le recul des glaciers et la montée des eaux

publicité
24
LE RECUL DES GLACIERS
ET LA MONTÉE DES EAUX
Le réchauffement climatique a des effets importants et visibles sur
notre milieu naturel. Le globe terrestre est refaçonné avec la fonte des
glaciers, le dégel du permafrost et les conséquences qui en découlent
risquent d’amplifier le phénomène.
GLACIERS ET BANQUISES NE CESSENT DE RECULER
Groënland et Antarctique fondent de façon alarmante mais il s’agit maintenant d’évaluer la vitesse de cette fonte pour mesurer l’ampleur du phénomène et les conséquences
attendues.
q Un premier constat
Glaciers de haute altitude
Les glaces polaires, qui à elles seules
Jusqu’à présent, on pensait que les glareprésentent en surface 78% des stocks
ciers de haute altitude n’étaient pas
d’eau douce du globe, constituent un
encore touchés par le réchauffement
vaste réservoir et contribuent à mainteclimatique et restaient stables. Or des
nir une température moyenne de 15 °C.
chercheurs du CNRS, en pratiquant des
L’Antarctique au sud représente à lui seul
forages à des profondeurs de
140 mètres à l’intérieur du Dôme du
90% de l’ensemble des glaces terrestres
Goûter, et en comparant des données
et donc une énorme réserve d’eau
de terrain entre 1994 et 2005, ont
douce.
montré qu’il y avait une augmentation
Le retrait des glaces constaté à
de température située entre 1 °C et
l’échelle de la planète, même s’il est
1,5 °C, température qui pourrait également faire monter les eaux de quelques
manifeste, n’est pas le même selon le
centimètres.
pôle considéré. Le phénomène est
accentué dans l’Arctique avec une épaisseur de la banquise qui aurait diminué de près de 20% depuis une soixantaine d’années;
alors que le permafrost qui couvre 25 % des terres dans l’hémisphère Nord est également en train de fondre. Au sud, les phénomènes sont moins préoccupants même si la
neige tombe plus faiblement.
q Conséquences de la fonte des glaces
Un kilogramme de glace ou de neige qui fond correspond à un kilogramme d’eau qui
s’ajoute aux océans, entraînant par là même une élévation du niveau moyen de la mer.
Certes le niveau moyen des eaux a souvent fluctué dans le passé, mais le rythme de
remontée des eaux s’est accéléré de manière exagérée depuis ces soixante dernières
années avec une moyenne de 17 cm depuis 1880. Ceci s’explique par l’action concomitante de plusieurs facteurs: la fonte des glaciers bien sûr à laquelle il faut ajouter celle du
permafrost, le morcellement de la banquise et la dilatation des eaux sous l’effet de l’augmentation de température globale.
La conséquence directe de la fonte des glaces est une baisse de la salinité et une augmentation de la température des eaux, ce qui occasionne une diminution de leur densité.
62
Plus légères, elles ne plongent plus au même endroit, engendrant une perturbation des
courants océaniques et un changement climatique important.
Un autre effet pervers se traduit par une rétroaction positive, en effet, la hausse des
températures faisant fondre la banquise, cette dernière n’exerce plus à fond son pouvoir
réfléchissant envers les rayons solaires, alors qu’au contraire, l’eau en absorbant la chaleur solaire, fait augmenter la température générale.
DES ESTIMATIONS RETENUES
En se fractionnant, les glaciers glissent petit à petit vers la mer à des vitesses qui augmentent progressivement et font craindre une amplification exponentielle du phénomène. Le réchauffement climatique au
niveau de l’arctique est en moyenne
Gulf Stream et climat
deux fois plus élevé que sur le reste du
globe.
q L’inlandsis du Groënland
Le Gulf Stream est un courant marin,
régulateur du climat car il permet le
transfert de 20 % de chaleur du sud
vers le nord. Ce courant venu de l’ouest
réchauffe en effet les côtes de l’Europe
du Nord en direction du nord-est.
Le glacier fragmenté glisse facilement
car les eaux qui proviennent de la glace
fondue en s’infiltrant s’enfoncent pour
La calotte du Groënland, en fondant,
former un film lubrifiant à la base du glaentraîne une baisse de salinité des eaux
cier ; ainsi, un des glaciers célèbre du
ainsi qu’une élévation de température.
Groënland : le Jakobshavn Isbrae est
La perte de densité s’accompagne d’un
passé d’une vitesse de 5,5 kilomètres par
changement de la plongée des eaux
froides vers le sud-ouest, modifiant par
an à une vitesse de 14 km par an entre
là même le climat européen.
1992 et aujourd’hui. Ce simple exemple
suffit à montrer l’accélération du phénomène et pourrait remettre en cause les estimations du GIEC, lequel table sur une élévation moyenne du niveau de la mer de 40 centimètres d’ici 2100, alors que les estimations
les plus pessimistes envisagent une montée des océans de plusieurs mètres par siècle si
la tendance au réchauffement et à la fonte des glaces se confirmait.
D’après Éric Rignot, de la Nasa, la calotte glaciaire du Groënland pourrait disparaître
d’ici mille ans s’il n’y a pas inversion du phénomène climatique et pourrait faire monter de
7m le niveau des eaux.
q La calotte glaciaire de l’Antarctique
Depuis une cinquantaine d’années, la température de l’eau antarctique a monté de 1°C
tandis que la température de l’air a fait un bond de 3 °C. Cela n’est pas anodin et
l’Antarctique commence à souffrir également du réchauffement de la planète, surtout à
l’ouest. En effet, les glaciers de la mer d’Amundsen commencent à dériver car ils ont
perdu une partie de leur base gelée et que le substratum rocheux est situé bien en dessous du niveau de la mer. Avec la dérive de ces grands blocs de glace, dont plus de 87%
pour 300 glaciers de la côte ouest étudiée ont multiplié leur vitesse de déplacement, on
peut s’attendre à une élévation de température de 5 °C, ce qui pourrait faire monter les
eaux de plus d’un mètre.
63
Téléchargement