiques ou sonores, voguant de la Deuxième Sonate à Répons, en passant par le Marteau sans maître et Rituel. Documents souvent inédits et parfois inattendus. Pierre-René Serna Luigi Nono, Pierre Boulez et Karlheinz Stockhausen © Sudwestrundfunk / Dr. G.W. Baruch a c t u a l i Jusqu’au 28 juin… également. t é p a r i s palais des congrès 74 opéra de paris Le Presbytère Le Lac des cygnes Créé en 1997, Le Presbytère est l’hommage de Maurice Béjart à Jorge Donn, son interprète fétiche, et au chanteur Freddy Mercury, tous deux décédés du SIDA. Loin d’être sombre, ce ballet est un grand spectacle programmé du 4 au 6 avril au Palais des Congrès de Paris, dans le cadre d’une tournée française du Béjart Ballet Lausanne. Le Lac des cygnes de Rudolf Noureev était de retour sur la scène de Bastille du 11 mars au 9 avril. Cette nouvelle série était l’occasion d’une mise en avant de jeunes solistes du Ballet de l’Opéra de Paris. Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat… Tiré d’un roman de Gaston Leroux, ce titre énigmatique nimbe de mélancolie le ballet que Maurice Béjart a voulu dédier aux êtres partis dans la fleur de l’âge. A côté des tubes de Queen, si typiquement 80, il a choisi des extraits d’œuvres de Mozart - comme la musique funèbre maçonnique – décédé également prématurément. Ce choix donne une dimension classique et tisse un lien entre ceux – artistes ou non – qui, d’hier à aujourd’hui, nous ont quitté trop tôt. Il en résulte une grande fresque qui passe du registre du divertissement à l’émotion. L’insouciance laisse la place à la maladie comme le plaisir des rencontres d’un soir, à la douleur de la séparation irrévocable. Le personnage de Freddy Mercury, incarné par un danseur, traverse le ballet, de même que l’image de Jorge Donn. Délicatement poignant, le final, sur The show must go one, évite «Le Presbytère» LePresbytere - Photo Ilia Chkolnik - copie toute grandiloquence. Les danseurs allient présence sur scène et grande maîtrise technique. Le Béjart Ballet Lausanne continue de réunir des talents brillants en solo dont la personnalité affirmée donne un supplément d’âme aux scènes de groupe. Parmi eux, on remarque Oscar Chacon et la toujours magnifique Elisabet Ros. Véritable ode à la vie, Le Presbytère communique l’urgence à agir des artistes et le souffle insoumis des années 70. Stéphanie Nègre La danse en mai : A l’Opéra de Paris, Paquita de Pierre Lacotte sera de retour du 2 au 19 mai tout comme Les Enfants de Paradis de Jose Martinez du 28 mai au 6 juin. Le Théâtre de la Ville présentera Deflagration d’Hofesh Shechter du 4 au 20 mai. Le Tanztheater Wuppertal sera de retour avec Nelken et Fur die a c t Heloise Bourdon et Josua Hoffalt dans «Le Lac des cygnes». Photo Ann Ray Héloïse Bourdon fait ses débuts dans le rôle d’Odette / Odile. Sujet dans la compagnie, elle a déjà brillé dans les rôles de Nikiya dans La Bayadère et d’Aurore dans La Belle au bois dormant. Sa prise de rôle est une vraie réussite. Sa caractérisation du double personnage, la princessecygne et l’instrument du magicien Rothbart, irréel au deuxième acte puis charnel au troisième, frappe par sa justesse. Sa belle présence, ses bras dont elle fait des ailes expressives, illuminent la scène et nous font adhérer immédiatement à l’intrigue. Siegfried est incarné par Josua Hoffalt. Si la technique du danseur étoile n’est pas des plus démonstratives, il campe un prince tout en élégance. Le double rôle de Rothbard, précepteur du prince et magicien, est assuré par Florimond Lorieux, également sujet dans la compagnie. Le physique aiguisé de jeune danseur est en décalage avec l’image traditionnelle, un personnage plus âgé. Pour cette prise de rôle réussie, Florimond Lorieux, jouant la carte de la complicité perverse en précepteur, a fait preuve de beaucoup de charisme. Ses sauts sont virtuoses et cette fougue donne une intensité diabolique aux scènes où il est le maléfique Rothbart. Parmi les tableaux qui jalonnent le ballet, Marine Ganio et Eléonore Guérineau brillent particulièrement dans le pas de trois du premier acte. La soirée est de haute volée et les trois protagonistes nous emportent dans le fantastique. Stéphanie Nègre Kinder de Pina Bausch, du 12 au 30 mai. Les 19 et 20 mai, la Russell Maliphant company sera au Théâtre des Champs-Elysées pour un programme de cinq courts ballets. Les rendez-vous chorégraphiques annuels du Théâtre des Gémeaux de Sceaux accueilleront Robot de Blanca Li du 5 au 7 mai et In the upper room de Twyla Tharp par le Ballet de Loraine les 20 et 21 mai. u a l i t é p petit palais De Carmen à Mélisande L’Opéra-Comique marque l’anniversaire des trois cents ans de l’institution par une exposition. Celle-ci, au Petit Palais, s’en tient toutefois à la période qui va de 1875 à 1902 : autrement dit, entre les premières de Carmen et de Pelléas et Mélisande. D’où le titre de l’exposition : « De Carmen à Mélisande ». Et le sous-titre : « Drames à l’Opéra-Comique ». Car l’un et l’autre de ces opéras (comiques ?) verse dans le tragique, plutôt que la légèreté. C’est tout le sens du genre même de l’opéra-comique, qui ne doit son intitulé qu’à sa formule, voire à son lieu de représentation, plutôt qu’à ses sujets. Il en serait de même de genres lyriques cousins, de la zarzuela espagnole au singspiel allemand. Car l’opéracomique, au contraire du très international opéra, est un genre spécifiquement français. Un genre caractérisé par ses auteurs, compositeurs et librettistes, français, et des sujets en langue française, piqués très souvent de dialogues parlés. a r i lièrement les salles consacrées au Rêve, inspiré de Zola, et à Louise, deux œuvres lyriques marquées d’un sentiment social, alors neuf et émergeant au tournant des XIXe et XXe siècles. Le pendant français du vérisme italien. Autre point d’ancrage de l’exposition : l’incendie survenu en 1887, qui devait détruire le théâtre de l’Opéra-Comique, et préluder à sa reconstruction, achevée en 1898. La troisième Salle Favart (de Charles-Simon Favart, auteur et responsable important de l’institution au XVIIIe siècle), la salle actuelle, était née. Avec ici aussi des images d’époque : dessins, photographies, coupures de journaux, et même un film (des années 50, assez croquignolet). La scénographie se partage ainsi en autant d’espaces enserrés, au fil des sujets et ouvrages ci-avant énoncés. Dans l’esprit d’un théâtre, avec son endroit, la salle, et son envers, la scène. Les couleurs des cimaises évoluent suivant les lieux et moments évoqués, du rouge intense de Carmen (bien sûr !) au bleu gentil de Manon. Quelques costumes et mannequins complètent les parures présentées. Une plongée dans le temps et le rêve. Pierre-René Serna Jusqu’au 28 juin. Oeuvres lyriques Carmen de Bizet ouvre donc le bal, si l’on peut dire. Défilent ensuite, au long de cette exposition : les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, Lakmé de Léo Delibes, Manon de Massenet, le Rêve d’Alfred Bruneau, Louise de Gustave Charpentier et enfin, Pelléas et Mélisande de Debussy. Autant d’œu-vres lyriques sur des trames dramatiques ou sombres. Des documents d’époque, des témoignages audio, les réactions dans la presse, des peintures et portraits, des maquettes de décors, forment les illustrations sur lesquelles se penche l’exposition. On relève particu- Lucien Doucet Portrait de Galli Marie dans « Carmen », 1884 Huile sur toile, 193 x 83,5 cm ©BnF a c t u a l i Studio Reutlinger Mlle Garden dans «Pelleas et Melisande», 1902 Photographie, 50 x 35 cm © BnF t s é 75 p a r i s petit palais Bas-fonds du baroque Après une présentation à la Villa Médicis, Paris a voulu, à son tour, montrer l’envers du décor, baroque et fastueux, de la Ville éternelle. Dépeindre le quotidien, dans lequel circulaient les artistes. Celui des bas-fonds, des tavernes, sordide et crapuleux, un monde de misère, violent et grossier, que connaissaient tous ces artistes accourus de toute l’Europe, venus étudier les Antiques et espérant participer aux immenses chantiers lancés par les papes et les cardinaux, les princes et grands de ce monde. . 76 C’est à deux femmes, Francesca Cappelleti, professeur à l’université de Ferrare, et Annick Lemoine, chargée de mission pour l’histoire de l’art à l’Académie de France à Rome, que nous devons ce parcours dans la Rome du vice et de la turpitude. A travers plus de quatre-vingt tableaux, nous suivons ces artistes qui privilégient la vision d’après nature plutôt que celle du beau idéal, trouvant leur inspiration dans les tripots et les tavernes. Société cosmopolite que cette communauté d’artistes, installés dans le quartier « degli Ortacci », non loin de la Villa Médicis, artistes français comme Valentin de Boulogne, Simon Vouet, Nicolas Tournier, Claude Lorrain ou hollandais comme Pieter van Laer, Gerrit van Honthorst, Jan Miel ou espa- gnols comme Bartolomeo Manfredi, Salvator Rosa et Jusepe Ribera. Maître Bacchus En ouverture et avant de plonger dans les bas-fonds romains, le metteur en scène d’opéras baroques, Pier Luigi Pizzi accueille le visiteur dans une scénographie donnant l’illusion d’un palais romain, avec des vues de Rome gravées par Giovanni Battista Falda, reproduites sur les murs et des plâtres de statues antiques trônant au milieu des salles. Une atmosphère de palais romain que le visiteur retrouvera dans les deux dernières salles, tendues de velours rouge et flanquées d’immenses miroirs entre les œuvres, mais le ton a alors changé. D’irrévérencieux et de Nicolas Regnier «La Farce», vers 1623-1625 Huile sur toile, 97 x 131 cm Stockholm, Nationalmuseum © Stockholm, Linn Ahlgren Nationalmuseum a c t u a ludique, il devient plus grave. Le rideau tombe sur une note mélancolique. Qui mieux que Bacchus, Dieu de l’exaltation des sens, de la liberté et de la transgression peut symboliser les artistes ? L’ivresse libère l’homme de ses inhibitions et peut être à l’origine d’une folie des sens qui intensifie l’imagination créatrice. C’est sous l’égide de Bacchus, que ces jeunes artistes pratiquent des rites d’initiation très arrosés dans les tavernes, qu’ils n’hésitent pas à représenter dans leurs œuvres. La figure tutélaire de tous ces artistes était Le Caravage, qui s’était représenté en Bacchus mais ce tableau n’a pas fait le voyage. Le maî-tre meurt en 1610 non sans avoir fortement influencé toute une jeune génération d’artistes caravagesques, au centre de cette magnifique exposition. Il y a Bartolomeo Manfredi dont le Bacchus hilare enseigne le goût de l’ivresse à un buveur assoiffé, Bacchus et un buveur (1621) ou l’élégance du corps efféminé du Jeune Bacchus (1610/1620) de Pseudo-Salini. Ils aiment se mettre en scène sous les traits de faunes, de sylènes ou de satyres. Tous ces artistes venus du Nord se retrouvent dans une association baptisée les Bentvueghels, les oiseaux de la bande, partageant les excès de leurs rites dionysiaques dans leur vie et la peinture et qui ne sont pas sans rappeler certaines pratiques actuelles de bizutage souvent excessives. Roland van Laer peint cette vie sulfureuse dans une mise en abyme très évocatrice, Les Bentvueghels dans une auberge romaine (1626-1628). Se retrouvent dans cette confrérie les plus grands caravagesques, les principaux paysagistes, des peintres d’histoire fameux mais aussi des artistes se délectant à peindre des scènes pittoresques de la vie quotidienne romaine, les Bamboccianti, ainsi nommés à cause du plus célèbre d’entre eux Pieter van Laer, surnommé il Bamboccio. Son Autoportrait avec scène de magie (1638-1639) où il se représente en sorcier-alchimiste, figure à la fois de mélancolie et de l’érudition, a une forte connotation ironique. Dans le chefd’œuvre de Salvatore Rosa, Scène de sorcellerie (1646) qui met en scène des sortilèges d’amour concoctés par une communauté satanique, l’horreur de la scène contraste avec le raffine- l i t é p Giovanni Lanfranco «Jeune homme nu sur un lit avec un chat», 1620-1622 Huile sur toile, 113 x 160 cm Angleterre, Collection particuliere © Collection particuliere ment du rendu. « Tout un jeu sur les chairs, les décrépitudes mais aussi une excellence de la peinture », commente Annick Lemoine. Méditer les plaisirs Une section est consacrée à la taverne, lieu de réunion et de sociabilité dont tous ces peintres