Pourquoi la psychomotricité a un rôle à jouer ? 0 Publié le 24 Juin 2016 Entre rééducation et thérapie, la psychomotricité permet de rétablir les fonctions physiques, mentales et affectives perturbées, grâce à un travail psychocorporel. Mais la profession n’est pas reconnue par la Belgique. Un problème pour les professionnels, les étudiants et les patients. Bégaiement, tics, trouble de l’orientation spatiale et du comportement, problèmes de coordination, difficultés d’écriture, manque de concentration... Parfois, le corps parle mais les problèmes ne sont pas uniquement moteurs. Le kinésithérapeute, qui se concentre sur la psychomotricité fonctionnelle, peut alors avoir ses limites. « Si je reçois en consultation un enfant qui a un problème moteur, pour marcher ou qui présente des troubles de l'équilibre, je le prends en charge, explique Aurore Petit, kinésithérapeute pédiatrique. Mais si l’enfant refuse de marcher parce qu’il reste dans sa bulle, que le problème me paraît plus relationnel, alors il faut envisager une autre prise en charge qui relève de la psychomotricité relationnelle. » C’est là que le psychomotricien a un rôle à jouer. Avec des jeux, des instruments ou d’autres outils, il va agir sur le corps pour rétablir les fonctions physiques, mentales et affectives perturbées. Il va aider son patient à trouver ou retrouver un équilibre, à mieux prendre conscience de son corps et à favoriser l’intégration de ses fonctions motrices, émotionnelles, cognitives et symboliques. Il va aider des bébés, des enfants, des ados, des femmes enceintes, des personnes handicapées ou des personnes âgées à créer ou recréer le lien entre le corps et le psychisme. « Dans leurs formations, les kinés, les logopèdes ont une base commune avec les psychomotriciens mais ils n’ont pas la spécificité de travailler avec une approche psychocorporelle », souligne Anne Van Den Bril, psychomotricienne à l’Irsa et coordinatrice du bachelier en psychomotricité au Cesa à Charleroi (en codiplomation avec la Haute École de Louvain en Hainaut-HELHA). Un métier paramédical illégal Mais voilà, la ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block (Open Vld), a tranché. La psychomotricité ne sera pas reconnue officiellement. Elle estime que les kinés ou les logopèdes peuvent faire traiter des troubles psychomoteurs chez les petits en favorisant les activités. Bien sûr, ne pas reconnaître la profession permet de réaliser une économie dans les budgets de la santé. Sans un statut officiel en Belgique, les psychomotriciens ne pourront pas permettre à leurs patients de se faire rembourser leurs séances. « En 10 ans, on est passé de 3% à moins de 2% des budgets de santé », illustre Saïd Mazid, vice-président de l’Union des kinésithérapeutes francophones de Belgique qui déplore que la plus grande association de kiné n’ait pas été concertée. « On aurait pu aboutir à une solution plus nuancée. » On peut aussi y voir un problème communautaire. « Il y a une vision de la santé qui est différente en Flandre où cette profession n’est pas reconnue, regrette Anne Van Den Bril, précisant que la Fédération Wallonie-Bruxelles est dans le même mouvement que l’Europe… « Cette profession a été créée pour harmoniser les différentes formations et pour donner à la psychomotricité une base scientifique solide ». Politiquement, c’est aussi une libérale flamande qui porte un coup à un projet de formation initié par un ministre wallon socialiste … Ce qui coince, « c’est qu’il y a actuellement une différence de formation entre le Nord et le Sud du pays », explique Anne Taymans, présidente de l’Union Professionnelle Belge des Psychomotriciens Francophones (UPBPF). Or, « la reconnaissance de la profession ne peut être donnée qu’au niveau national ». Des étudiants inquiets C’est pour les étudiants fraîchement diplômés ou en cursus que le bât blesse le plus. Ce sont 300 étudiants qui sont sortis avec un diplôme de psychomotricien en 2015. Après trois années d’études, leur métier est considéré comme illégal, déplore la Fédération des étudiants francophones. Ils ne peuvent donc pas s’installer en profession libérale. » Ils sont encore près d’un millier en cursus. Tous ces étudiants ne pourront pas trouver d’équivalence de diplôme à l’étranger. Il leur sera également impossible de poursuivre leur formation dans l’enseignement supérieur. « Les psychomotriciens n’ont pas accès aux masters et spécialisations, pourtant ouverts