Melampyro pratensis

publicité
Ourlets acidiphiles
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Photo : E. Catteau
Description de la classe
Végétation des lisières herbacées sur sol acide oligotrophe. Force est
d’admettre que la physionomie des végétations de cette classe est assez
variable. De nombreuses associations (en particulier celles du Melampyion
pratensis) sont dominées par des hémicryptophytes cespiteuses en densité
limitée, ce qui leur donne un aspect disjoint assez analogue à celui des sousbois des forêts acidiphiles. Mais des graminées stolonifères et rhizomateuses
(Anthoxanthum odoratum, Agrostis capillaris, Holcus mollis) peuvent s’insinuer
entre les plantes cespiteuses et donner à la végétation l’aspect d’une prairie
forestière. Dans les grandes clairières et les anciennes coupes forestières,
c’est la Fougère aigle (Pteridium aquilinum) qui peut prendre un développement important et constituer un ourlet en nappe à forte biomasse. Extrême
inverse, il arrive que la biomasse soit très faible et que la végétation ait la
physionomie d’une pelouse préforestière.
Finalement, le seul caractère commun aux communautés de cette classe
est l’adaptation aux sols pauvres en nutriments. En effet, l’oligotrophie des
sols force les plantes à la sobriété. Ainsi, les espèces sont plutôt basses
(à l’exception notable de Pteridium aquilinum), cespiteuses ou en rosettes
afin d’occuper de l’espace avec un investissement en biomasse limité. Les
organes végétatifs aériens sont souvent pérennants (i.e. survivant l’hiver) afin
d’économiser un réinvestissement coûteux : les feuilles sont assez coriaces
(Deschampsia flexuosa, Luzula div. sp., etc.), parfois les tiges sont ligneuses
(Vaccinium myrtillus, Calluna vulgaris par ex.).
Flore caractéristique
Le profil de cette classe est à nouveau difficile à cerner quant à sa
composition floristique. Si l’unité de la classe est assurée par ses espèces
caractéristiques et différentielles (cf. illustrations) et par un certain nombre
d’espèces fréquentes (en particulier Agrostis capillaris, Anthoxanthum odora-
298
tum, Viola riviniana), on peut néanmoins dégager une variabilité certaine. Sur
le plan biogéographique, au lot important d’espèces eurasiatiques s’ajoute
un lot d’espèces d’optimum boréal (en particulier dans le Potentillo erectae
- Holcion mollis et le Melampyro sylvatici - Poion chaixii) et un lot d’espèces
atlantiques (en particulier dans le Conopodio majoris - Teucrion scorodoniae).
Sur le plan systématique, les Poacées sont dominantes, accompagnées des
Asteracées (en particulier dans le Melampyrion pratensis) et de quelques
Rosacées, Rubiacées, Lamiacées, Joncacées. Cette structure systématique
rapproche les Melampyro pratensis - Holcetea mollis de la structure
systématique S(Juncaceae - Cyperaceae) (de FOUCAULT, 1987), commune
à "l’ensemble des pelouses et prairies sèches à hygrophiles, planitiaires à
alpine". Mais il faut signaler l’abondance des Ptéridophytes dans le Potentillo
erectae - Holcion mollis et la combinaison Caryophyllacées - Crassulacées
des ourlets des falaises, qui évoquent la structure systématique des végétations chasmophytiques.
Distribution géographique
et statut régional
Les unités des Melampyro - Holcetea ont été mentionnées en France,
en Allemagne, en Suisse, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Finlande
(Makirinta, 1986), en Slovaquie (VALACHOVIČ, 2004). Ceci en fait une
classe d’Europe tempérée et septentrionale, présente de l’étage planitiaire
à l’étage montagnard, avec probablement un optimum atlantique. La
mention d’alliances originales en Espagne et au Portugal (RIVAS-MARTINEZ
et al., 2001) laisse supposer l’existence d’irradiations thermo-atlantiques et
méditerranéennes. La classe est certes encore assez mal connue, mais il
est peu probable qu’elle dépasse beaucoup les limites de l’Europe, compte
tenu du faible nombre d’espèces holarctiques et circumboréales de sa
composition floristique.
Dans le Nord-Pas de Calais, la classe nécessite des territoires aux substrats
G u i de des v é g é tat i o n s forest i è res et pr é forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
1
4
5
2
3
1 Deschampsia flexuosa, 2 Pteridium aquilinum, 3 Teucrium scorodonia, 4 Veronica officinalis, 5 Holcus mollis
acides et riches en massifs forestiers. Elle est donc rare dans le district
picard, en dehors du Montreuillois et de l’Artois septentrional, mais plus
fréquente dans la plaine de la Scarpe et de l’Escaut et surtout la Fagne et
l’Ardenne. Vers l’ouest, elle est présente dans le Boulonnais et disséminée
sur les littoraux picard et boulonnais.
Les végétations d’ourlets sont d’individualisation récente en phytosociologie (années 1950) et, parmi elles, les ourlets acidiphiles ont longtemps été intégrés aux Trifolio
medii - Geranietea sanguinei. En effet, les ourlets acidiphiles et calcicoles ont un certain nombre d’espèces en commun. Toutefois, l’individualisation des Melampyro
- Holcetea (réalisée en 1994) se justifie par leur grand nombre d’espèces caractéristiques et différentielles et par le comportement amphicole des espèces communes
avec les Trifolio - Geranietea.
La subdivision de la classe en alliances est de nature climatique (opposition entre le Melampyrion pratensis subatlantique et le Conopodio majoris - Teucrion scorodoniae
atlantique, Melampyro sylvatici - Poion chaixii montagnard, etc.), dynamique et microclimatique (ourlets héliophiles en nappe du Holco mollis - Pteridion aquilini) et dans
une moindre mesure édaphique (Potentillo erectae - Holcion mollis des sols humides).
Melampyro pratensis - Holcetea mollis Passarge 1994
Melampyro pratensis - Holcetalia mollis Passarge 1979
Groupement dunaire à Lonicera periclymenum et Teucrium scorodonia Duhamel 1994 nom. ined.
Ourlet acidicline mésotrophile héliophile de sables dunaires en voie de décalcification, caractérisée par les espèces éponymes associées
fréquemment à Veronica officinalis, Carex arenaria, Calamagrostis epigejos, etc., souvent observé en lisières internes de boisements et au sein
de clairières, parfois aussi en bordure de fourrés externes.
Groupement à Poa chaixii et Fragaria vesca Catteau 2010
Communauté basale à Holcus mollis
Ourlets des sols acides, appauvris par l’ombrage, la perturbation du biotope ou d’autres facteurs écologiques. Seules quelques espèces
caractéristiques de la classe sont présentes, les plus fréquentes étant : Agrostis capillaris, Holcus mollis, Teucrium scorodonia, Anthoxanthum
odoratum, Potentilla erecta. Végétation peu commune dans la région, mais la plus fréquente de la classe.