sont les protagonistes, où ils se retrouvent en bonne compagnie de personnages incarnant le vice et la misère. Que ce soient les courtisanes, les entremetteuses, les diseuses de bonne aventure, tous ces personnages partagent les excès de boisson, le jeu et l’érotisme. Avec son regard qui se dérobe et ses atours somptueux, La joueuse de guitare (1618-1620) de Simon Vouet trouble le spectateur. Et que dire du Jeune homme nu au chat (1620) de Giovanni Lanfranco, une étonnante Vénus masculine qui met en scène une sexualité illicite au cœur du XVII° siècle! Toutes les licences sont permises, supercherie, volupté des sens mais aussi insulte comme ce geste obscène de la fica, qui consiste à mettre son pouce entre deux doigts et devient un motif iconographique, où le spectateur est comme pris au piège de l’insolence de l’artiste et dont témoignent Le Jeune homme aux figues (1615) de Simon Vouet ou Homme faisant le geste de la fica d’un anonyme caravagesque nordique et attribué à Simon Vouet. Des artistes qui peignent les dérives du a c t u monde d’en bas comme Nicolas Régnier, Joueur de dés et diseuse de bonne aventure (1624/1626) qui orchestre le sujet dans une somptueuse mise en scène ou encore Pietro Paolini et ses Tricheurs (1625) fortement inspiré par le cadrage serré du Caravage. Si Rome finira par s’imposer, au tournant du siècle, comme la capitale du paysage, les Bambocciati font des paysages romains avec leurs vestiges antiques le théâtre de la mendicité, du viol ou du brigandage. Thématique évoquée dans la section “Rome souillée“. Sébastien Bourdon montre cette violence banale dans L’embuscade ou les brigands (1636-1638) ou Mendiants devant un four à chaux (16361638).Quant à Jan Both, c’est une rixe lors d’une fête devant l’ambassade d’Espagne qui l’inspire, tandis que Jan Miel dépeint une scène de brigandage sur fonds de paysages enchanteurs. Qui d’autre mieux que Le Lorrain aura su magnifier les ruines romaines et sa Vue de Rome avec une scène de prostitution (1632) qui nous montre au loin l’église de la Trinité-des-Monts dans la lumière rose du soir intègre au premier plan, une scène de prostitution plongée dans la pénombre, révélatrice du regard sans concession de ces artistes. Dans cette ville, décrite par Paolo Pasolini, comme splendide et misérable, et que le cinéma réaliste italien nous a rendu si attachante, les peintres ont su, en offrant le droit au portrait, a l i t a r i s aux marginaux, bohémiens, mendiants, vauriens prostituées, leur accorder leurs lettres de noblesse. « Ils jouent à dessein sur une ambiguïté troublante entre la représentation objective et l’idéalisation », souligne la commissaire. Portrait extraordinaire à tous égards de ce Mendiant au Cistre d’un anonyme italien. Tout aussi remarquable, le portrait du Mendiant (1612) peint par Jusepe Ribera avec maestria et sensibilité auquel répond Le buveur ou allégorie du goût (1610-1620). Michael Sweerts met au service de son Vieillard et un jeune homme (1646-1647) son pinceau virtuose mais non moralisateur. Quant au Jeune homme à la fiasque (1620), Nicolas Tournier en propose une représentation plus introspective, voire nostalgique. L’exposition s’achève sur une tonalité plus grave, la dérision fait place à la mélancolie. “La taverne mélancolique : méditer les plaisirs“, tel est le titre de la dernière salle. Enivrés par l’alcool et envoûtés par la passion de la chair, tous ces protagonistes, cherchent à noyer leur désespérance dans d’autres remèdes. La musique semble ce remède souverain. Les scènes de taverne signées par le grand caravagesque français Valentin de Boulogne, dans Réunion de musiciens et de soldats (1625) ou Le concert au bas relief (1620-16625) ne trompent pas sur la mélancolie qui habitent les protagonistes, en proie à un travail introspectif. Dans Réunion de buveurs (1619-1620) de Bartolomeo Manfredi, musiciens et noceurs s’abandonnent au pouvoir de la musique, comme le montre aussi le somptueux portrait du Jeune chanteur (1623) de Claude Vignon, brossé dans une matière épaisse et d’une étonnante liberté. Et quelle divine harmonie se dégage du Concert avec trois musiciens (1618) de Gerrit van Honthorst ! Il paraît que la musique adoucit les mœurs. Il suffit de vous mettre en route pour les bas-fonds romains pour comprendre que cette phrase y trouve tout son sens. Régine Kopp Petit Palais. Jusqu’au 24 mai 2015 (fermé le lundi) www.petitpalais.paris.fr é 77 p a r i s grand palais : le génie du siècle d’or espagnol Vélasquez Le Grand Palais s’enflamme aux couleurs chaudes et sensuelles du plus grand artiste de l’âge d’or espagnol. Avec Remdrandt et Titien, Diego Vélasquez (1599-1660) compte parmi les artistes les plus importants de l’histoire de l’art occidental. C’est donc d’autant plus surprenant que cette exposition est une grande première en France. 78 tion des cuisines et la présence d’une jeune Africaine ou cette Scène de taverne (1618). La mode du caravagisme n’épargne pas l’Espagne et Vélasquez en prend connaissance une première fois à Séville avec des tableaux de Jusepe de Ribera envoyés depuis Rome et Naples, puis une deuxième fois lors de son voyage à Madrid en 1622. Que ce soient les toiles représentant Saint Paul ou Saint Thomas réalisé vers 1620, lorsque l’artiste est encore installé à Séville ou Saint Jean Baptiste au désert, réalisé après son premier séjour madrilène de 1622, l’inflexion caravagesque s’y fit sentir. Un double tour de force pour Guillaume moins au visiteur des repères thématiques. La Kientz (34 ans), conservateur au Louvre en char- mise en bouche se fait avec les années de forma- Peintre de portraits Avec ses premiers portraits, l’exposition ge de la peinture espagnole, d’avoir pu réunir une tion. On y découvre les œuvres de son maître trentaine d’œuvres du maître, véritables icônes Pacheco - dont Vélasquez épouse la fille - mais entre dans le vif du sujet. Ils s’inscrivent dans espagnoles. Car les musées sont réticents à prêter aussi d’autres artistes de l’atelier comme Alonso son deuxième voyage à Madrid, au cours duquel leurs chefs-d’œuvre et ce qui est plus surprenant, Cano et les premières œuvres exécutées par il s’impose comme le peintre de cour et sera Le Louvre ne possède aucune toile de Vélasquez Vélasquez sur le sujet de L’Immaculée nommé peintre du Roi, abandonnant son naturaet les musées français sont très pauvres en œuv- Conception. Celle de Séville (1617) étant plus lisme bouillonnant pour la tradition froide et res de l’artiste. On imagine combien de diploma- hiératique que celle conservée à Londres, où le figée du portrait de cour espagnol. Un an avant tie et d’entregent il aura fallu au commissaire, à peintre dans sa représentation de la Vierge insis- de partir pour l’Italie, Vélasquez rencontre à l’œuvre depuis 2012, pour négocier les divers te davantage sur le naturalisme du modèle. Le Madrid un artiste que les cours européennes prêts sur la centaine d’œuvres autographes du succès de sa peinture se confirme ensuite dans s’arrachent, Rubens, avec lequel il se lie d’amimaître dont la plus grande partie est conservée au des compositions naturalistes, genre mineur que tié, partageant même un atelier. Voyage de forPrado à Madrid, qui a pour règle de ne jamais en le jeune Sévillan renouvelle, comme en témoigne mation, de Venise à Rome en passant par sortir plus de sept et a consenti cette fois à en prê- Le Repas à Emmaüs (1617) avec une représenta- Ferrare pour se mesurer aux plus grands peintres de son époque. L’artiste ter huit. Grâce à la force de persualibère son style, s’intéresse sion du maître d’œuvre de l’exposiaussi bien aux représentation, d’autres prêts ont été consentis tions en extérieur, comme le par les grands musées de Boston, Sao montre la Vue des jardins de Paolo, Saint-Pétersbourg, Londres, la villa Médicis (1630) qu’ à Dublin Rome et bien sûr Vienne et l’articulation de plusieurs son Kunsthistorisches Museum, parpersonnages en mouvement, tenaire de l’entreprise. Rixe de soldats devant l’amPour construire un vrai parcours bassade d’Espagne (1630). au Grand Palais, la trentaine d’œuvA son retour à Madrid, res du maître s’est enrichie d’une Vélasquez doit se consacrer soixantaine de toiles, provenant de aux portraits du fils du roi l’entourage et de l’influence de Philippe IV, l’Infant Vélasquez. Il y a là les toiles de son Baltasar Carlos,né lors de maître à Séville, Francisco Pacheco, son séjour en Italie. En l’abchez qui il se forme de 1611 à 1617, sence de la photographie, celles de ses disciples et suiveurs, les ces portraits ont pour foncVelazquenos auxquels appartient Juan tion de montrer l’enfant à Bautista Martinez del Mazo (1612différents stades de sa crois1667), qui entre dans l’atelier de sance, dans différentes Vélasquez en 1631 et épousera sa situations et tenues. L’artiste fille. Il est aussi son plus fidèle collaétant chargé de mettre au borateur. L’étude et la définition de service de l’imagerie royale son style par rapport à Vélasquez tout son art, sublimé encore constituent un des enjeux de l’exposipar les acquis italiens. A tion. Diego Velazquez «Portrait de l’infant Baltasar Carlos sur son poney» commencer par sa grande Le fil conducteur de l’exposition 1634-1635, huile sur toile, 211,5 x 177 cm Madrid, Museo Nacional del Prado © Madrid, Museo Nacional del Prado maîtrise du paysage, la virest chronologique, proposant néan- a c t u a l i t é Diego Velazquez «Venus au miroir» vers 1647-1651 huile sur toile, 122,5 x 177 cm Londres, the National Gallery © The National Gallery tuosité et la liberté dans le rendu de la nature qui s’apprécient délicieusement dans des œuvres comme celles du Portrait de l’Infant Baltasar Carlos sur son poney (1634-1635) ou le Portrait de Philippe IV en chasseur (16321634). Pour l’artiste, ces années correspondent aussi à une accélération de sa gloire, impliquant un carnet de commandes fort rempli, des honneurs et bien sûr la fortune. C’est alors qu’il sera épaulé par Martinez del Mazo qui entre dans son atelier en 1631. Toute une galerie de portraits est offerte au visiteur : la famille royale et les gens de la cour et les bouffons sont ses modèles. Un genre dont il veut casser les conventions rigides, aérant ses compositions et cherchant à régénérer la tradition. Peintre des portraits certes, mais cela ne semble pas l’empêcher d’aborder la fable sacrée ou profane comme cette délicate et très sensuelle Allégorie féminine (1645-1655) et surtout l’énigmatique et fascinante Vénus au miroir (1647-1651), seul nu subsistant de l’artiste et qui rappelle sans aucun doute combien l’artiste a été touché par les nombreuses nudités vénitiennes, un genre rare dans la peinture espagnole. Lors de son deuxième voyage en Italie de 1649 à 1651, c’est plus en agent artistique du roi d’Espagne qu’il parcourt la péninsule, chargé d’acquérir des œuvres antiques et modernes pour le palais de l’Alcazar qu’en artiste, désireux de parfaire sa formation. C’est au cours de ce voyage qu’il peint le célèbre Portrait d’Innocent X (1650) s’inscrivant dans la tradition des portraits de pape peints par Raphaël et a c t u Titien, sans renoncer à peindre des modèles choisis dans la vie populaire comme cette jeune paysanne, La Contadina (1650). A son retour à la cour d’Espagne, les protagonistes de la famille royale ont changé. Le roi a perdu sa première épouse mais aussi son fils chéri Baltazar Carlos, seule l’infante Marie-Thérèse survit. En seconde noce, il épouse Marie-Anne d’Autriche qui lui donnera trois enfants, Marguerite, Felipe Prospero, Charles II. La production de portraits à destination des cours européennes pour témoigner de l’avenir de la dynastie mais aussi de sa puissance redouble de vigueur. Son pinceau virtuose transforme les lourds vêtements de cour en symphonies chromatiques. Dans le Portrait de l’infant Felipe Prospero, Vélasquez rehausse son teint livide par des touches de rouge. Celui de l’Infante Marie-Thérèse (1652) se distingue par sa coiffure, faite d’une perruque semé de papillons scintillants. Le dernier Portrait du Philippe IV (1654) peint par Vélasquez, a été souvent copié mais c’est un sommet de perfection dans l’harmonie des noirs si magnifiquement maîtrisé par l’artiste. Palette plus vive Martinez del Mazo dont la tâche principale est de