! Peau et alimentation La peau est un organe complexe le plus étendu du corps : il représente 12% du poids adulte et 20% de l’eau organique. C’est un revêtement en continuité avec les muqueuses, qui constitue une barrière anatomique et physiologique fondamentale – la barrière cutanée - entre milieu extérieur et milieu intérieur. Cette barrière est efficace contre les agressions externes (climat, microbes, allergènes, toxiques, traumatismes…), à la fois imperméable et protectrice, tout en régulant les échanges en particulier hydriques entre l’organisme et l’environnement. De nombreuses carences en nutriments résultent en des maladies cutanées, notamment parce que la peau est un organe étendu avec un renouvellement rapide de ces cellules. Chez un chien normal, ces cellules - les kératinocytes – évoluent en 3 semaines environ, depuis leur formation jusqu’à leur élimination en surface sous formes de cellules cornées. Lors d’apports alimentaires déficients, ce renouvellement est accéléré jusqu’à 3 ou 4 jours, d’où la formation de squames (« pellicules ») et d’un film lipidique de surface anormal : ce sont les séborrhées sèches ou grasses. Bien sûr, d’autres facteurs (hormones, médicaments, maladies internes, génétiques, environnement) influencent la santé de la peau, mais l’alimentation est fondamentale pour le maintien d’une barrière cutanée efficace. Des aliments de mauvaise qualité comme des croquettes bas de gamme, un excès de céréales (phytates) ou de calcium, une ration ménagère déséquilibrée empêchent une absorption correcte du zinc et sont à l’origine de dermatoses nutritionnelles carentielles sévères. Par exemple, 25 à 30% des apports quotidiens en protéines sont destinés à la peau et aux poils. Par ailleurs, les autres nutriments importants sont : - les acides gras essentiels (w3 = acide linolénique et w6 = acide linoléique) dans les huiles de poisson des mers froides (saumon) et végétales (onagre, bourrache) - le zinc, le cuivre et l’iode - la vitamine A (rétinol), B6 (pyridoxine), H (biotine), B2 (riboflavine), B3 (niacine) - acides aminés soufrés (méthionine, cystine, lysine, tyrosine…) Conséquences cliniques lors d’états kérato-séborrhéiques : - une inflammation, à l’origine d’un érythème et parfois de démangeaisons - une odeur rance ou forte - des squames (débris cireux, secs ou gras) voire des croûtes - des infections secondaires (bactéries, mycoses dues à des levures) - des comédons ou des kystes sébacés - des pertes de poils (alopécie) Types de séborrhées Dermatoses associées Généralisées Dermatose liée à une carence en vit A ou en Zinc Séborrhée primaire idiopathique Dermatose par aliment de mauvaise qualité Acrodermatite létale du Bull-Terrier Syndrome comédoneux du Schnauzer Ichtyoses Adénite sébacée granulomateuse Séborrhée grasse des persans Localisées Séborrhée du bord libre des oreilles Otites cérumineuses Acné du menton Séborrhée de la glande supra-caudale Dr!JL!Mathet!–!Clinique!vétérinaire!des!Glycines!9!ORLEANS! http://www.cliniqueveterinaire-lesglycines.com/! ! Allergies alimentaires Les réactions cutanées d’origine alimentaire regroupent des mécanismes complexes et divers aux conséquences variables. Des molécules contenues dans certains légumes (dopamine), fruits (sérotonine), poissons (histamines), divers (vin, fromage) ont des effets cliniques variés. Habituellement le système immunitaire digestif et sa flore bactérienne commensale tolèrent les agressions par des molécules étrangères (antigènes). Lors d’un dérèglement de cette tolérance, ces signes cliniques apparaissent (cutanés ou digestifs chez le chien, et aussi respiratoires chez l’homme). Réactions par hypersensibilité Allergie (médiation immune) Anticorps ou cellules spécifiques Intolérance (non allergique/non immune) Pharmacologique (susbstances vaso-actives) Défaut enzymatique (intolérance au lactose) Indéfinies (additifs alimentaires) Réactions toxiques Principaux allergènes alimentaires chez le chien et le chat : - protéines animales : boeuf, poulet, poisson, œuf, lait - protéines végétales : soja, maïs - conservateurs des aliments industriels Caractéristiques de l’allergie alimentaire Chez le chien Chez le chat Environ 10% des dermatoses 10 à 30% des chiens suspects d’allergie Animaux souvent jeunes (< 1an) Environ 10% des dermatoses 10 à 20% des chats suspects d’allergie Animaux plutôt adultes (>4ans) Prurit (démangeaisons) non saisonnier Otite chronique isolée Infections cutanées récidivantes Urticaire-angioedème Prurit (démangeaisons) non saisonnier Prurit facial et cervical Alopécie extensive Complexe granulome éosinophilique Dermatite miliaire féline 10 à 30% de signes digestifs 10 à 30% de signes digestifs Diagnostic et traitement Ils reposent sur un régime alimentaire spécifique dit « d’éviction-provocation », c’est à dire qu’il consiste à proposer à l’animal un aliment ne contenant aucune source de protéines qu’il aurait pu manger auparavant pendant une durée de 8 à 10 semaines. Cet aliment peut-être une gamme thérapeutique vétérinaire destinée à ce diagnostic (hydrolysats spécifiques) ou un régime préparé par le propriétaire (dit régime « ménager »). Le but est d’observer une amélioration éventuelle des symptômes pendant le régime. On en conclut donc la présence d’une sensibilisation à l’aliment que l’animal ingérait auparavant. Dr!JL!Mathet!–!Clinique!vétérinaire!des!Glycines!9!ORLEANS! http://www.cliniqueveterinaire-lesglycines.com/! ! Exemples d’ingrédients pour régime ménager d’éviction : - canard, lapin, vison, agneau, poisson blanc, saumon (autruche, kangourou…) - pommes de terre ou lentilles pour le chien, petits pois ou courgettes chez le chat Une fois l’obtention d’une réponse positive c’est à dire une diminution nette voire disparition des signes cliniques, il est conseillé - mais pas indispensable - de réintroduire l’ancien aliment (c’est la « provocation ») afin de vérifier si les symptômes récidivent, ce qui confirme définitivement l’origine alimentaire. Cette rechute lors de la réintroduction n’est pas systématiquement constatée, en particulier chez le chat. Ensuite, l’animal amélioré ou guéri peut continuer à manger l’aliment qui a permis le diagnostic, ou bien recevoir un aliment spécifique pour préventions des allergies. Il existe plusieurs présentations vétérinaires qui sont parfaitement adaptées, avec des sources de protéines animales, végétales et des supplémentations en acides gras essentiels équilibrées. Il faut néanmoins retenir que l’allergie alimentaire est souvent associée à d’autres allergies (aux acariens, aux pollens, à la salive de puces…) et que d’autres paramètres doivent être contrôlés en particulier la lutte permanente contre les puces sur l’animal et dans l’environnement. Des soins locaux antiseptiques et apaisants (shampooings, sprays) sont également indiqués au long-cours. ___________________________________________________________________________ Dr!JL!Mathet!–!Clinique!vétérinaire!des!Glycines!9!ORLEANS! http://www.cliniqueveterinaire-lesglycines.com/!