Potentillo erectae - Holcion mollis Passarge 1979
Athyrio filicis-feminae - Blechnetum spicant de Foucault 1995 nom. ined.
Holco mollis - Pteridion aquilini (Passarge 1994) Rameau in Bardat et al. 2004 prov.
Holco mollis - Pteridietum aquilini Passarge 1994
cf. fiche "Holco mollis - Pteridion aquilini”
Molinio caeruleae - Pteridietum aquilini Lecointe & Provost 1975
cf. fiche “Holco mollis - Pteridion aquilini”
Hieracio umbellati - Pteridietum aquilini de Foucault 1995
cf. fiche “Holco mollis - Pteridion aquilini”
Hyacinthoido non-scriptae - Pteridietum aquilini Géhu 2006
cf. fiche “Holco mollis - Pteridion aquilini”
Carici piluliferae - Pteridietum aquilini Gillet 1986 nom. ined. & nom. inval. (art. 3o, 5)
cf. fiche “Holco mollis - Pteridion aquilini”
Melampyrion pratensis Passarge 1979
Hieracio lachenalii - Deschampsietum flexuosae (Bräutigam 1972) Passarge 1979 nom. inval. (art. 3g)
cf. fiche “Melampyrion pratensis”
Hieracio sabaudi - Melampyretum pratensis (Müller in Oberdorfer 1978) Passarge 1979
cf. fiche “Melampyrion pratensis”
Lathyro linifolii var. montani - Melampyretum pratensis Passarge 1967
cf. fiche “Melampyrion pratensis”
Veronico chamaedryos - Hieracietum laevigati Passarge 1994
cf. fiche “Melampyrion pratensis”
Veronico officinalis - Hieracietum murorum Klauck 1992 ex Passarge 1994
cf. fiche “Melampyrion pratensis”
Conopodio majoris - Teucrion scorodoniae Julve ex Boullet & Rameau in Bardat et al. 2004
Potentillo sterilis - Conopodietum majoris de Foucault & Frileux 1983
Hyperico pulchri - Melampyretum pratensis de Foucault & Frileux 1983
Groupement à Teucrium scorodonia et Silene maritima de Foucault & Frileux 1983
Ourlet de pointements rocheux acides, en façade maritime. Cette végétation décrite de la Manche occidentale (Bretagne, Basse-Normandie)
semble présente très ponctuellement sur le littoral du Boulonnais, à proximité du Cap Gris-Nez, où elle est à rechercher et analyser.
Groupement dunaire à Deschampsia flexuosa et Polypodium vulgare Seytre 2001 nom. ined.
Ourlet acidiphile oligo-mésotrophile psychrophile de sables dunaires décalcifiés, au moins en surface, caractérisée par les espèces éponymes
associées de manière assez constante à Carex arenaria, Lonicera periclymenum, Teucrium scorodonia , Anthoxantum odoratum,etc. Observé
en périphérie de boisements, notamment du Groupement dunaire à Deschampsia flexuosa et Betula pendula.
G u i de des v é g é tat i o n s forest i è res et pr é forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
299
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Analyse synsystématique
Ourlet à Pâturin de Chaix et Fraisier sauvage
Groupement à Poa chaixii et Fragaria vesca
Catteau 2010
Veronica officinalis (Véronique officinale), Poa chaixii (Pâturin
de Chaix), Fragaria vesca (Fraisier sauvage), Viola riviniana
(Violette de Rivinus), Hypericum pulchrum (Millepertuis
élégant)
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Teucrium scorodonia (Germandrée scorodoine), Agrostis capillaris
(Agrostide capillaire), Luzula pilosa (Luzule poilue), Brachypodium
sylvaticum (Brachypode des forêts), Rubus subg. Rubus (Ronce
(s.l.)), Carpinus betulus (Charme commun), Galeopsis tetrahit
(Galéopse tétrahit), Deschampsia cespitosa (Canche cespiteuse)
Physionomie
Végétation à physionomie de pelouse forestière, riche
en Poacées, Cypéracées et Joncacées, contenant un
nombre important d’hémicryptophytes cespiteuses
(Poa chaixii, Deschampsia cespitosa, Carex pallescens,
etc.) parfois noyées dans un tapis dense d’Agrostis
capillaris.
CORINE biotopes
Non décrit
NI
UE
Cahiers d'habitats NI
Végétation basse (10-30 cm) et peu dense (50-70 %
de recouvrement), à strate herbacée unique, accompagnée éventuellement d’une strate bryophytique
assez dense. Structure horizontale très irrégulière due
au recouvrement faible et à l’abondance des espèces
cespiteuses. Richesse floristique moyenne (20 espèces
par relevé).
L’optimum phénologique se
situe à la fin du printemps, mais
il est peu spectaculaire compte
tenu de la discrétion des
inflorescences des espèces
composant ces communautés.
Végétation linéaire en lisière ou
ponctuelle dans des clairières
et coupes forestières.
Photo : F. Hendoux
Développement
optimal : début d’été
300
G u i de des v é g é tat i o n s forest i è res et pr é forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
Écologie
Répartition géographique
et distribution régionale
Végétation de description très récente, connue exclusivement
de la Fagne française. À rechercher dans l’ensemble de l’aire du
Succiso pratensis - Silaetum silai, notamment dans les Fagnes
belges où cette association a été décrite mais aussi dans l’aire
du Poo chaixi - Carpinetum betuli (Bourgogne notamment mais
aussi Allemagne).
Dynamique et végétations
de contact
Végétation correspondant à un stade intermédiaire dans la
dynamique végétale, assez fugace en l’absence de gestion, mais
généralement stabilisée par l’entretien des lisières et des chemins
forestiers.
Ourlet en relation dynamique avec le Poo chaixii - Carpinetum betuli
par l’intermédiaire de fourrés du Sambuco racemosae - Salicion
capreae (probablement du Senecioni fuchsii - Sambucetum
racemosi).
Cette végétation peut être en contact, dans les chemins forestiers
et les clairières, avec le Succiso pratensis - Silaetum silai, parfois
aussi avec le Carici oedocarpae - Agrostietum caninae à la faveur de
dépressions inondables sur substrats plus acides. Dans les coupes
forestières, en contact avec l’Epilobio angustifolii - Senecionetum
fuchsii et le Senecioni fuchsii - Sambucetum racemosi. En bord
de route intraforestière, sur talus aux schistes parfois affleurants,
cette communauté végétale peut côtoyer, dans les niveaux
supérieurs du talus, un manteau forestier typique relevant du
Groupement à Corylus avellana et Carpinus betulus tandis que
dans les niveaux inférieurs, à proximité du fossé, on observera
une prairie de fauche mésotrophile du Colchico autumnalis Arrhenatherenion elatioris, parfois eutrophisée en bord de route
suite au gyrobroyage pratiqué.