dupliquer les portraits royaux à partir des originaux du maître signe celui de l’Infante Marguerite en robe rose et argent. Vélasquez crée une version en robe bleue de l’Infante Marguerite, envoyée à son tour à la cour de Vienne, comme les versions blanche et rose, pour suivre en temps réel, dirait-on aujourd’hui a l i t l’évolution des traits de la princesse. La section consacrée à Juan Bautista Martinez del Mazo permet de mesurer la difficulté à distinguer entre les originaux du maître et les copies de Mazo. Son style ne devaitil pas être le plus proche possible de celui du maître ? D’ailleurs à la mort de Vélasquez en 1660, c’est lui qui sera nommé peintre de la Cour. Son identité artistique montre une palette plus vive et contrastée que celle de son mentor, une conception plus simplifiée des formes et un goût pour les effets de surface qui passe par la multiplication des rehauts blancs, comme Les Petits Cavaliers (1645-1650), admiré et copié par Manet. Quant à la toile des Ménines, si célèbre et si étrange, ne vous attendez pas à la contempler. Ce tableau est un monument et les monuments ne se déplacent pas, dit le commissaire. C’est par contre une version réduite, conservée à Kingston Lacy, qui est proposée. Longtemps attribuée à Vélasquez, les experts semblent d’accord pour dire que tant dans la vivacité de la palette que les détails d’exécution, l’œuvre serait de la main de Martinez del Mazo. En présentant en épilogue deux Autoportraits de Vélasquez, l’un mature (16401650) l’autre plus vieillissant (1644-1659), encadrant un Cheval blanc (1634-1638), la lecture des œu-vres se fait plus intimiste. A celles et ceux qui ont manqué les grandes rétrospectives organisées conjointement par le Prado à Madrid et le Metropolitan de New York en 1889-1990 ou celle de la National Gallery à Londres en 2006, c’est une occasion unique d’admirer les œuvres de celui qui a inspiré tant de peintres modernes de Renoir à Degas jusqu’à Dali, Bacon et Picasso et dont Manet disait qu’il disait « le peintre des peintres ». Régine Kopp Jusqu’au 13 juillet 2015 www.grandpalais.fr é 79 p a r i s après la victoire sur les susdits Maures – avec force déploiement de bannières espagnoles (constitutionnelles d’aujourd’hui !). On peut s’en divertir, bien qu’il n’y ait pas réellement de second degré. L’opéra nécessite donc un ténor glorieux. Contrat rempli. Après Domingo il y a quelques années, Alagna affronte un rôle-titre tout en rodomontades. Bien lui en prend ! Son émission, son timbre, possèdent toujours des ressources de vaillance, avec quelque chose de rayonnant. Passons sur quelques aigus qui lui échappent dans son premier air (celui, fameux, précité)... Notre ténor national reste la justification pleine et entière de cette production ! À ses côtés, Sonia Ganassi ne faillit pas, Chimène au chant sûr dans tous les registres. Annick Massis (l’Infante), Paul Gay (Don Diègue), Nicolas Cavallier (le Roi) et Luca Lombardo (Don Arias) complètent un plateau vocal parfaitement en phase. Michel Plasson dirige avec la science experte d’un connaisseur comme peu de Massenet, devant un orchestre clair bien que parfois tonitruant. Mais l’œuvre est ainsi faite. opéra Le Cid en fanfare Après presque cent ans d’absence, le Cid revient sur la terre de ses exploits. L’occasion, au Palais Garnier, d’un beau plateau vocal, et éventuellement de redécouvrir l’opéra de Massenet. 80 Pré claironnant Opéra Garnier : « Le Cid » © Agathe-Poupeney / Opéra national de Paris C’est le devoir de l’Opéra de Paris, Opéra national subventionné par le ministère de la culture, de présenter et défendre le répertoire lyrique français. On ne peut donc que saluer le retour dans la grande boutique du Cid, créé en cette maison en 1885. Opéra d’un Massenet alors au sommet de la gloire, il y fut repris jusqu’en 1919. Puis ce fut le silence, avec de rares représentations de-ci de-là. En 2011, l’Opéra de Marseille s’est avisé de donner l’ouvrage, au prétexte tout trouvé de la présence de Roberto Alagna. C’est cette production qui est reprise au Palais Garnier, avec le même divo et le même prétexte. Pour autant, on ne saurait croire qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre ; avec son livret tarabiscoté, et une musique de même substance, malgré d’omniprésents renforts de fanfares et chœurs guerriers. On notera trois airs, qui ont acquis une renommée partielle au disque ou dans certains récitals (par le héros : « Ô noble lame étincelante », « Ô souverain, ô juge » ce qu’il y a peut-être de mieux dans la musique ; le doucereux « Pleurez mes yeux » par l’héroïne), d’une inspiration un peu plus sentie. Mais guère beaucoup plus… Charles Roubaud reprend donc sa production, avec une action (sur un livret inspiré gros- a so modo de Corneille) transposée dans l’Espagne des années 20 ou 30. Une idée comme une autre… Si ce n’est que l’on ne comprend pas trop ce que viennent faire dans ce contexte les Maures dont il est question. La mise en scène se conforme tout du long à cette idée, sans surprise, pour éclater dans un final – L’art lyrique français est à la fête ! C’est ainsi qu’à l’Opéra-Comique, le Pré aux clercs fait aussi son grand retour. Cet opéra-comique de Ferdinand Hérold (1791-1833) avait été créé en 1832 dans ce même théâtre, pour s’y perpétuer avec plus de 1600 représentations (!) jusqu’en 1949. Puis survint l’oubli. Injuste ? On ne saurait le prétendre… Sur un sujet historique de convention (d’amours contrariées, bien entendu, plus ou moins sur fond de Saint- Opéra-Comique : «Le Pré aux clercs» © DR Vincent Pontet c t u a l i t é p Barthélemy), la musique égrène ses airs et ensembles dans une pâle imitation de Rossini, sans l’invention ni le génie. Tout juste détacherait-on le beau chœur des « Mascarades » vers la fin, ou l’ensemble qui clôt le premier tableau du dernier acte, mais l’un comme l’autre avec des idées musicales répétées à satiété. On n’est guère mieux loti sur ce plan que lors de la résurrection de Zampa, du même Hérold, en 2008 en ce même lieu. L’entreprise se justifie toutefois pleinement, pour illustrer le répertoire qui a fait les riches heures de l’Opéra-Comique (on ne manquera pas à cet égard l’exposition « De Carmen à Mélisande » – voir notre article). de saison, se déploient ceux de Chantons sous la pluie. Singin’ in the Rain fut d’abord un film, succès mondial de la Metro-Goldwyn en 1952. Il reprenait, en les adaptant, des chansons de Nacio Herb Brown et Arthur Freed, pour en faire un classique de la comédie musicale au cinéma. Par la suite, il servit de trame, avec de nouvelles adaptations, à des arrangements pour des théâtres de Broadway. C’est l’un de ces arrangements, daté de 1986, que prend le Châtelet, mais à nouveau adapté (par le chef d’orchestre Gareth Valentine, avec une instrumentation plus étoffée et divers changements musicaux). Le résultat musical en est « sim- Châtelet : «Singin' in the Rain» © Theatre du Chatelet - Patrick Berger D’autant que les meilleurs ingrédients sont mis à son service. Éric Ruf conçoit une mise en scène impeccablement réglée, avec un décor propice de clairière boisée, des costumes d’époque et des gestes en phase avec l’action. Les personnages sont campés avec précision, et parfaitement distribués vocalement. Pour le rôle principal, Michael Spyres constitue tout un luxe, ténor qui déploie son grand art (quasi incongru en la circonstance). Christian Helmer, Marie Lenormand, Jaël Azzaretti, Emiliano Gonzalez Toro, Éric Huchet, figurent mieux que des appoints, par la justesse du style alliée à la franchise de l’émission. Et les uns comme les autres aussi à leur aise dans les dialogues parlés. Paul McCreesh mène tout ce beau monde en compagnie du Chœur Accentus et de l’Orchestre Gulbenkian, avec une conviction presque communicative. Pluie en chansons Le Châtelet se donne aux parapluies. Après ceux de Cherbourg, qui s’ouvraient sur le début a c t u a r i s cinéma – mais l’œuvre, qui comme on l’imagine fait la part belle à la danse de variétés, entre claquettes et castagnettes, le veut. Parmi la troupe d’excellents chanteurs-danseurs, le virevoltant Dan Burton et l’impayable Emma Kate Nelson se distinguent. L’Orchestre de chambre de Paris ne ménage pas ses décibels, pour faire la pige à l’amplification du chant, guidé par l’assurance de Gareth Valentine. Roméo d’époque La grande salle de la fringante Philharmonie ne cesse pas. Dans tous les répertoires, et tous types de formations. Cette fois revient à François-Xavier Roth et à son orchestre les Siècles, d’essuyer les plâtres encore frais du neuf auditorium. Pour une œuvre de choix, alliant chœur, solistes vocaux et orchestre : Roméo et Juliette de Berlioz. Fidèle à ses options, le chef choisit de respecter au plus prés les répartitions spatiales prévues par la partition ; pour les instruments (d’époque) et les chanteurs, ceux-ci amenés à se déplacer en fonction des passages de la « symphonie dramatique ». Autant que faire se peut ; car le volume en rondeur de la Philharmonie ne correspond pas exactement aux salles de concert rectangulaires du XIXe siècle (du type de la salle de l’ancien Conservatoire, lieu de la création). Le résultat n’en est pas moins saisissant. Avec des fortunes diverses suivant les moments (comme ce petit chœur prévu en coulisse qui résonne de plet » (qualificatif de Valentine lui-même), avec des thèmes et chansons gentillets sans grande consistance. Le sujet est, lui, beaucoup plus savoureux : qui conte les mésaventures du premier cinéma parlant, sorte de cinéma dans le cinéma, évidemment avec moins d’effet à la scène. Avec son grand talent, Robert Carsen en tire tout le sel. Jouant de projections, de jeux Francois-Xavier Roth © Marco Borggreve scéniques dans les projections, dans un noir et blanc des plus pro- par trop). Roth sort grand vainqueur de ce défi, pices. Magnifique ! On regrettera seulement le déchaînant ses troupes, et accessoirement l’actableau final, dans le genre revue du Moulin cueil du public. Le ténor Jean-François Borras Rouge, qui vient dépareiller cette allégorie du paraît un peu court de souffle (est-ce l’effet de a l i t é 81 p a r i la salle ?), quand Jérôme Varnier campe crânement son rôle (de basse, mais ici barytonant), et qu’Isabelle Druet dispense des « strophes » sensibles. Excellent chœur Aedes, qui aurait toutefois gagné à être plus fourni pour l’apothéose finale. Confirmations d’atelier 82 L’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris confronte ses jeunes voix à des pages, célèbres, d’opéras de Beethoven, Berlioz, Boieldieu, Gluck, Wagner, Mozart et Rossini. Une sorte de défi, pleinement rempli. Adriana Gonzalez, Élisabeth Moussous, Oleksiy Palchykov, Arto Sarkissian, Yu Shao, Gemma Ni Bhriain, Tomasz Kumiega ou Ruzan Mantashyan relèvent le gant, rivaux sans complexe et sans déchoir de chanteurs fameux qui les ont précédé dans ce grand répertoire. Le relai du chant (international, on le voit), comme de l’Opéra de Paris semble des plus assurés ! Dans un Palais Garnier qui affiche complet, l’accompagnement des instrumentistes du Cercle de l’Harmonie (renouvelé, après la scission ayant donné naissance au Concert de la Loge olympique) se révèle, lui, perfectible, en dépit de la battue souple de Jérémie Rhorer. Concert national et radiophonique L’autre récente salle de concert de Paris, celle de la Maison de la Radio, se livre à l’Orchestre national de France, pour un programme également des plus classiques : Beethoven, Brahms, Bartók. Viktoria Mullova fait montre d’une dextérité aérienne dans le Concerto pour violon brahmsien, alors que la s virtuosité d’ensemble de la phalange s’épanouit dans le bien nommé Concerto pour orchestre de Bartók, sous la férule emportée de David Afkham. Bon anniversaire M. Boulez ! La Philharmonie II célèbre avec faste les 90 ans de Pierre Boulez, à travers des concerts, mais aussi des colloques et une exposition (voir notre article). À Robert Piencikowski, connaisseur comme peu (unique ?) du compositeur et responsable des archives de la Fondation Paul Sacher de Bâle, détentrice des partitions autographes de Boulez, revient une brillante présentation qui éclaire sous des jours inédits une œuvre dont on n’a pas fini de découvrir les ressources cachées. Ou quand le bagout s’allie à la