aux autre diplômés paramédicaux », précise la FEF. Notamment le master universitaire en santé publique et la spécialisation en gériatrie. » L'insertion de ces jeunes psychomotriciens sur le marché de l'emploi est donc fortement limitée. Ils pourront toujours travailler dans des PMS des écoles, dans les crèches ou dans certains centres spécialisés, comme les centres qui traitent les personnes handicapées. La FEF appelle les responsables politiques à « trouver une solution rapidement pour sortir du flou actuel » et permettre ainsi aux étudiants, aux parents et aux professionnels concernés de retrouver de la sérénité et de l’espoir dans leur avenir, leur vie quotidienne ou leur travail. Stéphanie Grofils En savoir + Les études de psychomotricité Un cursus spécifique en psychomotricité est organisé en Fédération Wallonie Bruxelles depuis 2012. Sept établissements d’enseignement supérieur ou de promotion sociale organisent ce bachelier. Le bachelier en psychomotricité a été créé en 2012, à l’initiative de JeanClaude Marcourt, ministre de l’Enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles. À l’époque, la Commission nationale des professions paramédicales n’avait pas encore rendu d’avis. Les établissements d’enseignement supérieur ont vraisemblablement espéré, quand le cursus s’est ouvert, qu’une reconnaissance officielle vienne du fédéral. Le soutien de la Ligue des familles La Ligue des familles soutient la pétition lancée par des professionnels de la psychomotricité. Témoignage des étudiants Bonjour, Je m'appelle Letizia, je suis étudiante au Cesa de Roux, en 2ème bachelier psychomotricité.Dans le cadre de mes stages et cours de didactique, j'ai eu le plaisir d'intervenir auprès essentiellement d'enfants dans le secteur de l'éducationprévention et également lors du salon "En vie d'amour" qui s'est déroulé à Namur accueillant entre autre, des personnes en situation de handicap. Lors de mes expériences, j'ai constater auprès du public cible les nombreux bénéfices de nos interventions en tant que psychomotriciens: Lors de la didactique, à l'école Saint Pierre, nous avons rencontrés plusieurs enfants qui exprimaient leur colère à travers le passage à l'acte sur l'autre (violence physique). Grâce à l'intervention psychomotrice (contenance, pare-excitation, prise de conscience corporelle), nous leur avons permis au fil des séances de la transformer autrement que dans du passage á l'acte, de trouver un autre chemin d'expression que celui de la violence afin de trouver leur place dans le monde et avec les autres et de se construire de manière équilibrée, Lors du salon "En vie d'amour", nous avons rencontrés des personnes en situation de handicap. Je me rappelle d'un homme que j'ai accueilli, il présentait une hypertonie de tout le corps, une marche mécanisée, un regard inhabité. Il ne réagissait pas quand je lui parlais et regardais devant lui sans un mouvement. Dans un profond respect de son état psychocorporel (soutient, reconnaissance, accompagnement psychocorporel) , je lui ai d'abord signifié que j'étais présente pour lui, ensuite avec une attitude contenante, je l'ai emmené vers un enroulement qui a eu pour effet de le détendre et d'initier le mouvement chez lui, son corps a retrouver plus de fluidité, je le sentais plus présent dans son corps. Ces actes et attitudes spécifiques sont uniquement celles du psychomotricien et les autres professions paramédicales comme les kinés, les ergos,... ne sont pas formés pour donner aux bénéficiaires un accompagnement de ce niveau technique et spécifique, mais peuvent apporter une complémentarité intéressante et enrichissante à notre pratique. Ce sont deux exemples parmi tant et tant d'autres qui peuvent être prouvées par lecture des TFE déjà réalisés en Belgique ainsi que par les rapports de stages des étudiants ayants côtoyés les différents milieux (éducation/prévention, soin et thérapie). Je suis passionnée par ce métier, il a tellement de sens pour le bénéficiaire que je ne le pratique pas seulement, je le vis, je l'incarne dans toutes les dimensions qui constitue l'humain (corporelle, émotionnel et cognitive), ce qui garanti au patient une intervention globale, entière, profonde et ajustée. Bien à vous. Belle journée Letizia Marchiafava Position de la ministre Gerkens - écolo http://ecolo.be/?ecolo-exige-que-la-psychomotricite-soit Position - Face à l’info https://www.rtbf.be/auvio/detail_face-a-l-info?id=2122724