L’endémisme fagnard de ce groupement est peu probable.
Néanmoins, celui-ci est en limite occidentale de son aire de
répartition dans la Fagne et il est très rare à l’échelle régionale. Il
héberge par ailleurs des taxons d’intérêt patrimonial (Poa chaixii,
Hieracium lachenalii, Stachys officinalis) et surtout des taxons
infraspécifiques peu connus de deux graminées : Deschampsia
cespitosa subsp. convoluta et Agrostis capillaris f. aristata.
Gestion
Proscrire les empierrements et autres travaux de nivellement de
chemins forestiers à proximité de stations optimales de cette
association ainsi que les dépôts de grumes sur berme des
layons concernés. Dans les coupes forestières, les traitements
phytosanitaires sont également à abandonner pour préserver
la qualité de la flore et ne pas favoriser certaines espèces
graminéennes plus résistantes.
La gestion par gyrobroyage est préjudiciable, à la fois parce
qu’elle eutrophise le biotope et parce qu’elle détruit les organes
aériens des espèces de ces ourlets.
Le sol limoneux est sensible au tassement et nécessite des
précautions particulières lors de l’exploitation (cf. fiche "Prise en
compte du patrimoine naturel dans la gestion sylvicole").
Afin de préserver, voire de favoriser la diversité floristique
potentielle de cet ourlet, une fauche (cf. fiche "Fauche
exportatrice") serait à envisager en début d’automne, sa
fréquence dépendant du niveau trophique de l’ourlet.
Références
Variations
On peut distinguer deux variations de physionomies
assez différentes :
- l’une à Deschampsia cespitosa, Agrostis capillaris,
Veronica chamaedrys, Carex pallescens, à physionomie très graminéenne, plus héliophile et peut-être
plus hygrophile, présente dans les clairières et coupes
forestières ;
- l’autre à Luzula pilosa, Deschampsia flexuosa,
Lonicera periclymenum, Hieracium lachenalii, sciaphile et présente essentiellement sur des talus de
bord de route, en lisière forestière.
CATTEAU & DUHAMEL, 2005
CATTEAU et al., 2006
G u i de des v é g é tat i o n s forest i è res et pr é forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
301
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Végétation essentiellement intra et périforestière des lisières et
talus, ainsi que des layons, clairières et coupes forestières.
Sols mésotrophes superficiels, généralement schisteux, à pH
neutre à légèrement acide.
Végétation mésophile pouvant tolérer des sols argileux à
engorgement momentané.
Cette végétation semble assez indifférente à l’ensoleillement,
puisqu’on observe des formes héliophiles et d’autres sciaphiles.
Pelouse forestière qui semble dépendante de l’activité humaine
par l’entretien des lisières, layons et clairières et la création de
coupes forestières.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Ourlet à Fougère femelle et Blechne en épi
Athyrio filicis-feminae - Blechnetum spicant
de Foucault 1995 nom. ined.
Blechnum spicant (Blechne en épi), Athyrium filix-femina
(Athyrion fougère-femelle), Lonicera periclymenum
(Chèvrefeuille des bois), Dryopteris dilatata (Dryoptéride
dilatée)
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Holcus mollis (Houlque molle), Teucrium scorodonia (Germandrée
scorodoine), Pteridium aquilinum (Ptéridion aigle), Rubus
subg. Rubus (Ronce (s.l.)), Oxalis acetosella (Oxalide oseille),
Deschampsia flexuosa (Canche flexueuse), Dryopteris carthusiana
(Dryoptéride de la Chartreuse), Luzula sylvatica (Luzule des forêts)
Physionomie
Végétation herbacée à physionomie profondément marquée
par les grandes fougères en touffes, dont les espèces
dominantes sont Blechnum spicant et Athyrium filix-femina.
Le type biologique principal est très nettement celui des
hémicryptophytes cespiteuses. On relève également quelques
hémicryptophytes rhizomateuses (Holcus mollis, Pteridium
aquilinum) et quelques chaméphytes lianescentes (Hedera
helix, Lonicera periclymenum).
CORINE biotopes
Non décrit
NI
UE
Cahiers d'habitats NI
Végétation assez peu diversifiée (15 espèces par relevé en
moyenne) ne formant habituellement qu’une seule strate,
relativement discontinue, des interstices demeurant entre
les "touffes" de fougères au sein desquelles peuvent se
développer quelques rares espèces de plus petite taille,
comme Agrostis capillaris.
Hauteur et densité de végétation variables, selon l’espèce de
fougère dominante: ordinairement assez basse (environ 30-50
cm) et peu recouvrante (40-70%), elle peut devenir nettement
plus haute (70-100 cm) lorsque les
grandes fougères forment faciès
(Oreopteris limbosperma, Osmunda
regalis), voire même atteindre 150
cm et 90 % de recouvrement lorsqu’il
s’agit de Pteridium aquilinum.
La phénologie estivale est peu
contrastée, la végétation étant
dominée par des fougères et des
taxons à floraison discrète.
Ourlet préforestier à développement
ponctuel à linéaire.
Photo : L. Seytre
Développement
optimal : été
302
G u i de des v é g é tat i o n s forest i è res et pr é forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
Écologie
Lisières forestières internes, sur des talus de fossés ou de
ruisselets forestiers.
Ourlet mésotrophile hygrocline développé sur substrats acides à
matrice sableuse: sables argileux, formations résiduelles à silex,
grès suintants.
Substrats à bonnes ressources en eau mais bien aérés grâce à
leur porosité et à la topographie souvent assez pentue.
En situation ombragée, dépendant fortement du phytoclimat
forestier qui conditionne une humidité atmosphérique élevée.
L’homme a joué un rôle majeur dans l’extension de cette
végétation en creusant des fossés de drainage dans certaines
forêts hygrophiles.
Dynamique et végétations
de contact
Végétation de stade intermédiaire dans la dynamique végétale,
souvent très stable par sa position sur des talus trop étroits pour
l’installation d’une végétation ligneuse.
Une composition floristique tout à fait analogue à celle de l’Athyrio filicis-feminae - Blechnetum spicant en sous-bois du Blechno
spicant - Betuletum pubescentis laisse penser qu’il peut exister
un lien dynamique entre ces associations, ainsi, peut-être,
qu’avec le Lonicero periclymeni - Salicetum capreae (dans une
variante plus hygrophile qui ne semble pas décrite).