science ! Le soir, l’Ensemble Intercontemporain distille le concert « À Pierre, le Grand Soir ». Tout un programme ! Explosante fixe, œuvre phare des années 90, est mise en regard du tendu Torsion d’Olga Neuwirth, du parcellaire Takdima du tout jeune compositeur Benjamin Attahir, de l’apodictique (sic) Scales du regretté Christophe Bertrand, du rutilant à Pierre de Luigi Nono, à son confère et ami en 1985, du très original Zug, pour sept cuivres, d’Enno Poppe, ainsi que de Frontispice… de Ravel, mais orchestré par Boulez. Le tout, sous la direction efficace de Matthias Pintscher. Le lendemain, place aux élèves du Conservatoire de Paris, pour « Messages et esquisses ». Ou un concert d’hommage distribuant des créations : de Betsy Jolas, chantant, d’Hugues Dufourt, rude, de Marc Monnet, pétillant, de Frédéric Durieux, décidé, d’Enno Poppe, allusif, de Philippe Hurel, bavard, d’Ivan Fedele, fébrile, de Johannes Maria Staud, ardent, de Philippe Manoury, félin, et de Bruno Mantovani, résonnant. Et pour finir, Messagesquisses « sur le nom de Paul Sacher », du maître lui-même. Œuvre de 1977, qui n’a pas perdu de sa sensibilité, surtout dans sa troisième partie, au rebours du rêche Explosante fixe. Puisque, il faut bien dire, le soleil de Boulez, dans sa renommée et sa valeur, a vu son éclat quelque peu se ternir ces vingt dernières années. Suave Rusalka Excellente initiative que de ressortir Rusalka ! production créée en cette même Bastille en 2002, reprise en 2005, et ensuite laissée dix ans en sommeil. L’opéra de Dvořák est suffisamment rare (bien que moins, ces derniers temps) pour mériter d’être revu et réentendu. D’autant qu’il s’agit d’une réalisation en tous points remarquable, dans sa restitution musicale et sa représentation, signée ici (et encore) Robert Carsen. Pour conter cette légende de naïade amoureuse d’un humain qu’elle finira par perdre tout en se perdant, on retrouve ainsi ce reflet onirique de deux mondes, aquatique et terrestre, par des images d’une splendide évocation : vaste chambre dédoublée par le haut ou par le côté, puis les mêmes éléments dispersés dans les airs, alliant plaisir esthétique et intelligence scénique. Le plateau vocal (quasi entièrement slave, à défaut d’être entièrement tchèque) s’y baigne comme poisson dans l’eau, dans des caractérisations bien profilées. Venus à la rescousse des deux rôles principaux, après la défaillance des chanteurs annoncés, Svetlana Aksenova (Rusalka) et Pavel Cernoch (le Prince) dépassent leur fonction de supplétif, dans un prenant lyrisme pour la première et un élan ferme pour le second ; trouvant son acmé dans leurs voix conjuguées, lors du magnifique, et attendu, duo final. Larissa Diadkova émerge de son côté avec une Ježibaba, la sorcière de l’histoire, caverneuse à souhait. Pertinente intervention d’Alisa Kolosova pour la Princesse, ou la rivale de l’héroïne. La direction musicale de Jakub Hrůša soutient la partition de mille détails, face à un orchestre rutilant, pour rendre meilleure justice à une œuvre qui recèle plus d’un charme. Pierre-René Serna «Rusalka» © C. Leiber / OnP a c t u a l i t é p chronique des concerts De Bach à Wagner… Heureux printemps musical qui s'annonce… Ce mois parisien est marqué par la tradition des oeuvres de Jean-Sébastien Bach à l'occasion du week-end de Pâques. C'est une véritable pluie polyphonique qui s'abat sur la capitale, jugez plutôt : Pas moins de trois Saint-Jean, Deux Saint-Matthieu et une Messe en si, le tout donné en l'espace de trois jours ! Un choix s'impose évidemment et il faut faire des sacrifices. Un lamentable concours de circonstances prive Daniele Gatti de “sa“ SaintJean à l'auditorium de Radio-France. Le projet original visait à présenter l'ouvrage avec des chanteurs lyriques en dehors de toute approche baroquisante ; une combinaison de grève sociale et de curieuses mesures de sécurité exceptionnelles interdiront finalement le concert (alors même que les répétitions avaient été menées à leur terme). Le même soir, point Maurizio Pollini (encore ?) de grève à la Philharmonie et des vigiles peu regardants à l'entrée. John Eliot Gardiner donne une Messe en Si de toute beauté, à la tête de son Monteverdi Choir et son orchestre. Le lieu offre une résonance très flatteuse qui sert d'écrin naturel à des interprètes de haute volée. Les phylactères du Kyrie eleison libèrent des entrecroisements de timbres magnifiques et rarement on aura entendu un W aussi juste d'intonations et des rythmes. Le changement de disposition permet au Dona nobis pacem final de rayonner dans un équilibre quasi-miraculeux. Le lendemain, c'est au tour de René Jacobs d'offrir au public parisien une mémorable Passion selon Saint-Jean. L'Akademie für Alte Musik Berlin est disposée a c t u de biais afin d'offrir le meilleur angle possible. Le chef choisit de diviser le RIAS Kammerchor en deux ensembles distincts : l'un à l'arrière pour les interventions tutti et l'autre côté cour, juste derrière les solistes comme une ombre portée. Evidemment moins incisif que Gardiner la veille, René Jacobs privilégie une ligne aux reliefs mordorés souvent accentués par une longueur de note généreuse et des accents retenus. Le Es ist vollbracht se fait l'écho sensible d'une foi intérieure, tandis que les interventions du chœur dans Ruht wohl, ihr heiligen Gebeine renvoient à une spiritualité sans lien avec une quelconque incarnation sonore. a r i s Un tout autre univers se déploie sur la scène de l'amphithéâtre Bastille avec une reprise du brillantissime Siegfried et l'anneau maudit, mis en scène par Charlotte Nessi. Ce spectacle créé il y a un an tout juste, fait mentir la catégorie “Jeune public“ dans laquelle il est présenté. Étonnant projet que celui qui consiste à présenter en 1h30 la quasi totalité du Ring wagnérien, qui plus est avec la Loge Olympique en guise d'effectif de poche et une répartition astucieuse des rôles chantés et joués… En faisant l'économie de plusieurs boucles narratives (notamment la paternité de Siegfried dans la Walkyrie et quelques éléments liés à Wotan), l'action se concentre sur un flux dramatique plein d'émotions et d'images fortes. Enfants et adultes rient de bon cœur ou bien ouvrent de grands yeux fascinés, sans que jamais l'attention se relâche. Le comique des scènes des transformations ou la belle réussite du combat de Siegfried (Jàn Rusko) contre le dragon Fafner sont parmi les plus belles réussites de cette production à ne manquer sous aucun prétexte. Malgré l'exiguïté du lieu, le plateau vocal se prend au jeu et ne sous-dimensionne pas ses interventions, bien aidé en cela par la battue énergique de Vizenz Praxmarer. Quelle surprise alors pour des jeunes auditeurs d'entendre à quelques mètres seulement, Catherine Hunold chanter l'immolation de Brünnhilde ou voir débarquer dans leur dos Fasolt et Fafner (excellents Jérémie Brocard et Florian Westphal) ! L'utilisation de la video et des éclairages permet une modularité très plastique des décors, si bien qu'on oublie rapidement tous les repères conventionnels pour se passionner d'un bout à l'autre. Une grande réussite. Incarnation totale en revanche pour le beau récital de Maurizio Pollini dans un remarquable programme Chopin-Boulez. Le pianiste milanais est dans ses bons David Verdier soirs et tient à le faire entendre. Les préludes op.28 trouvent sous ses doigts une résonance et une luminosité sans égal. La lisibilité totale des plans harmoniques est absolument prodigieuse ; qui offrirait aujourd'hui une telle combinaison d'impact et de couleur ? L'interprétation de la sonate n°2 de Pierre Boulez élève la partition au niveau des trois dernières sonates de Beethoven. On plonge sans retenue dans cette demi-heure de bourrasques de notes et de «Siegfried et l’anneau maudit» © Opéra national de Paris fascinants paysages. a l i t é 83 p a r i s Comédie Française Théâtre de l’Odéon - Europe La Maison de Bernarda Alba Federico García Lorca écrit La Maison de Bernarda Alba en 1936, deux mois avant son exécution par les franquistes. Il a alors 38 ans. Dernier volet de la trilogie rurale après Noces de sang (1933) puis Yerma (1935), ce drame en trois actes a été longtemps censuré par le pouvoir franquiste, car García Lorca y dénonce le poids des traditions en même temps qu’il annonce le long repli de l’Espagne prisonnière de ses croyances et de ses superstitions. à travers trois générations de femmes emmurées, ce texte interroge l’essence Cécile Brune sera Bernarda 84 même de la tyrannie, intime et politique. Lilo Baur souhaite donner corps aux non-dits, où bruissent le désir et la vie, et a ainsi imaginé une série de tableaux dédoublés où se joue le drame de la modernité contre l’ordre ancien. . Du 23 mai au 25 juillet 2015 Les Fausses Confidences «Les Fausses Confidences» avec Manon Combes, Isabelle Huppert, Bulle Ogier © Pascal Victor Comment faire parler l'amour ? Luc Bondy aborde son quatrième Marivaux avec une distribution exceptionnelle : Isabelle Huppert, Bulle Ogier, Louis Garrel... Un tel triomphe devait impérativement être repris. Le revoici à l'Odéon, après une tournée internationale. . Du 15 mai au 27 juin 2015 Billetterie en ligne :x Billetterie en ligne :x Théâtre de la Colline Théâtre du Rond-Point Affabulazione Murmures des murs Conçu et mis en scène par Victoria Thierrée-Chaplin, ce spectacle permet de voir ou revoir Aurélia Thierrée, accompagnée de Jaime Martinez, Antonin Maurel. «Affabulazione» © Samuel Rubio écrit en 1977, ce texte de Pier Paolo Pasolini a une structure très simple : une mère, un père, un fils, et quelques figures qui font avancer le récit. Il y est question de l’éternel problème de la filiation et de la rivalité dans la filiation. Les figures sont des archétypes, mais l’auteur sait brasser références littéraires, contexte politique, société bourgeoise et réalités individuelles pour construire un monde crédible, saisissant. Ce spectacle mis en scène par Stanislas Nordey - qui sera sur scène dans le rôle du Père, pour partager avec ses acteurs les fulgurances poétiques d’Affabulazione et l’inquiétant questionnement générationnel de Pasolini - animera la scène du Théâtre de la Colline dès le mois de mai. Elle disparaît dans l’un des cartons de déménagement qui jonchent le sol. Elle traverse le temps, l’espace et les murs. Monte-en-l’air, elle escalade les façades, pénètre les chambres fortes des secrets. Elle se laisse piéger par les murs. Ils ont une âme et des histoires, du vécu. Aurélia Thierrée fuit, échappée au pays des merveilles dans une Venise déserte. Danses, acrobaties et fantasmagories, les murs prennent vie, elle en est l’actrice ou la spectatrice. «Murmures des Murs» Peuplé de bestioles fantas© Richard Haughton tiques, «Murmures des murs» est un songe tangible, un périple aux paroles rares, avec plongée consentie dans la folie douce. . du 12 mai au 6 Juin 2015 . Du 4 au 23 mai 2015 Billetterie en ligne, ou réservation au 01 44 62 52 52 Billetterie en ligne : www.theatredurondpoint.fr/ a c t u a l i t é p Sélection musicale de mai : Clou de la saison 2014-2015 de l'Opéra de Paris présenté du 16 mai au 14 juin Le Roi Arthus de Ernest Chausson sera dirigé par Philippe Jordan et mis en scène par Graham Vick. Sophie Koch interprétera le rôle de Genièvre, Thomas Hampson sera Arthus et Roberto Alagna Lancelot en alternance avec Zoran Todorovich (les 8, 11 et 14 juin), Orchestre et Chœur de l'Opéra national de Paris. Le 10 mai au Palais Garnier, Ferruccio Furlanetto chantera Winterreise de Schubert accompagné au piano par Igor Tchetuev. Dans le cadre de la série Convergences deux concert les 21 et 23 mai autour d'Ernest Chausson par le Quatuor Les Dissonances et le violoniste David Grimal, avec la soprano Maris Kalinine (Chausson, Enescu, Schönberg le 21, Szymanowski, Chausson et Kodaly le 23), suivi le 27 mai par un récital de Stéphane Degout en compagnie de Michaël Guido (piano), d'Alexis Descharmes (violoncelle) et de Matteo Cesari (flûte) : au programme Wolf, Strauss, Ravel et Liszt. Au TCE du 4 au 16 mai nouvelle production de Macbeth de Verdi dirigé par Daniele Gatti et mise en scène par Mario Martone avec Roberto Frontali (Macbeth), Susanna Branchini (Lady Macbeth), Andrea Mastroni (Banquo), Jean-François Borras (Macduff), Sophie Pondjiclis (La dame d’honneur de Lady Macbeth) et Jérémy Duffau (Malcolm), l'Orchestre National de France. Poursuite du cycle Shakespeare le 10 mai avec un concert interprété par Anna Netrebko et l'Orchestre National de France dirigé par Daniele Gatti dans le cadre des Grandes Voix (Berlioz Béatrice et Bénédict, Strauss Quatre derniers Lieder et Prokofiev Roméo et Juliette). Le 18 mai, Requiem de Verdi par le chef Andris Poga et les chanteurs Maija Kovalevska, Olesya Petrova, Giorgio Berrugi et Riccardo Zanellato, l'Orchestre Symphonique de Lettonie. Le 22 concert de l'Orchestre de chambre de Paris dirigé par Jean-François Heisser également au piano avec la soprano Anne-Catherine Gillet : œuvres de Manoury, Stockhausen, Barber et de Copland. Le 23 à l'affiche des Grandes Voix Jonas Kaufmann accompagné par le Munich Radio Orchestra dirigé par Jochen Rieder en tournée parisienne avec son concert « Du bist die Welt für mich » dans lequel il chantera des airs et chansons signés Lehár, Stolz, Kálmán, Benatzky, Tauber et May. Le 26 l'Orchestre de chambre de Paris sera placé sous la direction de Sir Roger Norrington avec Ian Bostridge pour interpréter des œuvres de Purcell, Vaughan Williams, Britten et Haydn. Le 29 toujours dans le cadre des Grandes Voix, Magdalena Kožená et Mitsuko uchida joueront de Schumann Gedichte der Königin Maria Stuart, de Debussy Chansons de Bilitis, de Mahler les Rückert Lieder, de Debussy Ariettes oubliées et enfin de Messiaen Poèmes pour Mi (Livre II). Création à l'Opéra Comique les 18 et 19 mai, avec Contes de la lune vague après la pluie de Xavier Dayer, opéra de chambre sur un livret d’Alain Perroux, d’après le scénario du film de Kenji Mizoguchi, donné la première fois le 20 mars 2015 à l’Opéra de Rouen, dirigé par Jean-Philippe Wurtz et mis en scène par Vincent Huguet avec Taeill Kim, Majdouline Zerari, Carlos Natale, Judith Fa, Luanda Siqueira, David Tricou, et l'Orchestre Ensemble Linea. Récital de Simone Kermes Salle Gaveau le 6 mai en compagnie de La Magnifica Comunitta dirigée par Enrico Casazza (Eccles, Dowland, Purcell...). a c t u a l a r i s Le 28 mai Christine Schäfer sera en récital avec le Quatuor Auryn : au programme des œuvres de Anton Webern, de Schumann/Aribert Reimann (Six mélodies, transcription pour soprano et quatuor à cordes, op. 107), de Schœnberg et de Felix Mendelssohn/Aribert Reimann ("... oder soll es Tod bedeuten?", huit Lieder et un fragment de Felix Mendelssohn transcrit pour soprano et quatuor à cordes). A Versailles les 5 et 6 mai, Dardanus de Rameau, mis en scène par Michel Fau et dirigé par Raphaël Pichon à la tête de l'Ensemble Pygmalion avec la distribution suivante Mathias Vidal (Dardanus), Gaëlle Arquez (Iphise), Karina Gauvin (Vénus), Florian Sempey (Anténor), Nahuel Di Pierro (Teucer, Isménor) et Katherine Watson (Un Songe, l’Amour, une phrygienne). Rareté le 30 mai avec une version de concert de Uthal de Mehul chanté par Karine Deshayes (Malvina), Yann Beuron (Uthal), JeanSébastien Bou (Larmor) et Sébastien Droy (Ullin), Les Talens Lyriques dirigé par Christophe Rousset. La Philharmonie de Paris accueille l'Orchestre de Paris les 6 et 7 mai pour un concert dirigé par Jaap van Zweden avec en solistes David Fray, Mélanie Diener, Iris Vermillion et Werner Güra (Mozart, Mahler/Das Klagende Lied). Le 10 retour à Paris de Jessye Normann en récital (de Gershwin aux musicals). Opéra en concert le 12 avec La Fiancée du Tsar de Rimski-korsakov, l'Orchestre National de France placé sous la direction de Mikhail Jurowski, Olga Kulchinskaya (Marfa), Agunda Kulaeva (Lubacha) et Alexey Tararintsev (Ivan). Madrigaux amoureux de Monteverdi le 18 joués par Les Arts Flo et Paul Agnew aux commandes, en compagnie de Miriam Allan, Hannah Morrison, Lucile Richardot et Stéphane Leclercq. Les 20 et 21 retour de l'Orchestre de Paris dirigé par Paavo Järvi avec Matthias Goerne (Debussy, Dalbavie, Moussorgski), le 23 concert du National d'Ile-de-France dirigé par David Levi avec Sandrine Buendia et Marie Lenormand. «Le Pré aux clercs» © Pierre Grosbois Ailleurs en France : A Nice nouvelle production de La Juive de Halévy du 17 au 26 mai dirigée par Frédéric Chaslin et mise en scène par Gabriele Rech. Vu et entendu : à l'Opéra Comique retour réussi du Pré aux clers d'Hérold (31 mars) mené par une troupe soignée, drôle et endiablée placée sous la direction tonique de Paul Mac Creesh. François Lesueur i t é 85 p a r i s t Théâtre de l’Odéon - Europe Henry VI «Henry VI» © Nicolas Joubard Shakespeare mis en scène par Thomas Jolly et joué par la Cie La Piccola Familia... une véritable odyssée qui suscite une adhésion publique extraordinaire. Car Thomas Jolly croit au théâtre. Et il fait ce qu'il faut pour qu'on y croie avec lui. . Du 2 au 17 mai 2015 / Berthier 17e Durée : 2 cycles de 9 heures, à voir en 2 dates non dissociables : 2 et 3 mai, ou 8 et 14 mai, ou 9 et 10 mai, ou 16 et 17 mai 86 ANTOINE (01.42.08.77.71) Le Système d’Antoine Rault m.e.s. Didier Long - avec Lorànt Deutsch et Stéphane Guillon - jusqu’au 30 mai BOUFFES PARISIENS (01.42.96.92.42) u A gauche, en sortant de l’ascenseur de Gérard Lauzier - m.e.s. Arthur Jugnot - jusqu’au 9 mai COLLINE (rés. 01.44.62.52.52) u Le Chagrin par la compagnie les Hommes Approximatifs - m.e.s. Caroline Guiela Nguyen - du 6 mai au 6 juin. u Affabulazione de Pier Paolo Pasolini - m.e.s. Stanislas Nordey du 12 mai au 6 juin. COMéDIE DES CHAMPS ELySéES (01.53.23.99.19) u Le Père de Florian Zeller - m.e.s. Ladislas Chollat - avec Robert Hirsch - jusqu’au 28 juin. COMéDIE FRANçAISE SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15) u Les Estivants de Gorki - m.e.s. Gérard Desarthe - jusqu’au 25 mai u Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare - m.e.s. Muriel MayetteHoltz - jusqu’au 25 mai u u Innocence de Dea Loher - m.e.s. Denis Marleau - jusqu’au 1er juillet u Lucrèce Borgia de Victor Hugo m.e.s. Denis Podalydès - jusqu’au 19 juillet u La Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca - m.e.s. Lilo Baur - du 25 mai au 25 juillet STUDIO-THéâTRE (01.44.58.98.98) u Dancefloor Memories de Lucie Depauw - m.e.s. Hervé Van der Meulen - jusqu’au 10 mai u La princesse au petit pois de Hans Christian Andersen - m.e.s. Édouard Signolet - du 29 mai au 28 juin VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00) u Les enfants du silence de Mark Medoff - m.e.s. Anne-Marie Etienne - jusqu’au 17 mai u Le système Ribadier de Feydeau m.e.s. Zabou Breitman - du 29 mai au 17 juillet EDOUARD VII (01.47.42.59.92) u Un dîner d'adieu d'Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte jusqu’au 31 mai ESSAïON (01 42 78 46 42) u Conversation ou Le voyage d’Ulysse de Primo Levi et Ferdinando Camon - m.e.s. Dominique Lurcel - a g h é â t jusqu’au 26 mai HéBERTOT (01.43.87.23.23) u Des Gens bien de David LindsayAbaire - m.e.s. Anne Bourgeois avec Miou Miou - jusqu’au 30 mai LA BRUyèRE (01.48.74.76.99) u On ne se mentira jamais ! d’Eric Assous - m.e.s. Jean-Luc Moreau jusqu’au 30 mai MADELEINE (01.42.65.07.09) u Le Souper de Jean-Claude Brisville - m.e.s. Daniel Benoin - jusqu’au 17 mai MATHURINS (01.42.65.90.00) u Fabrice Luchini - Poésie ? - jusqu’au 27 mai NOUVEAUTéS (01.47.70.52.76) u Le Tombeur de Robert Lamoureux - m.e.s. Jean- Luc Moreau - jusqu’au 17 mai ODéON EUROPE (01.44.85.40.40) u Ivanov d’Anton Tchekhov - m.e.s. Luc Bondy - création - jusqu’au 3 mai r e u Les Fausses Confidences de Marivaux - m.e.s. Luc Bondy - avec Isabelle Huppert, Bulle Ogier - reprise du 15 mai au 27 juin. ATELIERS BERTIER u Henry VI de Shakespeare - m.e.s. Thomas Jolly / Cie La Piccola Familia - du 2 au 17 mai RIVE GAUCHE (01 43 35 32 31) u Le joueur d’échecs de Stefan Zwieg - m.e.s. Steve Suissa - avec Francis Huster - jusqu’au 31 mai u 24h de la vie d'une femme de Stefan Zweig - m.e.s. Steve Suissa avec Clémentine Célarié - jusqu’au 29 août THéâTRE DE LA VILLE (01.42.74.22.77) u Antigone de Sophocle - m.e.s. Ivo Van Hove - avec Juliette Binoche jusqu’au 14 mai Théâtre du Rond-Point Semianyki Express Saint-Pétersbourg, deux minutes d’arrêt. Les clowns Semianyki, mot russe pour « famille », ont triomphé partout avec leur tribu de fous furieux et de monstres de tendresse, version ruskov des Simpson. Ils reviennent avec un nouveau spectacle sans mots. Ils ont tellement bourlingué, ce sera leur sujet : le voyage. Un quai de gare, un train. Une expédition, une promesse de départ. «Semianyki Express» Dans ce nouveau spectacle, nos six zouaves russes s’en donnent à cœur joie. Ils croquent les personnages du quotidien avec une férocité délicieuse. Les gags s’enchaînent à un rythme effréné. Chaque saynète est un régal qui nous entraîne dans un univers onirique où la cruauté et le drame se transforment au final en rires ! . Du 28 mai au 5 juillet 2015 Réservation : 01 44 95 98 21 ou Billetterie en ligne e n d a p a r i s b e a u x - a r t s Fondation Custodia Raphaël, Titien, Michel-Ange Dessins italiens du Städel Museum de Francfort La Fondation Custodia offre au public une magnifique occasion de découvrir une sélection de l’exceptionnel ensemble de dessins des maître italiens de la Renaissance en possession du Städel Museum de Francfort. 90 chefs-d’œuvre des XVe et XVIe de Raphaël, Titien, Michel-Ange ou Corrège sont ainsi exposées dans les salles de l’hôtel Lévis-Mirepoix, permettant d’examiner le meilleur de l’art du dessin. La collection provient de la donation du banquier et collectionneur Johann Friedrich Städel, et cet ensemble de dessins italiens fut complété, au milieu du XIXe s., par l’historien de l’art John David Passavant, devenant ainsi une collection illustrant le différents courants artistiques de cette époque. L’exposition propose donc un large choix de dessins représentatifs de la période allant de 1430 à 1600, dont certains rarement ou jamais dévoilés au public. En premier lieu, des feuilles du XVe attireront l’attention : quatre élégantes figures gothiques, en pied, du cercle de Pisanello (vers 1430), une étude à la pointe de méta, d’après nature, pour ue “Crucifixion“ (vers 1450), le dessin vénitien d’un jeune homme régardant ver le ciel (vers 1500) ou encore l’esquisse exceptionnelle d’une scène de deuil par l’artiste Marco Zoppo (vers 1470). Parmigianino «Tête d’homme barbu tourné vers la droite», vers 1523/25 (?). Sanguine, 189 x 131 mm © Städel Museum, Frankfurt am Main Atelier Grognard l VLAMINCK – jusqu’au 25 mai Bibliothèque Nationale l FRANçOIS IER, POUVOIR ET IMAGE – jusqu’au 21 juin Centre Pompidou l QU’EST-CE QUE LA PHOTOGRAPHIE ? – jusqu’au 1er juin l TéLéMAQUE – jusqu’au 18 mai Cité du cinéma, St.Denis l HARRy POTTER – jusqu’au 6 sept. Cité de la Musique l DAVID BOWIE – jusqu’au 30 mai l PIERRE BOULEZ – jusqu’au 28 juin Fondation Cartier l BRUCE NAUMAN – jusqu’au 21 juin Fondation Custodia l RAPHAëL, TITIEN, MICHEL-ANGE. Dessins du Städel Museum de Francfort – jusqu’au 21 juin l CIRQUE D’ENCRES. L’œuvre sur papier de Gèr Boosten – jusqu’au 21 juin Fondation Louis Vuitton l LES CLEFS D’UNE PASSION – jusqu’au 6 juillet Grand Palais l VELáZQUEZ – jusqu’au 13 juillet l LUMIèRE ! Le cinéma inventé – jusqu’au 14 juin l JEAN PAUL GAULTIER – jusqu’au 3 août a g Mais d’autres chefs-d’œuvre sont exposés, tels les dessins de Fra Bartolommeo et MichelAnge à Florence, Raphaël à Rome, Le Corrège à Parme et Titien à Venise réalisés entre 1500 et 1525, voire des œuvres de la seconde partie du XVIe s. provenant d’Italie centrale et du Nord. . jusqu’au 21 juin 2015 l ICôNES AMéRICAINES. Chefs-d’œu- vre du SFMoma & de la collection Fisher – jusqu’au 22 juin Halle St. Pierre l LES CAHIERS DESSINéS – jusqu’au 14 août. Institut des Cultures d’Islam l CHERCHEZ L’ERREUR – jusqu’au 19 avril Jeu de Paume l FLORENCE HENR & TARyN SIMON & VANDy RATTANA – jusqu’au 17 mai La Maison Rouge l MATHIEU BRIAND - ET IN LEBERTALIA EGOUN PROJET & JéRôME ZONDER - jusqu’au 10 mai Maison de l'Amérique latine l CARMEN PERRIN – jusqu’au 16 mai Maison du Japon l FIBER FUTURES. Les explorateurs de la création textile au Japon – du 6 mai au 11 juillet. Maison de la Photographie l HARRy GRUyAERT, DENIS DARZACQ, GéRARD RONDEAU, LyDIA FLEM, LUIZ MAURO & yUKI ONODERA – jusqu’au 14 juin. Musée des arts décoratifs l DéBOUTONNER LA MODE – jusqu’au 19 juillet Musée d’art du judaïsme l MAGIE. Anges et démons dans la e n tradition juive – jusqu’au 28 juin Musée d’art moderne l GEORGES NOëL. La traversée des signes – jusqu’au 3 mai l LA PASSION SELON CAROL RAMA – jusqu’au 12 juillet l MARKUS LüPERTZ. Une rétrospective – jusqu’au 19 juillet Musée Bourdelle l MANNEQUINS D'ARTISTE, MANNEQUINS FéTICHES – jusqu’au 12 juillet Musée Dapper l L’ART DE MANGER - Rites et traditions – jusqu’au 12 juillet Musée Jacquemart-André l DE GIOTTO à CARAVAGE - Les passions de Roberto Longhi – jusqu’au 20 juillet Musée du Louvre l POUSSIN ET DIEU – jusqu’au 29 juin l LA FABRIQUE DES SAINTES IMAGES. ROME-PARIS, 1580-1660 – jusqu’au 29 juin l L’éPOPéE DES ROIS THRACES – jusqu’au 20 juillet Musée du Luxembourg l LES TUDORS – jusqu’au 19 juillet Musée Maillol l LE BAISER – jusqu’au 26 juillet Musée Marmottan-Monet l LA TOILETTE. Naissance de l’intime – jusqu’au 5 juillet d a Musée de Montmartre l L’ESPRIT DE MONTMARTRE ET L’ART MODERNE 1875-1910 – jusqu’au 25 septembre Musée d’Orsay l PIERRE BONNARD. Peindre l’Arcadie – jusqu’au 19 juillet l DOLCE VITA. Art décoratif italien 1900-1940 – jusqu’au 13 sept. Musée du Quai Branly l LES MAîTRES DE LA SCULPTURE DE CôTE D’IVOIRE – jusqu’au 26 juillet Musée Zadkine l DES(T/S)INS DE GUERRE – jusqu’au 14 juin Palais Galliera l JEANNE LANVIN – jusqu’au 23 août Palais de Tokyo l LE BORD DES MONDES & TAKIS, champs magnétiques & BOUCHRA KHALILI – jusqu’au 17 mai Petit Palais l LES BAS-FONDS DU BAROQUE – jusqu’au 24 mai l CARMEN ET MéLISANDE, drames à l’Opéra Comique - jusqu’au 28 juin Pinacothèque l AU TEMPS DE KLIMT. La Sécession à Vienne – jusqu’au 21 juin l LE PRESSIONNISME. Les chefsd’œuvre du graffiti sur toile – jusqu’au 13 septembre. 