Végétation strictement liée à l’humidité atmosphérique
générée par le phytoclimat forestier, qui disparaîtrait en cas
de déforestation au bénéfice d’un autre ourlet acidiphile
mésophile plus hélophile, sans doute proche de l’Hyperico
pulchri - Melampyretum pratensis.
Souvent en lisière de hêtraies ou de chênaies acidiphiles
du Quercion roboris, plus rarement de perchis du Blechno
spicant - Betuletum pubescentis dans la mesure où cette
association est très rare au niveau régional. Parfois sur des talus à
bon drainage au sein de boulaies turficoles du Sphagno°-°Alnion
glutinosae. En contact avec les végétations acidiphiles des layons
et en particulier avec celles hygrophiles du Juncenion acutiflori.
Répartition géographique
et distribution régionale
L’Athyrio filicis-feminae - Blechnetum spicantis est une association atlantique à subatlantique, apparaissant aux étages planitiaire
et collinéen. On l’a recensée du Pas-de-Calais à l’Allier et du
Finistère à la Forêt Noire (Allemagne).
Dans le Nord-Pas de Calais, on la rencontre dans le Boulonnais
(forêt domaniale de Desvres), le Montreuillois (Saint-Josse),
le Brabançon (Flines-les-Mortagne, Cassel, Saint-Amand, à
rechercher au bois des Dames) et la Fagne (Glageon). Elle est à
rechercher dans l’Ardennais, compte tenu de sa présence dans le
massif d’Hirson - Saint-Michel en Picardie.
Il semble possible de distinguer deux variations à déterminisme climatique :
- la première est différenciée par Dryopteris filix-mas et
Hedera helix. Elle est connue sous climat atlantique
relativement doux (Bretagne, Basse-Normandie, HauteNormandie, Boulonnais). C’est la variation typique.
- la seconde est différenciée par Oreopteris limbosperma et Luzula sylvatica; dans les stations les plus
continentales, Luzula luzuloides est assez fréquente.
Elle correspond à des climats locaux à tonalité montagnarde (Forêt Noire, Monts du Forez, Thiérache
picarde, Boulonnais).
Au sein de ces variations apparaît une variation de
second ordre, à caractère édaphique, plus hygrophile,
plus herbeuse et sans doute plus héliophile, différenciée
par Juncus effusus, Molinia caerulea, Potentilla erecta.
On peut aussi y observer Osmunda regalis. Elle semble
inféodée à des sols paratourbeux acides.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Végétation assez rare, liée à des conditions édaphiques et
climatiques particulières, hébergeant plusieurs espèces rares
pour la région: l’Osmonde royale (Osmunda regalis), le Blechne
en épi (Blechnum spicant), la Luzule des forêts (Luzula sylvatica)
et plus rarement l’Oréoptéride des montagnes (Oreopteris
limbosperma) ou la Luzule blanchâtre (Luzula luzuloides).
Gestion
Maintenir l’intégrité du réseau hydrographique actuel en
proscrivant tout nouveau drainage.
Prendre des précautions lors des exploitations forestières:
éviter le tassement et la déstructuration du sol par les engins
de débardage. (cf. fiche "Prise en compte du patrimoine naturel
dans la gestion sylvicole").
Lors des travaux d’exploitation sylvicole, conserver le microclimat
forestier en maintenant un couvert arbustif et arborescent à
proximité des stations.
Préserver les talus (en bord de chemins ou de fossés) hébergeant
cette association préforestière originale.
Références
WATTEZ, 1967
de FOUCAULT, 1995 (1)
DECOCQ, 1997
WITTIG, 2000
GÉHU, 2005
CATTEAU, 2008
BEDOUET et al., 2009
G u i de des v é g é tat i o n s forest i è res et pr é forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
303
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Variations
Ourlets en nappe à Fougère aigle
Holco mollis - Pteridion aquilini
(Passarge 1994) Rameau in Bardat et al. 2004 prov.
Pteridium aquilinum (Ptéridion aigle), Holcus mollis
(Houlque molle), Carex pilulifera (Laîche à pilules)
CORINE biotopes
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Deschampsia flexuosa (Canche flexueuse), Molinia caerulea subsp.
caerulea (Molinie bleue), Vaccinium myrtillus (Airelle myrtille),
Calamagrostis epigejos (Calamagrostide commune), Rubus idaeus
(Ronce framboisier), Hieracium umbellatum (Épervière en ombelle),
Rubus subg. Rubus (Ronce (s.l.))
Physionomie
NI
UE
Cahiers d'habitats NI
Structure verticale nettement à deux strates, avec une
strate supérieure dominée par Pteridium aquilinum et
une sous-strate beaucoup plus disséminée intégrant des
espèces d’ourlet et des espèces forestières. Végétations
peu diversifiées (5 - 15 espèces par relevé), la couverture
continue de Pteridium aquilinum et la litière très
importante qu’elle génère laissant peu de place
aux autres espèces.
Végétation atteignant une densité maximale
(recouvrement supérieur ou égal à 100 %) et
une hauteur élevée (1-2 m), en période de
développement optimal de Pteridium aquilinum.
La végétation acquiert donc sa physionomie
caractéristique en plein été. Avant cela, une flore
vernale peut former un faciès assez fleuri.
Ourlet en nappe occupant des surfaces
variables, depuis la petite tache jusqu’à la
nappe de plusieurs hectares.
Photo : F. Mora
Ourlets en nappe caractérisés par la dominance de
Pteridium aquilinum. On y relève d’autres espèces
rhizomateuses ou drageonnantes telles que Holcus mollis,
Calamagrostis epigejos, Rubus idaeus.
Écologie
304
31.861
Développement optimal :
début d’été
Coupes forestières, espaces prairiaux en déprise au contact de
boisements ou haies, lisières forestières, talus routiers intra ou
périforestiers.
Sols acides, profonds (substrats riches en sables et limons),
pauvres à très pauvres en nutriments et plus ou moins lessivés.
Litière épaisse se décomposant mal et générant un humus
épais.
Substrats à bonnes réserves hydriques souffrant rarement de
sècheresse mais pouvant subir un engorgement temporaire.
Climats bien arrosés.
Le rôle de l’homme est déterminant, soit par les coupes
forestières soit par la déprise agricole, mais son influence est
faible voire nulle sur l’écologie de cet ourlet.
G u i de des v é g é tat i o n s forest i è res et pr é forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
Nombre d’associations ont été décrites dans cette
alliance pourtant pauvre en espèces caractéristiques.