87 m é m e n t o Bonlieu, Annecy Théâtre Maurice Novarina, Thonon Alain Platel, une des grandes figures de la danse internationale, a créé «Coup fatal», une spectacle qui traverse le temps, les genres et les frontières, dressant le tableau du passé colonial du Congo sur une scène envahie de douilles de munitions. Les gestes grands et fanfarons des danseurs et des musiciens conjurent l’iniquité de la violence. Avec son spectacle «La fin du monde est pour dimanche», François Morel fait exister une galerie de personnages vieillissants qui font le bilan de leur vie et viennent partager avec nous leurs rêves, leurs folies, leurs angoisses et leurs petits bonheurs. «Coup fatal» © Chris van Der Burght «La fin du monde est pour dimanche» © Manuelle Toussaint Exubérant, baroque et lumineux, ce spectacle bénéficie de la musique du compositeur bruxellois Fabrizio Cassol, fusion de jazz, rock et musiques traditionnelles, servie par des musiciens de Kinshasa, par le contre-ténor congolais Serge Kakudji et par le guitariste Rodriguez Vandama. . Mardi 5 mai 2015 à 20h30 Seul en scène, il nous parle du temps qui passe, avec en point de mire ce dernier jour de la semaine. Tout est dit avec l’humour et l’affection qu’on lui connaît, avec légèreté, voire parfois une tendre absurdité, Coup fatal 88 François Morel . Jeudi 7 et vendredi 8 mai à 20h Billetterie : [email protected] Billetterie en ligne : billetterie.mal-thonnon.org, ou rés. 04.50.71.39.47 Grange au Lac, évian Château Rouge, Annemasse Doué d’une finesse, d’une sensibilité hors du commun et d’une virtuosité à couper le souffle, Nikolaï Lugansky est un pianiste d’une polyvalence extraordinaire. Le clarinettiste David Krakauer qui, à la fin des années 80, arpentait les pays d’Europe de l’Est afin de recueillir les derniers vestiges d’une culture yiddish presque totalement anéantie par l’Holocauste, est depuis lors engagé dans une relecture de la musique klezmer qu’il ne cesse de réinventer. Nikolaï Lugansky David Krakauer Très apprécié par le public international, l’annonce de ses concerts remplit chaque année les salles dans lesquelles il est invité. A la Grange au Lac, il saura charmer les mélomanes en interprétant des œuvres de Franz Schubert - Allegretto en do mineur D915 & Sonate pour piano en do mineur, D958 - et de Tchaïkovski - Trois saisons : Janvier, Août, Novembre & Sonate pour piano en sol majeur, Op. 37 « Grande sonate ». David Krakauer. Photo credit GMD Three Débridé et sauvage, David Krakauer stupéfie sur scène. Quand il fait surfer à une allure époustouflante sa clarinette sur la crête des aigus, c’est une exubérante bouffée de joie qui passe. Nikolaï Lugansky © Marco Borggreve Naïve-Ambroisie . mercredi 13 mai 2015 . samedi 16 mai 2015 Billetterie en ligne : www.chateau-rouge.net/, ou rés. par téléphone : (+33) 450 43 24 24 Billetterie en ligne : billetterie.mal-thonnon.org, ou rés. 04.50.71.39.47 a g e n d a m é m Théâtre de Valère, Sion e n t o Abbaye de Bonmont A la folie Feydeau Philippe Jaroussky Les Concers de Bonmont accueillent le contre-ténor vedette Philippe Jaroussky en mai, qui fera résonner les murs impressionnants de l'Abbaye presque millénaire de Bonmont, située à 8 kilomètres au nord-est de Nyon dans le canton de Vaud, au fil d'un concert exclusif pour la Suisse romande. «A la folie Feydeau» © David Grimbert En un même spectacle se trouvent réunies trois pièces en un acte de Georges Feydeau offrant chacune une vision féroce de l’amour : Amour et Piano, Feu la mère de Madame, Les Pavés de l’ours. Dans chacune des intrigues, un couple se découvre, se déchire, se retrouve… Dans un décor composé de trois structures mobiles, et conçu comme une boîte à musique, les comédies s’enchaînent l’une l’autre en chansons, servies par les comédiens de l’A2R compagnie, et mises en scène par Léonard Matton. . Mercredi 13 mai 2015 Aux côtés du pianiste Jérôme Ducros, il y présentera son programme «Green» dédié à la poésie de Paul Verlaine mise en musique par Debussy, Chausson, Fauré et Hahn. Philippe Jaroussky © Simon Fowler . Mardi 5 mai 2015 à 19h Réservez vos billets en ligne sur www.kulturticket.ch (Bonmont Concerts). Billetterie : 027 / 323.45.61 ou en ligne Salle Centrale de La Madeleine ADC, Salle des Eaux-Vives, Genève Le Quatuor de Genève Ion Le 3ème concert de la saison 2015 sera marqué par le passage à la Salle Centrale de la Madeleine, le Musée d’Art et d’Histoire, traditionnel lieu d’accueil de la formation, devant faire l’objet d’importants travaux de rénovation. Le programme rapproche Schumann et son Quatuor à cordes op. 41 n° 1, de Brahms et son Quatuor à cordes op. 51 n° 1. On sait l’importance pour le jeune Brahms de sa rencontre avec le couple Schumann, Robert l’ayant d’emblée qualifié de «nouveau messie de l’art», sans oublier l’amitié passionnée qui a lié Brahms et Clara jusqu’à la mort de celle-ci. Quatuor de Genève: Sidonie Bougamont, violon, André Wanders, violoncelle, Emmanuel Morel, alto et François Payet-Labonne, violon . dimanche 3 mai à 11 heures En mai, la danseuse et chorégraphe Cindy Van Acker viendra présenter sa nouvelle création à la Salle des EauxVives. Avec «Ion», Cindy Van Acker revient à la possibilité d’expérimentations radicales que permet le solo et renoue ainsi avec le travail de son propre corps sur scène, à la recherche d’une plasticité extrême. C’est un solo qui renverse des valeurs qu’on pensait admises pour soi-même, qui redonne sa place au temps et à l’exigence du travail dans la durée. Cindy Van Acker Crédit Steeve Iuncker . Du 6 au 13 mi 2015 Billetterie : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe Billets à l’entrée a g e n d a 89 m é m e n t o Victoria Hall La Cathédrale de Genève L’OSR et le Bicentenaire 90 La date historique du 19 mai 1815-2015 marque l’entrée officielle de Genève dans la Confédération suisse. Pour clôturer les festivités de ce bicentenaire, l’Association GE200.CH et l’Orchestre de la Suisse Romande offrent à toutes et à tous un concert symphonique au Victoria Hall. Des œuvres de Gioacchino Rossini (Guillaume Tell, Ouverture en mi mineur), Frank Martin (Concerto pour sept instruments à vent, timbales, batterie et orchestre à cordes), Igor Stravinski (Divertimento, Suite du ballet Le Baiser de la Fée) et Maurice Ravel (Boléro, pour orchestre) seront au programme de ce rendez-vous musical, sous la battue de Neeme Järvi. Neeme Järvi Chœur et l'Orchestre de l'Université de Genève Après une messe aux airs de tango argentin, «Misa Tango» de Martin Palmeri, qui ajoute aux éléments traditionnels de la messe les rythmes dansants et saccadés du tango, le Chœur et l'Orchestre de l'Université, placés sous la direction de Sébastien Brugière, vous inviteront à vous laisser séduire par la «Mass of the Children» de John Rutter, une messe latine composée en 2003, sur laquelle le compositeur a ajouté des textes poétiques anglais d’auteurs tels que Thomas Ken ou William Blake. Sébastien Brugière . 19 mai 2015 Cette messe «des» enfants, qui respire l'optimisme et la joie de vivre, sera interprétée, de concert, par le Chœur de l’Université et les enfants de la Maîtrise du Conservatoire populaire. En solistes : Valérie Bonnard - mezzo soprano, Thibault Gérentet - baryton et Jérémy Vannereau - bandonéon. . dimanche 3 mai 2015 CONCERT GRATUIT SUR RESERVATION (4 billets par personne au maximum) Billetterie : Ville de Genève ou Migros Genève billetterie-culture.ville-ge.ch Théâtre Saint-Gervais Théâtre Alchimic L’âne et le ruisseau Haute Autriche «Haute Autriche» © Isabelle Meister Christian Geffroy Schlittler © C. Lutz Il y a toujours dans la production d’un grand auteur un bijou qui sommeille. Pièce posthume écrite en 1855, «L’âne et le ruisseau» cristallise avec éclat les thèmes centraux de l’œuvre de Musset : le besoin et la difficulté de s’engager, en amour comme en politique. En présentant ce texte étrangement méconnu, un bijou de lucidité et de cruauté, Christian Geffroy Schlittler poursuit son travail de réappropriation du répertoire classique. Reprise au théâtre Alchimic de «Haute Autriche ou Grandeur et misère d'être parents», une pièce de Franz-Xaver Kroetz mise en scène par Jérôme Richer. Il s'agit d'une comédie vive et populaire avec de l’humour sur la douce tyrannie exercée par la société de consommation. Si la pièce est profondément ancrée dans les années 1970, le texte résonne très fortement aujourd’hui, car être consommateur, ce n’est pas forcément être heureux. . Du 12 au 23 mai 2015 . du 5 au 17 mai 2015 Billetterie en ligne : www.saint-gervais.ch, ou 022/908.20.20 Billetterie en ligne : www.alchimic.ch, ou réservation au 022/301.68.38 a g e n d a m GENEVE concerts u 1.5. : Série répertoire. OSR, dir. Markus Stenz, LEONIDAS KAVAKOS, violon (Wagner, Sibelius, Adams). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 3.5. : ORCHESTRE DE LA HEM, dir. Laurent Gay. OPHÉLIE GAILLARD, violoncelle (Wagner, Schumann, Brahms). Victoria Hall de Genève à 20h (billetterie de la Ville de Genève, T. +41(0)22 418 62 45, www.ville-geneve.ch/themes/culture/offre-culturelle/billetteries/ u 6.5. : Série Grands Classiques. OSR, dir. Neeme Järvi, PER TENGSTRAND, piano (Schubert, Stenhammar, Beethoven). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 9.5. : CHœuRS DES COLLèGES, dir. Marie-Isabelle Pernoud, Chœur Cité-Lac, Chœur de Pontverre (Haydn). Cathédrale Saint-Pierre à 20h (loc. Service culturel Migros, 022/319.61.11) u 10.5. : Série Musique sur Rhône. Ensemble de musique de chambre de l’OSR, FRANçOIS PAyET-LABONNE & DAVID VALLEZ, violon, EMMANuEL MOREL & DENIS MARTIN, alto, SON LAM TRâN, violoncelle, JONATHAN HASKELL, contrebasse (Martin, Rossini). BFM, Salle Théodore Turrettini, 11h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 10.5. : Concert du dimanche de la ville de Genève. ORCHESTRE SyMPHONIquE GENEVOIS, dir. Gleb Skvortsov, DIEGO INNOCENZI, orgues (Bach, Guilmant). Victoria Hall à 11h (Billetterie en ligne http://billetterieculture.ville-ge.ch / Location Espace Ville de Genève) u 10.5. : CITATIONS ET DÉCALAGES. Sébastian Jacot, traverso, Antoine Françoise, piano, Brice Pauset, pianoforte, Isabelle Magnenat, violon, Hans Egidi, alto, Olivier Marron, violoncelle, Joan Mompart, comédien (C.P.E. Bach, Zimmermann). Musée d’art et d’histoire de Genève à 11h (rés. : www.contrechamps.ch/) u 11.5. : ORCHESTRE DE L’uNIVERSITÉ DE GENèVE, CHœuR DE L’uNIVERSITÉ DE GENèVE & MAîTRISE Du CONSERVATOIRE POPuLAIRE DE GENèVE. Dir. Sébastien Brugière. VALÉRIE BONNARD mezzosoprano, THIBAuLT GÉRENTET barytonbasse (Rutter, Dvorak). Victoria Hall à 20h30 (loc. Espace Ville de Genève) a g u 12.5. : Jazz Classics. MONTy ALExANDER, piano & THE HARLEM KINGSTON ExPRESS. Victoria Hall à 20h30 (loc. Fnac / Ticketcorner) u 19.5. : OSR, dir. Neeme Järvi & solistes (Rossini, Martin, Stravinski, Ravel). Victoria Hall à 20h30 (concert gratuit sur invitation à retirer aux points de vente de la Ville de Genève et Service culturel Migros) u 20.5. : ORCHESTRE DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS, dir. Philippe Jordan (Beethoven). Victoria Hall à 20h (loc. Service culturel Migros Genève) u 21.5. : Concert Prestige n°5. CARTE BLANCHE à VÉRONIquE GENS, Geneva Camerata, dir. David Greilsammer, Véronique Gens, soprano é m e (Beethoven, Purcell, Rameau, Pelzel, Gluck, Gershwin, Mozart). Victoria Hall à 20h (billetterie : Fnac) u 22.5. : Série Symphonie. OSR, dir. Neeme Järvi, SARAH RuMER, flûte, JÉRôME CAPEILLE, hautbois (Ravel, Martin, Beethoven). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 27.5. : Heures Musicales. MuSIquES EN BOuCHE, dir. et présentation Arie Van Beek. Pavillon Sicli à 12h15 (loc. [email protected], 022/807.17.90 ou www.ticketportal.com) u 27.5. : Heures Musicales. L’APÉROCG, dir. et présentation Arie Van Beek. Pavillon Sicli à 18h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com) Musicales de Compesières Vendredi 29 mai à 20h30 : Béatrice Berrut, piano Programme : Bach-Busoni : Orgel Choralvorspielr Chopin : Fantaisie en fa min, op 49 Brahms : Ballade op 10 Liszt : Après une lecture de Dante Dimanche 31 mai à 11h00 - concert offert Savika Cornu-Zozor, soprano, Marcelo Gionnini, orgue Programme en cours d'élaboration Dimanche 31 mai à 15h00 Causerie à la Commanderie - Salle des Chevaliers Programme en cours d'élaboration Dimanche 31 mai à 17h00 Chœur du Cern, Direction : Gonzalo Martinez Programme : Donizetti : Missa di Gloria e Credo . les 29, 30 et 31 mai 2015 Abonnements : www.musicalesdecompesieres.ch Billets en vente sur place une heure avant le concert Navette gratuite depuis la Place Neuve - 1h avant les concerts d o u 28.5. : Concert hors abonnement. OSR, dir. Kazuki yamada, LAuRA AIKIN, soprano (Tchaïkovski, Glière, Dvorak). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 30.5. : Migros-pour-cent-culturelclassics. LONDON SyMPHONy ORCHESTRA, dir. Daniel Harding, JANINE JANSEN, violon (Rushton, Mendelssohn Bartholdy, Mahler). Victoria Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11) opéra u 3.5. : CuPIDON à L’OPÉRA. Avec la participation des jeunes solistes en résidence du Grand Théâtre, dir. David Greilsammer. Grand Théâtre de Genève à 17h (billetterie en ligne sur le site du Geca, ou Fnac ou le soir du concert dès 19h) u 13.5. : Récital ANGELA GHEORGHIu, soprano, AEC L’OSR. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre) u Jusqu’au 2.5. : A L’AèDE de Mathias Glayre, création. Théâtre de l’usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) u Jusqu’au 3.5. : LE VILAIN PETIT MOuTON d'Olivier Chiacchiari, m.e.s. Guy Jutard, création, dès 6 ans. Théâtre des Marionnettes, mer à 15h, sam à 17h, dim à 11h et 17h (rés. 022/807.31.07) u Jusqu’au 3.5. : PIèCES DÉTACHÉES de et m.e.s. Valérie Poirier. Théâtre Alchimic, mar+ven à 20h30, mer-jeusam-dim à 19h (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros) u Jusqu’au 3.5. : ANGELS de Cosima Weiter, m.e.s. Alexandre Simon et Cosima Weiter, création. Le Grütli, Grande salle (sous-sol), mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche lun ([email protected] / 022/888.44.88) u Jusqu’au 3.5. : BRIGITTE ROSSET SEuLE EN SCèNE de Brigitte Rosset, m.e.s. Jean-Luc Barbezat. La Comédie de Genève, mar-mer-jeusam à 19h, ven à 20h, dim à 17h (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) u Jusqu’au 9.5. : LA VISITE DE LA VIEILLE DAME de Friedrich Dürrenmatt, par le Teatro Malandro, m.e.s. Omar Porras. Théâtre de Carouge, salle François-Simon, mar-mer-jeu et sam à 19h, ven à 20h, dim à 17 (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) Camerata du Léman n t théâtre Samedi 30 mai à 20h30 : Camerata du Léman Solistes : Fabrizio von Arx, violon, Béatrice Berrut, piano Programme : Thème “Jeunes prodiges“ A. Corelli : Concerto grosso W.A Mozart : Sérénade nocturne pour cordes F. Mendelssohn : Double concerto pour violon et piano e n a 91 m 92 é m u Jusqu’au 24.5. : JEAN ET BÉATRICE de Carole Fréchette, m.e.s. Mariama Sylla. Théâtre du CrèveCœur, ch. de Ruth, Cologny, mar au sam à 20h00, dim à 18h00 (rés. 022/786.86.00) u 5, 6, 9, 10.5. : RIquET à LA HOuPPE d'après Charles Perrault, m.e.s. Laurent Brethome, création, dès 10 ans. Théâtre Am Stram Gram, mar à 19h, mer à 15h, sam+ dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u Du 5 au 17.5. : HAuTE AuTRICHE Ou GRANDEuR ET MISèRE D’êTRE PARENTS de Franz-xaver Kroetz, m.e.s. Jérôme Richer. Théâtre Alchimic, mar+ven à 20h30, mer-jeu-sam-dim à 19h / relâche lun et le jeu 14 mai (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch) u Du 5.5. au 7.6. : LA CERISAIE de Tchékhov, m.e.s. Raoul Pastor. Théâtre des Amis, Carouge, marven à 20h, mer-jeu-sam à 19h, dim à 18h (rens. 022/342.28.74) u 6 et 7.5. : Les Singulières. LA SEPTIèME VALLÉE de Jacques Probst. Le Poche à 19h (loc. en ligne) u Du 7 au 9.5. : PIèCE DE CHAMBRE N°1 B.L.A.S.T.E.D de Karim Bel Kacem, théâtre. Théâtre de l’usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) u Du 7 au 17.5. : PAS GRAND-CHOSE PLuTôT RIEN de et m.e.s. Joël Maillard, création. Le Grütli, Petite Salle (2ème étage), à 20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88) u Du 7 au 24.5. : LE FESTIVAL DE L'IMAGINAIRE. Six productions originales et créatives avec les meilleurs inventeurs de la francophonie. Théâtre Pitoëff (rés. 022/793.54.45 ou [email protected]) u Du 12 au 23.5. : L'âNE ET LE RuISSEAu d'Alfred Musset, m.e.s. Christian Geffroy Schlittler. Théâtre Saint-Gervais, grande salle, mar-jeusam à 19h, mer-ven à 20h30 (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Du 19 au 31.5. : C’EST PEuT-êTRE de divers auteurs dont Pessoa, m.e.s. Geneviève Guhl et Sophie Rusch. Le Galpon (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 heures avant le début de l’événement mail: [email protected]) u Du 16 au 31.5. : VIANDE, MORCEAux CHOISIS, Théâtre du Loup. Théâtre du Loup, mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h (rés. 022/301.31.00) u 19, 22, 23, 24.5. : LENTO de et avec Olli Vuorinen et Luis Sartori Do Vale, dès 6 ans. Théâtre Am Stram Gram, mar+ven à 19h, sam+dim à 17h e n t (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u Du 19.5. au 7.6. : RIFIFI RuE RODO de et m.e.s. Guy Jutard, Claude-Inga Barbey et René Delcourt, création, adultes et ados. Théâtre des Marionnettes, à 19h, sam à 20h, dim à 17h (rés. 022/807.31.07) u Du 20.5. au 4.6. : HOMME ENCADRÉ SuR FOND BLANC de et par Pierric Tenthorey, Gaëtan Bloom. Théâtre Alchimic, mar+ven à 20h30, mer-jeusam-dim à 19h / relâche les 23-25 mai et le 1er juin (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros) u Du 21 au 24.5. et du 28 au 30.5. : L’ABSENCE DE GOuVERNAIL de Dorothée Thébert Filliger et Filippo Filliger, création. Théâtre de l’usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) u Du 26.5. au 14.6. : COMME IL VOuS PLAIRA de Shakespeare, m.e.s. Camille Giacobino, création. Le Grütli, Grande salle (sous-sol), marjeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h ([email protected] / 022/888.44.88) u Du 27.5. au 7.6. : DISPERSION (Ashes to Ashes) de Harold Pinter, m.e.s. Gerard Desarthe. Avec Carole Bouquet et Gérard Desarthe. Le Poche-Genève, lun et ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi relâche (location +41 (0)22 310 37 59, [email protected]) u 28.5. : Midi, théâtre ! - LE DÉMON DE APRèS-MIDI de Nicolas yazgi, Compagnie Pied de Biche. Le Grütli, Foyer du Théâtre à 12h ([email protected] ou 022 888 44 88) danse u Jusqu’au 3.5. : GO ! par la Cie de l’estuaire, danse. Le Galpon (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 heures avant le début de l’événement - mail : [email protected]) u 2.5. : WHAT THE BODy DOES NOT REMEMBER de Wim Vandekeybus. BFM (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) u Du 6 au 13.5. : ION de Cindy Van Acker. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) u Du 19 au 22.5. : MONO de Thomas Hauert. Salle des EauxVives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) a g o u 21, 22, 26, 27, 28, 29, 30, 31.5. : SALuE POuR MOI LE MONDE! d’après Richard Wagner, chor. Joëlle Bouvier, dir. Philippe Cohen, Ballet du Grand Théâtre, création. BFM à 19h30, le 31 à 15h (billetterie en ligne sur le site du GrandThéâtre) divers u 14 - 16.5. : En partenariat avec l’Université de Genève et l’Institut des hautes études internationales et du développement. RENCONTRES DE GENèVE HISTOIRE ET CITÉ CONSTRuIRE LA PAIx. Manifestation annuelle cvulturelle et scientifique. Informations détaillées sur www.unige.ch/rectorat/maisonhistoire/Rencontres.html LAuSANNE concerts u 3.5. : Concert du dimanche. O.C.L., dir. Alondra De la Parra, FRANçOIS DINKEL, basson (Vanhal, Beethoven). Opéra de Lausanne à 11h15 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021 345 00 25) u 18 et 19.5. : O.C.L., dir. Kazuki yamada, AuGuSTIN HADELICH, violon (Fauré, Dvorak, Bizet). Salle Métropole à 20h (Billetterie : 021/345.00.25) u 19.5. : Les Entractes du mardi. ASTRID PFARRER, mezzo-soprano, STÉPHANIE JOSEPH, violon et récitante, GàBOR BARTA et CATHERINE SuTER GERHARD, violon, JANKA SZOMORMEKIS, alto, CATHERINE MARIE TuNNELL, violoncelle, VERONICA KuIJKEN, clavecin. Salle Métropole à 12h30 (Billetterie : 021/345.00.25) u 21.5. : OSR, dir. Neeme Järvi, SARAH RuMER, flûte, JÉRôME CAPEILLE, hautbois (Ravel, Martin, Rossini, Stravinski). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / [email protected] ou Passion Musique) u 27.5. : Concert Découvertes. LE PRINCE HEuREux d’Oscar Wilde, OCL, dir. Jamie Phillips, Comédien/ne de La Manufacture, musique de Jan Bach. BCV Concert Hall à 17h (Billets sur place ou 021 345 00 25) u 27.5. : Les rencontres musicales. CÉDRIC PESCIA, piano (J.-S. Bach). Théâtre Kléber-Méleau, à 20h (loc. au 021 625 84 29 ou Achat en ligne sur vidy.ch) u 29.5. : Les rencontres musicales. CÉDRIC PESCIA, piano (Beethoven). Théâtre Kléber-Méleau, à 20h (loc. e n au 021 625 84 29 ou Achat en ligne sur vidy.ch) u 30.5. : Les rencontres musicales. KRISTIAN BEZuIDENHOuT, pianoforte (Mozart). Théâtre Kléber-Méleau, à 20h (loc. au 021 625 84 29 ou Achat en ligne sur vidy.ch) u 31.5. : Les rencontres musicales. CAROLINE MELZER, chant, NuRIT STARK, violon, CÉDRIC PESCIA, piano (Weill). Théâtre Kléber-Méleau, à 17h30 (loc. au 021 625 84 29 ou Achat en ligne sur vidy.ch) théâtre u Jusqu’au 2.5. : LE GRAND HôPITAL LE quINTETTE POuRSuITE par Eustache. Théâtre 2.21, sam à̀ 21h (loc. sur : www.theatre221.ch/) u Jusqu’au 3.5. : PAS GRAND-CHOSE PLuTôT quE RIEN, de et m.e.s. Joël Maillard. Théâtre de L’Arsenic, sa 19h / ve 20h30 / di 18h (rés. en ligne) u Jusqu’au 3.5. : PLAy STRINDBERG de Frédéric Dürrenmatt par la Cie Voeffray-Vouilloz, m.e.s. Joseph E. Voeffray. Pulloff Théâtre, Industrie 10, ve à 20h, sa à 19h et di à 18h (réservations en ligne sur : www.pulloff.ch, ou 021 311 44 22) u Jusqu’au 10.5. : LE DÉRATISEuR DE HAMELIN de yves Ali Zahno, m.e.s. Julie Burnier et Frédéric Ozier, création, dès 7 ans. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre) u Jusqu’au 10.5. : LE MANuSCRIT DES CHIENS III de Jon Fosse, m.e.s. Guillaume Béguin. Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez à 18h30, jeu à 14h15 et 18h30 (loc. 021/619.45.45) / 30.4. - Rencontre autour du manuscrit des chiens III. u 1.5. : LES PARTICuLES ÉLÉMENTAIRES de Michel Houellebecq. Adapt & m.e.s. Julien Gosselin. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz, à 19h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch) u Du 5 au 13.5. : uN MÉTIER IDÉAL d’après le livre de John Berger et Jean Mohr, adatp. Nicolas Bouchard, m.e.s. Eric Didry. Vidy-Lausanne, La Passerelle, à 20h30, dim à 18h, relâche lun (loc. 021/619.45.45) u jeudi 7, vendredi 8, dimanche 10.5. : DREyFuS - DEVOS de Raymond Devos. Interprétation : Jean-Claude Dreyfus. Piano : Thomas Février. M.e.s. Christophe Correira. Espace culturel des Terreaux, jeu à 19h, ven à 20h, dim à 17h (billetterie 021 320 00 46) u Du 7 au 13.5. : DERBORENCE d’après Ramuz. Adapt & m.e.s. Mathieu d a m Opéra de Lausanne é m e AILLEuRS Béjart Ballet Lausanne annecy xx Le Béjart Ballet Lausanne revient briller à l’Opéra ! En mai, trois représentations vous permettront de voir, ou revoir pour certains, trois ballets chorégraphiés par Maurice Béjart, à savoir «Suite Barocco», «Juan y Teresa» et «Piaf». Le programme comprend également une création de Gil Roman, «Tombées de la dernière pluie». . 