Une analyse syntaxinomique ciblée de ces ourlets en
nappe serait nécessaire afin de dégager les synonymies
et la combinaison floristique caractéristique de cette
alliance. Nous livrons donc ici une proposition de
structuration qui nous semble crédible, même si elle
est peu étayée :
- Hieracio umbellati - Pteridietum aquilini, caractérisé par Hieracium umbellatum, Teucrium scorodonia,
Lonicera periclymenum, Viola riviniana, dans des
stations à climat atlantique et substrat non engorgé ;
- Molinio caeruleae - Pteridietum aquilini, caractérisé par Molinia caerulea, Ulex europaeus, Teucrium
scorodonia, dans des stations à climat atlantique
et substrat à fortes fluctuations de la nappe, avec
engorgement temporaire ;
- Holco mollis - Pteridietum aquilini agrostietosum
tenuis, peu différencié, des stations à climat subatlantique et substrat non engorgé ;
- Holco mollis - Pteridietum aquilini molinietosum
caeruleae, différencié par Molinia caerulea et
Maianthemum bifolium, des stations à climat subatlantique et substrat à fortes fluctuations de la nappe,
avec engorgement temporaire ;
- Hyacinthoido non-scriptae - Pteridietum aquilini,
différencié par Hyacinthoides non-scripta, des
stations à climat atlantique et substrat bien pourvu en
eau, plus riche en substances nutritives.
Le Carici piluliferae - Pteridietum aquilini a parfois été
mentionné dans le Nord-Pas de Calais. Néanmoins,
la grande fréquence de Luzula luzuloides dans la
diagnose originale crée un doute sur la potentialité de
cette association dans la région. À réétudier.
Dynamique et végétations
de contact
Végétation de cicatrisation, s’inscrivant dans la dynamique
de recolonisation des forêts acidiphiles du Quercion roboris,
mais susceptible de retarder beaucoup le retour de la forêt par
les frondes et la litière de Pteridium aquilinum empêchant la
germination et la croissance des essences arborescentes.
Dans les coupes forestières, ces communautés se structurent
souvent à partir de populations de Pteridium aquilinum
rémanentes dans le sous-bois, populations qui «explosent»
grâce à la mise en lumière et colonisent rapidement l’ensemble
de l’espace grâce à leur système rhizomateux. Par la suite, ces
communautés ralentissent le retour de la forêt et, une fois celleci établie, les espèces peuvent se maintenir en populations
assez denses en sous-bois si la strate arborescente demeure
assez claire.
Dans les parcelles agricoles à l’abandon, ces communautés
colonisent l’espace à partir d’un ilot marginal grâce aux espèces
à système rhizomateux, très efficace dans la colonisation de
végétations herbacées denses.
En forêt, en contact avec des végétations oligotrophiles à
mésotrophiles de l’Epilobion angustifolii, qui colonisent les
Répartition géographique
et distribution régionale
Le Holco mollis - Pteridion aquilini est largement répandu en
Europe tempéré, aux étages planitiaire et collinéen.
Dans le Nord-Pas de Calais, cette alliance semble présente
partout, hormis dans le district maritime, la plaine de la Lys et
le Mélantois. Dans les collines de Flandre intérieure, elle est
limitée aux monts et à la bordure du plateau d’Artois.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Végétations de valeur patrimoniale variable selon leur rareté,
colonisant dans certains cas des communautés végétales de
bien plus grand intérêt patrimonial.
Par ailleurs, les végétations à Pteridium aquilinum peuvent
retarder la régénération de la forêt.
Gestion
En contexte agro-pastoral, l’objectif sera de contenir les
communautés à Pteridium aquilinum en maintenant la gestion
traditionnelle par fauche ou pâturage.
En contexte forestier, une intervention pourra se révéler
nécessaire du point de vue de la production forestière si
la Fougère aigle gêne la régénération forestière. Ce cas
se présente uniquement lorsque les communautés sont
très denses et très étendues. On évitera alors le recours
systématique aux traitements phytosanitaires pour leur préférer
un traitement mécanique par fauchage (nécessairement avant
le développement des recrus ligneux) ou battage des frondes.
La Fougère aigle est très résistante au feu et acquerra donc un
avantage compétitif si cette technique est employée.
Références
LECOINTE & PROVOST, 1975
DUHAMEL & FOSSE, 1985
GILLET, 1986
DUHAMEL, 1993
PASSARGE, 1994
de FOUCAULT, 1995 (2)
G u i de des v é g é tat i o n s forest i è res et pr é forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
305
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Variations
coupes forestières avant l’installation des communautés
à Fougère aigle. En contact également avec les forêts du
Quercion roboris et avec l’aile acidicline du Carpinion betuli sur
sols profonds, avec des fourrés du Sarothamnion scoparii, du
Lonicerion periclymeni ou du Sambuco racemosae - Salicion
capreae. En système agropastoral, en contact avec les deux
premiers types de fourrés ainsi qu’avec des pelouses des
Nardetea strictae ou des landes des Calluno vulgaris - Ulicetea
minoris, mais aussi avec des prairies mésotrophiles à mésoeutrophiles de l’Arrhenatherion elatioris ou du Cynosurion
cristati.
Ourlets acidiphiles continentaux
Melampyrion pratensis
Passarge 1979
Hieracium laevigatum (Épervière lisse), Hieracium lachenalii
(Épervière de Lachenal), Hieracium sabaudum (Épervière de
Savoie), Hieracium murorum (Épervière des murs), Luzula
luzuloides (Luzule blanchâtre)
CORINE biotopes
NI
UE
Viola riviniana (Violette de Rivinus), Hypericum perforatum
(Millepertuis perforé (s.l.)), Poa nemoralis (Pâturin des bois),
Solidago virgaurea (Solidage verge-d’or), Melampyrum pratense
(Mélampyre des prés), Lathyrus linifolius var. montanus (Gesse des
montagnes (var.)), Agrostis capillaris (Agrostide capillaire), Holcus
mollis (Houlque molle), Deschampsia flexuosa (Canche flexueuse),
Teucrium scorodonia (Germandrée scorodoine)
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Non décrit
Cahiers d'habitats NI
Physionomie
Ourlets de physionomie assez variable, caractérisés par
la présence d’un certain nombre de Hieracium. Ceuxci et un lot d’espèces de petite taille (Viola riviniana,
Lathyrus linifolius, Melampyrum pratense) donnent
parfois à ces végétations une physionomie plus proche
de celle d’une pelouse que d’un véritable ourlet.
Végétations souvent assez basses (20-40 cm), de
structuration et de densité variables (50 - 100%) selon
l’abondance des clones de diverses espèces (Agrostis
capillaris, Anthoxanthum odoratum, Holcus mollis,
Teucrium scorodonia).
Végétations souvent assez riches en espèces (2035 espèces par relevé) et diversifiées (composition
floristique assez équilibrée).
Phénologie essentiellement estivale.
Ourlets formant des linéaires assez irréguliers au pied
des végétations arbustives ou en liseré discontinu au
contact entre les layons et la forêt.
Photo : T. Prey
Développement optimal : printemps
306
G u i de des v é g é tat i o n s forest i è res et pr é forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
Écologie
Quercenion robori-petraeae et l’aile acidicline du Carpinion betuli,
par l’intermédiaire de fourrés du Sambuco racemosae - Salicion
capreae.
Ces végétations peuvent être en contact avec les fourrés
précédents et, dans les chemins forestiers, avec des pelouses
des Nardetea strictae ou avec des végétations hygrophiles du
Juncion acutiflori dans les fonds humides et les ornières.
Végétations essentiellement intraforestières des lisières, bords
de chemins et talus ombragés.
Sols plutôt acides, pauvres en nutriments, à humus de type
moder, sur substrats schisteux pauvres en bases ou autre roche
mère siliceuse (grès d’Anor…).
Végétations mésophiles pouvant tolérer des sols argileux à
engorgement momentané.
Ourlets hémisciaphiles.
Variations
Les végétations du Melampyrion pratensis sont mal
connues. Elles n’ont vraiment été étudiées que par
PASSARGE dans l’est de l’Allemagne. Bien qu’un certain
nombre d’auteurs considèrent les deux alliances comme
synonymes, le Melampyrion pratensis se détache assez
bien comme un vicariant subatlantique et centro-européen du Conopodio majoris - Teucrion scorodoniae.
Par conséquent, le Melampyrion pratensis reste à étudier
dans le Nord-Pas de Calais et les associations listées
ci-dessous n’ont pas encore pu être confirmées dans la
région :
- Hieracio lachenalii - Deschampsietum flexuosae, décrit
par PASSARGE (1979) comme un ourlet à Deschampsia
flexuosa pauvre en espèces, avec Hieracium lachenalii,
H. laevigatum, Campanula rotundifolia et Calluna
vulgaris ;
- Hieracio sabaudi - Melampyretum pratensis, à Hieracium
sabaudum, H. laevigatum, H. lachenalii, Melampyrum
pratense, Lathyrus linifolius subsp. montanus ;
- L athyro montani - Melampyretum pratensis, très peu
différencié selon ce qu’il est possible de déduire de la
description d’origine mais qui pourrait correspondre au
vicariant subcontinental de l’Hyperico pulchri - Melampyretum pratensis ;
- V eronico chamaedryos - Hieracietum laevigati, caractérisé par la combinaison floristique de Hieracium
laevigatum, Veronica chamaedrys et Poa angustifolia ;
- Veronico officinalis - Hieracietum murorum avec Veronica officinalis, Hieracium murorum, Poa nemoralis,
Carex pilulifera, Stellaria holostea.
Dynamique et végétations
de contact
Végétations correspondant à un stade intermédiaire dans la
dynamique végétale, assez fugaces en l’absence de gestion,
mais généralement stabilisées par l’entretien des lisières et des
chemins forestiers.
Ourlets en relation dynamique avec des forêts acidiphiles du
Actuellement, cette alliance a été citée en Allemagne, aux PaysBas, en France, en Scandinavie, en Slovaquie, en Pologne et
en Finlande. Elle a probablement une répartition couvrant
l’ensemble du domaine centro-européen.
Dans le Nord-Pas de Calais où elle est en limite occidentale
de son aire de répartition dans le sud-est du département du
Nord, sa répartition n’est guère connue, mais les territoires où
sa présence est la plus probable sont l’Ardenne et la Fagne. Elle
pourrait peut-être aussi être recherchée au sein des rares forêts
acidiphiles mésotrophiles à oligotrophiles du Pays de Mormal et
de la plaine de la Scarpe et de l’Escaut.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
En l’absence d’informations régionales précises concernant les
associations de cette alliance, il est délicat d’en dégager la valeur
patrimoniale intrinsèque mais il faut néanmoins souligner que
ces ourlets peuvent héberger des taxons d’intérêt patrimonial
régional (Lathyrus linifolius, Luzula luzuloides, Hieracium
sabaudum, etc.) et qu’ils caractérisent la tonalité continentale
du climat local. En tout état de cause, ces ourlets s’avèreront
rares et seront donc à considérer dans la gestion forestière
intégrée des forêts publiques ou privées qui les hébergent.
Gestion
Proscrire les empierrements et autres travaux de nivellement
de chemins forestiers à proximité de stations optimales de ces
associations. Veiller à ce que les dépôts de grumes ne dégradent
pas de stations connues de ces communautés végétales. Dans
les coupes forestières en lisières desquelles serait exprimé un
ourlet de cette alliance, proscrire les traitements phytosanitaires à
proximité des stations.
La gestion la plus adaptée à l’entretien de ces ourlets peut être une
fauche exportatrice (cf. fiche "Fauche exportatrice") en fin d’été
ou début d’automne, selon une fréquence à étudier, de l’ordre de
trois ans.
Références
PASSARGE, 1967
PASSARGE, 1979
PASSARGE, 1994
SCHAMINEE et al., 1996
ROYER et al., 2006
G u i de des v é g é tat i o n s forest i è res et pr é forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
307
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Répartition géographique
et distribution régionale
Ourlet à Potentille stérile et Conopode dénudé
Potentillo sterilis - Conopodietum majoris
de Foucault & Frileux 1983
Conopodium majus (Conopode dénudé), Potentilla sterilis
(Potentille faux-fraisier), Arrhenatherum elatius subsp.
bulbosum (Fromental bulbeux), Veronica chamaedrys
(Véronique petit-chêne)
CORINE biotopes
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Holcus mollis (Houlque molle), Teucrium scorodonia (Germandrée
scorodoine), Anthoxanthum odoratum (Flouve odorante), Stellaria
holostea (Stellaire holostée), Viola riviniana (Violette de Rivinus),
Agrostis capillaris (Agrostide capillaire), Centaurea jacea (Centaurée
jacée (s.l.)), Dactylis glomerata (Dactyle aggloméré), Clinopodium
vulgare (Clinopode commun), Galium mollugo subsp. erectum
(Gaillet dressé), Primula vulgaris (Primevère acaule (s.l.))
Physionomie
Végétation hémicryptophytique assez riche en géophytes
(Conopodium majus, Ranunculus ficaria, Orchis mascula,
etc.) associant, en plus de la combinaison floristique des
ourlets acidiphiles (Melampyro pratensis - Holcetea mollis),
des espèces des ourlets neutrophiles à calcicoles (Veronica
chamaedrys, Clinopodium vulgare, etc.) et des espèces
eutrophiles des ourlets et prairies (Dactylis glomerata, Rumex
acetosa, Ranunculus ficaria, etc.).