8, 9 et 10 mai 2015 Billetterie : 021/315.40.20 ou en ligne sur le site de l’Opéra Bertholet. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mar-jeu à 19h, mer-ven-sam à 20h, dim à 17h (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) u Du 19 au 24.5. : AByMES / volet 2 - Living Gallery & La Poétique de l'Autre, m.e.s. Audrey Cavelius. Théâtre de L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve 20h30 / di 18h (rés. en ligne) u 19 au 31.5. : L’ECHANGE de Paul Claudel, production Cie Le Mérinos, coproduction Théâtre des Amis, m.e.s. Raoul Teuscher. Pulloff Théâtre, Industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa à 19h et di à 18h (réservations en ligne sur : www.pulloff.ch, ou au 021 311 44 22) u Du 21 au 25.5. : LOLA FOLDING de Marc Jeanneret, m.e.s. Ariane Catton, dès 7 ans. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre) u 22 et 23.5. : CASTING par Lausanne Impro. Théâtre 2.21, à 20h (billetterie sur : www.theatre221.ch/abosbillets/reservations) u Du 27 au 29.5. : PARLEMENT, de et m.e.s. Joris Lacoste. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, jeu à 19h, mer-ven à 20h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch) u 27 et 28.5. : NOuS AVONS LES MACHINES, création collective des Chiens de Navarres, m.e.s. Jean- a g Christophe Meurisse. Théâtre de L’Arsenic, me 20h30 / je 19h (rés. en ligne) danse u vendredi 1, samedi 2, dimanche 3.5. : PAN, chor. Tania de Paola. Espace culturel des Terreaux, jeu+sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 17h (billetterie 021 320 00 46) u Du 8 au 10.5. : BÉJART BALLET LAuSANNE, dir. Gil Roman. Opéra de Lausanne, le 8 à 20h, le 9 à 19h, le 10 à 15h (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) divers u Jusqu’au 3.5. : Fécule, Festival des cultures universitaires. La Grange de Dorigny (rés. 021/692.21.24 + en ligne sur la page de chaque spectacle) u 28.5. : Forum Opéra – DIE ZAuBERFLöTE, Conférence de Luca Zopelli. Salon Alice Bailly de l’Opéra de Lausanne à 18h45 (Billets en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) e n BONLIEu SCèNE NATIONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) u 5 et 6.5. : COuP FATAL d’après Serge Kakudji et Paul Kerstens. dir. Artistique Alain Platel u 6.5. : LE PEuPLE DE LA NuIT d’Aïda Asgharzadeh, m.e.s. Franck Berthier u 12 et 13.5. : LES PARTICuLES ÉLÉMENTAIRES de Michel Houellebecq, m.e.s. Julien Gosselin u 13.5. : quEEN KONG – LA BAZOOKA, par Etienne Cuppens et Sarah Crépin u 19 et 20.5. : LES TRIPLETTES GO OuESt de et m.e.s. Sylvain Chomet u 21.5. : Solo par ROBERTO FONSECA, piano et voix annemasse RELAIS CHâTEAu-ROuGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) u 6.5. : HANSEL ET GRETEL des Frères Grimm, m.e.s. Métilde Weyergans u 13.5. : DAVID KRAKAuER, jazz klezmer u 19 et 20.5. : IL N'EST PAS ENCORE MINuIT… par la Cie xy, cirque bienne Loc. : www.spectaclesfrancais.ch / guichet du TOBS, Théâtre municipal / Points de vente Ticketportal u 1.5. : LIA (Félicien Donzé), voix, guitare, composition, textes. Théâtre de Poche à 20h15 u 5.5. : LE MENTEuR de Goldoni, par la Cie Marin. Théâtre Palace à 20h15 bonmont En l’Abbaye de Bonmont (rés. en ligne sur www.kulturticket.ch ) u 3.5. à 11h : Concert-brunch. BRuNO CANINO, piano & FABRIZIO VON ARx, violon u 5.5. : PHILIPPE JARROuSKy, contreténor & Jérôme Ducros, piano (Debussy, Chausson, Fauré, Hahn & poésie de Paul Verlaine. fribourg THÉâTRE EquILIBRE à 20h (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) u 7.5. : BIG APPLE de Isabelle Le d a n t o Nouvel, m.e.s. Niels Arestrup u 12 et 13.5. : LA VISITE DE LA VIEILLE DAME de Friedrich Dürrenmatt, m.e.s. Omar Porras u 20.5. : Concert 5. ORCHESTRE DE CHAMBRE FRIBOuRGEOIS, dir. Laurent Gendre, CHRISTIAN POLTÉRA, violoncelle (Ravel, Chostakovitch, Haydn) givisiez THÉâTRE DES OSSES, 20h, di à 17h (loc. 026/469.70.00) u Jusqu’au 3.5. : LE MENTEuR de Carlo Goldoni, m.e.s. François Marin la chaux-fds THÉâTRE POPuLAIRE ROMAND / CENTRE NEuCHâTELOIS DES ARTS VIVANTS (loc. 032/967.60.50, www.tpr.ch) u 6 et 7.5. : ANGELS par la Compagnie_Avec, création. BeauSite, le 6 à 20h45, le 7 à 19h u 6.5. : Rêver, explorer, amplifier. ETERNAL SILENCE (2009). Ciné-concert. Cinéma ABC à 19h u 7.5. : Rêver, explorer, amplifier. LA GRèVE. Ciné-concert. usine électrique à 21h30 u 8.5. : SINCÉRITÉS PARALLèLES, concert de Florence Chitacumbi et Pascal Auberson, création. L’Heure bleue à 20h15 u 9.5. : Rêver, explorer, amplifier. OMBRA, concert. Beau-Site à 20h15 meyrin THÉâTRE FORuM MEyRIN (loc. 022/989.34.34) u 1.5. au Théâtre Vidy-Lausanne : LES PARTICuLES ÉLÉMENTAIRES de Michel Houellebecq, m.e.s. Julien Gosselin u 6.5. à Bonlieu Scène nationale Annecy : COuP FATAL, dir. Alain Platel, KVS & les Ballets C de la B u 20.5. à Château Rouge, Annemasse : IL N'EST PAS ENCORE MINuIT… par la Compagnie xy mézières THÉâTRE Du JORAT à 20h, dim à 17h (loc. 021/903.07.55 ou [email protected]) u 2 et 3.5. : LA BIBLIOTHèquE par la Cie EnVol, m.e.s. Diana Fontannaz, création u 7.5. : OSR, dir. Neeme Järvi. PER TENGSTRAND, piano (Schubert, Stenhammer, Beethoven) u 10.5. : ENSEMBLE VOCAL INSTRuMENTAL LAuSANNE, dir. Michel Corboz (Bach, Haendel). u 13.5. : CAMÉLIA JORDANA, chant. 93 m é m Clavier : Donia Berriri. Basse, contrebasse : Sebastien Gastine. Claviers : Laurent Bardainne. Batterie : Steve Argüelles. Guitare : Nicolas Villebrun u 21, 22 et 24.5. : LA VSITE DE LA VIEILLE DAME de Dürrenmatt, m.e.s. Omar Porras, par le Teatro Malandro u 28.5. : HuIT FEMMES, de Robert Thomas, m.e.s. Jean-Gabriel Chobaz u 30 et 31.5. : AVRACAVABRAC, avec des comédiens romands, champions de l’improvisation monthey THÉâTRE Du CROCHETAN à 20h (loc. 024/471.62.67) u Du 6 au 8.5. : LES BONNES de Jean Genet, m.e.s. David Fauvel u 28.5. : LAC de Pascal Rambert, m.e.s. Denis Maillefer u 30.5. : ODySSÉE – PARCOuRS EN VILLE, m.e.s. Jean-René Dubulluit et Lorenzo Malaguerra 94 morges THÉâTRE DE BEAuSOBRE à 20h sauf mention contraire (loc. 024/471.62.67) u 2.5. à 19h : LOuNIS AïT MENGuELLET, Chanson u 6.5. : LES HOMMES VIENNENT DE MARS ET LES FEMMES DE VÉNuS 2 de Paul Dewandre, m.e.s. Etienne de Balasy, Théâtre neuchâtel THÉâTRE Du PASSAGE. A 20h, di à 17h (loc. 032/717.79.07) u 9.5. : PIèCES DÉTACHÉES de et m.e.s. Valérie Poirier u 10.5. : DES MuRS ET DES PORTES de et par Ariane Racine, conte u 20, 22, 24 et 25.5. : CAMION à HISTOIRES d'Alain Serres u 21.5. : CONCERT NO. 4. Professeurs et étudiants de la HEM. Auditorium 1, Campus Arc, à 20h. Entrée libre nyon uSINE à GAZ sauf mention contraire (loc. 022/361.44.04) u 7.5. : D'ACIER par L'Outil de Ressemblance. onex SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99 ou [email protected]) u 6 et 7.5. : LA LISTE DE MES ENVIES de e n t o Grégoire Delacourt, m.e.s. Anne Vaucher Théâtre du Crochetan, Monthey (loc. 022/888.64.60) u 21.5. : J’AVAIS uN BEAu BALLON ROuGE d’Angela Dematté, m.e.s. Michel Didym, Théâtre u 29.5. : VOyAGE EN ASIE, Homayun Sakhi, Concert La pièce de Genet est une messe, une cérémonie sacrificielle. Le spectacle, mené tambour battant par David Fauvel et ses actrices, délivre une puissance de l’instant, rare et sauvage. Un théâtre physiquement et émotionnellement engagé, comme nous l’aimons. plan/ouates Les Bonnes pully L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention contraire (loc. 021/721.36.20) u 12.5. : L'AVARE de Molière. Avec Jacques Weber, Alban Guyon... rolle ROSEy CONCERT HALL (Ticketcorner) u 12.5. à 20h : HÉLèNE GRIMAuD, piano (Takemitsu, Berio, Janacek, Fauré, Liszt, Schubert/Liszt, Rael, Debussy) «Les Bonnes». Photo : Virginie Meigné sierre . mercredi 6, jeudi 7, vendredi 8 mai 2015 à 20h THÉâTRE LES HALLES (www.theatre-leshalles.ch / loc. 027/452.02.90) u Du 27 au 30.5. à 19h30 : LAC de Pascal Rambert, m.e.s. Denis Maillefer, par La Manufacture-Haute Ecole de théâtre. u 3.5. dès 2h : LA BOuM. Entrée libre sion THÉâTRE DE VALèRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61) u 7.5. : LE MENTEuR de Carlo Goldoni, par la Cie Marin (CH), m.e.s. François Marin u 13.5. : A LA FOLIE FEyDEAu d'après Feydeau, par l’A2R compagnie (F), m.e.s. Léonard Matton PETITHÉâTRE (rés. 027 321 23 41, [email protected]) u Les 7, 8 et 9.5. : JANINE RHAPSODIE, par la Cie Julien Mages. Horaire : jeu à 19h, ven à 20h30, sam à 19h thonon-évian MAISON DES ARTS, ESPACE MAuRICE NOVARINA à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) u 5.5. : L’OR de Blaise Cendrars, m.e.s. xavier Simonin u 7 et 8.5. : LA FIN Du MONDE EST POuR DIMANCHE de François Morel, m.e.s. Benjamin Guillard u 12.5. : DyPTIK, chor. Souhail Marchiche, Compagnie Dyptik u 16.5., Evian : NIKOLAï LuGANSKy a g Billetterie / lun.-vend. 14h-18h / +41 (0)24 475 79 09 (Schubert, Tchaïkovski) u 19.5. : J’AVANCE ET J’EFFACE de et m.e.s. Alexis Armengol u 23.5. : J’ARRIVE de Jean Cagnard, m.e.s. Delphine Lamand u 29.5. : LÉVON MINASSIAN, musique du monde vevey LE REFLET - THÉâTRE DE VEVEy, à 20h, sauf mention contraire (billetterie sur www.lereflet.ch) u 1er et 2.5. : ELOGE DE L'AMERTuME de et piano Victoria Harmandjieva u 5.5. : BIG APPLE d'Isabelle Le Nouvel, m.e.s. Niels Arestrup u 9.5. : L'AFFAIRE WETTSTEIN, chor. Angelo Dello Iacono, Compagnie ADN Dialect, danse u Du 18 au 20.5. : LE DÉMON APRèSMIDI de Nicolas yazgi, Compagnie Pied de Biche u 20.5. : ROBERTO FONSECA, musique u Du 27 au 29.5. : ONCLE VANIA d'Anton Tchekhov, m.e.s. Rodolphe Dana et Katja Hunsinger u 27.5. : Arts & Lettres. ISABELLE FAuST, violon. ANNE-KATHARINA SCHREIBER, violon. yOSHIKO MORITA, alto. EMMANuEL BALSSA, violoncelle. LORENZO COPPOLA, clarinette (Brahms - Mozart). Salle del Castillo à 19h30 (loc. : Théâtre de Vevey, tél: + 41 21 925 94 94) e n villars s/gl. ESPACE NuITHONIE, à 20h (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected], ou Nuithonie: 026 407 51 51) u 7 et 8.5. : CONSTELLATION* CENDRILLON de et m.e.s. Laurent Gachoud u 8.5. : FACE à FACE, chor. Abderzak Houmi, Compagnie x-Press u 9 et 10.5. : CAMION à HISTOIRES de Nadine Demange, m.e.s. Dominique Lardenois yverdon THÉâTRE BENNO BESSON (loc. 024/423.65.84) u 6.5. : uP, chor. József Trefeli et Mike Winter u 29.5. : LE DÉMON APRèS MIDI de Nicolas yazgi, par la Compagnie Pied de Biche THÉâTRE DE L’ECHANDOLE (loc. 024/423.65.84 ou 024/423.65.89 une heure avant le spectacle u 9.5. : SuPERBOuM u 16 et 17.5. : LEFIL de et m.e.s. Marie-Aude Guignard u Du 26 au 29.5. : LE ROI LEAR de Shakespeare, m.e.s. Jean-Claude Blanc u 30.5. : BOîTE à GANTS par La Toute Petite Compagnie, dès 3 ans d a DISPERSION [ Ashes to Ashes ] DE HAROLD PINTER MISE EN SCÈNE GÉRARD DESARTHE TRADUCTION FRANÇAISE MONA THOMAS ÉQUIPE ARTISTIQUE CAROLE BOUQUET GÉRARD DESARTHE, JEAN BADIN DELPHINE BROUARD, RÉMI CLAUDE JACQUES CONNORT & JEAN-LUC RISTORD PRODUCTION (SIC) SCÈNE INDÉPENDANTE CONTEMPORAINE THÉÂTRE LE POCHE www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros 27 MAI > 7 JUIN 2015 CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE DUNNARA MEAS LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE) LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD) PARTENAIRES MEDIAS : LEPROGRAMME.CH & NOUVELLES Gérard Desarthe, comédien et metteur en scène Carole Bouquet, comédienne NOUVELLE PRODUCTION NOUVELLE PRODUCTION Fidelio OPÉRA EN 2 ACTES OPÉRA EN 2 ACTES L LU UD DW W II G G V VA AN N B BE EE ET TH HO OV VE EN N DIRECTION MUSICALE DIRECTION MUSICALE P P II N NC CH HA AS S S ST TE E II N NB BE ER RG G MISE EN SCÈNE MISE EN SCÈNE M M AT AT T TH H II A AS S H HA AR RT TM MA AN NN N C CH HŒ ŒU UR R O OR RC CH HE ES ST TR RE E D DE E D DU U G GR RA AN ND D T TH HÉ É ÂT TR RE E L LA A S SU U II S SS SE E R RO OM MA AN ND DE E 1 10 0> >2 25 5 .. 0 06 6 .. 2 20 01 15 5 S SA A II S SO ON N1 14 41 15 5 WWW.GENEVEOPERA.CH W W W .+G4 E1 N . C5 H ( 0E)V2E2 O3P2E2R A 50 0 +41(0)22 322 5050