Non décrit
NI
UE
Cahiers d'habitats NI
Ourlet assez stratifié, structuré par une strate moyenne (2030 cm), mais intégrant quelques espèces de petite taille
(Potentilla sterilis, Veronica chamaedrys, Viola riviniana) et
une strate estivale plus haute constituée des inflorescences
de certaines espèces (Conopodium majus, Dactylis glomerata,
etc.) et des frondes de Pteridium aquilinum, ce dernier jamais
abondant toutefois.
Ourlet dense généralement de recouvrement supérieur à 90 %.
Optimum phénologique printanier, débutant tôt par la
floraison des géophytes
vernales (Ranunculus ficaria,
Primula vulgaris, P. veris,
Orchis mascula), suivie de
celles de Stellaria holostea,
Conopodium majus, etc.
Ourlet d’extension linéaire,
parfois ponctuel dans le
Nord-Pas de Calais.
Photo : E. Catteau
Développement
optimal : printemps
308
G u i de des v é g é tat i o n s pr é forest i è res et forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
Écologie
méridional (forêt domaniale d’Hesdin), parfois sous des formes
appauvries sans Conopodium majus comme pour certaines stations
précédemment citées.
Lisières internes ou externes et layons forestiers.
Sols lessivés ou bruns lessivés à mull plutôt acide, assez profonds
et mésotrophes à méso-eutrophes, souvent établis sur roche mère
limoneuse ou limono-sableuse.
Sols à bonnes réserves hydriques, peu exposés à la stagnation de
l’eau.
Ourlet assez héliophile, à caractère atlantique marqué.
Ourlet naturel lié au maintien de lisières et layons en bon état de
conservation, sans rudéralisation ni eutrophisation.
Dynamique et végétations
de contact
Végétation correspondant à un stade intermédiaire dans la
dynamique végétale, assez fugace en l’absence de gestion, mais
généralement stabilisé par l’entretien ou le broutage épisodique des
lisières et des chemins forestiers.
Ourlet en relation dynamique avec la Hêtraie à Jacinthe des bois
(Endymio non-scriptae - Fagetum sylvaticae) ou plus rarement
la Hêtraie de l’Oxalido acetosellae°-°Fagetum sylvaticae, par
l’intermédiaire de fourrés du Lonicerion periclymeni ou du Lonicero
periclymeni - Salicetum capreae. Cette végétation peut évoluer
en cas de fauche ou de pâturage en pelouse acidicline du Violion
caninae, voire en pelouse acidiphile du Galio saxatilis°-° Festucetum
tenuifoliae.
Une eutrophisation du substrat fera évoluer les communautés de
cette association vers le Stellario holosteae - Hyacinthoidetum
non-scriptae. Une rudéralisation (liée par exemple à un dépôt de
grume) pourrait les faire évoluer vers le Torilidetum japonicae.
En plus des syntaxons déjà cités, ce type de communauté
peut être en contact avec des végétations mésohygrophiles à
hygrophiles de layons (prairie intraforestière vivace du Prunello
vulgaris - Ranunculetum repentis ou végétation annuelle amphibie
du Scirpo setacei - Stellarietum uliginosae) et, en bordure des coupes
forestières, avec l’Epilobio angustifolii - Digitalietum purpureae, le
Hyacinthoido non-scriptae - Pteridietum aquilini ou éventuellement
avec une végétation du Sarothamnion scoparii.
Répartition géographique
et distribution régionale
Ourlet atlantique décrit de la Manche, du Calvados, de l’Ille-etVilaine, du Maine-et-Loire, de la Somme et de l’Eure. Présent aussi
en Vendée (enrichissement en Pulmonaria longifolia), en Limousin,
en Bretagne. Forme appauvrie en Seine-Maritime (forêt d’Eawy
et pays de Bray) et dans la Somme (forêt de Crécy-en-Ponthieu),
considérée par les auteurs comme la limite septentrionale de
distribution de l’association.
Association notée plusieurs fois dans le Pas-de-Calais depuis les
années 1980 (observations inédites de F. Duhamel) mais identifiée
assez récemment. Elle est ainsi présente dans le bas-Boulonnais,
(forêt domaniale de Boulogne-sur-Mer), dans le Pays de Licques
(bois Court Haut), dans l’Artois septentrional (forêt domaniale de
Guînes), dans le Montreuillois (bois de Sorrus/Saint-Josse, bois
de la Commanderie…) et à la limite du Haut-Artois et de l’Artois
Selon la richesse en bases du sol, en relation probable avec
la nature de la roche mère ou selon le degré de lessivage des
sols, deux sous-associations ont été mises en évidence dans
le bocage normand:
- une sous-association primuletosum vulgaris plus acidiphile
à Primevère acaule (Primula vulgaris), Épervière en ombelle
(Hieracium umbellatum), Millepertuis élégant (Hypericum
pulchrum).
- une sous-association primuletosum veris plus neutrocline
à Primevère officinale (Primula veris), Knautie des champs
(Knautia arvensis), Gesse des prés (Lathyrus pratensis).
Même si leur présence dans le Nord-Pas de Calais est
à étudier dans le détail, il semble que dans les lisières
forestières exposées à l’ouest de bon nombre de bois et
forêts relativement proches du littoral (quelques dizaines
de kilomètres tout au plus), sur limons de plateaux parfois
sableux, ce soit la sous-association primuletosum vulgaris
qui soit la plus fréquemment rencontrée (bois de la
Commanderie, bois de Sorrus/Saint-Josse…), mais sous
forme appauvrie ou fragmentaire.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Ourlet très rare dans le Nord-Pas de Calais, caractéristique à
la fois du climat atlantique et des lisières et layons forestiers
préservés, hébergeant Conopodium majus, taxon d’intérêt
patrimonial rare dans la région et Primula vulgaris, assez rare
et protégée.
Gestion
Proscrire les empierrements et autres travaux de nivellement
de chemins forestiers à proximité de stations optimales de cette
association, ainsi que les dépôts de grumes sur les bermes de ces
layons.
La gestion la plus adaptée à l’entretien de ces ourlets semble être
une fauche (cf. fiche ‘’Fauche exportatrice’’) en fin d’été ou début
d’automne, selon une fréquence à étudier, de l’ordre de trois ans.
Maintenir des lisières étagées afin que puissent s’exprimer toutes
les végétations correspondant aux différents stades dynamiques (cf.
fiche "Gestion des lisières forestières").
Le maintien ou la création de petites clairières à proximité des
lisières occidentales des boisements où l’association est connue
ou potentielle permettrait de la favoriser (broutage fréquent par les
chevreuils).
Références
DE FOUCAULT & FRILEUX, 1983 (2)
CATTEAU, 2004
G u i de des v é g é tat i o n s pr é forest i è res et forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
309
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Variations
Ourlet à Millepertuis élégant
et Mélampyre des prés
Hyperico pulchri - Melampyretum pratensis
de Foucault & Frileux 1983
Hypericum pulchrum (Millepertuis élégant), Melampyrum
pratense (Mélampyre des prés), Potentilla erecta (Potentille
tormentille), Deschampsia flexuosa (Canche flexueuse),
Galium saxatile (Gaillet des rochers)
CORINE biotopes
NI
UE
Lathyrus linifolius var. montanus (Gesse des montagnes (var.)),
Lonicera periclymenum (Chèvrefeuille des bois), Teucrium
scorodonia (Germandrée scorodoine), Holcus mollis (Houlque
molle), Viola riviniana (Violette de Rivinus), Anthoxanthum odoratum
(Flouve odorante), Agrostis capillaris (Agrostide capillaire), Stellaria
holostea (Stellaire holostée), Pteridium aquilinum (Ptéridion aigle)
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Non décrit
Cahiers d'habitats NI
Physionomie
Ourlet associant de manière lâche des espèces
cespiteuses et des espèces rhizomateuses formant des
taches plus ou moins étendues. Melampyrum pratense,
espèce annuelle hémiparasite, peut également avoir ce
même comportement.
Végétation souvent assez basse (20-40 cm), de
structuration et de densité variables (70-100 %) selon
l’abondance des clones de diverses espèces, depuis
l’ourlet dense et presque bistrate (espèces basses ou
rampantes et espèces dressées) jusqu’à la pelouse
forestière, basse, claire et graminéenne (Deschampsia
flexuosa, Anthoxanthum odoratum, Agrostis capillaris).
Végétation à la fois riche en espèces (20-35 espèces
par relevé) et diversifiée (composition floristique assez
équilibrée avec un lot important d’espèces d’abondance
équivalente).
Phénologie tardi-vernale à estivale, avec un pic de
floraison en juin-juillet.
Ourlet formant des linéaires assez irréguliers au pied
des végétations arbustives ou pouvant s’étendre
spatialement à la faveur de petites clairières.
Développement optimal :
Photo : B. de Foucau
lt
début d’été
310
G u i de des v é g é tat i o n s pr é forest i è res et forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
Répartition géographique
et distribution régionale
Végétation essentiellement intraforestière des lisières, bords
de chemins et talus, visible également au pied de haies dans
certains bocages particulièrement bien conservés.
Sols acides, plus ou moins pauvres en nutriments (cf. §
Variations), lessivés et à humus de type moder.
Végétation mésophile pouvant tolérer des sols argileux à
engorgement momentané.
Ourlet hémi-sciaphile à hémi-héliophile.
Végétation dépendante des modalités de l’exploitation forestière
(création de layons, gestion des lisières, traitement en futaie
claire…).
Ourlet atlantique à subatlantique connu du nord-ouest et du nord
de la France (Bretagne, Basse-Normandie, Haute-Normandie,
Picardie, Nord-Pas de Calais, Ardennes, Argonne), de Belgique
(Ardenne), du sud de l’Angleterre (New Forest) ; apparaît plus
ponctuellement au sud de la Loire dans les Deux-Sèvres (en
Gâtine).
Dans le Nord-Pas de Calais, végétation présente dans le BasBoulonnais (forêt domaniale de Desvres), les collines de Flandre
intérieure (forêt domaniale de Clairmarais, plateau d’Helfaut,
etc.), la plaine de la Scarpe et de l’Escaut (forêt de Raismes/
Saint-Amand/Wallers), la plaine du Bas-Cambrésis et de
Gohelle (bois de Bourlon). À rechercher ailleurs dans les bois
acidiphiles oligotrophiles à mésotrophiles. Présence de la race
subatlantique à Luzula luzuloides dans la Fagne et l’Ardenne.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Dynamique et végétations
de contact
Végétation correspondant à un stade intermédiaire dans la
dynamique végétale, assez fugace en l’absence de gestion,
mais généralement stabilisée par l’entretien des lisières et des
chemins forestiers, voire favorisée par certains traitements
forestiers.
Ourlet en relation dynamique avec des forêts acidiphiles du
Quercion roboris (Ilici aquifolii - Fagetum sylvaticae dans l’ouest
de la région, Vaccinio myrtilli - Fagetum sylvaticae dans l’est),
par l’intermédiaire de fourrés du Lonicerion periclymeni ou du
Lonicero periclymeni - Salicetum capreae.
Cette végétation peut être en contact, dans les chemins
forestiers, avec des pelouses des Nardetea strictae ou avec
des végétations hygrophiles du Juncion acutiflori dans les fonds
humides et les ornières enrichies en matière organique. En
contexte bocager, elle est généralement en contact avec des
prairies pâturées du Polygalo vulgaris - Cynosurenion cristati.
Variations
De FOUCAULT et FRILEUX (1983) distinguent deux
sous-associations :
- une sous-association callunetosum vulgaris acidiphile,
à Galium saxatile et Calluna vulgaris ;
- une sous-association potentilletosum sterilis plus
neutrophile, à Potentille faux-fraisier (Potentilla
sterilis), Brachypode penné (Brachypodium
pinnatum) et Mélitte à feuilles de mélisse (Melittis
melissophyllum), à rechercher dans la région.
Il existe également une race subatlantique à Luzula
luzuloides différenciée par la Luzule blanchâtre
(Luzula luzuloides), le Maïanthème à deux feuilles
(Maianthemum bifolium) et l’Airelle myrtille (Vaccinium
myrtillus).
Ourlet rare, souvent fragmentaire, pouvant héberger de
nombreux taxons d’intérêt patrimonial (Melampyrum pratense,
Lathyrus linifolius, Luzula luzuloides, etc.).
Gestion
Proscrire les empierrements et autres travaux de nivellement
de chemins forestiers à proximité de stations optimales de
cette association. Prévoir les dépôts de grumes au niveau de
grands chemins non végétalisés. Dans les petites clairières,
les traitements phytosanitaires sont évidemment à exclure
pour préserver l’intégrité et la typicité de la flore de cet ourlet
d’intérêt patrimonial.
En contexte bocager, supprimer les amendements et les
traitements phytosanitaires à proximité des stations de cette
association. Conserver le fourré offrant un ombrage léger
à cet ourlet hémisciaphile à hémihéliophile. Maintenir une
gestion agro-pastorale (fauche ou pâturage) empêchant
l’embroussaillement des stations.
Références
de FOUCAULT & FRILEUX 1983 (2)
de FOUCAULT et al. 1983
HENDOUX et al., 1993
BLANCHARD et al, 1997 (1)
SEYTRE et al., 1998 (4)
BELLENFANT et al., 2000
G u i de des v é g é tat i o n s pr é forest i è res et forest i è res de la r é g i o n Nord - P as de C ala i s
311
Melampyro pratensis - Holcetea mollis
Écologie
Téléchargement